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Réf.

: D2100 V2

Aimants permanents -
Date de publication :
10 mai 2009 Matériaux et propriétés
Date de dernière validation :
30 janvier 2015

Cet article est issu de : Énergies | Conversion de l’énergie électrique

par Jean-Marie LE BRETON, Luc LECHEVALLIER,


Philippe TENAUD, Antoine MOREL

Résumé Cet article étudie les grandes classes de matériaux pour aimants permanents
et leurs propriétés. Ces familles sont les alnicos (alliages isotropes, anisotropes, à
cristallisation dirigée et frittés), les ferrites (comprenant les ferrites durs et les ferrites liés),
les samarium-cobalt et les néodyme-fer-bore. Ces matériaux, s’ils sont les plus courants,
ont pourtant comme défaut majeur d'être fragiles, durs et cassants. Les matériaux pour
aimants permanents suivants ont, eux, des applications plus restreintes mêmes s’ils ont
l’avantage d’être facilement usinables, laminables ou tréfilables. Sont présentés les
alliages ductiles, les alliages manganèse-aluminium-carbone, les aciers durs
martensitiques, et les aimants à base de micropoudres.

Abstract This article studies the major classes of materials for permanent magnets and
their properties. These families are the alnicos (isotropic, anisotropic, with directed
crystallization and sintered alloys), ferrites (including hard ferrites and soft ferrites), the
samarium-cobalt and the neodymium iron boron. Although these materials are the most
common, they are nonetheless fragile, hard and brittle. The following materials for
permanent magnets have, on their part, more limited applications although they present
the advantage of being easily machined, laminated or wiredrawn. This article presents the
ductile alloys, manganese-aluminum-carbon alloys, hard martensitic steels and
micropowder magnets.

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Aimants permanents
Matériaux et propriétés
par Jean-Marie LE BRETON
Docteur en Physique
Professeur à l’Université de Rouen
Groupe de Physique des matériaux, UMR CNRS 6634, Université de Rouen, Faculté des
sciences et techniques
Luc LECHEVALLIER
Docteur en Physique
Maître de Conférences à l’IUP génie électrique de l’Université de Cergy-Pontoise
Groupe de Physique des matériaux, UMR CNRS 6634, Université de Rouen, Faculté des
sciences et techniques
Philippe TENAUD
Ingénieur
Docteur en Physique
Gérant 3MaS (Magnets, Magnetism, Material & Services), La Combe de Lancey
et Antoine MOREL
Ingénieur
Docteur en Physique
Responsable Méthodes/Procédés, STEELMAG, Saint-Pierre d’Allevard

Mise à jour de l’article [D 2 100] de François LEPRINCE-RINGUET paru en 1996.

1. Caractéristiques générales et propriétés .......................................... D 2 100v2 - 2


2. Alliages de type fer-nickel-aluminium (alnicos) .............................. — 5
3. Oxydes magnétiques : ferrites.............................................................. — 6
4. Alliages à base de terre rare ................................................................. — 12
5. Autres matériaux pour aimants permanents.................................... — 19
Pour en savoir plus ........................................................................................... Doc. D 2 100v2

es aimants permanents sont des matériaux magnétiques « durs »,


L c’est-à-dire des matériaux qui, une fois aimantés, conservent à la tempéra-
ture d’utilisation leur aimantation. Leurs propriétés magnétiques sont
déterminées tout d’abord par les propriétés intrinsèques des composés qui les
constituent. Elles dépendent aussi fortement de la microstructure du matériau
obtenu, liée au procédé de fabrication.
Quatre familles de matériaux pour aimants permanents conduisent à l’essen-
tiel des applications sur le marché. Ce sont les alnicos, les ferrites durs, les
samarium-cobalt et les néodyme-fer-bore. D’autres matériaux existent, mais
leurs applications sont très restreintes. Ce sont les alliages ductiles, les alliages
manganèse-aluminium-carbone, les aciers durs martensitiques, ou les aimants
à base de micropoudres.
Dans ce dossier, les différents types de matériaux pour aimants permanents
et leurs propriétés sont passés en revue. L’accent est mis sur les caractéris-
tiques de chaque type de matériau, ses avantages et ses inconvénients
relativement aux autres matériaux. Les applications des différents types
d’aimants, et les nouveaux développements sont présentés dans le
dossier [D 2 102] « Aimants permanents. Applications et perspectives ».

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AIMANTS PERMANENTS _____________________________________________________________________________________________________________

1. Caractéristiques générales B B
et propriétés

Aperçu historique

Le mot « aimant » doit son origine au latin « adamas » qui H H


signifie fer, diamant. En effet, les premiers aimants connus,
déjà du temps des Grecs, étaient à base de fer ; il s’agissait de
la pierre d’aimant, qui contenait de la magnétite, oxyde natu-
rel de fer (formule chimique Fe3O4). Vers le XIIe siècle appa-
raissent en Europe les premiers aimants artificiels en fer, et
peu de progrès ont été réalisés dans ce domaine jusque dans
les années 1930. Les matériaux utilisés alors étaient des aciers
durs martensitiques au chrome, au tungstène et au cobalt, a matériau magnétique doux b matériau magnétique dur
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caractérisés par la traditionnelle forme en U.


