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Les Echos
WEEK-END
NOTRE SUPPLÉMENT IMMOBILIER DE 8 PAGES
Le grand vertige
des promoteurs
immobiliers
l Les ventes d’appartements neufs ont chuté de près
de 25 % sur un an en 2022 et la baisse s’accélère.
l Une situation de crise appelée à durer.
l L’envolée des taux des crédits immobiliers a gelé le marché.
l Les promoteurs tirent la sonnette d’alarme
et réclament des mesures d’urgence.
// pAGE 20 Et l’éditoriAl dE dAvid BArroux pAGE 18
Stéphane Audras/RÉA
L’emploi
continue
d’afficher
une belle tenue
en France
CONJONCTURE Le marché du
travail a mieux résisté qu’attendu
au dernier trimestre 2022 dans
l’Hexagone. In fine, l’emploi salarié
a gagné 44.000 postes, selon les
chiffres définitifs publiés jeudi par
l’Insee. Soit davantage que ce
qu’annonçaient les données provi-
soires de début février – 3.000 créa-
tions nettes. Malgré cette bonne
surprise, les chiffres confirment le
ralentissement en cours. Près de
deux fois plus d’emplois avaient été
créés au troisième trimestre. Au
ISSN0153.4831 115eANNÉE
total, 337.000 emplois ont néan-
NUMÉRO 23916 36 PAGES
Antilles-Réunion 4,50 €. Belgique 7,00 €. moins été créés l’an dernier. Ce
Espagne 4,90 €. Luxembourg 7,20 €. dont s’est félicité le ministre des
Maroc 42 DH. Suisse 11,60 FS. Tunisie 9 TND. Finances, Bruno Le Maire, qui a
promis jeudi « une croissance posi-
tive et solide » en 2023. // pAGE 6
Economie, culture, tourisme :
le nouvel âge vert
Entretien :
Daniel Julien,
patron à la tête
de 410.000
salariés
INTERVIEW Daniel Julien est une
exception de l’économie française.
Parti de zéro, le fondateur de Tele-
performance est aujourd’hui à la
tête d’un géant mondial de la rela-
tion client, présent au CAC 40 et
faisant partie des plus gros
employeurs de la planète. Il expli-
que aux « Echos » comment son
groupe a profité des vagues tech-
nologiques, et comment il fait pour
diriger et organiser son entreprise
depuis son lieu de villégiature, la
Floride. Fin observateur des évolu-
tions de la communication et du
numérique, le dirigeant livre son
analyse sur l’arrivée de l’intelli-
gence artificielle et du Web3. « Il
faudra des policiers du métavers »,
dit-il. // pAGE 17
VENDREDI 10 ET SAMEDI 11 MARS 2023
Après le Brexit,
un sommet pour
tourner la page
DIPLOMATIE Pour la première
fois depuis cinq ans, le président
français Emmanuel Macron
reçoit le Premier ministre britan-
nique, Rishi Sunak, lors d’un som-
met qui doit acter un renouveau
dans la relation franco-britanni-
que, secouée par le Brexit. Dans
les thématiques à l’agenda figu-
analyses
Innover, oui, mais
avec quelle finalité ?
Par Jacques Attali
L’innovation est le moteur de
la croissance économique, mais
toutes les innovations ne se va-
lent pas du point de vue de leur
utilité sociale. Que d’innovations
dérisoires inondent le marché,
alors que rien n’est fait, ou si peu,
pour réduire la pénibilité du tra-
vail par exemple, sauf si l’auto-
matisation améliore la rentalibi-
lité du capital. Pour y remédier,
il faudrait rendre solvable ce qui
ne l’est pas. // pAGE 15
Société Générale
dévoile son nouvel
état-major
BANQUE Slawomir Krupa a
dévoilé la nouvelle équipe de
direction qui l’accompagnera lors
de son accession à la tête de la
banque, en mai prochain. Le
futur patron de Société Générale
a décidé de s’entourer de deux
directeurs délégués, dont l’un
était déjà en place avec Frédéric
Oudéa. Il crée aussi un nouveau
Gestion de
l’urgence
Réorganisation RH
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Communauté politique euro-
péenne et les migrations dans la
Manche, au cœur des préoccupa-
tions des Britanniques. La coopé-
ration dans le nucléaire civil sera
abordée, de même que la reprise
des échanges culturels après le
Brexit. // pAGE 10
Le leasing, talon
d’Achille de Tesla
par Lionel Steinmann
Les concepts flous
des économistes
par Eric Le Boucher
Partage de la valeur :
gare aux gadgets !
par A. Landier, D. Thesmar
// pAGES 13 à 15
comité exécutif, avec deux
recrues venues de Natixis et de
Credit Suisse. Charge à la nouvelle
équipe de finaliser les chantiers
engagés et de suivre la future
feuille de route stratégique de la
banque. Slawomir Krupa en pré-
sentera les détails ainsi que de
nouveaux objectifs financiers au
troisième trimestre. // pAGE 31
Relance
industrielle
Retournement
opérationnel
Cash
management
Digitalisation
accélérée

FRANCE
La Cour des comptes appelle
à une relance de la décentralisation
l Dans leur rapport annuel publié jeudi, les magistrats financiers jugent « souhaitable » une nouvelle étape
de la décentralisation, estimant que celle-ci « n’est pas aboutie ».
l Ils suggèrent notamment de mieux utiliser les possibilités de différenciation et d’expérimentation.
COLLECTIVITÉS
LOCALES
Laurent Thévenin
@laurentthevenin
Au moment où Emmanuel Macron
étudie une réforme des institutions,
le rapport annuel de la Cour des
comptes publié jeudi pourra venir
nourrir sa réflexion. Essentielle-
ment consacré à la décentralisa-
tion, il juge en effet qu’un « élan [est]
à retrouver » en la matière. Tirant le
bilan de quarante ans de décentrali-
sation depuis les grandes lois Def-
ferre de 1982 et 1983, la Cour estime
que celle-ci « n’est pas aboutie ».
« Un équilibre satisfaisant des com-
pétences de l’Etat et des différents
échelons de collectivités n’a pas
encore été trouvé », écrit-elle.
Si les réformes se sont succédé
depuis 2010 (loi Maptam de moder-
nisation de l’action publique terri-
toriale et d’affirmation des métro-
poles, redécoupage des régions, loi
NOTRé venue clarifier les compé-
tences des différentes couches du
millefeuille territorial et renforcer
les intercommunalités, loi 3DS,
etc.), la décentralisation n’aurait
« pas réellement progressé » pour
autant. « Il apparaît clairement
qu’une nouvelle étape de la décentra-
lisation est souhaitable », écrivent
les magistrats financiers. Ils esti-
ment, par exemple, que la réparti-
tion des compétences de dévelop-
pement économique « peut être
encore simplifiée et cette politique
mieux coordonnée par les régions ».
Ni « grand soir »
ni « petits pas »
Mais pas question, selon eux, « d’un
grand soir » ni « de la poursuite des
petits pas ». Evidemment deman-
deuses de davantage de décentrali-
sation ou « d’une grande loi des
libertés locales », comme l’Associa-
tion des maires de France (AMF),
les collectivités locales ne veulent
Déficit : Moscovici remet la pression sur Macron
La Cour veut contribuer
aux revues des dépenses
publiques lancées par le
gouvernement pour trouver
des économies, dont
le contenu reste flou.
Renaud Honoré
@r_honore
Officiellement, le gouvernement a
fait de la réduction de la dépense
publique un de ses chevaux de
bataille pour 2023. Mais la Cour des
comptes a visiblement quelques
doutes, au point de proposer son
aide.
Le rapport public annuel – qui
doit être présenté ce vendredi –
pointe ainsi « une situation des
finances publiques en 2023 parmi les
plus dégradées de la zone euro » et
met en avant la nécessité de lancer
rapidement des revues de dépenses
publiques efficaces pour enfin trou-
ver des sources d’économies.
« Nous sommes préoccupés par le
redressement des finances publiques.
Ça passera forcément par des revues
des dépenses publiques, et je ferai des
propositions pour que la Cour y con-
tribue », explique Pierre Moscovici,
le premier président de l’institution
de la rue Cambon.
L’ancien commissaire européen
a eu l’occasion de passer le message
d’ailleurs pas d’un nouveau « big
bang » institutionnel. Mais « un toi-
lettage de la décentralisation, via de
nouveaux transferts de compétences
sans moyens de les exercer, n’est pas
souhaitable », prévient également
l’Association des petites villes de
France dans sa réponse au rapport.
C’est plutôt une « relance progres-
sive » de la décentralisation qui doit
s’opérer, selon la Cour, avec un
« réaménagement de l’organisation
territoriale qui devrait concerner
aussi bien les collectivités territoria-
les que l’Etat ». Dans sa réponse,
l’AMF souligne également que « la
décentralisation va de pair avec la
déconcentration », partageant le
constat d’un « besoin d’Etat dans les
territoires ».
Une « relance
progressive » de la
décentralisation doit
s’opérer, selon la Cour
des comptes, avec
un « réaménagement
de l’organisation
territoriale qui devrait
concerner aussi bien
les collectivités
territoriales
que l’Etat ».
Parmi ses préconisations, le rap-
port suggère notamment « d’appro-
fondir et de simplifier la coopération
intercommunale ». Ce qui passerait
par l’instauration de critères forma-
lisés et objectifs pour définir l’inté-
rêt communautaire, qui permet
aux élus de fixer pour une compé-
tence donnée ce qui est transféré à
l’intercommunalité et ce qui reste
du ressort de la commune. Mais un
tel encadrement législatif n’a pas les
faveurs de la Première ministre.
Concernant les politiques publi-
ques qui font intervenir un grand
à Emmanuel Macron, à qui il a
remis le rapport jeudi. Le chef de
l’Etat n’a pas la réputation d’être un
acharné de la rigueur budgétaire.
Mais son ministre de l’Economie
Bruno Le Maire avait promis en jan-
vier de lancer rapidement des Assi-
ses des finances publiques et une
revue des dépenses pour identifier
des sources d’économies avec les
ministres concernés. Las ! L’actua-
lité sociale autour des retraites a
relégué au second plan ce chantier,
laissé dans les seules mains des
experts budgétaires de Bercy.
« La revue des dépenses publiques
consiste à mettre tout le monde à
bord. Son premier objectif est d’avoir
une meilleure qualité de la dépense
publique. Si c’est un exercice pure-
ment budgétaire, ça ne marche pas »,
prévient Pierre Moscovici. Celui-ci
devrait dessiner 7 pistes possibles
(sur l’éducation, la santé, le loge-
ment, etc.) dans les prochaines
semaines. Il y a visiblement urgence
à agir, selon le rapport de la Cour.
Bonnet d’âne sur la dette
La fin du « quoi qu’il en coûte »,
maintes fois annoncée par le gou-
vernement, peine à apparaître dis-
tinctement. La Cour a encore
recensé 37,5 milliards d’euros de
dépenses liées à la crise sanitaire et
au plan de relance en 2022 – « c’est
nombre d’acteurs, la Cour recom-
mande de renforcer le rôle des col-
lectivités faisant office de chefs de
file.
Autre préconisation forte : pour
la Cour des comptes, il conviendrait
de « mieux utiliser » les possibilités
de différenciation territoriale et
d’expérimentation, qui ont été
récemment renforcées par la loi.
« Le président de la République a sou-
ligné l’importance de la différencia-
tion et de la proximité pour cons-
truire une vraie décentralisation »,
ne manque pas de souligner la Pre-
mière ministre, dans sa réponse.
une ébauche de sortie du “quoi qu’il
en coûte” », juge Pierre Moscovici –
et toujours 12,5 milliards en 2023. A
quoi il faut ajouter les mesures pri-
ses ensuite pour amortir le choc
inflationniste – particulièrement
dans l’énergie – qui ont représenté
25 milliards en 2022 et 36,3 mil-
liards en 2023.
Même en mettant de côté ces élé-
ments exceptionnels, la progres-
sion de la dépense publique est de
3,5 % en volume (hors inflation)
en 2022 et de 0,7 % en 2023. Soit,
pour cette année, un niveau qui
reste supérieur à celui préconisé
par le gouvernement dans sa feuille
de route budgétaire pour ramener
le déficit à 3 % du PIB en 2027.
Cette trajectoire était inscrite
dans la loi de programmation des
finances publiques (LPFP) propo-
sée en septembre, mais qui n’a fina-
lement pas trouvé de majorité à
l’Assemblée nationale. De quoi
inquiéter Pierre Moscovici qui juge
qu’il « est essentiel que notre pays se
3,5 %
EN 2022
La progression de la dépense
publique en volume
(hors inflation).
Alors qu’Emmanuel Macron a
promis « un nouveau chapitre de la
décentralisation », le gouvernement
a engagé les discussions mi-février
avec les collectivités locales sur la
politique du logement. Le chef de
l’Etat doit recevoir lundi les princi-
pales associations d’élus, qui espè-
rent en savoir davantage sur la
réforme des institutions qu’il envi-
sage. D’autant que Stéphane
Séjourné, le patron de Renaissance,
le parti présidentiel, avait suscité
l’émoi en début d’année en se décla-
rant favorable à la fin des grandes
régions créées en 2015. n
dote d’une loi de programmation ».
Le premier président de la Cour des
comptes prend, toutefois, soin
d’ajouter que cette loi devra être
« plus réaliste dans ses hypothèses et
plus ambitieuse dans ses objectifs ».
Les perspectives sur la croissance et
les taux d’intérêt se sont détériorées
depuis quelques mois par rapport à
ce que la LPFP prévoyait. D’autres
dépenses se sont annoncées,
comme le renchérissement du bud-
get de la Défense voulu par Emma-
nuel Macron évalué « comme une
augmentation de près de 30 % » par
les magistrats financiers.
De quoi assombrir aussi le
tableau pour les perspectives de la
dette publique, attendue à 111,2 % du
PIB en 2023. « La France n’est pas en
faillite. Mais nous avons un endette-
ment qui devient très problématique,
qui pourrait paralyser l’action publi-
que », avec une charge de la dette
augmentant au point de rogner tou-
tes les marges de manœuvre bud-
gétaires, pointe Pierre Moscovici.
Surtout, celui-ci met en garde
contre le risque de fragmentation
de la zone euro. « En 2027, nous
pourrions nous retrouver dans une
situation où la France serait dans le
trio de tête pour la dette, aux côtés de
l’Italie et de la Grèce. Ce n’est pas
notre place », plaide l’ancien com-
missaire européen. n
Vendredi 10 et samedi 11 mars 2023 Les Echos
Le financement
des collectivités locales
« à redéfinir »
Les magistrats financiers
suggèrent des pistes pour
rendre plus lisible et plus
stable le système de finan-
cement des collectivités.
Pas assez lisible et prévisible…
Selon la Cour des comptes, le
mode de financement des finan-
ces locales est « à redéfinir ». Dans
son rapport annuel publié jeudi,
l’institution financière le trouve
« de plus en plus inadapté ».
Avec les différentes réformes de
la fiscalité locale, comme la sup-
pression de la taxe d’habitation
sur les résidences principales ou
de la cotisation sur la valeur ajou-
tée des entreprises (CVAE), la phy-
sionomie des ressources des col-
lectivités a considérablement
changé de nature : des parts de fis-
calité nationale ont remplacé des
recettes d’impôts locaux. Résultat,
les produits fiscaux sont « de
moins en moins liés aux territoires
et aux compétences exercées » et les
collectivités déplorent la diminu-
tion ou la perte de leurs marges de
manœuvre fiscales. La Cour des
comptes pointe toutefois une
répartition des impôts entre l’Etat
et les collectivités « qui protège ces
dernières des risques liés à la
conjoncture économique ».
Règles d’évolution
des transferts financiers
Quant aux dotations de l’Etat, la
deuxième source de financement
des collectivités, elles sont jugées
« complexes » avec « un effet péré-
quateur entre collectivités insuffi-
sant ». « Je partage le souhait de
faire progresser les mécanismes de
péréquation afin de réduire les
écarts de richesse entre les collecti-
vités », écrit la Première ministre,
dans sa réponse à la Cour. Pour les
02
magistrats financiers, il convien-
drait de renforcer la prévisibilité
des ressources des collectivités et
l’équilibre des finances locales
dans la durée, « en fixant une clé de
répartition des impôts locaux/
nationaux stable sur plusieurs
exercices et des règles d’évolution
des transferts financiers de l’Etat
vers les collectivités ».
Scénario de réforme
Comme elle l’avait déjà fait dans
un rapport sur le sujet daté de sep-
tembre dernier et réalisé à la
demande du Sénat, la Cour met
sur la table un scénario de
réforme possible. Celui-ci consis-
terait à « recentrer toute la fiscalité
locale sur le bloc communal pour
plus d’autonomie et de responsabi-
lités ». Les départements, eux,
« bénéficieraient d’un financement
dynamique et plus solidaire pour
faire face à leurs dépenses sociales
(dotation d’action sociale et part de
fiscalité nationale) ». Quant aux
régions, elles se verraient affecter
« une part plus importante de fis-
calité nationale économique (TVA
et impôt sur les sociétés en phase
avec leur compétence) ».
Une telle proposition « pourrait
rejoindre en partie » celle portée
par le Livre blanc des régions
publiée en 2022, indique Régions
de France dans sa réponse à la
Cour. L’association Départements
de France marque, elle, un « total
désaccord ». L’Association des mai-
res de France défend, pour sa part,
« une réforme fiscale d’ensemble
reflétant l’autonomie de gestion des
collectivités locales ». Selon elle, il
faudrait « qu’à chaque strate de col-
lectivités corresponde un impôt, le
panier fiscal devant reposer équita-
blement sur les entreprises et sur les
ménages ». — L. T.
03 Les Echos Vendredi 10 et samedi 11 mars 2023 FRANCE

Assistants parlementaires : Bayrou et De plus en plus

le Modem renvoyés en correctionnelle
JUSTICE
Deux juges d’instruc-
tion ont ordonné jeudi
un procès en correc-
tionnelle pour le prési-
dent et dix autres
cadres du parti
centriste dans l’affaire
de l’emploi irrégulier
d’assistants
d’eurodéputés.
Isabelle Ficek
@IsabelleFicek
La nouvelle, après la demande de
renvoi du parquet de Paris fin jan-
vier, n’est pas une surprise. Il n’en
reste pas moins qu’elle a un goût
amer pour François Bayrou et cons-
titue comme une menace dans le
ciel pour celui qui n’a renoncé à
aucune ambition pour la présiden-
tielle de 2027.
Jeudi, deux juges d’instruction
ont ordonné un procès en correc-
tionnelle pour le fondateur du Mou-
vement démocrate (Modem) et dix
autres cadres ou ex-cadres du parti –
parmi lesquels l’ancien garde des
Sceaux Michel Mercier, l’ex-eurodé-
puté Jean-Luc Bennahmias – dans
l’affaire de l’emploi irrégulier d’assis-
tants d’eurodéputés. Le Modem
mais aussi l’ex-UDF, en tant que per-
sonnes morales, seront jugés par le
tribunal correctionnel de Paris, prin-
cipalement pour « détournement de
fonds publics », complicité ou recel
de ce délit. Selon l’ordonnance de
deux têtes, François Bayrou et
Marielle de Sarnez », décédée en 2021
et qui ne fait donc plus l’objet de
poursuites, « il apparaissait claire-
ment que les arbitrages et les instruc-
tions données avaient été de leur fait ».
Pour l’ex-ministre des Armées,
Sylvie Goulard, qui avait démis-
sionné et entraîné la démission de
François Bayrou, alors garde des
Sceaux, et de Marielle de Sarnez,
aux Affaires européennes, en juin
2017, après la révélation de l’ouver-
ture d’une enquête préliminaire,
les juges ordonnent un non-lieu.
Pas de procès non plus pour la
députée Modem Maud Gatel.
L’enquête a été
ouverte en mars 2017,
après la dénonciation
d’une ancienne élue
Front national.
L’enquête avait été ouverte en
mars 2017, après dénonciation
d’une ex-élue FN, Sophie Montel,
visant des élus de tous bords.
Concernant le Modem, le préjudice
du Parlement européen était évalué
François Bayrou n’a renoncé à aucune ambition pour la présiden- à 1,4 million d’euros. LFI et le RN
tielle de 2027. Photo Thomas Samson/AFP sont visés par des enquêtes sur les
mêmes motifs.
renvoi consultée par l’AFP, « des Modem, allégeant la masse salariale. François Bayrou avait redit à
assistants parlementaires ont tra- Début février, l’allié historique l’occasion de ses vœux 2023 à la
vaillé au profit du parti centriste alors d’Emmanuel Macron avait à nou- presse que « l’élection présidentielle
qu’ils étaient rémunérés par le Parle- veau récusé tout emploi fictif et était l’élection majeure du pays, il
ment européen ». Elle souligne que autres « procédés » de détournement n’est pas un citoyen engagé qui ne
ces délits n’ont pas provoqué « d’enri- de fonds publics. Mais pour les juges, doive s’en préoccuper. Je ne fais pas
chissement personnel », mais qu’ils « au regard du mode de fonctionne- exception à cette règle ». A celui que
ont « bénéficié » à l’ex-UDF et au ment des partis [...] et du poids de ses certains appellent, au Modem avec
tendresse, chez ses alliés avec une
pointe de raillerie, « François
Biden », en écho à l’âge auquel le
président américain Joe Biden a été
élu – en 2027, François Bayrou aura
alors deux ans de moins –, un pro-
che lui a récemment conseillé, pour
le rassurer, « de ne pas trop s’inquié-
ter », voulant croire que ces affaires
« n’ont plus trop d’écho ».
« Six années de gâchis »
En fin d’après-midi, François Bay-
rou a réagi, affichant le calme des
« vieilles troupes ». « Enfin ! » a-t-il
écrit sur Twitter. « Six années
d’enquête et d’instruction pour que,
année après année, la plupart des
accusations disparaissent. Nathalie
Griesbeck, Robert Rochefort, Mme
Goulard, Maud Gatel, Marielle de
Sarnez [...] sont lavés du soupçon du
détournement », continue-t-il.
Le président du Modem affirme
que « ne restent mis en cause que
quatre ou cinq contrats [...], datant
d’il y a quinze ans, représentant
moins de 2 % de la masse salariale ».
Lui que cette enquête et sa démis-
sion avaient profondément affecté,
déplore « six années de gâchis judi-
ciaire et hélas humain. [...] Sur tout
cela nous ferons triompher la vérité,
enfin nos arguments vont être enten-
dus et nos preuves mises au jour ! »
Enfin, il contre-attaque en con-
cluant : « Pour preuve supplémen-
taire d’une enquête qui se dégonfle à
vitesse grand V, l’accusation préten-
dait qu’il y avait un préjudice de
1,4 million d’euros. Ne reste que quel-
que 300.000 euros [...] que nous
contesterons de toutes nos forces. » n
de fraudes
détectées
à l’Assurance
Maladie
SANTÉ
En 2022, quelque
316 millions d’euros
ont été interceptés.
La vigilance accrue de l’Assu-
rance Maladie vis-à-vis des
actes de fraude porte ses fruits.
En 2022, l’organisme a détecté et
stoppé 315,8 millions d’euros de
fraude au remboursement ou à
la pratique de divers actes médi-
caux. En hausse de 44 % par rap-
port à 2021, ce montant sur-
passe le précédent record :
286,8 millions d’euros en 2019.
L’objectif est d’atteindre un total
de 500 millions d’euros de
fraude stoppée par an en 2024.
« Près de trois quarts [du mon-
tant] portent sur des frais de
santé, pour l’essentiel facturés à
tort par les professionnels »,
détaille l’Assurance Maladie.
A noter dans le bilan 2022 :
58 millions d’euros sont liés à
des escroqueries sur la déli-
vrance de tests antigéniques aux
médecins par des pharmacies.
Par ailleurs, l’Assurance
Maladie explique avoir concen-
tré l’an dernier son attention
sur les centres dentaires et oph-
talmologiques « présentant de
fortes atypies ». Ces centres se
sont trouvés au cœur de multi-
ples polémiques pour des prati-
ques d’actes abusifs et de
méthodes médicales douteu-
ses. — J. Bo.

Crédit photo : C. VERECQUE

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FRANCE Vendredi 10 et samedi 11 mars 2023 Les Echos 04

Retraites : le mouvement de grèves

fléchit mais la tension sociale reste forte
l Les étudiants et lycéens ont été peu nombreux jeudi à manifester contre la réforme.
l Et les blocages et grèves reconductibles restent limités.

SOCIAL Les syndicats

Leïla de Comarmond
@leiladeco
alertent sur
Mardi, les jeunes actifs, très hostiles
une situation
à la réforme des retraites, étaient
nombreux dans les cortèges, lors de
« explosive »
la sixième mobilisation contre le
projet d’Emmanuel Macron. La
greffe n’a en revanche toujours pas Comme annoncé
pris chez les lycéens et étudiants mardi soir, les leaders
appelés à manifester ce jeudi. Quel- des huit syndicats
ques centaines d’entre eux ont français et de cinq
défilé à Paris, à Rouen ou encore à organisations de
Toulouse, tandis que des blocages, jeunesse ont écrit
souvent partiels, ont été organisés au président pour
dans plusieurs lycées et universités. le rencontrer.
Pas de quoi faire un mouvement Dans ce courrier,
d’ampleur, au grand dam de la ils pointent
France insoumise qui, après avoir un « grave problème
échoué dans sa stratégie du coucou démocratique ».
avec les syndicats, tente de rebondir
chez les plus jeunes. Et au grand Mardi, l’intersyndicale avait
soulagement de l’exécutif. annoncé qu’un courrier serait
adressé au président de la
La greffe n’a pas pris République pour lui demander
Ava n t u n e n o u ve l l e j o u r n é e une rencontre. C’est chose
d’action intersyndicale, samedi, la faite. La lettre, paraphée par les
pression est redescendue d’un cran leaders des huit syndicats fran-
après une mobilisation de mardi Les syndicalistes insistent sur les difficultés à mesurer l’ampleur de la contestation. Photo Stevens Tomas/Abaca çais et cinq dirigeants d’organi-
qui a un peu dépassé le record du sations de jeunesse rappellent
31 janvier, sans changer de dimen- d’entrée de jeu que « l’ensemble
sion (1,28 million contre 1,27 selon la
police). Un mardi « gris » et non
« noir », s’est rassuré le gouverne-
« Il y a plus de grèves reconducti-
bles qu’il n’y paraît, c’est alimenté par
un vrai sentiment de mépris du prési-
Le Sénat donne un coup de pouce des organisations syndicales
demande le retrait » de la
réforme des retraites.
ment. Qui a su prévenir certains
incendies, comme chez les routiers
dent de la République », assure néan-
moins Frédérique Souillot, secré-
aux mères de famille Rappelant leur « profond
attachement aux valeurs de la
où Clément Beaune a désamorcé le taire général de Force ouvrière. République », elles dénoncent
conflit. Les blocages dans les ports, Les sénateurs ont voté nants à la chambre haute et, par vaillant dans le privé. Elle contri- « l’absence de réponse » tant du
importants mercredi, ont aussi été « Ça peut dégénérer » jeudi à l’unanimité ailleurs, favorables au report de buera à réduire les écarts de président de la République que
levés pour l’instant. Les syndicalistes insistent sur les le principe d’une boni- l’âge légal de départ de 62 à 64 ans, niveau de pension entre les hom- du gouvernement face aux
Cela continue tout de même à difficultés à mesurer l’ampleur du fication jusqu’à 5 % voté dans la nuit de mercredi à mes et les femmes.
bouillonner dans certains secteurs. mouvement. « On a un mouvement de la pension jeudi à l’issue de débats houleux. Les sénateurs de gauche se sont
Dans l’énergie, les coupures se social homogène, avec du public et du de celles qui auront « On ne peut pas penser l’avenir de succédé pour faire part de leur Une façon
poursuivent, avec une baisse de la privé, donc plus compliqué à appré- une carrière complète notre régime sans une politique scepticisme vis-à-vis de cette sur- de renvoyer
production d’électricité équivalente hender », insiste le dirigeant d’une dès 63 ans. familiale vigoureuse et volontaire », cote. « L’amendement va consister à l’exécutif
à huit centrales nucléaires jeudi. confédération. « Pour la première a encore défendu jeudi le chef à faire perdre des droits aux femmes
Les quatre terminaux méthaniers fois depuis longtemps, il n’y a pas de Solenn Poullennec de file du groupe LR au Sénat, qui ont des enfants, mais un peu
la responsabilité
français qui reçoivent les importa- phénomène de grève par procura- @SolennMorgan Bruno Retailleau. moins que ce qu’avait prévu le gou- d’éventuels
tions de gaz naturel liquéfié (GNL) tion », souligne un syndicaliste de vernement », a critiqué la sénatrice désordres.
étaient, eux, encore à l’arrêt, et 13 Bercy. Alors que les taux de grévis- Un coup de pouce pour les uns, un « Grandes perdantes » écologiste, Mélanie Vogel. « Cet
des 14 sites de stockage bloqués. tes chez les fonctionnaires ne bat- pis-aller pour les autres. Après de de la réforme amendement c’est l’ambulance », a
Les expéditions de carburants tent pas de records, il évoque le télé- longs débats sur l’impact de la La mesure votée jeudi entend décoché la socialiste Laurence
Elisabeth Borne
ont, elles, repris depuis la raffinerie travail, les RTT ou les jours de congé réforme des retraites pour les fem- compenser les effets de la réforme Rossignol. Avant d’ajouter : « On a déjà opposé
d’Esso-ExxonMobil de Port-Jérô- demandés lors des mobilisations et mes, les sénateurs ont voté à l’una- pour les femmes qui acquièrent ne tire pas sur l’ambulance, nous une fin
me-Gravenchon (Normandie). qui ne sont jamais refusés. nimité jeudi le principe d’une aujourd’hui des trimestres dès voterons cet amendement. » de non-recevoir
Mais le blocage des expéditions s’est Le secrétaire général de la CFDT, majoration de pension pour cer- lors qu’elles ont des enfants. Les
poursuivi dans les autres raffine- Laurent Berger, expliquait jeudi sur taines mères de famille. femmes étant amenées à travailler La bénédiction à leur demande
ries. Sans répercussions majeures France Bleu Loire Océan observer La mesure prévoit d’augmenter deux ans de plus, le bénéfice de ces du gouvernement de rendez-vous.
sur les stations-service, car très peu chez les militants « une sorte la retraite de celles qui, à 63 ans, trimestres pour enfants sera tout « La maternité reste un frein à la
de dépôts sont bloqués sur le terri- d’incompréhension, de malaise et de auront cotisé autant de temps que ou en partie effacé pour certaines, promotion et si c’est un frein à la « mobilisations massives, par-
toire (5 sur 200), ce qui permet d’ali- colère qui commence à monter ». nécessaire pour avoir une retraite faisant dire à beaucoup que les promotion […], le fait de majorer la tout en France et dans tous les
menter normalement les pompes. Dans les entreprises, « la base est très à taux plein (172 trimestres) mais femmes sont les « grandes per- pension est peut-être la plus juste secteurs professionnels du privé
Dans les transports, la situation en colère, le gouvernement mise sur devront encore travailler pour dantes » de la réforme. compensation à apporter au et du public, [qui] ont reçu le sou-
s’améliore nettement à la RATP, où une résignation et les gens le savent », atteindre l’âge légal de départ en « Notre mesure touchera 30 % moment de la retraite », a fait valoir tien constant de la population
le trafic revient quasiment à la nor- alerte François Hommeril, le prési- retraite de 64 ans. Cette surcote des femmes d’une génération » qui de son côté le ministre du Travail, française ». Pour les syndicats,
male, sauf sur le RER B. Côté SNCF, dent de la CFE-CGC, « très inquiet » pourrait augmenter la pension liquident leur retraite, a argué le Olivier Dussopt. non seulement il y a là un
cela reste compliqué. Jeudi, seul un car « ça peut vraiment dégénérer ». des intéressées de 5 %, à raison de sénateur LR René-Paul Savary, La majoration de pension votée « grave problème démocrati-
tiers des TGV a circulé. Mais les « On tient pour l’instant mais beau- 1,25 % par trimestre travaillé entre rapporteur et coauteur de l’amen- jeudi peut techniquement s’appli- que », mais ils agitent la
trains devraient être plus nombreux coup de copains veulent en découdre, 63 et 64 ans. dement. « Cela touche quand quer aux hommes. Sur le papier, menace d’une « situation qui
à rouler ce vendredi et ce week-end quand on écrit au chef de l’Etat que la Cette mesure, soutenue par même 130.000 personnes », a-t-il les trimestres accordés au titre des pourrait devenir explosive ».
(un TGV sur deux, 40 % des TER). situation pourrait devenir explosive, l’exécutif, était l’une des principa- ajouté, précisant que la mesure enfants élevés peuvent en effet
L’aérien reste moins touché (20 % de ce n’est pas une blague », insiste un de les revendications des séna- bénéficiera aussi bien aux fem- être partagés entre les deux mem- « Sa porte reste
vols en moins ce week-end). ses homologues. n teurs Les Républicains, domi- mes fonctionnaires qu’à celles tra- bres du couple même si, dans les toujours ouverte »
faits, c’est peu courant. Elle pourra Une façon de renvoyer à l’exécu-
se cumuler avec la majoration de tif la responsabilité d’éventuels
pension de 10 % déjà prévue pour désordres, alors que mercredi,
les parents de trois enfants. lors du débat sur la réforme au
La droite n’a pas souhaité aller Sénat, la Première ministre, Éli-
au-delà d’une surcote de 5 %, de sabeth Borne, a déjà opposé
peur de remettre en cause l’équili- une fin de non-recevoir à leur
bre du système des retraites visé, demande. « Le gouvernement
sachant que la mesure adoptée est toujours prêt et ouvert au dia-
Better Places. Greater Impact. doit coûter entre 200 et 300 mil-
lions d’euros à horizon 2030, selon
logue », a-t-elle déclaré, avant de
renvoyer les syndicats vers
le rapporteur du projet de loi. n le ministre du Travail, Olivier
Stronger Business.* Dussopt, avec lequel les rela-
tions sont très fraîches. « Sa
« Notre mesure porte reste toujours ouverte »,
MIPIM 2023 touchera 30 % a-t-elle martelé.
des femmes Une septième journée mobi-
14-17 MARS 2023 lisation contre la réforme est
CANNES, FRANCE
d’une prévue samedi, avant une autre
génération. » la semaine prochaine, pour la
RENÉ-PAUL SAVARY réunion de la commission
Built by Sénateur LR, rapporteur mixte paritaire qui doit avoir
ln the business of
building businesses et coauteur de l’amendement lieu le mercredi 15 mars et sera
*Meilleurs endroits. Plus grand impact. Entreprise plus forte. www.mipim.com suivie de son vote définitif par
les deux chambres.
— L. de C.
 LES PORTES
BLINDÉES
QUI NE
LAISSENT
RIEN PASSER
FRANCE
Emploi, croissance : l’économie
française confirme sa bonne résistance
l Par rapport aux prévisions de l’Insee, l’emploi salarié dans le secteur privé s’est mieux porté que prévu fin 2022.
l La baisse de la productivité du travail a marqué une inflexion au dernier trimestre de l’année passée.
CONJONCTURE
Nathalie Silbert
@natsilbert
Mieux qu’attendu ! Malgré une
croissance au ralenti en fin d’année,
le marché de l’emploi a fait preuve
d ’u n e m e i l l e u r e r é s i l i e n c e
qu’annoncé. Au cours des trois
derniers mois de 2022, l’emploi
salarié dans le secteur privé a finale-
ment gagné 44.000 postes selon la
nouvelle estimation dévoilée ce
jeudi par l’Insee. Soit nettement
plus que ce qu’annonçaient les
chiffres provisoires livrés début
février – 3.000 créations nettes –
et même que les projections de mi-
décembre de l’institut de la statisti-
que – 29.000.
L’essoufflement est toutefois tan-
gible : les créations d’emplois entre
octobre et décembre ont été près de
deux fois moins nombreuses qu’au
cours des trois mois précédents
(84.100). C’est dans le secteur du ter-
tiaire marchand qui avait nourri
l’embellie de l’emploi depuis le prin-
temps 2021 que le coup de frein est
le plus sensible (+0,1 %).
L’emploi salarié industriel (hors
intérim) ralentit lui aussi « modéré-
ment » (+0,2 %). Fin 2022, l’emploi
salarié privé se situait 5,6 % (soit
+1,1 million d’emplois) au-dessus de
son niveau de fin 2019, indique
l’Insee.
Contexte de faible
croissance
De quoi relancer les débats sur la
baisse de la productivité française.
Depuis des mois, la vigueur du
marché de l’emploi dans un con-
texte de faible croissance – le PIB a
progressé de 0,1 % au quatrième
« L’index senior, c’est un atout pour mesurer et objectiver
les pratiques des entreprises »
Comment le rapport
au travail a-t-il évolué depuis
la pandémie de Covid ?
La pandémie a été une expérience
psychologique et personnelle très
forte pour les travailleurs. Mais elle
a eu p eu d’effets sur les taux
d’emploi et la structure de l’emploi
en France. Les réallocations secto-
rielles ont notamment été limitées.
Quant au rapport à l’emploi, une
étude du Centre d’études de l’emploi
et du travail révèle que seul un sala-
rié sur dix déclare que son travail a
perdu du sens à la suite de la pandé-
mie. Trois salariés sur dix jugent
que leur travail a gagné du sens ! Et
pour six sur dix, cela n’a rien
changé. En revanche, l’inflation a
pu susciter des envies de change-
ment pour obtenir un meilleur
salaire.
Par ailleurs, on constate une aspi-
ration très forte à une meilleure
conciliation entre la vie profession-
nelle et la vie privée. Mais cela date
RETROUVEZ DOMINIQUE SEUX
DANS L’ÉDITO ÉCO
À 7H45
DU LUNDI AU VENDREDI
trimestre – interpelle les économis-
tes. « La productivité horaire en
France n’est pas revenue à son niveau
d’avant la pandémie […] Cela doit
nous interpeller car cela signifie que
la France décroche par rapport à ses
partenaires », alerte dans une inter-
view aux « Echos », Hippolyte
d’Albis, professeur à l’Ecole d’éco-
nomie de Paris.
Pour Eric Heyer, directeur
du département analyse et prévi-
sion de l’OFCE, les données de
d’avant la pandémie et ce n’est pas
forcément négatif pour la producti-
vité, au contraire. Le développe-
ment du télétravail a créé une
grande différence entre ceux qui
peuvent y recourir et les autres
sachant que ceux qui l’exercent ont
une autre exigence : ils souhaitent
pouvoir séparer leur vie profession-
nelle et leur vie privée.
Y a-t-il une « épidémie
de flemme » comme le disent
certains ?
Je me méfie des slogans à la mode.
L’expression frappe les esprits mais
on constate que les personnes d’âge
actif sont restées en emploi.
En revanche, la productivité
horaire en France n’est pas revenue
à son niveau d’avant la pandémie.
Une moitié de la perte s’explique
par le développement de l’alter-
nance, qui est une bonne chose. Sta-
tistiquement, on considère les alter-
nants comme des salariés à temps
SUR
l’emploi au quatrième trimestre
2022 marquent toutefois une
inflexion : « Sur la période, il n’y a
pas eu de pertes de productivité,
ce qui laisse à penser qu’elles sont en
train de s’arrêter. La rupture est
visible dans les services marchands
qui pour le deuxième trimestre
consécutif n’enregistrent plus de
perte mais aussi dans l’industrie où
la productivité a même progressé
de 1,1 % au dernier trimestre »,
explique-t-il.
HIPPOLYTE
D’ALBIS
Professeur à l’Ecole
d’économie de Paris
plein alors que ce n’est pas le cas.
Mais même en faisant abstraction
de ce phénomène, la productivité
est plus faible qu’avant. Certains
économistes affirment que le télé-
travail y contribue, mais c’est diffi-
cile à évaluer rigoureusement. Cela
doit nous interpeller car cela signi-
fie que la France décroche par rap-
port à ses partenaires. Comme les
heures travaillées par habitant
déclinent également, la situation
devient préoccupante.
La réforme des retraites
vise à faire travailler plus
longtemps les seniors.
Est-ce suffisant pour
remonter le taux d’emploi
des plus de 55 ans ?
Le taux d’emploi des seniors est fai-
ble en France mais, néanmoins, il
augmente continûment depuis la
fin des années 1990. On a donc du
recul sur ce qu’il faut faire : on sait
que repousser l’âge légal de départ à
la retraite ou réformer l’assurance
chômage pour inciter au retour à
l’emploi, cela a un effet sur le taux
d’emploi de ceux qui travaillent
déjà. En revanche, pour ceux qui
sont en dehors du marché du tra-
vail, qu’il s’agisse d’un chômeur ou
d’une personne en arrêt maladie,
Reste à voir si la remontée de la
productivité se confirmera au
cours des prochains mois. C’est le
pari d’Eric Heyer. Selon lui, les gains
devraient accélérer avec la reprise
de la croissance au second semes-
tre. « Des secteurs comme les trans-
ports, l’énergie ou la construction ont
moins produit mais ont conservé
leur main-d’œuvre. Avec la résorp-
tion des problèmes d’approvisionne-
ment, leur activité va repartir mais
cela va s’accompagner de peu de
ces réformes ne changent pas
grand-chose. Pour être inséré sur le
marché du travail lorsqu’on est
senior, il faut l’avoir été tout au long
de la vie. Pour cela, il faut augmen-
ter le nombre de personnes en
emploi lorsqu’elles deviennent
seniors. Cela passe par la formation
initiale mais aussi par la formation
tout au long de la vie. Ce n’est pas
à 55 ans que l’on commence à se
former.
Un second axe concerne
l’employabilité des femmes, notam-
ment après une maternité.
Aujourd’hui, entre 25 et 49 ans, le
taux d’emploi des femmes est de
12 points inférieur à celui des hom-
mes. Faciliter aujourd’hui le retour
à l’emploi après une maternité, c’est
obtenir demain une hausse du taux
d’emploi des travailleuses seniors.
Quel doit être le rôle
de l’entreprise ?
L’entreprise doit lutter contre les
discriminations liées à l’âge et aux
préjugés. Les deux existent. On
l’observe au moment des entretiens
d’embauche, mais également lors
des licenciements. Sur ce sujet, con-
trairement aux craintes qui se sont
exprimées pendant le Covid, le télé-
travail n’a pas été un frein à la pro-
ductivité des seniors. Ils se sont
adaptés comme les autres. Pour
autant, les entreprises doivent
accepter que les seniors aient un
Isa harsin/Sipa
profil un peu différent et leur con-
fier des tâches intéressantes qui ne
les cantonnent pas à un placard ou
à la formation de jeunes. C’est un
Vendredi 10 et samedi 11 mars 2023 Les Echos
créations d’emploi », prophétise-t-il,
jugeant probable une hausse du
taux de chômage cette année.
Un début d’année
meilleur qu’envisagé
A Bercy, on se concentre sur les
bonnes nouvelles : « En 2022,
337.000 emplois ont été créés », s’est
félicité dans un tweet le ministre de
l’Economie, Bruno Le Maire, qui a
loué « la solidité » de l’économie
française : « Contrairement à ce que
bon moment pour avancer sur ce
dossier essentiel car les entreprises
font face à des problèmes de recru-
tement. Mais pour que cela fonc-
tionne, l’entreprise doit réinventer
des tâches et des motivations. Avec
un senior, on ne peut plus jouer sur
la carotte de la promotion. Enfin, il
faut aussi lutter contre certaines
logiques : un cadre doit pouvoir
quitter un poste managérial sans
avoir le sentiment de déchoir !
L’index senior proposé par
l’exécutif est-il un outil efficace
pour améliorer l’emploi
des seniors selon vous ?
« Repousser l’âge
légal de départ
à la retraite,
cela a un effet
sur le taux
d’emploi de ceux
qui travaillent
déjà. »
06
« Contrairement
à ce que disaient
les Cassandre
il y a quelques
semaines,
nous aurons
en 2023
une croissance
positive et solide. »
BRUNO LE MAIRE
Ministre de l’Economie
disaient les Cassandre il y a quelques
semaines, nous aurons en 2023 une
croissance positive et solide », a-t-il
insisté sur CNews. Pour l’instant,
Bercy table toujours sur une hausse
de 1 % du PIB cette année.
Le début de l’année se présente
sous de meilleurs auspices que
prévu il y a quelques mois encore.
La Banque de France et la plupart
des économistes écartent désor-
mais toute récession. Selon la
dernière enquête de conjoncture de
la banque centrale publiée mer-
credi, l’activité a progressé dans
l’industrie et les services en février
et, dans les deux secteurs, les entre-
prises anticipent une nouvelle pro-
gression en mars. Seul le bâtiment
s’attend à un léger repli de son
activité ce mois-ci pénalisé par
le ralentissement des mises en
chantiers de logements neufs.
L’institution monétaire a ainsi
annoncé qu’elle relèverait légère-
ment sa prévision de croissance,
actuellement de 0,3 % pour 2023 le
20 mars prochain, lors de la présen-
tation de ses nouvelles projections
annuelles. n
Je suis économiste, et je pense donc
que c’est toujours un atout de
mesurer et objectiver les phénomè-
nes ! L’index c’est aussi un coup de
pouce qui fait qu’on n’oublie pas les
discriminations. La question fait
actuellement l’objet d’un débat
politique et la décision relève du
parlement. Mais tout ne peut pas
toujours venir du politique.
Il faut saluer les entreprises pri-
vées qui lancent des initiatives pour
favoriser l’emploi des seniors. C’est
par exemple le cas du Club Landoy
et du groupe L'Oréal qui ont lancé
une charte pour l’emploi des
seniors, signée par de nombreuses
entreprises. Maintenant, il faut
avoir en tête que s’agissant de
l’emploi des seniors, il n’y a pas de
formule magique. L’améliorer
passe forcément par un faisceau
d’actions et initiatives.
Et le CDI senior ?
C’est aussi un des aspects du débat
politique actuel. La question fonda-
mentale est celle du financement de
la protection sociale. Une baisse des
cotisations implique nécessaire-
ment un report du financement sur
d’autres impôts, tels que la CSG.
Par ailleurs, la légitimité de la
contribution du travail au finance-
ment de la branche famille peut
être questionnée mais il ne faut pas
oublier que les pensions versées
sont aussi dépendantes du nombre
d’enfants. Ces droits familiaux de
retraite représentent une dépense
de 20 milliards d’euros.
— Propos recueillis par N. S.
07
Ecoles de commerce :
le projet de réforme
des prépas enterré
ENSEIGNEMENT
La réforme visait
à freiner la chute
des effectifs des
classes préparatoires
économiques
et commerciales.
Celle-ci était jugée
« délétère » par
plusieurs syndicats.
Marie-Christine Corbier
@mccorbier
C’est une réforme qui devait freiner
« le désamour des prépas » écono-
miques et commerciales, dont les
effectifs ont chuté de plus de 14 %
depuis 2020. Selon des sources con-
cordantes, qui confirment une
information du média spécialisé
« News Tank », le gouvernement
devrait finalement y renoncer. Plu-
sieurs syndicats ainsi que l’associa-
tion des professeurs des classes
préparatoires économiques et
commerciales – qui avait jugé le
projet « délétère » – avaient appelé à
la grève pour ce jeudi. Une pétition
lancée en fin d’année dernière et
appelant à s’opposer à la réforme a
recueilli plus de 5.600 signatures.
La réforme était envisagée pour
ce printemps et son entrée en
© Séquano – Franck Badaire • Conception :
Les Echos Vendredi 10 et samedi 11 mars 2023
vigueur programmée pour septem-
bre 2024. « Le sujet des classes
préparatoires […] est un point qui
m’importe, déclarait le ministre de
l’Education nationale, Pap Ndiaye,
en fin d’année dernière. Il faut se
soucier de petits signaux d’alerte que
constituent les effectifs de certaines
de ces classes. » Dans l’entourage de
la ministre de l’Enseignement supé-
rieur, Sylvie Retailleau, on assure
seulement, pour l’instant, que « des
propositions avaient été mises sur la
table, mais qu’elles n’ont jamais été
formalisées sous forme de réforme ».
La spécialité
mathématiques
Après la réforme du lycée, les deux
anciennes voies (ECE et ECS) des
classes préparatoires ont fusionné
dans la nouvelle voie dite ECG (éco-
nomique et commerciale générale)
pour laquelle se pose la question du
« vivier de recrutement », comme le
souligne régulièrement l’associa-
tion des enseignants APHEC.
Entrer en classe préparatoire éco-
nomique et commerciale suppose
d’avoir suivi la spécialité mathéma-
tiques. Or, la réforme du bac a
réduit le nombre d’élèves ayant
suivi cette discipline par rapport
aux anciens bacheliers S et ES,
plaide l’association.
Percutées par la réforme du lycée
et par l’arrivée des bachelors, les
classes préparatoires voient leurs
effectifs diminuer. Une tendance
Accélérer les transitions dans la Métropole du Grand Paris, pour offrir aux 7,2 millions de Métropolitains un quotidien plus agréable à vivre.
Préservation et valorisation des espaces naturels et de la biodiversité, qualité de l’air, mobilités durables : l’amélioration de la qualité et du
cadre de vie est au cœur de toutes les actions de la Métropole. Fière de son histoire et de son patrimoine, la Métropole du Grand Paris donne
l’élan pour construire un avenir harmonieux et désirable pour ses 131 communes.
FRANCE
qui touche notamment celles
qui sont installées en région alors
même que, pour les défenseurs des
classes préparatoires, elles sont
déterminantes pour la mixité de
la filière.
D’autres attentes pour
les jeunes générations
« On veut continuer à soutenir la
filière et à s’asseoir autour de la table
avec les classes préparatoires pour
mieux communiquer, notamment
en région », a réagi, jeudi, Alice
Guilhon, présidente de Conférence
des directeurs des écoles françaises
de management.
Les inscriptions
aux concours L’érosion du nombre d’élèves concerne notamment les classes prépas ECG, en région,
des grandes écoles alors que celles-ci sont déterminantes pour la mixité sociale. Photo SYSPEO/Sipa
de commerce sont
Les effets collatéraux sont déjà être mobilisées afin de renforcer
en baisse de 8 % visibles. Les inscriptions aux l’attractivité des classes préparatoi- « Il faut engager
par rapport à 2022. concours des grandes écoles de res, notamment la voie générale une réflexion
commerce sont en baisse de 8 % (ECG) de la filière économique et
par rapport à l’an dernier « en rai- commerciale », souligne la BCE. avec les lycées
« Il faut engager une réflexion avec son principalement du recul des Les promoteurs de la réforme en affirmant que
les lycées en affirmant que tout le effectifs en classes préparatoires e x p l i q u a i e n t e n f i n d ’a n n é e tout le monde peut
monde peut avoir accès à une classe ECG », vient d’annoncer la princi- dernière vouloir éviter, à l’avenir,
prépa », insiste la directrice générale pale banque de concours, la BCE, d ’avo i r à f e r m e r d e s c l a s s e s avoir accès à
de Skema Business School. Tout en qui organise les épreuves de 19 éco- préparatoires faute d’effectifs une classe prépa. »
reconnaissant qu’il faut aussi les de management, d’Audencia à suffisants. Attention à ne pas se ALICE GUILHON
« prendre en considération que les TBS Education en passant par réjouir trop vite de l’abandon du Directrice générale de Skema
jeunes générations ont d’autres atten- l’Edhec, emlyon, HEC Paris ou projet de réforme, au risque de Business School
tes et qu’il est facile de partir à l’inter- encore Skema. « Les énergies de pleurer demain, glisse déjà l’un
national dans un monde globalisé ». toutes les parties prenantes doivent d’entre eux. n
une
histoire
d’avenir
www.metropolegrandparis.fr
 Vendredi 10 et samedi 11 mars 2023 Les Echos 10
MONDE

