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Aciers d’usage général.

Classification et métallurgie

par Marc GRUMBACH


Ingénieur civil des Mines

1. Classification............................................................................................. M 4 515 — 2
1.1 Normalisation .............................................................................................. — 2
1.2 Principales utilisations ................................................................................ — 3
2. Évolution des procédés de fabrication .............................................. — 4
3. Bases métallurgiques.............................................................................. — 5
3.1 Structures ..................................................................................................... — 5
3.2 Composition chimique ................................................................................ — 9
3.3 Traitements thermomécaniques ................................................................ — 11

es aciers d’usage général sont utilisés dans la plupart des applications


L courantes.
Malgré la grande diversité des utilisations de ces aciers dans tous les domai-
nes industriels, de la construction aux transports mais aussi de l’électroménager
à l’emballage, on retrouve un ensemble de caractéristiques communes à tous
ces produits dont la plus importante est d’être livrés « prêts à l’emploi », cas
contraire de celui des aciers de traitement thermique qui obtiennent leurs carac-
téristiques chez l’utilisateur. De ce fait, les critères de choix des nuances et des
qualités sont essentiellement basés sur les propriétés mécaniques et non sur la
composition chimique.
L’évolution des aciers d’usage général se présente de façon différente suivant
les domaines d’utilisation. Des progrès considérables dans l’élaboration de
l’acier ont été obtenus.
Sous la pression des exigences des utilisateurs, il existe des grandes tendan-
ces d’évolution des propriétés comme l’allégement, la soudabilité et la durabilité
avec essentiellement la protection contre la corrosion.
La notion d’aciers d’usage général est un peu vague et ne s’affirme vraiment
que par opposition aux aciers spéciaux, au moins dans la majorité des cas ;
parmi les aciers spéciaux, on note essentiellement les aciers inoxydables, les
aciers pour construction mécanique, les tôles magnétiques et les aciers à outils.
Il est clair que la plupart de ces nuances, sauf les aciers inoxydables, nécessitent
un traitement thermique chez l’utilisateur.
Dans ce premier article [M 4 515], nous traiterons de la classification et de la
métallurgie des aciers d’usage général. Dans un deuxième article [M 4 516],
nous étudierons leurs propriétés, les principaux produits, le choix des nuances
et des qualités.

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ACIERS D’USAGE GÉNÉRAL. CLASSIFICATION ET MÉTALLURGIE _________________________________________________________________________________

1. Classification Le nombre de combinaisons entre la forme des produits et les


nuances est très grand et la classification classique est basée sur la
normalisation qui distingue d’abord des aciers utilisés pour la fabri-
cation de plusieurs types de produits (première signification pour
Outre les différences de forme des produits et les différences de des aciers d’usage général), puis des aciers et/ou des produits des-
propriétés, il s’est peu à peu développé une certaine classification à tinés à des applications spécifiques.
partir des utilisations dont les exigences sont très variables.
La forme des produits est un premier facteur de différenciation,
on distingue les grandes catégories suivantes :
— les plaques et tôles fortes ;
1.1 Normalisation
— les tôles minces ;
— les poutrelles et profilés ;
— les ronds et barres d’usage général ; Les normes européennes EN ...constituent maintenant la base
— les produits pour béton : barres et fil ; essentielle de la classification des nuances et des produits.
— le fil machine ; Quand les normes européennes sont définitivement adoptées,
— les ronds à tubes sans soudure ; elles sont transposées en France sous des numéros NF EN... Il y
— les rails et matériel de voie ; a un rappel de l’ancienne numérotation française pour le classe-
— les demi-produits. ment.
Le deuxième facteur de différenciation est celui des nuances ou
des propriétés. On distingue ainsi :
— les aciers pour formage à froid ; Le principe de la classification des produits concernant la totalité
— les aciers soudables à grain fin ; des aciers est donné par la norme NF EN 10020 ; elle est basée
— les aciers à haute limite d’élasticité soudables ; d’une part sur la composition chimique, d’autre part sur la distinc-
— les aciers pour appareils à pression ; tion de classes de qualité.
— les fils doux et dur pour tréfilage ; On présente ainsi trois grandes catégories : les aciers non alliés,
— les aciers faiblement alliés. les aciers inoxydables puis les autres aciers alliés (tableau 1).
(0)

Tableau 1 – Classification des aciers (NF EN 10020)


Aciers non alliés Aciers inoxydables (1) Autres aciers alliés (2)

Aciers de qualité Exigences de ténacité Exigences de ténacité


Grosseur de grain, formabilité Grosseur de grain, formabilité

Aciers spéciaux Grande pureté Propriétés spéciales (3)


Réponse à un traitement thermique
(1) Cr >10,5 % avec C < 1,2 %.
(2) Teneurs limites des aciers alliés : voir tableau 2.
(3) Les aciers spéciaux alliés comprennent les aciers alliés de construction mécanique et pour appareils à pression, les aciers pour roulement, les aciers pour
outils et les aciers à propriétés physiques particulières (fer-nickel, aciers pour résistances).

(0)

Tableau 2 – Limite entre aciers non alliés et aciers alliés Tableau 2 – Limite entre aciers non alliés et aciers alliés
(analyse sur coulée) (analyse sur coulée)

Teneurs limites Teneurs limites


Éléments spécifiés Éléments spécifiés
(% en masse) (% en masse)

Al Aluminium 0,30 Ni Nickel 0,30


B Bore 0,000 8 Pb Plomb 0,40
Bi Bismuth 0,10 Se Sélénium 0,10
Co Cobalt 0,30 Si Silicium 0,60
Cr Chrome 0,30 Te Tellure 0,10
Cu Cuivre 0,40 Ti Titane 0,05
La Lanthanides (pris individuellement) 0,10 V Vanadium 0,10
Mn Manganèse 1,65 (1) W Tungstène 0,30
Mo Molybdène 0,08 Zr Zirconium 0,05
Nb Niobium 0,06 Autres (sauf C, P, S, N) pris individuellement 0,10
(1) Au cas où la teneur en Mn n’est définie que par un maximum, la valeur (1) Au cas où la teneur en Mn n’est définie que par un maximum, la valeur
limite est 1,80 % et la règle des 70 % ne s’applique pas (NF 10020). limite est 1,80 % et la règle des 70 % ne s’applique pas (NF 10020).