Les progrès technologiques réalisés au cours des
Figure 1 – Cycles d’hystérésis caractéristiques B (H) d’un matériau
soixante-dix dernières années ont complètement révolutionné magnétique doux et d’un matériau magnétique dur
les possibilités des aimants permanents. De nouveaux maté-
riaux ont été découverts, synthétisés et industrialisés, avec des
performances telles que les applications se sont multipliées – induction rémanente Br ;
dans de nombreux domaines, de l’automobile à l’électroacous- – champ coercitif de l’aimantation HcJ ;
tique, de l’horlogerie à l’industrie minière, de l’électroménager – champ coercitif de l’induction HcB .
au jouet, etc. On estime en effet à l’heure actuelle (2009) que
Ces propriétés sont liées aux propriétés magnétiques intrin-
dans un logement moderne, il y a plus de cinquante aimants
sèques des phases magnétiques constitutives de l’aimant :
permanents, allant de la fermeture de la porte du réfrigérateur,
au rotor du moteur de ventilateur. Il en est de même pour – aimantation à saturation Ms ;
l’automobile ; certaines voitures comprennent plusieurs kilo- – champ d’anisotropie Ha ;
grammes d’aimants pour une centaine de fonctions différentes – température de Curie Tc .
(essuie-glace, dispositif de freinage ABS...). Elles sont également liées à la microstructure de l’aimant (forme
et dimensions des grains). De plus, les caractéristiques méca-
niques ou physico-chimiques des aimants influent largement sur
leurs domaines d’applications.
1.1 Grandes classes de matériaux
pour aimants permanents Quatre familles de matériaux pour aimants permanents
conduisent à l’essentiel des applications sur le marché. Ce sont les
Les matériaux utilisés pour leurs propriétés magnétiques alnicos, les ferrites durs, les samarium-cobalt et les néo-
peuvent être classés en deux grandes familles : dyme-fer-bore. Les propriétés de ces matériaux sont présentées
dans les paragraphes 2, 3 et 4. D’autres matériaux existent, mais
– les matériaux magnétiques doux (cf. dossier [M 350] Alliages leurs applications sont très restreintes. Ce sont les alliages ductiles,
magnétiques doux), qui ne présentent des propriétés magnétiques les alliages manganèse-aluminium-carbone, les aciers durs marten-
qu’en présence d’une excitation magnétique extérieure, et dont sitiques, ou les aimants à base de micropoudres. Les propriétés de
font partie les matériaux utilisés dans les transformateurs ; ces matériaux sont présentées dans le paragraphe 5.
– les matériaux magnétiques durs, qui présentent des propriétés
magnétiques même en absence d’une excitation magnétique exté-
rieure, et dont font partie les matériaux pour support d’enregistre-
ment magnétique, ainsi que les aimants permanents.
1.2 Propriétés magnétiques
Lorsqu’un matériau magnétique est placé dans un champ Un aimant permanent est caractérisé par son cycle d’hystérésis
magnétique extérieur H, il se crée une induction magnétique B B (H). Plus particulièrement, le second quadrant du cycle, appelé
propre au matériau, qui est due à la polarisation des domaines courbe de désaimantation (figure 2), donne toutes les caractéris-
magnétiques, petites régions dans lesquelles les moments magné- tiques magnétiques macroscopiques, ou intrinsèques, de l’aimant :
tiques ont une orientation commune. La polarisation des moments – l’induction rémanente Br , qui représente l’induction résiduelle
magnétiques crée une aimantation M, dont dépend l’induction en circuit fermé ; c’est une indication de la puissance potentielle de
propre B. Lorsque l’on supprime le champ magnétique extérieur, l’aimant ;
un matériau magnétique dur conserve une aimantation résiduelle, – le champ coercitif de l’induction HcB , qui est le champ déma-
appelée aimantation rémanente. L’aimantation rémanente d’un gnétisant annulant l’induction B ; c’est une indication de la stabilité
matériau magnétique doux est pratiquement nulle. de l’aimant ;
Les courbes M (H) ou B (H), relatives à chaque type de matériau, – le produit d’énergie volumique BH qui définit la valeur énergé-
sont appelées cycles d’hystérésis en aimantation, ou en induction. tique de l’aimant par unité de volume, dont on tire la densité d’éner-
La figure 1 montre la forme des courbes B (H) caractéristiques gie volumique (BH)max , valeur maximale du produit d’énergie
pour ces deux familles de matériaux. volumique BH ; (BH)max correspond au point de fonctionnement
Il existe une grande variété de matériaux pour aimants perma- optimal de l’aimant, associé aux valeurs Bm et Hm (figure 2).
nents dont les propriétés et les applications sont très diverses. Les Ces trois paramètres sont déterminants dans le choix qui peut
aimants permanents, qui peuvent être des matériaux céramiques être effectué par l’utilisateur. Il est possible de classer les différents
ou des matériaux métalliques, sont caractérisés par leurs proprié- types d’aimants en fonction des valeurs de leur champ coercitif de
tés magnétiques macroscopiques (appelées également propriétés l’aimantation HcJ et de leur densité d’énergie volumique (BH)max
extrinsèques) : (figure 3). Ces paramètres sont, avec l’induction rémanente Br ,

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les paramètres qui déterminent le choix d’un aimant pour une


B application donnée. Les valeurs de ces grandeurs magnétiques
λm sont données dans le tableau 1 pour les quatre familles d’aimants.
(BH)max La température maximale d’utilisation d’un aimant est déterminée
Br
par la température de Curie TC et par les variations en température
M Bm des paramètres HcJ et Br . Les valeurs correspondantes sont égale-
ment reportées dans le tableau 1.

Il est par ailleurs intéressant de comparer la densité d’énergie


volumique (BH)max des principaux matériaux pour aimants perma-
nents, rapportée à leur volume ou à leur masse (figure 4). On
constate que l’ordre dans lequel ces matériaux sont placés par rap-
HcB Hm 0 H port à ces deux critères varie.

λm droite de travail (ou droite de charge) Les propriétés magnétiques constituent les principaux critères
de choix d’un aimant permanent pour une application donnée.
Figure 2 – Courbe de désaimantation d’un matériau pour aimant Cependant, d’autres critères sont déterminants pour une applica-
permanent tion spécifique.

(BH)max

(kJ/m3)
4
(MG · Oe)
3
Nd-Fe-B
3 fritté
2 Sm-Co
fritté

2
102
Pt-Co
8

Alnico Sm-Co + Nd-Fe-B liés


10 6
8 colonnaire Mn-Al-C
6
4 Alnico anisotrope
Ferrite
Micropoudre fritté
4
Fe-Co ESD

2 Fe-Co-V
orienté Ferrite de baryum anisotrope
2 Alnico
isotrope
Cunife
10
8
Al-Ni
1 Ferrite de baryum isotrope
8 6
Acier anisotrope
6 martensitique Ferrite de baryum aggloméré
4 Alnico
aggloméré isotrope
4
3

10 2 4 6 8 102 2 4 6 8 103 2 4 6 8 104


HcJ
(kA/m)

102 2 4 6 8 103 2 4 6 8 104 2 105


(Oe)
ESD Elongated Single Domain (monodomaine allongé)
Nd - Fe - B et Sm - Co sont des alliages à base d'éléments de terres rares
Pt - Co, Fe - CoV et cunife sont des alliages ductiles

Figure 3 – Classement des matériaux pour aimants permanents en fonction des paramètres HcJ et (BH)max

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AIMANTS PERMANENTS _____________________________________________________________________________________________________________

Tableau 1 – Valeurs numériques des principales grandeurs magnétiques des grandes familles
d’aimants à température ambiante [1] [2]
Coefficient de Coefficient de
Température Température
Br température température de
de Curie maximale (BH)max HcJ
Famille de HcJ Br
d’utilisation
(oC) (oC) (kJ/m3) (kA/m) (T) (%/K) (%/K)
Alnico 740 à 860 450 à 540 35,8 à 43,8 64 à 103 1,1 à 1,3 + 0,03 à – 0,07 – 0,02
Ferrites (Sr) 450 à 460 250 à 300 25,5 à 40,6 200 à 400 0,38 à 0,46 + 0,3 à + 0,5 – 0,18 à – 0,20
Sm-Co 1-5 700 à 750 250 135,3 à 151,2 960 à 1 600 0,82 à 0,87 – 0,15 à – 0,30 – 0,045 à – 0,050
Sm-Co 2-17 800 à 850 450 à 550 159,1 à 254,6 490 à 790 0,92 à 1,16 – 0,15 à – 0,30 – 0,030 à – 0,035
NdFeB 310 à 330 80 à 180 199,0 à 310,3 880 à 1 990 1,0 à 1,3 – 0,55 à – 0,65 – 0,11 à – 0,13
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Acier martensitique Cr-Co Acier martensitique Cr-Co


Ferrite de baryum isotrope Al-Ni
Al-Ni Cunife
Cunife Ferrite de baryum isotrope
Alnico (12 Co) isotrope Alnico (12 Co) isotrope
Fe-Co-V orienté Fe-Co-V orienté
Ferrite de baryum orienté Pt-Co
Micropoudre Fe-Co ESD Ferrite de baryum orienté
Alnico orienté Alnico orienté
Alnico colonnaire Alnico colonnaire
Pt-Co Micropoudre Fe-Co ESD
SmCo 150 SmCo 20
et Nd-Fe-B et Nd-Fe-B
0 10 20 30 40 50 60 70 80 (kJ/m3) 0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 (J/kg)
(BH)max ρ(BH)max
3
0 1 2 3 4 5 6 7 89 10 11 (MG · Oe) 0 0,5 1 1,5 (MG · Oe · cm /g)
a énergie volumique ρ(kg/m3) masse volumique b énergie massique
ESD Elongated Single Domain (monodomaine allongé)

Pour les aimants à base d'éléments de terres rares, l'énergie volumique va de 150 à 400 kJ/m3 ; on a, par exemple : 160 kJ/m3 pour SmCo5 et 280 kJ/m3
pour Nd2Fe14B

Figure 4 – Densité d’énergie volumique (BH)max et densité d’énergie massique  (BH)max des principaux matériaux pour aimants
permanents