Entre Paris et Londres, un sommet

pour que l’entente redevienne cordiale
l Sécurité, immigration, énergie et échanges culturels sont au menu du sommet franco-britannique vendredi à Paris.
l Ce premier sommet bilatéral en cinq ans est l’opportunité d’un renouveau dans cette relation secouée par le Brexit.
BILATÉRAL
Ingrid Feuerstein
@In_Feuerstein
— Correspondante à Londres
En 2018, lors du sommet de Sand-
hurst, la France avait promis au
Royaume-Uni de lui prêter la tapis-
serie de Bayeux, afin d’exposer de
l’autre côté de la Manche cet
ouvrage unique, symbole d’une his-
toire commune. Les bonnes inten-
tions ne se sont jamais concrétisées.
Après de longs atermoiements liés
à la nécessité de rénover l’œuvre
retraçant l’invasion normande par
Guillaume le Conquérant, la tapis-
serie n’a jamais traversé la Manche.
Et il n’est plus question aujourd’hui
qu’elle quitte la Normandie.
L’anecdote est à l’image de la rela-
tion franco-britannique, faite
d’intérêts communs mais ponctuée
de désaccords. Cette relation sera
au menu d’un sommet à Paris ce
vendredi, le premier depuis cinq
ans. « C’est le bon moment pour
envoyer le signal que, malgré les diffi-
cultés post-Brexit, nous nous enga-
geons à travailler ensemble. Car nous
sommes des partenaires cruciaux,
nous avons besoin l’un de l’autre et il
nous faut être pragmatiques », indi-
que une source à l’Elysée.
Brexit. Dans ce contexte, l’arrivée de
Rishi Sunak au pouvoir, en octobre
dernier, a été vue à Paris comme
l’occasion de tourner la page des
tensions, au moment où la guerre
en Ukraine soulignait l’urgence de
relancer la coopération.
« La France et le Royaume-Uni
partagent les mêmes instincts. Ce
sont les deux plus grandes puissan-
ces militaires et nucléaires en
Europe, avec des interventions diplo-
matiques à coordonner. Les liens
interpersonnels entre les deux peu-
ples sont considérables », observe
Georgina Wright, analyste pour
l’Institut Montaigne, dans une note.
Restaurer les échanges
Lors de leur première rencontre à la
COP27 en Egypte, la poignée de
main semblait chaleureuse entre
les deux chefs d’Etat aux profils
étonnamment similaires : « qua-
dras », anciens banquiers d’affaires,
issus de la classe moyenne supé-
rieure, perçus comme « technocra-
tiques » et « mondialistes » dans
leur pays. A cette occasion, Rishi
Sunak a déclaré que la France était
un pays « ami, partenaire, allié ». Le
sommet de Paris permettra-t-il
d’aller au-delà de cette rhétorique ?
Anand Menon, directeur du
think tank UK in a Changing
Europe, prédit « un triomphe du
style sur la substance ». Avant de
pouvoir annoncer des projets
concrets, les deux pays doivent
d’abord restaurer leurs échanges.
Mais « la tonalité sera différente, car
Sunak veut être perçu comme un
interlocuteur sérieux », ajoute-t-il.
Dans les thématiques à l’agenda
figurent la sécurité, ainsi que l’ave-
nir de la Communauté politique
européenne et la question migra-
toire dans la Manche, au cœur des
préoccupations britanniques. La
coopération dans le nucléaire civil,
avec la finalisation du financement
de l’EPR de Sizewell, sera abordée,
de même que la reprise des échan-
ges culturels après le Brexit.
L’accord sur l’Irlande du Nord
était le bienvenu, dans la perspec-
tive du sommet de Paris. « Déjà,
Emmanuel Macron et Rishi Sunak
ne passeront pas 25 minutes de leur
entretien sur la question du Brexit »,
relève François-Joseph Schichan,
consultant chez Flint Global.
Pour Alice Billon-Galland, du think
tank Chatham House, cet accord est
aussi le signe d’un « réengagement
de la Grande-Bretagne vers le conti-
nent européen ». Cela ne veut pas
dire pour autant que tous les sujets
de litiges sont écartés. « La question
migratoire n’est pas réglée, estime-
t-elle. Ce sera une négociation Emmanuel Macron et Rishi Sunak lors de leur première rencontre, en novembre 2022, à l’occasion
constante entre les deux pays. » n de la COP27 à Charm el-Cheikh (Egypte). Photo Ludovic Marin/AFP

Incidents diplomatiques
Avant la sortie du Royaume-Uni de
l’UE, ces grands rendez-vous se
tenaient en moyenne tous les deux
ans. Ce 36e sommet a d’abord été
repoussé à cause de la pandémie,
puis, de toute évidence, en raison de
la mésentente entre Emmanuel
Macron et Boris Johnson.
De la pêche à la défense avec
Aukus, en passant par les traver-
sées illégales par la Manche, la liste
des incidents diplomatiques a été
longue dans cette première phase
post-Brexit. La France, tout comme
l’UE, a eu le sentiment d’être instru-
mentalisée à des fins domestiques
par les politiques britanniques,
entre les coups de boutoirs de Boris
Johnson et les propos de sa succes-
seur, Liz Truss, qui n’a pas voulu
dire si le président français était un
ami ou un ennemi.
La réplique à ces provocations,
dont les déclarations du président
français discréditant le vaccin bri-
tannique AstraZeneca ou les mena-
ces de couper le courant à Jersey, n’a
fait que jeter de l’huile sur le feu. Et
Emmanuel Macron a pu être perçu
à Londres comme celui qui voulait
punir les Britanniques pour le
La mobilité des jeunes à l’agenda de la rencontre
Les règles adoptées après
le Brexit compliquent les
échanges culturels entre la
France et le Royaume-Uni,
notamment les voyages
scolaires et les recrute-
ments de jeunes diplômés.
Jusqu’au Brexit, International SOS
recrutait chaque année une
dizaine de stagiaires français au
Royaume-Uni. Depuis janvier 2021,
« tout est bloqué », témoigne
Arnaud Vaissié, le fondateur de
cette société spécialisée dans la ges-
tion des risques à l’international.
Le coût de la procédure de visa,
de 6.000 à 7.000 livres pour chaque
stagiaire, est rédhibitoire. Et le sys-
tème de visa britannique post-
Brexit ne prévoit pas de schéma
particulier pour les jeunes, à part
quelques pays du Commonwealth
comme le Canada ou l’Australie.
« Résultat, les étudiants se tournent
vers l’Irlande, témoigne le dirigeant.
C’est dommageable, car l’Irlande ne
joue pas le même rôle diplomatique
que celui de la Grande-Bretagne à
l’époque où elle faisait partie de
l’UE. » Comme International SOS,
de nombreuses entreprises fran-
çaises implantées au Royaume-
Uni ont renoncé à recruter des jeu-
nes diplômés, stagiaires ou jeunes
en VIE (volontariat international
en entreprise) face aux nouvelles
contraintes qu’impose le système
de visa britannique depuis le
Brexit, notamment l’obligation de
justifier d’un salaire de plus de
25.600 livres par an. Le nombre de
contrats en VIE (plus de 800 par an
avant le Brexit) a fondu comme
peau de chagrin.
Voyages scolaires
Cette obligation a également mis
fin aux contrats de « jeunes au
pair » particulièrement appréciés
des Européens. Quant aux voyages
scolaires, ils sont pénalisés par
l’obligation, pour chaque élève, de
présenter un passeport à l’entrée
sur le territoire britannique, et
même un visa pour les élèves
n’étant pas ressortissants de l’UE.
Autant dire que de nombreux
enseignants ont renoncé à organi-
ser un voyage de classe au Royau-
me-Uni.
Dans ce contexte, le gouverne-
ment français a voulu mettre la
mobilité des jeunes à l’agenda du
sommet de Paris vendredi. Quel-
ques mesures symboliques pour-
raient faire avancer le dossier,
comme la possibilité d’un passe-
port collectif pour les voyages de
classe, ou le fait de permettre à
Business France, l’agence qui gère
les VIE, d’agir comme sponsor
6.000
À 7.000 LIVRES
Le coût de la procédure
de visa pour un stagiaire.
pour que les jeunes en volontariat
international obtiennent un visa de
travail. « Il n’y a pas assez d’échanges
humains », regrette une source à
l’Elysée qui évoque un besoin de
« reconnexion », à la veille du som-
met franco-britannique de ven-
dredi à Paris.
Compétence européenne
Côté britannique, on reconnaît que
la mobilité des jeunes est un sujet
important, toute la complexité
étant qu’il relève en théorie de la de
la compétence de l’UE. Dans son
système de visa post-Brexit, le
Royaume-Uni propose un schéma
particulier pour les jeunes qui cor-
respondrait à la situation des sta-
giaires ou des « au pairs ». Seules
quelques nationalités (Australie,
Canada, Nouvelle-Zélande, etc.) y
ont accès.
Ouvrir ce schéma à l’ensemble
des ressortissants de l’UE est un
tabou politique en Grande-Breta-
gne, où le vote en faveur du Brexit a
été en partie motivé par la volonté
de freiner l’immigration en prove-
nance d’Europe de l’Est. L’une des
solutions serait pour la France de
signer un accord bilatéral, mais
cela reviendrait à briser la solida-
rité européenne. Or, il y a un autre
sujet sur lequel Paris souhaite
maintenir cette solidarité : le renvoi
des migrants illégaux.
Londres cherche à signer des
accords bilatéraux avec les Etats
membres de l’UE pour pouvoir
renvoyer les migrants qui traver-
sent clandestinement la Manche.
La France a toujours refusé catégo-
riquement un accord bilatéral sur
la question migratoire, par crainte
de recevoir sur son territoire un
afflux de migrants en provenance
de Grande-Bretagne, et a systéma-
tiquement renvoyé les discussions
à l’échelle de l’UE. En attendant, les
jeunes Français devront patienter
pour obtenir le sésame leur per-
mettant de traverser la Manche.
— In. F.

Subventions : ce qu’Ursula von der Leyen veut obtenir de Joe Biden

concentrer sur les subventions
BILATÉRAL massives des Etats-Unis à leur
industrie verte, qui ont mis l’Europe
La présidente de la dans tous ses états.
Commission euro- Le Vieux Continent est en alerte
péenne Ursula von der depuis plusieurs mois face à cette
Leyen rencontre le loi américaine baptisée Inflation
président américain Reduction Act (IRA) et votée l’été
Joe Biden ce vendredi. dernier, dont il considère qu’elle
peut entraîner une vague de déloca-
lisation des entreprises européen-
Fabienne Schmitt nes outre-Atlantique et, pour ainsi
@FabienneSchmitt dire, désindustrialiser l’Europe.
— Bureau de Bruxelles
Aides d’Etat
Le président américain Joe Biden Ursula von der Leyen a récemment
accueille ce vendredi la présidente lancé la riposte européenne avec un
de la Commission européenne, « plan industriel pour un pacte
Ursula von der Leyen, à la Maison- vert » ouvrant un peu plus les van-
Blanche, les discussions devant se nes des aides d’Etat jusqu’en 2025,
en direction des secteurs clefs de la
transition climatique et réaffectant
des fonds européens existants.
Bruxelles aimerait
obtenir un statut de
partenaire de libre-
échange américain.
Les détails techniques de ces
nouvelles subventions, qui pré-
voient des plafonds relevés jusqu’à
350 millions par entreprise pour les
régions les plus pauvres et jusqu’à
150 millions pour les plus riches,
ont d’ailleurs été opportunément
dévoilés jeudi par la Commission de
Bruxelles.
Mais le déplacement d’Ursula
von der Leyen à Washington a sur-
tout pour but de permettre à
l’Europe de trouver un accord avec
les Etats-Unis qui donnerait accès
au Vieux Continent à certains avan-
tages inclus dans ce plan d’investis-
sement vert américain.
Celui-ci prévoit près de 500 mil-
liards de dollars de subventions et
allégements fiscaux sur une décen-
nie. Mais il compte des exceptions
pour les pays ayant conclu un
accord de libre-échange avec les
Etats-Unis, comme le Canada ou le
Mexique. C’est précisément ce dont
rêve Bruxelles : obtenir un statut de
partenaire de libre-échange améri-
cain. Cela lui permettrait par exem-
ple de rendre les véhicules électri-
ques fabriqués en Europe éligibles
aux crédits d’impôt américains.
Pour la présidente de la Commis-
sion européenne, il s’agit d’avoir a
minima un accord de principe sur
l’ouverture de négociations en vue
de garantir ce statut à l’UE.
Au-delà, Ursula von der Leyen et
Joe Biden devraient aussi s’entrete-
nir sur l’aide à l’Ukraine, notam-
ment l’application des sanctions et
ils devraient faire le point sur les tra-
vaux du groupe de travail Etats-
Unis-Europe concernant la sécurité
énergétique. Enfin, la Chine sera au
menu des discussions. Alors que
depuis des années, Washington
tente de convaincre l’Europe de
prendre des mesures commerciales
restrictives contre Pékin, dans une
volonté sécuritaire, force est de
constater que l’administration amé-
ricaine y arrive de mieux en mieux.
En témoigne l’accord récent conclu
entre les Etats-Unis, les Pays-Bas et
le Japon pour restreindre l’accès de
la Chine aux technologies de puces
électroniques. Ou encore le fait que
l’Allemagne vienne d’annoncer son
intention de contraindre les opéra-
teurs télécoms à retirer leurs équi-
pements fabriqués par les chinois
Huawei et ZTE de leurs réseaux.
A Bruxelles, ces initiatives inter-
rogent. A l’heure où l’UE cherche à
obtenir des concessions sur l’IRA,
certains pointent qu’elles pour-
raient potentiellement représenter
une forme de contrepartie dans la
négociation. n
11 Les Echos Vendredi 10 et samedi 11 mars 2023
Crise en Grèce après
la catastrophe ferroviaire
l Des dizaines de milliers de personnes ont manifesté mercredi à Athènes
et dans toute la Grèce, neuf jours après la collision mortelle de deux trains.
l A l’approche des élections, un immense agrégat de colère traverse le pays.
EUROPE
Basile Dekonink
— Correspondant à Athènes
Il y avait là des retraités, des collec-
tifs étudiants, des associations fémi-
nistes, des syndicats, des fédéra-
tions de petits commerçants et des
citoyens de tous horizons. Neuf
jours après la pire catastrophe fer-
roviaire de l’histoire du pays, des
dizaines de milliers de personnes
ont défilé à Athènes et dans toute la
Grèce, mercredi, pour exprimer
leur colère et leur exaspération.
Une crise sociale et politique sou-
daine, qui met en difficulté le Pre-
mier ministre, Kyriakos Mitsotakis,
à quelques semaines de la fin de son
mandat.
« Ce n’est plus de la colère, c’est de
la haine. Ils comptent leur argent et
nous, nous comptons nos morts »,
s’indignait mercredi Marie-Léonie,
qui préfère ne pas donner son nom
et qui se rendait dans une manifes-
tation pour la première fois. A Athè-
nes, un impressionnant cortège de
40.000 personnes – bien plus que
les précédentes manifestations
contre l’inflation ou les violences
policières – a défilé en début
d’après-midi, avant que des heurts
n’éclatent sur la place Syntagma, en
face du Parlement. Dans la capitale
grecque mais aussi à Thessaloni-
que et dans une quinzaine de villes,
quelque 65.000 personnes ont
manifesté au total, ce 8 mars, soit la
plus importante journée de mobili-
sation depuis 1974.
Les négligences de l’Etat
au cœur du drame
L’état de délabrement
critique du réseau est
pointé du doigt après la
collision de deux trains qui
a coûté la vie à au moins
57 personnes, le 28 février
dans le centre du pays.
C’est un drame dont il faudra des
mois, peut-être des années, pour
établir les responsabilités et dési-
gner les coupables. Mais, neuf jours
après la collision de deux trains qui a
coûté la vie d’au moins 57 personnes
à Tempé, dans le centre de la Grèce,
la vétusté du réseau apparaît
comme l’une des principales raisons
qui ont conduit à la pire catastrophe
ferroviaire de l’histoire du pays.
Le mardi 28 février au soir, au
terme d’un week-end prolongé par
un jour férié orthodoxe, un train
achemine 352 personnes, principa-
lement des étudiants, d’Athènes
vers Thessalonique, la deuxième
ville du pays. Peu après Larissa, à
350 kilomètres au nord de la capi-
tale, celui-ci entre en collision fron-
tale avec un train de marchandises
qui circulait en sens inverse sur la
même voie. Sous la violence du
choc, les premiers wagons sont
éventrés, projetés à plusieurs
mètres ; un « bruit de séisme » reten-
tit jusqu’à Larissa. Certains passa-
gers se retrouvent piégés alors
qu’un incendie se propage.
Comment une telle collision
« nez à nez » a-t-elle pu se produire
sans qu’aucune alarme, aucun dis-
positif de sécurité ne soit déclen-
ché ? Peu d’éléments ont filtré de
l’enquête mais l’erreur d’aiguillage
du chef de gare de Larissa, qui a
reconnu les faits, est établie. Trois
autres employés ont été inculpés
jeudi par la justice grecque, dont
deux pour avoir quitté leur poste
plus tôt que prévu. Tous risquent
MONDE
Sur les pancartes, sur les murs ou tances du drame et à l’âge des victimes Le chef du gouvernement est par-
en lettres rouges sur le sol, le mot [en majorité des étudiants, NDLR], ticulièrement critiqué pour s’être
« Dolofoni », « Assassins », est l’un cette fois les partis politiques sont lais- empressé d’avoir mis l’accent sur
de ceux qui reviennent le plus sou- sés de côté et ce ne sont pas unique- une « tragique erreur humaine »,
vent. Pour nombre de manifestants ment les jeunes qui manifestent, ana- juste après le drame. Son mea culpa
interrogés, la mort d’au moins lyse Dimitros Christopoulos, dans une adresse solennelle au peu-
57 personnes après la collision de professeur de sciences politiques à ple, dimanche, a été jugé tardif et
deux trains à Tempé, dans le centre l’Université de Panteion. La dynami- pourrait lui coûter cher alors que
de la Grèce, relève davantage d’un que est aussi beaucoup plus forte son parti, Nouvelle Démocratie,
système étatique défaillant que qu’après les incendies de Mati, devançait Syriza de 6 points dans les
d’une erreur humaine d’aiguillage. en 2018, alors que le bilan était plus sondages avant la catastrophe.
Au cœur des griefs : les coupes lourd. » Si les trois grands partis (la Selon plusieurs commentateurs, la
budgétaires et les privatisations Nouvelle Démocratie, Syriza et le crise sociale et politique pourrait
imposées à la Grèce par ses créan- Pasok) étaient la cible des manifes- conduire à un vote sanction contre
ciers, et l’incurie d’une classe politi- tants, mercredi, le Premier ministre les grands partis et compliquer la
que restée sourde aux alertes sur la conservateur, Kyriakos Mitsotakis, formation d’une coalition. Alors que
vétusté du réseau. « Ce n’est pas que est en première ligne alors qu’appro- les médias grecs tablaient le 9 avril
les transports, c’est aussi la santé ou chent, au printemps, les élections pour le premier tour, Kyriakos Mit-
l’éducation. Le gouvernement et les législatives qui détermineront la for- sotakis songerait à le reporter d’au Une manifestante brandit une pancarte « assassins » le 8 mars
entreprises sont uniquement guidés mation du gouvernement. moins un mois, vers fin mai. n à Thessalonique. Photo Murad Sezer/Reuters
par le profit », pointent Tania Pali-
charona et Liana Korompili, deux
syndicalistes venues défiler à Athè-
nes sous la bannière du Front pan-
hellénique des travailleurs.
Un moment décisif
Cet agrégat de colère, auquel se
mêlent d’autres revendications
comme l’inflation, vient ponctuer
neuf jours d’un mouvement qui ne
semble pas près de s’arrêter. Mer-
credi, nombre d’employés du ser-
vice public ont débrayé pendant
24 heures ; les liaisons maritimes
avec les îles sont interrompues et les
trains ne circulent pas pour le hui-
tième jour d’affilée.
« C’est un moment décisif dans
l’histoire moderne de la Grèce. Le
mouvement est similaire à ceux
de 2008 ou 2011, mais, peut-être pour
des raisons qui sont liées aux circons-
entre dix ans d’emprisonnement et
la perpétuité.
Au-delà des erreurs humaines,
c’est bien l’état catastrophique des
voies ferrées grecques qui est en
cause, après des années de sous-in-
vestissement. Jeudi, le Premier
ministre Kyriakos Mitsotakis a
d’ailleurs promis « des actions
immédiates » pour améliorer la
sécurité du réseau, le plus meur-
trier de l’Union européenne rap-
porté au million de kilomètres par-
courus, selon le dernier rapport de
l’Agence ferroviaire européenne.
Le réseau ferroviaire
grec est le plus
meurtrier de l’UE.
Les syndicats d’Hellenic Train (la
compagnie responsable du fret et
du transport de voyageurs, privati-
sée en 2017) et d’OSE, qui gère le
réseau, avaient pourtant alerté à
plusieurs reprises les pouvoirs
publics sur les sous-effectifs chroni-
ques et les défaillances techniques
pesant sur cet axe, l’un des plus
empruntés du pays. Le chef de gare
de Larissa n’était lui en poste que
depuis trois mois, après avoir reçu
une formation de 40 jours.
L’attention se focalise par ailleurs
sur le « contrat 717 », qui prévoyait la
mise à niveau de la signalisation sur
une large partie de l’axe Athènes-
Thessalonique. Remporté en 2014
par Alstom et l’entreprise de BTP
locale Aktor, le chantier n’est tou-
jours pas livré en raison de litiges
sur la définition du contrat et entre
les deux partenaires, selon des
documents révélés par des médias
d’investigation grecs. Contacté, Als-
tom n’a pas souhaité faire de com-
mentaires. — B. D.
MONDE
Ukraine : la Russie tire sa première salve
de missiles depuis un mois
CONFLIT
UKRAINIEN
Les bombardements
ont été massifs sur
l’Ukraine jeudi matin,
une première depuis
début février.
La défense
antiaérienne n’a réussi
à intercepter que 40 %
des projectiles.
Yves Bourdillon
@yvesbourdillon
La Russie a lancé jeudi matin tôt
une nouvelle salve de missiles sur
l’Ukraine, la douzième d’ampleur
depuis le début de cette campagne
de bombardements sur des infras-
tructures civiles, essentiellement
électriques, en octobre.
Dix des vingt-quatre régions
ukrainiennes, dans le centre, le sud
et l’ouest, ont été touchées, dont la
capitale, et les raids à l’aube ont pro-
voqué des coupures d’électricité,
rétablies pour la plupart dans
l’après-midi.
Tirs des redoutables Kinjal
S’il s’agit de la première salve de ce
niveau depuis cinq semaines, reflet
sans doute d’un début de pénurie de
missiles puissants, elle a posé bien
plus de fil à retordre à la défense
antiaérienne ukrainienne que les
précédentes. En effet, Kiev n’a inter-
cepté que 34 des 81 missiles tirés, un
taux de 42 % qui était quasiment
deux fois plus élevé lors des précé-
dentes campagnes. Il est vrai que
Moscou a utilisé six missiles Kinjal,
les armes les plus redoutables de
son arsenal conventionnel.
Les pro-européens font reculer le pouvoir en Géorgie
EUROPE
Le parti au pouvoir
a annoncé jeudi
le retrait du projet
de loi qui avait suscité
une forte contestation.
Le pouvoir géorgien a reculé devant
les pro-européens. Le parti gouver-
n e m e n t a l , R ê ve G é o rg i e n , a
annoncé jeudi matin le « retrait
inconditionnel » du projet de loi qui
avait poussé des dizaines de mil-
liers de manifestants à défiler dans
la capitale, Tbilissi, tentant même
de s’emparer du Parlement mardi
dans la soirée.
En donnant ainsi satisfaction aux
opposants, le régime désamorce ce
qui menaçait de tourner à une véri-
table révolution. Mais un simple
recul tactique n’est pas à exclure.
WITT / SIPA
Kiev a également été bombardée, contraignant les civils à se réfugier dans le métro de la capitale ukrainienne. Photo Dimitar Dilkoff/AFP
Les Kinjal sont des missiles air-
sol hypersoniques (au moins
cinq fois la vitesse du son) et
manœuvrables, c’est-à-dire capa-
bles de suivre une trajectoire
imprévisible, ce qui les rend impos-
sibles à intercepter, à l’inverse des
missiles balistiques pourtant
autant, voire plus véloces. Ils ont été
tirés vraisemblablement d’un avion
En effet, les procédures ne per-
mettent pas de retirer un projet de
loi ayant déjà fait l’objet d’un vote,
mardi, sur les trois prévus au Parle-
ment pour son adoption. Il faudrait
donc que Rêve Géorgien dépose
une motion de retrait en bonne et
due forme, ce qui n’avait pas encore
été fait jeudi après-midi.
L’opposition ne s’y est pas trom-
pée, qui a programmé une nouvelle
manifestation pour réclamer le vote
d’une motion de retrait formel du
projet de loi, ainsi que la libération
des 66 manifestants arrêtés, cette
dernière requête étant accordée par
le pouvoir en soirée. Une foule nom-
breuse a donc défilé de nouveau
dans Tbilissi, notamment vers le
Parlement, sans incidents notables
en début de soirée. La présidente
géorgienne, qui dispose de peu de
pouvoirs selon la Constitution, sou-
tient le mouvement, et a « salué la
victoire » des manifestants.
Dimanche de 10h à 11h
Le Grand Rendez-Vous
En direct sur Europe 1 et CNEWS
Sonia Mabrouk, Stéphane Dupont et Mathieu Bock-Côté reçoivent
Bruno Retailleau
Président du groupe Les Républicains au Sénat et sénateur de Vendée
Mig 31 depuis l’intérieur de l’espace
aérien russe. Leur charge explosive
est d’une demi-tonne et leur coût de
plusieurs millions de dollars. Ce qui
peut expliquer que la Russie les uti-
lise avec parcimonie : seulement à
quatre reprises depuis le début de la
guerre, dont une fois fin janvier.
L’utilisation de Kinjal peut cons-
tituer un message à l’intention des
La mobilisation avait été déjà
massive, dans la nuit de mercredi à
jeudi, sous les tirs de grenades
lacrymogènes et de canons à eau
(des dizaines de personnes ont été
blessées). Des drapeaux géorgiens
mais aussi européens et ukrainiens
fleurissaient contre ce que les pro-
européens qualifiaient de « loi
russe ». Ce projet imposait que soit
enregistré comme « agent de
l’étranger » tout média ou ONG
dont un cinquième du budget pro-
venait de l’extérieur du pays.
Poutine conspué
Cette disposition, prise au nom de la
« transparence » permettrait de
mettre à l’index comme traître à la
patrie toute organisation critique
du régime et faciliterait in fine son
interdiction, comme le régime
russe voisin le pratique abondam-
ment grâce à une loi similaire prise
en 2013.
pays occidentaux, puisqu’il s’agit du
missile réputé le plus sophistiqué
de l’arsenal russe, à moins qu’il ne
s’agisse simplement de prendre le
relais des missiles Iskander plus
classiques, mais dont Moscou
aurait quasiment épuisé le stock. Il
lui en resterait une centaine sur les
900 dont elle disposait au début de
la guerre. Le nombre de missiles
Les manifestants conspuaient
d’ailleurs copieusement Vladimir
Poutine, sur lequel le gouverne-
ment géorgien serait parfaitement
aligné désormais selon eux, et
réclamaient la reprise de l’intégra-
tion euro-atlantique du pays, qui
fait l’objet d’un large consensus.
La présidente
géorgienne, soutien
du mouvement, a
« salué la victoire »
des manifestants.
Rêve Géorgien a longtemps fait
mine d’approuver. Mais la candida-
ture de Tbilissi à l’Union euro-
péenne, déposée en urgence au
printemps dernier en réaction à
l’invasion de l’Ukraine par l’armée
russe, a été mise sur une voie de
garage par Bruxelles, car le pays ne
Vendredi 10 et samedi 11 mars 2023 Les Echos
Kinjal disponibles n’est pas connu,
mais il ne se compte vraisemblable-
ment pas en centaines.
Zaporijjia menacée
Par ailleurs, comme cela a déjà été
le cas lors de bombardements pré-
cédents, la centrale nucléaire de
Zaporijjia, occupée par l’armée
russe dans le sud de l’Ukraine, a
remplit pas les critères européens
en matière de démocratie et d’Etat
de droit.L’opposition avait ainsi
boycotté les législatives de 2021 en
raison des fraudes et impossibilités
physiques de faire campagne. Le
parti au pouvoir, fondé par Bidzina
Ivanichvili, l’homme le plus riche
du pays (sa fortune serait équiva-
lente à 46 % du PIB), qui tirerait les
ficelles dans l’ombre, quoique sans
fonction officielle, avait revendiqué
48 % des voix.
Le pouvoir ne renonce pas
Le bras de fer entre le régime et
l’opposition va vraisemblablement
continuer, sous une forme ou une
autre, puisque le parti Rêve Géor-
gien a ajouté dans son communi-
qué que son projet de loi avait été
« présenté sous un mauvais jour de
façon trompeuse ». Il compte « lan-
cer des consultations publiques pour
mieux expliquer » ce texte, qu’il ne
12
été coupée quelques heures du
réseau électrique ukrainien, sus-
citant l’inquiétude puisque ses
barres d’uranium doivent être
refroidies en permanence pour
éviter un accident majeur. Mais
après que les générateurs de
secours ont été activés, la centrale
a été rattachée de nouveau au
réseau général.
L’attaque survient au lendemain
d’une rencontre des 27 ministres de
la Défense de l’Union européenne à
Stockholm. Elle pourrait constituer
une réponse russe à la décision
prise par ces derniers de négocier
un plan de livraison d’obus et de
munitions à Kiev, qui pourrait être
porté à deux milliards d’euros. Mos-
cou a affirmé avoir frappé en repré-
sailles à une incursion de « sabo-
teurs » ukrainiens dans la région
russe de Briansk le 2 mars.
Réunion sur les céréales
Par ailleurs, le Kremlin a annoncé
la tenue lundi d’une réunion, à
Genève avec l’ONU au sujet de
l’accord sur les exportations de
céréales ukrainiennes, qui expire le
18 mars. Signé en juillet dernier, il a
permis la reprise des exportations
de blé, maïs et tournesol ukrainiens
par la mer Noire.
Ce blocage avait entraîné une
flambée spectaculaire des cours
internationaux, car l’Ukraine est un
des principaux exportateurs mon-
diaux de céréales et oléagineux.
L’accord, qui a déjà été reconduit
une fois pour quatre mois, devait
aussi faciliter les exportations de
céréales russes, tout aussi impor-
tantes, mais contrariées par les
sanctions occidentales contre les
navires et contrats d’assurance cou-
vrant les entreprises russes. Mos-
cou prétend que ce volet de l’accord
n’est, en pratique, pas appliqué. n
semble donc pas renoncer à repré-
senter plus tard.
La délégation de l’Union euro-
péenne en Géorgie a salué
l’annonce du retrait du texte. Le
chef de la diplomatie de l’Union
européenne, Josep Borrell, avait
condamné mercredi le projet de loi,
le jugeant « incompatible » avec les
valeurs européennes.
Cette ébauche de révolution en
Géorgie est d’autant plus significa-
tive qu’elle s’inscrit dans le contexte
de l’invasion de l’Ukraine par la
Russie. Cette dernière n’entretient
plus vraiment de relations avec la
Géorgie depuis la guerre de 2008
qui lui avait permis d’arracher deux
régions à la souveraineté de Tbilissi.
Sans reconnaître l’indépendance
de ces deux régions russophones, le
parti Rêve Géorgien prônait des
relations apaisées avec Moscou et
s’est gardé de critiquer l’invasion de
l’Ukraine. — Y. B.
13 Les Echos Vendredi 10 et samedi 11 mars 2023
analyses
Le leasing, talon d’Achille
du modèle Tesla
Le constructeur
reste hermétique
à l’essor de la location
avec option d’achat,
dont ses concurrents
font leurs choux gras.
Une situation
qui pourrait
lui coûter cher.
LA
CHRONIQUE
d’Augustin Landier
et David Thesmar
Lionel Steinmann
@lionelSteinmann
Dans l’automobile, Tesla mène la
danse, mais pas dans tous les do-
maines. Régulièrement citée en
exemple pour sa capacité à innover,
l’entreprise d’Elon Musk s’est impo-
sée comme le mètre étalon du sec-
teur pour les mises à jour logicielles
à distance ou l’autonomie des batte-
ries. Le constructeur californien est
en revanche sérieusement à la traî-
ne sur un sujet crucial, qui pourrait
lui créer de gros soucis à moyen ter-
me : sa capacité à vendre ses voitu-
res en leasing.
En quelques années, la location
longue durée (LDD) ou avec option
d’achat (LOA) a supplanté le crédit
classique comme principale voie
d’accès à une voiture neuve. Le
leasing sur des contrats de deux,
trois ou quatre ans était déjà la nor-
me pour la clientèle des entreprises,
qui ne veulent pas avoir à gérer la re-
vente de leur parc de véhicules. Il est
également en train de s’imposer
chez les particuliers, où il représen-
te 52 % des immatriculations en
France l’an dernier, selon AAA
Data.
Partage du profit : les gadgets, le bruit et la fureur
la Bourse, c’est la saison
A des résultats. Cette année,
les profits affichés sont ex-
ceptionnels, et relancent le débat
sur le partage de la valeur. Si les pro-
fits sont élevés, est-ce aux dépens
des salariés ? Touchent-ils leur juste
part du gâteau ? C’est sur cette toile
de fond que revient le thème du par-
tage des profits, un des grands pon-
cifs du débat français. Un accord
tout juste signé par les partenaires
sociaux généralise les nombreux
dispositifs existants aux petites en-
treprises. Il pérennise également la
récente prime de « partage de va-
leur », qui permet de payer les em-
ployés sans cotisation sociale. Un
autre gadget proposé par une frac-
tion du patronat, le « dividende sa-
larié », a, lui, été abandonné.
Ces dispositifs frappent par leur
nombre et leur côté biscornu. Ils
poursuivent dans la plus grande
confusion différents objectifs flous.
Toutes les marques s’y sont mi-
ses… sauf une : Tesla. Le construc-
teur américain n’a réalisé que 18 %
de ses ventes en France l’an dernier
en LOA ou LDD, d’après les données
du cabinet C-Ways. C’est 40 points
de moins que la moyenne du mar-
ché de l’électrique, et 22 points de
moins que l’avant-dernier du clas-
sement, Dacia.
Une quasi-allergie
Cette relative allergie au leasing a
plusieurs explications. La nature de
la clientèle, tout d’abord : Tesla a
d’abord séduit des acheteurs aisés,
qui avaient les moyens de se payer
cash leur Model Y.
De surcroît, le constructeur ne
possède pas de captive financière,
comme la plupart de ses concur-
rents. Ses offres sont proposées en
partenariat avec Santander Consu-
mer Finance. Une solution moins
fluide qu’une « banque » maison, et
aussi moins incitative, puisque Tes-
la doit partager la marge avec un
partenaire.
Surtout, Tesla ne dispose pas des
relais nécessaires sur le terrain.
« Pour une marque, vendre de la lo-
cation avec option d’achat suppose de
Il y a au départ la vieille ambition
gaullienne de « réconcilier les Fran-
çais avec le capitalisme ». La théorie
est que s’ils reçoivent aussi un ca-
deau quand l’entreprise se porte
bien, les salariés devraient mieux ac-
cepter les dividendes versés aux ac-
tionnaires. Mais quarante-cinq ans
après la première loi, on se demande
si les résultats sont au rendez-vous.
On serait d’ailleurs bien en peine de
définir un critère de succès (l’arrêt
des grèves ? des applaudissements
les jours de hausse du CAC 40 ?).
Second objectif affiché de ces dis-
positifs : améliorer le pouvoir
d’achat des salariés. Comme les ca-
pitalistes n’ont aucune raison de fai-
re des cadeaux, c’est l’Etat qui doit
mettre la main à la poche. Ces dis-
positifs sont donc toujours accom-
pagnés d’exonérations fiscales très
généreuses. Capitalistes et tra-
vailleurs se partagent le magot. Cela
explique l’enthousiasme conjoint
s’appuyer sur un réseau de conces-
sionnaires assez dense, pour garan-
tir l’engagement de reprise du véhicu-
le à la fin du contrat de location,
assurer les réparations de remise en
état qui maximiseront la valeur de
revente, puis trouver un nouvel ache-
teur, souligne Bertrand de la Vil-
léon, expert du sujet chez Euro-
group Consulting. Si l’on ne possède
pas un tel réseau, c’est très compli-
qué. » Et c’est le cas pour le cons-
tructeur californien, qui ne compte
toujours qu’une vingtaine de
concessions en France, là ou Re-
nault en compte près de 600, sans
compter les agents.
Les limites d’un modèle
de vente en ligne
Le modèle Tesla touche là ses limi-
tes. L’entreprise d’Elon Musk réalise
l’essentiel de ses ventes via Internet,
ce qui lui assure des coûts de distri-
bution au ras du bitume et dope sa
rentabilité. Mais en se cantonnant à
un réseau de concessionnaires ho-
méopathique, le constructeur s’in-
terdit toute croissance d’envergure
sur le marché du leasing.
Ce faisant, il se prive d’un outil ex-
trêmement puissant. LOA et LDD
des partenaires sociaux : s’ils chan-
tent volontiers en duo les louanges
de la grande idée de la participation,
c’est avant tout parce qu’elle s’ap-
puie sur une moindre participation
fiscale. Rien ne se perd, rien ne se
crée : c’est le contribuable qui paie.
On ajoute des
corniches baroques
à l’édifice déjà chargé
et parfois incongru
de notre fiscalité
et de nos régulations.
Dernier objectif de ces politiques :
favoriser l’épargne des Français. A
coups d’exonérations d’impôts,
l’Etat pousse les salariés à bloquer
leur part des profits dans des pro-
duits d’épargne longue, en général
fort chers (car peu concurrentiels).
accroissent la fidélisation des
clients, puisque le commercial sait
quand le contrat arrive à terme, et
peut prendre les devants en pro-
posant un nouveau véhicule. Le
leasing est également l’opportunité
de vendre avec le véhicule des « pac-
kages » de service (parmi lesquels
l’entretien) qui viennent arrondir
les marges. Ces formules tout com-
pris sont appréciées des clients,
mais Tesla, sous-équipé en après-
vente, ne peut pas aller sur ce ter-
rain.
La LOA a également permis à
Stellantis, Volkswagen ou Renault
de faire bondir le prix des voitures
neuves sans effaroucher le chaland.
Dans leurs publicités, ces marques
ne communiquent plus sur le prix
catalogue, mais sur la mensualité
de la LOA (« à partir de 240 euros »),
nettement moins dissuasive.
La LOA pour camoufler
la hausse des prix
Surtout, les constructeurs ont profi-
té de la hausse concomitante des
valeurs résiduelles, c’est-à-dire du
prix auquel le constructeur peut
revendre le véhicule sur le marché
de l’occasion. A l’arrivée, les men-
La logique de ces contraintes est dif-
ficilement justifiable du point de
vue des ménages, qui sont a priori
mieux à même de savoir s’ils veu-
lent dépenser ou épargner à hori-
zon court ou long.
L’idée est peut-être un mélange
de paternalisme et de désir de ren-
forcer l’épargne financière de la
classe moyenne, en vue de complé-
ter notre système de retraite d’une
tranche de capitalisation. Mais
dans ce cas, l’approche est pour le
moins timide et oblique.
Le coût de ces politiques n’est pas
seulement fiscal : elles font porter
plus de risque aux salariés. Si le sa-
lariat existe, c’est justement parce
que les actionnaires (qui peuvent se
diversifier) sont mieux à même de
supporter le risque de l’entreprise
que les employés. La fiscalité pous-
se les acteurs économiques à dévier
de cette logique. Certes, on peut très
bien imaginer que certaines entre-
IDÉES
Hervé Pinel pour « Les Echos »
sualités pour l’achat d’un véhicule
neuf n’ont augmenté en moyenne
que d’une poignée d’euros, alors
que la hausse des prix catalogue
dans le secteur approche les 20 %
en un an.
Pour la majorité des marques, la
capacité à augmenter les valeurs ré-
siduelles est donc devenue un ob-
jectif central. Mais Tesla, inapte à
massifier ses ventes en leasing, ne
rentre pas dans cette logique.
Confrontée à une baisse de ses
commandes, la société a raboté
spectaculairement ses prix mi-jan-
vier (jusqu’à – 8.500 euros sur le
Model 3). Avec comme conséquen-
ce un coup de massue sur ses va-
leurs résiduelles : lorsque le prix
d’une voiture neuve dégringole en
une nuit, sa valeur sur le marché de
la seconde main en prend forcé-
ment un coup.
Elon Musk privilégie donc la con-
quête de nouveaux clients, quitte à
entretenir sa faible appétence pour
le leasing, et à affaiblir sa marque
sur le marché de l’occasion, pour-
tant crucial dans l’écosystème auto-
mobile. Un raisonnement de court
terme, que l’entreprise risque de
payer dans quelques années. n
prises cherchent à créer un esprit
de corps en faisant participer les
employés aux profits. Mais dans ce
cas, pourquoi s’immiscer, par des
contraintes et des subventions,
dans ce qui relève de la politique de
ressources humaines de chaque en-
treprise ?
On attendait du président actuel
une rationalisation de la politique
économique, pensée sur la base de
principes rationnels et explicites.
Or les différentes décisions ne font
que rajouter des corniches baro-
ques à l’édifice déjà assez chargé et
parfois incongru de notre fiscalité
(pleine de niches) et de nos régula-
tions (pleines de contraintes dont la
raison d’être n’est pas évidente). Il
n’y a pas que la réforme des retraites
qui est économiquement étrange.
Augustin Landier est professeur
à HEC. David Thesmar
est professeur au MIT.
IDÉES
analyses
Comment adapter
les stations
de ski au climat ?
Face au manque de neige grandissant, les stations de
ski doivent choisir entre reconversion ou continuation
de leur monoactivité, en utilisant des canons à neige.
LA
CHRONIQUE
de François Levêque
ace au recul de l’enneigement, les sta-
F tions de ski sont placées devant le
choix de la reconversion ou de la conti-
nuation de leur monoactivité. Les travaux de
modélisation montrent en effet que la plupart
des stations des Alpes peuvent compter sur
un dernier round de neige les menant jus-
qu’au mitan du siècle.
A condition toutefois de poursuivre leurs
investissements dans la production de neige
artificielle. Elles peuvent aussi décider de se
reconvertir en station d’hiver de montagne. A
condition de développer des activités sans
neige pour cette saison : randonnée pédestre,
vélo tout-terrain, circuit d’aventure, visite de
site culturel, etc.
Le choix en faveur de l’une de ces deux voies,
ou d’un chemin mâtiné d’un peu des deux, doit
être laissé aux communes. Les conditions
d’enneigement et les caractéristiques écono-
miques sont en effet très hétérogènes selon les
stations. De même pour la composition et les
préférences de la population locale et du con-
seil municipal. Les communes sont à la fois les
mieux placées et les plus légitimes pour déci-
der de leur modèle et de leur rythme d’adapta-
tion au déclin de l’enneigement naturel.
Besoin accru d’eau et d’énergie
Les départements, les régions et l’Etat ne doi-
vent pas pour autant rester les bras ballants.
En effet, le choix de la continuation comporte
des conséquences potentiellement négatives
qui dépassent les frontières de la commune.
Les nouveaux investissements dans la pro-
duction de neige entraînent un besoin accru
en eau et en énergie. Plus de pompage, alors
qu’il est souvent hors du périmètre de la com-
mune par exemple ; et, dans tous les cas, une
incidence des canons à neige au-delà du ré-
seau hydrographique microlocal. Dans tous
les cas aussi, plus d’électricité pour faire fonc-
tionner l’ensemble de la chaîne de production
de la neige artificielle. Les nouvelles installa-
tions, à l’instar des retenues collinaires, peu-
vent également nuire à la biodiversité.
LA REVUE
DU JOUR
Histoire du sans-abrisme
LE PROPOS L’expression « sans-
abrisme » s’est imposée pour désigner
certains aspects contemporains de
l’errance et de la grande pauvreté.
Spécialisée dans l’histoire sociale des
deux derniers siècles la revue « Le
Mouvement social » consacre cinq
articles aux permanences et aux
variations dans la prise en charge des
sans-abri, des vagabonds, des
mendiants, des clochards. Faisant le
point sur les travaux de sciences
sociales, sur l’évolution des politiques,
ces contributions se penchent sur un
XIXe siècle particulièrement répressif
et sur une période post-1945 bien plus
assistancielle, avec une intervention
accrue des pouvoirs publics. Ces
analyses traitent de territoires
particuliers (Amiens, Lille, Paris, le
Rhône) et d’institutions associatives
qui se renforcent et se transforment
(La Mie de pain, l’Abej). L’ensemble,
fait de rencontres entre sociologie,
droit et histoire, souligne les
En conséquence, les demandes d’autorisa-
tion pour l’expansion de la production de neige
devraient systématiquement être assorties de
solides études d’impacts sur l’environnement
et le cycle de l’eau. Elles devraient de plus être
soigneusement analysées par les autorités en-
vironnementales régionales et les préfectures.
Ce qui n’a pas toujours été le cas. Un projet de la
station de Tignes pour construire un dôme de
ski, sorte de congélateur à neige artificielle de
400 mètres de long, a, par exemple, été autori-
sé en son temps par le préfet.
Le choix, potentiellement défavorable, de la
continuation ne concerne pas que l’environ-
nement. Il retarde les efforts d’innovation et
les investissements nécessaires à la reconver-
sion. Or les reconversions économiques de
territoires monoactivité prennent du temps,
car elles passent par la formation à de nou-
veaux métiers, la création de nouveaux em-
plois et le déploiement de nouvelles techni-
ques et organisations.
Le choix, potentiellement
défavorable,
de la continuation
ne concerne pas
que l’environnement.
Elles passent aussi par des erreurs et des
échecs. Sans incitations publiques, la tenta-
tion est trop grande de jouer la montre en fai-
sant uniquement ce que l’on sait déjà faire et
qui rapporte de l’argent. De plus, les initiatives
de reconversion sont porteuses de retombées
extra-locales en termes d’apprentissage et
d’expérience.
En conséquence, les aides publiques de-
vraient soutenir les initiatives de reconversion
et ne plus financer des investissements dans la
production de neige. Il n’y a pas de raison que
les contribuables de l’Isère et de la région
Auvergne-Rhône-Alpes financent des canons
à neige comme par le passé. Aux communes à
la tête d’un domaine skiable de choisir le mo-
dèle et le rythme de leur adaptation au ré-
chauffement climatique. Et aux autres éche-
lons administratifs et politiques de veiller aux
risques de maladaptation et de soutenir les ini-
tiatives locales de reconversion.
François Lévêque est professeur
d’économie à Mines Paris-PSL.
recompositions d’un phénomène,
de sa mise en forme politique
et de sa prise en charge sociale.
UNE CITATION « Le sans-abrisme est
un objet idoine pour réinterroger le
rapport ambivalent que nos sociétés
entretiennent avec ceux qui, en leur
sein, ne parviennent à se conformer
pleinement aux normes dominantes –
affiliations par la sédentarité, le travail,
la non-commission de délits, fussent-ils
de survie » (Axelle Brodiez-Dolino).
—Julien Damon
« Le Mouvement social », no 280,
juillet-septembre 2022, 16 euros.
Les nouveaux concepts flous
des économistes
Quand c’est flou, c’est qu’il y a un loup ? Les économistes, qui face à la
multiplication de crises inédites doivent trouver de nouvelles politiques
adaptées à l’incertitude ambiante, inventent des concepts discutables.
LA
CHRONIQUE
d’Eric
Le Boucher
’économie n’est pas une science
L exacte, chacun l’aura remarqué.
Feu la reine Elizabeth avait
en 2012 provoqué toute la profession en
lui demandant de sa petite voix pour-
quoi aucun économiste n’avait vu arri-
ver la crise financière. A leur décharge,
il faut admettre que la mer est tellement
agitée avec le climat, les pandémies, les
guerres, les technologies et le retour des
conflits géostratégiques que les phares
et balises d’hier n’indiquent pas les nou-
veaux dangers. Il faut dire aussi que,
merci à eux, les économistes ont réussi
tant bien que mal à nous éviter le pire.
Pour la première fois, ils nous ont
recommandé d’arrêter l’économie par
les confinements, un déchirement pour
ces adorateurs de l’activité et de la crois-
sance. Mais c’était le bon chemin.
Pour autant, on ne peut que s’interro-
ger sur la pertinence de concepts mal
définis qui truffent aujourd’hui leurs
discours. L’inflation « sous-jacente », le
taux d’intérêt « neutre », la croissance
« potentielle », les dépenses « anti-infla-
tionnistes », une liste où l’on peut ajou-
ter les « réformes structurelles », la
« politique industrielle » ou le sum-
mum : le « protectionnisme intelli-
gent ». Ces concepts recouvrent des
idées intuitives compréhensibles, voire
nécessaires, mais ils sont appuyés sur
une littérature académique très mal
assurée et justement contestable.
Taux d’intérêt « neutre »
Les banques centrales se calent, expli-
quent-elles, sur un taux d’intérêt « neu-
tre », ou « naturel », qui correspond à la
position N dans une boîte de vitesses
automobile : ni la marche avant ni la
marche arrière ne sont enclenchées. Ce
taux serait autour de 1 % dans la zone
euro et de 3 % aux Etats-Unis.
Vendredi 10 et samedi 11 mars 2023 Les Echos
En théorie, ce taux est celui de l’équili-
bre entre épargne et investissement.
Mais comme le relève Patrick Artus, ce
taux ne sert à rien car l’équilibre aujour-
d’hui ne se fait plus par les taux d’intérêt
mais par l’ajustement de la balance cou-
rante (Flash Economie, 15 décembre
2022). Surtout, ce sont les banques cen-
trales qui dirigent l’ensemble de la
courbe des taux et que donc le taux neu-
tre est lui aussi fixé par elles. Tautolo-
gie : la banque se cale sur un taux qu’elle
fabrique elle-même.
Inflation « sous-jacente »
L’inflation « sous-jacente » est elle aussi
rigolote. Elle a servi il y a deux ans à la
grande majorité des économistes pour
affirmer que le retour de la hausse des
prix n’était dû qu’à l’énergie et aux man-
ques de puces électroniques et qu’elle
était en conséquence « provisoire ». Si
l’on sort ces matières exceptionnelle-
ment en feu, le reste, les prix « sous-
jacents », sont calmes. Comme l’infla-
tion persistait, les économistes amé-
ricains ont sorti de l’indice d’autres
« exceptions », comme le prix des voitu-
res d’occasion.
Ces concepts recouvrent
des idées intuitives
compréhensibles, voire
nécessaires, mais ils
sont appuyés sur une
littérature académique
très mal assurée et
justement contestable.
Mais tautologie ici aussi, souligne
Paul Krugman dans le « New York
Times » (3 mars) : si on sort ce qui
bouge, reste par construction ce qui
ne bouge pas. Comme, de surcroît,
l’agence statistique américaine modifie
ses façons de compter, les indices pas-
sés sont eux-mêmes révisés, ce qui met
à terre toutes les prévisions. D’où les
bévues à répétition des économistes sur
le retour de l’inflation : ils ne l’ont pas vu
14
iStock
venir, ils ne comprennent pas pourquoi
elle s’entête à persister.
Croissance « potentielle »
La croissance « potentielle » est égale-
ment un concept peu solide mais qui
sert beaucoup à la Commission de
Bruxelles pour « noter » les plans bud-
gétaires des Etats membres. D’où un
débat sans fin entre Paris et Bruxelles
pour savoir ce qu’on met dedans. Idem
pour les fameuses « réformes structu-
relles », mantra du FMI comme de
l’Europe. De quoi parle-t-on ? De celles
qui améliorent la croissance « poten-
tielle ». Le serpent du flou se mange la
queue.
Le retour de l’inflation a engendré
une sœur des deux précédentes : les
dépenses « anti-inflationnistes ». Ce
sont celles qui font du bien au futur éco-
nomique, qui ne creusent que « provi-
soirement » (encore !) la dette et qu’il
faut sortir des critères de Maastricht. Le
débat, on l’aura compris, est celui du
keynésianisme : faut-il investir plus
dans l’écologie ou la technologie pour
augmenter la croissance « potentielle »
future, laquelle permettra de rembour-
ser les dettes ou est-ce une promesse de
rigolo ?
Protectionnisme « intelligent »
Le protectionnisme « intelligent » est le
concept adoré par les populistes car il
promet la lune : relocaliser les emplois
mais sans que les prix des produits
n’augmentent. Supprimer la mondiali-
sation sans coût inflationniste. Vaste
blague.
Les économistes ont à trouver des
politiques neuves adaptées à l’incerti-
tude générale. Convenons que ce n’est
pas facile. Mais souvenez-vous du 3 %
de déficit public en Europe qui a provo-
qué des polémiques politiques infinies.
Tant que leur médecine ressemble à
celle de Diafoirus, le débat politicien
peut s’en emparer à sa convenance pour
tromper le peuple perdu dans l’igno-
rance.
Eric Le Boucher est éditorialiste
aux « Echos ».
 15 Les Echos Vendredi 10 et samedi 11 mars 2023
Publiez vos contributions
sur le Cercle des Echos :
lesechos.fr/idees-debats/cercle
LE POINT
DE VUE
de Christian Pierret
’épidémie de Covid-19 a permis de
L mettre en exergue les bons fonc-
tionnements comme les lacunes
du système européen. La cohésion et la
solidarité entre l’ensemble des États
membres ont été une force. L’Europe a
existé sur le plan politique dans cette
crise sans précédent et la pandémie a
permis de faire converger de fortes
valeurs sociétales – le droit à la santé
pour tous – et l’absolue nécessité de la
compétitivité économique et du finan-
cement de la R&D.
Une grande pharma américaine, Pfi-
zer, a surpris, par sa capacité – en moins
d’un an – à tester et produire sur le mar-
ché mondial une innovation de rupture
développée par une petite biotech alle-
mande, BioNTech. Cela tient à un enca-
drement réglementaire et législatif
complexe, trop restrictif en termes de
financement de l’innovation, et peu
incitatif sur les brevets, leur protection,
leur durée d’exploitation.
Cinq priorités stratégiques
Aujourd’hui l’innovation en santé est
portée par des centaines de PME ultra-
spécialisées et de très haute valeur
ajoutée scientifique, qui travaillent en
amont des grandes pharmas et des ins-
titutions publiques de santé. Or en
Europe, si la sécurité des patients est
une précaution essentielle, la R&D est
plus coûteuse que dans les pays con-
currents car elle est intégrée dans le
maquis complexe de contrôles et de
réglementations, qui s’ajoutent aux
exigences de chaque Etat membre.
LE POINT
DE VUE
de François-Joseph Schichan
e sommet entre Rishi Sunak et
L Emmanuel Macron ce 10 mars à
Paris est un moment important
pour la relation franco-britannique. Il
sera suivi par la visite d’Etat du roi Char-
les III à la fin du mois. Cette séquence est
l’opportunité d’ouvrir un nouveau cha-
pitre après plusieurs années de discorde.
La relation franco-britannique a
souffert du Brexit. En se séparant de
l’Union européenne, le Royaume-Uni a
fait un choix fondamentalement diffé-
rent de la France qui, depuis 2017, a plus
que jamais investi dans l’intégration
européenne. Après le Brexit, rien ne
pouvait donc être plus comme avant.
Mais la brouille ne se résume pas au
Brexit. D’autres difficultés se sont accu-
mulées – la gestion de l’immigration illé-
gale dans la Manche, les divergences
dans la réponse à la pandémie du
Covid-19, la trahison britannique de
l’accord Aukus qui a retiré à la France le
contrat des sous-marins avec l’Austra-
lie… Les relations interpersonnelles
dégradées entre les dirigeants à Londres
– Boris Johnson, Liz Truss – et à Paris ont
Dessin Mailys Glaize pour « Les Echos »
accentué ces divergences.
Les conséquences sont là : une rela-
tion de défense en difficulté malgré le
socle solide des accords de Lancaster
House, une absence de grands pro-
jets bilatéraux à l’image de ceux du
Concorde et du tunnel sous la Manche,
des contacts entre les gouvernements
quasi inexistants, sauf sur les questions
de politique étrangère et de sécurité.
Rendre sa force à la
R&D pharmaceutique
en Europe
Une nouvelle molécule est un proces-
sus long où la recherche place le
patient au cœur de la démarche. En
santé, l’investisseur assume des ris-
ques en capital plus élevés que dans
d’autres secteurs économiques. Il doit
renouveler plusieurs fois un effort
financier important.
Aujourd’hui l’innovation
en santé est portée par
des centaines de PME
ultraspécialisées.
La coalition d’investisseurs euro-
péens LSAA vient de publier une étude
soulignant que les entreprises améri-
caines ont investi environ 11 fois plus
dans leur R&D que les healthtechs
européennes en 2020. En outre, les
sociétés de capital-risque lèvent trois à
quatre fois moins de capitaux en
Europe qu’aux Etats-Unis. Or sans capi-
tal-risque, les solutions novatrices ne se
développent pas dans la durée. Une
nouvelle molécule mise sur le marché
fait suite à 1 milliard investi, 10 années
de travail et 10.000 molécules testées !
Les investisseurs en Europe sont
exposés à une concurrence âpre avec les
Etats-Unis, la Corée du Sud, la Chine, et
l’Inde demain : les capitaux disponibles
y sont plus importants, en moyenne,
deux à trois fois plus par tour de finance-
ment. Manquant de cash, les entrepri-
ses européennes se tournent très vite
vers les régions où l’offre de capital est
Une réconciliation
franco-britannique
nécessaire
Pourtant, la réconciliation franco-
britannique est plus que jamais néces-
saire. Nos pays sont des jumeaux straté-
giques : une population et une éco-
nomie de tailles similaires, membres
permanents au Conseil de sécurité des
Nations unies, dotés de l’arme nucléaire,
des armées performantes. Pour la
France comme pour le Royaume-Uni, il
n’y a pas d’alternative en Europe – ce que
confirment, du point de vue français, les
difficultés actuelles dans la relation avec
l’Allemagne.
L’enjeu pour la France
est que l’un de nos plus
importants voisins
ne parte pas à la dérive.
D’autant que l’avenir est incertain :
puissances moyennes, la France et le
Royaume-Uni doivent tracer leur che-
min dans un contexte géopolitique ins-
table avec la guerre en Ukraine et la riva-
lité sino-américaine qui restructurent
les relations internationales. L’allié amé-
ricain, de plus en plus instable et divisé,
mais sur lequel nos deux pays comptent
toujours, pourrait devenir moins fiable
après les élections présidentielles
de 2024, quel que soit son résultat.
La restauration de relations stables
ne peut plus attendre. La France et le
Royaume-Uni ont déjà commencé à
diverger sur le plan politique. Alors que
plus abondante et facile à mobiliser, et
où la culture du risque financier est
forte. Ces zones géographiques dispo-
sent de réglementations permettant un
accès à un financement plus simple et à
moindre coût, avec une durée d’exploi-
tation des brevets plus longue. La situa-
tion actuelle est déjà préoccupante. Près
de 12.000 nouveaux brevets ont été
accordés aux Etats-Unis en 2020 contre
seulement 6.000 en Europe, dont 2.600
se sont dirigés vers des entreprises amé-
ricaines. Cinq priorités stratégiques doi-
vent être considérées :
l des Etats membres ont ouvert une
dynamique vers une fiscalité incitative
qui encourage la R&D. En France, cela a
conduit au crédit d’impôt recherche et
au prélèvement forfaitaire unique ;
l une réglementation qui ne pénalise
pas financièrement le développement
de nouveaux brevets et technologies ;
l une forte protection de la propriété
intellectuelle, brevets et données, pour
sécuriser les investissements à risque ;
l le renforcement de la durée d’exploi-
tation des brevets pour soutenir l’attrac-
tivité des investissements ;
l placer le patient au cœur de l’innova-
tion pour qu’il en bénéficie le plus vite
possible, quelle que soit sa situation éco-
nomique et sociale.
Christian Pierret est ancien ministre
délégué à l’Industrie, administrateur
de plusieurs biotechs et membre
du conseil de la coalition
d’investisseurs européens Life
Sciences Acceleration Alliance.
la France regarde vers Bruxelles et
l’Allemagne, le Royaume-Uni se tourne
vers les pays de l’anglosphère – Etats-
Unis et Commonwealth. L’enjeu pour la
France est que l’un de nos plus impor-
tants voisins ne parte pas à la dérive, et
que nous maintenions le Royaume-Uni
arrimé à nos intérêts et à ceux de l’Union
européenne.
Pour renforcer les relations, il faut
s’appuyer sur les domaines sur lesquels
nous sommes complémentaires : l’éner-
gie y compris dans le secteur du nu-
cléaire, la défense y compris sur le plan
industriel, l’immigration pour en finir
avec les traversées dangereuses de la
Manche, la politique étrangère, en parti-
culier la coordination de nos politiques
en Afrique anglophone et francophone
pour reconstruire notre influence sur le
continent.
La relation que nous entretenons
avec le Royaume-Uni n’est pas passion-
nelle – contrairement à celle qui nous lie
avec l’Allemagne. Nous avons cons-
cience de nos divergences et de nos
convergences. Liés par l’histoire et la
géographie, c’est donc avec réalisme et
pragmatisme que nous devons refonder
avec ce pays une entente qui, à défaut
d’être toujours cordiale, est plus que
jamais nécessaire.
François-Joseph Schichan est
consultant et ancien conseiller
politique de l’ambassadeur
de France au Royaume-Uni.
Les innovations rentables
ne sont pas les plus utiles
LA
CHRONIQUE
par Jacques Attali
i l’on suivait ce qu’enseignent les théo-
S ries économiques conventionnelles,
le marché devrait créer un équilibre
entre l’offre et la demande, satisfaisant pour
l’un et l’autre ; et le progrès technique devrait
aider à ce qu’il en soit ainsi. C’est oublier un
mot essentiel dans ce raisonnement : il faut
que la demande soit solvable pour qu’elle soit
prise en compte dans la recherche de cet
équilibre. Une demande qui vient de gens qui
n’ont pas les moyens de la satisfaire, soit par
leur revenu, soit par leur vote, ne compte pas.
Ainsi le marché néglige de produire ce
qui est le plus utile aux plus démunis, mais
aussi ce qui pourrait être utile aux généra-
tions futures, qui n’ont pas, aujourd’hui de
pouvoir d’achat. De même, l’Etat n’incite pas
à la production, par lui ou par le marché, de
ce qui peut être nécessaire aux électeurs les
plus pauvres, dont le pouvoir d’influence
sur le vote est en général, pour mille et une
raisons (l’idéologie dominante, la propa-
gande, la puissance des lobbys), très infé-
rieur à leur nombre. Et il le fait moins encore
pour les générations futures, qui n’ont pas
de droit de vote.
C’est particulièrement vrai en matière
d’innovations : que d’innovations dérisoires
inondent le marché, consomment des quan-
tités folles d’énergies fossiles, sont transpor-
tées à travers la planète entière, sans aucune
utilité réelle.
Ainsi, par exemple, des vêtements, avec
des nouveautés produites chaque semaine
par milliers sans rien apporter à personne si-
non des gaspillages et l’exploitation des en-
fants qui les produisent, sans pouvoir aller à
l’école. Ainsi aussi de la nourriture, avec des
produits plus sucrés et gras les uns que les
autres, rivalisant par leurs emballages et
leurs mélanges, n’apportant que poisons à
leurs consommateurs, et ruinant les produc-
teurs des matières premières qu’ils utilisent.
Ainsi de mille et une applications sur Inter-
net, de jeux vidéo, de drogues virtuelles de
plus en plus dévastatrices.
Alors que, dans bien des domaines, bien
des innovations importantes ont été retar-
dées parce qu’elles réduisaient des sources
de profit ; et rien n’est fait pour améliorer la
vie concrète des gens quand ce n’est pas ren-
table par ailleurs.
Par exemple, rien n’est fait, dans les usines
ou les chantiers, pour réduire la pénibilité du
travail, sauf si son automatisation améliore
la rentabilité du capital et réduit les besoins
en personnel.
IDÉES
opinions
Stéphane Audras/RÉA
Rien n’est fait non plus par les banques
pour offrir à leurs clients une application
simple qui permettrait à chacun de connaî-
tre ses dépenses et ses revenus annuels, et
d’être prévenu en cas de déficit. A croire que
les banques vivent des erreurs de leurs
clients. Pas plus n’est fait pour aider chacun
à connaître la quantité de gaz à effet de serre
que chacun produit, directement ou indi-
rectement. Rien n’est fait non plus pour
aider les handicapés à travers le monde à
disposer des prothèses dont ils auraient be-
soin, mais qu’ils ne peuvent acheter.
Pourtant, tout cela serait faisable. On
pourrait par exemple, imaginer et mettre en
œuvre des techniques de production agrico-
le, d’abattage des animaux, de production
industrielle, de construction de bâtiments,
de travaux publics, de voirie, d’emballages,
beaucoup plus économes des efforts des
employés, beaucoup moins ennuyeuses,
beaucoup moins usantes. Les entreprises
prétendent qu’elles le font. C’est loin d’être le
cas. Nul n’y travaille s’il n’existe pas de de-
mande solvable pour cela. Ou si le politique
ne l’exige pas.
Que d’innovations
dérisoires inondent le
marché, consomment des
quantités folles d’énergies
fossiles, sans utilité réelle.
On peut le regretter ; mais pas s’en conten-
ter. Pour le changer, il faut d’abord pousser la
recherche fondamentale à investiguer dans
ces directions trop négligées : il y a dans le
monde beaucoup moins de laboratoires de
recherche spécialisés dans la fatigue au tra-
vail, dans l’éducation financière ou dans la
mesure de l’empreinte écologique personna-
lisée qu’il n’y en a pour étudier de nouveaux
usages des combustibles fossiles, ou des su-
cres artificiels. De fait, la recherche fonda-
mentale est de plus en plus influencée par les
exigences des entreprises privées, qui jouent
un rôle croissant dans son financement.
Il faut aussi rendre solvable ce qui ne l’est
pas. Par exemple, les banques pourraient
être incitées, fiscalement ou réglementaire-
ment, à mettre gratuitement des logiciels de
gestion financière personnelle à la disposi-
tion de chacun de leurs clients. Et les entre-
prises industrielles devraient être, fiscale-
ment ou réglementairement, incitées à tout
faire pour réduire la pénibilité du travail de
leurs employés.
On pourrait enfin permettre à chacun de
disposer d’une analyse fine de ce qu’il fait de
son temps. Ce serait sans doute une véritable
révélation, pour beaucoup, qui changerait le
cours de bien des vies.
Jacques Attali est écrivain et essayiste.
 IDÉES
essais
Le livre de Ron DeSantis paraît à l’occasion d’une nouvelle saison de parution de livres politiques,
en prévision de l’élection présidentielle de 2024. Photo Scott Audette/Reuters
Le gouverneur républicain de Floride défend son bilan en vue
d’une probable candidature à l’élection présidentielle de 2024.
Ron DeSantis, le populisme 2.0
LIVRES
Par Véronique Le Billon
a saison des livres politiques est
L ouverte aux Etats-Unis. Et si elle
doit être un indicateur avancé
des candidatures à la présidentielle
de 2024, « Le Courage d’être libre », tout
juste publié par Ron DeSantis, laisse
peu de doute sur les ambitions du gou-
verneur républicain : il ne propose rien
de moins que « le projet de la Floride
pour ranimer l’Amérique ».
La biographie du jeune républicain
(44 ans) coche toutes les cases du « sto-
rytelling » à l’américaine : une famille de
la classe moyenne aux racines trempées
dans la Rust Belt, région industrielle du
nord-est ; du sport à haute dose (le base-
ball au lycée et à l’université) ; l’Eglise
(catholique) le dimanche ; les études
(brillantes) et quelques années de ser-
vice dans l’armée, notamment en Irak
comme conseil juridique des SEAL,
l’unité d’élite qui éliminera Oussama
Ben Laden en 2011. Avant de s’engager
vraiment en politique il y a dix ans.
L’impasse sur la géopolitique
« La meilleure défense, c’est une bonne
attaque », écrit-il. Et c’est, de fait, sa ligne
de conduite depuis trois ans. Quand
l’Amérique s’embrase en 2020 après le
meurtre de George Floyd par des poli-
ciers blancs, Ron DeSantis prend le
Dessin Mailys Glaize pour « Les Echos »
contre-pied du courant progressiste,
appelant à « définancer » la police,
offrant primes et bourses à ceux qui
veulent rejoindre les forces de l’ordre en
Floride. Quand Disney, l’un des plus
grands employeurs de Floride, critique
l’une de ses lois, il riposte en supprimant
le statut fiscal privilégié du géant du
divertissement. Le gouverneur explique
dossier après dossier pourquoi et com-
The
Courage
to Be Free
de Ron
DeSantis
(non traduit).
Editions
Broadside
Books,
288 pages,
35 dollars.
ment il veut mettre fin au « wokisme »,
qu’il vienne de l’école ou de l’entreprise.
S’il fait l’impasse sur sa doctrine éco-
nomique ou géopolitique – il est hostile
à la Chine, mais renvoie la question au
niveau fédéral –, Ron DeSantis est en
revanche fécond sur les questions
sociétales, devenues son marqueur
politique. Forgé par les « Federalist
Papers », ces textes des Pères fonda-
teurs de la démocratie américaine, Ron
DeSantis, qui a étudié l’histoire et le
droit, défend un modèle où chacun
revient à la place qui lui est assignée : la
police protège, l’école éduque, les ban-
ques et les universités ne se mêlent pas
des débats de société, et les questions
d’identité restent dans l’enceinte privée.
C’est ce que demandent les électeurs,
estime le gouverneur, qui explique ainsi
« l’élan populiste » en réponse à ce qu’il
juge comme une dérive des élites.
« Quand ceux ayant reçu “l’onction” pré-
fèrent sous-traiter leur autonomie de
gouvernement à la classe des experts, le
modèle de la Floride reflète la mise en
garde du président Dwight Eisenhower,
pour qui la politique ne devait pas être
captive d’une élite scientifique et techni-
que », écrit-il.
Ron DeSantis est ainsi en opposition
avec les démocrates, mais aussi en
marge du parti républicain : élu en 2012
à la Chambre des représentants, il était
de ceux qui y ont fondé le « freedom
caucus », ce courant qui a jeté les bases
de la candidature de Trump parce qu’il
était antisystème. « Le principal moteur
de la division politique est cette classe
dirigeante ossifiée qui méprise la plupart
des citoyens, exerce son pouvoir par le
biais d’un vaste appareil administratif, et
continue à se sentir dans son bon droit
malgré une myriade d’échecs », analyse-
t-il encore.
Et quand Donald Trump promettait
d’« assécher le marécage » de Washing-
ton, Ron DeSantis constate que l’admi-
nistration est toujours un « Léviathan »,
tandis que le Congrès reste hésitant à uti-
liser ses pouvoirs – il défend d’ailleurs,
pour les sortir de leur entre-soi, une limi-
tation du nombre de mandats.
« Voter avec leurs pieds »
Son exercice du pouvoir est largement
solitaire : il n’évoque qu’a minima
Donald Trump, et encore moins les
autres républicains. Sa femme, rencon-
trée sur un parcours de golf et épousée…
à Disney World, est en revanche de tous
les instants de l’ascension – elle vendait
son premier livre au fond de la salle
quand il faisait la tournée des cercles
conservateurs de Floride.
Elle était présentatrice de télévision.
Ron DeSantis fustige la presse, le plus
souvent dépeinte « de gauche » et « éli-
tiste ». Il est moins critique sur Fox News,
la chaîne conservatrice qui a participé à
son éclosion politique sur la scène natio-
nale. Spécialisé dans « les essais conser-
vateurs », son éditeur Broadside Books
est aussi une filiale de HarperCollins,
propriété, comme Fox News, du magnat
des médias Rupert Murdoch.
C’est finalement la pandémie qui a
permis à Ron DeSantis de se différen-
cier : « Avec les progrès dans la mobilité et
la technologie, il n’a jamais été plus facile
pour les citoyens et les entreprises de
“voter avec leurs pieds” en quittant les
Etats dysfonctionnels pour des prairies
plus vertes », rappelle-t-il. Les Améri-
cains ont fui les régulations, les impôts
élevés et l’école en ligne pour venir dans
« l’Etat libre de Floride » – le « Berlin-
Ouest de l’Amérique » après le « rideau
de fer du Fauci-sme » –, écrit sans
nuance le gouverneur à propos de l’ex-
conseiller en chef pour la santé publi-
que Anthony Fauci. Avec une crois-
sance de la population et presque vingt
points d’avance pour sa réélection, son
bilan devient ainsi, en creux, une vitrine
politique pour 2024 : « Make America
Florida ». n
Vendredi 10 et samedi 11 mars 2023 Les Echos
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BONNES FEUILLES
Par Christine Kerdellant
Comment Xi met au pas
Jack Ma et ses semblables
Christine Ockrent a enquêté sur les « milliardaires
rouges », leurs rapports avec Xi Jinping, et la manière
dont « l’empereur » tient la Chine. Passionnant.
Le livre s’ouvre sur le XXe congrès du parti
communiste chinois (PCC) en octobre der-
nier, et la stupéfiante éviction, devant toutes
les caméras du monde, de l’ancien prési-
dent Hu Jintao. Xi Jinping, le nouvel
« empereur », avait pourtant été le protégé
du vieux leader, mais c’est ainsi : le « Grand
Navigateur » est avide de symboles. Dans ce
livre très enquêté, Christine Ockrent traite
autant d’économie que de politique : le livre
raconte l’ascension et la descente aux enfers
de ces « milliardaires rouges », dont les
noms avaient commencé à circuler en Occi-
dent, avant que le maître de la Chine ne les
mette brutalement au pas : les Jack Ma,
Wang Xin, Pan Shiyi ou son épouse, la
fameuse Zhang Xin, et beaucoup d’autres.
Xi promeut un capitalisme d’Etat qui veille à
redistribuer la richesse plutôt qu’une plou-
tocratie vivant en marge d’une société dont
elle néglige les préoccupations. Et tant pis si
la croissance en pâtit : le contrôle absolu
vaut bien quelques points de PIB.
EXODE « Les milliardaires rouges ne se sont
pas interrogés longtemps sur les intentions
du nouveau président. En 2013 et 2014, c’est
un véritable exode qui s’organise au point que
les hommes d’affaires héritent d’un nouveau
qualificatif sur les réseaux sociaux : on les
appelle à leur tour les “hommes nus” – ils res-
tent seuls en Chine pour travailler mais
épouse, enfants et fortune sont installés à
l’étranger. »
ENLÈVEMENTS « Il faut frapper plus fort
encore. Xi Jinping prend lui-même la déci-
sion. Ce sera Xiao Jianhua, “le banquier des
princes rouges”. Enfant prodige, admis à 14
ans à la prestigieuse université de Pékin, pro-
che du parti au point de se désolidariser de ses
camarades lors des événements de Tianan-
men, il vend des ordinateurs sur le campus et
devient millionnaire à 20 ans. En 2016, […] il
est au 36e rang des fortunes chinoises, […] et
son guanxi – son réseau – est tel qu’il rachète
En librairie
Le blé comme arme de guerre
Quand il vient à man-
quer et que son prix se
met à flamber, c’est
l’agitation et la peur.
Depuis la nuit des
temps, le blé, qui entre
chaque jour dans le
quotidien de milliards
d’êtres humains, est
une matière première
vitale pour la sécurité
mondiale. La guerre en Ukraine a révélé que
« certaines puissances utilisent l’alimenta-
tion comme une arme pour fragiliser des pays
ou en contraindre d’autres afin d’obtenir leur
soumission », écrit Sébastien Abis, direc-
teur du Club Demeter et chercheur associé
à l’Institut des relations internationales et
stratégiques (Iris), dans son ouvrage réédité
et actualisé.
Un nouveau grenier à blé mondial
Moins médiatique que l’or ou le pétrole, le
blé montre à lui seul à quel point un produit
alimentaire possède un immense pouvoir
stratégique. Sans blé, point de sécurité.
Dans l’Antiquité, la puissance athénienne
l’avait fort bien compris en faisant de la mer
Noire un lac grec pour sécuriser ces appro-
visionnements en provenance de la Crimée.
16
L’Empereur
et les
Milliardaires
rouges
de Christine
Ockrent,
Editions
de l’Observatoire,
240 pages,
22 euros.
les parts de la sœur et du beau-frère de Xi
quand ce dernier accède au pouvoir. […]
Fin 2017, craignant un durcissement du
régime à l’occasion du XIXe congrès, Xiao
quitte Pékin pour s’installer à l’hôtel Four
Seasons de Hong Kong […]. A l’aube d’un jour
de janvier 2017, les caméras de surveillance du
palace enregistrent l’étrange comportement
d’un groupe d’hommes poussant vers la sor-
tie, sur une chaise roulante, un individu
inerte, la tête couverte d’une couverture, et
une énorme valise à roulettes. […] L’onde de
choc est immense, l’avertissement limpide.
Xiao ne donnera plus signe de vie pendant
cinq ans et demi. »
HARCÈLEMENT « TikTok est entré dans les
mœurs. Zhang Yiming, son fondateur, lui, a
lâché prise. Plus sensible aux intempéries que
son collègue de Tencent, il était devenu la cible
des nationalistes sur les réseaux sociaux. Il
serait un “Américain par l’esprit”, qui
s’oppose à “la nécessaire sinisation de la
mondialisation”. “Assez de capitalistes chi-
nois qui, une fois fortune faite, s’imaginent
pouvoir quitter la Chine !” Il fait une dona-
tion massive à sa ville natale […]. Mais la lassi-
tude ou les pressions l’emportent. En novem-
bre 2021, à 38 ans, il annonce sa démission du
poste de PDG du groupe. Il a découvert qu’il
n’est pas “très sociable et préfère les activités
solitaires” » n
Aujourd’hui où la
population mondiale
a dépassé les huit mil-
liards d’habitants,
Géopolitique l’approvisionnement
du blé en blé est plus que
de Sébastien Abis.
jamais vital. Pour une
Editions Armand
céréale dont la pro-
Colin, 240 pages,
duction est concen-
23,90 euros
trée dans les zones
tempérées et où la
récolte n’a lieu qu’une fois l’an, sa consom-
mation se heurte à une formidable organi-
sation logistique pour l’acheminer et la
stocker.
Depuis la prise de pouvoir de Vladimir
Poutine en Russie, ce pays n’a cessé d’accroî-
tre son influence sur le marché pour deve-
nir en 2016 le premier pays exportateur de
blé. Une emprise qui risque de progresser
encore à l’avenir. Si la guerre en Ukraine a
chamboulé les routes commerciales de
cette céréale, le réchauffement climatique
va s’immiscer dans le jeu. Outre son impact
sur les zones de production actuelle – Inde,
Pakistan et Etats-Unis – la hausse des tem-
pératures terrestres pourrait bien faire
émerger un nouveau grenier à blé mondial :
la Sibérie.
—Richard Hiault
17 Les Echos Vendredi 10 et samedi 11 mars 2023
le grand entretien
« Il y aura des policiers
dans le métavers »
Propos recueillis par David Barroux
@DavidBarroux
et Julien Dupont-Calbo
@jdupontcalbo
ombien de Français peuvent pré-
C tendre avoir construit en partant
de zéro un group e de plus de
400.000 salariés, présent au CAC 40. C’est le
cas de Daniel Julien, qui a lancé Teleperfor-
mance à la fin des années 1970, en vendant
des abonnements – aux « Echos » notam-
ment – par téléphone, depuis le centre de
Paris. Un groupe qui est devenu numéro un
mondial de la relation client.
Que vous inspire la révolution
numérique ?
Je suis un Français de naissance et un Amé-
ricain depuis vingt ans. J’ai donc deux types
de lunettes. Avec ma paire française, j’entre-
vois un pessimisme critique du numérique,
et avec mes lunettes américaines, un opti-
misme idéaliste. Mais si je regarde la révolu-
tion numérique avec mes lunettes de
patron de Teleperformance, je constate sur-
tout que chaque étape nous a permis de
franchir un nouveau palier.
C’est-à-dire ?
Le groupe s’est toujours développé en sur-
fant sur les vagues technologiques qui ont
renforcé le pouvoir de l’individu sur les
entreprises. Au début des années 1980, j’ai
commencé à Paris avec quelques lignes de
téléphone, rue de Grenelle, nous vendions
d’ailleurs beaucoup d’abonnements pour le
compte des « Echos ». Nous étions les pre-
miers en France à utiliser le téléphone de
façon commerciale. La période était por-
teuse : le monde occidental a redécouvert
les vertus du « total quality management »
[management par la qualité totale, NDLR],
avec une nouvelle vague de la fidélisation du
client et de sa satisfaction. Les industriels
japonais avaient ouvert la voie, en parti-
culier dans l’automobile, en faisant de la
qualité et de la satisfaction client une prio-
rité. Tout le monde a voulu s’en inspirer.
Pourquoi l’histoire
ne s’est pas arrêtée là ?
Parce qu’ensuite dans les années 1990, il y a
eu l’arrivée du téléphone mobile. Ce sont
des filiales de grands groupes qui opéraient
les réseaux, et elles ont décidé d’externaliser
la relation client pour ne pas subir les
mêmes lenteurs que leurs maisons mères.
Quelques années plus tard, il y a eu le même
mouvement avec les fournisseurs d’accès
Internet. Les abonnements au téléphone
mobile et à Internet ont provoqué beau-
coup de frictions, il a fallu augmenter la
puissance d’action des relations clients.
Puis ce fut le tour de l’e-commerce. Ensuite
il y a eu l’arrivée de l’Internet mobile avec
l’iPhone et les réseaux sociaux. Le fait que
tout le monde ait un téléphone et Internet
dans sa poche, plusieurs heures pendant la
journée, crée encore plus d’interactions,
donc encore plus de besoins.
A chaque étape, le consommateur prend
de plus en plus de pouvoir car aujourd’hui il
y a de plus en plus de concurrence et, sur-
tout, l’information circule partout. Les
grandes sociétés ont rééquilibré le rapport
entre les investissements de conquête et de
fidélisation donc ils investissent de plus en
plus dans les supports techniques et la rela-
tion client.
Ce sera la même chose avec le Web3 ?
On va arriver dans des mondes virtuels où il
faudra aussi modérer les contenus. Le
métavers, c’est un bonheur absolu pour
nous. Nous travaillons déjà sur le support
de la partie hardware, mais aussi sur le
développement des avatars qui devien-
dront les « policiers » du métavers. La
beauté, pour Teleperformance, c’est que
toutes ces couches s’empilent. C’est comme
ça que notre chiffre d’affaires atteint
aujourd’hui 8 milliards d’euros. Et notre
groupe devrait le doubler dans les six à dix
ans qui viennent.
Mais en même temps, l’intelligence
artificielle ne risque-t-elle pas,
un jour, de vous rendre inutile ?
La première fois que j’ai vu un robot conver-
sationnel, il y a quelques années, je me suis
dit : « Ça y est, c’est la fin de Teleperfor-
mance ». Mais depuis, notre chiffre d’affai-
res a triplé. Et aujourd’hui, on opère
23.000 robots de conversation. La technolo-
gie ne nous tue pas, elle nous rend plus forts.
Comment gérer 410.000 salariés ?
J’ai organisé le groupe comme un Rubik’s
Cube, avec des lignes et des colonnes. Il y a
les experts métiers, les lignes de services, les
spécialisations géographiques et les spécia-
listes de la transformation numérique.
« Le consommateur
prend de plus en plus
de pouvoir
car il y a de plus en plus
de concurrence
et, surtout, l’information
circule partout. »
Nous avons embauché 200 ingénieurs il
y a trois ou quatre ans, aujourd’hui ils sont
2.000 – ils seront bientôt 5.000. Ce sont mes
« petites cellules grises », comme disait
Hercule Poirot. Il y a des développeurs, des
analystes, des spécialistes des process
numériques.
C’est de l’organisation… Et en ce qui
concerne la culture d’entreprise ?
Il faut avoir des principes simples, compré-
hensibles, faciles à partager et à appliquer.
Chez nous, la ligne directrice est « affection
et discipline ». Cela peut sembler assez
paternaliste, je vous le concède. Mais cela
consiste à commencer par donner les
meilleures conditions de travail.
Dans certains pays, nos bureaux sont
plus agréables que les domiciles de nos sala-
riés. Après, il faut avoir le sens du propos et
créer une culture de famille. Chez nous c’est
« work hard, play hard » [travailler dur,
Ilan Deutsch/ParisMatch/Scoop
DANIEL JULIEN
Fondateur et PDG
de Teleperformance
s’amuser ferme, NDLR] : partout, on tra-
vaille, mais nous organisons aussi des fêtes
de manière régulière. A Noël, l’été… avec à
chaque fois des milliers de salariés.
On parle beaucoup de pénuries
de main-d’œuvre. Comment
arrivez-vous à recruter ?
Il faut être très clair sur les attentes et
ne pas raconter d’histoires. Nous avons
320.000 personnes en première ligne. C’est
généralement leur première ou leur
deuxième expérience professionnelle et,
souvent, un travail à temps partiel. C’est un
job stressant : si les clients appellent, c’est
qu’ils ne sont pas contents ! Mais c’est une
excellente expérience pour avancer dans le
groupe ou ailleurs. Et le « work hard », c’est
travailler sérieusement avec des valeurs :
l’intégrité – « je dis ce que je fais et je fais ce
que je dis » –, le respect – « je traite les autres
comme je voudrais que l’on me traite » –, le
professionnalisme, l’innovation – « je suis
curieux » – et l’engagement.
Une fois qu’on a défini un cadre, on peut
laisser beaucoup d’autonomie. Chacun est
équipé d’une boussole et d’une règle : il faut
toujours mettre les problèmes sur la table et
jamais sous le tapis.
Mais comment entretenir l’esprit
d’équipe dans un groupe aussi large ?
Cela se gère avec beaucoup de communica-
tion. Je passe six mois par an sur le terrain.
C’est ma revue de détail : je reste trois jours
dans un pays et je balaye tous les sujets. Les
présidents de région font pareil. C’est le
« walking around management » [manage-
ment baladeur, NDLR]. Tous les deux mois,
nous avons une « vidéoconférence du
PDG » où je parle à 30.000 personnes pour
aligner tout le monde sur les objectifs et les
valeurs du groupe. Après, nous avons une
réunion Top 800 une fois par trimestre, tou-
jours en vidéo. Puis tous les mois, il y a le
conseil de management avec 40 personnes.
Il y a aussi le comité exécutif, où nous som-
mes huit. On se parle tous les jours, nos
bureaux, ce sont nos téléphones.
Son parcours
Après une licence de sciences éco-
nomiques à Nanterre (Hauts-de-Seine),
Daniel Julien débute chez Jacquet
et Boursin avant de créer Teleperfor-
mance en 1978. Il est désormais installé
à Miami, d’où il supervise un groupe
devenu numéro un mondial de la relation
client. Il chapeaute 410.000 salariés
dans le monde, et son entreprise
fait partie du CAC 40 depuis juin 2020.
Son actualité
Daniel Julien doit désormais faire
basculer son groupe dans la relation
client vidéo, et bientôt dans le Web3
et l’intelligence artificielle.
Qu’est-ce que le CAC 40 a changé
pour vous ?
C’est toujours bon de mettre une marque de
plus sur sa carte de visite. C’est bien pour se
présenter sur le marché, cela projette une
image de solidité qui inspire confiance et
reconnaissance. Ce qui est plus difficile à
vivre, mais qui reste positif, c’est d’être sous
les feux de la rampe tous les jours. Etre coté,
cela oblige à une discipline managériale
beaucoup plus stricte que dans une entre-
prise non cotée. Mais le fait d’être coté, d’avoir
de nombreux investisseurs, rend parfois la
vie de l’entreprise saccadée. Votre rythme,
c’est aussi celui du trimestre ou parfois du
jour le jour. Cela ne favorise pas les projec-
tions à long terme alors que l’on connaît par-
faitement les limites d’une gestion à vue.
Pour accélérer votre croissance,
faudrait-il multiplier les opérations
de croissance externe ?
Une acquisition, cela n’apporte un plus à
votre chiffre d’affaires que la première
année. Après, il faut que l’entreprise achetée
génère de la croissance interne. Cela veut
dire qu’il faut acheter, digérer, intégrer.
Nous avons fait beaucoup d’acquisitions.
Nous essayons même de faire une grosse
opération tous les deux ans, mais nous
avons des règles de base. Ne jamais acheter
quelque chose de trop gros qui sera trop dur
à digérer, ne pas investir dans une entre-
prise énorme car cela risque de générer des
guerres de culture. Nous choisissons tou-
jours une entreprise avec un multiple de
valorisation inférieur au nôtre. Et puis on
intègre les managements.
Une crise d’image en Colombie
a provoqué un séisme boursier.
Quelle leçon en tirez-vous ?
Il y a eu deux articles dans la presse, et nous
avons perdu en un jour 38 % de notre capita-
lisation boursière. Les fonds gérés selon les
critères ESG [environnementaux, sociaux
et de gouvernance, NDLR] ont vendu sur de
simples rumeurs. En justice, on a le droit
d’être accusé avant d’être condamné. Là, on
se retrouve sanctionné immédiatement
même si ensuite les faits nous donnent rai-
son. Car derrière, pendant trois mois, nous
avons tout fait pour surmonter cette crise.
Nous avons passé un accord global de coo-
pération avec la fédération Uni puis, locale-
ment, avec les syndicats en Colombie pour
renforcer notre relationnel. Nous avons
également mené des audits partout. Et en
général, nos résultats sont bons, voire très
bons. Nous avons corrigé les quelques petits
problèmes que nous avions identifiés.
Le cours de Bourse a retrouvé son niveau
d’avant la crise. Mais les fonds français sont
sortis brutalement, ils sont passés de 20 % à
13 % du capital. Les Anglo-Saxons en ont
profité pour acheter au plus bas. Eux ont
réalisé une très bonne affaire. Les fonds ESG
devraient en tirer des leçons. A la moindre
polémique, on n’est pas jugé… on est coupa-
ble. C’est dramatique. Il faut un standard
reconnu et discuté par toutes les parties.
Vous êtes un entrepreneur dans
un pays qui en manque. Qu’est-ce qui
vous a donné l’envie d’entreprendre ?
C’est Tintin qui m’a inspiré. Je voulais
comme lui me frotter à toutes les cultures
du monde avec l’esprit d’aventure qui le
caractérise. Avec amitié et sans prétention.
C’est ça qui m’a poussé à créer Teleperfor-
mance. Mais je ne suis pas unique. Il y a pas
mal d’entrepreneurs en France. Xavier Niel
par exemple a lancé son entreprise, multi-
plié les investissements et fait son école.
Je suis d’ailleurs assez admiratif de la
façon dont le gouvernement veut moderni-
ser la France. Il y a une volonté de transfor-
mation, c’est très positif. Il y a une ouverture
sur le monde. Après, comme tous les autres
pays européens, il y a chez nous des lour-
deurs idéologiques. Les Etats-Unis tirent
une vraie force de leur flexibilité, de leur
force d’attraction en matière d’immigration,
de leur capacité d’adaptation et de leur envie
de réussir. La France devrait s’en inspirer. n
 « Architecture » par Pierre Tassin pour « Les Echos »