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Pour les classes, on distingue les aciers de qualités, par la pré- L’industrie de première transformation comprend quatre branches
sence de garanties supplémentaires, des aciers spéciaux qui ont des spécialisées principales :
exigences particulières. — le laminage de feuillard ;
Le tableau 2 donne les teneurs limites des aciers non alliés. — le profilage à froid ;
Pour les aciers d’usage général correspondant aux deux cases — l’industrie du tube (soudé et sans soudure) ;
grisées du tableau 1, les nuances sont en principe définies par leurs — le tréfilage.
propriétés mécaniques, essentiellement par les limites d’élasticité, Ces opérations sont faites dans des usines spécialisées.Le lami-
et les qualités par des exigences de ténacité, de formabilité et de nage de feuillard est devenu très proche du laminage à froid intégré
soudabilité. à la sidérurgie car il utilise de plus en plus des laminoirs de grande
Certaines exigences supplémentaires comme les basses teneurs largeur avant le refendage en feuillards de petite largeur ; ces pro-
en impuretés et inclusions font entrer certaines nuances dans la duits font encore l’objet d’autres opérations comme le découpage,
catégorie des aciers spéciaux non alliés. l’emboutissage ou le profilage avant de donner des objets finis.
Le choix des nuances et des qualités sera traité en [M 4 516, § 2 et Pour le profilage, on distingue les profils dits étroits des profils
§ 3]. larges (bardages, toitures) qui constituent un ensemble particulier
Le tableau 3 donne la liste des principales normes concernant les dans la construction.
aciers d’usage général. Les produits de la première transformation sont utilisés le plus
souvent par les autres branches industrielles.
Si l’on se réfère à la forme des produits, les tôles minces conti-
1.2 Principales utilisations nuent à gagner du terrain en pourcentage car elles peuvent
« mordre » sur les produits longs dans beaucoup d’applications
grâce à la réalisation de corps creux : tubes, tubes carrés, profilés à
Toutes les branches industrielles, sauf l’aéronautique, utilisent froid ouverts ou fermés, panneaux, etc. Cela participe au gros effort
des aciers d’usage général soit directement, soit après une première d’allégement qui touche beaucoup d’industries et pas seulement les
transformation. moyens de transport.
(0)

Tableau 3 – Principales normes des aciers d’usage général


Numéro Titre
Principales NF EN 10020 Désignation et classification des nuances d’aciers
normes
NF EN 10025 Produits laminés à chaud en aciers de construction
NF EN 10149 Produits plats laminés à chaud en acier à haute limite d’élasticité pour formage à froid
NF EN 10111 Bandes et tôles laminées à chaud en continu, en acier doux pour emboutissage ou pliage à froid
NF EN 10130 Produits sidérurgiques. Produits plats laminés à froid, en acier doux pour emboutissage ou pliage à froid
NF EN 10268 Produits plats laminés à froid en aciers micro-alliés soudables à haute limite d’élasticité pour formage à
froid
NF EN 10202 Aciers pour emballage laminés à froid. Fer blanc électrolytique et fer chromé électrolytique
NF EN 10016 Fil machine en acier non allié destiné au tréfilage et/ou laminage à froid
NF EN 10263 Barres, fil machine et fils en acier pour transformation à froid et extrusion à froid
PR NF EN 10080-1 Aciers pour l’armature du béton, armatures pour béton armé soudables. Partie 1 : prescriptions générales
Compléments NF EN 10225 Aciers de construction soudables destinés à la fabrication de structures marines fixes
NF EN 10248 Palplanches laminées à chaud en aciers non alliés
NF EN 10152 Produits plats en acier, laminés à froid, revêtus de zinc par voie électrolytique par formage à froid
NF EN 10271 Produits plats en acier, revêtus de zinc-nickel (ZN) par voie électrolytique
NF EN 10087 Aciers de décolletage
NF EN 13674 Applications ferroviaires. Voies. Rails
Il existe de nombreuses autres normes concernant les produits revêtus mais elles sont en cours de révision.

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Tableau 4 – Principales utilisations


Construction métallique Construction mécanique Transport
Bâtiment Travail des métaux Autres
Ponts, MTPS Bâtis de machines Tubes soudés UOE
Bâtiments, PRS Matériel de levage Matériel roulant
Plaques Réservoirs Chaudronnerie Navires
Structures marines Appareils à pression
Poutrelles et profilés Bâtiments
Palplanches Travaux publics
Fers marchands Génie civil
Profilés à froid ou à chaud Pièces mécaniques Tubes soudés
Tubes soudés Transports
Tôles à chaud Bâtiments Matériel Travaux Publics, grues
(pièces, châssis, roues)
Bardages Métallerie Automobile
Toitures Mobilier métallique Transport
Tôles à froid Profilés Électroménager
Tubes soudés Récipients
Emballage
Construction
Ronds à béton
Travaux publics
Treillis soudé Tréfilage Fils pour pneumatiques
Fil machine Fils pour précontrainte Câbles Ressorts d’ameublement
Frappe à froid
Aciers de décolletage Pièces mécaniques
Rails Ponts roulants Chemins de fer
Ronds à tubes Tubes mécaniques Tubes de forage
Demi-produits Forgeage Relaminage
PRS Grosses poutres reconstituées soudées
MTPS Matériel de travaux publics et sidérurgiques
UOE formé en U, en O et expansés

Le tableau 4 résume les principales utilisations finales des aciers


d’usage général. Ce qui caractérise le plus nettement la filière fonte est le très
grand niveau de pureté atteint tant en éléments métalloïdes (S, P,
N, O et même C) grâce à la désulfuration de la fonte, des traite-
ments en poche et des installations sous vide, qu’en métaux
résiduels. En particulier, le traitement sous vide permet l’abaisse-
2. Évolution des procédés ment de la teneur en carbone à quelques dizaines de ppm ou
moins (aciers à ultra-bas carbone). Cette pureté permet l’obtention
de fabrication de caractéristiques de ductilité et de ténacité exceptionnelles.