1.3 Propriétés mécaniques résistance à la corrosion... De ces différents points de vue, les
aimants permanents présentent des propriétés très diverses. Les
En général, les aimants permanents sont des matériaux qui pré- valeurs de ces différents paramètres sont regroupées dans le
sentent certains inconvénients du point de vue des propriétés tableau 2.
mécaniques. La plupart sont fragiles, tels les ferrites qui sont des
matériaux céramiques, ainsi que les aimants métalliques (alnicos, Les matériaux céramiques de type ferrite sont des isolants élec-
samarium-cobalt, néodyme-fer-bore). Les aimants métalliques sont triques. Ils présentent une bonne résistance à l’oxydation et à la
de plus très durs, et présentent donc d’importantes difficultés corrosion, alors que les alliages samarium-cobalt et néo-
d’usinage, nécessitant l’emploi de meules diamantées. L’obtention dyme-fer-bore y sont très sensibles.
de tolérances mécaniques serrées et d’un bon état de surface
Bien que les différences entre les valeurs des coefficients de
revient alors très cher.
dilatation des céramiques et des alliages métalliques soient relati-
Le tableau 2 donne les valeurs de dureté pour un certain vement faibles, il est nécessaire d’en tenir compte pour les appli-
nombre de type d’aimants. cations.

La masse volumique de ces matériaux est un paramètre impor-


1.4 Propriétés physico-chimiques tant, qui varie dans de fortes proportions. À volume égal d’aimant,
la masse change donc selon le type d’aimant, et cela modifie
Les propriétés physico-chimiques des aimants sont des para- l’ordre selon lequel on peut classer les matériaux pour aimants par
mètres tels que la masse volumique, la résistivité électrique, le rapport à leur densité d’énergie volumique (BH)max ou à leur den-
coefficient de dilatation linéaire, la résistance à l’oxydation, la sité d’énergie massique ρ (BH)max (figure 4).

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Tableau 2 – Valeurs numériques des principales grandeurs mécaniques et physico-chimiques


des grandes familles d’aimants [1] [2]
Masse Coefficient
Résistivité
volumique de dilatation Dureté HV : Résistance Résistance
Famille linéique (1) Vickers (2) à l’oxydation (3) à la corrosion (3)
(Ω · m) (103kg · m–3) (10–6K–1)
Alnico 60 · 10–8 7,3 à 7,4 13 450 à 550 Bonne Moyenne
Ferrites (Sr) 104 4,9 à 5,1 15 9 Mohs Bonne Bonne
Sm-Co (1-5) 53 · 10–8 8,1 à 8,3 6 450 à 500 Moyenne Moyenne
Sm-Co (2-17) 86 · 10–8 8,3 à 8,5 8 500 à 600 Moyenne Moyenne
Nd-Fe-B 130 · 10–8 7,3 à 7,5 5,2 550 à 650 Médiocre Médiocre
(1) Valeur mesurée dans la direction de facile aimantation.
(2) La dureté d’un matériau peut être donnée dans plusieurs unités, en Vickers (HV), en Rockwell (HR) (valeurs numériques sensiblement dix fois plus faibles
qu’en HV) ou en Mohs (unité habituellement utilisée dans le cas des ferrites). Il est généralement précisé pour les duretés exprimées en HR ou HV un chiffre
(par exemple HV5 ou HV10) qui spécifie les modalités expérimentales utilisées pour déterminer la dureté. Dans le tableau 2, ce chiffre n’est pas donné mais
les valeurs de duretés indiquées ont toutes été choisies chez un même fabricant et sont donc comparables. Pour les ferrites la dureté est de 9 Mohs sur
l’échelle de Mohs qui va de 1 pour le talc (matériau le plus tendre) à 10 pour le diamant (matériau le plus dur). Les ferrites sont donc des matériaux particu-
lièrement durs et beaucoup plus durs que les aimants terre rare.
(3) Les résistances à l’oxydation et à la corrosion sont données pour le Nd-Fe-B sans protection.

2. Alliages de type – les


– les
alliages
alliages
isotropes ;
anisotropes ;
fer-nickel-aluminium – les alliages à cristallisation dirigée ou colonnaire ;
(alnicos) – les alliages frittés.
La préparation de ces aimants s’effectue par fusion et coulée
Ces alliages, connus depuis les années 1930, ont marqué un net pour donner des pièces d’une grande dureté, relativement fragiles.
progrès dans le domaine des aimants permanents à une époque L’usinage se fait par rectification à la meule diamantée, ou par
où l’on n’utilisait que les aciers durs martensitiques. Le point de électro-érosion.
départ fut l’alliage NiAlFe2 qui a vu ses propriétés s’améliorer Le tableau 3 donne quelques propriétés physiques de ces
considérablement grâce à un certain nombre d’ajouts tels que le alliages. Le tableau 4 présente la composition et les propriétés
cobalt et le titane, ainsi que par des traitements thermiques. magnétiques d’alliages alnicos isotropes, anisotropes ou colon-
Différentes familles d’aimants peuvent être obtenues à partir de naires. La figure 5 présente les courbes caractéristiques des
ces alliages : alliages correspondants.

Tableau 3 – Exemples d’alliages alnicos : propriétés physiques


Température Coefficient de
Masse volumique Dureté Rockwell Résistivité
Famille de Curie dilatation linéique
(oC) (103 kg/m3) (10–6 K–1) (HR) (10–8 Ω · m)
Alnico isotrope à 12 % 740 7 13 45 65
en masse de Co
Alnico anisotrope à 24 % 860 7,25 11,5 58 47
en masse de Co

Tableau 4 – Exemples d’alliages alnicos : composition et valeurs magnétiques


Induction Champ coercitif Énergie
Alliage Composition volumique (BH)max
rémanente Br de l’induction HcB
(% en masse) (T) (kA/m) (kJ/m3)
I. Isotrope 10 Al – 18 Ni – 12 Co – 4 Cu – 56 Fe 0,7 50 13
II. Anisotrope orienté 8 Al – 14 Ni – 24 Co – 3 Cu – 51 Fe 1,2 55 40
III. Anisotrope orienté 7 Al – 15 Ni – 36 Co – 4 Cu – 6 Ti – 32 Fe 0,8 130 45
IV. Colonnaire 8 Al – 14 Ni – 24 Co – 3 Cu – 51 Fe 1,4 60 60
V. Colonnaire 7 Al – 15 Ni – 36 Co – 4 Cu – 6 Ti – 32 Fe 1,1 130 70

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AIMANTS PERMANENTS _____________________________________________________________________________________________________________