DERNIÈRE HEURE

Pour Marine Le Pen, Décès du chanteur L’ex-général Pavel Cisjordanie : les Etats-
Eric Dupond-Moretti Marcel Amont devient président Unis haussent le ton
L’ÉDITORIAL ne « peut pas rester » de la Tchéquie
DES « ÉCHOS » CHANSON – Le chanteur MOYEN-ORIENT – Les Etats-

' POLITIQUE – Marine Le Pen ' Marcel Amont, vedette du

' EUROPE – L’ancien général ' Unis sont « particulièrement

Quand le bâtiment a jugé jeudi sur France Inter

que le ministre de la Justice
music-hall connu pour de
nombreux tubes comme « Bleu,
de l’Otan, Petr Pavel, a prêté
serment jeudi, devenant
préoccupés » par « la violence
de colons [israéliens] contre des

ne va pas Eric Dupond-Moretti « ne peut pas

rester » à son poste après le tollé
blanc, blond », est décédé mercredi
à l’âge de 93 ans. L’artiste bondis-
ainsi président de la République
tchèque. Agé de 61 ans, il a été élu
Palestiniens », a déclaré le ministre
de la Défense américain, Lloyd
suscité par ses bras d’honneur sant et show-man fantaisiste, aux en janvier, après avoir battu au Austin, lors d’une conférence de
Tout le monde ou presque a oublié qui était Martin mardi dans l’hémicycle de 75 années de carrière, s’est éteint second tour l’ex-Premier ministre presse avec son homologue israé-
Nadaud. Mais personne n’a remis en cause sa citation l’Assemblée nationale. Elle lui a à son domicile, à Saint-Cloud. Andrej Babis, un populiste milliar- lien près de Tel-Aviv. « Nous conti-
la plus célèbre : « Quand le bâtiment va, tout va. » Si la reproché des « grossièretés » qui En 1956, son premier disque avait daire et ancien Premier ministre. nuerons de nous opposer aux
formule du maçon creusois devenu député au milieu font « reculer la France du savoir- reçu un Grand prix de l’Académie Bien que son rôle soit essentielle- actions susceptibles de rendre
du XIXe siècle a traversé les décennies, c’est qu’elle vivre, la France bien élevée à Charles-Cros et il avait fait la pre- ment honorifique, le chef de l’Etat encore plus hors d’atteinte une
demeure particulièrement pertinente. Pesant un peu laquelle nous sommes tous atta- mière partie d’Edith Piaf à l’Olym- tchèque nomme le gouvernement, solution [au conflit israélo-palesti-
plus de 10 % de notre produit intérieur brut et un peu chés ». Selon elle, « ce qui est grave, pia. Le début des années 1970 choisit le gouverneur de la banque nien passant par] deux Etats »,
moins de 10 % de nos emplois, l’immobilier reste un c’est qu’il bénéficie d’une forme a marqué le point culminant de sa centrale et les juges constitution- Israël et un Etat palestinien
poumon de notre économie. Directement et d’impunité de la part d’Emmanuel carrière avec un disque d’or en 1971 nels, et assure le commandement à naître vivant en paix côte-à-côte,
indirectement, il tire l’activité d’un vaste écosystème Macron et d’Elisabeth Borne ». (« L’amour, ça passe le temps »). suprême des forces armées. a déclaré Lloyd Austin.
qui, par nature, n’est ni délocalisable ni fragilisé par
la concurrence internationale.
Surtout, au-delà de cet aspect macroéconomique, le LA PHOTO DU JOUR
logement est aussi une préoccupation majeure de tous
les Français. Premier poste de dépense de la plupart
des ménages, l’habitat affecte notre quotidien, impacte
notre pouvoir d’achat comme notre patrimoine. Autant
de raisons qui devraient contribuer à faire du logement
une priorité absolue de tous les responsables politiques.
Malheureusement, si dans le
discours tous les gouvernements
affichent la volonté de faire du
logement un sujet central, dans
la pratique, ils ont tous échoué
à relever le défi de la pierre. Il
faudrait produire plus et rendre
le logement plus abordable.
Par David Dans les faits, la production
Barroux dans le neuf ne suit pas le
rythme nécessaire et l’inflation
Il faudrait du foncier et des coûts de
construction et de rénovation
produire entraînent une insatisfaction
plus qui va aller croissant. Car à la
et rendre hausse du prix des matériaux
le logement et à un coût du travail trop élevé,
nous avons ajouté une explosion
plus de normes en tout genre
abordable. en faisant de la maison verte
et écologique une priorité supé-
rieure à la nécessité de trouver un toit décent pour tous.
La situation était déjà mauvaise, elle risque
de devenir catastrophique. Avec la hausse des taux
d’intérêt, les nouvelles obligations écologiques et
la raréfaction du foncier au nom du « zéro artificiali-
sation » des terres, la pierre va devenir pour certains un
bien inaccessible quand d’autres devront se contenter
d’appartements ou de maisons ne répondant pas à
leurs besoins. On ne peut bien sûr relever tous les défis
du logement d’un simple coup de baguette magique.
L’Etat ne peut pas préempter tous les terrains
ni multiplier les mesures fiscales. Les promoteurs
ne peuvent pas construire n’importe où, n’importe
quoi, n’importe comment. Les banques ne peuvent
pas prêter sans prendre de garantie à des taux
artificiellement bas. Mais comme dans la défense,
l’agriculture ou l’énergie, le logement mérite une vision ISRAËL Des policiers à cheval se tiennent jeudi face à des manifestants, réunis à Tel-Aviv pour une nouvelle « journée nationale de résistance contre la dictature ».
de long terme et des mesures de planification et de Aéroport international bloqué, centre-ville envahi par les manifestants : la mobilisation contre la réforme judiciaire du Premier ministre israélien, Benjamin Neta-
coordination qui vont au-delà de dispositifs d’urgence. nyahou, ne faiblit pas. En partance pour une visite officielle à Rome, ce dernier a dû rallier l’aéroport à bord d’un hélicoptère. Photo Ronen Zvulun/Reuters
Nous aurions tous, individuellement et collectivement,
à y gagner.

Lire nos informations

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DEVISES EUR/GBP 0,8872 EUR/JPY 144,25 EUR/CHF 0,9903 GBP/USD 1,1922 USD/JPY 136,387 USD/CHF 0,9363 TAUX €STER 2,399 EURIBOR 3 MOIS 2,944 OAT 10 ANS 3,1479 T-BONDS 10 ANS 3,9528
83,07 $
0,6665 %
samedi 11 mars 2023
www.lesechos.fr

Intersport prêt à reprendre Go Sport Crédit Mutuel :

la réconciliation
avec Arkéa
SPORT semble à portée
Philippe Bertrand
de main
@Bertra1Philippe

Le sort des 120 magasins Go Sport se jouera

en partie vendredi. Les candidats à la
reprise de la chaîne spécialisée, en redresse-
ment judiciaire depuis janvier, ont jusqu’à la
fin de la journée pour déposer leurs offres
auprès du tribunal de commerce de Greno-
ble. Selon nos informations, trois proposi-
tions devraient être soumises aux adminis-
trateurs judiciaires et aux juges.
Intersport s’apprête à faire une offre, indi-
que deux sources. Le réseau indépendant
de magasins de sport affiche depuis plu-
sieurs années des progressions à deux chif-
fres et s’est installé comme solide numéro
deux du marché derrière Decathlon. La
coopérative serait notamment intéressée
par les beaux emplacements de Go Sport à
Paris et en proche banlieue, une zone riche
dont Intersport est quasiment absent. Con-
tacté, Intersport n’a pas répondu à nos solli-
citations.
Patrick Puy révoqué
La deuxième offre émane des actuels pro-
priétaires, Hermione People and Brands
(HPB). La filiale de la galaxie Ohayon, qui
avait racheté Go Sport à Rallye pour un euro
symbolique, proposera un plan de conti-
nuation. C’était son option avant que la jus-
tice ne déclare à la demande des commis-
saires aux comptes la cessation de
paiements et le redressement judiciaire. La
société de Michel Ohayon serait appuyée
par un investisseur étranger, professionnel
de l’industrie du sport.
L’offre de HPB pourrait cependant rebu-
ter le tribunal auquel il n’a pas échappé
que la chaîne de magasins d’articles spor-
tifs était visée par une enquête pour « abus
de bien social », ouverte en novem-
bre 2022. Les enquêteurs s’intéressent à
deux « ponctions » sur la trésorerie de Go
Sport, totalisant plus de 50 millions
d’euros, au profit de HPB, alors que la
chaîne a bénéficié de deux prêts garantis
Les candidats à la reprise de Go Sport, en redressement judiciaire, ont jusqu’à vendredi soir pour se faire connaître
auprès du tribunal de commerce de Grenoble. Photo Damien Meyer/AFP
par l’Etat d’un montant de 55 millions
d’euros.
Dans un courrier adressé aux juges du
tribunal de commerce dont « Les Echos »
ont pu prendre connaissance, les dirigeants
d’Hermione People and Brands appuient
leur demande en contestant à nouveau la
situation de cessation de paiement de Go
Sport. Ils en profitent pour annoncer la
révocation de Patrick Puy, manager de tran-
sition appelé au chevet de Go Sport qu’ils
accusent d’avoir « sciemment œuvré dans le
sens d’une liquidation judiciaire rapide ».
L’expérimenté Patrick Puy avait été recom-
mandé par le ministère de l’Economie pour
sortir Go Sport de l’impasse…
Une dernière proposition de reprise
émanerait, selon nos informations, du bri-
tannique Frasers, leader dans son pays
avec l’enseigne Sport Direct. Selon les
experts, la relance de Go Sport et le sauve-
tage de ses 2.500 collaborateurs nécessite-
raient au moins 20 millions d’investisse-
ments. n
BANQUE
Edouard Lederer
@EdouardLederer
Une vraie fenêtre d’opportunité. Jeudi,
le groupe Crédit Mutuel a évoqué pour
la première fois un calendrier clair de
sortie du conflit entre Crédit Mutuel
Arkéa (CMA) et la Confédération natio-
nale du Crédit Mutuel (CNCM), l’organe
central du groupe bancaire.
Il existe « un espoir raisonnable de
conclure avant l’été, et si possible dans le
courant du printemps », a indiqué Pier-
re-Edouard Batard, directeur général
de la CNCM, en marge de la présenta-
tion de ses résultats annuels, évoquant
un « dialogue très nourri ». Contacté,
Crédit Mutuel Arkéa n’a pas commenté.
Ce serait l’épilogue d’un conflit qui
dure depuis près de dix ans entre les
bretons d’Arkéa qui, défendent leur
« autonomie » au sein de l’ensemble
mutualiste, et la CNCM, qui veille à la
cohésion de l’ensemble.
Implicitement, le calendrier pointe
vers le mois de mai, la saison des assem-
blées générales, où les administrateurs
des différentes composantes du groupe
pourraient avoir à se prononcer sur la
solution proposée. Dans le cas d’Arkéa,
il pourrait aussi s’agir de changer le
mandat des dirigeants, jusque-là char-
gés de trouver une voie vers l’indépen-
dance.
Implicitement,
le calendrier pointe
vers le mois de mai,
la saison des
assemblées générales.