La filière avec four électrique permet elle aussi d’atteindre une


On constate depuis les années 1990 une certaine organisation sys- grande pureté en métalloïdes grâce aux mêmes traitements en
tématique des techniques d’élaboration de l’acier liquide avec deux poche. Ce n’est pas le cas pour les éléments métalliques sauf
filières amont principales : contraintes spéciales, mais la présence de faibles teneurs en impu-
retés métalliques n’est pas gênante pour la plupart des produits, en
— la filière fonte avec haut fourneau alimentée en minerai de fer particulier pour les produits longs.
aggloméré, aciérie à l’oxygène, traitement en poche et de plus en Un autre progrès magistral est l’amélioration de l’homogénéité
plus souvent avec traitement sous vide, coulée continue de brames, des produits et la forte diminution des ségrégations : cela résulte
train à bande ou laminoir quarto ; cette filière est pratiquement rése- des contrôles de température de coulée, de la diminution des
rvée aux produits plats en Europe ; teneurs en éléments qui ségréguent, le phosphore et le soufre
— la filière électrique alimentée en ferrailles avec four UHP (ultra notamment, et des progrès de la coulée continue avec l’emploi de
haute puissance), traitement en poche et coulée continue de blooms protections contre les réoxydations, le contrôle des refroidisse-
ou billettes et suivie de trains à produits longs : barres, poutrelles, ments à la solidification et les divers brassages depuis la lingotière
profilés, fil machine. jusqu’aux solidifications axiales ; dans certains cas, cela résulte éga-
lement de réductions douces. Ces progrès permettent l’obtention de
Il existe quelques usines basées sur le four électrique, la coulée de produits homogènes et réguliers, ce qui permet d’éviter le plus sou-
brames minces et le train finisseur continu pour tôles minces. On vent les laminages intermédiaires. Outre la diminution de la teneur
utilise la filière fonte pour des produits longs de qualité haut de en soufre, les traitements en poche qui se font parfois avec chauf-
gamme : fil dur et rails. fage permettent une ingénierie complète des inclusions du point de
vue quantité, nature et forme. Après la diminution des teneurs en
La coulée continue est quasiment généralisée pour les nuances impuretés, des additions choisies comme le calcium ou les terres
considérées dans ce texte à de rares exceptions près. rares changent la nature des inclusions et leur plasticité.

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Du point de vue du laminage, le développement de traitements 3.1 Structures


thermomécaniques permet l’obtention d’un grand éventail de carac-
téristiques des produits laminés à chaud, sans appel à des traite-
ments thermiques en usine comme la normalisation remplacée En ce qui concerne les nuances considérées dans ce texte, les
souvent par le laminage normalisant. Un autre aspect est lié au principales phases sont la ferrite, la perlite et la cémentite, et plus
développement des automatisations qui réduisent les variations de rarement la bainite et la martensite. Il faut y ajouter les précipités,
propriétés le long des produits et au développement de systèmes les inclusions et éventuellement l’austénite résiduelle.
qui améliorent le contrôle des épaisseurs en long et travers et des
propriétés en travers.
En ce qui concerne le laminage à froid, les recuits, le planage, le La très grande majorité des aciers d’usage général sont à base
skin-pass et les traitements de revêtements (galvanisation, peinture, de ferrite ou de ferrite-perlite, mais l’introduction de nuances
électrodéposition), les progrès des technologies et des méthodes de trempées ou trempées revenues se fait plus fréquente.
contrôle ont permis d’améliorer l’homogénéité et la régularité et
permettent de garantir des fourchettes réduites d’épaisseur et de
propriétés. Pour les produits plats, principalement les tôles minces Toutes ces structures se forment en cours de fabrication à partir
laminées à froid, un autre aspect important est la maîtrise de l’état d’austénite phase stable à haute température et de la transforma-
de surface (absence de défauts d’aspect, propreté, rugosité, etc.). tion γ → α qui se produit au moins une fois au cours du refroidisse-
ment qui suit le laminage à chaud. Pour certaines nuances, des
Pour les tôles revêtues, l’utilisation de nuances spéciales, l’évolu- réchauffages permettent de revenir en phase γ avant un dernier
tion de la galvanisation à chaud avec un meilleur contrôle des bains, changement pour finir en phase α (normalisation ou trempe).
des essorages, des refroidissements et des cycles thermiques ainsi
que la croissance des tonnages fabriqués ont amené la naissance de Un développement plus original qui touche surtout les tôles min-
nouveaux produits de grande qualité. Parmi ceux-ci, les produits ces concerne le durcissement de la ferrite par une proportion varia-
galvanisés avec garantie d’aspect (qualité Z) pour l’industrie auto- ble de phase dure : soit de la martensite (double-phase), soit de la
mobile exigent des compositions particulières des bains de zinc et bainite, soit des mélanges avec de l’austénite résiduelle qui se trans-
des traitements supplémentaires (survieillissement, galvannealing), forme en martensite par déformation. Ces structures mixtes sont
ce qui conduit à la spécialisation des lignes. Par ailleurs de nou- obtenues par des refroidissements rapides après laminage ou recuit
veaux produits multimatériaux se sont développés comme les tôles de nuances dont la composition a été adaptée.
préphosphatées, prélaquées ou prépeintes, préhuilées, plastifiées, La figure 1 représente les microstructures typiques les plus
les revêtements avec polymères, les produits vernis, les tôles sand- fréquentes : la ferrite, la ferrite-perlite, la bainite, la martensite, le
wich, les panneaux avec isolants incorporés. mélange ferrite martensite (double phase) et la structure complexe
Moins spectaculaires mais également nombreux les progrès con- des aciers dits TRIP (aciers à transformation induite par la déforma-
cernant le laminage, le dressage, les contrôles des produits longs tion).
avec la diminution des défauts et l’amélioration des tolérances et
des surfaces.
Transformation de phase
Du fait de la nécessité de respecter de multiples combinaisons
nuances-revêtements adaptées, on constate une certaine spécialisa- La figure 2 représente une courbe de transformation en
tion des usines par type de produits : refroidissement continu. Toutes les nuances décrites dans ce
— les tôles pour automobiles avec des trains à froid continus de texte subissent au moins une fois cette transformation, le plus
grosse capacité suivis de plusieurs lignes de galvanisation ; souvent après le laminage au cours du refroidissement.
— les aciers pour emballage et les tôles minces diverses : pour Suivant la composition chimique, l’état de l’austénite (gros-
émaillage ; sière, fine ou écrouie), les éléments en solution et la vitesse de
— les produits pour bâtiment, pour tubes... refroidissement qui dépend de l’épaisseur des produits et de la
présence de refroidissements rapides, la phase obtenue sera de
la ferrite, de la ferrite-perlite, de la bainite ou de la martensite ou
des combinaisons de ces phases.
3. Bases métallurgiques De plus, il se produira dans certaines conditions des précipita-
tions de carbures, nitrures ou carbonitrures (domaine hachuré
Les propriétés des aciers dépendent de plusieurs facteurs : de sur la figure 2), le plus fréquent étant le nitrure d’aluminium si
leur structure cristallographique, c’est-à-dire des phases en pré- le refroidissement est suffisamment lent.
sence, mais également de la teneur de ces phases en éléments
interstitiels ou de substitution et enfin d’un effet de taille des consti-
tuants. La nature des phases, leur proportion et leur dimension 3.1.1 Ferrite classique avec interstitiels
dépendent des conditions de transformation de phases qui sont
fonction également de la composition chimique. D’autres phénomè-
nes sont également importants comme la recristallisation après La ferrite classique avec interstitiels est constituée de grains de
déformation et la précipitation. fer α qui contiennent des interstitiels carbone ou plus rarement de
l’azote, des atomes de substitution et des précipités de cémentite
Ces interactions complexes font qu’il n’est pas raisonnable de aux joints de grains ou intragranulaires plus selon les cas d’autres
compter sur des relations simples et linéaires entre les propriétés et la précipités (NAl, NbC...). Au-delà de 0,04 % de carbone, on trouve de
composition chimique ; néanmoins, de telles relations sont parfois uti- la perlite.
lisées pour fixer des ordres de grandeur. Il faut donc aborder
l’influence des éléments par deux facteurs : l’effet structural et l’effet Les propriétés de cette ferrite sont très dépendantes de la taille
de la composition, même si c’est l’effet global qui est souvent montré. des grains d (loi de Hall-Petch) (figure 3) :
Du fait que les aciers de base contiennent de moins en moins
Re = Re0 + kd −1/2
d’impuretés et peu d’éléments d’alliage avec une grande proportion
d’aciers à bas carbone ou ultra-bas carbone, leurs propriétés sont
avec Re limite d’élasticité.
surtout déterminées par leurs microstructures. On va donc d’abord
examiner l’aspect microstucture avant de passer en revue l’action Les valeurs de k sont comprises entre 15 et 22 pour d exprimé en
des éléments. millimètres.