B(T)
2.4 Alliages frittés
1,6 Il est possible de réaliser les alliages alnicos sous forme de
poudre pressée et frittée selon les techniques de la métallurgie des
1,4
poudres. La porosité résiduelle (inférieure à 5 %) entraîne une
légère baisse de l’induction rémanente, proportionnelle à cette
porosité, par rapport aux alliages fondus de même composition.
1,2
Le frittage est réalisé sous hydrogène ou sous vide à 1 300 oC et
les pièces subissent ensuite les traitements thermiques habituels.
1 Ce procédé coûteux est recommandé lorsqu’il s’agit de réaliser en
grande série de petites pièces aux formes complexes.
0,8
De même, il est possible de mélanger ces poudres à des résines
thermodurcissables ou thermoplastiques. De tels aimants ont été
0,6 utilisés dans les années 1960. Ils sont maintenant remplacés par
les ferrites, qui sont moins chers.
0,4
V III IV II I
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0,2
3. Oxydes magnétiques :
0
–150 –125 –100 –75 –50 –25 0 H(kA/m) ferrites
I alliage isotrope
II et III alliage anisotrope orienté Ces matériaux ont été développés au début des années 1950 et
IV et V alliage colonnaire industrialisés à la suite des publications et brevets de la société
Pour la composition de ces alliages, se reporter au tableau 4 Philips. Ce sont des céramiques d’oxydes de fer qui présentent les
propriétés générales de l’ensemble des corps céramiques, par
Figure 5 – Courbes de désaimantation caractéristiques d’aimants opposition aux corps métalliques tels que les alnicos.
alnico
Depuis les années 1970, la production des aimants de type fer-
rite a dépassé celle des autres types d’aimants. Actuellement, les
aimants de type ferrite sont de loin les plus utilisés dans le monde.
2.1 Alliages isotropes Cela est essentiellement dû aux raisons suivantes :
Ces alliages, préparés par fusion et coulée directe, ne subissent – le matériau est bon marché ;
pas de traitement magnétique au cours de leur refroidissement. – les matières premières utilisées ne sont ni rares ni
Leur composition et leurs propriétés varient en fonction des ajouts stratégiques ;
métalliques ; le titane, en particulier, améliore la valeur du champ – les propriétés magnétiques obtenues ont permis le dévelop-
coercitif. La teneur en cobalt relativement faible de ces alliages pement de nombreuses applications dans les marchés grand
(12 % en masse) leur donne une température de Curie trop basse public.
pour qu’un traitement thermomagnétique soit efficace.
Bien que ces matériaux soient connus depuis plusieurs dizaines
d’années, des recherches sont toujours menées dans le but d’amé-
liorer leurs propriétés magnétiques. Toute amélioration de ces
2.2 Alliages anisotropes (orientés) propriétés peut en effet avoir des retombées économiques impor-
tantes en termes d’applications. Cela a été le cas il y a quelques
L’augmentation à 24 % de la teneur massique en cobalt années avec la réalisation d’aimants dopés au La-Co (cf. dossier
provoque une élévation de la température de Curie. Cela permet [RE 30] Une nouvelle génération d’aimants permanents hexa-
de procéder au cours du refroidissement à un traitement thermo- ferrites).
magnétique au-dessous de la température de Curie. Après fusion
les pièces sont placées dans un four de recuit à 800 oC en présence
d’un champ magnétique qui permet l’orientation des grains de la
phase magnétique riche en fer-cobalt dans la matrice riche en nic- 3.1 Ferrites durs
kel-aluminium. Cela permet d’obtenir un matériau anisotrope dont
les propriétés magnétiques sont supérieures dans la direction de Ce type de matériau existe à l’état naturel sous forme de ferrite
l’orientation. L’ajout de titane permet d’améliorer sensiblement la de plomb. Il a été découvert dans les années 1930 et est appelé
valeur du champ coercitif (tableau 4 et figure 5). magnétoplombite. Sa formule chimique est PbFe12O19 . La struc-
ture cristallographique de la magnétoplombite étant hexagonale,
ce type de ferrite est également appelé hexaferrite.
2.3 Alliages à cristallisation dirigée Dans les aimants synthétiques, le plomb est remplacé :
(colonnaire) – soit par le baryum (Ba) pour obtenir des matériaux ayant une
induction rémanente élevée ;
Un nouveau progrès, pour ces alliages, a été de superposer au – soit par le strontium (Sr) pour les matériaux soumis à un fort
traitement magnétique un traitement thermique permettant d’ali- champ démagnétisant, qui doivent donc posséder un champ coer-
gner les axes de croissance des cristaux de la phase magnétique citif élevé.
Fe-Co en utilisant un moule de coulée dont la base est refroidie
tandis que la surface latérale est réchauffée. Sous l’effet conjugué
de ces traitements, l’alignement des particules de Fe-Co devient 3.1.1 Élaboration par voie céramique
complet et les caractéristiques de rémanence sont maximales.
Comme pour les cas précédents, l’addition de titane améliore Les matières premières de base sont l’oxyde de fer et le carbo-
considérablement la coercitivité (tableau 4 et figure 5). nate de baryum ou de strontium.

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■ Préparation des poudres Avec les techniques de broyage actuelles, on obtient un taux
d’orientation supérieur à 90 %, ce qui entraîne une augmentation
Après mélange dans les proportions requises, la poudre est pré- de la rémanence. Les ferrites ainsi préparés sont dits anisotropes
frittée dans un four à haute température (de l’ordre de 1 200 oC à puisqu’ils n’ont pas les mêmes propriétés dans toutes les direc-
1 300 oC). Cela permet d’effectuer la réaction à l’état solide entre tions. Si lors de la mise en forme aucun champ magnétique n’est
les matières premières : appliqué, on obtient des ferrites isotropes.
■ Frittage
BaCO 3 + 6 Fe2O 3 → BaFe12O19 + CO 2
Après mise en forme, le frittage permet d’obtenir une densifica-
tion de 90 à 95 %, au cours de la cuisson à des températures de
ou SrCO 3 + 6 Fe2O 3 → SrFe12O19 + CO 2 l’ordre de 1 200 oC. Pendant le frittage, les dimensions des aimants
diminuent de façon sensible. C’est le phénomène de retrait.
Le ferrite ainsi obtenu est alors broyé en phase humide. L’utilisa- Dans le cas de ferrites anisotropes, le retrait est anisotrope :
tion de broyeurs à attrition pour le broyage fin en complément des – un retrait de 30 % est observé dans le sens de l’orientation des
broyeurs à boulets permet d’obtenir une granulométrie de l’ordre domaines ;
du micromètre, ce qui correspond à la dimension moyenne des – un retrait de 15 % est observé dans le sens perpendiculaire.
domaines de Weiss. Les grains obtenus sont alors monodomaines.
Les poudres sont ensuite désagglomérées et granulées dans le cas Dans le cas de ferrites isotropes, le retrait est isotrope, de 20 à
du pressage à sec ou mises sous forme de barbotines pour le pres- 22 %.
sage humide. Les techniques de broyage actuelles permettent d’obtenir une
microstructure plus fine après frittage. Cela confère à l’aimant une
■ Mise en forme coercitivité plus élevée.

Elle se fait par pressage ou par extrusion. ■ Finition


Étant donnée la dureté élevée du matériau (6,5 sur l’échelle de
L’originalité des ferrites durs tient à la possibilité de réaliser un Mohs), la finition se fait par rectification à l’aide de meules dia-
pressage orienté. En effet, grâce à leur structure hexagonale, les mantées. Elle permet d’éliminer les aspérités dues au procédé de
cristaux de ferrite présentent un axe de facile aimantation. Il est fabrication, et d’obtenir des tolérances pouvant atteindre
alors possible d’orienter les cristaux dans un champ magnétique 2/100 mm sur les faces rectifiées.
lors de la mise en forme des pièces. On obtient ainsi des maté-
riaux dont les propriétés magnétiques sont supérieures dans la Compte tenu des problèmes rencontrés, liés à la manipulation
direction de l’orientation (figure 6). Seuls les cristaux mono- de pièces magnétiques lors du montage, la plupart des pièces sont
domaines ayant un certain degré de liberté les uns par rapport aux livrées non aimantées. Selon le type d’application, l’aimantation
autres peuvent s’orienter. est effectuée avant ou après montage des pièces.
La figure 7 schématise les différentes phases de la fabrication
des aimants de type ferrite en fonction des procédés utilisés et
produits obtenus.

3.1.2 Propriétés des matériaux frittés


Ce sont les propriétés du matériau obtenu, propriétés qui inté-
ressent plus particulièrement l’utilisateur.