Après un départ en pointillé, les

négociations ont été officialisées en jan-

Crise énergétique :
l’autoconsommation
électrique gagne
du terrain
ÉNERGIE Sous l’effet de la crise énergétique,
l’autoconsommation prend de l’ampleur.
Aux quatre coins du territoire, de plus en
plus d’industriels et de particuliers investis-
sent pour s’affranchir du réseau électrique
national et couvrir leurs besoins. Ils
seraient déjà 207.900 à avoir franchi le pas,
selon le dernier décompte du think tank
France Territoire Solaire. Et les premières
coopératives citoyennes d’électricité voient
le jour. Le gouvernement encourage le
mouvement, qui ne couvre encore que 5 %
de la consommation électrique. // pAGE 29
Silvergate, première
banque victime
de la crise des
cryptomonnaies
CRYPTOACTIFS Lâchée par les déposants,
abandonnée par ses partenaires commer-
ciaux et attaquée par les vendeurs à décou-
vert, la cryptobanque californienne Silver-
gate a annoncé sa liquidation mercredi.
Devenue centrale dans l’univers crypto,
avec son réseau de paiement Silvergate
Exchange Network (SEN), qui permettait
des transferts 24 heures sur 24, elle est
emportée dans le sillage de la faillite de FTX
de novembre dernier. Créée en 1988, la ban-
que avait fait le pari du bitcoin en 2013. Elle
aura tenu dix ans. // pAGE 32
Le gouvernement dénonce
le double discours du géant
sucrier Tereos
AGRICULTURE
Marie-Josée Cougard
@CougardMarie
Le géant sucrier Tereos s’est attiré les fou-
dres du ministre de l’Agriculture et de la
s o u ve r a i n e t é a l i m e n t a i r e , M a r c
Fesneau. Il n’a pas du tout apprécié de
découvrir dans la presse mercredi le
plan de restructuration du groupe et sur-
tout son projet de fermeture d’usine à
Escaudœuvres, dans le Nord. Dans une
région peu touchée par la maladie de la
jaunisse qui a détruit les betteraves à
face à des gens qui prennent des décisions
unilatérales [...]. Tereos s’est publiquement
engagé il y a deux ans à ne pas toucher à son
outil industriel. Une telle manière de faire
ne garantit pas qu’on puisse continuer à
travailler dans de bonnes conditions. »
Un avenir compliqué
Le ministre est convaincu que Tereos a
choisi volontairement le moment où le
dossier néonicotinoïdes fait les gros titres
des journaux pour annoncer la fermeture
de deux de ses sites industriels. Etablis-
sant ainsi un lien, qui n’a pas lieu d’être à
ses yeux, entre les difficultés du groupe et
l’interdiction par la Cour de justice euro-
vier dernier par un très sobre commu-
niqué de presse commun. Les informa-
tions ne filtrent depuis qu’au compte-
gouttes. « Si personne ne dit rien, c’est
plutôt le signe que les choses avancent
dans le bon sens », fait remarquer un
observateur avisé.
Autour de la table de discussion, les
représentants du CMA et de la Confédé-
ration, mais pas uniquement. Les négo-
ciations concernent « toutes les parties
prenantes du groupe, avec tous les autres
dirigeants », souligne Pierre-Edouard
Batard.
Baisse du résultat net
Outre Arkéa, Crédit Mutuel Alliance
Fédérale (85 % des résultats du groupe),
ainsi que les fédérations Maine-Anjou
et Océan (Vendée, Deux-Sèvres et Cha-
rente-Maritime) sont également asso-
ciées. Reste que ce calendrier court n’est
pas en soi une garantie de réussite, pré-
viennent plusieurs sources.
Les discussions se déroulent alors

= LES ENTREPRISES CitéES sucre en 2020 et après avoir accepté « les

plans d’accompagnement de la puissance
publique ».
péenne de ces pesticides.
Les questions à résoudre pour garantir
un avenir à la filière sucrière et à ses
que le groupe mutualiste a dépassé
pour la première fois en 2022 les
20 milliards d’euros de revenus (en
Alsatis 30 Deutsche Telekom 26 MentorShow 28 Spotify 27
Apple 27 Disney 22 Mutares 30 Telefonica 26 23.000 planteurs sont réelles. La produc- hausse de 3,6 % sur un an, avec une
Aqemia 28 Ensweet 30 N26 31 Tenergie 29 « Décisions unilatérales » tion de sucre a chuté de 27 % depuis la fin très forte dynamique du crédit). Il
Aura Aero 30 Fortive 28 Nike 22 TIM 26 « Nous nous sommes vus très fréquemment des quotas en 2017. Face à cette baisse de enregistre néanmoins un résultat net
AXA IM 32 France Galop 22 Orange 26 TotalEnergies 23 ces derniers temps pour parler de l’avenir matière première, quatre des 25 sucreries part du groupe en baisse de 3,4 %, à
Blackstone 28 Grayscale 32 Pharmabest 24 Vivendi 36 de la filière sucrière, encore plus la semaine ont fermé. Fourmandes en énergie, les 4,12 milliards d’euros, en raison
BNP Paribas 36 Iktos 28 Renault 36 Vodafone 26
dernière pendant le Salon de l’agriculture, sucreries font face à l’explosion de leur notamment d’une hausse des frais
Chargeurs 24 JCDecaux 27 Secatol 29
Crédit du Nord 31 JP Morgan 33 SerenySun Energies 29 AVIS FINANCIERS sans que Tereos ne nous dise un mot de son facture. Elles doivent aussi investir des généraux et d’une dépréciation de
CVE 23 KLM 21 Silvergate Capital 32 Franklin Templeton 23 plan de restructuration », tempête Marc sommes considérables dans la décarbo- 958 millions d’euros de la filiale Targo-
Dassault 21 Mattel 22 Société Générale 31 Savencia 21 Fesneau. « Il est intolérable de se retrouver nation de leurs outils. n bank Allemagne. n

ENTREPRISES
Alerte rouge chez les promoteurs
l Les réservations d’appartements neufs ont chuté de près de 25 % sur un an en 2022.
l Les prix continuent pourtant de grimper sous l’effet de la hausse des coûts de construction notamment.
IMMOBILIER
Elsa Dicharry
@dicharry_e
Rien ne va plus chez les promoteurs
immobiliers. « La voiture est en
panne sur le bas-côté de la route avec
les warnings allumés », a résumé ce
jeudi de façon imagée Pascal Bou-
langer, le président de la Fédération
des promoteurs immobiliers (FPI).
Dans le logement, la construc-
tion est à l’arrêt. « Le marché a com-
plètement décroché », dit-il pour
résumer l’année 2022. « Nous som-
mes confrontés à la fois à une crise de
l’offre et à une crise de la demande.
Cela fait trente-cinq ans que je fais ce
métier, je n’avais jamais vu ça »,
abonde Marc Villand, vice-prési-
dent de l’organisation.
Au quatrième trimestre 2022, les
mises en vente de logements neufs
ont chuté de 12,7 %, à 21.093 unités.
Soit le niveau le plus bas de ces six
dernières années. Sur l’année der-
nière, la baisse est plus limitée mais
atteint tout de même 7,6 %, à 98.081
logements.
Du côté des réservations de loge-
ments neufs, le bilan est encore plus
catastrophique. Sur douze mois, la
chute atteint 24,6 %, à 121.875 uni-
tés. Un niveau inférieur au score de
2020 – avec 136.362 réservations.
Une année pourtant fortement
m a r q u é e p a r l ’é p i d é m i e d e
Covid-19, qui avait notamment
obligé les promoteurs à fermer
durant plusieurs semaines leurs
espaces de vente.
Désistements record
La dégringolade des réservations est
de 36,3 % en moyenne sur les trois
derniers mois de l’année, à 31.779
unités – après déjà –29,3 % au troi-
sième trimestre. Elle atteint 35,3 %
pour les particuliers occupants et
43,2 % pour les particuliers investis-
seurs. Hausse des taux d’intérêt
d’emprunt immobilier, durcisse-
ment des conditions d’accès au cré-
dit par les banques… « Tout converge
pour que les gens n’achètent plus »,
constate Marc Villand.
Le taux de désistement atteint
aussi des records. « Il tournait
autour de 50 % en décembre alors
que nous sommes plutôt en moyenne
à 15 % habituellement. Je dirai que
cela est dû pour moitié à des raisons
bancaires [des refus de prêts, NDLR]
et pour moitié à des raisons psycholo-
La France va avoir besoin de presque 5 millions
de nouveaux logements sur dix ans
Les promoteurs immobi-
liers donnent leur estima-
tion des besoins en loge-
ments, qui évolue en
fonction de la population
et de la structure des foyers.
La quantité de logements neufs
dont le pays a vraiment besoin fait
régulièrement débat. Le gouverne-
ment comme les professionnels de
l’immobilier ont souvent cité, ces
dernières années, le chiffre de
500.000. La Cour des comptes avait
estimé cet été qu’il était sans doute
plutôt proche de 370.000.
La Fédération des promoteurs
immobiliers (FPI) ajoute sa pierre
au débat, en divulguant une étude
toute fraîche, réalisée à sa demande
par l’ESCP Junior Conseil. Elle éva-
lue à un peu plus de 449.000 le
nombre de logements à construire
chaque année pendant les dix ans à
venir. Les vingt premières métropo-
les du pays concentrant 37 % des
giques », indique Pascal Boulanger.
Les ménages s’engagent, réfléchis-
sent à nouveau et prennent peur.
« Ils se disent que ce n’est pas le bon
moment pour acheter et se rétractent
quelques jours plus tard », pour-
suit-il.
Une baisse des prix pourrait
débloquer des ventes. Mais pour
l’heure, les prix des appartements
neufs ont encore grimpé de 4,8 % en
Ile-de-France et de 4,9 % en régions
au quatrième trimestre 2022.
Car le tarif des terrains ne baisse
pas et le coût des matériaux de
construction n’a cessé de monter
tout au long de l’année. La hausse
des taux d’emprunts renchérit
aussi le coût des opérations pour les
promoteurs. Ce qui contraint
d’ailleurs certains promoteurs à
abandonner des opérations, alors
même qu’ils avaient obtenu leurs
permis de construire, faute de pou-
voir les équilibrer financièrement.
Risque de « casse sociale »
Les ventes en bloc aux investisseurs
institutionnels ou aux bailleurs
sociaux – c’est-à-dire par lots
d’appartements voire d’un immeu-
ble entier – auraient pu compenser
la baisse des ventes au détail,
comme ce fut le cas pendant la
période Covid. Il n’en est rien :
elles s’effondrent, elles aussi, de
33,1 %.
Certains promoteurs
sont contraints
d’abandonner des
opérations, alors
même qu’ils avaient
obtenu leurs permis
de construire,
faute de pouvoir
les équilibrer
financièrement.
Les banques continuent à suivre
les promoteurs, mais se font plus
regardantes. « Elles n’ont pas telle-
m e n t ch a n gé l e u rs d e m a n d e s
d’apports, mais sont plus exigeantes
sur les taux de commercialisation, à
40 % ou 45 % », indique Pascal Bou-
langer. En outre, elles exigent avant
de signer que les appels d’offres
auprès des entreprises de construc-
tion aient été lancés, et que le prix de
revient de l’opération soit validé.
La fédération alerte : 2023 a mal
démarré et l’année risque au global
besoins. Avec en particulier 60.000
logements nécessaires en Ile-de-
France, 12.500 à Aix-Marseille ou
5.000 à Rennes.
Loin du compte
Pour l’heure, le compte n’y est pas.
En 2022, selon les chiffres du minis-
tère de la Transition écologique,
482.200 logements ont certes été
autorisés à la construction (+3,1 %
sur un an), mais 376.200 seulement
ont été mis en chantier (–3,7 %). Et
les ventes de logements neufs sont
actuellement en berne.
Selon les auteurs de l’étude, le
besoin principal en nouveaux habi-
tats – plus de 152.000 unités, soit
42 % du total – est lié au phénomène
de décohabitation – séparations
conjugales, départ d’un enfant
devenu majeur du foyer de ses
parents… –, et à la diminution du
nombre de personnes par ménage.
« Le nouveau besoin ne va pas
automatiquement se placer dans le
d’être pire que 2022 au niveau des
ventes. Certaines entreprises du
secteur commencent à être fragili-
sées. Pour l’heure, le nombre de
défaillances d’entreprises, assure
Pascal Boulanger, n’a pas encore
augmenté. Mais l’inquiétude est là
et si rien est fait, « nous allons avoir
une casse sociale énorme. Chez les
promoteurs, et dans les entreprises
de bâtiment », insiste-t-il.
Mesure d’urgence
Fin février, les constructeurs de
maisons avaient eux aussi tiré la
sonnette d’alarme, après une année
noire qui s’est soldée par un effon-
drement des ventes de 31,3 %. Et a
été marquée par plusieurs faillites –
notamment, celle emblématique de
Geoxia, le constructeur des mai-
sons à bas prix Phénix.
Il y a une quinzaine de jours, le
président de la FPI a rencontré le
ministre délégué au Logement, Oli-
neuf. Mais si une personne qui
divorce s’installe dans un logement
ancien, la personne qui quitte ce loge-
ment va en chercher un autre et ainsi
de suite. Nous avons tenté de mesurer
le besoin global de croissance du parc
en fonction de différentes évolu-
tions », précise Louis Ziz, vice-prési-
dent de la FPI.
La croissance démographique
pèse finalement assez peu en com-
paraison de la décohabitation, à 7 %
et un peu moins de 26.000 loge-
ments. Quand l’immigration crée
un besoin d’un peu moins de 71.000
logements (près de 16 %). La
demande non satisfaite des années
précédentes est évaluée à un peu
plus de 64.500.
L’étude analyse également
d’autres phénomènes : les loge-
ments durablement vacants « situés
dans des endroits où il n’y a pas de
demande ou qui ont un problème
structurel », précise Louis Ziz. Par
exemple des fissures dangereuses
vier Klein, et a fait passer ses messa-
ges. Il appelle le gouvernement à
prendre des dispositions sur longue
période – comme des incitations
financières pour les maires bâtis-
seurs, une amélioration et une pro-
rogation au-delà de 2023 du prêt à
taux zéro destiné aux ménages
modestes, ou un maintien du dispo-
sitif Pinel d’aide à l’investissement
locatif, devenu déjà beaucoup plus
contraignant, et qui doit s’éteindre
fin 2024.
Il réclame aussi « une mesure fis-
cale immédiate et de courte
durée pour relancer la construc-
tion ». Il pense à une exonération de
droits de succession – avec un pla-
fond – pour les biens neufs achetés
pendant une certaine période. La
balle est dans le camp du ministre
de l’Economie.
Lire l’éditorial de David
( Barroux Page 18
liées au gonflement des sols argi-
leux. « On ne peut pas considérer que
des logements sont disponibles quand
cela fait trois ans qu’ils sont bradés et
que personne ne veut y aller », com-
plète Pascal Boulanger, le président
de la FPI, sur le sujet de la localisa-
tion géographique.
Il faut y ajouter les appartements
ou maisons – de plus en plus nom-
breux – qui basculent du statut de
résidence principale vers celui de
résidence secondaire. Au total,
l’ESCP Junior Conseil évalue à près
de 84.000 ces logements pour les-
quels il est nécessaire de trouver
une alternative.
Il y a enfin ces habitats – 50.000
environ – dont la rénovation éner-
gétique est trop onéreuse. « Son
coût est tellement important que le
logement ne devient plus économi-
quement viable pour être habité »,
poursuit Louis Ziz. Là encore, il faut
bien reloger les occupants.
— E. Di.
Vendredi 10 et samedi 11 mars 2023 Les Echos
Crédit immobilier :
comment la donne
a changé en un an
Depuis janvier 2022, les
taux du crédit immobilier
ont connu une envolée
inédite, réduisant le
pouvoir d’achat immobi-
lier des Français. Par
ailleurs, les particuliers
souhaitant réaliser un
investissement locatif
peuvent moins facilement
emprunter qu’avant.
Marion Heilmann
@MarionHeilmann
Depuis un an, le marché du crédit
immobilier a radicalement
changé. Alors que début 2022, les
Français étaient encore très nom-
breux à emprunter, après une
année 2021 record, la production
a commencé à ralentir au prin-
temps, pour terminer l’année en
recul de 3 %. Dans le neuf, selon la
Fédération des promoteurs
immobiliers, le nombre de prêts
pour l’achat d’un logement a
baissé de 21,9 % sur l’année.
Il faut dire qu’en un an, le coût
du crédit immobilier a connu une
envolée inédite. Selon les chiffres
de la Banque de France, le taux
moyen d’un emprunt est passé de
1,13 % en février 2022 à 2,33 % en
février 2023. Ils ont ainsi plus que
doublé.
Resserrement
du crédit
Cette envolée est liée au resserre-
ment monétaire entamé par la
Banque centrale européenne
l’été dernier afin de lutter contre
l’envolée de l’inflation. Celui-ci a
eu pour effet de faire augmenter
le coût de refinancement des
b a n q u e s , q u i l ’o n t à l e u r
tour répercuté sur leurs clients.
Du moins dans la mesure du
possible.
20
Depuis l’été dernier, les établis-
sements bancaires peinent à
répercuter ces coûts sur les cré-
dits immobiliers qu’ils accor-
dent. Car le taux d’usure – ce taux
plafond au-delà duquel les ban-
ques n’ont pas le droit de prêter –,
revu tous les trois mois jusqu’au
1er février dernier, a peiné à suivre
l’envolée des taux. Les banques
voyant leurs marges se réduire
ont commencé à lever le pied sur
le crédit. Afin de remédier à la
situation, les autorités ont
décidé, depuis le 1er février, de
revoir le taux d’usure non plus
tous les trimestres mais tous les
mois jusqu’au 1er juillet, ce qui a
permis de redonner un peu d’air
au marché.
Cependant, avec la hausse des
taux, le pouvoir d’achat immobi-
lier a chuté. Selon le courtier
Meilleurtaux, un couple avec des
revenus de 3.000 euros nets par
mois pouvait emprunter
210.000 euros en janvier 2022.
Aujourd’hui, il ne peut plus
emprunter que 177.000 euros.
Par ailleurs, les ménages ne peu-
vent plus acheter les mêmes sur-
faces, la Banque de France cons-
tatant une perte de 12 mètres
carrés pour un ménage au revenu
médian entre décembre 2021 et
janvier 2023.
Enfin, pour l’immobilier neuf,
les critères d’octroi de crédit gra-
vés dans le marbre par le Haut
conseil de stabilité financière
depuis janvier 2022 ont eu
un impact sur la capacité
d’emprunt des investisseurs
locatifs. Alors qu’il y a quelques
années, ces particuliers pou-
vaient s’endetter largement,
aujourd’hui, leurs mensualités
de remboursement ne peuvent
plus dépasser 35 % de leurs reve-
nus, loyers compris. n
21 Les Echos Vendredi 10 et samedi 11 mars 2023 ENTREPRISES

Le torchon brûle Les commandes de Dassault

entre KLM et son
gouvernement à un sommet grâce au Rafale
tion des coûts « d’au moins
AÉRIEN 15 % » d’ici à 2025.
L’écart pourrait atteindre Cette année, le groupe compte sur une nouvelle
Le représentant de 400 millions en 2024 et 475 mil- commande de l’armée de l’air française
l’Etat néerlandais lions d’euros en 2025, « ce qui ne pour au moins 42 appareils.
estime que KLM ne permettrait pas à l’entreprise de
respecte plus ses restaurer sa position concurren-
engagements pris tielle, ni de justifier l’aide publi-
en 2020, en contre- que », estime le rapporteur. Au
partie des 4,37 mil- total, KLM aurait perçu pour
liards d’euros 4,37 milliards d’euros d’aides,
d’aides publiques. indique-t-il, dont « 2 milliards
de subventions salariales », non
remboursables.
Bruno Trévidic « C’est plus de 70.000 euros
@BrunoTrevidic par employé », souligne le repré-
sentant de l’Etat, qui regrette,
Le torchon brûle décidément en autres, que KLM n’ait pas
par tous les bouts entre KLM et imposé plus d’efforts à ses pilo-
le gouvernement néerlandais. tes et n’ait pas pris les mesures
Alors que la compagnie a nécessaires pour empêcher
engagé un recours en justice une partie de ses personnels

Ludovic Marin / Pool/ Sipa

contre la décision de La Haye
d’imposer une réduction des
vols à Amsterdam, un rapport
officiel accuse KLM de ne plus
respecter ses engagements pris
en juin 2020, en contrepartie de
l’aide de l’Etat.
Dans ce rapport très critique,
transmis au parlement fin
février, le représentant de l’Etat,
Jeroen Kremers, chargé de
veiller à la bonne application de
l’accord-cadre de 2020, repro-
che notamment à KLM des
réductions de coûts insuffisan-
tes en 2023 et 2024. Le rapport
estime aussi que la décision de
verser une prime de plus de
1 million d’euros au PDG sor-
tant, Pieter Elbers, lors de son
départ en 2022, ainsi que le
rétablissement d’une participa-
tion aux bénéfices pour
l ’e n s e m b l e d u p e r s o n n e l
en 2023, contreviennent aux
engagements de 2020. Ce qui
devrait avoir pour première
conséquence de limiter à
10 mois au lieu de 12, le calcul
de la participation des salariés
aux bénéfices, avec le risque
d ’a m p l i f i e r d e s t e n s i o n s
sociales.
Le rapport officiel
reproche
notamment à KLM
des réductions de
coûts insuffisantes
en 2023 et 2024.
Le représentant de l’Etat, qui
en est à son quatrième rapport,
reconnaît pourtant que KLM a
rempli ses engagements de
réductions de coûts en 2021
et 2022. Ce qui lui a permis de
réaliser des résultats annuels
2022 « meilleurs que prévus et
meilleurs que ceux de nombreux
concurrents », souligne-t-il.
Mais selon lui, la direction de
KLM, confiée à l’ex-patronne
des chemins de fers hollandais,
Marjan Rintel en juillet dernier,
serait sortie des clous cette
année, avec des réductions de
coûts inférieures de 250 mil-
lions d’euros aux objectifs du
plan de restructuration validé
en 2020, qui visait une réduc-
navigants de résider à l’étran-
ger, à des fins « d’évasion fis-
cale ». Un sujet déjà dénoncé
dans un de ses précédents rap-
ports, qui avait suscité une cer-
taine émotion aux Pays-Bas.
La compagnie se défend
Pour sa défense, KLM fait valoir
que si elle a dû renoncer au gel
des salaires et des embauches,
c’est pour pouvoir faire face à la
reprise du trafic et la pénurie de
main-d’œuvre au sortir de la
crise, ainsi qu’à la flambée infla-
tionniste. Concernant la prime
de son ex-PDG, correspondant
à sa rémunération variable
de 2019, son versement résulte
d’une décision de justice, qui
vaut aussi pour l’ensemble du
haut encadrement, indique la
compagnie. Quant à la lutte
contre « l’évasion fiscale », KLM
indique avoir trouvé un accord
avec ses syndicats, mettant fin à
la gratuité systématique des
vols pour les personnels rési-
dant à l’étranger.
Cependant, le principal argu-
ment de KLM pour s’émanciper
des engagements pris en 2020
reste sa promesse d’avoir rem-
boursé la totalité des aides
d’Etat d’ici au mois d’avril.
Selon le rapport, KLM devait
encore rembourser 1,387 mil-
liard d’euros à fin février, ce qui
devrait lui permettre de récupé-
r e r s a l i b e r t é d ’a c t i o n e n
matière de salaires et d’emplois.
Mais selon Jeroen Kremers,
KLM ne sera pas pour autant
dégagé de toutes obligations
vis-à-vis de l’Etat-actionnaire.
« Les conditions d’amélioration
de la marge bénéficiaire par
réduction des coûts et l’améliora-
tion de la productivité, ont été
élaborées dans le cadre d’un plan
de restructuration allant jus-
qu’en 2025 inclus », écrit-il. Par
ailleurs, l’avenir de KLM conti-
nuera de dépendre « de la politi-
que gouvernementale en matière
d’environnement », telle que la
décision de réduire le trafic
d’Amsterdam-Schiphol de 12 %
d’ici à 2024.
Une décision contestée en
justice par KLM, mais qui
aurait tout de même dû, selon
lui, être intégrée dans les prévi-
sions budgétaires d’ici à 2025. n
AÉRONAUTIQUE
Avec 92 unités
achetées en 2022,
toutes à l’export,
le Rafale a permis à
Dassault d’engranger
des prises de comman-
des record en 2022.
Anne Bauer
@annebauerbrux
L’année 2022 a été celle du Rafale.
Grâce à son avion de combat, Das-
sault, qui a publié jeudi ses résultats
annuels, a enregistré un volume de
commandes record l’an dernier.
L’avionneur français a fait état de
20,9 milliards d’euros de prises de
commandes, en hausse de 73 % par
rapport à 2021, où ce chiffre s’était
établi à 12 milliards. « L’année 2022
est une année historique », s’est ainsi
félicité le PDG du groupe, Eric Trap-
pier, avec 156 avions commandés :
92 Rafale, tous à l’export, contre 49
l’an dernier et 64 avions d’affaires
Falcon, contre 51 en 2021.
Dassault Aviation est ainsi dans
une situation très confortable avec
un carnet de commandes équiva-
lent à cinq fois son chiffre d’affaires
(6,92 milliards). Le groupe a en
stock pour 35 milliards d’euros de
commandes, dont 125 Rafale pour
l’exportation et 39 appareils pour
l’armée de l’air française ainsi que
87 Falcon.
Un score porté par l’intégration
du contrat de 80 Rafale signé par les
Emirats arabes unis en décem-
bre 2021 et mis en vigueur en 2022.
Cette seule vente est estimée à envi-
ron 14 milliards d’euros. L’Indoné-
sie a, de son côté, confirmé l’achat
d’une première tranche de six avi-
ons sur 42 commandés, tandis que
la Grèce a acheté six avions neufs
supplémentaires.
L’aviation d’affaires
a aussi nettement
bashing », l’aviation d’affaires « a été
dynamique en 2022 » et Dassault
croit plus que jamais à son avenir.
Les 64 Falcon achetés l’an der-
nier (contre 51 en 2021) auraient été
encore plus nombreux, si le groupe
n’avait pas tiré un trait sur une
dizaine de commandes russes.
« Une année de vols de Falcon équi-
vaut à cinq heures de trafic mondial
de camions », calcule Dassault Avia-
tion, en se disant toutefois persuadé
que les avions d’affaires seront les
premiers à voler avec des carbu-
rants durables. Cet été, le groupe
mise sur l’entrée en service de son
dernier modèle le 6X, tandis que les
développements se poursuivent
sur le 10X.
15 Rafale et 35 Falcon
livrés en 2023
Au regard du carnet de comman-
des, les livraisons de 2022 semblent
bien maigres. Elles sont cependant
conformes à ce qui était prévu, sou-
ligne Dassault, avec 14 exemplaires
livrés. L’armée de l’air française a
notamment reçu, en décembre, son
premier Rafale depuis 2018. Treize
autres doivent suivre en 2023 puis
27 d’ici à 2025. Si Dassault n’a pas
Chiffres clés (en M€)
Chiffre d’affaires
– Produits Fromagers
– Autres Produits Laitiers
– Non Affectés (intercos)
Résultat opérationnel courant
Autres charges & produits opérationnels
Résultat opérationnel
Résultat financier
Résultat sur situation monétaire
Impôts sur les sociétés
Résultat net part du Groupe
Endettement net (hors IFRS 16)
Capitaux propres
failli sur ses avions militaires, il a en force d’une entreprise comme la
revanche livré 32 Falcon, contre 35 nôtre, grâce notamment à un sys-
prévus, en raison des difficultés tème interne de compagnonnage »,
d’approvisionnement auprès de sa explique Eric Trappier.
chaîne de sous-traitants. De l’activité et de bons résultats
Le groupe sera-t-il capable de financiers, Dassault n’a jamais
monter en puissance ? Comman- été aussi serein. L’an dernier, le
des et livraisons ne suivent pas le constructeur aéronautique a affi-
même calendrier. Le groupe a ché un chiffre d’affaires en recul de
encore plus d’un an pour se prépa- 4 %, à 6,9 milliards d’euros, contre
rer à passer à une cadence de fabri- 7,2 l’année précédente, mais son
cation de deux puis de trois Rafale bénéfice net ajusté s’est apprécié de
par mois, explique son dirigeant. En 20 %, à 830 millions d’euros. Sa
effet, Dassault a fini d’honorer les marge opérationnelle est ressortie
grands contrats exports du passé à 8,3 % du chiffre d’affaires, contre
(Inde, Qatar, Egypte) et les suivants 7,3 % en 2021. La trésorerie disponi-
entrent en vigueur progressive- ble au 31 décembre a quant à elle
ment. Les Emirats notamment atteint 9,5 milliards d’euros contre
attendent leurs premiers avions 4,9 milliards l’année précédente.
en 2027. L’avionneur compte par ailleurs
L’an prochain, Dassault ne pré- proposer un dividende de trois
voit ainsi de livrer que 15 avions de euros par action, en hausse de 20 %.
combat, 14 pour la France et un Pour l’année en cours, Dassault a
pour la Grèce, contre 14 livraisons du pain sur la planche avec le lance-
en 2022 et… 25 en 2021. Le groupe ment commercial du 6X, le démar-
concède toutefois que sa priorité rage tant attendu des études pour le
aujourd’hui est bien d’honorer ses système de combat aérien du futur,
commandes. « Sécuriser la chaîne un projet d’avion de patrouille
des fournisseurs est un travail de tous maritime pour la France en compé-
les jours et nous suivons de très près tition avec Airbus, tandis que des
nos 500 sous-traitants, tandis que le travaux d’extension sont en cours à
recrutement et la formation sont la Seclin et à Cergy. n
Comptes Annuels 2022
Une progression du chiffre d’affaires de 16,8%
Un résultat net part du Groupe en recul à 68 M€
Un endettement maîtrisé
Variations en %
31/12/22 % CA 31/12/21 % CA
Total Structure Change Croissance
6 551 5 610 16,8 0,3 -0,2 16,7
3 821 58,3 3 450 61,5 10,7 0,6 2,8 7,3
2 928 44,7 2 324 41,4 26,0 0,1 -5,0 30,9
-198 -3,0 -164 -2,9 20,7 0,7 -2,2 22,2
234,3 3,6 246,1 4,4
Les procédures d’audit sont efectuées et le rapport
-71,4 -1,1 -73,1 -1,3
162,9 2,5 173,0 3,1
d’audit relatif à la certiication est en cours
-24,4 -0,4 -20,9 -0,4
d’émission.
Les déinitions et modalités des agrégats du type
2,7 – 2,7 –
écart de structure, de change, de croissance organique
-57,3 -0,9 -63,6 -1,1
ou d’endettement net n’ont pas évolué.
68,0 1,0 82,9 1,5
411 428
Elles sont déinies dans le rapport inancier du
Groupe.
1 827 1 703

redémarré. À 6 551 millions d’euros, le chiffre d’affaires de Groupe des Produits Fromagers se réduit de 4,5% à 2,1% sous l’efet
Savencia Fromage & Dairy progresse au 31 décembre 2022 de de l’inlation et d’une baisse de volumes dans certains pays.
941 millions d’euros soit 16,8% par rapport à l’année dernière. Le résultat opérationnel atteint 162,9 millions d’euros soit 2,5%
Et l’histoire va se poursuivre, Cette évolution résulte principalement d’une croissance du chifre d’afaires en retrait de 10,1 millions d’euros. Il est

à suivre puisque Dassault attend cette

Plan de départs volontaires chez GM
AUTOMOBILE Le constructeur américain va mettre en œuvre un
plan de départs volontaires pour accélérer son plan de réduction
des coûts, alors qu’il est engagé dans une politique d’investissement
dans l’électrique. En janvier, la PDG de General Motors Mary Barra
avait annoncé vouloir économiser 2 milliards de dollars par an.
Elle souhaitait alors éviter les licenciements. Ce plan de départs
volontaires pourrait coûter 1,5 milliard de dollars, des charges qui
année la confirmation par l’Indoné-
sie de deux tranches supplémentai-
res en deux lots de 18 Rafale et
compte sur une nouvelle com-
mande de l’armée de l’air française
pour au moins 42 appareils. Une
commande promise depuis plu-
sieurs années et maintes fois
repoussée. Enfin, Eric Trappier n’a
rien voulu dévoiler des campagnes
d’exportation en cours, tout en con-
firmant que les négociations se
poursuivaient avec la Colombie et
organique de 16,7% tirée par la dynamique des Autres Produits
Laitiers.
Après une performance record en 2021, le résultat opérationnel
courant de 234,3 millions d’euros se contracte légèrement de
11,4 millions d’euros. Cette évolution s’explique notamment
par le décalage entre la hausse des coûts (dont celles des
matières premières et de l’énergie) et sa répercussion dans les
tarifs. Il relète une croissance continue de la restauration hors
domicile sur l’ensemble des géographies, un maintien global
de la consommation en France et une baisse de consommation
en Europe face aux inlations subies.
La marge opérationnelle courante du Groupe est à 3,6% en
recul de 80 points par rapport à celle de l’exercice 2021. Elle
bénéicie d’un renforcement des Autres Produits Laitiers dont
la marge progresse de 5,0% à 6,1% tirée par l’amélioration du
impacté par des dépréciations d’actifs résultant notamment de
la hausse des taux d’actualisation ainsi que par les conséquences
des inondations intervenues en Belgique en juillet 2021.
Le résultat inancier se dégrade de 3,5 millions d’euros en lien
avec la forte volatilité des parités monétaires tout au long de
l’année 2022.
Le résultat net part du Groupe de 68 millions d’euros
représente 1,0% du chifre d’afaires. Les équilibres inanciers
restent très bien maîtrisés avec un taux d’endettement (hors
IFRS 16) en baisse à 22,5% des capitaux propres. Il était de
25,1% en 2021.
Dividende : Le Conseil d’Administration proposera à
l’Assemblée Générale le 27 avril prochain la distribution d’un
dividende de 1,30 euro par action.
Aelium

mix-produits et des cotations des produits industriels. La marge (…)

devraient être reportées dans les comptes du premier semestre. La avec la marine indienne pour la
direction espère réaliser de 30 à 50 % de ses économies cette année livraison de 26 avions de chasse.
Retrouvez l’intégralité du Communiqué de Presse sur le site savencia-fromagedairy.com
avec ce plan. L’impact sera complètement effectif en 2024. N ’e n d é p l a i s e à « l ’a v i a t i o n
ENTREPRISES Vendredi 10 et samedi 11 mars 2023 Les Echos 22

Pokémon, Star Wars ou

Astérix, les licences font
toujours plus recette
MARKETING
Les produits dérivés
faisant référence à des
personnages connus
ou à des griffes emblé-
matiques voient leurs
ventes globalement
progresser.
Clotilde Briard
@ClotildeBriard
Le marché des licences s’est rare-
ment aussi bien porté à travers le
monde. Il s’était déjà accru de 25 %
entre 2015 et 2021. Et il a pris du
poids en France où il est estimé à
environ 6,7 milliards de dollars
(6,35 milliards d’euros) en chiffre
d’affaires dans le commerce, selon
l’étude « 2022 Global Licensing
Industry Study ». Les « royalties »
versés dans l’Hexagone se montent,
eux, à quelque 390 millions de dol-
lars. Avec des produits aussi variés
que des Lego Star Wars ou des Kin-
der Surprise Avatar.
Le temps d’une journée, Paris est
d’ailleurs devenu jeudi la capitale
des marques avec l’organisation
pour la première fois d’un « France
Licensing Day », un type d’événe-
ments destiné aux professionnels
qui a déjà lieu chaque année à Las
Vegas ou à Londres. Le signe que le
pays monte en puissance dans les
produits s’appuyant sur l’attrait de
Pokémon, Astérix ou « Game of
Thrones » et que la diversification
des approches se poursuit.
Palette plus ouverte
« Les personnages restent les pre-
miers fers de lance des produits déri-
vés mais les marques corporate se
développent. La place des produits
liés à des célébrités s’accroît égale-
ment. En deux ans, leurs ventes ont
progressé de 30 %. Autre phénomène,
les lieux relevant du patrimoine
comme la Tour Eiffel font davantage
de la licence un axe d’attaque »,
remarque Matthieu Battini, direc-
teur commercial pour la région
EMEA chez Informa Markets, co-
organisateur du « France Licensing
Day » avec l’association Licensing
International France.
« Si le marché est très porté par une
orientation vers les enfants et par
“l’entertainment”, ce qui touche au
sport, du PSG à la NBA, ou à la mode
montre aussi un grand potentiel de
développement », ajoute Florence
Ayem, coprésidente de Licensing
International France.
Les associations se font réguliè-
rement surprenantes, comme la
récente association entre la série de
Netflix « Emily in Paris » et McDo-
nald’s. Même si les licences bien éta-
blies dans le temps ont particulière-
ment le vent en poupe. Du Covid à
l’Ukraine, l’heure est à la quête de
repères rassurants. « Les gens res-
tent attachés aux marques de leur
enfance ou de leur jeunesse », con-
firme Matthieu Battini.
Parmi les gros secteurs utilisa-
teurs, le monde du jouet est bien sûr
aux avant-postes, juste après le tex-
tile. En France, la part de marché en
valeur des produits sous licence y a
atteint 24,3 % en 2022, soit un gain
de 1 point par rapport à 2021 et de
2,2 points vis-à-vis de 2019, selon
NPD. Le segment a en effet été dyna-
mique, alors que les ventes globales
de jouet reculaient de 2,6 % par rap-
port à une année 2021 porteuse.
La bataille fait d’ailleurs rage
pour obtenir les droits les plus con-
voités. Mattel a ainsi signé avec Mattel a capitalisé sur Pokémon pour se développer dans les jeux de construction. Photo Mattel
Disney un accord mondial concer-
nant Disney Princess et Disney La Pokémon, et d’intéresser un public de sa finale s’inscrira dans le cadre des sance, les uns et les autres devant se
Reine des Neiges, effectif depuis le “kidults”», relève Christophe Sal- 24 Heures du Mans. Des partena- nourrir mutuellement. Sinon, la
début de l’année. Un retour dans le mon, directeur général de Mattel riats avec des marques de mode, licence risque de devenir un ogre »,
groupe possédant Barbie après un France. d’alimentaire ou d’hygiène sont au analyse Yvon Peltier, responsable
passage entre 2016 et 2022 chez le menu. Et la sortie, en juillet, du film du département stratégique et
concurrent Hasbro. Une stratégie à double sens « Barbie » avec Warner sera l’occa- directeur général adjoint de Team
Mais l’approche du groupe fonc- sion de démultiplier encore plus les Creatif.
tionne dans les deux sens. « Nous actions. Quant au monde des services, il
Les valeurs sûres licencions aussi nos propres mar- Tous les industriels ne peuvent s’empare de plus en plus des licen-
capitalisent sur leur ques. Cette démarche entre dans la cep endant pas appliquer les ces. « De gros programmes portent
côté rassurant. stratégie de diversification de notre mêmes règles dans le choix des désormais sur l’expérientiel, appor-
activité au-delà du jouet. Un écosys- emblèmes, souvent coûteux, tant aux fans la possibilité de
tème est en train de se mettre en qu’elles utilisent pour donner une s’immerger dans un univers », note
Mattel ne manque pas de noms place », souligne le dirigeant. autre tonalité à leurs produits. « Les Florence Ayem. Dream Factory
parlant aux plus jeunes dans son Une basket Nike Uno, aux cou- licences sont des histoires que nar- propose ainsi de se plonger dans
portefeuille, de Harry Potter (War- leurs du jeu de cartes, avait ainsi vu rent les marques avec un rôle proche Terminator, entre cinéma, théâtre
ner) aux Minions (Universal). « La le jour en 2022. En 2023, le Hot des contes d’autrefois. Elles touchent immersif et jeu vidéo quand Bat-
licence nous permet de nous dévelop- Wheels Legends Tour, qui rassem- les gens. Mais les acteurs qui ont man Escape promet, ce printemps,
per dans d’autres catégories, ble des passionnés d’automobiles et recours aux noms les plus connus d’être le plus grand escape game de
comme les jeux de construction avec de « tuning », arrivera, en France, et doivent avoir le même type de puis- Paris. n

à suivre Comment France Galop veut convertir

Paris 2024 va lancer le tirage au sort
les Français aux courses hippiques
pour la vente de billets à l’unité
événementielle destinée au grand Medef, France Galop comptabilise priétaires s’associent de plus en plus.
JEUX OLYMPIQUES Après une première session durant laquelle HIPPISME public, « France Galop Live », inspi- 450 événements par an. « Pour le Nous devons stimuler cela, pour
3,25 millions de billets ont été écoulés, Paris 2024 va lancer la rée de Sodexo Live, Lacoste Live, seul hippodrome de ParisLong- compenser la perte de propriétaires
vente des places à l’unité. A partir du 15 mars et jusqu’au 20 avril, L’association, qui Live Nation ou encore Accor Live champ, nous avons organisé 272 opé- traditionnels », résume Olivier Del-
il sera possible de s’inscrire pour un tirage au sort, tandis que les organise 7.000 courses Limitless. rations qui ont généré 12 millions de loye, directeur général de France
créneaux d’achat seront attribués à partir du 11 mai. Un large en France, va lancer La rénovation de l’hippodrome chiffre d’affaires en 2022 », précise Galop.
éventail de prix sera proposé. En athlétisme comme en natation, une nouvelle marque de ParisLongchamp, redessiné par Delphine Violette, directrice com- En parallèle, plusieurs millions
la finale du 100 mètres sera par exemple accessible entre 125 et à destination du grand l’architecte Dominique Perrault merciale et marketing de France d’euros vont être « fléchés » vers les
980 euros. Les tarifs pour la cérémonie d’ouverture ont aussi été public. en 2018, a donné le coup d’envoi de Galop. jeunes chevaux, afin de consolider
dévoilés. Les billets seront gratuits pour les places sur les « quais cette offensive pour tenter de repo- Fort de son identité visuelle durablement la filière. Un effort
hauts » du fleuve parisien. Mais pour les « quais bas », ils seront sitionner les courses parmi les loi- repensée, d’une campagne de com- sera également consenti en faveur
Une manière d’élargir
compris entre 90 et… 2.700 euros. Au total, 1,5 million de billets sirs habituels des Français. Avec munication sur les réseaux sociaux des courses à handicap, plus égali-
seront mis en vente lors de cette deuxième phase.
son audience et d’aug- l’aide de Paris Society, fondé par le et d’un nouveau site Internet dédié taires pour les concurrents en lice et
menter ses revenus. roi de la fête Laurent de Gourcuff, aux seuls événements et à leur dont les promesses de gains pour les
ParisLongchamp est ainsi devenu billetterie, France Galop espère voir propriétaires sont supérieures. Au
EY maintient son projet de scission Martine Robert une adresse branchée pour la jeu- la fréquentation grand public de ses total, 10 millions d’euros supplé-
mais réfléchit à sa « forme finale » @martiRD nesse de l’ouest parisien qui appré- cinq hippodromes (Longchamp, mentaires devraient être distribués
et Yann Duvert cie ses afterwork du jeudi à guichets Auteuil, Chantilly, Saint-Cloud et aux professionnels en 2023, afin de
AUDIT-CONSEIL Le géant de l’audit britannique EY, qui a offi- @YannDuvert fermés, mêlant courses, street-food Deauville) grimper de 15 % d’ici leur envoyer un « signal » de soutien.
cialisé il y a quelques mois un projet de scission de son activité et DJ set. à 2025 pour toucher 450.000 fans,
de conseil, a dit jeudi réfléchir à « la forme finale de la transac- Hybride. C’est l’adjectif mis en avant et le nombre d’événements d’entre-
tion », après la publication par le « Financial Times » d’informa- par France Galop pour montrer sa 450 événements par an prises croître de 25 % pour atteindre France Galop veut
tions faisant état d’une « pause » du projet. « Nous engageons un détermination à capter de nou- Des week-ends « L’hippodrome en 600 jours par an. voir la fréquentation
dialogue avec les plus importantes (composantes) nationales d’EY veaux publics en se diversifiant. Et famille » à la Garden Party du de ses hippodromes
afin de déterminer la forme finale de la transaction », a indiqué pour affirmer sa stratégie de con- 14 juillet, en passant par l’accueil des Hausse des
l’entreprise dans une déclaration. Le quotidien anglais avait quête, l’association qui organise festivals Solidays et Lollapalooza ou « encouragements »
grimper de 15 % d’ici
écrit mercredi soir qu’EY avait « mis en pause » son plan de scis- 7.000 courses de galop en France, se du concert des Stones, les opéra- Une manière, aussi, de diversifier et à 2025 pour toucher
sion en raison « d’un différend houleux sur la part de ses activités dote d’un nouveau logo plus tions BtoB telles que les Rencontres d’augmenter ses revenus, dont la 450.000 fans.
fiscales qui devrait rester du côté de l’audit du cabinet ». moderne et d’une seconde marque des Entrepreneurs de France du grande majorité provient des paris
hippiques, par le biais du PMU.
L’opérateur, qui finance la filière Un autre défi, et non des moin-
hippique (France Galop mais aussi dres, consistera à résorber la pénu-
Le Trot), a reversé un peu plus de rie de personnel au sein de la filière
ANNLEGALECH ANNLEGALECH