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Acier ferritique sans interstitiels Perlite MEB (C=0,75 %)

Ferrite-martensite (Dual-Phase) Acier ferritique microallié, Nb (C=0,055, Nb=0,04)

Acier TRIP Bainite bas-carbone (C=0,05 %)

5 mm
Acier ferrite-perlite par MEB (25 % de perlite, C=0,23 %)

Acier ferrite-perlite (25 % de perlite, C=0,23 %) MEB microscope électronique à balayage

Figure 1 – Microstructures (photos Arcelor IR & D)

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Température (°C)

900
Ac3

800

Ac1
700
A+F
A
600
A+F+C

500

400
Ms calculé

300

200

100

HV 447 387 257 238 219 217


0
1 2 5 10 20 50 100 200 500 103 104 105
Temps (s)

1 min 2 min 15 min 1h 2h 4h 8h 24h

0,195 % C - 1,39 % Mn - 0,26 % Si - 0,029 % P


0,019 % S - 0,007 % N - 0,046 % AI - 0,043 % Nb
A Austénite
C Cémentite
F Ferrite
La zone hachurée corespond au domaine de précipitation du carbonitrure de
niobium
Ac1 température à laquelle l'austénite commence à se former au cours du chauffage
Ac3 température à laquelle la ferrite achève de se transformer en austénite
au cours du chauffage
Figure 2 – Courbes de transformation
Ms température à laquelle l'austénite commence à se transformer en martensite
au cours du refroidissement en refroidissement continu à partir de 1 300 ˚C
[M 4 525]

L’effet de la taille de grain est également très important sur la tem-


Par définition, la ferrite est constituée de fer α avec un peu de pérature de transition de l’énergie de rupture en flexion par choc
carbone (et de petites quantités d’atomes de substitution comme (essai Charpy V) et peut s’écrire sous la forme (figure 3) :
le manganèse ou le silicium) mais la place importante prise par
les aciers sans interstitiels conduit à distinguer deux cas : T = T0 − hlogd −1/2
— la ferrite classique avec interstitiels ;
— la ferrite sans interstitiels, dits IF. Les valeurs de h sont d’environ 200 pour d exprimé en milli-
Cette dernière serait en fait du fer α pur si elle ne comportait mètres.
pas des atomes de substitution et des précipités fins de carbures.
3.1.2 Ferrite sans interstitiels
La valeur de Re0 est la somme de plusieurs termes de
durcissement : Le fait que l’azote soit presque toujours fixé par l’aluminium et
l’abaissement de la teneur en carbone au-dessous de 0,01 % per-
— le durcissement par les interstitiels C et N ; mettent de fixer le carbone résiduel avec de faibles quantités de
— le durcissement de solution solide (Mn, P, Si, Cu, Cr, Ni, Mo) ; titane ou de niobium. Les précipités de carbures formés après lami-
— le durcissement par les précipités carbures, nitrures, nage à chaud et recuit font que la ferrite ne contient plus de
carbonitrures ; carbone ; ces nuances sans interstitiels libres n’ont plus les mêmes
propriétés que les ferrites classiques : il n’y a plus de durcissement
— le durcissement par des composés intermétalliques (rare dans par le carbone en solution ; la limite d’élasticité est basse sans cro-
les aciers d’usage général). chet ni palier ; il n’y a plus de vieillissement après écrouissage.
Par contre, le durcissement par écrouissage n’est pas pris en La sensibilité de la limite d’élasticité à la taille de grain est diffé-
compte par la loi de Hall-Petch. On peut néanmoins utiliser une rela- rente de celle des ferrites classiques ; elle est en première approxi-
tion du même type pour la résistance (cf. [M 307] Aciers d’usage mation 2 fois plus faible que pour les ferrites à interstitiels comme le
général. Calcul des caractéristiques mécaniques). montre la figure 4.