I I I
3.1.2.1 Stabilité chimique
Les ferrites durs frittés sont des céramiques. Il sont de ce fait
très stables chimiquement. Ils ne sont attaqués, et difficilement
dissous, que par des acides forts.
Leur stabilité dans le temps est illimitée. En effet, les éléments
entrant dans la formule chimique ont des états de valence saturés
à leurs niveaux les plus stables. Aucune oxydation à l’air n’est pos-
sible. Par conséquent, il ne se produit pas de dégradation dans le
II II II temps de leurs propriétés magnétiques.
a b c
3.1.2.2 Coefficient de température
La température a une grande influence sur les propriétés des
a matériau non aimanté
ferrites durs frittés. Lorsque la température augmente, l’induction
b matériau dans un champ électromagnétique à saturation rémanente diminue et l’aimant perd de sa puissance. Cependant,
c matériau après saturation sans champ électromagnétique externe son champ coercitif augmente et il gagne en stabilité.

Les petits rectangles représentent les coupes des cristaux en forme de


Les variations des propriétés magnétiques sont typiquement :
plaquettes, les flèches leurs moments magnétiques. – pour l’induction rémanente Br :
Ces derniers ont une orientation préférentielle perpendiculaire à la – 0,2 %/K ;
plaquette.
– pour le champ coercitif HcJ :
I cristaux non orientés 0,95 (kA/m)/K pour le ferrite de strontium,
II cristaux orientés
0,80 (kA/m)/K pour le ferrite de baryum.
Figure 6 – Influence de l’orientation des cristaux de ferrite La figure 8 illustre l’évolution de la courbe de désaimantation
sur les propriétés magnétiques de l’aimant avec la température.

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AIMANTS PERMANENTS _____________________________________________________________________________________________________________

Préparation des poudres

Mise en forme Frittage Finition

Démottage
Pressage à sec
Granulation Ferrites
durs
frittés
Pressage humide isotropes
dans un champ
électromagnétique
Mélange
des matières Rectification
Broyage
premières Pressage à sec
humide
dans un champ
électromagnétique Ferrites
Séchage
durs
Démottage
frittés
Mélange avec anisotropes
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Extrusion
Granulation matière plastique
Préfrittage

Mélange avec Ferrites


matière plastique Extrusion Coupe durs
Granulation liés
isotropes
Broyage
à sec Broyage humide Moulage par
Filtration injection
Séchage dans un champ
Ferrites
Recuit électromagnétique
durs
Mélange avec liés
matière Coupe anisotropes
plastique Laminage
Poinçonnage

L’élaboration des ferrites durs plastiques est développée dans le paragraphe 3.2.1.

Figure 7 – Schéma de fabrication des ferrites durs frittés et liés

B B

Brb P
θb θb
Brb

1 oC
oC 25
25 Q
2 Brh
Brh
θh
θh

–Hch –Hc25 –Hcb H –Hch –Hc25 –Hcb O H


0

Brb induction rémanente pour θb, température la plus basse Brb induction rémanente pour θb, température la plus basse

Brh induction rémanente pour θh, température la plus haute Brh induction rémanente pour θh, température la plus haute

Hcb et Hch champs coercitifs correspondant respectivement à Brb et Brh Hcb et Hch champs coercitifs correspondant respectivement à Brb et Brh

Figure 8 – Évolution avec la température de la courbe Figure 9 – Point de fonctionnement d’un aimant en fonction
de désaimantation d’un ferrite dur de la température

Dans le cas d’une utilisation de l’aimant à des températures infé- versible de l’aimant. Dans le cas représenté sur la figure, un circuit
rieures à 0 oC, il faut prévoir un champ coercitif plus élevé qu’il magnétique défini par la droite de travail OP peut subir, de façon
serait nécessaire à 25 oC, afin que le point de fonctionnement de réversible, les variations de température. En revanche, pour le cir-
l’aimant reste au-dessus du coude de la courbe de désaimantation cuit représenté par la droite de travail OQ, la force magnétomo-
(figure 9). Cela permet d’éviter une désaimantation partielle irré- trice de l’aimant va diminuer après passage à la température la

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plus basse θb . L’équation ci-après définit l’induction rémanente aux applications pour lesquelles de hautes valeurs magnétiques ne
résiduelle Brr à θ = 25 oC après que cet aimant ait été refroidi à la sont pas essentielles ou lorsqu’une isotropie des propriétés
température θb : magnétiques est requise.

B (θb )
Brr =
,
1047 5 − 0,001 9 θb
HcJ(kA/m)
B (θb ) étant déterminé par l’intersection de la droite de travail du
système avec la courbe de désaimantation du matériau à la tempé- 700
rature θb exprimée en oC (point 1 ou point 2). Les constantes 600
tiennent compte des coefficients de température.
500
3.1.2.3 Dispersion des valeurs magnétiques et mécaniques
400
Les variations observées proviennent essentiellement du proces-
sus de fabrication. 300
Lors du frittage à 1 200 oC, les variations de la température 200 K = 535
maximale dans les fours industriels sont de l’ordre de ± 10 oC. Les 520
500
valeurs magnétiques sont sensibles à de telles variations. En effet, 100
475
pour une variation de + 10 oC dans le four, on observe une varia-
0 450
tion de Br de + 5 mT et une variation de HcJ de – 12 kA/m.
Lors du pressage, il y a dispersion des densités pressées, qui 280 300 320 340 360 380 400 420 440 460
entraîne une dispersion des propriétés magnétiques après cuisson. Br(mT)
Les variations pour les pièces brutes après cuisson sont de l’ordre
de 2,5 % pour Br et 5 % pour HcJ . Le fabricant est ainsi amené à ne Figure 10 – Abaque des coefficients de qualité K pour les nuances
garantir que des valeurs minimales. L’automatisation du pressage de ferrite industrialisées
et du frittage permet de réduire la dispersion de ces valeurs. Cela
est dû à l’utilisation de presses informatisées et de fours permet-
tant de maintenir des températures plus homogènes. La pièce
obtenue est alors mieux densifiée et plus petite.
–B
Pour les mêmes raisons, les tolérances mécaniques des pièces 1 2 3 4 5
µ0H J, B(T)
brutes de cuisson sont de l’ordre de 2 % à cause du phénomène 0,5
de retrait que subissent les pièces au cours de la densification.
J
Ainsi, pour une variation de + 10 oC dans le four, on obtient sur le I
retrait une variation de + 0,5 %. 0,4
II
Dans la pratique, les variations de retrait (et donc de la surface
des pièces) et de Br se compensent pour donner un flux à peu près 0,3
0,5
constant puisque Φ = BS.
I
0,2
3.1.2.4 Coefficient de qualité B
II
On peut déterminer un coefficient de qualité K pour caractériser 0,1
un matériau donné :
0
K = Br + 0, 4 H cJ
–450 –400 –350 –300 –250 –200 –150 –100 –50 0
avec Br en mT et HcJ en kA/m. H(kA/m)
B induction
La figure 10 donne les coefficients K pour la gamme des J aimantation
nuances de ferrite. Le tableau 5 et la figure 11 donnent les valeurs H champ magnétique d'exitation
magnétiques et les courbes de désaimantation de ces nuances. µ0 perméabilité du vide ( = 4 π ·10–7 H · m–1)
B/µ0H pente de la droite de travail
I rémanence élevée (cf. tableau 5)
3.1.3 Ferrites isotropes II haute coercitivité (cf. tableau 5)
Dans ce type d’aimants, les domaines magnétiques sont aléatoi- Température de 20 oC
rement orientés. Dans une direction donnée, la rémanence est
pratiquement égale à la moitié de celle obtenue dans un ferrite Figure 11 – Courbes de désaimantation caractéristiques de ferrites
anisotrope. Ces matériaux sont donc plus particulièrement adaptés haut de gamme (K = 535) à 20 oC