annonces judiciaires & légales annonces judiciaires & légales 820 millions d’euros à ses deux hippique. Outre le recrutement de
sociétés mères en 2022. futurs apprentis, une vaste campa-
ETABLISSEMENT PUBLIC TERRITORIAL Grâce à cette manne, combinée à gne de promotion va être menée,
ETABLISSEMENT PUBLIC TERRITORIAL ses activités annexes, France Galop afin de « reprendre contact avec les
PARIS TERRES D’ENVOL PARIS TERRES D’ENVOL a ainsi enregistré un chiffre d’affai- jeunes ». Alors que les salaires ont
Par délibération n°15 du 13 février 2023, l'Etablissement Public Territorial (EPT)
Paris Terres d'Envol a défini les objectifs poursuivis et les modalités de concertation
Par délibération n°16B du 13 février 2023, l'Etablissement Public Territorial (EPT) res de 460 millions d’euros l’an der- été revalorisés de 5 % en moyenne
de la procédure de modification n°2 du PLU de Tremblay-en-France, en application
Paris Terres d'Envol a défini les objectifs poursuivis et les modalités de concertation nier. Outre les coûts d’organisation l’an dernier, une réflexion sur les
de la procédure de modification simplifiée n°1 du PLU de Villepinte, en application
des dispositions des articles L.103-2 et suivants du Code de l’Urbanisme.
des dispositions des articles L.103-2 et suivants du Code de l’Urbanisme. des courses (190 millions), la société conditions de travail est en cours.
La concertation du public sera organisée du lundi 20 mars 2023 au vendredi
La concertation du public sera organisée du lundi 3 avril 2023 au vendredi 12 a reversé 279 millions d’euros à la Enfin, toujours dans une logique
12 mai 2023 inclus. filière, sous la forme de primes aux d’augmenter ses revenus, France
mai 2023.
La délibération est portée à la connaissance du public pendant un mois au siège éleveurs et aux propriétaires, mais Galop va continuer d’identifier les
La délibération est portée à la connaissance du public pendant un mois au siège de
de l’EPT Paris Terres d’Envol, situé à l’Hôtel de Ville d’Aulnay-sous-Bois (Boulevard
de l'Hôtel de ville, 93600), et à la Mairie de Tremblay-en-France (18 boulevard de
l’EPT Paris Terres d’Envol, situé à l’Hôtel de Ville d’Aulnay-sous-Bois (Boulevard de aussi d’allocations de courses. Ces synergies possibles avec Le Trot.
l'Hôtel de ville, 93600), et à la Mairie de Villepinte.
l'Hôtel de Ville, 93290). « encouragements » – le terme con- Dans quelques mois, les deux socié-
EP 23-130 / contact@publilegal.fr
EP 23-123 / contact@publilegal.fr sacré – ont d’ailleurs vocation à être tés et le PMU vont ainsi être rassem-
revalorisés, afin d’enrayer la baisse blés dans un immeuble commun.
La ligne de référence est de 40 signes La ligne de référence est de 40 signes des chevaux déclarés à l’entraîne- Le projet, qui a suscité quelques
en corps minimal de 6 points didot. en corps minimal de 6 points didot. ment, conséquence de la raréfac- remous en interne, avait rencontré
Le calibrage de l’annonce est établi de filet à filet. Le calibrage de l’annonce est établi de filet à filet. tion des propriétaires seuls au profit la ferme opposition de l’ex-patron
Les départements habilités sont 75, 77,78, 91, 92, 93, 94, 95 et 69. Les départements habilités sont 75, 77,78, 91, 92, 93, 94, 95 et 69. des multipropriétaires. « Le busi- du PMU Cyril Linette, conduisant à
ness s’est professionnalisé, les pro- sa révocation en 2021. n
23 Les Echos Vendredi 10 et samedi 11 mars 2023
Recyclage du plastique : trois
industriels français retenus
RECYCLAGE
La mise en place de
nouvelles filières de
recyclage des déchets
plastiques avance.
L’éco-organisme
Citeo a notamment
sélectionné Paprec,
Suez et TotalEnergies.
Christophe Palierse
@cpalierse
La mise en place de nouvelles filiè-
res de recyclage des déchets plasti-
ques s’accélère. L’éco-organisme
Citeo, auquel l’Etat a confié l’an der-
nier – non sans contentieux – la ges-
tion de déchets, peu voire pas du
tout recyclés, vient d’octroyer une
série de contrats à des opérateurs
traditionnels, mais aussi à de nou-
veaux acteurs. L’objectif étant de
recycler 100 % des déchets en 2025,
un impératif européen. A ce stade,
le taux de recyclage des résines
plastiques avoisine 30 % en France.
L’éco-organisme, qui a lancé en
mars 2022 un appel d’offres pour
les familles de déchets plastiques
concernés, a déjà réglé la question
des plastiques de type polystyrène,
et vient de récidiver pour deux
d’entre eux, pour un lancement
en 2025 : l’un pour les bouteilles en
polyéthylène téréphtalate (PET),
l’autre pour les films plastiques à
base de polyéthylène ou de polypro-
pylène.
La technique innovante
de la pyrolyse
Les marchés PET ont été confiés
pour l’essentiel à Paprec, qui dis-
pose d’une importante unité de
traitement à Limay (Yvelines).
Citeo, très sollicité, a également
retenu un duo Valorplast-Nor-Pal-
Plast qui s’appuie sur une usine à
Lesquin (Nord), ainsi que Suez, fort
de son site de Bayonne (Pyrénées-
Atlantiques).
Pour les films plastiques, l’éco-
organisme a entre autres choisi,
pour une moitié du marché,
Machaon, un autre acteur du recy-
clage mécanique avec son unité de
Châlons-en-Champagne (Marne).
Ce dernier recourra aussi pour une
partie de ses flux à un recyclage chi-
Les marges des raffineries
de l’Hexagone plus élevées que jamais
ÉNERGIE
Si elles ont atteint des
niveaux historiques,
profitant de la hausse
des prix à la pompe,
ces marges se sont
de nouveau tassées
ces derniers mois.
L’année hors norme du secteur
pétrolier est confirmée par les chif-
fres, et pas seulement ceux des com-
pagnies pétrolières. Selon l’Ufip
Energies et Mobilités – l’organisa-
tion qui représente les pétroliers en
France –, la marge brute des raffi-
neurs (la différence entre la vente
des produits finis et le coût du
pétrole brut livré à la raffinerie) a
atteint 101 euros par tonne en
moyenne l’an dernier, contre
14 euros en 2021.
« Les marges ont réellement aug-
menté à partir de mars 2022. Elles ont
connu un pic en octobre à 189 euros la
tonne, avant de redescendre », expli-
que Olivier Gantois, président exé-
cutif de l’Ufip, qui souligne que ce
niveau de marge compense toute-
Aujourd’hui, le taux de recyclage des résines plastiques avoisine 30 % en France.
mique par pyrolyse. Cette innova-
tion permet de réutiliser la matière
recyclée dans l’industrie alimen-
taire. On la retrouve d’ailleurs dans
l’autre moitié du marché. Le recy-
clage de ceux-ci a été confié à un tan-
dem constitué de Paprec et de Tota-
lEnergies. Concrètement, le premier
œuvrera en amont du second,
sachant que TotalEnergies a engagé
un programme de reconversion de
sa raffinerie de Grandpuits (Seine-
et-Marne) en « plateforme zéro
pétrole », consacrée notamment au
recyclage des plastiques. L’opéra-
teur belge Indaver, qui fait cons-
truire une usine de recyclage chimi-
que à Anvers, a également été choisi.
fois à peine les pertes enregistrées
par les pétroliers en 2020 et 2021.
Il faut retirer de ces chiffres cer-
tains coûts (achat de gaz, d’électri-
cité, de quotas de CO2) et les investis-
sements. Ce qui fait que la marge
nette, autour de 25 à 30 euros la
tonne avant la hausse des prix de
l’énergie, a grimpé à 75 euros durant
la crise, avant de se stabiliser autour
de 40 euros la tonne aujourd’hui.
« Importer du pétrole non russe,
depuis la mise en œuvre de
l’embargo fin 2022, coûte plus cher »,
ajoute Olivier Gantois.
32 milliards d’euros
dans les caisses de l’Etat
Les raffineurs ont bénéficié de la
hausse des prix du carburant, en
particulier sur le gazole. A partir de
mars 2022, les marchés ont anticipé
des manques à cause de la chute des
importations de gazole russe, qui
représentaient la moitié des impor-
tations européennes avant la
guerre, et 30 % en France (alors que
la France raffine toute l’essence
qu’elle consomme).
Ces manques ne se sont pas
confirmés, mais les prix du gazole se
sont déconnectés des prix du brut et
Pour mémoire, Citeo l’avait déjà
retenu, à la fin 2022, pour les plasti-
ques de type polystyrène.
Un débat entre le recyclage
chimique et mécanique
Avec le marché des films plasti-
ques, Citeo ouvre donc un peu plus
la porte au recyclage chimique.
« Il y a débat sur le recyclage mécani-
que et le recyclage chimique. Les
deux sont parfaitement complémen-
taires », souligne le directeur
général de Citeo, Jean Hornain.
L’appel d’offres de l’éco-organisme
a toutefois, à ce stade, un perdant
aux grandes ambitions dans le
recyclage chimique : l’américain
ont augmenté plus vite que les prix
du sans-plomb. Résultat, après les
remises à la pompe soutenues par
l’Etat, les marges de distribution se
sont élevées à 6 centimes le litre sur
le sans-plomb et 7 centimes sur le
gazole.
Les marges se sont donc amélio-
rées, ce qui a permis à TotalEner-
gies, par exemple, de générer un
bénéfice en France l’an dernier
autour de 350 millions d’euros. Le
groupe va ainsi payer des impôts sur
les bénéfices au titre de l’exercice
2022, au contraire des trois exerci-
ces précédents.
Au total, l’an dernier, les produits
pétroliers ont rapporté 32 milliards
d’euros dans les caisses de l’Etat, via
la taxation des carburants et les dif-
férents impôts et taxes payés par
les sociétés. Pour le secteur, toute-
20 à 45
MILLIARDS D’EUROS
Les investissements nécessaires
tous les ans d’ici à 2035 pour
atteindre les objectifs de
transition énergétique du secteur.
ENTREPRISES
Energies
renouvelables : CVE
lève 100 millions
d’euros
par quatre son parc d’exploita-
ÉNERGIE tion électrique, passant d’une
capacité installée de 640 MW
Positionné surtout fin 2022 à 2,7 GW en 2027. Sur
sur le solaire le biogaz, il ambitionne d’avoir
et le biométhane, 60 unités de méthanisation
CVE ambitionne en 2030, contre 8 aujourd’hui,
de multiplier et de produire 1,5 TWh. CVE
par quatre son parc estime être en mesure de faire
passer son chiffre d’affaires de
électrique.
76,4 millions d’euros en 2022
(+50 %) à 355 millions d’euros
Nicolas Rauline en 2027, pour un Ebitda de
@nrauline 241 millions d’euros.
« Peu d’acteurs sont capables
Cent millions supplémentaires de produire de l’électricité et du
pour financer des investisse- gaz verts, affirme Pierre de
ments dans les renouvelables. Froidefond. Notre logique est de
Le groupe CVE, producteur répondre aux besoins de nos
indépendant de renouvelables, clients, de décarboner leurs usa-
vient de boucler une nouvelle ges, que ce soit par des molécules
augmentation de capital ou des électrons. » Le groupe
auprès d’ICG Infra, le fonds s’est aussi positionné, depuis
d’investissement infrastructu- quelques mois, sur l’hydro-
res d’Intermediate Capital gène vert, capable d’apporter
Group. Celui- ci avait déjà plus de flexibilité encore à son
apporté 100 millions d’euros offre.
en 2020.
« Nous défendons une pro- L’appel de l’IRA
duction décentralisée d’énergies Pour accélérer, CVE pourrait
renouvelables, en misant sur des réaliser des acquisitions
unités de production de taille ciblées, comme il l’a fait l’an
moyenne, proches des lieux de dernier avec Ecovalim, un
consommation », explique acteur spécialisé dans la col-
Romuald Meigneux/SIPA Pierre de Froidefond, l’un des lecte et la valorisation des bio-
associés fondateurs de CVE. déchets. « Nous voulons être un
Cela a conduit la société à se acteur intégré dans le biomé-
tourner très tôt vers des modè- thane, de la collecte de déchets à
les d’autoconsommation, à la valorisation du digestat, en
développer des PPA (des con- passant par la production »,
trats de gré à gré pour la fourni- ajoute Pierre de Froidefond.
ture d’énergie verte sur le long CVE veut aussi renforcer ses
terme) et aujourd’hui des BPA positions à l’international, pro-
Eastman. Ce dernier doit implan- (fourniture de biométhane). fitant notamment de l’essor de
ter à Port-Jérôme (Seine-Maritime) l’Espagne et du Chili sur le
la plus grande usine au monde de Faire face à la hausse solaire et de l’appel d’air créé
recyclage chimique du PET, et a des coûts par l’Inflation Reduction Act
besoin de flux domestiques. Ces 100 millions d’euros doi- (IRA) aux Etats-Unis.
Eastman, qui ne fait pas de vent permettre à CVE de faire En Amérique du Nord, CVE
commentaire, « travaille à d’autres face à la hausse des coûts est présent sur le segment du
solutions pour accéder à la matière (hausse des taux, des matières « community solar », des pan-
française , explique une source premières, des modules…) neaux en copropriété installés
dans le secteur. « Le recyclage chimi- mais surtout d’accélérer en près de villages, utilisés en par-
que est indispensable si l’on veut France et sur les marchés sur tie par les populations. Il pré-
atteindre les objectifs ». De fait, les lesquels il est présent, les Etats- voit de se déployer au-delà de
contrats passés par Citeo ne Unis, le Chili, l’Afrique du Sud sa zone actuelle, les Etats de
couvrent qu’une partie des déchets et l’Espagne. Le groupe mar- New York et du Massachu-
à traiter. L’éco-organisme doit seillais prévoit de multiplier setts. n
encore finaliser ses accords
portant sur le recyclage des bar-
quettes et pots en PET. n
FRANKLIN TEMPLETON
SHARIAH FUNDS
Société d’investissement à capital variable
Registered office: 8A, rue Albert Borschette, L-1246 Luxembourg
R.C.S. Luxembourg B 169965
CONVOCATION À L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE ANNUELLE DES ACTIONNAIRES DE FRANKLIN TEMPLETON SHARIAH FUNDS
Nous avons l’honneur de vous convoquer par la présente à l’assemblée générale annuelle des actionnaires
(l’« assemblée ») de Franklin Templeton Shariah Funds (le « fonds »), qui se tiendra le 31 mars 2023 à 14h30,
en vue de délibérer sur l’ordre du jour suivant :
ORDRE DU JOUR
fois, la situation reste incertaine.
« Les raffineurs doivent générer du • Présentation du rapport du Conseil d’administration
cash pour financer leurs investisse- • Présentation du rapport du Comité de supervision de la Charia
ments dans la transition énergéti- • Présentation du rapport du Réviseur d’entreprises
que », rappelle Olivier Gantois. • Approbation des états financiers du fonds pour l’exercice comptable clos le 31 octobre 2022
Selon une étude IHS Markit réali- • Quitus au Conseil d’Administration
sée pour l’Ufip l’an dernier, 20 à • Reconduction du mandat des quatre administrateurs suivants : William Jackson, Hans J. Wisser, Craig Blair
45 milliards d’euros d’investisse- et Caroline Carroll
ments seraient nécessaires tous les • Reconduction du mandat de PricewaterhouseCoopers Société Coopérative en qualité de Réviseur d’entreprises
ans d’ici à 2035, en France, pour • Approbation du versement de dividendes pour l’exercice comptable clos le 31 octobre 2022
atteindre les objectifs de transition • Examen de tout autre point dûment porté à l’ordre du jour de l’assemblée
énergétique du secteur – notam- VOTE
ment la fabrication de carburants Les résolutions inscrites à l’ordre du jour de l’assemblée ne requièrent pas de quorum et seront adoptées à
liquides bas carbone. la majorité des voix exprimées par les actionnaires présents ou représentés à l’assemblée.
MODALITÉS DE VOTE
Une demande soutenue
Les actionnaires peuvent voter par procuration en retournant le formulaire de procuration qu’ils ont reçu
Et, si la demande pourrait diminuer
aux bureaux de la société de gestion du fonds, Franklin Templeton International Services S.à r.l.,
dans l’Hexagone de 40 % à l’horizon
8A, rue Albert Borschette, L-1246 Luxembourg, ou en envoyant une copie numérisée de cette procuration à
2035 selon cette même étude, cela lucs@franklintempleton.com, au plus tard le 28 mars 2023 à 17h00.
ne signifie pas que 40 % des raffine-
LIEU DE L’ASSEMBLÉE
ries françaises vont fermer. « Elles
vont s’adapter, se transformer, certai- Les Actionnaires sont informés par la présente que l’Assemblée pourrait se tenir, si des circonstances
nes vont peut-être devenir des bioraf- exceptionnelles le justifiaient, dans un autre lieu que le siège social du Fonds, au Luxembourg, au choix
absolu et définitif du Président de l’Assemblée. Dans ce cas, les actionnaires présents au siege social du
fineries, d’autres réduiront leur pro-
Fonds le 31 mars 2023 à 14 h 30 sesront dûment informés du lieu exact de l’assemblée, laquelle débutera
duction », avance Olivier Gantois,
ensuite à 15 h 30.
pour qui les pétroliers s’adaptent
avant tout à la demande. « Pour rem- Veuillez noter que toutes les heures indiquées dans la présente convocation se réfèrent à l’heure de
Luxembourg.
plir les objectifs, la demande devrait
baisser de 5 % par an en France. Or, Pour de plus amples informations, les actionnaires sont invités à contacter le bureau de
elle ne baisse que de 1 % par an sur les Franklin Templeton le plus proche.
trois dernières années. » Le Conseil d’administration
— N. Ra.
ENTREPRISES
Chargeurs vise le cap
du milliard de chiffre d’affaires
Le groupe revendique le titre de numéro un mondial dans quatre activités de niche : films de protection de surface, fibres de laine
naturelle et durable, textiles techniques pour le luxe ou la logistique pour les musées… Photo Bruno Delessard/Challenges-REA
INDUSTRIE TEXTILE
Le groupe, qui possède
un éventail d’activités,
a réalisé un chiffre
d’affaires de plus de
746 millions d’euros,
en hausse de +8, 7 %.
Virginie Jacoberger-Lavoué
@VJacobergerL
Chargeurs prend de la hauteur. Le
groupe familial, qui possède une
large panoplie d’activités, a réalisé
un chiffre d’affaires de plus de
746 millions d’euros l’an dernier,
soit une croissance organique de
8,7 % hors activités sanitaires. Dans
un contexte de crise de l’énergie et
de poussées inflationnistes, il s’agit
de sa seconde meilleure perfor-
mance depuis dix ans.
Le résultat opérationnel atteint
45,4 millions d’euros, un repli de
8 % par rapport à 2021. Le cash-flow
se porte à 130 millions d’euros. La
dette nette s’établit quant à elle à
174 millions. « Elle reste à un niveau
Cosmétiques : les pharmaciens se
plaignent des prix des grandes marques
SANTÉ
Les centrales d’achat
qui approvisionnent
les pharmacies sont
soumises aux mêmes
règles de négociations
commerciales que les
grands distributeurs.
Philippe Bertrand
@Bertra1Philippe
Personne ne s’en doute, même si
Voltaire les qualifiait d’« épiciers
prétentieux ». Les pharmaciens
obéissent eux aussi, au même titre
que Leclerc et Carrefour, au rituel
des négociations commerciales
annuelles avec leurs fournisseurs –
pour la partie de leur offre qui n’est
pas soumise à prescription
médicale. C’est tout du moins le cas
des officines organisées en réseau,
comme les membres de
Pharmabest. Ce groupement
d’indépendants créé à Marseille
maîtrisé […] et son évolution est liée
aux investissements industriels et
aux acquisitions », souligne le
groupe.
Si Chargeurs progresse, c’est que,
dans quatre activités de niche (films
de protection de surface, fibres de
laine naturelle et durable, textiles
techniques pour le luxe ou la logisti-
que pour les musées…), il revendi-
que un titre de numéro un mondial,
« avec entre 30 % à 40 % de part de
marché », se félicite son PDG,
Michaël Fribourg.
Acquisition prévue
dans le luxe
« Avec un positionnement ultrapre-
mium, notre groupe a su accroître ses
parts de marché dans toutes ses acti-
vités », souligne-t-il. Il se réjouit des
performances de Chargeurs PCC
Fashion Technologies, qui a vu
« son résultat opérationnel presque
tripler ». Il rappelle que Chargeurs
Museum Studio, spécialisé dans les
services au musée, a connu une
« accélération de ses profits en
2022 ». L’activité de cette nouvelle
pépite devrait s’accroître en 2023.
« Nos parts de marché ont gagné près
réunit 111 pharmacies d’une surface
moyenne de 700 mètres carrés et
qui génèrent chacune en moyenne
9 millions de chiffre d’affaires
annuel, certaines jusqu’à 40 mil-
lions. De véritables petits super-
marchés qui pèsent 10 % du mar-
ché de la parapharmacie vendue
en officine, et qui sont aussi soumis
à l’inflation.
Amortir le choc
Le président de Pharmabest, David
Abenhaim, a conclu les discussions
avec les fournisseurs de ce qui
constitue 65 % à 70 % des ventes de
ses adhérents. Il s’agit d’environ
250 entreprises, dont une dizaine
de multinationales comme L’Oréal
(L’Oréal, Vichy), Pierre Fabre
(Avène) ou Caudalie. Il annonce des
hausses des prix d’achat de 12 % à
14 %. « C’est du jamais-vu », s’éton-
ne-t-il.
Pharmabest va rogner sur ses
marges pour amortir le choc
auprès du consommateur final, qui
devra tout de même absorber 6 % à
7 % d’augmentation pour son savon
de 5 points depuis la crise sani-
taire. Nous avons des métiers qui
sont essentiels à nos clients. La crise
sanitaire, ainsi que celle de l’énergie et
de l’inflation, l’ensemble de cet envi-
ronnement complexe a renforcé nos
liens avec ceux-ci. C’est particulière-
ment significatif dans nos activités
liées au luxe », poursuit le dirigeant.
Rebond des commandes
La branche historique, Chargeurs
Advanced Materials, après un
premier semestre record, a en
revanche enregistré un ajustement
des volumes à la baisse au second
« dans le contexte de stress énergé-
tique des filières industrielles et
d’ajustement accéléré des stocks des
clients », poursuit-il. Mais depuis le
d é b u t d e l ’a n n é e , l e g r o u p e
constate le rebond des volumes de
commandes.
En croissance organique, le
groupe entend « dépasser le milliard
d’euros de chiffre d’affaires dès
2025 ». « Nous abordons 2023 en
étant prudents mais confiants, ce
sera une année de consolidation de
nos choix stratégiques et nous sou-
haitons accélérer la stratégie
et sa crème pour les mains. Le grou-
pement va aussi, comme un « vul-
gaire » hypermarché, mettre en
avant ses marques propres, pour les
produits d’hygiène de base et les
compléments alimentaires.
« Ce qui s’est passé, raconte le
patron de la centrale d’achat et de
ser vices, c’est que les grandes
marques ont demandé 14 % de
hausse de leurs tarifs, alors que nos
petits fournisseurs PME se sont
contentés de 6 % en moyenne. » « Je
ne me l’explique pas. Bien sûr, on
nous a parlé de la guerre en Ukraine
« Les grandes
marques ont
demandé 14 %
de hausse de
leurs tarifs. »
DAVID ABENHAIM
Président de Pharmabest
d’expansion dans les métiers du
luxe », explique le PDG. Dans ce
domaine, Chargeurs entend élargir
son « portefeuille de marques avec
une acquisition structurante d’ici à la
fin 2023 ».
Un quart de sa production
reste en France
« Nous réalisons plus de 95 % de
notre chiffre d’affaires à l’interna-
tional et nous sommes d’ailleurs un
groupe fortement exportateur,
puisque 25 % de notre production
mondiale sont réalisés en France »,
précise encore son PDG.
Le groupe, présent dans une cen-
taine de pays, possède 27 usines,
dont 5 en France. La répartition
géographique est équilibrée, les
Etats-Unis pesant 40 % du chiffre
d’affaires.
Chargeurs, qui compte un tiers
de ses effectifs en Asie, réalise « un
tiers du chiffre d’affaires » et fera de
la Chine continentale et de Hong
Kong une priorité de son dévelop-
pement cette année. Le Moyen-
Orient, qui a connu une forte crois-
s a nce en 20 2 2 , devr a i t a us si
continuer à croître. n
et de la hausse du coût de certaines
matières premières. Mais les cours
sont redescendus ces derniers mois et
il faut dire que cela a été très compli-
qué, voire impossible, de comprendre
la justification des exigences des
multinationales. »
La marge des officines
L’enjeu est important, car les offi-
cines Pharmabest construisent
70 % de leur résultat environ sur ces
activités hors prescription médi-
cale. Les médicaments prescrits
par les médecins obéissent à des
tarifs négociés sur le plan national
avec la Sécurité sociale qui sont très
contraints. La marge des docteurs
en pharmacie vient de la diversifi-
cation de leur métier, de la monéti-
s a t i o n d ’u n t r a f i c e s t i m é e n
moyenne à 1.500 clients par jour.
David Abenhaim a entendu
l’engagement du ministre de l’Eco-
nomie en faveur d’une réouverture
des négociations commerciales.
Mais il n’y croit pas trop. « On ne va
pas passer notre vie à négocier »,
tranche-t-il. n
Vendredi 10 et samedi 11 mars 2023 Les Echos
mécénat
La Fondation Orange
soutient la musique,
de Paname à l’Afrique
CULTURE
En trente-cinq ans, la
structure philanthropique
a aidé 140 formations
à prendre leur envol.
Martine Robert
@martiRD
Mardi 7 mars, l’ensemble baro-
que sur instruments d’époque Il
Caravaggio, dirigé par Camille
Delaforge, faisait ses débuts à
l’Opéra royal de Versailles, fai-
sant redécouvrir une composi-
trice du XVIII e siècle. Jeudi
16 mars, l’ensemble vocal
Accentus de Laurence Equilbey
fêtera ses 30 ans à la Philhar-
monie de Paris. Leur point
commun ? Ces formations ont
été repérées et lancées par la
Fondation Orange. On pourrait
en citer d’autres, à l’instar des
Frivolités Parisiennes, à l’affi-
che de l’Athénée, du 10 au
19 mars, dans « Coups de rou-
lis », de La Tempête ou de
L’Arpeggiata, en tournée en
Fr a n c e e t e n E u r o p e , d e s
pépites soutenues pendant
cinq ans à leurs débuts et
aujourd’hui présentes sur les
scènes internationales.
La Nuit de la Voix 2021, tournée vers l’Afrique, s’est tenue
à Radio France. Photo Fondation Orange
Louis Presset, le délégué
général de la Fevis, la Fédéra-
tion des ensembles vocaux et
instrumentaux spécialisés, a
coutume de parler des « quatre
mousquetaires » lorsqu’il évo-
que ces mécènes sans lesquels
l’Hexagone ne pourrait dispo-
ser de cet incroyable vivier
musical de formations classi-
ques indépendantes, à l’écono-
mie fragile : la Fondation
Orange, la Fondation Société
Générale, la Caisse des Dépôts,
et la Fondation Bettencourt
pour le chant choral.
Une douzaine de pays
« Nous sommes engagés depuis
plus de trente-cinq ans dans la
musique, accompagnant chaque
année entre 50 et 60 projets, avec
une démarche solidaire en
faveur de l’inclusion des jeunes
artistes et de tous les publics »,
commente Marie-Sophie Calot
de Lardemelle, directrice du
mécénat culturel à la Fondation
Orange. Sur un budget de 7 mil-
lions pour la Fondation, consa-
cré à l’éducation par le numé-
rique, à la santé et l’autisme, à la
culture, un million va à la musi-
que. Plus de 140 chœurs et
orchestres aux esthétiques
musicales variées ont déjà
bénéficié du coup de pouce de
l’opérateur de télécommunica-
tions, sur tout le territoire.
« Favoriser l’employabilité des
artistes et groupes émergents par
24
des aides à la formation et à
l’insertion professionnelle, est
une priorité. Nous soutenons
ainsi des académies, résidences,
masterclasses, à l’instar de celle
de Philippe Jaroussky ou de
Royaumont, et des concours
détectant les voix lyriques de
demain telles Voix Nouvelles,
Voix des Outre-mer, Africa
Lyric’s Opéra… » poursuit-elle.
Opéras en direct
« Nous démocratisons l’accès à la
musique, notamment pour les
publics fragiles et éloignés de
l’offre et de la pratique cultu-
relles, en réalisant des captations
d’opéras en direct, en plein air,
dans les cinémas, avec les opéras
de Paris, Rennes et Lille, et de
festivals de musique classique et
de jazz. Nous soutenons aussi
des initiatives numériques telles
que Opéra chez soi avec l’Opéra
de Paris ou VO!X de Radio
France, des projets pédagogiques
ou de médiation, des ateliers ou
des concerts dans les ZEP, zones
r u ra l e s , p r i s o n s , c e n t r e s
d’accueil, hôpitaux, Ehpad… »,
complète Marie-Sophie Calot
de Lardemelle.
Depuis 2019, la structure
philanthropique déploie aussi
son mécénat musical en Afri-
que, suivant en cela le dévelop-
pement de l’opérateur télécom,
et s’appuyant sur les fondations
Orange existant sur le conti-
nent. « En 2022, onze des quinze
festivals de musique du monde et
de jazz que nous mécénons sont
dans des pays africains. Nous
contribuons à faire connaître et
tourner des artistes du continent
sélectionnés en partenariat avec
les instituts français et des festi-
vals comme Babel Music à Mar-
seille ou Visa Form Music à
Rabat », précise la directrice
mécénat culturel.
Lors de la dernière édition de
son événement-phare annuel,
la Nuit de la Voix (déjà 24 à son
actif), la fondation a justement
mis en avant des talents afri-
cains. Cette soirée qu’elle pro-
duit pour présenter et croiser
ses coups de cœur, ne lésine ni
sur les moyens ni sur l’écrin :
Châtelet, Théâtre des Champs-
Elysées, Grand Rex, Radio
France, Olympia, Trianon…. Le
show présenté par des artistes
éclectiques comme André
Manoukian, est relayé par des
partenaires médias de choix :
Radio Classique, FIP…
Un engagement au long
cours qui vaut à la Fondation
Orange de recevoir 400 deman-
des de soutien par an. Tout
l’enjeu est de trier les plus
prometteuses pour ne pas
donner de faux espoirs dans un
marché encombré. n
25 Les Echos Vendredi 10 et samedi 11 mars 2023

fusions // acquisitions // cessions // partenariats

ENTREPRISES COMMERCIALES ET INDUSTRIELLES

SCP PASCALE CHANEL – ÉLODIE BAYLE APPEL D’OFFRE EN REDRESSEMENT JUDICIAIRE - CESSION D’ENTREPRISE
RECHERCHE DE REPRENEUR IMPRIMERIE RECHERCHE REPRENEUR
A D M I N I S T R AT E U R S J U D I C I A I R E S A S S O C I É S
Activité : Imprimerie, travail à façon, ennoblissement produits : grattable, vernis dépôt de parfum, SAS MGPI
Vend fonds de commerce de Recyclage de pneumatiques usagés pliage plan cartographie, routage, stockage…
Localisation : Région Centre Val de Loire (37) dans un local de 12.000 m2 comprenant un atelier • Localisation : Zone Artisanale du Grand Chemin
à DIEUZE - 1 établissement d’imprimerie, un atelier de brochage façonnage, bureaux, local d’entretien, chaufferie.
Actifs : Logiciels ǀ Rotatives offset ǀ Machine feuille ǀ Machine numérique ǀ Atelier de façonnage équipé 50540 ISIGNY LE BUAT
■ Effectif : 21 salariés de plieuse, encarteuse, assembleuse, découpe, rainage, pelliculeuse... • Activité : Mécanique générale de précision
■ C.A. au 31/12/2021 : 2 657 472 € C.A. 2022 : 4 193 K € / EBE : -43 K € ǀ C.A. 2021 : 4 449 K €/ EBE : -141 K €
Clientèle diversifiée sur Paris et en Région : Etablissements bancaires, distribution, luxe, tourisme, • CA HT 2021 : 1 338 K€
■ Immobilisations incorporelles : 0€ Collectivités territoriales, Presse, Agence de publicité... • CA HT 2020 : 1 546 K€
Certificats et attestations : PEFC, FCS, Imprim Vert
■ Immobilisations corporelles : 1 054 407 € Date R.J. : 28/02/2023 Effectifs : 34 salariés • CA HT 2019 : 1 964 K€
■ Immobilisations financières : 258 659 € Date Limite de Dépôt des Offres : 05 avril 2023 à 12h00 • Effectif : 10 salariés
Accès à la dataroom électronique du dossier après signature d’un NDA et transmission d’une présentation du
Date limite de dépôt des offres de reprise fixée au 16/03/2023 à 12h00. candidat. Demande d’accès par mail : dataroom@a2jz.fr - Mathilde PERROCHEAU
Dépôt des offres au plus tard le 25 avril 2023 à 12h00
les offres devront être conformes aux dispositions de l’article L.642-2 du code de com. et dossier de présentation auprès de la SELARL TRAJECTOIRE
Dossier de reprise à demander à l’Etude uniquement en LRAR : SELARL A2JZ – Maître Julien ZETLAOUI – Administrateur Judiciaire prise en la personne de Charles BEAUSSART, Administrateur Judiciaire
1 place du Pont à Seille 57000 METZ 30 boulevard Heurteloup I 37 000 I 02.47.20.76.43 Tel : 02 33 80 39 00 – Mail : alencon@aj-trajectoire.fr

SG
Me Sophie GAUTIER
111 bd de Latre de Tassigny
CS 14235
35042 RENNES CEDEX
www.aj-2m.com
Contact
Tél. +33 (0)2 99 14 40 14
s.gauier@aj-2m.com
APPEL D’OFFRES – CESSION DE CONTRÔLE, PRISE DE PARTICIPATION
OU CESSION D’ACTIFS EN REDRESSEMENT JUDICIAIRE
ACTIVITÉ : Concepion, commercialisaion et maintenance de logiciels
numériques sur mesure (BEABLE) / Agence digitale, concepion,
référencement et webmarkeing de sites internes (ZIP)
• Groupe consitué de 2 sociétés (BEABLE et ZIP) et d’une holding
• Localisaion : BREST (29)
• CA au 30.06.2022 : BEABLE - 1 788 K€
ZIP - 664 K€
HOLDING - 125 K€
• Effecif : 31 salariés (20 sur BEABLE et 11 sur ZIP)
• Sites Internet : htps://www.beable-together.fr/
htps://zip.fr/
Date limite de dépôt des ofres : Lundi 27 mars 2023 à 11 heures
Une data room électronique sera accessible sur demande écrite et moivée du
candidat, jusiiant d’une capacité commerciale et inancière adaptée, après
signature d’un engagement de conidenialité (Réf. à rappeler : 2768).
APPEL D’OFFRE DE REPRISE D’ENTREPRISE» APPEL D’OFFRE POUR CESSION D’ENTREPRISE DANS LE CADRE
D’UNE PROCÉDURE DE REDRESSEMENT JUDICIAIRE
(articles L.642-22 et R.642-40 du Code de Commerce)
Sécurité privée - Surveillance - Gardiennage
Siège social fixé à : IVRY SUR SEINE (94200) - Effectif au 31 Janvier 2023 : 18 salariés DÉPARTEMENT : PUY-DE-DÔME
Chiffre d’affaires au 31/12/2021 : 635.792 € Activité : Entreprise générale de bâtiment
Chiffre d’affaires au 31/12/2020 : 975.120 € Raison sociale : SAS BATI PRO 63
au bénéfice de laquelle, une procédure de Redressement Judiciaire par jugement en date
Siège social : 1 rue de l’Eminée - 63000 CLERMONT-FERRAND
du 06 Juillet 2022.
Nombre de salariés : 9. Clientèle : Grands comptes privés et publics
La SELAS BL & Associés, Administrateur Judiciaire, 3 bis rue des Archives - 94000 Créteil
Éléments comptables :
Tél. : 01.48.71.86.76 / Courriel : christelle.yvon@bl-aj.fr, invite tout candidat intéressé par la reprise de
Exercice du 01/10/2021 au 30/09/2022 : CA : 4.729 K€
cette société à lui adresser une offre de cession conformément aux dispositions de l’article L. 631-13
et L. 642-2 II du Code de commerce, au plus tard, le Exercice du 01/10/2020 au 30/09/2021 : CA : 5.084 K€
Vendredi 31 Mars 2023 à 12 Heures 00, en son Etude. L’accès aux informations (data-room électronique et/ou dossier de présentation) sera possible après demande écrite précisant l’identité du candidat-
repreneur et justiiant de sa capacité commerciale et inancière à intervenir sur cette afaire et après la régularisation d’un engagement de conidentialité.
L’accès à la dataroom sera autorisé sous les conditions préalables suivantes : - Réception d’une lettre d’intérêt par courriel
Les candidats intéressés sont invités à déposer une ofre avant le lundi 27 mars 2023 à 12 heures dernier délai en l’étude de :
présentant le candidat, le cas échéant représenté, son activité, sa surface financière et ses motivations ; - Signature d’un
Maître Grégory WAUTOT, Administrateur Judiciaire
engagement de confidentialité et non débauchage dont le modèle sera transmis à réception de la lettre d’intérêt. 32 rue Blatin – 63000 Clermont-Ferrand - e-mail : c.bey@ajup.fr

APPEL D’OFFRES APPEL À PARTENARIAT (CESSION DE TITRES OU D’ENTREPRISE)

RECHERCHE DE PARTENAIRE OU DE REPRENEUR SELAS BL & ASSOCIES – 3 bis rue des Archives, 94000 CRETEIL Administrateurs Judiciaires Associés Selarl BCM - Me Sandra BELADJINE
ENTREPRISE EN SAUVEGARDE Email : christelle.yvon@bl-aj.fr et/ou louise.ten-have@bl-aj.fr
START UP – lauréate EURASANTE / Award CES LAS VEGAS Société spécialisée dans le marketing sportif et notamment marketing digital (conseil,
externalisation commerciale, production d’évènements) RECHERCHE DE REPRENEURS
• Région : Hauts de France Siège social fixé à : PARIS (75009) - Effectifs au 01/01/2023 : 8 salariés (hors dirigeant) • Spécialiste de la pierre et du marbre : travaux de revêtement (sols et murs - intérieurs et extérieurs)
• Chiffre d’affaires 2022 : 80 K€ C.A. au 30/11/2022 (11 mois) : 1.967.316 € - C.A. au 31/12/2021 (12 mois) : 2.977.845 € sur des grands projets complexes et luxueux tant en France qu’à l’étranger. Accompagnement du client
• Chiffre d’affaires prévisionnel 2023 : 500 K€ C.A. au 31/12/2020 (12 mois) : 4.616.758 € dès la phase de pré-étude jusqu’à l’exécution complète du chantier. • 22 chantiers en cours dont 5
SELARL AKILINK LABIS
CABOOTER • Acivité : roboique et accompagnement des Société au bénéfice de laquelle une procédure de sauvegarde a été ouverte par jugement chantiers de plus de 1 m€. • Clients : hôtels de luxe, grands comptes, Tertiaire (VINCI, EIFFAGE, SPIE
DE CHANAUD personnes âgées du 21 février 2023, dont la cession pourra être organisée dans le cadre BATIGNOLLES, ARTELIA, ASSEMBLÉE NATIONALE, GEMO) • Qualifications : 6412 Marbrerie
Vincent LABIS d’un Redressement judiciaire ou d’une Liquidation judiciaire.
• Effecif : 12 salariés du bâtiment / 3811 Bardages simples / Technicité courante • Siège social à Boissy-Saint-Leger (94)
Administrateur
Judiciaire Associé • Site internet : www.cuii.io La SELAS BL & Associés, Administrateur Judiciaire, 3 bis rue des Archives - 94000 Créteil • C.A. au 30/09/2022 : 7 570 k€ • Effectif : 42 salariés ; savoir-faire reconnu
Tél. : 01.48.71.86.76 / Courriel : christelle.yvon@bl-aj.fr, iinvite tout candidat intéressé par la reprise de
316, avenue de Dunkerque MODALITÉS : cette société à lui adresser une offre de cession au plus tard, le Vendredi 7 avril 2023 à 12 heures 00, Les offres devront être remises au plus tard le vendredi 31 mars 2023 à 09h30
59130 LAMBERSART • L’accès aux informaions sera réalisé après remise de l’engagement de confidenialité et selon les modalités mentionnées dans le cahier des charges qui sera communiqué dans le cadre de l’accès à la
www.ajilink.fr et des pièces menionnées, téléchargeables sur le site : www.ajilink.fr data-room. L’accès à la data-room sera autorisé sous les conditions préalables suivantes : - Réception d’une lettre d’intérêt L’accès à une dataroom pourra être obtenu, après SELARL BCM - Me Sandra BELADJINE
• Retrouvez l’ensemble des appels d’offre sur www.ajilink.fr par courriel présentant le candidat, le cas échéant représenté, son activité, sa surface financière et ses motivations ; remise des derniers comptes sociaux, présentation 7, rue de Caumartin 75009 PARIS
- Signature d’un engagement de confidentialité et non débauchage dont le modèle sera transmis à réception de la succincte du candidat, de son projet de reprise ainsi Contact : paris@bcm-aj.com
Date limite de dépôt des offres : 17 avril 2023 – 18h00 lettre d’intérêt. » que la signature d’un engagement de confidentialité Référence à rappeler : UNI MARBRES

APPEL D’OFFRES  Catherine POLI Recherche de repreneurs ou d’investisseurs APPEL D’OFFRES DE REPRISE EN PLAN DE CESSION
RECHERCHE DE CANDIDATS OU D’INVESTISSEURS  Philippe JEANNEROT Hélène Bourbouloux I Jean-françois Blanc I Gaël Couturier I Cécile Dür I Nathalie Leboucher I Sylvain CIBILTECH
Aricles L. 642-1 et suivants du Code de commerce  Thibaut MARTINAT Hustaix I Benjamin Tamboise I Charlotte Fort I Alicia Alves I Éric Samson I Théophile Fornacciari Article L.642-2 du code de commerce
 Marlène LOISEAU
ASSOCIATION INITIATIVES SOLIDAIRES
Atelier et Chanier d’Inserion - Accompagnement des personnes en situaion d’exclusion Les candidats intéressés
SAS TECHNI FORET (Tulle – 19) Société technologique développant et exploitant des programmes informatiques
sont invités à se manifester Redressement judiciaire du 11/10/2023 prédictifs basés sur l’intelligence artificielle dans le domaine de la santé et plus
Acivité revalorisaion et transformaion : ateliers de producion de mobiliers et ameublements particulièrement dans le domaine de l’allogreffe
fabriqués en réemploi et réuilisaion de matériaux et maières « bois » et « métal » issus de collectes auprès de : • Acivité : Achat/Vente d’engins foresiers neufs ou d’occasion
ciblées en récupéraion auprès des entreprises et collecivités. SELARL FHB représentant, achat/vente de pièces détachées et entreien & - Chiffre d’affaires : 3.4 M€ - Ancienneté : 3 ans
- Clientèle : marchés, commandes et ventes en BtoB (ville de Stains – Seine-St-Denis). Me Benjamin TAMBOISE et réparaion desdits engins. - Effectifs : 26 salariés - Siège : Paris
- Effecif : 3 CDI et 3 apprenis (permanents), 20 CDD d’Inserion (30h) soit 15 ETP Me Hélène BOURBOULOUX
- Surface de l’atelier et entrepôt : 2380 m2 Administrateurs Judiciaires • Chiffre d’affaires 2021 : 5,7 M€ Les offres de reprise, conformes aux articles L.642-2 et suivants du code de commerce, devront être
- Produits d’exploitaion (2022) : env. 483 K€ Associés • Chiffre d’affaires 2022 (projet) : 3,7 M€ déposées dans les conditions suivantes :
Support et accompagnement socio-professionnel : 6 CDI et 1 appreni 176 avenue Charles de Gaulle • Effecif total : 6 salariés
Site internet : htps://www.iniiaivessolidaires.com/ 92200 Neuilly-sur-Seine Date limite de dépôt des offres : 19 mars 2023 avant minuit à l’étude
Date limite de dépôt des offres : 31 mars 2023 à 17h00 www.hbx.eu La date limite de dépôt des offres de reprise est fixée au BTSG², 15 rue de l’Hôtel de Ville à Neuilly-sur-Seine (92200)
TOUT CANDIDAT DOIT SE MANIFESTER PAR ÉCRIT e-mails : 20 mars 2023 à 12h. Contact pour informations : Emile.KERR@btsg.eu
AJRS – Maître Philippe JEANNEROT - 7 Rue Jean Mermoz – 78000 VERSAILLES - Et auprès des benjamin.tamboise@hbx.eu
karine.couteau@hbx.eu L’accès à une data room électronique sera autorisé après régularisaion d’un engagement • ILE-DE-FRANCE • PACA • AUVERGNE-RHONE-ALPES • BOURGOGNE-FRANCHE-COMTE •
personnes suivantes : Courriels : valenin.laigneau@aj-rs.com et guillaume.jeannerot@aj-rs.com de confidenialité et une présentaion succincte du candidat. • NOUVELLE AQUITAINE • HAUTS-DE-FRANCE •

APPEL D’OFFRES  Catherine POLI Recherche de repreneurs APPEL D’OFFRES - CESSION D’ENTREPRISE
RECHERCHE DE CANDIDATS OU D’INVESTISSEURS  Philippe JEANNEROT (L.642-2 et suivants du Code de commerce)
Hélène Bourbouloux I Jean-françois Blanc I Gaël Couturier I Cécile Dür I Nathalie Leboucher I Sylvain
Aricles L. 642-1 et suivants du Code de commerce  Thibaut MARTINAT Hustaix I Benjamin Tamboise I Charlotte Fort I Alicia Alves I Éric Samson I Théophile Fornacciari RESTAURANT / BRASSERIE
 Marlène LOISEAU Activité : Restaurant, Café, Bar (licence IV)
ASSOCIATION INITIATIVES SOLIDAIRES SAS MARREL CONCEPT Chifre d’afaires au 31/12/2021 : 172 K€
Atelier et Chanier d’Inserion - Accompagnement des personnes en situaion d’exclusion Les candidats intéressés Redressement judiciaire du 2 mars 2023
sont invités à se manifester Chifre d’afaires au 31/12/2020 : 168 K€
Acivité restauraion collecive et solidaire : gesionnaire du restaurant municipal et inter-administraif auprès de : • Acivité : Fabricaion sur-mesure de vitrines réfrigérées et de meubles associés pour Capacité d’accueil : 91 couverts (77 en salle et 14 en terrasse) Maître
de la Ville de Stains (Seine-Saint-Denis) tout type d’agencements de magasin, hôtels et restaurants Efectifs : 3 salariés Charles GORINS
- Capacité : 120 places assises, à emporter ou en livraison SELARL FHB • Siège social : 330 route de la Vallée à Civrieux-d’Azergues (69380) Localisation : PARIS 1 (à proximité du Louvre, de l’Opéra 48 rue La Fayette
- Effecif : 3 CDI (permanents) et 26 CDD d’Inserion (30h) soit 20 ETP Me Gaël COUTURIER • Chiffre d’affaires 2022 (projet) : 2 945 357 € Garnier et de la Comédie-Française) 75009 PARIS
- Produits d’exploitaion (2022) : env. 959 K€ Administrateur Judiciaire • Effecif total : 23 salariés
Associé Date RJ : 19 janvier 2023 Réf. dossier : 1373
Support et accompagnement socio-professionnel : 6 CDI et 1 appreni 24 Rue Childebert
Les iers sont invités à remetre leur offre de reprise (conforme à l’aricle L. 642-2 du La date limite de dépôt des ofres est fixée au
code de commerce) en 6 exemplaires (dont 1 non relié) à l’administrateur judiciaire. CONTACT
Site internet : htps://www.iniiaivessolidaires.com/ 69002 Lyon
www.hbx.eu La date limite de dépôt des offres de reprise est fixée au
31 mars 2023 à 12H00 Séphora ZEPHIR
Date limite de dépôt des offres : 31 mars 2023 à 17h00 14 avril 2023 à 14h00 Les ofres sont à déposer en 3 exemplaires originaux + par courriel à : paris@p2g.fr paris@p2g.fr
TOUT CANDIDAT DOIT SE MANIFESTER PAR ÉCRIT e-mails : Une data room électronique hébergée sur notre site www.p2g.fr sera accessible Tél : 01.48.24.34.35.
L’accès à un dossier de présentaion sera autorisé après régularisaion d’un après signature d’un engagement de confidentialité téléchargeable sur notre site.
AJRS – Maître Philippe JEANNEROT - 7 Rue Jean Mermoz – 78000 VERSAILLES - Et auprès des gael.couturier@hbx.eu engagement de confidenialité, la signature du règlement Data Room et une
personnes suivantes : Courriels : valenin.laigneau@aj-rs.com et guillaume.jeannerot@aj-rs.com maeva.jacquet@hbx.eu présentaion succincte du candidat et des moyens dont il dispose. www.p2g.fr

APPEL D’OFFRES EN VUE  Catherine POLI Merci de contacter : AJ PARTENAIRES Merci de contacter : AJ PARTENAIRES
D’UNE CESSION D’ENTREPRISE EN  Philippe JEANNEROT Maîtres Didier LAPIERRE et Ludivine SAPIN Me Ludivine SAPIN
 Thibaut MARTINAT M. Paul BOISSON Mme Lauriane DUFOUR
REDRESSEMENT JUDICIAIRE  Marlène LOISEAU 174 rue de Créqui - 69003 LYON – Tél : 04 78 60 00 30 174 rue de Créqui - 69003 LYON
Courriel : paul.boisson@ajpartenaires.fr Tél : 04 78 60 00 30
Etude et réalisaion de RECHERCHE DE PARTENAIRES/REPRENEURS
courriel : lauriane.dufour@ajpartenaires.fr
moules en cire perdue DANS LE CADRE D'UNE PROCEDURE DE SAUVEGARDE
RECHERCHE DE REPRENEURS
EN VUE DE LA CONVERSION DE LA PROCEDURE DE SAUVEGARDE EN
Date R.J. : 02/03/2023 - région : SAONE ET LOIRE (71) REDRESSEMENT JUDICIAIRE
Acivités : Activité de l’entreprise : Fabrication industrielle de (C.COM ARTICLES L.642-1 ET SUIVANTS)
- Etude et réalisaion de moules, ouillages et accessoires, pour des produits de charcuterie : lardons/pâtes fines/tranchés Nom de l’entreprise : SASU RINALDI STRUCTAL
fonderies uilisant le procédé de la fonderie cire perdue, Activité de l’entreprise : Conception, production et pose de façades de hautes
- Savoir-faire : ingénierie (concepion des moules et ouillages associés), Clientèle : Grande distribution/Restauration/ technologies en aluminium. Chantiers d’envergure
usinage 3D (FAO, usinage à commande numérique 3 et 5 axes, Grossistes Localisation : Aisne (02) - Haut-Rhin (68)
(électroérosion fil et enfonçage usinage convenionnel), ajustage, Effectif actuel : 153
contrôle dimensionnel, scan 3D et rétroconcepion. Localisation : Région lyonnaise CA HT au 30/09/2022 (12 mois) : 34 613 K €
Effecif : 21 salariés, tous en CDI Valeur nette comptable des immobilisations au 30/09/2022 : 3 394 K €
Principales données chiffrées : Effectif actuel : 140 salariés Locaux d’activité : deux sites en pleine propriété :
- Site de PINON :
Exercice 31/12/2022 (projet) CA HT : 2 497 K€ Rnet : -31 K€ CA HT du dernier Exercice (31/12/2021) : 54 185 K€ Surface édifiée d’environ 68 800 m2
Exercice 31/12/2021 CA HT : 2 686 K€ Rnet : 153 K€ Valeur nette comptable des immobilisations du dernier Local à usage d’atelier de peinture de 3 324 m2
Total de plus de 30 000m2 de surface bâtie
Exercice 31/12/2020 CA HT : 2 384 K€ Rnet : -653 K€ exercice connu : 8 419 K€ - Site de COLMAR :
Date limite de dépôt des offres : 12/05/2023 à 12 h 00, Locaux d'activité : Tènement industriel 14 500 m2 sur Terrain de 6 101 m2 et 1 750m2 de surface édifiée comprenant : bureaux,
à l’adresse de l’administrateur judiciaire. entrepôts et ateliers.
un terrain de 30 000 m2 en zone industrielle/Bail à Titres de participations : STRUCTAL UK :
En cas de projet de plan de cession, les candidats acquéreurs se conformeront strictement aux
disposiions des aricles L 642-2 et suivants et R 642-1 et suivants du Code de Commerce. construction terme janvier 2026 Effectif : 32 salariés
Accès à la dataroom sur demande écrite et présentaion, après engagement de confidenialité. Activité : chantiers de façades d’envergure en Angleterre
SELARL AJRS, Me Marlène LOISEAU – 12 boulevard Thiers – 21000 DIJON
Mail : marlene.loiseau@aj-rs.com / dijon@aj-rs.com – Tél : 03.80.74.01.76 DATE LIMITE DE DÉPÔT DES OFFRES : DATE LIMITE DE DÉPÔT DES OFFRES :
Réf à rappeler : 5441 VENDREDI 14 AVRIL 2023 À 12H00 VENDREDI 31 MARS 2023 À 12H00

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 Vendredi 10 et samedi 11 mars 2023 Les Echos 26
HIGH-TECH&MEDIAS

Face aux Gafa, les télécoms

multiplient les alliances
TÉLÉCOMS
Pour retrouver de la
valeur face aux gran-
des plateformes, les
« telcos » commencent
à travailler ensemble
sur des projets mon-
diaux dans la publicité
ou le logiciel.
Raphaël Balenieri
@RBalenieri
Les concurrents d’hier sont deve-
nus… les meilleurs amis. Face aux
grandes plateformes à la Netflix, les
opérateurs télécoms ont décidé
d’unir leurs forces. Les alliances
industrielles multi-opérateurs sur
des projets européens, voire mon-
diaux, se sont multipliées ces der-
nières semaines, alors que le sec-
teur tente de retrouver de la valeur
par rapport aux Big Tech qui « acca-
parent » les réseaux.
Le sujet a été l’un des grands thè-
mes du Mobile World Congress, la
grand-messe annuelle des télécoms
qui vient de se terminer à Barce-
lone. Christel Heydemann, la
patronne d’Orange, voit même dans
cette approche ouverte « la clé de la
résilience » des télécoms. « La colla-
boration va devenir un pilier fonda-
mental dans la façon dont nous opé-
rons et innovons », a promis la
dirigeante. Plusieurs projets signa-
lent en tout cas un changement
dans ce sens. A Barcelone, 21 opéra-
teurs ont ainsi lancé le projet Open
Gateway. L’idée : offrir des briques
logicielles (8 API à ce stade) exploi-
tant au maximum les fonctionnali-
tés de la 5G, pour que les déve-
loppeurs d’applications et les géants
du cloud puissent lancer de nou-
veaux services. Avec, à la clé, de nou-
veaux revenus pour les opérateurs.
Pour la GSMA, l’organisation qui
défend l’écosystème du mobile et
porte le projet, il s’agit d’un « change-
ment de paradigme ». Et pas unique-
ment parce que l’initiative rassem-
ble tous les continents, des
Américains (AT&T, Verizon,
Liberty Global) à l’Asie (China
Mobile, le Coréen KT et le Japonais
KDDI). Sans oublier l’Afrique
Moyen-Orient (MTN, l’émirati e&)
et les grands opérateurs européens
(Orange, TIM, Telefonica, Deutsche
Telekom et Vodafone). Dans cette
approche, les plateformes ne sont
plus vues comme des prédateurs
mais comme des clients potentiels,
qui paieront pour utiliser ces API.
Une approche collaborative
Quelques semaines auparavant,
Orange, Telefonica, Deutsche
Telekom et Vodafone avaient, quant
à eux, lancé une co-entreprise dans
la publicité numérique. Dans le
cadre du projet TrustPid, les quatre
géants européens des télécoms tra-
vaillent sur un identifiant publici-
taire alternatif aux méthodes de
ciblage de Google et Facebook.
Aujourd’hui, les opérateurs ont
chacun 25 % des parts de cette joint-
venture. Mais après la phase de test,
la plateforme sera bien ouverte à
tous les opérateurs européens qui le
souhaitent.
A Barcelone,
21 opérateurs ont
ainsi lancé le projet
Open Gateway.
Toujours dans cette approche
collaborative, Orange et Vodafone
vont aussi construire ensemble un
réseau Open RAN en Roumanie –
une première en Europe. Le but est
de tester cette nouvelle architec-
ture, qui repose sur des logiciels
multifournisseurs et non plus sur
les traditionnelles antennes d’Erics-
son, Huawei ou Nokia, avant un
déploiement plus large dans
l’Europe rurale.
Certes, les opérateurs n’ont pas
attendu 2023 pour travailler de con-
cert. « Sur le fond, ce n’est pas nou-
veau. Les télécoms, par nature, doi-
vent être interopérables », rappelle
Sylvain Chevallier, associé chez Bea-
ringPoint. Depuis l’éclatement de la
2G dans les années 1980 (les Etats-
Unis et l’Europe utilisaient alors
deux standards différents), les opé-
rateurs ont tout fait pour harmoni-
ser les générations mobiles succes-
sives, jusqu’à la 5G actuelle.
Par la suite, les opérateurs se sont
aussi rapprochés pour faire des
économies d’échelle, ou sur des pro-
je ts d’i nn ova t io n c om mu ns.
Depuis 2011, Orange et Deutsche
Telekom achètent ensemble leurs
équipements via une plateforme
d’achats conjoints. Les deux opéra-
teurs étaient aussi associés dans
Djingo, une enceinte connectée. La
nouveauté, désormais, est que les
alliances industrielles touchent des
domaines en dehors des télécoms,
comme la publicité numérique.
15 milliards d’euros par an
Car entre-temps, le poids des plate-
formes n’a cessé d’augmenter. En
France, cinq acteurs (Netflix, Goo-
gle, Akamai, Facebook et Amazon)
utilisent à eux seuls 51 % de la bande
passante des opérateurs télécoms,
selon l’Arcep, le régulateur des télé-
coms. Pour absorber ce trafic, les
opérateurs européens vont devoir
investir 15 milliards d’euros par an,
en plus des 56 milliards habituels.
Or en face, les telcos peuvent diffici-
lement augmenter le prix des for-
faits, même si l’inflation leur donne
un argument tout trouvé. A cela
s’ajoute l’absence de consolidation
pan-européenne qui permettrait Le Mobile World Congress, la grand-messe annuelle des télécoms,
potentiellement aux opérateurs de s’est tenu du 27 février au 2 mars à Barcelone. Photo Albert Gea/Reuters
gagner en taille critique.
Dans ce contexte, « le but des tion. Or sur les projets précédents, ils d’Amazon ou de Google.« Open
alliances industrielles n’est plus seu- ont échoué terriblement. » Gateway a davantage de chances de
lement de faire des économies, mais Avec 421 millions d’utilisateurs réussir, car il s’agit d’un projet de
de générer des revenus », rappelle début 2022, le système RCS – un pro- standardisation plus classique »,
Paolo Pescatore, analyste télécoms tocole lancé en 2008 pour concevoir estime toutefois Sylvain Chevallier.
indépendant. « Les opérateurs ont des SMS enrichis – n’a ainsi pas Mais les 21 opérateurs devront se
une base client installée, ils gèrent la empêché le raz-de-marée What- mettre d’accord sur un partage de la
facturation, ce qui les place collective- sApp. De la même façon, Orange a valeur entre eux. Et faire cohabiter
ment dans une situation unique. enterré Djingo, l’enceinte n’ayant autant de cultures d’entreprise dans
Toute la difficulté réside dans l’exécu- jamais pu s’imposer face à celles cette alliance hétéroclite. n

BT veut devenir l’opérateur

de référence pour les
entreprises européennes
TÉLÉCOMS
Comme Orange
aujourd’hui, l’opéra-
teur historique au
Royaume-Uni a pro-
fondément restructuré
sa branche B2B.
C’est un cas intéressant à suivre,
notamment pour Orange qui est en
train de remanier Orange Business,
sa filiale B2B en difficulté. Et pas
uniquement parce que son premier
actionnaire s’appelle Patrick Drahi.
Au Royaume-Uni, l’opérateur his-
torique BT (ex-British Telecom) a
déjà accompli sa propre réorgani-
sation. Ce qui lui permet de mieux
se positionner auprès des entrepri-
ses européennes.
Depuis le Covid-19, tous les opé-
rateurs télécoms en Europe font
face à un déclin de leurs activités
B2B traditionnelles, surtout les
appels voix. Dans les entreprises, le
bon vieux combiné noir a été
remplacé par Teams ou Zoom.
devenir des intégrateurs, « packa-
geant » et installant des services
informatiques chez les clients, à la
façon des Atos ou des Capgemini.
Pour cela, le groupe est en train
de fusionner ses activités Entrepri-
ses et International en une seule
division. Baptisée BT Business,
cette entité pèsera 8,5 milliards de
livres de chiffre d’affaires et 2 mil-
liards d’Ebitda. Avec, à la clé,
100 millions d’économies. « Même
si nous ne sommes pas dans les
chaussures de Patrick Drahi, notre
transformation est largement soute-
nue », sourit Joris van Oers, le
patron des ventes Monde et Europe
de BT. Depuis la fin 2022, le cours en
Bourse, en tout cas, est en nette
progression (+31 %).
L’opérateur n’a pas attendu le
Covid-19 pour se transformer. Alors
qu’Orange vient tout juste de pré-
senter son plan pour 2025, BT, lui,
s’est réorganisé… dès 2018. Le
groupe cède alors des activités
moins stratégiques pour se recen-
trer – comme Orange aujourd’hui –
sur un triptyque : les réseaux, le
cloud et la cybersécurité. Sur ce
dernier métier, BT compte désor-
mais 13 centres dans le monde
(dont un à La Défense, à Paris), où
450 analystes déjouent 6.500 cybe-
rattaques par jour.
Parallèlement, en Europe conti-
nentale, BT choisit de cibler exclusi-
vement les multinationales. Parmi
ses clients aujourd’hui : Alstom,
Michelin, DHL… « Aujourd’hui,
quand vous appelez votre compagnie
aérienne, il y a de fortes chances pour
que l’appel soit assuré par BT », résu-
me Joris van Oers.
Les nouveaux métiers
désormais majoritaires
Cette transformation a fait chuter
les effectifs de 17.000 salariés à
14.000 sur la partie entreprises.
Mais pour Joris van Oers, ce recen-
trage a été bénéfique. Les nouveaux
métiers représentent ainsi 53 % des
ventes B2B de BT, contre 44 % chez
Orange.
Certes, le chiffre d’affaires sur le
B2B est toujours en baisse (-5 % sur
les neuf premiers mois de l’année, à