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3.1.4 Recristallisation et textures


Acier microallié
Re (MPa) ( Nb, V, Ti ) Lors des opérations de laminage ou après d’autres grandes
500
déformations, les grains écrouis recristallisent en créant des orien-
tations préférentielles : il y a création de textures. Quand il s’agit de
recristallisations à chaud, ces textures ne sont pas très fortes et sont
400 pratiquement effacées lors d’un changement de phase. Aussi, on
n’observe pratiquement des effets importants de textures sur tôles
laminées à chaud que dans le cas de laminage intercritique ou
300 Acier C-Mn ferritique.
Après laminage à froid et recuit, les textures sont au contraire un
200 élément important des propriétés.
d -1/2 (mm-1/2)
Deux grandes familles de tôles minces laminées à froid présen-
6 7 8 9 10 11 12 13 14 15
100 tent des textures favorables à des coefficients d’anisotropie r élevés,
0,78 1 1,17 utiles pour l’aptitude à l’emboutissage (cf. [M 3 180] Emboutissage
log d -1/2 des tôles. Importance des modes de déformation) : les aciers calmés
-20 Al et les aciers sans interstitiels IF.
Dans la première famille, des valeurs élevées de r sont obtenues
-40 en recuit en bobines serrées après bobinage dit froid ou en recuit
Acier
Acier microallié
continu après bobinage chaud.
C-Mn
Dans la deuxième famille, la sensibilité aux températures de bobi-
-60
nage et aux vitesses de chauffage au recuit est moins grande et elle
permet l’obtention de r élevés sur les lignes continues, y compris les
-80 lignes de galvanisation.

3.1.5 Structures de trempe


Température de transition T (K)
Quoique les structures ferritiques soient encore majoritaires dans
Figure 3 – Loi de Hall-Petch des aciers : effet de la taille du grain
les aciers dits de base, le développement des systèmes de refroidis-
sement accéléré à la sortie des laminoirs ou des lignes de recuit ont
permis l’introduction de trempe totale ou partielle dans des nuances
Re (MPa) Acier
pas trop chargées en éléments d’alliage donc encore soudables.
k = 20
extra-doux Ainsi, il existe des plaques à structure bainitique ou de martensite
280 calmé Al revenue ; il y a également des trempes interrompues comme dans
les procédés avec autorevenu (QST Quenching Self Tempering, Tem-
240 pcore).
k = 10 Pour les tôles minces laminées à chaud, le refroidissement
200 accéléré suivi du bobinage à très basse température permet l’obten-
IF
tion de produits à structure bainitique, ferrite martensite, TRIP ou
160
multiphasées.
7 8 9 10 11 d -1/2 Pour l’efficacité de ces traitements, il faut à la fois une analyse
bien choisie, un contrôle du refroidissement et du bobinage.
Figure 4 – Loi de Hall-Petch des aciers avec ou sans interstitiels (état
recuit non skin-passé)
3.1.6 Combinaisons de phases
3.1.3 Contrôle de la grosseur de grain ferritique Outre les nuances classiques à structure de ferrite-perlite et des
aciers trempés-revenus à base de bainites avec des carbures, ont
Le contrôle de la grosseur de grain ferritique repose sur plusieurs été créés des mélanges ferrite-martensite ou ferrite-bainite spéciale-
mécanismes : le premier est l’effet de la taille du grain austénitique ment adaptés à des augmentations fortes de limite d’élasticité après
car la transformation γ → α fait naître plusieurs grains α à partir d’un déformation plastique.
seul grain γ, ce qui donne évidemment une taille inférieure à celle du Ces nuances sont obtenues sur train à bande ou après recuit par
grain γ ; de plus, si celui-ci est affiné par différents mécanismes, le des refroidissements intenses après la formation d’une fraction
grain α sera plus fin. Ces mécanismes peuvent être soit le blocage notable de ferrite.
des joints d’austénite par des précipités, c’est le cas du traitement
Le mélange de phases molles et dures permet d’ouvrir l’éventail
thermique de normalisation des aciers calmés à l’aluminium, soit le
des propriétés des aciers, ce qui permet de modifier davantage une
résultat de recristallisations après écrouissage comme dans les trai-
propriété qu’une autre avec des résultats favorables en formabilité
tements thermomécaniques.
par exemple.
Le deuxième mécanisme est l’effet de la durée de la transforma- La combinaison classique est celle de la ferrite-perlite : on voit sur
tion, c’est-à-dire de la vitesse de refroidissement : plus elle est la figure 5 que la présence de perlite a peu d’effet sur Re et beau-
rapide, plus le nombre de grains α sera élevé. coup sur Rm, la perlite fait ainsi baisser le rapport Re/Rm sans toute-
fois apporter de gain de ductilité.
Un troisième mécanisme d’affinement provient de l’écrouissage
de l’austénite qui augmente le nombre de sites de germination. Le mélange ferrite-martensite avec une petite proportion de mar-
tensite a deux particularités : d’une part la forte différence de dureté
Enfin, dans le domaine de la ferrite écrouie puis recristallisée, la pré- entre les deux phases crée des contraintes résiduelles qui ajoutées
sence de précipités empêche le grossissement des grains ferritiques. à l’appauvrissement en carbone de la ferrite abaisse fortement la

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cats à chiffrer en raison d’une très grande sensibilité : les derniers


Re ou Rm ppm provoquent des effets de seuil importants.
On peut séparer les éléments en plusieurs catégories :
Rm
— le carbone ;
— les métalloïdes : O2, N2, P, S ;
— les éléments métalliques principaux : Mn, Si, mais aussi Cr et
Re Ni ;
— les éléments de microalliage : Al, Nb, V, Ti.