Tableau 5 – Exemples de valeurs magnétiques de ferrites frittés anisotropes haut de gamme


Champ Champ coercitif
Induction rémanente Énergie
Nuance de ferrite coercitif de l’induction de l’aimantation HcJ
Br volumique (BH)max
HcB
(T) (kA/m) (kA/m) (kJ/m3)
I à rémanence élevée 0,42 260 270 32,8
II à haute coercitivité 0,385 285 360 27,5

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AIMANTS PERMANENTS _____________________________________________________________________________________________________________

Le procédé de fabrication simplifié (figure 7) rend ces aimants 3.1.4.1 Matériaux à rémanence élevée
particulièrement bon marché. Leurs propriétés magnétiques, élec-
triques et physiques sont regroupées dans le tableau 6. La Cette catégorie comprend :
figure 12 montre la courbe de désaimantation caractéristique d’un – les ferrites de baryum caractérisés par un champ coercitif HcJ
tel matériau. relativement faible, de l’ordre de 150 kA/m ;
– les ferrites de strontium caractérisés par un champ coercitif
moyen, de l’ordre de 250 kA/m.
3.1.4 Ferrites anisotropes
Les courbes de désaimantation caractéristiques de ces deux
Ces aimants constituent le type le plus répandu et les applica- types de matériaux sont présentées sur la figure 13. Les propriétés
tions en sont très nombreuses. L’orientation des domaines magné- magnétiques d’un certain nombre de nuances industrielles sont
tiques dans une direction donnée permet d’obtenir des valeurs données dans le tableau 7.
élevées de l’induction rémanente Br dans la direction considérée,
entre 0,35 et 0,45 T selon les qualités. 3.1.4.2 Matériaux à forte coercitivité
Ces matériaux présentent des champs coercitifs de 300 à
500 kA/m. Ils sont réalisés uniquement en ferrites de strontium
Tableau 6 – Propriétés des ferrites avec des additions plus ou moins importantes d’oxyde d’alumi-
isotropes (1) nium ou d’oxyde de chrome qui permettent d’ajuster la valeur du
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champ coercitif.
Propriétés magnétiques et électriques Valeur typique
Les courbes de désaimantation caractéristiques de ces maté-
Induction rémanente Br..................................(T) 0,220 riaux sont présentées sur la figure 14. Les propriétés magnétiques
Champ coercitif de l’induction HcB ........ (kA/m) 135 d’un certain nombre de nuances industrielles sont données dans le
Champ coercitif de l’aimantation HcJ .... (kA/m) 220 tableau 8. Il est à noter qu’un fort champ coercitif ne peut être
Énergie volumique (BH)max ................... (kJ/m3) 7,6 généralement obtenu qu’au détriment de la rémanence.
Coefficient de température de Br
(– 40 à + 200 oC) ......................................... (%/K) – 0,2 3.1.5 Autres matériaux céramiques
Coefficient de température de HcJ (– 40 à
+ 200 oC) ..................................................... (%/K) + 0,4 Il existe d’autres types de ferrites qui peuvent être des aimants,
Intensité du champ d’aimantation à saturation ayant des propriétés magnétiques équivalentes à celles de maté-
(kA/m)................................................................... 800 riaux durs. Dans le diagramme ternaire FeO-Fe2O3-BaO (figure 15),
un certain nombre de composés définis ont été mis en évidence :
Résistivité ρ ..............................................(Ω · m) 104 B, M, S, W, Y, Z. En particulier, la phase W de composition
Température de Curie ..................................(oC) 450 BaFe18O27 possède une aimantation à saturation supérieure de 10
à 15 % à celle de la phase M de composition BaFe12O19 . Cepen-
Propriétés physiques
dant, en raison de la difficulté à obtenir un composé pur, ce ferrite
Masse volumique ............................ (103 kg/m3) 4,9 n’est pas industrialisé.
Coefficient de dilatation linéique (20 à 300 oC)
(10–6/K) ................................................................. 10
Dureté sur l’échelle de Mohs ............................ 6,5
J, B(T)
Module d’Young .................................(103 MPa) 150
Résistance à la traction ............................ (MPa) 50
0,5
Résistance à la compression ................... (MPa) 700 Sr
Conductivité thermique.................... [W/(m · K)] 5,5
0,4
(1) À moins qu’une autre température ne soit spécifiée, l’étalon est à
25 oC ± 2 oC.
0,3
Ba

J, B(T)
0,2

0,3 0,1

0,2 B
J 0
H(kA/m)
0,1
B J
–0,1
0
H(kA/m)
–0,2
–0,1 –300 –250 –200 –150 –100 –50 0

–0,2 Ba ferrite de baryum


–300 –250 –200 –150 –100 –50 0 Sr ferrites de strontium

Figure 12 – Courbes de désaimantation caractéristiques d’un ferrite Figure 13 – Courbes de désaimantation caractéristiques de ferrites
isotrope anisotropes à rémanence élevée

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Tableau 7 – Exemples de valeurs magnétiques de quelques ferrites anisotropes


à rémanence élevée
Induction rémanente Champ coercitif Champ coercitif Énergie
Matériau de l’aimantation HcJ
Br de l’induction HcB volumique (BH)max
(T) (kA/m) (kA/m) (kJ/m3)
Ferrite de baruym
0,4 160 165 29,5
anisotrope
Ferrites de strontium 0,42 225 240 33
anisotropes à forte 0,41 265 275 41,5
rémanence 0,39 265 275 28,5

3
0

2O
J, B(T) 100

Fe
l%
mo
0,4 10
90

M
0,3
20
80

0,2 W
Z 30
70
J
0,1
B

mo
Y
40

l%
60
0

Fe
H(kA/m)

O
–0,1 B S
50 40 30 20 10

–0,2 mol % BaO


–350 –300 –250 –200 –150 –100 –50 0 M : Ba Fe12 O19 W : Ba Fe18 O27

Figure 14 – Courbes de désaimantation caractéristiques de ferrites Figure 15 – Diagramme ternaire FeO-Fe2O3-BaO


de strontium à forte coercitivité

Tableau 8 – Exemples de valeurs magnétiques de quelques ferrites de strontium anisotropes


à haute coercitivité
Champ Champ coercitif
Induction rémanente Énergie
Matériau coercitif de l’induction de l’aimantation HcJ
Br volumique (BH)max
HcB
(T) (kA/m) (kA/m) (kJ/m3)
Ferrites de strontium 0,38 280 320 27,0
anisotropes à fort 0,34 265 335 21,5
champ coercitif 0,26 180 530 11,0

Il est également possible de remplacer le strontium et le baryum lioration des propriétés magnétiques est significative et a conduit à
par des éléments tels que le lanthane, ou des mélanges l’industrialisation du matériau. Ces nouvelles nuances d’aimants
lanthane-calcium. Les propriétés magnétiques des matériaux obte- sont disponibles sur le marché.
nus sont néanmoins légèrement inférieures à celles des ferrites de
strontium ou de baryum ; le coût trop élevé des matières
premières en rend l’industrialisation non rentable. 3.2 Ferrites liés
Cependant, il a été montré très récemment que le remplacement
simultané du strontium par le lanthane et du fer par le cobalt 3.2.1 Élaboration du matériau
conduit à de nouvelles nuances d’aimants, qui permettent d’obte-
nir des matériaux à coercitivité élevée sans perte de rémanence Les ferrites liés sont fabriqués à partir de poudre de ferrite
(cf. dossier [RE 30] Une nouvelles génération d’aimants perma- (après préfrittage et broyage en phase sèche) mélangée à des
nents hexaferrites). Malgré le coût des matières premières, l’amé- agents liants, par les méthodes classiques de l’industrie des