L’informatique n’est plus hébergée
sur site mais dans le cloud, créant
de nouveaux besoins en matière de
cybersécurité.
Or ces nouveaux métiers sont
moins rémunérateurs pour les opé-
rateurs. Tous cherchent donc à
8,5
3,7 milliards de livres sterling), tout
comme l’Ebitda (-19 % à 1 milliard
de livres). Mais il s’agit d’une baisse
conjoncturelle liée au contexte
MILLIARDS DE LIVRES macroéconomique difficile. Sur le
Le chiffre d’affaires de la future long terme, BT estime que son pari
entité BT Business. sera gagnant. — R. Ba.
27 Les Echos Vendredi 10 et samedi 11 mars 2023
Apple lance
une appli
de musique
classique
APPLICATIONS
La firme de Cuper-
tino annonce l’arri-
vée, le 28 mars
prochain, de la
plateforme « Apple
Music Classical ».
Stéphane Loignon
@stephloignon
Bonne nouvelle pour les ama-
teurs de musique classique.
Apple lance pour eux le 28 mars
prochain une nouvelle applica-
tion, « Apple Music Classical »,
dédiée à ce genre musical. Dis-
ponible dès ce jeudi en précom-
mande sur l’App Store, elle sera
incluse dans l’abonnement
Apple Music (10,99 euros par
mois en France), sans surcoût.
Il ne sera pas possible de s’abon-
ner uniquement au service de
musique classique. L’applica-
tion sera diffusée partout dans
le monde, sauf en Chine, Japon,
Corée et Taïwan, pays qui sui-
vront prochainement.
Avec ce lancement, la firme à
la pomme veut offrir une solu-
tion au problème du référence-
ment complexe des œuvres de
musique classique sur les plate-
formes de streaming. Sur cel-
les-ci, les morceaux de pop, de
variété ou de rap sont facile-
ment identifiables par le titre et
le nom du groupe.
Apple pourra
s’appuyer
sur l’expertise
de Primephonic.
Mais dans le domaine de la
musique classique, les œuvres
peuvent être recherchées par le
nom du compositeur, de l’inter-
prète, par la date ou le lieu de
l’interprétation, la participa-
tion de tel musicien, musi-
cienne ou chef d’orchestre, le
type de composition (sonates,
valses, impromptus, lie-
der, etc.), le numéro d’opus, la
tonalité, tout cela selon un sys-
tème de notation francophone
(do, ré, mi, etc.) ou anglophone
(C, D, E…). Un vrai casse-tête de
métadonnées pour les platefor-
mes de streaming généralistes.
5 millions de morceaux
La nouvelle application d’Apple
facilitera les recherches des
mélomanes et leur promet de
« trouver rapidement et facile-
ment n’importe quel enregistre-
ment », selon un communiqué
du groupe. Pour cela, la firme
pourra s’appuyer sur l’expertise
de Primephonic, un service de
streaming de musique classi-
que racheté en août 2021, et mis
hors ligne dans la foulée, dont
l’interface était appréciée de ses
abonnés. Elle permettra peut-
être de mieux rémunérer les
interprètes en les mettant
mieux en valeur, même si
Apple n’a pas donné tous les
détails sur son nouveau service.
« Le plus grand catalogue de
musique classique du monde »,
selon Apple, comprendra en
tout cas 5 millions de morceaux
et des milliers d’albums exclu-
sifs. L’application intégrera
aussi des biographies de com-
positeurs et des guides pour
certaines œuvres.
La firme précise travailler
avec des artistes et des institu-
tions renommées pour offrir
des contenus et des enregistre-
ments inédits. Le service pro-
met enfin aux auditeurs « la
meilleure qualité audio disponi-
ble » et des milliers d’enregistre-
ments dans le format de son
immersif audio spatial. n
JCDecaux repasse dans le vert
mais chute lourdement en Bourse
PUBLICITÉ
L’an passé, le numéro
un mondial de la
communication
extérieure a renoué
avec la rentabilité.
Mais les perspectives
pour le début 2023
n’ont guère enchanté
les marchés financiers.
Nicolas Richaud
NicoRichaud
Une rentabilité au vert, un cours de
Bourse dans le rouge. Jeudi, le
groupe français JCDecaux a
annoncé qu’il avait généré un résul-
tat net de 132 millions d’euros l’an
passé, après avoir enregistré une
légère perte en 2021 (–14,5 millions)
et un déficit massif en 2020
(–604,6 millions) en raison de la
crise sanitaire. « Après une
année 2021 de convalescence post-Co-
vid, nous avons repris de l’élan », a
fait valoir Jean-Charles Decaux,
président du directoire du numéro
un mondial de la communication
extérieure. « L’an passé, tous les seg-
ments de notre activité ont connu une
progression à deux chiffres. » Dans le
détail, le mobilier urbain (pesant
plus de la moitié des revenus du
groupe), le transport et l’affichage
ont respectivement affiché des taux
de croissance organique, sur un an,
de 18,5 %, 15 % et 13,5 %.
Spotify veut aider
les artistes à mieux
monétiser leur musique
PLATEFORMES
Le leader mondial
du streaming musical
dévoile une nouvelle
interface mobile et
une série d’outils pour
permettre aux créa-
teurs de promouvoir
leurs activités.
Mis sous pression par certaines
majors de l’industrie du disque
comme Universal Music Group
(UMG), qui réclament une
meilleure rémunération de leurs
artistes, Sp otify rép ond à sa
manière en dévoilant une série de
nouveaux services à destination
des créateurs.
Lors d’un événement organisé à
Los Angeles, « Stream On », le lea-
der mondial du streaming musical
a annoncé plusieurs évolutions de
la plateforme : à la fois pour renfor-
cer la relation entre l’artiste et les
fans, en particulier par une nou-
velle interface mobile dynamique,
avec plus de vidéo et des extraits de
musique ; et pour développer les
possibilités de monétisation des
créateurs. La plateforme se félicite
au passage d’avoir reversé aux
ayants droit près de 40 milliards de
dollars depuis sa création, en 2006,
et de compter désormais plus d’un
demi-milliard d’utilisateurs men-
suels actifs.
A la manière des réseaux sociaux
comme TikTok, la présence de la
vidéo sera renforcée, et ce dès la
page d’accueil, jusqu’ici relative-
ment statique. Les créateurs pour-
ront poster des vidéos de moins de
30 secondes, comme des miniclips
illustrant leur musique, des extraits
pour promouvoir un podcast ou
des messages à l’attention de leurs
fans. Ces vidéos seront aussi mises
en avant dans les playlists.
HIGH-TECH & MEDIAS
Le chiffre d’affaires global s’est
élevé à 3,3 milliards d’euros, soit un
bond de 16,6 % par rapport à 2021,
mais qui reste en deçà du volume
d’activité enregistré en 2019 (3,9 mil-
liards). La raison ? JCDecaux a pour-
suivi son redécollage dans tous les
pays – dont la France, où le chiffre
d’affaires a accéléré de 12,1 %, à près
de 600 millions, soit presque le
niveau d’activité enregistré pré-Co-
vid –, hormis en Chine, devenue son
premier marché avant la crise sani-
taire. L’an dernier, la Chine a repré-
senté 11 % des revenus du groupe,
contre près de 20 % en 2019.
Pas de versement
de dividendes
Reste que la fin de la politique zéro
Covid devrait changer la donne
pour 2023… dans quelques semai-
nes, selon les prévisions du groupe
Xavier Popy/RÉA
qui table sur une croissance de près
de 2,5 % de ses revenus organiques
globaux lors du premier trimestre.
Une décélération marquée de sa
croissance, due à une baisse à deux
chiffres du chiffre d’affaires en En France, le chiffre d’affaires de JCDecaux a accéléré de 12,1 %, à près de 600 millions d’euros.
Chine sur la période. « Nous com-
m e n ç o n s à o b s e r ve r u n p o i n t à 4,03 milliards d’euros. Les inves- semestre, mais celle-ci s’est finale- dendes à ses actionnaires. « La
d’inflexion en Chine et notre activité tisseurs s’attendaient aussi à ment établie à 419 millions. Enfin, consolidation du secteur pourrait
va y enregistrer une remontée à une marge opérationnelle de selon une note de la banque JP Mor- redémarrer cette année dans le sec-
compter du 2e trimestre. Mais nous 429 millions d’euros lors du second gan, la situation économique teur et nous devons avoir des fonds
ignorons encore quel va être le degré actuelle constituerait « un impor- pour financer ces possibles opéra-
de cette pente », a détaillé Jean - tant élément défavorable pour les tions de croissance externe », a justi-
3,3
Charles Decaux. Une annonce qui budgets publicitaires cette année, avec fié Jean-François Decaux, codirec-
n’a guère enchanté les marchés un risque de baisse supplémentaire teur général du groupe, qui
financiers. au niveau du bénéfice ». pourrait donc se montrer des plus
Sur la place de Paris, le cours de Autre explication à ce recul actif sur ce front-là en 2023.
l’action chutait lourdement de MILLIARDS D’EUROS boursier prononcé : JCDecaux a
16,9 % jeudi à la clôture, ramenant la Le montant du chiffre d’affaires annoncé qu’il allait, à nouveau, Lire « Crible »
capitalisation boursière du groupe global de JCDecaux, en 2022. s’abstenir de tout versement de divi- ( Page 36
VOUS RÉVÈLE LES DESSOUS DE LA CULTURE
« Cela permettra aux utilisateurs
qui naviguent sur la page d’accueil de
se faire une idée du contenu, avant
même de cliquer dessus », souligne
le directeur général en France de PASCAL, LE CŒUR ET LA RAISON
Spotify, Antoine Monin. Des for-
mats courts d’une dizaine de secon- Il avait, à l’âge de douze ans, trouvé tout seul
des existaient déjà. l’un des théorèmes d’Euclide ; à dix-neuf, il
De plus en plus de podcasts avait mis au point la première calculatrice de
seront également publiés sous for- l’Histoire. Mais c’est par sa pensée et par son
mat vidéo. Les artistes pourront style que Blaise Pascal a acquis la renommée
aussi mieux alerter leurs fans d’une d’un des plus grands écrivains de langue
sortie d’album à venir, avec un for-
française. Pour célébrer les quatre cents ans
mat de prévisualisation où il sera
de sa naissance, à Clermont, en 1623, Le Figaro
possible de poster diverses infor-
mations, comme la liste des titres, Hors-Série rend hommage à l’inventeur, au
des extraits musicaux, des messa- polémiste, au défenseur de Port-Royal, au
ges vidéo ou encore un compte à penseur de l’abîme, de la Grâce et du Salut.
rebours. Récit de sa vie, analyse de sa philosophie, de
son style, des influences de saint Augustin,
Places de concert Montaigne ou Descartes sur sa philosophie,
et produits dérivés dictionnaire des personnages qui ont peuplé
Last but not least, la plateforme va son univers… Tout ce que vous devez
donner la possibilité à tous les artis- absolument savoir sur l’auteur des Pensées
tes de promouvoir directement sur
est réuni dans un numéro exceptionnel de
leurs pages leurs dates de concert,
qui seront affichées en haut des 160 pages, magnifiquement illustré.
playlists avec des liens vers des sites
de billetterie.
De la même manière, il leur sera
aussi possible de commercialiser
leurs produits dérivés. Ces fonc-
tionnalités seront intégrées dans le
back- office de l’application,
« Spotify for Artists ». Spotify ne
prend pas de commission – pour
l’instant – sur ces services, qui ont
vocation à augmenter les revenus
des artistes.
La plateforme, qui reverse envi-
ron 70 % de ses recettes aux ayants
droit de la musique et a affiché des
pertes importantes en 2022, conti-
nue d’être régulièrement critiquée
€ 160 pages, actuellement disponible
pour les revenus jugés trop faibles
qu’en tirent les artistes. Au début de
l’année, le patron d’UMG, Lucian
13,90 chez votre marchand de journaux et sur www.figarostore.fr/hors-serie
Grainge, a ainsi appelé à une évolu-
tion du modèle de rémunération Retrouvez Le Figaro Hors-Série sur Twitter et Facebook
des plateformes de streaming. Sans
changer le sien, Spotify montre que
le message a été entendu. — S. Lo.

START-UP
Record de fusions-acquisitions
dans la proptech
PROPTECH
Lors de la dernière
année fiscale, clôturée
fin mai 2022, 73 opéra-
tions de M&A ont été
enregistrées dans le
monde, selon le baro-
mètre « PropTech
Global Trends 2022 »,
soit 38 % de plus que
l’année précédente.
Charlie Perreau
@CharliePERREAU
L’année 2022 a été en quelque sorte
l’année des fusions-acquisitions
dans le monde des start-up. La
proptech ne fait pas exception.
Selon le baromètre « PropTech Glo-
bal Trends 2022 » réalisé par l’Ecole
supérieure de commerce de Paris
avec la principauté de Monaco,
73 opérations de M&A ont été enre-
gistrées dans ce secteur dans le
monde durant la dernière année fis-
cale (juin 2021 à fin mai 2022), un
record. C’est 38 % de plus que
l’année précédente.
« C’est la fin d’un cycle. Le capital
investi dans les proptechs il y a six ou
sept ans est en train de sortir »,
observe Robin Rivaton, cofondateur
du think tank Real Estech et PDG de
Ces biotechs qui utilisent l’IA et veulent révolutionner la santé
BIOTECH
Une nouvelle généra-
tion de start-up utilise
l’intelligence artifi-
cielle pour analyser
des montagnes de
données cliniques et
développer des nou-
veaux médicaments.
Hortense Goulard
@HortenseGoulard
— Correspondante à San Francisco
Développer un nouveau médica-
ment est un processus long, coûteux
et semé d’embûches. « Les compa-
gnies pharmaceutiques cherchent
une molécule qui va interagir avec une
cible », comme une protéine, par
exemple, explique Yann Gaston-Ma-
thé, fondateur d’Iktos. Ces molécu-
les doivent être sélectives – c’est-à-
la proptech Stonal. Face à l’arrêt des
introductions en Bourse, les pépites
de la tech – tous secteurs confondus
– ne peuvent effectuer une sortie
qu’en passant par la case rachat.
Les start-up les plus matures ne
sont pas les seules à se faire avaler,
soit par un concurrent, par un grand
groupe ou par un fonds d’investisse-
ment. « Avec l’intensification de la
concurrence en amorçage, les petites
entreprises sont aussi incitées à envi-
sager des fusions », soulignent les
auteurs de l’étude. Les raisons des
opérations de fusions-acquisitions
sont multiples : acquérir une base
de clients, une brique technologique
ou une équipe spécialisée.
Acheteurs inhabituels
Ce sont surtout les grands acteurs de
l’immobilier qui ont fait leurs
emplettes en 2021 et 2022. « Les pro-
moteurs, asset managers et courtiers
ont connu une décennie incroyable.
Ils ont fait des marges exceptionnelles.
Ce n’est clairement pas un secteur qui
va mal », constate Robin Rivaton. Le
premier acquéreur de proptech est
CoStar, un des leaders mondiaux de
l’information sur l’immobilier com-
mercial, qui a mis la main sur sept
pépites. En deuxième place, le site
d’annonces immobilières Zillow (six
acquisitions). On retrouve dans les
plus gros acheteurs des noms bien
connus comme Airbnb et Autodesk.
dire interagir avec cette cible
seulement –, mais aussi solubles et
stables. Il faut par ailleurs qu’elles
soient bien absorbées par l’intestin
et qu’elles ne soient pas toxiques.
La bonne molécule coche toutes
les cases d’un cahier des charges d’au
moins une dizaine de critères. « Cela
revient à chercher une aiguille dans
une botte de foin, ou un mouton à cinq
pattes, puisque le monde des molécu-
les possibles est presque infini,
affirme le dirigeant. Tester une seule
molécule représente des milliers
d’euros d’investissements et des
semaines de travail qualifié… Tout
cela pour un traitement qui n’a que
très peu de chances de fonctionner. »
Une nouvelle génération de
start-up mise sur l’intelligence artifi-
cielle (IA) pour résoudre cette équa-
tion délicate. « Tout une nouvelle
classe de biotech est en train d’émer-
ger. Elles ont levé suffisamment de
fonds pour changer la façon dont on
cherche des médicaments », relève
Plus surprenant en revanche, la
montée en puissance du géant du
private equity Blackstone (975 mil-
liards de dollars sous gestion), qui a
croqué six proptechs. Deux nou-
veaux acteurs dans le Top 10 des
acheteurs : Jones Lang LaSalle (con-
seil en immobilier d’entreprises) et
Fortive, un groupe présent dans des
secteurs très variés comme les tech-
nologies de précision, l’e-santé ou
l’efficacité énergétique.
Les start-up
les plus matures
ne sont pas les seules
à se faire avaler.
Tous ces acteurs sont américains,
ce qui ne signifie pas que l’Europe
(en particulier la France) ne connaît
pas un effet de concentration, bien
au contraire. Ces derniers mois,
Liberkeys (néoagence) a été rache-
tée par le Crédit Mutuel Arkéa,
Homepilot (gestion locative) par la
licorne IAD, Unkle (assurance loca-
tive) par l’assurance habitation
Luko. Dans le secteur de la vente
garantie instantanée, Homeloop a
été acquis par le groupe Benedic
Immobilier et l’italien Casavo a
racheté la néoagence Proprioo.
Si les fusions-acquisitions ont
battu des records en 2021-2022, c’est
Jérôme Pesenti, ancien directeur de
l’IA chez Facebook qui a récemment
rejoint le conseil d’administration
d’Owkin, une start-up du secteur.
Plateforme de robotique
Ces jeunes pousses ont, de plus en
plus, les moyens de leur ambition.
Iktos vient de lever 15,5 millions
d’euros. Son objectif : être présent
sur toutes les étapes du développe-
ment de nouveaux médicaments.
La start-up s’est d’abord dévelop-
pée en proposant ses services à des
clients – des entreprises pharma-
ceutiques partageant leurs données
avec la jeune pousse, qui leur sug-
gère de nouvelles molécules. Elle a
ensuite conçu une plateforme avec
un système d’abonnements, afin que
ses clients puissent eux-mêmes
effectuer ces recherches.
L’entreprise parisienne veut
désormais mener à bien ses propres
projets de recherche, en contrôlant
toutes les étapes. La production à
aussi le cas des investissements en
equity. Sur la dernière année fiscale,
plus de 20 milliards ont été investis
dans les proptechs dans le monde,
contre 17,5 milliards l’année précé-
dente (+14,5 %). Les Etats-Unis col-
lectent les deux tiers des investisse-
ments, suivis, loin derrière, de la
Corée du Sud (1,8 milliard de dol-
lars) et de l’Inde (871 millions).
Montée de l’Inde
« Les pays émergents comme l’Inde
ont sauté des étapes dans l’immobi-
lier, comme sur les télécoms ou le paie-
ment mobile. En Europe, nous som-
mes passés des annonces sur papier
aux annonces en ligne alors qu’ils sont
passés directement à des portails
très sophistiqués sur lesquels vous
pouvez faire du crédit immobilier,
gérer votre déménagement… »,
raconte Robin Rivaton. Une sorte de
super-app immobilière.
La licorne indienne NoBroker,
portail d’annonces immobilières,
par exemple, a levé plus de 350 mil-
lions de dollars depuis sa création
en 2014 et vient tout juste de séduire
Google. Ces pépites indiennes sont
majoritairement basées sur des
modèles BtoC alors que leurs
homologues européennes se sont
engouffrées dans le BtoB. « Il faut
une industrie d’asset management
mature, ce qu’il n’y a pas là-bas »,
constate Robin Rivaton. n
grande échelle passera par une pla-
teforme de robotique, fonctionnant,
elle aussi, grâce au machine lear-
ning. « Cela nécessite de demander à
l’IA d’imaginer des protéines qui sont
synthétisables rapidement par un
robot », explique Yann Gaston-
Mathé. L’année dernière, sa concur-
rente Aqemia avait levé 30 mil-
lions d’euros et signé des collabora-
tions avec de grands laboratoires
pharmaceutiques, dont Sanofi,
Janssen et Servier.
Aux Etats-Unis, certaines de ces
entreprises ont franchi le cap de
l’entrée en Bourse. Schrödinger, spé-
cialiste de la découverte de nou-
veaux médicaments, s’est lancée à
Wall Street il y a trois ans. L’année
dernière, elle a dégagé plus de
181 millions de dollars de ventes, tout
en creusant ses pertes, à – 149 mil-
lions de dollars. Elle a entamé une
phase d’essais cliniques sur un nou-
veau médicament contre le cancer.
Recursion, qui s’est lancé sur les
Vendredi 10 et samedi 11 mars 2023 Les Echos
MentorShow
diffuse
les savoirs grâce
à des coachs stars
EDTECH
La jeune pousse, qui
diffuse des master
classes de personali-
tés de l’entrepreneu-
riat (Frédéric Maz-
zella), du sport
(Karim Benzema)
ou de la cuisine
(Cyril Lignac), lève
15 millions d’euros.
Adrien Lelièvre
@Lelievre_Adrien
Les géants du streaming ont
révolutionné les pratiques cul-
turelles. Netflix est un puits
sans fonds pour regarder des
séries et des films, Spotify per-
met d’écouter en boucle des
artistes ou des podcasts… Une
nouvelle catégorie de platefor-
mes visant à diffuser les con-
naissances a aussi vu le jour ces
dernières années.
L’edtech française Mentor-
Show en fait partie. Née en 2020,
ce clone de la start-up améri-
caine MasterClass propose des
cours en ligne réalisés en colla-
boration avec des stars de
l’entrepreneuriat (Frédéric
Mazzella, BlaBlaCar), du sport
(Karim Benzema), de la neuro-
psychiatrie (Boris Cyrulnik), de
la cuisine (Cyril Lignac) ou de la
littérature (Marc Levy).
Production soignée
« Nos mentors sont des personnes
qui ont mis des années à perfec-
tionner leur art. Ils sont très atti-
rés par l’opportunité de le parta-
ger et de créer des vocations », dit
Léo Dubert, cofondateur avec
Mathieu Moreno. Depuis sa
création, MentorShow a réalisé
une quarantaine de master clas-
ses. Les vidéos durent plusieurs
heures mais sont découpées en
séquences de quelques minutes.
« Il faut que les leçons soient diges-
tes », insiste l’entrepreneur. Un
utilisateur peut ainsi regarder
une vidéo dans le métro. « L’idée,
c’est de transformer le temps
d’écran en temps d’apprentissage
ou de développement person-
nel », dit Marie-Christine Levet,
qui a investi dans MasterShow
avec Educapital.
La réalisation et le montage
sont soignés comme dans un
marchés financiers il y a deux ans,
utilise un super-ordinateur et des
montagnes de données pour déve-
lopper et tester de nouveaux médi-
caments. L’entreprise, située à Salt
Lake City, vaut 1,6 milliard de dollars,
même si son action a reculé ces deux
dernières années.
Quel business model ?
« C’est un secteur qui explose en ter-
mes d’opportunités », note Rafaèle
Tordjman, fondatrice du fonds Jeito,
spécialisé dans les biotechs. « La
question pour les investisseurs, c’est :
“Quel est le business model ?” ce qui
n’est pas toujours évident. Owkin ou
BenevolentAI, au Royaume-Uni, sont
en train de se rendre compte que la
valeur la plus grande est dans le médi-
cament lui-même. »
Thomas Clozel, PDG d’Owkin,
confirme que son entreprise est en
train de pivoter. Elle a commencé
par « créer une plateforme avec des
données existantes pour en extraire
28
programme télévisé haut de
gamme. « Il faut que les lieux de
tournage soient en correspon-
dance avec l’univers du mentor »,
rappelle le fondateur. La master
classe de Karim Benzema, lau-
réat du ballon d’or 2022, par
exemple, a lieu sur un terrain de
football ; celle du pâtissier
Pierre Hermé, dans une cui-
sine. « La qualité des contenus
est clé pour attirer des abonnés »,
insiste Marie-Christine Levet.
La jeune pousse a développé un
modèle 100 % payant, qui coûte
17 euros par mois. En échange,
les abonnés ont un accès illi-
mité aux contenus sur plu-
sieurs appareils (téléphone,
ordinateur, tablette).
Afin de poursuivre son déve-
loppement, MentorShow vient
de boucler une levée de fonds de
15 millions d’euros auprès
d’Educapital, Crédit Mutuel
Innovation et de plusieurs busi-
ness angels (Laurent Ritter,
Paul Lê, etc.). Les investisseurs
historiques Left Lane et FJ Labs,
spécialisés dans les produits
BtoC, ont aussi remis au pot.
Ce montant est élevé pour un
secteur qui a connu un gros
coup d’accélérateur pendant le
Covid, mais a ralenti ces der-
n i e r s m o i s . M e n t o r S h ow
assure avoir multiplié ses reve-
nus annuels récurrents (ARR)
par six en 2022, sans donner de
détails financiers. La jeune
pousse veut puiser dans sa
cagnotte pour lancer des mas-
ter classes dans des domaines
variés et élargir son audience.
Pour prendre le leadership
en Europe, MentorShow a déjà
commencé à produire des con-
tenus en espagnol. D’autres lan-
gues pourraient suivre. « Cha-
que pays est spécifique dans sa
façon d’apprendre », justifie Léo
Dubert. Mieux vaut aller vite
avant que MasterClass, valori-
sée 2,75 milliards de dollars et
qui a plus de 2 millions d’abon-
nés, décide un jour de franchir
l’Atlantique. n
2,75
MILLIARDS DE DOLLARS
Valorisation de MasterClass,
modèle américain
de la start-up française.
de nouvelles découvertes avec de l’IA »,
avant de signer un partenariat à
210 millions de dollars avec Sanofi.
« On commence à développer notre
propre pipeline de médicaments, avec
une première molécule en septembre,
poursuit le patron. A terme, l’objectif
serait de développer trois ou quatre
médicaments par an. »
Pour autant, ces start-up n’envisa-
gent pas d’arrêter leurs partenariats
lucratifs avec les laboratoires. « Cela
nous ramène de l’argent, du savoir
et de la stratégie », résume Thomas
Clozel. « Les entreprises pharmaceu-
tiques essaient désespérément de rem-
plir leur portefeuille de produits »,
ajoute Rafaèle Tordjman. « D’ici à
2030, il y a un trou de 300 milliards
pour le chiffre d’affaires des pharmas
à cause de brevets qui tombent dans le
domaine public. » Ce qui devrait
garantir des revenus à cette nouvelle
génération de start-up, à condition
que leurs médicaments fassent leurs
preuves lors d’essais cliniques. n
29 Les Echos Vendredi 10 et samedi 11 mars 2023
L’autoconsommation électrique
dopée par le coût de l’énergie
l De plus en plus d’industriels et de particuliers s’affranchissent du réseau national pour couvrir leurs besoins.
l Cette tendance ouvre le champ aux premières coopératives citoyennes d’électricité.
ÉNERGIE
Paul Molga
@paulmolga
— Correspondant à Marseille
En dix ans, le nombre de parcs
d’autoconsommation électrique
alimentant entreprises et résidents
situés à proximité a littéralement
explosé. Il a été multiplié par plus de
4.000. Ils sont à présent 207.900, se-
lon le dernier recensement réalisé
par le think-tank France Territoire
Solaire. Et la tendance s’accélère :
15.900 demandes de production in-
dépendantes au premier trimes-
tre 2022 ; 24.700 entre octobre et
décembre dernier. « On est au début
d’un mouvement d’ampleur », esti-
me Christophe Thomas, directeur
de l’Observatoire de l’énergie solai-
re photovoltaïque en France, son
bras documentaire.
Encouragées par la crise énergé-
tique, de plus en plus d’entreprises
cassent leur tirelire pour accéder au
graal de l’autonomie énergétique.
Dans la Vienne, le fabricant de ben-
nes de transport à béton Secatol
(12 millions d’euros de chiffre d’af-
faires et 50 salariés) s’apprête à dé-
penser trois fois le montant de ses
investissements productifs an-
nuels, pas loin de 1,5 million d’euros,
dans une toiture solaire qui couvri-
ra 40 % de ses dépenses énergéti-
ques. « L’inflation a été l’accélérateur
de ce projet écoresponsable », concè-
de Pierre-André Gilles, son direc-
teur général.
Investissements en chaîne
Il n’est pas le seul pour qui la crise
précipite les investissements. En
Vendée, le groupe agroalimentaire
Sodebo va installer 95.000 mètres
carrés de panneaux solaires sur son
site de production de Montaigu. Ils
permettront à la société familiale de
couvrir 11 % de sa consommation
énergétique annuelle, l’équivalent
de 1.280 maisons en chauffage élec-
Tenergie mise sur l’utilisation locale
L’opérateur prévoit
de doubler en trois ans
le nombre de ses centrales
alimentant directement
les consommateurs.
Ce marché pourrait
alors représenter 20 %
de son activité.
L’autoconsommation va être le
principal levier de croissance du
producteur d’énergie renouvelable
Tenergie. D’ici à 2026, prévoit cet
opérateur indépendant situé près
d’Aix-en-Provence (Bouches-du-
Rhône), la fourniture d’électricité
produite et consommée locale-
ment devrait doubler pour attein-
dre 20 % de son offre globale. « Or-
g a n i s e r l a s o u ve ra i n e m e n t
énergétique à l’échelle régionale est la
réponse la plus sûre pour maîtriser le
prix de l’énergie dans nos écono-
mies », milite Nicolas Jeuffrain, son
cofondateur et président.
Jusqu’ici, cette entreprise née
en 2008 a surfé sur le contexte sécu-
risant de la transition énergétique
pour développer un parc de 1.500
centrales solaires et éoliennes tota-
lisant 876 GWh de production élec-
trique, l’équivalent de la consom-
mation annuelle de 189.000 foyers,
qu’elle réinjecte presque intégrale-
ment dans le réseau. L’activité a gé-
néré un chiffre d’affaires de 220 mil-
lions d’euros en 2022 – deux fois
Pour le directeur de l’Observatoire de l’énergie solaire photovoltaïque, « on est au début d’un mouvement d’ampleur ». Photo Xavier Popy/RÉA
trique. Près de Rennes, la coopérati-
ve des Poulets de Janzé vient d’inau-
gurer un parc qui va fournir 100 %
des besoins de ses 400 poulaillers.
A Lyon, l’énergéticien CVE instal-
le chez Boiron « le troisième plus
gros projet d’autoconsommation
français », selon son coprésident,
Pierre de Froidefond – un investisse-
ment de 2,7 millions d’euros pour
fournir au numéro un mondial de
l’homéopathie 13 % de la consom-
mation énergétique de son site in-
dustriel de Messimy. Même les col-
lectivités s’y mettent, comme à
plus qu’en 2018 – et place désormais
l’entreprise de quelque 150 salariés
au deuxième rang national des
fournisseurs d’énergie renouvela-
ble avec 3,6 % de parts de marché,
selon le classement du cabinet
d’études Finergreen.
119 gares
L’arrêté du 6 octobre 2021, dit S21, a
changé la donne. Il autorise à pré-
sent les exploitants d’installations
implantés sur bâtiment, hangar ou
ombrière, à revendre à l’opérateur
national le surplus de leur produc-
tion, et ce, aux mêmes conditions de
rachat que l’injection directe. « Grâ-
ce à ce mécanisme de soutien, l’auto-
consommation devient rentable »,
calcule Gauthier Dieny, directeur
général délégué au développement
chez Tenergie. En octobre dernier,
l’entreprise a ainsi emporté un
contrat majeur avec SNCF Gares &
Connexions pour équiper de pan-
neaux photovoltaïques les parkings
de 119 gares françaises avant
fin 2024.
Un investissement de 45 millions
d’euros destiné à couvrir 15 % de la
consommation électrique annuelle
des 3.000 gares françaises. L’entre-
prise a également signé ses pre-
miers contrats avec les collectivités.
A Cabrières-d’Avignon (Vaucluse),
elle achève par exemple la solarisa-
tion de près de quatre hectares de
Mons, dans le Gard, où la municipa-
lité a annoncé un chantier destiné à
alimenter en électricité solaire ses
onze bâtiments publics. Le gouver-
nement les y encourage. Annoncé
5%
DE LA CONSOMMATION
ÉLECTRIQUE
La part de l’autoconsommation
en France.
toitures publiques et d’une carrière
appartenant à la municipalité. Le
projet doit générer sur le territoire
au moins 7,6 GWh/an d’électricité
répondant à la consommation
moyenne de plus de 1.600 foyers.
« L’an passé, 60 % des nouvelles de-
mandes ont concerné des projets
d’autoconsommation avec revente du
surplus », mesure Gauthier Dieny.
Foncière énergétique
Ce mouvement va donner un sé-
rieux coup d’accélérateur à la crois-
sance de Tenergie. « Nous pré-
voyons de doubler le nombre de nos
centrales d’ici à 2026 pour mailler
tout ce qui peut l’être localement : toi-
tures industrielles, ombrières de par-
king, bâtiments publics, supermar-
chés, serres agricoles… » explique le
dirigeant. L’entreprise a également
mis la main sur plusieurs entrepri-
ses pour diversifier son activité
dans l’éolien (avec Soleol) et la mé-
thanisation (avec Tenea energies).
Pour financer ce déploiement,
elle envisage la création d’une fon-
cière énergétique spécifiquement
dédiée à l’autoconsommation avec
l’entrée de partenaires locaux. Les
deux premières, qui accueillent la
Banque des Territoires, le Crédit
Agricole Pyrénées Gascogne et le
Crédit Mutuel, lui ont permis de le-
ver 2 milliards d’euros de dette pour
financer sa croissance. — P. M.
PME&REGIONS
l’an dernier par la ministre de la
Transition énergétique, Agnès Pan-
nier-Runacher, l’arrêté dit S1 autori-
se désormais les producteurs
d’énergie verte – particuliers, entre-
prises et collectivités – à revendre à
EDF l’éventuel surplus de leur con-
sommation aux mêmes conditions
tarifaires que l’injection directe.
« Avant la mise en place de ce méca-
nisme, on ne pouvait céder le surplus
non consommé que sur une bourse
de l’électricité. C’était complexe et spé-
culatif. En simplifiant les échanges, S1
a libéré le marché de l’autoconsom-
SerenySun introduit le circuit court
L’entreprise veut
déployer une trentaine
de communautés
de partage local d’énergie
verte, d’ici à 2023.
Quand les habitants de Calas, près
de Marseille, ont adhéré au projet
de partage local d’énergie verte
proposé par la société SerenySun
Energies, la guerre démarrait à pei-
ne en Ukraine.
Avec une moyenne de 17 % d’éco-
nomie réalisée depuis sur leur fac-
ture d’électricité, les 72 participants
(dont trois commerces) de la com-
munauté SerenyCalas, créée pour
l’occasion, ne regrettent pas leur
choix. « Sans investir dans des pan-
neaux solaires, j’ai profité d’une
énergie décarbonée produite dans
mon quartier à un prix compétitif
garanti dans le temps », sourit
Patrick Pochat, un de ses premiers
bénéficiaires.
Un premier projet
près de Marseille
Pour mettre en œuvre ce program-
me d’autoconsommation collecti-
ve, l’entreprise de dix salariés, créée
en 2018, a conclu une convention
d’occupation du domaine public
avec la ville pour lui permettre
d’installer une toiture solaire sur le
toit de l’école primaire. D’autres
suivront pour couvrir, à terme,
mation », explique Gauthier Dieny,
directeur général délégué au déve-
loppement chez Tenergie, un opéra-
teur indépendant qui anticipe plu-
sieurs centaines de demandes de
raccordement dans les mois à venir.
Cette ouverture encourage aussi
l’émergence d’entreprises s’auto-
proclamant coopératives citoyen-
nes d’électricité. Jusqu’à récem-
ment, le pionnier de ce mouvement,
Enercoop, né de la libéralisation du
marché de l’énergie, n’était qu’un
trader de tarifs pour sa communau-
té. Depuis cette année, il est aussi
plus de 44 % des besoins énergéti-
ques de 160 foyers et bâtiments pu-
blics. Calas est le premier projet de
ce type en France. Mais une dizai-
ne d’autres sont déjà en projet, no-
tamment à Marseille, sur deux
centres commerciaux, et dans la
région lyonnaise, pour un pro-
gramme tertiaire de quatre bâti-
ments porté par la foncière Inea.
« Notre ambition est de bâtir sur
ce modèle au moins trente commu-
nautés de circuit court énergétique
d’ici à 2025. Elles produiront
60.000 MW heure d’électricité par
an pour alimenter jusqu’à 24.000
foyers », indique Donald François,
président et cofondateur de Sere-
nySun Energies.
Ses installations
permettent
aux habitants
de profiter
d’une énergie verte
à moindre coût
produite à proximité
de leur domicile.
Pour parvenir à cet objectif, il a
levé un million d’euros au prin-
temps dernier auprès de deux en-
trepreneurs du secteur : Myriam
Maestroni, présidente d’Économie
producteur. Sur un ancien terrain
militaire de 4,5 hectares à Jausiers,
dans les Alpes-de-Haute-Provence,
cette société coopérative d’intérêt
collectif commence la construction
d’un parc solaire destiné à alimen-
ter 1.800 foyers de la vallée de
l’Ubaye. « Notre but est de distribuer
de l’électricité totalement indépen-
dante du prix du marché », explique
Sophie Picard, chargée de projet
auprès de l’antenne de Provence-Al-
pes-Côte d’Azur.
Outre elle-même, la coopérative
a associé quatre acteurs à ce pro-
gramme : les propriétaires du ter-
rain, un bureau d’études et Energie
Partagée Investissement qui ac-
compagne ce type de projets. Une
fois le chantier achevé, d’un mon-
tant de 4 millions d’euros financés à
80 % par emprunt, le capital sera
ouvert à 25 % à une coopérative so-
laire locale réunissant les habitants
qui le souhaitent.
Une forme solidaire
L’autoconsommation prend égale-
ment une forme plus solidaire. A
Marseille, l’association Massilia
Sun System, créée en 2019, réunie
des bénévoles et sociétaires pour
lutter contre la précarité énergéti-
que. Le ticket d’entrée est de
50 euros, mais nombre de mem-
bres en investissent plusieurs mil-
liers pour équiper des toitures ur-
baines de panneaux destinés à
l’autoconsommation des résidents.
« Nous avons financé à ce jour quatre
projets, dont le bâtiment d’un centre
aéré à la Belle de Mai [l’un des quar-
tiers les plus pauvres de la cité pho-
céenne] et un Ehpad à but non lucra-
tif », explique le représentant de
l’association, Nicolas Pagnier. Selon
des données non officielles, près de
300 initiatives de ce type auraient
fleuri ces dernières années.
Bien qu’en forte progression,
l’autoconsommation ne couvrirait
en France que 5 % de la consomma-
tion électrique. Deux fois moins
qu’en Allemagne. n
d’Energie, spécialisée dans la mise
en œuvre de nouveaux business
models de transition énergétique,
et Luc Poyer, président du conseil
d’administration de McPhy, l’un
des principaux fabricants
européens d’équipements pour
l’hydrogène.
Comme à Calas, chaque com-
munauté créée sera indépendante.
SerenySun Energies négociera
pour elles avec les municipalités,
construira les centrales et gérera
l’injection et la distribution de
l’énergie dans le réseau Enedis jus-
qu’aux destinataires, situés régle-
mentairement dans un rayon de
2 km en ville et par dérogation jus-
qu’à 20 km en zone rurale. En
contrepartie, elle sera actionnaire
minoritaire des communautés et
percevra une rétribution de quel-
ques pourcents sur la quantité
d’électricité produite.
SerenyCalas lui a ainsi rapporté
350.000 euros. Avec le déploie-
ment des autres projets en cours,
elle prévoit d’au moins doubler son
activité cette année. « Notre modèle
d’autoconsommation collective est
duplicable partout en France, au ni-
veau d’un quartier, d’une commune,
d’une zone d’activité ou dans le cadre
de projet de réhabilitation urbaine
ou de création d’un nouveau pro-
gramme immobilier », explique Do-
nald François.— P. M.
PME & REGIONS
Mutares reprend
l’ancien site Ford de Blanquefort
NOUVELLE-
AQUITAINE
Devant la baisse
des commandes
de boîtes de vitesses
et l’absence
de nouveaux projets,
les salariés redoutent
la fermeture de l’usine.
Frank Niedercorn
— Correspondant à Bordeaux
A l’entrée de l’usine de Blanquefort,
près de Bordeaux, ancien fleuron
de l’industrie automobile de la ré-
gion, le nom de Magna a disparu au
profit de Mutares. Ce holding in-
dustriel allemand, spécialiste de la
reprise des entreprises en difficulté,
est désormais propriétaire du site
rebaptisé MMT Bordeaux. La vente
officialisée le 1er mars avait été re-
poussée à la suite d’un recours dé-
posé par l’intersyndicale.
C’est une nouvelle étape pour cet-
te usine créée par Ford au début des
années 1970, devenue une co -
entreprise avec l’allemand Getrag
en 2001, lui-même racheté par Ma-
gna en 2015. Cet équipementier,
principal sous-traitant de Ford,
avait finalement repris l’intégralité
de l’usine en janvier 2021.
Dès lors, quel avenir pour une
usine qui produit des boîtes de vi-
tesses manuelles et emploie 700
personnes, pour un chiffre d’affai-
res d’environ 200 millions d’euros
l’an dernier ? Va-t-elle subir le sort
de sa voisine qui produisait des boî-
tes automatiques et a été fermée par
Ford en 2019 ? A l’inverse, Mutares
fera-t-il mieux que Magna pour di-
versifier l’entreprise ?
Le groupe allemand a multiplié
les rachats en Allemagne, mettant
Aura Aero va construire une usine d’avions hybrides
OCCITANIE
Le constructeur vient
d’obtenir l’accord
de la métropole
de Toulouse
pour construire
une grande usine
à l’ancien aéroport
militaire de Francazal,
en investissant 150 mil-
lions d’euros.
Laurent Marcaillou
— Correspondant à Toulouse
Cinq ans après sa création en 2018,
le nouveau fabricant d’avions Aura
Ensweet facilite l’accès à la réadaptation cardiaque
/ INNOVATEURS
Nicole Buyse
— Correspondante à Lille
Une personne victime d’un infarc-
tus ou ayant subi une intervention
cardiaque doit, pour réduire les ris-
ques de récidive, passer par des
séances de réadaptation à l’effort.
Ces soins sont vitaux, car ils dimi-
nuent la mortalité de 26 % et abais-
sent le taux de réhospitalisation de
18 %. Mais les établissements de
santé étant saturés, 70 % de ces pa-
tients n’accèdent pas aux structures
d’accueil adaptées. « On va même
jusqu’à 80 % dans certaines régions
de France », souligne Fabien Watre-
la main sur trois usines de fabrica-
tion de composants en plastique de
Magna, et en France avec les acqui-
sitions de Walor, un fournisseur de
l’industrie automobile en pièces
usinées et forgées, de Japy Tech, un
spécialiste des tanks, cuves et silos à
lait, ou de Peugeot Motocycles.
Arrêt de la Fiesta
Si le montage financier n’a pas été
dévoilé, Mutares finance « générale-
ment » ses acquisitions « par appel à
La vente officialisée le 1er mars avait été repoussée à la suite d’un recours déposé par l’intersyndicale. Photo Magna
Aero à Toulouse (Haute-Garonne)
annonce la construction d’une
grande usine d’avions sur l’ancien
aéroport militaire de Francazal.
Il a conçu un petit avion biplace
de voltige pour les écoles de pilo-
tage, l’Intégral, en versions thermi-
que et électrique, qui est déjà com-
mandé à plus de 100 exemplaires
avant la certification espérée au troi-
sième trimestre 2023. Il prépare sur-
tout un avion régional électrique
(ERA) de 19 places à motorisation
hybride, équipé d’un turbogénéra-
teur au kérosène, qui alimentera six
moteurs électriques à hélice, en par-
tenariat avec Safran pour la motori-
sation et Thales pour l’avionique.
Cet avion régional doit être mis
en service en 2027 et a reçu 350
lot, président d’Ensweet qu’il a co-
fondé en 2020 avec deux médecins,
Alexis Astruc et Guillaume Colin.
La jeune société de télémédecine,
installée à l’incubateur EuraTech-
nologies à Lille, a développé une
première solution, baptisée
Ensweet Cardio, qui propose des
séances de réadaptation cardiologi-
que à distance, grâce à une applica-
tion considérée comme un disposi-
tif médical. En pratique, après deux
à trois jours en établissement de
santé où le programme est adapté
au patient, celui-ci va pouvoir, sous
contrôle médical, poursuivre à do-
micile ses exercices d’endurance ou
de renforcement musculaire. Du
matériel, comme un vélo, peut
même lui être livré.
contribution du vendeur », expli-
quait en novembre le cabinet Syn-
dex dans une analyse réalisée à la
demande des représentants des sa-
lariés. Dans un communiqué, Mu-
tares s’est félicité de son acquisition
avec une usine qui « offre un impor-
tant potentiel d’optimisation opéra-
tionnel et stratégique », notamment
grâce aux « synergies » avec les en-
treprises de métallurgie de son pôle
automobile et mobilité. Si Mutares
se donne cent jours pour auditer le
intentions d’achat d’une dizaine de
compagnies aériennes et du loueur
d’avions Amedeo (200). Aura Aero
occupe un hangar de l’aérodrome
de Toulouse Francazal, qui est trop
petit pour la fabrication en série. Il
vient d’avoir l’autorisation de la
métropole de Toulouse d’implanter
près de la piste une grande usine de
40.000 m 2 qui nécessitera « un
investissement de 150 millions
d’euros », mais il doit encore obtenir
le permis de construire.
Mort de deux pilotes
Le calendrier est serré. Aura Aero
veut ouvrir l’usine dans deux ans et
demi pour commencer la produc-
tion en série de l’appareil dès la
fin 2025. « Le nouveau site sera
Ses données de santé, transmises
grâce à un capteur de fréquence car-
diaque relié en Bluetooth, sont ana-
lysées par les algorithmes d’En-
sweet, informant les soignants de
son état de santé. Le malade peut
aussi échanger par visioconférence
et choisir, sans contrainte, ses horai-
res. « Cela permet à des patients de re-
prendre le travail un peu plus tôt, évi-
tant ainsi de prolonger leur arrêt
maladie », constate Fabien Watrelot.
Passer à 1.000 patients
suivis fin 2023
Lancé en janvier 2022, Ensweet Car-
dio a déjà été déployé dans dix éta-
blissements de santé, dont la clini-
que La Mitterie à Lomme, près de
Lille, et le centre de réadaptation Les
fonctionnement du site, l’inquiétu-
de prédomine chez les salariés.
L’usine ne produit qu’un modèle de
boîte de vitesses manuelle, notam-
ment pour la Fiesta dont la produc-
tion va être arrêtée. Avec des caden-
ces en baisse et des commandes de
Fo r d q u i d e v r a i e n t s’a r r ê t e r
fin 2025, le constructeur s’étant lan-
cé dans l’accélération de la produc-
tion de véhicules électriques.
« Sans l’apport de nouveaux pro-
jets d’envergure, l’usine est menacée
dimensionné pour produire de
l’ordre de 50 avions Intégral et 100
ERA par an », indique son prési-
dent, Jérémy Caussade. Optimiste,
il prévoit d’employer à cette
cadence 1.600 salariés. L’entreprise
compte actuellement 130 salariés et
70 consultants.
Si l’objectif est ambitieux, le jeune
constructeur doit encore obtenir la
certification des avions et l’argent
50
MILLIONS D’EUROS
Le tour de table ouvert
l’an dernier.
Capucins à Angers. L’entreprise, qui
vient de signer avec une quinzaine
de centres supplémentaires, espère
passer de 300 à 1.000 patients suivis
cette année. Aujourd’hui, 500.000
personnes par an sont concernées
en France. Ces soins de téléréadap-
tation sont partiellement rembour-
sés, comme en présentiel, depuis
deux décrets de 2022 actant l’inté-
gration de la télésurveillance médi-
cale au droit commun.
A p r è s avo i r d é m a r r é ave c
500.000 euros obtenus dans le cadre
d’appels à projets, grâce à des aides
de Bpifrance ou des financements
de la Caisse nationale d’Assurance
Maladie, Ensweet vient de réunir
2,4 millions d’euros, dont 1,6 million
en equity auprès de Finovam Ges-
Vendredi 10 et samedi 11 mars 2023 Les Echos
dès 2025, voire avant », affirme Vin-
cent Teyssonneau, délégué CGT de
l’usine. Les collectivités, elles, gar-
dent le silence en attendant de com-
muniquer avec les actionnaires.
« Ce site est confronté à un défi ma-
jeur de reconversion industrielle. Il
faut reconnaître que Mutares prend
des risques, mais j’ai du mal à voir ce
holding industriel au profil tout de
même très financier avoir les moyens
et la patience pour le mener à bien »,
analyse un proche du dossier. n
pour l’investissement. Il indique
avoir levé 30 millions d’euros
depuis sa création, du fonds Inno-
vacom, de patrons d’entreprise,
de Bpifrance, du plan France
Relance et de la région Occitanie
notamment. Mais il peine à boucler
le tour de table de 50 millions
ouvert l’an dernier.
L’accident de son avion de voltige
Intégral thermique, qui a tué les
deux pilotes d’essai en avril 2022 en
Ariège après la rupture d’une aile,
ne l’a pas aidé. Aura Aero espère
que le rapport d’expertise du
Bureau d’enquêtes et d’analyses
(BEA), qui sera publié fin mars, ne
remettra pas en cause la conception
de l’appareil. Cela faciliterait sa
levée de fonds pour l’usine. n
Il a dit
« Cela permet
à des patients
de reprendre
le travail
un peu plus tôt. »
FABIEN WATRELOT
Président
et cofondateur d’Ensweet
Photo Ensweet
30
Alsatis
rachète
Ineonet
OCCITANIE
L’opérateur télé-
coms spécialisé
dans la couverture
des zones blanches
met aussi la main
sur un data center
en Ariège.
L’opérateur télécoms Alsatis, à
Toulouse, vient de racheter son
homologue Ineonet, à Verniolle
(Ariège). Son fondateur, Alexan-
dre Poncini, devient le directeur
de la filiale de services aux en-
treprises d’Alsatis. Ineonet ne
compte que 20 salariés pour un
chiffre d’affaires de 2 millions
d’euros en 2022, mais il possède
son data center en Ariège. « C’est
ce qui a motivé notre décision de
le racheter. Nous pourrons enri-
chir notre catalogue de services »,
explique Antoine Roussel, le di-
recteur général d’Alsatis.
Ce data center compte parmi
ses clients Andorra Telecom, le
conseil départemental de
l’Ariège et Météo France. Ineo-
net fournit aussi des services de
connectivité, de téléphonie et
d’infogérance à 300 entreprises
et collectivités. En le rachetant,
Alsatis totalise un millier de
clients et emploie 90 salariés. Il
a réalisé un chiffre d’affaires de
15 millions d’euros en 2022 et ta-
ble sur 20 millions en 2025
La 5G de Toulouse
Fondé en 2004, Alsatis est un
opérateur de télécoms et un
fournisseur d’accès Internet
spécialisé dans l’aménagement
numérique des zones blanches
ou grises. Il a développé la tech-
nologie radio 4G fixe LTE, avec
la société d’ingénierie Serma
Group à Bordeaux pour le maté-
riel. Ce système pallie l’absence
de liaison à très haut débit dans
les territoires ruraux. Alsatis dé-
ploie des réseaux radio très haut
débit dans l’Aude, l’Isère, le Fi-
nistère et la Vendée. Il installe
aussi la 5G industrielle dans les
entreprises pour optimiser la fa-
brication et au CHU de Toulouse
pour la connectivité en sous-sol.
Alsatis et la métropole de
Toulouse font partie des 39 lau-
réats du projet CEF Digital de
l’UE qui vise à déployer des in-
frastructures 5G sécurisées et
durables, à haute performance.
Ce projet bénéficie d’une aide de
3,3 millions d’euros. En s’ap-
puyant sur le réseau de fibre op-
tique, Alsatis et Toulouse Métro-
pole déploient d’ici à 2024 une
boucle 5G dédiée à la collectivité
pour connecter la police muni-
cipale, les événements culturels,
le métro , le parc des expositions
et la zone de Francazal. « Ce sera
la première infrastructure mé-
tropolitaine 5G dédiée à des ac-
teurs publics en France », se féli-
cite Antoine Roussel.— L. M.
tion, qui mène ce tour de table. Y ont
aussi participé IRD, Nord France
Amorçage, Angels Santé, Makesen-
se, 50 Partners et plusieurs business
angels. Ensweet compte poursuivre
ses études cliniques et répondre à
des demandes pour d’autres patho-
logies et va se pencher sur la réadap-
tation pulmonaire en 2023, puis pro-
bablement sur le diabète et les
affections neurologiques l’an pro-
chain. Elle déploiera aussi sa solu-
tion en Allemagne, au Québec ou
aux Etats-Unis, à la suite de sa parti-
cipation au CES 2023 de La Vegas en
janvier. L’entreprise, qui emploie
treize personnes, prévoit de renfor-
cer son équipe à vingt salariés d’ici à
la fin de l’année pour étoffer sa force
de vente et sa recherche clinique. n
31 Les Echos Vendredi 10 et samedi 11 mars 2023

FINANCE&MARCHES

Slawomir Krupa dévoile son équipe

de direction chez Société Générale
l Le futur patron s’entoure de deux directeurs délégués
et crée un nouveau comité exécutif.
l Il recrute aussi deux nouvelles dirigeantes
en provenance de Natixis et Credit Suisse.
BANQUE
Romain Gueugneau
@romaingueugneau
C’est une nouvelle ère qui s’ouvre
chez Société Générale. Deux mois
avant sa prise de fonction officielle à
la tête de la banque, Slawomir
Krupa a dévoilé jeudi sa future
équipe de direction. Elle sera mise
en place à partir du 24 mai, au len-
demain de l’assemblée générale des
actionnaires qui doit valider la
nomination du directeur général.
« La période de transition établie par
le conseil d’administration nous a
permis de constituer une équipe
managériale renouvelée, expérimen-
tée et animée par un esprit d’efficacité
et de performance qui nous permet-
tra de relever les défis qui nous atten-
dent », a déclaré Slawomir Krupa.
La gouvernance du groupe se
veut « resserrée » et « renforcée ». A
l’instar de Frédéric Oudéa, l’actuel
directeur général en poste jusqu’en
mai, Slawomir Krupa a décidé de
s’entourer de deux directeurs délé-
La gouvernance
du groupe se veut
« resserrée »
et « renforcée ».
trois directeurs), dont sept femmes.
Deux d’entre elles ont été recrutées
à l’extérieur de la banque : Anne-
Christine Champion, en prove-
nance de Natixis, occupera le poste
de codirectrice des activités de BFI,
en tandem avec Alexandre Fleury ;
Laura Mather, en provenance de
Credit Suisse, reprendra le rôle de
chief operating officer (COO), créé
en 2020 et laissé vacant depuis la fin
de l’année par Gaëlle Olivier.
Nouvelle feuille de route
La quasi-totalité des membres du
comité exécutif affichent au moins
vingt ans d’expérience dans les
métiers de la banque, précise le
groupe. Ce ne sera pas le cas, toute-
fois, de la future directrice des res-
sources humaines, dont la nomina-
tion n’a pas encore été officialisée,
mais qui viendra d’un autre secteur.
« C’est important de faire venir de
nouveaux talents. Même si le groupe
a réalisé de très bonnes performan-
ces en 2022, comme c’est le cas en BFI,
je pense qu’il faut savoir se remettre
en question et optimiser les forces
existantes de l’entreprise avec des
experts venant de l’extérieur qui ont
vécu des choses différentes », expli-
que aux « Echos » Slawomir Krupa.
Charge à cette équipe de prendre
rapidement en main les dossiers. Le
groupe a lancé ces dernières
années, sous la direction de Frédé-
ric Oudéa, de multiples chantiers
stratégiques que le futur patron
aura à cœur d’achever : fusion des
réseaux Société Générale et Crédit
du Nord, rachat du spécialiste du
leasing automobile Leaseplan, rap-
prochement avec AllianceBerns-
tein dans les métiers actions…
Outre ces projets qui devraient
bien occuper la nouvelle direction
dans les mois à venir, Slawomir
Krupa a prévu de présenter une
feuille de route stratégique au troi-
sième trimestre 2023. Trois objectifs
« prioritaires » ont d’ores et déjà été
fixés : « l’allocation et l’utilisation per-
formantes du capital dont les action-
naires nous confient la responsabi-
lité, la qualité d’exécution de la feuille
de route à long terme et l’améliora-
tion structurelle des performances
opérationnelles et de la rentabilité ».
Des objectifs financiers seront
aussi communiqués aux marchés à
cette occasion. « Il s’agira de mon-
trer comment et où nous pouvons
créer le plus de valeur pour la ban-
que », indique Slawomir Krupa. Ce
rendez-vous, qui devrait intervenir
après la publication des résultats du
deuxième trimestre, sera le pre-
mier véritable test pour le nouveau
patron de Société Générale. n Slawomir Krupa prendra ses fonctions à l’issue de l’assemblée générale du 23 mai. Photo Jean-Marie Cras

gués, avec des expertises complé-

mentaires : Philippe Aymerich et
Pierre Palmieri. Le premier occupe
déjà ce poste depuis mai 2018, et
supervise la banque de détail en
France et à l’international. Le
second est un proche de Slawomir
Krupa, actuellement en charge des
activités de banque de financement
et de conseil. Tous deux travaillent
chez Société Générale depuis tren-
te-cinq ans. Diony Lebot, qui était
jusqu’alors directrice déléguée,
devient conseillère auprès de la
direction générale.
Contrairement à son prédéces-
seur, Slawomir Krupa ne s’entou-
rera pas de directeurs généraux
adjoints (DGA). Ce nouvel échelon
hiérarchique avait été créé à
l’été 2020 par Frédéric Oudéa afin
de promouvoir la jeune garde de la
banque et ses potentiels succes-
seurs. Slawomir Krupa et Sébastien
Proto, qui quittera le groupe en juin,
avaient été nommés DGA à cette
occasion. Le futur patron, désigné
par le conseil d’administration le
30 septembre, crée en revanche un
nouveau comité exécutif, composé
de treize membres (en comptant les
Une bascule informatique historique ce week-end
La banque réalise samedi
et dimanche la première
bascule informatique
des données des clients
de Crédit du Nord
sur le réseau de Société
Générale, dans le cadre
de la fusion des deux
réseaux.
Le message a été envoyé aux clients
par SMS et par e-mail. Il figure en
une des sites Internet de Société
Générale et de Crédit du Nord, et
apparaît à l’ouverture de leurs
applications mobiles. « Pour des
raisons techniques, l’accès à vos ser-
vices bancaires sera perturbé le
week-end des 11 et 12 mars », pré-
vient la banque.
De vendredi à 23 heures à lundi
matin, les quelque 10 millions de
clients de Société Générale et de
Crédit du Nord n’auront pas accès à
leurs espaces personnels. Impossi-
ble d’effectuer des virements (ni
d’en recevoir), d’augmenter le pla-
fond de sa carte ou bien de passer
un ordre de Bourse. Les agences
Société Générale seront fermées le
samedi. Celles de Crédit du Nord
seront ouvertes, mais les con-
seillers n’auront pas accès à l’infor-
matique. Il sera en revanche possi-
ble de payer avec sa carte ou de
retirer de l’argent aux distribu-
teurs durant le week-end.
Cette interruption de services,
qui reste un événement rare dans
le secteur, est liée au mariage des
deux réseaux. Déjà unis sur le plan
juridique depuis le 1 e r janvier,
Société Générale et Crédit du Nord
concrétisent à partir de ce week-
end leur fusion informatique.
Quelque 1.600 salariés
mobilisés
L’opération, baptisée Yoga est d’une
importance capitale pour le
groupe et la réussite de la fusion des
deux réseaux, annoncée en sep-
tembre 2020 et qui s’est déjà maté-
rialisée par le lancement de la nou-
velle marque SG et de ses dix
déclinaisons régionales.
Ce week-end, environ 1.600 col-
laborateurs seront mobilisés, dont
une bonne partie d’informaticiens,
pour réaliser cette bascule. 70 %
des équipes seront présentes aux
Dunes, à Val de Fontenay, l’un des
principaux camps de base infor-
matiques du groupe, avec un pic de
présence durant la nuit de samedi
à dimanche. Au total, 50.000 actes
informatiques seront réalisés en
l’espace de deux jours.
Sébastien Proto, le directeur
général adjoint en charge de la
banque de détail et grand artisan
de cette fusion, qui quittera la ban-
que en juin, sera également sur le
pont pour vérifier la bonne mar-
che de l’opération. « Nous tra-
vaillons sur ce projet de migration
depuis deux ans et demi. Et plu-
sieurs répétitions de l’opération de
bascule ont déjà été réalisées et nous
ont permis de réaliser cette opéra-
tion en un week-end », dit-il,
confiant. La dernière en date a été
effectuée le week-end des 11 et
12 février.
Concrètement, le groupe réalise
samedi la première bascule des
systèmes d’information des ban-
ques du Crédit du Nord vers
l’infrastructure de Société Géné-
rale. Quatre établissements sont
concernés : Tarneaud, Rhône-
Alpes, Laydernier et Nuger. Une
deuxième opération interviendra
les 13 et 14 mai, pour les banques
Courtois, Kolb, Société Mar-
seillaise de Crédit et Société de
Banque Monaco. Les services ban-
caires seront également interrom-
pus à cette occasion.
Eviter le cauchemar TSB
Dans un cas comme dans l’autre,
c’est toute l’infrastructure infor-
matique du groupe qui est sollici-
tée. « Trois opérations vont être réa-
lisées en 48 heures : l’extraction des
données des clients ex-Crédit du
Nord, leur conversion dans le for-
mat SG et leur injection dans le sys-
tème existant », détaille Bruno
Delas, chief operating officer du
réseau SG en France. Des contrôles
seront aussi effectués durant la
journée de dimanche.
Il s’agit d’éviter tout incident
technique, qui pourrait perturber
le fonctionnement des services
bancaires dans la durée. Pas ques-
tion de vivre le cauchemar enduré
par l’établissement britannique
TSB, il y a cinq ans.
Lors d’une migration sur un
nouveau système informatique, de
très nombreux clients n’avaient pu
avoir accès à leurs comptes ni réali-
ser d’opérations pendant des jours.
Un chaos qui avait coûté 330 mil-
lions de livres à la banque à l’épo-
que, et causé le départ d’environ
80.000 clients, ainsi que du patron.
Si tout se passe bien, les clients
des quatre banques Crédit du Nord
concernées par la bascule décou-
vriront lundi matin leurs nou-
veaux identifiants et leurs nou-
veaux IBAN SG. « L’idéal, ce serait
que personne ne parle de la migra-
tion lundi. Cela voudra dire que tout
a bien fonctionné », espère un cadre
de la banque.— R. G.