La figure 6 représente l’effet des éléments en solution sur la


limite d’élasticité et la résistance.
P

3.2.1 Carbone
SS
O
Teneur en carbone Il est présent sous plusieurs formes : en solution solide, en sursa-
turation, sous forme de précipités de carbures (cémentite, perlite et
P perlite Rm résistance à la traction autres carbures).
Re limite d'élasticité SS solution solide La figure 5 représente l’effet du carbone sur la limite d’élasticité et
la résistance d’aciers non alliés à l’état ferrite-perlite. La teneur en
Figure 5 – Effet de la perlite sur Re et Rm perlite est proportionnelle à la teneur en carbone mais les propriétés
mécaniques sont liées à la taille des plages de perlite et à la finesse
limite d’élasticité et supprime le palier, d’autre part apparaît une de cette perlite ; cela est très important pour les nuances pour défor-
forte consolidation et une ductilité améliorée. Cela permet d’avoir mation à froid (extrusion, tréfilage des fils).
un acier relativement mou au formage, dont la limite d’élasticité Pour les bainites et les martensites, les coefficients de durcisse-
s’élève fortement à la suite de la déformation, donc résistant à de ment sont différents.
fortes sollicitations.
L’effet durcissant des fortes teneurs en carbone est important pour
La combinaison ferrite-bainite a des propriétés voisines de la fer- la résistance à l’usure et à la fatigue mais cela concerne davantage
rite martensite. les aciers pour traitements thermiques ou les rails.
Une combinaison particulière est celle des aciers contenant une En contrepartie du durcissement, le carbone a tendance à réduire
phase instable comme de l’austénite résiduelle qui se transformera la ductilité et la ténacité. La figure 7 montre l’effet du carbone sur les
en martensite lors d’une déformation plastique en donnant une aug- courbes de transition. En solution ou sursaturation, il est responsa-
mentation notable de résistance : ce sont les aciers TRIP (Transfor- ble du vieillissement. Sous forme de carbures ou de perlite, il réduit
mation Induced Plasticity). Cette propriété n’est obtenue qu’avec la ductilité surtout si la forme des carbures est grossière.
des additions notables de carbone et d’éléments d’alliage.
L’abaissement de la teneur en carbone est très intéressant par les
bénéfices de ductilité, formabilité, soudabilité et ténacité qu’il
Lois des mélanges apporte à condition que d’autres modes de durcissement permet-
Pour la plupart des propriétés, on ne peut pas appliquer une tent de compenser la baisse de caractéristiques si nécessaire. Le
simple règle de proportionnalité pour les évaluer à partir des bénéfice est particulièrement important si le durcissement est
propriétés des phases simples. apporté par l’affinement du grain qui permet par la loi de Petch
Quand la ferrite est largement majoritaire, la limite d’élasticité d’obtenir des limites d’élasticité très élevées avec des températures
du mélange est voisine de celle de la ferrite en tenant compte de transition basses. C’est ainsi que se sont développés les aciers à
normalement de sa taille de grain et le cas échéant de son grains fins soudables à hautes caractéristiques.
appauvrissement en carbone (suppression du palier).
Par contre, la consolidation prend en compte le fait que la 3.2.2 Manganèse
déformation plastique est homogène avec participation des pha-
ses dures et par suite la résistance suit une loi de mélange pro-
Le premier rôle important du manganèse en tant que désoxydant
portionnelle.
et désulfurant se retrouve dans sa présence dans les inclusions oxy-
dées et surtout dans les sulfures. On sait que la plasticité à chaud
Les allongements à rupture et les strictions sont sensibles à la pré- des sulfures de manganèse est un paramètre important de la direc-
sence de phases dures et par conséquent à leur teneur, répartition et tionnalité des propriétés de ductilité des aciers laminés. L’abaisse-
forme. ment des teneurs en soufre et oxygène permet donc de limiter le
manganèse indispensable s’il n’est pas utile pour d’autres proprié-
tés. La réduction du manganèse est par exemple favorable aux tex-
3.2 Composition chimique tures de tôles laminées à froid LAF recuites pour emboutissage. Par
contre, le durcissement en solution solide est largement utilisé pour
En principe, les aciers d’usage général ne contiennent pas d’élé- l’augmentation des propriétés des aciers de construction à haute
ments d’alliage en forte quantité contrairement aux aciers alliés ou limite d’élasticité.
spéciaux, mais une proportion croissante contient des éléments de L’effet sur la trempabilité concerne les aciers contenant partielle-
microalliage. ment des phases martensitiques ou bainitiques (double phase, bai-
Les teneurs limites conventionnelles sont données dans le nitiques, TRIP, trempés revenus) mais aussi les aciers ferrito-
tableau 2. perlitiques dont les grains sont plus fins pour les mêmes conditions
Une grande proportion des aciers courants est constituée des de refroidissement.
aciers doux, extra-doux ou à très bas carbone, c’est-à-dire qu’ils La figure 8 montre l’effet important du manganèse sur l’abaisse-
sont de plus en plus proches du fer pur en raison des progrès de ment de la température de transition pour des aciers à structure fer-
l’élaboration ; de ce fait, les effets des éléments présents sont déli- rite-perlite.

