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ProQuestDocuments 2023 01 21
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Chine
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La cité qui vit du commerce avec la Birmanie attend avec impatience la réouverture des frontières, le 8 janvier
Ruili (Chine) - envoyé spécial
Reportage
Xiaoli, la vingtaine, longs cheveux tombant sur son chemisier blanc, est venue se promener le long du terminal de
Ruili, marquant la frontière entre la Chine et la Birmanie. Aujourd'hui, dans cette zone qui s'étend sur 2 kilomètres
carrés, le long de la grande «avenue de l'amitié sino-birmane », toutes les enseignes sont fermées. Dans cette ville
frontière, des milliers de boutiques bénéficiaient autrefois d'exemptions de taxes pour vendre des pierres de jade,
des produits agricoles, des meubles ou des bibelots. Mais seules quelques boutiques ont rouvert face au poste-
frontière, un grand édifice au toit doré dans le style des temples Dai, du nom de la minorité ethnique très présente
dans la région.
Vendeuse dans un commerce de jade, la jeune Birmane vit en Chine depuis huit ans et n'a pas pu rentrer chez elle
depuis trois ans. «Ma mère habite là, de l'autre côté, dans les montagnes àenviron trente minutes d'ici », dit-elle en
pointant Muse, la ville birmane mitoyenne. Depuis trois ans, en raison de l'épidémie de Covid-19, les échanges qui
faisaient la richesse de cette région, commerce côté chinois, casinos et trafics en tous genres côté birman, sont
àl'arrêt. Comme tout le monde ici, Xiaoli attend avec impatience le 8 janvier, qui doit voir l'ouverture des frontières
chinoises, et permettre àl'activité de reprendre.
«Grande muraille d'acier »
Le 7 décembre 2022, la Chine a dit adieu àsa stratégie zéro Covid, devenue intenable face àl'augmentation des cas
et àla colère exprimée par la population aux quatre coins du pays. Depuis, la Chine connaît une vague de SARS-
CoV-2 sans précédent, mais beaucoup l'acceptent comme le prix àpayer pour retrouver un semblant de liberté
après trois ans de contrôle. Ruili, la ville frontière située au sud-ouest de la Chine, dans la province du Yunnan, est
engourdie par ces trois ans de traumatisme : la ville a connu plus d'une dizaine de confinements, de plusieurs
semaines àchaque fois, ce qui fait d'elle la cité la plus confinée de Chine. Elle aurait perdu les deux tiers de sa
population, dont beaucoup étaient venus d'autres provinces faire des affaires.
A la frontière, pour endiguer la propagation du virus, des hauts murs de béton et de tôle ont été érigés : une
«grande muraille d'acier »selon le maire de la ville. D'après les autorités locales, 2,5 milliards de yuans (340 millions
d'euros) ont été dépensés pour «la prévention de l'épidémie »en 2020 et 2021, y compris pour la construction de ce
rempart de 10 mètres de haut et d'une longueur de 197 kilomètres, censé bloquer un total de 605 lieux de passage
possible.
Les barricades ont été placées autour de champs, de villages, et le long de la rivière Ruili, qui donne son nom àla
ville. Des canalisations ont été bouchées avec du ciment, et plusieurs épaisseurs de barbelés et de clôtures
électriques ont été installées dans les zones où le passage était facile. La plupart des Birmans ont été renvoyés.
En 2018, date des derniers chiffres officiels, 50 000 d'entre eux vivaient légalement àRuili, mais des milliers d'autres
traversaient la frontière pour travailler en Chine dans les champs, les cuisines des restaurants de la ville ou ses
salons de massage.
Au pied d'un pont permettant le passage vers la Birmanie, une petite rue a été complètement bordée par ces hauts
murs. Accrochée en haut d'une des palissades, une bannière proclame en sinogrammes blancs sur rouge : «Pour
DETAILS
First page: 3
Section: International
ISSN: 03952037
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