Le management de la néobanque N26 contesté en interne

C’est un mail que les fondateurs de
BANQUE N26 auraient préféré garder en
interne. Cosigné il y a un an par six
Quatre des six signa- managers de la banque en ligne
taires d’un mail appe- allemande, il reproche aux deux
lant les fondateurs dirigeants, Valentin Stalf et Maximi-
de la start-up lian Tayenthal, de promouvoir une
au dialogue, il y a « culture de la peur » au sein d’une
un an, ont depuis entreprise aux « dysfonctionne-
quitté l’entreprise ments organisationnels continus ».
ou seraient sur N26 s’empresse d’étouffer dans
le point de le faire. l’œuf la polémique lancée par un
article de l’influent « Manager
Magazin », en mettant en avant « sa
Nathalie Steiwer culture du feedback ouverte et
@natbxltec active » et son investissement dans
— Correspondante à Berlin la gouvernance d’entreprise depuis
dix-huit mois. Ce courriel présenté
en termes cordiaux serait donc la
preuve d’un « dialogue » dans une
entreprise, en pleine croissance, qui
compte plus de 1.500 employés
dans ses dix bureaux, de Berlin à
Sao Paulo en passant par Paris.
Exode des dirigeants
Le message d’alerte avait toutefois
été suivi par un « exode » remarqué
de quatre des six signataires avec le
départ d’Eva Glanzer, la directrice
intérimaire des ressources humai-
nes, puis du directeur financier, Jan
Kemper, qui avait invoqué ses pro-
jets personnels et professionnels
sur LinkedIn, et plus récemment du
responsable risque et principal
signataire du mail, Thomas Grosse,
pour des raisons personnelles.
L’hémorragie n’est pas encore
stoppée, puisque N26 se prépare à
perdre l’un de ses plus anciens diri-
geants après les fondateurs. Alex
Weber, le directeur de la croissance,
aurait annoncé qu’il va quitter
l’entreprise cette année, après neuf
ans à bord, lui aussi pour dévelop-
per un autre projet d’entreprise,
rapporte « Manager Magazin ».
« Il est normal qu’il y ait beaucoup
de changements dans la fintech avec
des gens qui ont envie de créer leurs
entreprises et font un parcours pro-
fessionnel par étapes », fait-on
remarquer au sein de N26. L’entre-
prise, qui bouscule la finance alle-
mande depuis 2013, peut se vanter
d’être l’une des principales sources
à l’origine de l’écosystème fintech
allemand, « comme PayPal » il y a
quelques années aux Etats-Unis.
La banque en ligne est elle-même
poussée à réinventer son modèle
puisque le superviseur allemand
bride sa croissance depuis octo-
bre 2021. Estimant que N26 ne
contrôle pas suffisamment ses
clients pour éviter le blanchiment
d’argent et la fraude en ligne, la
BaFin l’oblige à limiter l’acquisition
de nouveaux clients à 50.000 par
mois sur ses 24 marchés. Depuis,
une partie des pertes (172,4 millions
d’euros en 2021) sont liées aux inves-
tissements visant à étoffer les équi-
pes et renforcer les systèmes dédiés
aux aspects réglementaires, expli-
que la banque.
Face à l’épuisement du vivier de
nouveaux clients, N26 doit aussi
élargir la palette des produits dispo-
nibles, avec entre autres des offres
d’épargne en Allemagne, de crédit à
la consommation en France ou des
placements en cryptomonnaies sur
plusieurs marchés européens. n
FINANCE & MARCHES
AXA IM avance
d’un pas dans les
cryptomonnaies
GESTION
D’ACTIFS
La société de gestion
a obtenu l’enregis-
trement de l’AMF
comme prestataire
de services sur
actifs numériques.
Une avancée qui
lui permet surtout
de rester à la page
sur la technologie
de la blockchain.
Caroline Mignon
@carolinemignon
La nouvelle n’est pas passée ina-
perçue, pour une maison très
traditionnelle de la gestion
d’actifs. AXA IM, filiale du géant
français de l’assurance, a
obtenu l’enregistrement auprès
de l’Autorité des marchés finan-
ciers (AMF) en tant que presta-
taire de services sur actifs
numériques (PSAN). Cela lui
permet notamment de conser-
ver, acheter, vendre et échanger
des cryptomonnaies.
Mais pour l’heure, le groupe
est très ferme : « AXA IM n’a pas
de stratégie d’investissement ni
d’exposition aux cryptomon-
naies (bitcoin, ether, etc.) et nous
ne prévoyons pas d’en avoir »,
affirme-t-il. Tandis que le bit-
coin est exclu d’office pour des
raisons environnementales, les
autres cryptomonnaies font
l’objet d’analyses permanentes,
mais ne suscitent p our le
moment aucun appétit de la
part des clients.
En réalité, cette étape permet
surtout au groupe de rester à
la pointe sur la technologie
blockchain, dont le but initial
est de réaliser des transactions
hors du système bancaire et
donc très souvent par le moyen
de cryptomonnaies. Pouvoir
Credit Suisse reporte la publication
de son rapport annuel
BANQUE Credit Suisse a reporté la publication de son rapport
annuel à la suite d’un appel de dernière minute de la Securities
and Exchange Commission (SEC) des Etats-Unis, qui a soulevé
des questions au sujet de ses états financiers antérieurs. La ban-
que a fait savoir que le gendarme américain des marchés finan-
ciers l’avait appelée mercredi en fin de journée concernant
« certains commentaires ouverts de la SEC sur l’évaluation techni-
que des révisions précédemment divulguées des tableaux de flux
de trésorerie consolidés pour les exercices clos les 31 décembre
2020 et 2019 ».
PLAN ÉPARGNE
RETRAITE
NOTRE PALMARÈS
DES 35 MEILLEURS
CONTRATS
d
e m a in ch e z votre marchan aire
D
tre hebdomad
de journaux, vo
les manipuler est donc un
préalable.
En pleine phase de décou-
verte et d’expérimentation,
AXA IM souhaite avant tout
anticiper toutes les démarches
administratives pour ne pas
prendre de retard sur ces sujets
brûlants. Cette étape auprès de
l’AMF était d’autant plus impor-
tante que le règlement euro-
péen sur les marchés de crypto-
actifs (MiCa) prendra effet dans
les prochains mois.
Tokenisation
« Cet enregistrement devrait
nous être bénéfique dans le cadre
de nos initiatives autour de la
technologie blockchain, sur les-
quelles nous travaillons active-
ment », explique le groupe. Il
cite en particulier la tokenisa-
tion [valorisation d’un actif afin
de l’échanger virtuellement sur
une blockchain] des titres
financiers ou des fonds, et l’inté-
rêt de l’utilisation de monnaies
numériques comme les CBDC
(monnaies numériques de ban-
ques centrales) ou les stable-
coins (cryptos adossés à une
devise) dans leur écosystème.
Fin 2021 déjà, AXA IM avait
acheté auprès de Société Géné-
rale trois millions d’euros
d’obligations émises par la
Banque européenne d’investis-
sement (BEI) sous forme de
« security tokens » sur la block-
chain publique Ethereum, pour
le compte d’AXA France. n
« Nous n’avons
pas de stratégie
d’investissement
ni d’exposition
aux
cryptomonnaies
et ne prévoyons
pas d’en avoir. »
AXA IM
en bref
La semaine dernière, la rumeur de la chute de Silvergate Bank avait provoqué un effondrement de son cours de Bourse
(–58 % en vingt-quatre heures). Photo Shutterstock
Silvergate, première banque
victime des cryptos
CRYPTOMONNAIES
Lâchée par les dépo-
sants, abandonnée
par ses partenaires
commerciaux et
attaquée par les
vendeurs à découvert,
Silvergate a annoncé
sa liquidation.
Thomas Pontiroli
@TPonti
Les acteurs des cryptomonnaies
perdent un autre pilier. Et la crise
des cryptos fait sa première victime
parmi les banques.. Silvergate Capi-
tal, maison mère de la banque Sil-
vergate Bank, a annoncé, mercredi,
sa liquidation. Devenue centrale
dans le secteur crypto pour son
réseau de paiement Silvergate
Exchange Network (SEN), qui per-
mettait des transferts 24 heures sur
24, elle est emportée dans le sillage
de la faillite de FTX de novembre
dernier. Créée en 1988, la banque
avait fait le pari du bitcoin en 2013.
Elle aura tenu dix ans. Silvergate
avait déjà évoqué, la semaine der-
Ce fonds bitcoin en croisade contre
le gendarme américain des marchés
RÉGULATION
Alors que la reine
des cryptomonnaies
est à la peine, le fonds
de bitcoin Grayscale
a bondi de près
de 20 % cette semaine.
Son procès contre
la SEC pourrait cham-
bouler le paysage des
cryptos à Wall Street.
Bastien Bouchaud
@BastienBouchaud
Entre faillites et liquidations, l’hiver
des cryptomonnaies joue les pro-
longations. Mais un acteur profite
d’une embellie inattendue ces der-
niers jours. Alors même que le bit-
coin a perdu près de 4 % depuis le
début de la semaine, le fonds Grays-
cale, entièrement investi dans des
bitcoins, a, pour sa part, gagné plus
de 17 %. Explications.
nière, une possible cessation de
paiement dans l’année, créant un
exode de ses plus gros clients
(Coinbase, Crypto.com, Gemini,
Circle, Paxos, Galaxy Digital, etc.) et
rappelant au passage l’importance
de la banque dans le secteur (elle
était prisée des investisseurs
institutionnels).
La rumeur avait aussi provoqué
un effondrement de son cours de
Bourse (–58 % en vingt-quatre heu-
res) et un recul du bitcoin (–5 %).
Silvergate s’était finalement résolu à
suspendre son système SEN.
Déroute anticipée
Cette fois, c’est la fin. La cryptoban-
que californienne déclare dans un
communiqué qu’« à la lumière de
l’évolution récente du secteur et de la
réglementation, [elle] estime qu’un
arrêt ordonné des activités et une
liquidation volontaire constituent la
meilleure solution ». Silvergate étu-
die la meilleure façon de tirer profit
de ses actifs, dont ses technologies.
La liquidation de la banque prévoit
que « tous les dépôts de ses clients
soient remboursés ». Si le Silvergate
Exchange Network a été coupé, la
banque assure que les autres servi-
ces liés aux dépôts « restent opéra-
Egalement connu sous le code
« GBTC », le Grayscale Bitcoin Trust
n’est pas un fonds comme les
autres. Il fonctionne comme un
fonds fermé : les investisseurs peu-
vent échanger des parts du trust,
mais ils ne peuvent pas récupérer
les bitcoins dans lesquels le trust a
investi. Une structure qui a un coût.
D’un trust à un ETF
sur le bitcoin
Les parts du fonds s’échangent avec
une décote importante par rapport
à la valeur des bitcoins qu’elles
représentent : elle dépassait 45 %
en début de semaine, soit environ
6 milliards de dollars de valeur
« cachée ». GBTC est l’un des plus
gros portefeuilles de bitcoin au
monde, avec environ 3,3 % de
l’ensemble des bitcoins en circula-
tion à fin 2022.
Le rebond de GBTC cette
semaine a réduit sa décote à 34 %.
Une amélioration entièrement liée
au procès intenté par les promo-
teurs du fonds au gendarme des
marchés financiers américain, la
Securities and Exchange Commis-
Vendredi 10 et samedi 11 mars 2023 Les Echos
tionnels pendant que la société pour-
suit le processus de liquidation ».
Ces dépôts avaient littéralement
fondu, passant de 11,9 milliards de
dollars en septembre – avant la
faillite de FTX – à 3,8 milliards en
janvier. C’est cette panique bancaire,
ou « bank run », qui a précipité la
chute. Après la fuite des déposants,
les clients et partenaires ont pris
leurs distances. L’acharnement des
vendeurs à découvert a fait le reste.
La liquidation
de la banque prévoit
que « tous les dépôts
de ses clients soient
remboursés ».
Les résultats financiers prélimi-
naires (non audités) pour 2022 fai-
saient état d’une perte nette de
948,7 millions de dollars, contre un
bénéfice de 75,5 millions en 2021.
J P M o rg a n ava i t r é c e m m e n t
dégradé sa recommandation de
« neutre » à « vendre ».
Le marché avait anticipé cette
déroute et la plupart des acteurs
(Coinbase, Bitstamp, etc.) s’étaient
reportés vers le concurrent Signa-
sion (SEC). Grayscale reproche à la
SEC de lui avoir interdit de transfor-
mer son trust en fonds coté (ETF),
ce qui permettrait à n’importe quel
investisseur d’échanger ses parts
contre les bitcoins détenus par le
fonds et réduirait la décote à zéro ou
presque.
Pour Grayscale, la décision de la
SEC est illogique car le régulateur a
par ailleurs autorisé le lancement
d’ETF investis dans des produits
dérivés sur le bitcoin. Une première
audience a eu lieu lundi.
La SEC à l’offensive
Ces deux types de fonds « posent le
même risque de fraude et de manipu-
lation », a insisté leur avocat. Un
argument qui a fait mouche, sem-
ble-t-il, auprès des juges. « L’un est
essentiellement un dérivé de l’autre »,
a déclaré la juge Neomi Rao. « Ils
évoluent ensemble dans 99,9 % des
cas. Où se situe donc le fossé du point
d e v u e d e l a [ S E C ] ? » a - t- e l l e
demandé au représentant du régu-
lateur.
Sur les marchés, le scepticisme
apparent des juges face à l’entête-
32
ture Bank (sous le coup d’une
enquête dans l’affaire FTX). Cela n’a
pas empêché le cours des principa-
les cryptos de décrocher de nou-
veau, mercredi. Le bitcoin cède
désormais 10,3 % sur quatorze jours
et l’ether 6,7 %.
Appels restés vains
Silvergate ne compte certes pas
parmi les banques systémiques,
mais la liquidation d’une banque en
raison des cryptos est une première.
Elle intervient au moment où les
autorités américaines cherchent
par tous les moyens à mieux enca-
drer le secteur des cryptos, pour évi-
ter un nouveau scandale FTX.
En février, elles avaient appelé les
banques classiques à s’éloigner
des cryptos.
La Federal Deposit Insurance
Corporation (FDIC), l’agence char-
gée de garantir les dépôts bancaires
aux Etats-Unis, aurait cherché à évi-
ter la banqueroute, selon Bloom-
berg. Parmi les options envisagées,
la recherche d’investisseurs pour
renforcer les liquidités de Silvergate.
Mais les appels lancés seraient
restés vains, personne ne voulant
s’associer à une banque aussi mal
en point. n
ment de la SEC à refuser l’agrément
à un ETF directement investi en bit-
coin a ravivé la spéculation sur
GBTC. Mais les enjeux sont plus lar-
ges. Si la justice forçait la main du
régulateur, d’autres fonds sui-
vraient rapidement l’exemple de
Grayscale.
Alors que Gary Gensler, le patron
de la SEC, a engagé une grande
offensive contre les acteurs des
cryptos, une défaite en justice serait
du plus mauvais effet. Il pourrait
donc décider de revenir sur l’agré-
ment déjà donné aux fonds cotés
investis dans les produits dérivés
sur les cryptos. Dans tous les cas,
cette affaire risque fort de cham-
bouler le paysage des cryptos à Wall
Street. n
3,3 %
DES BITCOINS
en circulation dans le monde
font partie du portefeuille
détenu par Grayscale.
33 Les Echos Vendredi 10 et samedi 11 mars 2023 FINANCE & MARCHES

Les députés simplifient le régime Scandale Epstein :

juridique des actions de groupe
RÉGLEMENTATION
Mercredi soir, l’Assem-
blée nationale a adopté
à l’unanimité la propo-
sition de loi relative
au régime juridique
des actions de groupe.
Ce texte simplifie
l’accès à la procédure,
avec un régime
juridique unique et
des délais raccourcis.
Laurence Boisseau
@boisseaul
Près de huit ans après son introduc-
tion dans la loi, l’action de groupe a
démontré son inefficacité. Seules
32 procédures de ce type ont été ini-
tiées, dont quatre ont connu une
issue positive, trois parmi elles
ayant fait l’objet d’une transaction.
Sanofi est finalement le seul groupe
à avoir été condamné par le tribunal
de Paris, en 2022, à l’issue d’une
action de groupe intentée par une
association de femmes ayant pris
du Dépakine pendant leur gros-
sesse. Ce médicament avait provo-
qué des malformations physiques
et des troubles du neurodéveloppe-
ment du fœtus in utero. Cette déci-
sion n’est pas définitive, car le labo-
ratoire a interjeté appel.
La donne pourrait changer.
Mercredi soir, un peu avant 20 heu-
res, les députés ont voté, à l’unani-
mité, une proposition de loi (PPL)
portée par les députés Laurence
Vichnievsky (Modem) et Philippe
Gosselin (LR). Cette PPL a pour but
de faciliter l’accès à cette procédure
juridique pour en favoriser le déve-
loppement.
Champ d’application
« quasi universel »
Le texte prévoit d’abord d’élargir
son champ d’application. Limité
dans un premier temps au droit de
la consommation, il a été étendu, en
2016, à la santé, l’environnement, la
protection des données person-
nelles, la lutte contre les discrimina-
tions, puis en 2018 aux litiges rela-
tifs à la location immobilière.
Demain, il sera « quasiment uni-
versel », selon les deux députés.
L’ensemble des préjudices, qu’ils
soient corporels, matériels ou
moraux, seront indemnisables.
Mercredi soir, un peu avant 20 heures, les députés ont voté à l’unanimité une proposition de loi
portée par les députés Laurence Vichnievsky (Modem) et Philippe Gosselin (LR). Photo AFP
Lors des débats, mercredi après-
midi, le gouvernement a tenté
d’exclure du champ d’action les
manquements des employeurs liés
au Code du travail. En vain.
Le texte étend ensuite le nombre
d’associations pouvant engager de
telles actions. Jusqu’à présent,
seules des associations agréées,
comme des associations de
consommateurs (UFC-Que Choisir,
CLCV…), pouvaient intenter ces
actions en justice. A l’avenir, 50 per-
sonnes physiques, ou 5 personnes
morales, pourront créer une asso-
ciation « ad hoc » pour engager la
procédure.
La proposition de loi permet
aussi d’alléger le coût de la procé-
dure pour les plaignants, avec la
possibilité donnée au juge de faire
peser sur l’Etat tout ou partie de
l’avance des frais. Elle prévoit aussi
que des tribunaux judiciaires dési-
gnés aient une compétence exclu-
sive en matière d’action de groupe.
Une sanction civile en cas
de faute intentionnelle
Surtout, les députés ont créé, pour
la première fois dans le cas d’une
action de groupe, une sanction
civile en cas de faute intentionnelle
ayant causé des dommages sériels.
Lorsque le manquement est
commis par une personne phy-
sique, le montant de la sanction ne
peut être supérieur au double du
profit réalisé. Lorsque la personne
à l’origine du manquement est une
personne morale, la sanction est
plafonnée à 3 % du chiffre d’affaires
hors taxes réalisé en France. A son
tour, le Sénat va se pencher, d’ici
peu, sur cette proposition de loi.
En France, ces dernières années,
pour échapper aux règles procédu-
rales interprétées de façon extrê-
mement stricte sur la recevabilité
des actions de groupe, se sont déve-
loppées des actions collectives ou
groupées. C’est le cas dans l’affaire
H2O, cette star déchue de la gestion
d’actifs qui a lésé des dizaines de
milliers d’épargnants et de profes-
sionnels, ou encore dans le scan-
dale du Dieselgate, où Volkswagen
est mis en cause pour avoir faussé
les émissions réelles de ses véhi-
cules.
Reste à voir si les actions de
groupe vont désormais prospérer et
remplacer les actions collectives. n
JP Morgan attaque
l’un de ses anciens
dirigeants
BANQUE
Touchée par le
scandale Epstein,
la banque améri-
caine se retourne
contre son ancien
responsable de la
gestion de fortune.
Anne Drif
@ANNDRIF
Eclaboussée par le scandale du
p r é d a t e u r s e x u e l Je f f r e y
Epstein, la première banque
américaine allume les contre-
feux. Alors que son dirigeant,
Jamie Dimon, est pressé de
témoigner sur son rôle dans la
relation d’affaires maintenue
durant quinze ans par JP Mor-
gan avec l’ancien trader milliar-
daire inculpé d’avoir monté un
vaste réseau de prostitution de
mineures, la banque a porté
plainte contre le maillon qui la
relie à l’affaire : son ancien
patron de la gestion de fortune
et salarié durant trente-quatre
ans Jes Staley.
Si la plainte de JP Morgan
aboutit, c’est Jes Staley lui-
même, et non la banque améri-
caine, qui devrait assumer les
dommages financiers à l’issue
du procès initié par les îles Vier-
ges des Etats-Unis visant le
groupe bancaire. Le banquier a
déjà été forcé de démissionner
de la direction de Barclays en
2021 à cause du scandale.
Alertes ignorées
Territoire de la mer des Caraï-
bes, les îles Vierges des Etats-
Unis se sont retrouvées au cœur
de l’affaire. Elles comptent dans
leur maillage Little Saint James,
l’île privée de Jeffrey Epstein, où
il a entretenu son réseau de
prostitution. Son gouverne-
ment veut démontrer que la
puissante banque américaine a
ignoré les alertes sur le profil à
« haut risque » de son ancien
client, qui a continué de bénéfi-
cier de moyens financiers pour
payer ses victimes. Et ce, grâce à
la protection présumée de Jes
Staley. Dans leur plainte dépo-
sée en décembre, ainsi que celle
d’une plaignante connue sous le
nom de « Jane Doe 1 », les îles
Vierges reprochent aussi à Jes
S t a l e y d ’a v o i r é c h a n g é
1.200 emails avec le prédateur
sexuel, dont des photos de jeu-
nes femmes dans des poses sug-
gestives, affublées de noms de
princesses ou de personnages
de Disney. Dans ce scandale,
l’ancien employé de JP Morgan
est accusé d’avoir obser vé
personnellement les victimes et
d’avoir rendu visite à des jeunes
filles dans les appartements
d’Epstein.
Dans les documents judi -
ciaires dép osés mercredi
devant un tribunal de New York
contre Jes Staley, JP Morgan
réfute les accusations visant la
banque et demande que les
plaintes à son encontre soient
rejetées. La banque accuse aussi
Jes Staley, salarié de 1979 à 2013,
d’avoir enfreint ses obligations
fiduciaires, notamment en ne
rapportant pas certains faits
pouvant endommager « ses
finances ou sa réputation ».
Si la plainte aboutit,
la banque n’aura
pas à payer
les dommages.
« Dans la mesure où Staley
était au courant des abus sexuels
commis par Epstein, y a participé
ou en a été témoin, et qu’il ne les a
pas signalés à JP Morgan, qu’il les
a activement dissimulés ou qu’il a
fait de fausses déclarations à
JP Morgan, Staley, et non JP
Morgan, est responsable des pré-
judices qu’Epstein a pu causer »,
écrit la banque dans sa plainte.
Entré en relation avec Jeffrey
Epstein en 2000 quand il est
arrivé à la tête de la banque pri-
vée, Jes Staley a maintenu le
contact sept ans après de pre-
mières accusations de prostitu-
tion de mineures en 2008 et lui a
rendu visite quand il purgeait sa
peine en Floride. L’ancien
patron de Barclays avait ensuite
maintenu cette relation après
son départ de JP Morgan, jus-
qu’à ce que le scandale éclate et
que Jeffrey Epstein soit retrouvé
mort dans sa cellule en 2019. n

ventes aux enchères publiques // EN

EN PARTENARIAT
PARTENARIAT AVEC
AVEC

94 VENTE aux enchères publiques, au Palais de Justice de CRETEIL (94), Salle A (ou B)
Rez-de-Chaussée - Bât Nord le jeudi 13 avril 2023 à 9 h 30 - EN UN LOT
UN APPARTEMENT de 64,82 M²
à CHAMPIGNY SUR MARNE (94) - 37 rue Charles Floquet
Au 7ème étage à gauche façade nord : entrée, WC, SdB, cuisine, séjour avec BALCON, 3
chambres - Au ss : CAVE n° 30
Mise à Prix : 22.806,39 € - Occupé
Consignation pour enchérir : 3.000 €
S’adresser : - À Maître Pascal GENNETAY, Avocat Associé au Barreau du Val de Marne, Membre de la SCP
d’Avocats Inter-Barreaux W2G, 145 rue de Paris – 94220 CHARENTON LE PONT, TEL. 01.43.78.52.01
dépositaire d’une copie du CCV - À Maître Valérie GARCON, Avocat au Barreau de la Seine Saint Denis,
21 avenue du Général de Gaulle (93110) ROSNY SOUS BOIS, TEL. 01.48.54.90.87 - Au Grefe du JEX du
TJ de CRÉTEIL où le CCV est déposé, les lundis et mardis (N° RG 22/00068)
- Sur les lieux pour visiter, le mardi 4 avril 2023 de 14h à 15h - INTERNET : www.avoventes.fr
Retrouvez toutes les informations sur le site www.vench.fr (réf : 1417779)
93 VENTE aux enchères publiques, au Palais de Justice de BOBIGNY (93)
le mardi 11 avril 2023 à 13 h 30 - EN UN SEUL LOT
APPARTEMENT de 54,00 M²
à CLICHY SOUS BOIS (93)
52 Résidence Sévigné (Bât. E)
Au 4ème étage droite, esc. 52, comprenant : couloir, cagibi, salon, 2 chambres,
cuisine, WC, SdB – Au RdC : CELLIER – PARKING n° 240
Mise à Prix : 20.200 € - Occupés
Consignation pour enchérir : 3.000 €
S’adresser : - À Maître Nathalie GARLIN, Avocat, SCPA GARLIN BOUST MAHI, 9
rue Roger Salengro (93) DRANCY, Tél. 01.48.30.31.31, dépositaire d’une copie du
CCV - Au Grefe du JEX du TJ de BOBIGNY où le CCV est déposé (N° RG 22/05308)
- Sur les lieux pour visiter le mercredi 29 mars 2023 de 14h30 à 15h00
Retrouvez toutes les informations sur le site www.vench.fr (réf : 147777)
93 VENTE aux enchères publiques, au Palais de Justice de BOBIGNY (93)
le mardi 11 avril 2023 à 13 h 30 - EN UN SEUL LOT
MAISON de 131.46 M² à PIERREFITTE SUR SEINE (93)
21 rue Barnold
Comprenant au RdC : entrée, salon, cuisine, 2 chambres, LOGGIA, WC, SdE – Au
grenier : palier, 2 chambres, WC – GARAGE indépendant : pièce avec cuisine, 2
chambres, SdE avec WC – GARAGE à gauche : STUDIO composé d’une pièce, cuisine,
SdE, WC, buanderie - JARDIN
Mise à Prix : 130.000 € - Occupés Consignation pour enchérir : 13.000 €
S’adresser : - A Maître Myriam CALESTROUPAT, Avocat, SCPA CALESTROUPAT-THOMAS
et Associés, 8 ter bd. Henri Barbusse (93) MONTREUIL, Tél.01.48.58.17.06,
mail : cabinet@fgtavocats.com, dépositaire d’une copie du CCV - Au Grefe du Juge de l’Exécution
du TJ de BOBIGNY où le CCV est déposé (N° RG 22/08677)
- Pour visiter le jeudi 30 mars 2023 de 14h30 à 15h00 - INTERNET : www.licitor.com ; www.avoventes.fr
Retrouvez toutes les informations sur le site www.vench.fr (réf : 147827)

92 Vente aux enchères publiques, à l’Annexe du Tribunal Judiciaire de NANTERRE,

6 rue Pablo-Neruda le jeudi 13 avril 2023 à 14 h 30
Si vous souhaitez paraître LES MEILLEURES OPPORTUNITÉS AUX ENCHÈRES
UN ENSEMBLE DE LOCAUX à SAINT CLOUD (92)
dans cette rubrique :
« Les Bureaux de la Colline » - 4 rue d’Orléans
de 1.657,36 m². A usage de commerce, restauration et de réserves
Retrouvez le calendrier des prochaines ventes
Mise à Prix : 240 000 € (outre les charges) aux enchères et consultez gratuitement
contact@immolegal.fr Pour consulter le cahier des conditions de vente, s’adresser au Grefe du Juge de l’Exécution
du Tribunal Judiciaire de NANTERRE, de 9 H 30 à 11 H 30,où il a été déposé sous la Référence
Grefe 22/00067, à Maître Cécile TURON,Avocat à RUEIL-MALMAISON (92), 1 rue des Deux
les résultats ainsi que notre newsletter
Tél : 01.42.96.96.72 Gares, Tél. : 01 47 32 03 85 - VISITE sur place le Vendredi 31 mars 2023 de 9 H 30 à 10 H 30
sur le site : Vench.fr
FINANCE & MARCHES Vendredi 10 et samedi 11 mars 2023 Les Echos 34

séAncE du 09 - 03 - 2023 A : Indicateur acompte, solde ou total du dividende. BPA : Bénfice par action. PER : Price Earning Ratio. Les plus hauts et plus bas ajustés sont sur l’année

euronext CaC 40 : 7315,88 (-0,12 %) neXt 20 : 11439,78 (-0,10 %)

CaC larGe 60 : 7907,27 (-0,12 %)
CaC all-tradaBle : 5489,69 (-0,16 %)
Date De ProroGation : 28 mars
civile. Les valeurs classées par ordre alphabétique sont regroupées en trois classes de capitalisation signalées par les lettres a pour les capitalisations
supérieures à 1 milliard d’euros, B pour les capitalisations comprises entre 1 milliard d’euros et 150 millions d’euros et c pour les capitalisations inférieures
à 150 millions d’euros. L : Valeurs de l’indice CACNext20. R : Valeurs de l’indice CACLarge60. G : Valeurs de l’indice CACMid60. g : Valeurs de l’indice
CACSmall. Les bénéfices par action : source FacSet JCF Estimates.