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Re (N/mm2)

+150 +150

Rm (N/mm2)
C et N en insertion P
Si Si
+100 +100

Cu Mo
+50 Mn +50 Mn

Mo Cu
0 0 Ni
Ni

- 50 - 50
Cr
Cr

- 100 - 100
0 1 2 0 1 2 Figure 6 – Effet des éléments en solution
Teneur (%) Teneur (%)
sur Re et Rm [1]
Résilience KCV ( J/cm2)

T35 (°C)
300 0

II
VII
VI
200 II
I IV V VIII III
III
IX
100
-50

0
-100 0 100 200 300
Température d'essai (°C)

Nuance Teneur en carbone Taille de grain


(%) (µm)
-100
0,001 204 0 0,5 1,0 1,5
I
II 0,003 144 Mn (%)
0,003 156 I teneur faible en silicium (≈ 0 %)
III
IV 0,006 73 II teneur moyenne en silicium (≈ 0,2 %)
V 0,013 74 III teneur élevée en silicium (≈ 0,4 %)
VI 0,058 66
Teneur faible en azote (0,002 %)
VII 0,20 56
T35 température de transition pour une résilience KCV = 35 J/cm2 (essai
VIII 0,34 79
Charpy à entaille en V)
IX 0,44 82
Acier de base : 0,15 % C, (0,3-1 ou 1,5) % Mn, (0-0,2 ou 0,4) % Si
État normalisé (ferrite-perlite)
Figure 7 – Effet du carbone sur les courbes de transition
de la résilience [2]
Figure 8 – Effet du manganèse sur la température de transition
de la résilience [3]
3.2.3 Silicium
par ses ségrégations aux joints de grains ; l’abaissement du phos-
Le silicium est durcissant en solution solide ; il modifie également phore est favorable à la ténacité des plaques et des soudures.
le diagramme de transformation en augmentant le domaine Le durcissement n’est pratiquement utilisé que pour la catégorie
bainitique ; parce qu’il est très oxydable lors des réchauffages au des tôles minces durcies, dites tôles rephosphorées.
cours de recuits, sa présence joue un grand rôle lors de la galvani-
sation au trempé, ce qui détermine des teneurs limites.
Le développement des tôles minces faiblement alliées qui con- 3.2.5 Soufre
tiennent jusqu’à 1 % de silicium (TRIP) pose donc des problèmes
avec des choix de techniques en développement. Le soufre présent dans l’acier liquide se retrouve dans les inclu-
sions le plus souvent sous forme de sulfures de manganèse ou de
sulfures mixtes. Ces inclusions qui sont allongées au laminage sont
3.2.4 Phosphore défavorables à la ductilité, à la ténacité et à la tenue à la fissuration
par l’hydrogène du type HIC (Hydrogen Induced Cracking) (figure 9).
Le phosphore est un élément durcissant en solution solide (coef- La figure 10 représente l’effet du soufre sur la résilience en sens
ficient 100, c’est-à-dire 10 MPa pour 0,010 % P) mais il est fragilisant travers. La figure 11 l’influence de la longueur des sulfures sur la

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Énergie du niveau ductile (J)


140
120
bi 100
b1
80
a1 ai B
60
40
b2 20
0
a2 0 0,005 0,010 0,015 0,020 0,025
Soufre (%)
Les critères de risques de fissuration (en noir sur le schéma)
sont mesurés sur des coupes d'échantillons de dimensions Acier à 0,13 % C - 0,20 % Si - 1,30 % Mn - 0,07 % Nb - 0,05 % V
A et B soumis à la fissuration dans des bains standardisés.
Les trois mesures suivantes sont effectuées :
- longueur cumulée des fissures ramenée à la longueur A Figure 10 – Effet du soufre sur la résilience en sens travers [4]
Σ ai
CLR = x 100 (%)
A
- épaisseur cumulée des fissures ramenée à la largeur B

ZTC (%)
Σ bi
CTR = x 100 (%) 80
B
- surface cumulée des fissures ramenée à la surface AB 70
Σ aibi
CSR = x 100 (%)
AB 60

Figure 9 – Inclusions et HIC [18] 50

40
striction dans le sens de l’épaisseur, cette propriété étant en relation
avec l’arrachement lamellaire. 30
Ces effets néfastes des sulfures conduisent à rechercher des
abaissements de la teneur en soufre pour les qualités à emploi 20
sévère et des additions éventuelles d’éléments rendant non
déformables les sulfures comme le calcium ou les terres rares. 10

L’addition de soufre ne présente un intérêt que pour l’usinabilité 0


d’où son addition contrôlée dans les aciers de décolletage, seul ou 0 10 20 30
en combinaison avec d’autres éléments. P (cm / cm2)
Les inclusions sont essentiellement des sulfures et, éventuellement
3.2.6 Éléments de microalliage quelques silicates et aluminates
Acier carbone-manganèse
Les éléments de microalliage Nb, Ti et V (cf. [M 4 525]) sont très
utilisés dans les aciers de construction métallique, les plaques et les
tôles à tubes ; ils permettent la mise en œuvre des traitements ther- Figure 11 – Influence de la longueur des sulfures cumulées P
momécaniques et forment des précipités durcissants. Ils sont aussi sur la striction dans le sens de l’épaisseur ZTC [17]
utilisés pour les tôles minces à haute limite d’élasticité et pour les
nuances sans interstitiels pour bloquer le carbone résiduel et per-
mettre le contrôle de la recristallisation au recuit. 3.2.8 Autres métaux (Cu, Sn...)
Rappelons simplement que l’intensité du durcissement par les
Les autres métaux sont le plus souvent des résiduels et ont un
carbures, nitrures et carbonitrures dépend de la taille des précipités
petit effet durcissant. On cherche donc à les limiter pour les nuances
et de leur cohérence avec la matrice : les durcissements les plus
dont on veut améliorer la ductilité.
forts se produisent lors des précipitations en phase avec des trans-
formations de phase (précipitation dite interphase) avec des refroi- Le cuivre joue un rôle particulier pour les aciers ayant une résis-
dissements rapides. tance améliorée à la corrosion atmosphérique (aciers patinables)
mais les risques de criques limitent les teneurs.
Par contre, les précipités déjà présents ou formés au cours de
recuits de recristallisation sont moins durcissants.