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AIMANTS PERMANENTS _____________________________________________________________________________________________________________

Tableau 9 – Exemples de valeurs magnétiques de quelques aimants ferrites liés


Induction Champ coercitif Champ coercitif Énergie
Masse
rémanente d’induction de l’aimantation volumique
Type d’aimant volumique
Br HcB HcJ (BH)max
(T) (kA/m) (kA/m) (kJ/m3) (103 kg/m3)
0,080 58 190 0,9 2,5
Aimant rigide isotrope
0,155 104 190 4,4 3,9
Aimant rigide anisotrope 0,240 175 240 11 3,5
Aimant souple isotrope 0,145 96 190 3,2 3,7

matières plastiques : extrusion, moulage par injection, laminage Les tolérances dimensionnelles sans usinage sont de l’ordre de
(figure 7). ± 0,5 % pour les aimants rigides et de ± 1 % pour les aimants
Il est alors possible de réaliser : souples.
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– des aimants souples lorsque l’agent liant est un thermoplas- Les propriétés chimiques et physiques de l’aimant sont principa-
tique souple ; lement liées à la qualité de l’agent liant et à la densité de la poudre
– des aimants rigides lorsque l’on utilise des résines thermodur- de ferrite. Dans le cas des aimants liés, la stabilité chimique est
cissables. celle de l’élastomère ou celle de la résine. Si ces aimants résistent
Comme pour les aimants frittés, il est possible d’obtenir une ani- bien au contact de l’eau et des huiles minérales, ils sont rapide-
sotropie magnétique au cours de la mise en forme : ment attaqués par des solvants organiques classiques tels que
l’acétone, le tétrachlorure de carbone et le toluol.
– soit par application d’un champ magnétique ;
– soit par laminage lorsque l’on réalise des aimants en forme de Les températures maximales d’utilisation ne dépassent pas
bandes ou de rubans. 100 oC.
Le procédé de fabrication des aimants ferrites liés permet la réa- Les aimants ferrites liés sont des matériaux peu fragiles,
lisation de formes complexes, avec des tolérances serrées. Les contrairement aux aimants frittés. La résistance à la rupture est
aimants souples peuvent ainsi être pliés ou découpés. garantie de 30 à 150 MPa selon les nuances. Ces variations
dépendent à la fois de l’agent liant et de la charge en ferrite.
3.2.2 Propriétés de l’aimant
La proportion en masse de la poudre de ferrite peut varier de 75
à 94 % selon les qualités. La masse volumique de l’aimant obtenu 4. Alliages à base
varie alors de 2 500 à 3 900 kg/m3, ce qui est nettement inférieur à
celle d’un aimant fritté (tableau 6). Le tableau 9 résume les princi- de terre rare
pales propriétés magnétiques de quelques aimants liés. Ces pro-
priétés dépendent largement de la masse volumique. La figure 16
L’apparition de ces alliages métalliques vers les années 1960 a
présente les courbes de désaimantation correspondantes.
représenté un énorme progrès dans le domaine des aimants per-
manents, grâce à leurs propriétés magnétiques. Les aimants à
base de terre rare présentent par rapport aux autres aimants exis-
J, B(T) tants une densité d’énergie volumique très élevée et une grande
0,3
résistance à la désaimantation.
Cette famille comprend :
II – les aimants samarium-cobalt ;
0,2 – les aimants néodyme-fer-bore.
J
III

J J I
0,1 4.1 Alliages samarium-cobalt

4.1.1 Élaboration du matériau


0
B H(kA/m)
B On fabrique à l’heure actuelle (2009) deux alliages formant des
B composés bien définis du système binaire Sm-Co (figure 17), de
–0,1 formules SmCo5 et Sm2Co17 .
Ces composés sont préparés par coréduction des mélanges
d’oxyde et fusion sous vide, ou directement par fusion sous vide
–0,2 des métaux. Les pièces sont ensuite réalisées selon les techniques
–250 –200 –150 –100 –50 0 de métallurgie des poudres : l’alliage broyé sous forme de poudre
est pressé en présence d’un champ magnétique, puis fritté à des
I aimant rigide isotrope températures de l’ordre de 1 100 oC en atmosphère inerte ou sous
II aimant rigide anisotrope vide. Un palier de refroidissement vers 850 oC permet d’optimiser
III aimant souple isotrope les propriétés magnétiques de l’aimant.
Figure 16 – Courbes de désaimantation caractéristiques des ferrites Le procédé de fabrication des aimants Sm-Co est coûteux. Cela
liés est essentiellement dû aux précautions qu’il faut prendre pour

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éviter l’oxydation du samarium qui, à l’état de poudre, est extrê-


mement réactif à l’air.
Température (oC)
Comme dans le cas des ferrites durs, le frittage occasionne un
1 400 L retrait, plus important dans le sens de l’orientation des domaines
1 335 oC
magnétiques. Cela empêche l’obtention de tolérances serrées sur
les pièces brutes. Un usinage des surfaces, réalisé à l’aide de
1 300 1 320 oC 1 325 oC meules diamantées, est nécessaire pour avoir des tolérances
1 240 oC dimensionnelles de 2/100 mm.
1 200 Il est également possible d’obtenir des matériaux liés (comme
pour les ferrites) par mélange de poudres de samarium-cobalt
avec des résines thermodurcissables ou thermoplastiques. On
1 100 obtient alors des aimants ayant des propriétés magnétiques moins
bonnes que celles des aimants frittés, mais possédant des proprié-
tés mécaniques intéressantes (tolérances serrées, élasticité).
1 000 Sm2Co7 SmCo5 Sm2Co17

900
4.1.2 Propriétés de l’aimant
4.1.2.1 Propriétés magnétiques
800 Le tableau 10 présente les principales propriétés magnétiques
d’aimants Sm-Co frittés et liés.
700 Un certain nombre de paramètres influe sur les propriétés de
ces aimants. Le principal est la composition de l’aimant. On obtient
80 85 90
pour l’aimant Sm2Co17 une induction rémanente plus élevée que
pour SmCo5 , au détriment du champ coercitif. Il est possible
Atomes Co (%)
d’ajuster les valeurs de Br , HcJ et HcB par des additions métal-
L phase liquide liques spécifiques.
Les développements industriels les plus récents ont permis, en
Figure 17 – Diagramme d’équilibre Sm-Co particulier, d’obtenir des champs coercitifs HcJ de 2 000 kA/m dans
le cas du SmCo5 et de 1 200 kA/m dans le cas du Sm2Co17 .
Les courbes de désaimantation sont représentées sur la
figure 18.
B(T)
4.1.2.2 Autres propriétés

1 Les alliages métalliques samarium-cobalt sont durs, cassants et


conducteurs du courant électrique (tableau 2). Malgré leur tempé-
rature de Curie élevée, les aimants SmCo5 ne peuvent pas être uti-
0,8 lisés au-delà de 250 oC en raison de la grande activité chimique
des composants. Cependant, certains aimants Sm2Co17 peuvent
être utilisés jusqu’à 550 oC (tableau 1).
0,6
SmCo5
4.1.2.3 Influence de la température
Sm2Co17
0,4 Lorsque la température augmente, l’induction rémanente dimi-
nue (tableau 1). Il faut distinguer deux types de chutes :
0,2 – les chutes réversibles dues aux propriétés intrinsèques du
matériau, de l’ordre de – 0,05 · % K–1 ; ces chutes sont quatre fois
plus faibles que dans le cas des ferrites ;
0 – les chutes irréversibles dues à l’instabilité chimique de
–700 –600 –500 –400 –300 –200 –100 0 H(kA/m) l’aimant ; en effet, l’aimant subit une oxydation à l’air qui aug-
mente avec la température et qui occasionne au bout de 100 h à
Figure 18 – Courbes de désaimantation caractéristiques 100 oC une diminution de Br de 2 % pour SmCo5 et 7 % pour
des aimants Sm-Co frittés Sm2Co17 .