CAC 40 srD suite Valeurs françaises srD suite Valeurs françaises

Valeurs mnémo / INFO / OUV clot % Veil % an BPA Valeurs mnémo / INFO / OUV clot % Veil % an BPA Valeurs mnémo / INFO / OUV clot % Veil % an BPA Valeurs mnémo / INFO / OUV clot % Veil % an BPA
OST VOL. + HAUT % MOIS + HAUT AN PER OST VOL. + HAUT % MOIS + HAUT AN PER OST VOL. + HAUT % MOIS + HAUT AN PER OST VOL. + HAUT % MOIS + HAUT AN PER
ISIN / DEVISE / DATE DÉTACH. / DIV NB TITRES + BAS % 52 S. + BAS AN RDT ISIN / DEVISE / DATE DÉTACH. / DIV NB TITRES + BAS % 52 S. + BAS AN RDT ISIN / DEVISE / DATE DÉTACH. / DIV NB TITRES + BAS % 52 S. + BAS AN RDT ISIN / DEVISE / DATE DÉTACH. / DIV NB TITRES + BAS % 52 S. + BAS AN RDT
air liQuiDe (AI) R a 149,1 150,34 + 0,89 + 13,55 micHelin (ML) a 29,66 29,41 - 1,11 + 13,18 Graines Voltz (GRVO) c 65,6 65,4 - 0,91 - 12,8 roBertet s.a. (RBT) B 890 888 - 1,33 + 6,09
542127 150,38 + 3,53 152,48 1314070 29,715 - 2,26 30,68 246 66,2 - 8,66 79 54 894 - 3,48 928
FR0000120073 16/05/22 2,9 523.461.100 147,96 + 13,29 133,34 1,93 FR001400AJ45 178.530.450 29,345 + 2,43 26,21 15,3 FR0000065971 29/03/22 2 1.480.265 64,6 - 55,05 63 3,06 FR0000039091 29/06/22 8 2.175.031 888 + 9,23 831 0,9
airBus GrouP (AIR) R a 123,5 124,5 + 0,42 + 12,14 3,4 oranGe (ORA) R a 10,848 10,84 + 0,13 + 16,8 GrouPe crit (CEN) g B 68,8 68,4 - 0,58 + 12,13 rotHscHilD & co (ROTH) a 47,3 47,25 + 26,51
878387 125,08 + 9,54 126,04 36,67 4523995 10,906 +13,39 10,98
NL0000235190 19/04/22 1,28 788.208.008 123,12 + 20,71 111,68 1,21 FR0000133308 05/12/22 0,3 2.660.056.599 10,802 + 3,47 9,289 2,77 214 69 - 1,44 70,8 14918 47,45 + 0,64 48,05
FR0000036675 05/07/22 1 11.250.000 68,4 + 20,42 60,8 1,46 FR0000031684 23/05/22 2,75 77.002.277 47,25 + 36,17 37 5,82
alstom (ALO) R a 27,69 27,88 + 0,65 + 22,17 PernoD-ricarD (RI) R a 199,85 201,3 + 0,73 + 9,55
967695 28,24 + 2,5 28,41 394924 202,6 + 7,07 204,4 GrouPe GorGé (GOE) g B 20,35 20,25 - 0,25 + 1,35 ruBis (RUI) G a 26,4 26,29 - 0,45 + 6,87
FR0010220475 20/07/22 0,25 376.217.232 27,58 + 34,82 22,96 0,9 FR0000120693 25/11/22 2,56 257.947.355 198,9 + 8,84 181,65 1,27 6382 20,4 - 2,17 21,6 DiV 2 28/07/17 151596 26,43 + 1,7 26,66
arcelormittal (MT) R a 29,725 29,41 - 1,01 + 19,67 PuBlicis GrouPe (PUB) R a 76,84 75,84 - 1,43 + 27,63 FR0000062671 23/06/21 0,32 17.424.747 20,15 + 26,72 19,3 FR0013269123 14/06/22 1,86 102.953.566 26,06 - 2,23 24,77 7,08
2013014 29,725 + 6,95 30,515 673120 76,86 + 1,36 77,94 Gtt (GTT) G a 100,4 99,9 - 0,1 + 0,1 sartorius steD. Bio. (DIM) G a 304,5 310,6 + 1,5 + 2,68
LU1598757687 13/05/22 0,31 877.809.772 29,345 + 8,99 24,715 FR0000130577 04/07/22 2,4 254.311.860 75,54 + 40,44 59,48 3,17 74356 100,4 - 3,94 108,3 DiV 6 10/05/16 31972 311,9 - 9,68 358,8
aXa (CS) R a 30,155 30,1 - 0,23 + 15,52 renault (RNO) R a 42,34 41,21 - 2,7 + 31,77 FR0011726835 13/12/22 1,55 37.078.357 98,3 + 4,01 92 1,55 FR0013154002 31/03/22 1,26 92.180.190 302,9 - 2,76 282,8 0,41
3986937 30,34 + 4,86 30,34 1368865 42,54 - 1,51 43,96
FR0000120628 06/05/22 1,54 2.351.770.945 29,995 + 23,66 26,14 5,12 FR0000131906 18/06/19 3,55 295.722.284 41,06 + 74,03 31,405 GuerBet (GBT) g B 19,86 19,92 + 0,61 + 17,45 saVencia (BH) B 63,3 63,5 + 0,32 + 8,73
5935 19,92 + 5,06 20,4 984 63,6 + 3,42 63,6
BnP PariBas (BNP) R a 63,9 62,64 - 2,13 + 17,63 saFran (SAF) R a 134,34 135,92 + 1,1 + 16,25
2765650 64,13 - 2,75 67,02 478343 136,4 + 3,83 137,58 FR0000032526 01/07/22 0,85 12.641.115 19,6 - 30,83 16,68 4,27 FR0000120107 16/05/22 1,5 14.032.930 63,1 + 7,63 56 2,36
FR0000131104 23/05/22 3,67 1.234.331.646 62,57 + 21,82 53,75 5,86 FR0000073272 31/05/22 0,5 427.245.970 133,92 + 30,09 116,6 0,37 Guillemot (GUI) g c 9,31 9,51 + 2,15 - 25,82 scor (SCR) G a 23,14 22,4 - 3,16 + 4,23
BouYGues (EN) R a 32,7 32,5 - 0,64 + 15,91 saint-GoBain (SGO) R a 56,94 56,38 - 1,16 + 23,5 4810 9,51 + 5,67 14,08 420019 23,16 - 3,9 24,43
639024 32,72 + 5,93 32,84 1109106 56,94 + 7,47 58,53 FR0000066722 15/06/22 0,25 15.087.480 9,31 - 26,62 8,04 2,63 FR0010411983 20/05/22 1,8 179.362.195 22,31 - 14,86 20,85 8,04
FR0000120503 03/05/22 1,8 374.486.777 32,37 + 2,85 28,16 5,54 FR0000125007 06/06/22 1,63 515.781.821 56,14 + 2,64 45,895 2,89 HiGH co (HCO) g c 5,26 5,26 - 0,38 + 10,74
caP-Gemini (CAP) R a 178,5 179,75 + 0,67 + 15,26 sanoFi (SAN) R a 89,92 89,88 + 0,1 + 0,04 seB (SK) G a 105,1 105,4 - 0,28 + 34,7
2293 5,34 + 2,33 5,62 40502 106,3 + 9,22 109,9
272537 180,45 - 3,52 189,75 1031889 90,61 + 0,76 93,36 FR0000054231 19/05/22 0,32 20.455.403 5,26 + 1,15 4,57 6,08
FR0000125338 01/06/22 2,4 173.582.113 177,7 + 0,22 157,15 1,34 FR0000120578 06/05/22 3,33 1.260.835.732 89,54 - 4,68 82,25 3,71 FR0000121709 31/05/22 2,45 55.337.770 104,8 - 12,68 78,85 2,32
carreFour (CA) R a 18,175 18,16 + 0,06 + 16,11 scHneiDer electric (SU) R a 154,68 157,6 + 1,59 + 20,56 icaDe (ICAD) G a 47,42 47,1 - 0,51 + 17,05 serGeFerrari GrouP (SEFER) g c 15,48 15,04 - 2,72 + 40,04
2047593 18,295 + 8,97 18,865 639967 157,64 + 3,88 159,62 142553 47,58 + 3,88 49,1 13649 15,48 + 4,74 16
FR0000120172 07/06/22 0,52 742.157.461 18,1 + 3,36 15,67 2,86 FR0000121972 17/05/22 2,9 571.092.921 153,8 + 8,5 131,72 1,84 FR0000035081 28/02/23 2,16 76.234.545 46,4 - 12,62 40,46 FR0011950682 19/05/22 0,29 12.299.259 14,92 - 0,53 10,58 1,93
creDit aGricole (ACA) R a 11,43 11,3 - 1,21 + 14,94 société Générale (GLE) R a 27,105 26,725 - 1,55 + 13,82 iD loGistic (IDL) g a 297 297,5 + 11,01 ses-imaGotaG (SESL) G B 119 107,2 - 8,06 - 12,13
7140334 11,446 - 3,37 11,938 2951590 27,185 + 0,68 28,385 1566 299,5 - 2,78 312
FR0000045072 30/05/22 1,05 3.025.902.350 11,268 + 5,45 9,883 9,29 FR0000130809 25/05/22 1,65 808.208.965 26,695 + 13,72 23,64 6,17 124308 122,6 -10,96 130,4
FR0010929125 5.686.159 296 - 1,49 245
FR0010282822 25/06/12 0,5 15.850.808 104,2 + 52,27 102,8
Danone (BN) R a 54,49 54,98 + 0,9 + 11,68 stellantis nV (STLAP) a 17,45 17,192 - 1,67 + 29,56 imerYs (NK) G a 41,46 41,18 - 0,58 + 13,32
1556813 55,28 + 9,07 55,28 4226264 17,478 + 9,73 17,782 sHoWroomPriVé (SRP) g B 1,52 1,541 + 0,39 - 8,38
FR0000120644 10/05/22 1,94 675.837.932 54,48 + 7,59 48,3 3,53 NL00150001Q9 19/04/22 0,88 3.143.878.015 17,072 + 18,58 13,362 6,05 32286 41,7 + 0,73 43,22
364282 1,565 - 4,17 1,845
FR0000120859 17/05/22 1,55 84.940.955 41,1 + 10,88 36,4 3,76
Dassault sYstemes (DSY) R a 36,75 36,76 - 0,38 + 9,75 stmicroeletronics (STM) R a 46,55 47,04 + 1,18 + 42,57 0,23 FR0013006558 118.902.909 1,24 + 2,05 1,24
1133926 36,945 - 2,26 38,87 1926035 47,47 + 1,94 47,47 206,99 innate PHarma (IPH) g B 3,07 3,05 - 1,29 - 7,29
128426 3,142 - 3,85 3,8 soitec (SOI) G a 146 147,75 + 0,17 - 3,34
FR0014003TT8 23/05/22 0,17 1.333.064.190 36,215 - 12,6 33,095 0,46 NL0000226223 12/12/22 0,05 911.281.920 46,07 + 30,78 33,165 0,13
FR0010331421 80.212.069 3,046 + 10,11 2,756 eX-Ds 13/05/16 reGr.1P20 113622 147,75 + 6,68 155,5
enGie (ENGI) R a 14,15 14,1 - 0,24 + 5,32 1,21 telePerFormance (RCF) R a 235,8 232,7 - 1,48 + 4,49 FR0013227113 35.589.417 142,4 + 3,32 130,2
6158717 14,176 + 7,8 14,386 11,69 242924 236,2 -13,14 275,4 interParFums (ITP) G a 64,7 64,3 - 0,62 + 15,65
FR0010208488 25/04/22 0,85 2.435.285.011 14,024 + 25,36 12,426 6,03 FR0000051807 26/04/22 3,3 59.120.842 232,1 - 26,75 222,7 1,42 24909 64,9 + 4,21 67,3 solocal GrouP (PAJ) B 0,503 0,5 - 0,04 - 18,07
essilorluXottica (EL) R a 160,85 161,85 + 0,75 - 4,34 tHales (HO) R a 127,85 131,5 + 2,86 + 10,23 FR0004024222 16/05/22 0,94 62.905.973 64,2 + 28,13 56 1,46 80789 0,504 -23,23 0,734
408858 162,7 - 5,96 178,75 387876 131,85 +10,5 135,5 FR00140006O9 129.505.837 0,5 - 60,89 0,497
FR0000121667 30/05/22 2,51 447.647.330 160,05 + 3,94 158,45 1,55 FR0000121329 06/12/22 0,7 213.411.309 127,75 + 18,68 112,4 0,53 iPsen (IPN) G a 108,6 109,6 + 0,64 + 9,05
59937 110 + 4,38 111,2 soDeXo (SW) LR a 86,86 86,26 - 0,85 - 3,6
euroFins scient. (ERF) R a 60,22 61,7 + 2,12 - 7,99 totalenerGies (TTE) R a 58,88 58,48 - 0,71 - 0,29 FR0010259150 31/05/22 1,2 83.814.526 107,6 + 8,3 94,85 1,1 247161 86,96 + 0,09 92,52
369987 61,86 - 9,58 72,12 3364708 58,88 + 1,09 60,93 FR0000121220 23/12/22 2,4 147.454.887 86,24 + 22,84 84,16 2,78
FR0014000MR3 03/07/19 2,45 190.742.750 60,02 - 26,93 56,66 1,62 FR0000120271 02/01/23 0,69 2.490.262.024 58,04 + 26,51 54,82 1,18 iPsos (IPS) G a 59,8 59 - 1,67 + 0,85
56308 60,1 - 4,53 62,4 solutions 30 (ALS30) a 2,39 2,386 + 0,38 + 39,86
Hermes intl (RMS) R a 1728 1728 - 0,12 + 19,58 uniBail-r/WFD (URW) R a 58,85 56,89 - 3,84 + 16,99
40436 1731,5 + 1,65 1778 811613 58,86 - 8,35 63,07 FR0000073298 01/07/22 1,15 44.253.225 59 + 41,49 54,9 1,95 446635 2,39 + 1,23 2,678
FR0000052292 20/02/23 3,5 105.569.412 1704,5 + 47,63 1450 0,2 FR0013326246 24/03/20 5,4 138.759.659 56,75 - 3,28 49,06 FR0013379484 107.127.984 2,321 - 66,11 1,74
JacQuet metals (JCQ) g B 19,08 18,64 - 2,31 + 11,48
KerinG (KER) R a 578,6 579 - 0,16 + 21,77 Veolia enV. (VIE) R a 28,2 28,14 + 17,25 7772 19,08 + 0,76 19,54 soPra steria GP (SOP) G a 196,3 197,5 + 0,31 + 39,87
115279 580,3 - 0,03 601,1 1220020 28,21 + 0,18 28,97 FR0000033904 30/06/22 1 23.022.739 18,54 - 8,4 16,84 5,37 39834 198,1 +21,69 198,3
FR0000121485 16/01/23 4,5 124.070.778 573 - 0,31 478,05 0,78 FR0000124141 05/07/22 1 714.574.367 27,76 - 2,43 24,33 3,55 FR0000050809 07/06/22 3,2 20.547.701 194,5 + 31,84 141,9 1,62
JcDecauX (DEC) G a 21,82 18,93 - 16,9 + 6,83
l.V.m.H. (MC) R a 809 805,2 - 0,64 + 18,43 Vinci (DG) R a 108,5 108,54 - 0,26 + 16,35 smcP (SMCP) g B 8,745 8,825 + 0,8 + 35,98
305905 811 - 0,49 830,7 556401 108,86 + 2,57 109,92 719746 21,82 -14,34 23,2
FR0000121014 01/12/22 5 502.048.400 802,6 + 33,62 685,1 0,62 FR0000125486 15/11/22 1 589.387.330 107,96 + 19,63 93,4 0,92 FR0000077919 21/05/19 0,58 212.902.810 18,82 - 9,86 17,4 109080 8,88 +20,15 8,88
KauFman & BroaD (KOF) g B 27,6 27,85 + 0,72 + 1,46 FR0013214145 75.591.187 8,655 + 42,45 6,545
leGranD (LR) R a 89,06 89,42 + 0,47 + 19,51 ViVenDi se (VIV) R a 9,926 9,784 - 0,73 + 9,76
482114 89,52 + 5,05 90,76 5021285 9,926 - 1,25 10,06 17178 28,05 - 2,28 30,75 sPie (SPIE) G a 26,42 26,5 + 0,08 + 8,78
FR0010307819 30/05/22 1,65 266.817.746 87,98 + 5,35 74,64 1,85 FR0000127771 26/04/22 0,25 1.102.874.718 9,552 - 13,07 8,936 2,56 FR0004007813 01/06/22 1,95 21.113.022 27,55 - 8,54 27,05 7 209788 26,64 + 2,08 26,82
l'oréal (OR) R a 375,5 375,85 - 0,09 + 12,66 WorlDline (WLN) G a 39,96 40,73 + 1,37 + 11,5 KlePierre (LI) LR a 23,94 23,55 - 1,96 + 9,38 FR0012757854 22/09/22 0,18 164.150.706 26,2 + 34,38 22,8 0,68
234147 377,3 - 0,77 393,6 420447 40,9 - 3,87 44,77 770858 23,94 - 3,44 24,95 steF (STF) g B 106,8 103,8 - 1,71 + 14,57
FR0000120321 27/04/22 4,8 535.186.562 372,8 + 5,58 334,3 1,28 FR0011981968 281.422.238 39,87 + 0,25 36,66 983 106,8 - 4,07 113,6
FR0000121964 12/05/22 1,7 286.861.172 23,4 + 4,16 21,7
Korian (KORI) G a 7,485 7,52 - 0,73 - 25,69 FR0000064271 03/05/22 3 13.000.000 103,8 + 10,43 91 2,89
382846 7,535 -20,55 10,97 sWorD GrouP (SWP) g B 47,1 46,4 - 5,11 + 17,77
FR0010386334 28/06/22 0,35 106.505.206 7,39 - 60,98 7,02 4,65 20515 47,65 - 0,85 48,95
laGarDère (MMB) G a 20,9 20,72 - 0,58 + 3,39 FR0004180578 29/04/22 8,5 9.544.965 44,4 + 15,71 39,4 21,55
srD Valeurs françaises FR0000130213
8163
25/04/22 0,5 141.133.286
20,9
20,66
+ 2,37 22,42
- 18,36 19,99 2,41
sYnerGie (SDG) g B 33,15
1180
32,9
33,2
- 0,75 + 9,67
- 0,6 34,4
lDc (LOUP) a 113,5 115 + 1,32 + 6,98 FR0000032658 29/06/22 0,8 24.362.000 32,9 - 2,37 29,9 2,43
Valeurs mnémo / INFO / OUV clot % Veil % an BPA Valeurs mnémo / INFO / OUV clot % Veil % an BPA
179 115 + 5,99 117 tecHnicolor crea.st. (TCHCS) a /070323 - 24,18
OST VOL. + HAUT % MOIS + HAUT AN PER OST VOL. + HAUT % MOIS + HAUT AN PER FR0013204336 29/08/22 2 17.635.433 113 + 31,28 104 1,74 -28,2 0,369
ISIN / DATE DÉTACH. COUPON / DIV NB TITRES + BAS % 52 S. + BAS AN RDT ISIN / DATE DÉTACH. COUPON / DIV NB TITRES + BAS % 52 S. + BAS AN RDT lna santé (LNA) g B 29,8 29,8 - 0,17 + 0,68 FR001400BWV7 546.681.915 0,162
aB science (AB) g B 6,35 6,235 - 2,43 - 12,06 catana GrouP (CATG) g c 7,55 7,56 - 0,4 + 28,35 2937 29,95 - 1,16 31,7 telePerFormance (RCF) R a 235,8 232,7 - 1,48 + 4,49
116354 6,425 - 1,03 7,49 21941 7,63 + 6,03 7,72 FR0004170017 07/07/22 0,43 10.709.416 29,6 - 14,24 28,6 1,44 242924 236,2 -13,14 275,4
FR0010557264 46.859.446 6,115 - 25,99 5,8 FR0010193052 01/03/23 0,15 30.706.178 7,54 + 14,55 5,93 1,98 lectra (LSS) g B 35 34,8 - 0,29 - 1,14 FR0000051807 26/04/22 3,3 59.120.842 232,1 - 26,75 222,7 1,42
aBc arBitraGe (ABCA) g B 6,36 6,38 + 0,95 - 1,09 cGG (CGG) G B 0,927 0,904 - 2,52 + 49,52 28040 35,15 - 8,18 41,3 teract (TRACT) B 6,05 5,96 - 1,47 - 0,67
26388 6,4 - 3,33 6,64 7042832 0,927 + 5,07 0,963 FR0000065484 04/05/22 0,36 37.511.651 34,5 - 13,54 33,15 1,03 4611 6,21 -17,55 7,48
FR0004040608 06/12/22 0,1 59.608.879 6,32 - 10,77 6,29 1,57 FR0013181864 712.357.321 0,899 - 3,36 0,599 lHYFe (LHYFE) B 7,88 7,999 + 1,9 - 7,53 FR001400BMH7 73.394.562 5,88 - 20,11 5,88
aBiVaX (ABVX) g B 6,36 6,33 - 0,32 + 2,43 cHarGeurs (CRI) g c 14,39 15,7 + 12,06 + 11,51 5328 8 - 2,77 9,08 tF1 (TFI) G a 7,84 7,8 - 0,89 + 9,01
9711 6,36 - 8,53 7,55 207412 16,09 + 2,61 16,09 FR0014009YQ1 47.900.448 7,82 - 8,58 7,8 165439 7,855 + 2,23 7,88
FR0012333284 42.331.585 6,29 - 67,2 6,18 FR0000130692 14/09/22 0,22 24.919.130 14,27 - 20,26 13,94 1,4 lineData serVices (LIN) g B 45,2 45,2 - 1,95 FR0000054900 21/04/22 0,45 210.485.635 7,76 - 9,93 6,6 5,77
12 45,2 - 8,5 49,9 tFF GrouP (TFF) G B 41,7 41,2 - 0,96 + 1,23
accor (AC) LR a 31,46 31,25 - 1,05 + 33,83 cHristian Dior (CDI) a 803,5 797 - 0,62 + 17,03
FR0004156297 06/07/22 1,6 4.960.807 45,1 + 10,24 45 3,54 4807 42 + 2,49 44
530724 31,46 + 1,49 32,05 eX D oP 08/06/17 2221 803,5 + 0,38 819,5
FR0000120404 10/05/19 1,05 263.031.794 31,11 + 15,66 23,39 FR0000130403 01/12/22 5 180.507.516 792,5 + 38,73 684 0,63 lisi (FII) g a 24,55 24,6 - 0,2 + 26,41 FR0013295789 08/11/22 0,4 21.680.000 41,2 + 66,13 39,4 0,97
18938 25 +13,1 25,5 tHermaDor GrouPe (THEP) B 98,9 98,8 - 0,1 + 14,62
aDocia (ADOC) g B 3,44 3,41 - 1,16 - 14,11 coFace (COFA) G a 14,28 14,2 - 0,35 + 16,97 FR0000050353 04/05/22 0,29 54.114.317 24,5 + 5,35 18,46 1,18
7622 3,465 - 0,15 4,65 250016 14,31 + 7,49 14,44 3534 99,4 + 2,92 101,6
FR0011184241 8.340.510 3,4 - 22,68 3,24 FR0010667147 20/05/22 1,5 150.179.792 14,14 + 49,63 12,33 10,56 lumiBirD (LBIRD) g c 16,9 16,8 - 0,24 + 1,45 FR0013333432 12/04/22 2 9.200.849 98,8 + 7,63 85,6 2,02
2582 16,9 - 5,83 19,22
aéroPorts De Paris (ADP) LR a 140,4 139,35 - 1,1 + 11,3 colas (RE) a 117,5 117 - 0,43 tiKeHau caPital (TKO) g a 27 26,85 - 0,19 + 10,72
FR0000038242 22.466.882 16,6 - 13,76 16,4
61754 141 - 4,95 147,7 672 117,5 + 0,86 120 eX D s 03/07/17 16428 27 + 2,87 27
FR0010340141 06/12/19 0,7 98.960.602 137,1 + 15,26 125,5 FR0000121634 02/05/22 6,85 32.654.499 116,5 - 0,85 114,5 5,86 m6-métroPole tV (MMT) G a 14,5 14,28 - 1,31 - 6,97 FR0013230612 20/05/22 1 175.193.044 26,8 + 27,86 24,25 3,72
47837 14,6 - 1,45 16
air France-Klm (AF) LR a 1,842 1,822 - 1,49 + 48,01 coViVio (COV) G a 60,55 58,35 - 3,87 + 5,23 FR0000053225 04/05/22 1 126.414.248 14,24 - 17,55 12,85 7 transGène (TNG) g c 2,08 2,08 + 25,45
8490067 1,849 +15,32 1,862 188647 60,55 -10,16 66,6 13685 2,09 - 2,35 2,19
FR0000031122 14/07/08 0,58 2.570.536.136 1,811 - 1,81 1,238 FR0000064578 25/04/22 3,75 94.786.096 58,35 - 14,44 55,85 maisons Du monDe (MDM) g B 11,65 9,745 - 13,69 - 17,06 FR0005175080 100.204.071 2,05 + 0,97 1,658
187507 11,65 -14,52 13,36
aKWel (AKW) g B 15,18 14,84 - 1,2 - 14,71 coViVio Hotels (COVH) a 17,65 17,25 - 1,99 + 16,55 FR0013153541 08/06/22 0,55 43.288.097 9,555 - 46,4 9,555 5,64 triGano (TRI) G a 121,5 118,6 - 2,15 - 7,05
6288 15,18 - 9,4 18,24 3228 17,65 + 3,92 17,7 20579 121,7 - 9,95 136
FR0000053027 08/06/22 0,45 26.741.040 14,7 - 15,97 14,7 3,03 FR0000060303 12/04/22 0,65 148.141.452 17,25 + 12,01 14,5 manitou (MTU) g B 24,45 24 - 2,04 - 3,23 FR0005691656 11/01/23 1,75 19.336.269 117,6 - 5,8 117,2 1,48
20197 24,45 -11,44 28,1
alD (ALD) G a 13,04 13 - 0,31 + 20,82 Dassault aV. (AM) a 165,3 179,2 + 12,21 + 13,27 FR0000038606 20/06/22 0,8 39.668.399 24 - 8,05 24 3,33 uBisoFt entertainment (UBI) LRa 22,16 23,1 + 4,1 - 12,53
272029 13,06 + 6,21 13,06 169079 180,1 +16,67 180,1 888697 23,33 + 9,12 28,16
mauna Kea (MKEA) g c 0,579 0,649 + 12,09 + 56,39 FR0000054470 125.520.452 21,81 - 44,99 18,06
FR0013258662 31/05/22 1,08 565.745.096 12,88 + 14,24 10,74 8,31 FR0014004L86 23/05/22 2,49 83.487.030 164,1 + 42,9 148,7 1,39
933818 0,667 - 1,67 0,837
alPes (cie Des ) (CDA) g B 14,06 14,06 - 0,14 - 2,23 DBV tecHnoloGies (DBV) g B 3,392 3,288 - 0,54 + 4,51 FR0010609263 44.582.685 0,579 + 3,67 0,402 Valeo (FR) LR a 21,63 21,26 - 2,03 + 27,31
31815 14,08 - 1,26 15,14 412304 3,43 +25,21 3,43 1141701 21,63 + 2,95 22,23
mcPHY enerGY (MCPHY) g B 12,78 12,61 - 2,02 + 3,28 FR0013176526 27/05/22 0,35 243.501.944 21,15 + 33,63 16,92 1,65
FR0000053324 10/03/20 0,7 50.443.612 13,86 + 8,99 13,82 FR0010417345 94.025.441 3,26 + 38,09 2,5 31251 12,845 - 7,96 14,9
altarea (ALTA) G a 124,2 123,4 - 0,64 - 2,22 DericHeBourG (DBG) g B 6,06 6,065 + 9,87 FR0011742329 27.959.095 12,6 - 34,83 12,33 Vallourec reG (VK) G B 14,44 13,96 - 3,96 + 13,77
4911 124,4 - 3,14 132 230230 6,1 - 8,52 6,85 1749707 14,445 - 1,13 15,06
meDincell (MEDCL) B 8,38 8,58 + 4,13 + 38,83
FR0000033219 27/05/22 9,75 20.375.804 123 - 14,42 123 FR0000053381 14/02/23 0,32 159.397.489 6,03 - 29,97 5,51 5,28 FR0013506730 228.928.428 13,72 + 41,73 11,39
35907 8,76 + 8,61 8,81
altareit (AREIT) B 605 580 - 4,13 - 7,2 Dms (DGM) g c 1,215 1,19 - 2,06 + 17,82 FR0004065605 25.253.795 8,32 + 27,11 6 ValneVa (VLA) G B 5,49 5,456 - 1,09 - 12,34
51 605 - 7,2 640 2190 1,215 - 4,8 1,44 207307 5,514 -12,37 7,38
mercialYs (MERY) G B 10,5 10,24 - 2,66 + 4,81
FR0000039216 1.750.487 580 - 12,78 580 FR0012202497 16.120.556 1,19 + 13,33 0,982 341012 10,5 - 3,31 10,79 FR0004056851 138.346.968 5,406 - 63,14 5,318
alten (ATE) G a 147,2 148,1 + 0,14 + 26,8 eDenreD (EDEN) LR a 53,02 53,2 + 0,08 + 4,56 FR0010241638 03/05/22 0,92 93.886.501 10,2 + 19,7 9,815 Verallia (VRLA) g a 38 37,1 - 2,42 + 17,11
33193 148,5 + 0,34 150,6 270965 53,4 + 4,19 54,34 mersen (MRN) g B 44,45 44,05 - 1,01 + 16,69 184732 38,14 + 8,61 39,96
FR0000071946 27/06/22 1,3 34.595.885 146,1 + 12,11 116,6 0,88 FR0010908533 07/06/22 0,9 249.380.032 52,94 + 31,59 47,74 1,69 21567 44,6 + 4,51 45,95 FR0013447729 19/05/22 1,05 122.289.183 37,1 + 76,84 31,62 2,83
amunDi (AMUN) G a 62,1 61,8 - 0,56 + 16,6 eiFFaGe (FGR) LR a 105,75 105,6 - 0,19 + 14,88 FR0000039620 05/07/22 1 20.844.904 44,05 + 41,87 37,85 2,27 VerimatriX (VMX) g B 0,8 0,817 + 2,13 + 5,28
eX-Ds 15/03/17 136066 62,1 - 3,29 64,75 156821 105,8 + 5,23 106 metaBolic eXPlorer (METEX) g c 1,341 1,38 + 2,91 + 14,05 101921 0,834 - 1,33 0,94
FR0004125920 23/05/22 4,1 203.860.131 61,55 + 5,01 53,45 6,63 FR0000130452 16/05/22 3,1 98.000.000 105,1 + 18,25 91,9 2,94 20541 1,38 +11,74 1,421 FR0010291245 85.535.147 0,791 - 13,27 0,76
antin inFra Partners (ANTIN) G a 19,09 18,69 - 2,04 - 7,93 eKinoPs (EKI) g B 9,1 9,15 + 8,93 FR0004177046 50.919.133 1,34 - 69,09 1,117 VetoQuinol (VETO) B 81 79,7 - 1,24 - 9,02
17622 19,09 -10,23 23,3 51805 9,22 + 7,14 9,22 monceY (Fin.) nom. (FMONC) B 7750 7750 - 1,9 + 18,32 1281 81 - 6,24 98,6
FR0014005AL0 11/11/22 0,14 174.562.444 18,69 - 24,33 18,5 0,75 FR0011466069 25.727.618 9,08 + 42,97 8,02 17 7850 + 1,97 8100 FR0004186856 03/06/22 0,8 11.881.902 79,3 - 40,96 79 1
aramis (ARAMI) a 3,47 3,44 - 0,29 - 18,1 elior (ELIOR) G B 3,7 3,582 - 3,66 + 8,55 FR0000076986 09/06/22 28 182.871 7650 + 23,02 6050 0,36 Vicat (VCT) g a 29,2 29,35 + 0,51 + 25,16
13741 3,47 -16,59 4,566 945538 3,7 +15,4 4,186 nacon (NACON) B 2,29 2,26 - 1,31 - 13,08 24142 29,5 + 8,1 30,95
FR0014003U94 82.856.671 3,406 - 56,46 3,342 FR0011950732 07/04/20 0,29 172.444.229 3,51 + 10,62 2,94 82407 2,33 - 6,22 2,925 FR0000031775 29/04/22 1,65 44.900.000 28,9 - 6,53 23,75 5,62
arGan (ARG) a 83,2 82 - 1,09 + 8,18 elis (ELIS) G a 17,67 17,46 - 1,47 + 26,34 FR0013482791 86.936.299 2,22 - 52,47 2,22 Vilmorin & cie (RIN) g a 47,8 47,55 + 4,16
17862 83,2 - 1,56 88,7 363346 17,8 + 5,12 17,89 nanoBiotiX (NANO) g B 3,28 3,275 - 0,15 - 9,53 4371 48 + 0,32 49,35
FR0010481960 01/04/22 2,6 22.981.364 80,7 - 25,99 76 FR0012435121 25/05/22 0,37 230.147.257 17,22 + 36,3 13,8 2,12 17481 3,28 -10,03 4,07 FR0000052516 13/12/22 1,6 22.917.292 47,4 + 9,94 45,2 3,37
arKema (AKE) LR a 97,54 96,94 - 0,94 + 15,57 eramet (ERA) G B 103,2 102,6 - 1,54 + 22,36 FR0011341205 13/05/19 34.825.872 3,225 - 48,67 3,21 VirBac (VIRP) G a 283 281,5 - 0,18 + 23,46
135349 97,72 + 3,9 99,8 83041 104,1 - 5,09 114,5 neoen (NEOEN) G a 27,47 26,46 - 3,85 - 29,65 1343 283 - 1,92 302
FR0010313833 23/05/22 3 75.043.514 96,18 - 11,15 84,42 3,1 FR0000131757 03/06/22 2,5 28.755.047 100,9 - 24,17 79,15 2,44 426484 27,47 -25,46 38,07 FR0000031577 24/06/22 1,25 8.458.000 278,5 - 23,61 228 0,44
artmarKet.com (PRC) g c 6,43 6,65 + 1,22 - 6,34 erYtecH PHarma (ERYP) g B 0,792 0,798 - 1,85 +117,56 FR0011675362 01/06/22 0,1 114.669.498 26,46 - 28,14 26,46 0,45 Voltalia (VLTSA) a 16,82 16,64 - 1,42 - 2,46
1857 6,65 -12,38 8,12 54087 0,82 -11,82 1,36 neXans (NEX) G a 94,8 96,6 + 1,68 + 14,39 25923 16,84 - 3,03 18,26
FR0000074783 6.651.515 6,43 - 5,27 6,4 FR0011471135 31.018.553 0,791 - 38,14 0,362 94884 96,6 - 0,97 102,9 FR0011995588 131.140.944 16,56 - 14,05 16,56
assYstem (ASY) B 43,9 43,5 - 0,91 + 7,14 esi GrouP (ESI) g c 78,2 78,8 + 0,51 + 6,78 FR0000044448 16/05/22 1,2 43.753.380 94,4 + 22,67 81,2 1,24 WaVestone (WAVE) g B 47,7 45 - 10,89 + 4,29
oPa 24/11/17 4444 44,1 + 5,33 47 385 78,8 + 6,49 80,4 neXitY (NXI) G a 24,74 24,54 - 0,89 - 5,83 38885 47,7 - 9,82 51,4
FR0000074148 06/07/22 1 15.668.216 43,4 + 26,82 40,5 2,3 FR0004110310 6.064.141 78,2 + 12,57 72 157191 24,78 -11,09 28,54 FR0013357621 03/08/22 0,38 20.196.492 44,3 - 0,66 41,4 0,84
atos se (ATO) a 15,07 15,215 + 0,2 + 68,83 esso (ES) g c 54 54,2 + 14,83 FR0010112524 23/05/22 2,5 56.129.724 24,36 - 23,6 23,86 10,19 WenDel (MF) G a 104,4 104,9 + 20,3
979743 15,35 +22,7 15,76 35737 54,8 +10,16 59,8 nicoX (COX) g B 0,79 0,772 - 1,66 - 31,07 41415 105,1 + 3,96 109,2
FR0000051732 14/05/21 0,9 110.951.542 14,88 - 41,25 9,382 FR0000120669 10/07/18 1,5 12.854.578 52,2 +130,64 41,8 99923 0,79 -13,55 1,18 FR0000121204 20/06/22 3 44.407.677 104,1 + 23,05 87,25 2,86
FR0013018124 50.156.698 0,77 - 58,72 0,77 WorlDline (WLN) G a 39,96 40,73 + 1,37 + 11,5
auBaY (AUB) g c 49,3 48,95 - 0,71 + 0,41 eurazeo (RF) G a 69,3 68,55 - 1,51 + 17,99
1745 49,3 - 4,02 53,2 126094 69,3 + 6,28 69,7 nrJ GrouP (NRG) B 6,56 6,48 - 0,92 - 4,42 420447 40,9 - 3,87 44,77
FR0000063737 08/11/22 0,5 13.304.296 48,6 - 5,32 47,25 1,02 FR0000121121 02/05/22 3 79.224.529 67,65 + 4,9 58,3 4,38 2026 6,6 - 2,11 6,9 FR0011981968 281.422.238 39,87 + 0,25 36,66
FR0000121691 14/06/22 0,21 78.107.621 6,48 + 6,58 6,4 3,24
aXWaY soFtWare (AXW) g B 22,4 22,3 - 0,89 + 33,93 eutelsat com. (ETL) G a 6,575 6,65 + 1,45 - 4,45
2274 22,5 - 1,76 23,3 464115 6,685 - 3,55 7,265 oDet (cie De l') (ODET) a 1468 1472 + 0,27 + 5,9
FR0011040500 06/06/22 0,4 21.633.597 22,2 + 36,81 16,5 1,79 FR0010221234 17/11/22 0,93 248.926.325 6,55 - 27,43 6,345 13,99 205 1486 - 0,54 1516 Autres Valeurs de la Zone euro
FR0000062234 09/06/22 3,6 6.585.990 1458 + 33,21 1378 0,25
Bains mer monaco (BAIN) B 92 94,4 + 3,06 + 12,11 eXclusiVe netWorKs (EXN) a 19,5 19,38 - 0,41 + 7,19 euroneXt (ENX) LR a 69,5 70,3 + 1,04 + 1,65
102 94,4 + 4,66 94,4 14920 19,6 - 3,1 20,75 orPéa (ORP) G a 2,6 2,66 + 2,9 - 56,9
1525349 2,752 + 9,11 8,934 125855 70,58 - 6,34 78,76
MC0000031187 04/10/22 1 24.516.661 92 + 55,26 83 FR0014005DA7 05/07/22 0,2 91.670.286 19,36 + 12,95 18,22 1,03 NL0006294274 23/05/22 1,64 107.106.294 69,16 - 12,78 67,64 2,75
FR0000184798 09/07/21 0,9 64.693.851 2,57 - 92,8 2,01
BelieVe (BLV) G a 11,33 11,42 + 0,26 + 17,79 Faurecia (EO) LR a 23 23,35 + 1,39 + 65,25 noKia (NOKIA) R a 4,525 4,582 + 0,66 + 5,62 0,3
11073 11,5 + 0,62 12,1 1378685 23,56 +22,8 23,56 ose immuno (OSE) g c 5,42 5,435 + 0,37 - 18,58
10000 5,47 -10,31 7 127374 4,591 + 4,56 4,7 15,47
FR0014003FE9 96.575.623 11,33 - 4,03 9,71 FR0000121147 03/06/21 1 197.089.340 22,94 - 1,32 14,4 FI0009000681 30/01/23 0,01 5.632.297.576 4,504 + 2,45 4,18 0,44
FR0012127173 18.527.401 5,4 - 8,81 5,23
Bénéteau (BEN) g B 17,04 16,88 - 0,59 + 19,38 FDJ (FDJ) G a 37,14 37,27 + 0,11 - 0,82 ses (SESG) LR 6,486 6,672 + 2,68 + 9,56
47683 17,06 +11,64 17,44 79319 37,34 - 3,42 40,99 oVH (OVH) G a 12 12,245 - 12,54 - 23,37
1075262 12,635 -18,37 16,365 1086794 6,676 -6 7,4
FR0000035164 22/06/22 3 82.789.840 16,84 + 28,07 14,1 1,78 FR0013451333 02/05/22 1,24 191.000.000 37,02 + 5,58 36,25 3,33 LU0088087324 19/04/22 0,43 371.457.600 6,468 - 8,28 6,14 7,49
FR0014005HJ9 188.532.591 11,275 - 45,65 11,275
Bic (BB) G a 62,6 62,4 - 0,32 - 2,42 FermentalG (FALG) g c 1,52 1,5 - 0,86 - 1,51 X-FaB silicon (XFAB) g a 8,9 8,93 + 0,28 + 35
PeuGeot inVest (PEUG) g a 110,6 110 + 23,6
56604 63,1 - 5,88 69,15 55408 1,52 - 1,64 1,708 83560 8,955 + 3,18 9,17
4867 110,6 +12,59 110,6
FR0000120966 30/05/22 2,15 43.952.226 62,25 + 37,75 60,15 3,45 FR0011271600 41.290.430 1,5 - 33,33 1,5 BE0974310428 130.781.669 8,805 + 38,45 6,625
FR0000064784 18/05/22 2,65 24.922.589 109 + 3,58 89,4 2,41
BiGBen int. (BIG) g c 5,97 5,9 - 0,84 - 7,38 Fnac DartY (FNAC) G a 36,66 36,64 + 0,55 + 6,39 PHarmaGest int. (PHA) g a 72,5 72,2 - 0,41 - 3,35
43518 6,07 - 9,23 7,81 33027 37,06 + 4,75 40,28 2544 72,5 -10,42 84,3
FR0000074072 27/07/22 0,3 18.529.960 5,87 - 57,49 5,82 5,09 FR0011476928 21/06/22 2 26.871.853 36,14 - 19,58 33,12 5,46 FR0012882389 30/06/22 1,05 15.174.125 71,8 - 2,43 71,8 1,45 VAleurs Zone internationale
BiomérieuX (BIM) G a 94,98 96,94 + 2,67 - 1 Foncière lYonnaise (FLY) a 84 81,2 - 3,1 - 3,79 Pierre & Vacances (VAC) g c 1,76 1,782 + 1,83 + 65,31
128895 97,68 - 0,1 102,6 910 84 + 1,5 85 General electric (GNE) a 81,5 88,8 + 8,56 + 17,46
312387 1,806 + 7,22 1,894 1720 89 +17 89
FR0013280286 06/06/22 0,85 118.361.220 93,52 + 6,27 90,04 0,88 FR0000033409 20/04/22 4,2 42.864.715 79 - 3,1 79 FR0000073041 19/03/12 0,7 454.422.412 1,756 + 10,68 1,028 US3696043013 USD 06/03/23 0,06 1.092.668.140 81,5 + 5,71 63,1
Boiron (BOI) g a 42,4 42,4 - 16,37 Gecina (GFC) LR a 105,7 102,6 - 3,21 + 7,83 Plastic omnium (POM) G a 18,09 17,91 - 0,67 + 31,89
6652 42,65 - 0,82 53,2 157035 105,7 - 7,9 114,2 scHlumBerGer (SLB) a 50,2 50,6 + 0,8 + 2,33 3,45
65647 18,09 + 2,93 18,21 2361 51,4 54,6
FR0000061129 01/06/22 0,95 17.545.408 41,8 + 8,44 40,35 2,24 FR0010040865 06/03/23 2,65 76.623.192 102,4 - 4,69 95,2 FR0000124570 28/04/22 0,28 145.522.153 17,9 + 8,09 13,69 1,56 AN8068571086 USD 07/02/23 0,25 1.385.122.304 50,2 + 28,1 47,35
Bolloré (BOL) G a 5,265 5,255 - 0,38 + 0,67 GenFit (GNFT) G B 4,08 4,052 - 0,88 + 2,12 QuaDient (QDT) g B 16,48 16,5 + 0,49 + 19,83
463699 5,29 + 2,14 5,45 33887 4,082 - 7,4 4,4 total enerGies GaBon (EC) a 171 168 - 2,04 + 6,33
34724 16,55 + 0,06 17,18 1217 171 + 3,7 172,5
FR0000039299 30/08/22 0,02 2.950.389.374 5,245 + 19,54 5,02 0,38 FR0004163111 49.834.983 4,02 + 19,81 3,69 FR0000120560 04/08/22 0,55 34.468.912 16,38 + 5,63 13,82 3,33 GA0000121459 28/09/22 56,96 4.500.000 166 - 6,67 152 33,91
BonDuelle (BON) g B 13,52 13,52 - 0,3 + 1,05 GensiGHt (SIGHT) g B 2,43 2,452 + 3,11 - 27,07 rallYe (RAL) a 2,55 2,54 - 1,17 - 5,22
19019 13,62 + 1,05 14,5 220621 2,496 -25,24 3,796 23229 2,595 -11,81 3,1
FR0000063935 03/01/23 0,3 32.630.114 13,34 - 16,54 12,3 2,22 FR0013183985 46.335.591 2,35 - 24,32 2,05 FR0000060618 20/05/19 1 52.925.203 2,54 - 30,79 2,515
Bureau Veritas (BVI) LR a 26,64 26,78 + 0,41 + 8,82 GerarD Perrier (PERR) B 96 96 + 6,19 ramsaY GDs (GDS) a 19,5 19,6 + 7,1
422184 26,78 + 2,57 27,27 254 96 + 3,67 98,8 109 19,6 + 1,55 19,9
FR0006174348 05/07/22 0,53 452.328.192 26,5 + 7,51 24,42 1,98 FR0000061459 08/06/22 2 3.973.148 95,8 + 19,11 87,8 2,08 FR0000044471 02/12/14 1,4 110.389.690 19,5 - 11,71 17,95
carmila (CARM) g c 14,64 14,24 - 3 + 6,75 GetlinK (GET) LR a 15,28 15,19 - 0,95 + 1,44 rémY cointreau (RCO) LR a 167,3 166,9 - 0,54 + 5,9
71034 14,64 + 0,56 15,18 706093 15,3 - 7,26 16,735 51680 168 + 0,36 180,5
FR0010828137 23/05/22 1 143.704.395 14,24 - 8,48 13,4 FR0010533075 30/05/22 0,1 550.000.000 15,115 + 5,27 14,795 0,66 FR0000130395 27/07/22 1,85 50.785.696 166 - 3,36 157,2 1,71
casino (CO) G a 8,75 8,6 - 1,77 - 11,89 Gl eVents (GLO) g B 21,7 21,9 + 0,92 + 34,69 reXel (RXL) LR a 24,39 24,77 + 1,56 + 34,33
536044 8,79 -25,15 12,17 36098 21,95 - 1,79 22,4 848178 24,79 +15,42 24,95
FR0000125585 09/05/19 1,56 108.426.230 8,48 - 41,32 8,48 FR0000066672 01/07/19 0,65 29.982.787 20,95 + 39,85 16,3 FR0010451203 03/06/22 0,75 303.413.265 24,28 + 38,3 18,55 3,03
35 Les Echos Vendredi 10 et samedi 11 mars 2023 FINANCE & MARCHES

carnet
PORTRAIT dente-directrice générale de la

par Henri de Lestapis

ENTREPRISES
Maison Guerlain. +
@Henridelestapis
TF1
Pierre-Alain Gérard Gabrielle Saint-Genis Rodriguez,
Ils sont nés
est nommé directeur général 49 ans, diplômée de l’Essec, a un 10 mars
Albina du Boisrouvray, adjoint finances, stratégie et
achats, membre du comité
œuvré en marketing chez pour le
groupe L’Oréal. En 2012, elle a re-

au nom du fils exécutif du groupe TF1. joint la Maison Parfums Christian

Dior en tant que directrice généra-
•humoriste,
Ramzy Bedia,
51 ans.
•chanteuse,
Sedrik Nemeth
Pierre-Alain Gérard, 41 ans, diplô- le France avant de devenir directri- Neneh Cherry,
mé de l’Ecole Centrale de Lyon, est ce générale Europe et membre du 59 ans.
On pourrait la croire mondaine, à la recherche des pro-
jecteurs. Erreur. Albina du Boisrouvray a certes le
titulaire du mastère spécialisé en
corporate finance de l’EM Lyon. Il
comité exécutif de la Maison
en 2017. Elle était devenue prési-
•deThierry Cotillard, président
Perifem, ex-président
contact facile, un réseau professionnel tentaculaire et a d’abord travaillé en fusions-ac- dente-directrice générale de la d’Intermarché, 48 ans.
un succès marqué auprès des jeunes, notamment sur
les réseaux sociaux (elle comptabilise plus de 91.000
scoop sur la mort de Che Guevara), a défendu les idées
marxistes sur les barricades de mai 1968, a créé sa mai-
quisitions à Londres chez Bank of
America, puis Morgan Stanley.
Maison Make Up For Ever en 2019. •réalisateur,
Luc Dardenne,
69 ans.
abonnés sur TikTok). Mais ce sont plutôt les projecteurs
qui, depuis les années 1960, recherchent cette « sauva-
son de production de cinéma, qui a livré quelques beaux
succès, comme « Fort Saganne », ou « Je suis timide,
En 2009, il a rejoint le groupe Bou-
ygues où il a officié au sein de la fi-
Charles-Henri Levaillant, 44 ans,
ancien élève de Polytechnique, di-
•Samsung
David Eberlé, ancien PDG de
France, associé et vice-
geonne », ainsi qu’elle se définit elle-même. Cela tombe mais je me soigne ». « Pour une femme, le souhait de lière finance-stratégie successive- plômé de l’université de Stanford, président de Crosscall, 52 ans.
bien. Depuis quelques mois, elle enchaîne les conféren-
ces et fait la promotion de son livre autobiographique
s’épanouir est devenu banal. A l’époque, ça ne l’était pas »,
observe-t-elle. Il y a 37 ans, la mort de son fils lui a fait
ment chez Bouygues SA, Bouy-
gues Energies & Services et enfin
a notamment travaillé dans le
groupe Vivendi et chez Solvay.
•présidente
Viviane Chaine-Ribeiro,
de la FTPE, 70 ans.
« Le Courage de vivre », paru aux éditions Flammarion.
Car cette femme a des choses à raconter. Et pas sim-
prendre une tout autre direction. « François Xavier était
avant tout pilote pour sauver les gens, explique-t-elle.
Bouygues Immobilier. En 2019, il
avait été promu directeur central
C’est en 2019 qu’il est entré chez
LVMH en qualité de conseiller de
•peintre
Gérard Garouste,
et sculpteur, 77 ans.
plement les anecdotes de ses rencontres avec Nelson
Mandela, Romain Gary où la famille princière de
Après son accident, j’ai voulu prolonger son action. »
Albina du Boisrouvray a repris goût à la vie au cœur
stratégies, développement et con-
trôle financier de Bouygues.
Bernard Arnault. Depuis 2020, il
occupait le poste de directeur digi-
•dent
Jean-Jacques Hénaff, prési-
de l’entreprise Hénaff, 85 ans.
Monaco, avec qui elle a d’ailleurs des liens de parenté.
Elle y exprime surtout la déchirure de son destin lors-
d’un Liban en guerre, où l’avait emmené Bernard Kou-
chner avec Médecins du monde. « J’étais en phase avec LVMH
tal et développement client pour
Louis Vuitton.
•basketteur,
Zach LaVine,
28 ans.
qu’en janvier 1986, son fils, François-Xavier Bagnoud,
sauveteur en montagne, s’est tué, à 24 ans, aux com-
ces gens qui souffraient. Je rencontrais des familles qui
avaient tout perdu. Je me suis dit que je devais arrêter de
Véronique Courtois
Gabrielle Saint-Genis
•etAécio Neves, économiste
politicien brésilien, 63 ans.
SYNDICAT
mandes de son hélicoptère sur le rallye Paris-Dakar.
En une minute, la vie d’Albina du Boisrouvray est pas-
penser à moi, confie-t-elle. D’une façon générale, je peine à
communiquer avec les gens qui vivent coupés des réalités
Rodriguez
Charles-Henri Levaillant
PROFESSIONNEL •etClaude Posternak, fondateur
président de La Matrice, 69 ans.
sée d’une existence de femme hyperactive au caractère de la vie. » A son retour, elle s’est vouée aux oubliés du deviennent respectivement COPACEL • Guy Sorman, écrivain, 79 ans.
trempé, à celle d’une condamnée à vivre. « Durant un an,
j’étais morte, se rappelle-t-elle. Je réalisais combien toute
monde, et ne s’en est plus jamais détachée. Toute la for-
tune héritée de son père est allée vers l’association FXB,
présidente-directrice générale
de la Maison Parfums Christian
Christian Ribeyrolle
prend la présidence de Copacel,
•« Biz
Christopher Isaac Stone, dit
Stone », cofondateur et direc-
ma vie avait tourné autour de mon fils. » Au fond d’elle- qu’elle a fondée aux initiales de son fils « pour que la mort Dior, présidente-directrice l’Union française teur artistique de Twitter, 49 ans.
même veillait pourtant encore la lueur de ses combats n’ait pas le dernier mot », tranche-t-elle. générale de la Maison Guerlain des industries des cartons, • Sharon Stone, actrice, 65 ans.
précédents. Ils sont nombreux. En Inde, en Ouganda, au Rwanda et dans une dou-
zaine d’autres pays, FXB, qui mise sur des actions globa-
et président-directeur général
de la Maison Make Up For Ever.
papiers et celluloses. •humoriste,
Ahmed Sylla,
33 ans.
Productrice de « Fort Saganne »
Née d’un singulier mariage entre une famille aristocrate
les et au temps long, est venue en aide aux enfants mala-
des du sida et a aidé des femmes démunies à devenir Véronique Courtois, 53 ans, titulai-
Christian Ribeyrolle, 61 ans, ingé-
nieur diplômé de l’Ecole nationale
•Berresford
Peter Tremayne, alias Peter
Ellis, écrivain, 80 ans.
française et une famille bolivienne devant sa fortune à
un grand-père découvreur d’une mine d’étain, Albina
entrepreneures, leur rendant « travail, autonomie et
dignité ». Avec une générosité bien ordonnée. « Albina est
re d’un master en business admi-
nistration et management, fut di-
supérieure de chimie de
Clermont-Ferrand, préside Ryam
•ambassadrice
Hasmik Tolmajian,
d’Arménie
du Boisrouvray est née dans une soie froide. Ouverte- prête à aider les gens qui souhaitent vraiment se bouger rectrice marketing de la Maison depuis 2017. Par ailleurs, il est vice- en France, 49 ans.
ment mal aimée de sa mère, tiraillée entre ses deux ori-
gines, elle n’a cessé de se rebeller contre un milieu qu’elle
pour changer leur vie, précise Stanislas Pottier, directeur
de FXB France. elle a une approche très entrepreneuriale
Guerlain. En 2010, elle a rejoint la
Maison Christian Dior Couture
président du groupe, chargé des
biomatériaux. Il a notamment été
•deRichard Viel, ex-CEO
Bouygues Telecom, président
jugeait superficiel et suffisant. des choses. C’est une fonceuse qui ne prend pas de pincet- comme directrice marketing vice-président exécutif chargé des du PMU, 66 ans.
Elle a grandi entre New York, Paris et Marrakech. Ele- tes. » A 83 ans brûle toujours la flamme effrontée de la avant d’être promue directrice gé- celluloses de spécialités du groupe
vée loin de ses parents par une gouvernante, ou en pen- petite Chola qui danse en elle. Albina du Boisrouvray, qui nérale de la Marque Parfums ou encore président de Tembec
sion, la vibrionne est paradoxalement devenue une self
made woman. Elle a été journaliste (elle a sorti un joli
a dû tant ruser pour échapper à l’accablement, peut
désormais se satisfaire d’avoir vengé son fils du destin. n
Christian Dior en 2012. Sept ans
plus tard, elle était devenue prési-
France jusqu’à son acquisition par
Ryam. , Envoyez vos nominations à
carnetlesechos@nomination.fr

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09-03-2023 cours veille année
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ZLOTY POLONAIS 4,6825 0,00 -0,37
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REAL 5,4524 0,51 -3,84
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Fr0000074254 bourse direct C 4,21 4,22 4,15 4,19 - 0,24 9315 Fr0014003vy4 hydroGÞne France G B 20,9 20,9 20,75 20,9 - 0,24 1094 Fr0000039109 seche environnem. g B 109 109 103,2 103,8 - 4,6 4406 LIVRE TURQUE 20,0437 0,33 -0,03
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Fr0010151589 caFom C 8,6 8,7 8,5 8,6 - 1,6 1898 Fr0012872141 jacques boGart g C 8,06 8,1 8 8,1 + 1,25 689 Fr0000074122 sii g C 51,2 51,5 49,7 49,9 - 2,54 18656
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taux marchés monétaires et eurodevises
marchés monétaires
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Fr0004031763 coheris g C 3,2 3,28 3,2 3,26 + 1,88 2192 Fr0014009yq1 lhyFe B 7,88 8 7,82 7,999 + 1,9 5328 Fr0004188670 tarkett G B 12,1 12,18 11,84 11,84 - 1,82 5466 ecarts de tauX avec l’allemaGne
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Fr0010461053 crcam lanGued cci C 52,02 52,87 52 52 1479 Fr0000051070 maurel et prom g B 3,53 3,53 3,46 3,495 - 0,99 216314 Fr0000033003 touaX g C 8,2 8,22 8,1 8,2 3108 portuGal 0 -0,58 0,38 0,62 0,94
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Fr001400ayG6 deeZer 2 1,94 1,94 1,91 1,92 - 4 24346 Fr0010298620 memscap g C 2,39 2,4 2,3 2,34 - 2,5 38353 Fr0000050049 viel et cie C 6,7 6,84 6,7 6,8 + 1,19 6337
Fr0012202497 diaGnostic medicalg C 1,215 1,215 1,19 1,19 - 2,06 2190 Fr0011277391 myhotelmatch g C 0,034 0,036 0,031 0,031 - 12,43 13471919 Fr0000062796 vranken - pommery C 17,95 18 17,6 17,65 - 1,94 3551
Fr0010242511 edF R A 11,85 11,865 11,85 11,85 423034 Fr0013482791 nacon sas B 2,29 2,33 2,22 2,26 - 1,31 82407 Fr0012532810 waGa enerGy B 26,2 26,5 26 26 - 0,95 4595
certificat/fonds investir 10
INVESTIR 10 GRANDES VALEURS I10GS - FR0011630474 152,85 0,53
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INVESTIR PEA PALATINE FR0013284114 117,84 -0,44

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Les Echos sont une publication du ÉDITORIAUX DU PÔLE LES ECHOS et opérations spéciales) Jean-Marc Vittori, PRÉSIDENTE Corinne Mrejen 45, av. du Général Leclerc, Ce journal est imprimé sur du papier porteur
PRINCIPAL ASSOCIÉ UFIPAR (LVMH) Henri Gibier Etienne Lefebvre (France et international) Laurent Flallo, Sylvie Ramadier (Le Crible) DIRECTEUR GÉNÉRAL 60643 Chantilly Cedex. de l’Ecolabel européen sous le numéro FI/37/002.
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& PRÉSIDENT DE LA SAS LES ECHOS Pierre Louette David Barroux (Entreprises) DIRECTEUR DE CRÉATION Lise Benamou DÉLÉGUÉ À LA PROTECTION Ce numéro comporte un
Edité par Les Echos, SAS au capital de 794.240 euros RCS 582 071 437 Julie Chauveau (Entreprises) Fabien Laborde DIRECTEUR STRATÉGIE DES DONNÉES PERSONNELLES 3e cahier de 8 pages
10, boulevard de Grenelle, CS10817, 75738 Paris Cedex 15 Alexandre Counis (Finance et Marchés) DIRECTRICE ARTISTIQUE ET COMMUNICATION Xavier Genovesi « Patrimoine»
Tél. : 01 87 39 70 00. www.lesechos.fr Daniel Fortin (Les Echos Week-end) Marion Moulin Fabrice Février dpo@lesechosleparisien.fr
 Vendredi 10 et samedi 11 mars 2023 Les Echos 36

= Les chiffres de l’économie

//
// Budget
Budget de
de l’Etat
l’Etat et
et PSR
PSR 2022
2022 :: 454,6
500,2 milliards
milliards d’euros
d’euros (prévisions
(prévisions PLF 2023) //
PLF 2022) // PIB
PIB 2021
2022 :: 2.452,3 milliardsd’euros
2.642 milliards d’euros
// Plafond Sécurité sociale : 3.428 euros/mois à partir du 01-01-2022 // SMIC horaire : 10,57 euros à partir
// Plafond Sécurité sociale : 3.666 euros/mois à partir du 01-01-2023 // SMIC horaire : 11,27 euros à partir du 01-01-2023 du 01-01-2022
//
// Capitalisation
Capitalisation boursière
boursière dede Paris
Paris :: 1.904,7
2.146,55milliards
milliardsd’euros
d’euros(au
(au04-07-2022)
02-01-2023)
//
// Indice
Indice des
des prix
prix (base
(base 100
100 enen 2015)
2015) :: 111,72
114,26enenmai 2022 //2022
novembre Taux//deTaux
chômage (BIT) : 7,3
de chômage % au
(BIT) 1er%trimestre
: 7,3 2022 2022
au 3e trimestre
Retrouvez-nous sur www.lesechos.fr // Dette publique : 2.901,8 milliards d’euros (1ere trimestre 2022)
// Dette publique : 2.956,8 milliards d’euros (3 trimestre 2022)

crible
Vapeurs et liquides
La baisse des prix assèche les revenus du gaz de schiste aux Etats-Unis. Les sirènes et l’abribus
Les polémistes oublient JCDecaux garde ses munitions pour bien
que les « superprofits » tourner la page pandémique.
extraits du sous-sol
sont vaporeux comme l’air.
Les producteurs américains
de gaz de schiste le savent bien,
eux qui ont longtemps
brûlé les liquidités de
leurs actionnaires.
La chute du prix à terme
du gaz naturel, des trois quarts
en sept mois, le rapproche
du seuil des 2,50 dollars
le million de BTU où,
selon les calculs du cabinet
Rystad Energy, trois des quatre
premiers bassins américains
de gaz de schiste brûleraient
à nouveau du cash
(790 millions de dollars
en rythme annuel).
Alors que l’an dernier,
où les cours ont souvent
dépassé les 8 dollars et connu
un pic à 9,68 dollars,
ils dégageaient 38 milliards
de cash-flow libre,
un record.

Epiphanie à l’Olympia
L’été pourrait voir une nouvelle étape
capitalistique entre Vivendi et Bolloré.
« Ce qui vaut la peine d’être fait vaut la peine d’être bien fait. » A défaut
Tout viendra-t-il à point à qui a su attendre ? Les rumeurs de simplification d’avoir déjà effacé tous les mauvais souvenirs de la pandémie,
de la cascade des holdings de Vincent Bolloré étant plus nombreuses que JCDecaux reste fidèle au principe de son fondateur, Jean-Claude, en ne
les apparitions de la Vierge Marie, les Saint-Thomas de la Bourse ont depuis cédant pas tout de suite aux sirènes du dividende. La sérieuse correc-
longtemps renoncé à allumer des cierges. Le titre Vivendi n’a donc guère tion boursière (–16,9 %) qui s’ensuit n’a d’ailleurs pas effacé tous les
réagi jeudi en Bourse (– 0,73 %) à l’éventualité que le temple du gains de 2023 (+7 % depuis début janvier) ni détruit sa cote de valori-
divertissement se retrouve dès l’été prochain au cœur d’une épiphanie sation non négligeable (25 fois le bénéfice estimé de l’année prochaine
capitalistique qui verrait les liens du mariage se renforcer avec son premier selon Oddo Securities). Pour nourrir sa croissance future, le leader
actionnaire à 29,7 % des droits de vote. Le propriétaire de Canal+ et de mondial de la communication extérieure ne peut se permettre de
l’Olympia « devrait », selon le conditionnel employé par son directeur tomber dans le panneau de la facilité rentière. Le repli de son levier
financier, annuler autour de 4 % de son capital entre juillet et octobre, financier en 2022 s’est accompagné d’une légère hausse de sa dette
soit la dernière limite pour des titres achetés deux ans auparavant. nette. Et le holding des héritiers de l’inventeur de l’abribus peut d’autant
Le mouvement ferait mécaniquement passer au groupe Bolloré le seuil de mieux montrer sa discipline d’actionnaire majoritaire qu’il a veillé à
30 % de déclenchement d’une OPA en septembre, un franchissement qu’il diversifier ses actifs. Sa quote-part du coupon tout juste annoncé par la
pourrait tout aussi bien retarder, en cédant des actions, ou anticiper. société d’investissement Eurazeo, dont il détient 18 % du capital, repré-
Scénario d’une montée partielle « à la Havas » (acquisition de 80 % puis sente une bonne moitié du montant qui lui serait revenu si les espéran-
revente de 20 %), recours à l’offre publique de rachat d’actions déjà ces de distribution de la Bourse s’étaient confirmées pour sa filiale
autorisée, utilisation des 18 % détenus par Bolloré dans UMG pour financer à 66 % (0,34 centime par action). C’est surtout la croissance prévue du
l’opération, cession de Bolloré Logistics, écrasement des holdings Odet- chiffre d’affaires de JCDecaux au premier trimestre de 2023 qui a déçu
Bolloré : les voies du seigneur d’Ergué-Gabéric étant impénétrables, les oracles attitrés (+2,5 % au lieu de +8 %). Mais la réouverture
la « révélation » sera forcément tardive. chinoise, sensible en mars, a quand même de quoi les tranquilliser.

Le CAC 40 cède du terrain

EN VUE

Bernard Doroszczuk
e job de Bernard Doroszczuk est filière. Notre gendarme, avec sa mousta-

L aussi difficile à conduire que son

Peinant à trouver une direction
claire, le CAC 40 a cédé 0,12 % à
7.315,88 points jeudi. Les indices
boursiers européens ont clôturé la
séance en ordre dispersé, le Footsie
britannique perdant 0,63 % et le
DAX allemand grignotant 0,01 %,
tandis que l’EuroStoxx 50 était sta-
ble (–0,05%). L’indice parisien pro-
gresse de 13 % depuis le début de
l’année.
La hausse plus marquée
qu’attendu des inscriptions au chô-
mage aux Etats-Unis – 211.000
demandes initiales d’indemnisa-
tion la semaine dernière, leur plus
haut niveau depuis deux mois – n’a
pas effacé les inquiétudes sur la
remontée des taux d’intérêt. Depuis
les propos du patron de la Fed
Jerome Powell au Congrès cette
semaine, les investisseurs crai-
gnent que le rythme du resserre-
ment monétaire ne s’accélère. Ils
attendent la publication, vendredi,
du rapport sur l’emploi.
Unibail-Rodamco-Westfield a
fini lanterne rouge du CAC 40 avec
un recul de 3,84 %. Renault
(–2,70%) et BNP Paribas (-2,13 %)
étaient aussi à la peine. Vivendi, qui
a basculé dans le rouge en 2022,
avec une perte nette de plus d’un
milliard d’euros, a cédé 0,73 %. Tha-
les a enregistré la plus forte pro-
gression du jour, +2,85 %, suivi par
Eurofins Scientific (+2,12 %) et
Schneider Electric (+1,59 %).
nom l’est à orthographier. Depuis
2018, il est président de l’Autorité de
sûreté nucléaire (ASN), le « gendarme
du nucléaire ». S’il fut choisi par décret
du président de la République pour un
mandat de six ans, c’est naturellement
qu’il était familier du sujet. Contraire-
ment, en effet, à ce que l’on pourrait
déduire des auditions, édifiantes, de la
commission d’enquête parlementaire
visant à établir les raisons de la perte
d’indépendance énergétique de la
France, on ne fait pas systématiquement
n’importe quoi dans ce domaine.
Ingénieur de l’école des Mines de
Douai, Bernard Doroszczuk est égale-
ment diplômé de l’Ecole supérieure de
soudage, cette compétence clé dont le
pays manque tant. Dans ce monde où
l’on redoute les fuites des réacteurs, la
fuite des cerveaux, elle, a déjà produit ses
dégâts. Il manque 4.000 ingénieurs à la
che blanche, a une bonne tête. Ne l’ima-
ginez pas pour autant en raconteur de
bonnes histoires à la Pierre Bellemare et,
pas seulement parce qu’il est discret.
Même pas de fiche Wikipedia, c’est dire !
La vérité est que Bernard Doroszczuk est
plutôt Monsieur mauvaises nouvelles.
Lorsqu’il parle, c’est de fissures, de corro-
sions, de déchets, et les emmerdements
ne sont jamais loin. A soixante-cinq ans,
passé notamment par la Direction de
l’environnement et de l’énergie en Ile-de-
France, des fonctions de délégué territo-
rial de l’ASN, différents postes de direc-
tion au Bureau Veritas, il affiche une
carrière toute consacrée au contrôle.
Aujourd’hui à la tête de l’autorité
administrative chargée de vérifier le res-
pect des règles auxquelles sont soumi-
ses les installations nucléaires, il rap-
pelle régulièrement EDF à l’ordre. Après
tout, un gendarme, c’est fait pour gen-
darmer, comme aurait dit De Gaulle. n