3.3 Traitements thermomécaniques


3.2.7 Éléments d’alliage (Cr, Ni, Mo...)
Les traitements thermomécaniques consistent à utiliser les che-
Les autres éléments classiques d’alliage (chrome, nickel, molyb- mins thermiques et les déformations par laminage pour obtenir des
dène) sont peu présents dans les aciers d’usage général à l’excep- structures équivalentes ou même supérieures à celles que l’on
tion des aciers pour chaudronnerie et appareils à pression : le obtient par traitement thermique classique (recuit de normalisation
chrome et le molybdène pour la tenue à chaud, le nickel pour les uti- ou trempe et revenu). Ils permettent d’obtenir des propriétés éle-
lisations à basse et très basse température. vées avec moins de carbone et d’éléments d’alliage ou des qualités
La figure 12 représente l’effet du nickel sur la température de améliorées directement à la sortie des laminoirs et sont devenus
transition pour des nuances de type ferrite-perlite à l’état normalisé. incontournables pour de nombreux produits.

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T
+50

T35 (°C)
0
Ac3
Ar3
-50

Temps t
-100
1 2 3 4 5 6 7

-150 1 traitement thermomécanique simple (2 phases)


0 1 2 3 4 5 6 2 laminage normalisant (Tfin laminage > Ac3)
Ni (%) 3 traitement thermomécanique intercritique
T35 température de transition pour une résilience KCV = 35 J/cm2 4 traitement thermomécanique + refroidissement accéléré
(essai Charpy à entaille en V) 5 traitement thermomécanique + trempe directe + revenu
Acier de base : 0,03 % C-0,15 % Mn, 0,008 % N2 et (0-1-2-4 ou 6) % Ni 6 traitement thermomécanique + refroidissement accéléré + autorevenu
7 traitement thermomécanique + maintien (bobinage)
Figure 12 – Effet du nickel sur la température de transition passe de laminage
de la résilience [19]
Figure 13 – Principaux cycles thermomécaniques

Les progrès des automatisations dans les laminoirs et le dévelop-


pement de modèles physiques d’évolution des structures pouvant 3.3.2 Tôles de trains continus
opérer en ligne ont grandement facilité l’application de la métal-
lurgie prédictive afin d’adapter les schémas de laminage. Sur les trains continus, les traitements thermomécaniques pour
Le principe de ces laminages consiste à contrôler des recristallisa- bandes épaisses sont analogues à ceux des quartos avec une phase
tions successives ou à les repousser entre les passes, ce qui conduit d’attente en général plus courte entre dégrossisseur et finisseur
à des grains austénitiques fins et écrouis qui donnent après la trans- mais le refroidissement accéléré est généralisé après le finisseur et
formation γ → α des grains ferritiques fins ou ultrafins (jusqu’à il y a un maintien en température par le bobinage, ce qui permet le
moins de 4 µm et même 2 µm dans les cas extrêmes). La présence contrôle de la transformation ou de la précipitation.
d’éléments de microalliage (Nb, Ti, V) est le plus souvent nécessaire Pour les produits minces, on obtient des aciers microalliés à grain
pour régler les intervalles de recristallisation, mais aussi pour four- fin, des structures mixtes double-phase ou TRIP en direct.
nir des précipités durcissants.
La figure 13 schématise les principaux cycles thermomécaniques.
3.3.3 Produits longs lourds
On distingue ainsi le laminage normalisant terminé au-dessus de
Ac3 qui donne l’équivalent de la normalisation, les traitements ther- L’obtention de limites d’élasticité élevées sur des trains à poutrel-
momécaniques en 2 ou 3 phases terminés au-dessus de Ar3 dans le les automatisés permet d’améliorer soudabilité et ténacité. Le con-
domaine austénitique ou au-dessous de Ar3 (laminage intercriti- trôle des températures des ailes et des âmes nécessite des
que), les laminages thermomécaniques suivis de refroidissement arrosages locaux. Ces arrosages permettent également de réaliser
accéléré ou de trempe directe totale ou partielle, les laminages avec des trempes partielles interrompues.
refroidissements accélérés interrompus et autorevenu, la prépara-
tion de structures mixtes ferrite-martensite ou mutiphasées.
Outre l’obtention de propriétés intéressantes à l’état brut de lami- 3.3.4 Ronds et barres
nage, ces cycles permettent aussi d’optimiser les structures et l’état
de précipitation avant des opérations ultérieures de recuit de certai- L’application des traitements thermomécaniques aux ronds à
nes nuances de tôle LAF. béton se fait de deux manières :
— un laminage avec contrôle des températures pour les nuances
microalliées ;
3.3.1 Plaques et tôles fortes — un refroidissement accéléré interrompu pour les nuances avec
trempe superficielle (tempcore, torsid, QST...).
Les laminoirs quarto de grande largeur avec deux cages et à la
sortie des refroidissements accélérés permettent la réalisation de
schémas de laminage avec un suivi scrupuleux des températures et 3.3.5 Fil machine
de la succession des passes avec des arrêts intermédiaires. On
obtient ainsi des plaques à grain fin ayant des limites d’élasticité éle- Le laminage à grande vitesse, jusqu’à 100 m/s à la sortie du train
vées et des températures de transition basses. Cela permet la réduc- à fil, entraîne un fort échauffement adiabatique et une remontée des
tion de la teneur en carbone et des éléments d’addition, d’où le températures réduite grâce à des refroidissements par tubes à eau
développement des aciers soudables à grain fin pour les plaques de intermédiaires et surtout à la sortie du laminoir. Ces refroidisse-
construction (ponts, réservoirs), les tôles à tubes, les plaques pour ments ainsi que le soufflage par ventilateurs sur les tapis de mises
structures marines. en spires permettent le réglage des transformations de phases. Ces
réglages sont différents selon la teneur en carbone et le diamètre
Les limites d’élasticité élevées obtenues concernent parfois des des fils.
produits ayant des épaisseurs importantes.
Pour les fils à résistance élevée pour béton, les cycles imposés
Par contre, un réchauffage ultérieur peut altérer les propriétés. sont analogues à ceux des ronds.

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