Tableau 10 – Exemples de valeurs magnétiques des aimants samarium-cobalt


Induction rémanente Champ coercitif Champ coercitif Énergie volumique
Type d’aimant Br de l’induction HcB de l’aimantation HcJ (BH )max
(T) (kA/m) (kA/m) (kJ/m3)

Aimants frittés SmCo5 0,85 700 1 100 155

Aimants frittés Sm2Co17 1,1 500 520 240

Aimants liés 0,65 400 650 70

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Tableau 11 – Exemples de valeurs magnétiques d’alliages de cobalt et d’éléments de terres rares


Induction rémanente Champ coercitif Champ coercitif Énergie volumique
Alliage Br de l’induction HcB de l’aimantation HcJ (BH )max
(T) (kA/m) (kA/m) (kJ/m3)
Ce (CoFeCu)5 0,7 320 350 80
Ce0,85Sm0,15 (CoFeCu)6 0,85 400 440 125
Sm0,5Ce0,5 (CoCuFeZr)7,4 1,03 400 440 190
(Sm0,5MM0,5) Co5 0,8 530 1 000 100

De même, une élévation de la température entraîne une diminu- 4.2.1.2 Aimants liés
tion du champ coercitif (tableau 1). La variation relative de HcJ est
de l’ordre de – 0,2 · % K–1. C’est une évolution de signe contraire à Ils sont réalisés à partir de poudres obtenues par hypertrempe
celle observée dans le cas des ferrites. sur roue d’alliages Nd2Fe14B (figure 19). L’alliage liquide est éjecté
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à travers l’orifice d’une buse et solidifié très rapidement par pro-


jection sur une roue de cuivre refroidie. La vitesse de refroidis-
4.1.3 Autres alliages terre rare-cobalt
sement obtenue est d’environ 106 K · s–1. La vitesse linéaire du
De nombreux développements ont été réalisés sur les aimants support ne doit pas être trop élevée afin d’éviter la formation
samarium-cobalt dans le but d’obtenir des aimants moins onéreux. d’une phase amorphe, qui présente une trop faible coercitivité. Elle
est de l’ordre de 20 m · s–1.
Par exemple, le samarium a été remplacé par des éléments
moins coûteux de la même famille, comme le cérium. Le sama-
L’alliage est obtenu sous forme de rubans de 30 à 60 µm
rium peut également être remplacé par un mélange d’éléments de
d’épaisseur. Il est broyé pour obtenir une poudre qui est alors
terre rare appelé Misch Metal (MM), dans lequel un certain nombre
mélangée à un liant organique plastique ou thermodurcissable.
d’éléments provenant de la même espèce n’ont pas été séparés.
Le cobalt peut également être remplacé par le cuivre ou le fer. Un des liants thermodurcissables le plus utilisé dans le cas de
Les propriétés obtenues sont moins bonnes que celles des pièces moulées par injection est le sulfure de polyphénylène (PPS)
aimants Sm-Co, mais un certain nombre de nuances sont indus- qui présente d’excellentes propriétés chimiques et physiques. Le
trialisées (tableau 11). pourcentage volumique de poudre ne doit pas excéder 60 %.

Si l’aimant est soumis à des milieux moins agressifs, on utilise


4.2 Alliages néodyme-fer-bore une résine époxyde (liant plastique) et les pièces sont moulées par
compression. Cela permet d’utiliser une proportion plus élevée de
Ces alliages, de formule Nd2Fe14B, ont vu le jour au début des poudre. Suivant le type de compression, plusieurs nuances sont
années 1980, à la suite des recherches effectuées pour remplacer obtenues :
les aimants samarium-cobalt par des éléments moins rares et
moins coûteux. – par compression à froid à 600-700 MPa, on atteint jusqu’à 85 %
de la densité théorique et on obtient des aimants isotropes appelés
La production industrielle d’aimants réalisés dans cet alliage a MQ I (MQ signifie Magnet Quench ) ;
pris un essor considérable au début des années 1990.
– par compression à chaud (140 MPa et 720 oC) sous atmos-
phère inerte, on obtient une structure globalement isotrope, dans
4.2.1 Élaboration du matériau laquelle le taux d’orientation des domaines magnétiques est de
l’ordre de 10 %. Ces aimants isotropes aux propriétés magnétiques
4.2.1.1 Aimants frittés améliorées sont appelés MQ II ;
■ Fusion sous vide – une deuxième compression à chaud (100 MPa et 700 oC) de
C’est le procédé le plus utilisé. Il est réalisé dans des fours à l’aimant MQ II permet d’obtenir par écoulement plastique latéral
induction par fusion des éléments de base pour donner des lingots un taux d’orientation des domaines magnétiques de 75 %.
d’alliage qui sont ensuite broyés dans un broyeur à jet d’azote, mis L’aimant résultant présente une structure anisotrope aux proprié-
en forme par pressage dans un champ magnétique, puis frittés en tés magnétiques nettement améliorées. Ce type d’aimant est
atmosphère inerte à des températures supérieures à 1 000 oC. Un appelé MQ III.
traitement thermique de recuit vers 500-600 oC en atmosphère
inerte est nécessaire pour optimiser les propriétés magnétiques.
■ Calciométrie
Ce procédé consiste en la réduction par le calcium de l’oxyde de Tube de quartz
néodyme et de fer-bore, suivant par exemple la réaction chimique Alliage en fusion
suivante (à 900-1 000 oC) :
Spires (alimentation à haute fréquence)
8Nd 2O 3 + 100 Fe + 20Fe0,6 B0,4 + 24Ca →8 Nd 2Fe14 B + 24 CaO Buse
Ruban solidifié
L’excès de Ca et CaO est ensuite éliminé par lavage à l’eau. La
suite des opérations est la même que dans le cas de la fusion sous
Roue
vide : broyage en broyeur à jet d’azote, mise en forme par pres-
sage dans un champ magnétique, frittage et recuit en atmosphère
inerte, puis usinage. Figure 19 – Principe de l’hypertrempe sur roue

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Avec les résines époxydes, l’aimant est plus sensible à l’environ- Les principales techniques employées sont :
nement, ce qui oblige à effectuer un traitement de revêtement – le revêtement de résine époxyde par électrophorèse (EPP) pour
anticorrosion. les aimants de grandes dimensions ;
– l’étamage galvanique au tonneau qui convient pour les petites
4.2.2 Revêtement pièces ;
– le dépôt galvanique d’autres métaux tels que le nickel, le chro-
Très sensibles à l’environnement, et en particulier à l’humidité mate de zinc, ou une double couche de nickel et d’étain ;
de l’air, les alliages néodyme-fer-bore ne peuvent être utilisés que – le dépôt d’aluminium en phase vapeur ;
protégés. Sinon, ils se dégradent dans le temps et présentent des – le dépôt ionique en phase vapeur par plasma de nitrure de
pertes magnétiques irréversibles. titane ;
Différents revêtements sont appliqués en fonction de l’environ- – le dépôt cathodique de peinture qui permet aux pièces de
nement dans lequel les aimants sont utilisés : résister 2 000 h en brouillard salin.
– pour une protection contre la corrosion, exigence qui prédo- Le tableau 12 présente les caractéristiques de ces différentes
mine lorsque l’aimant est exposé à un milieu agressif ; technologies pour les aimants frittés.
– par souci de propreté, afin d’éviter la présence de particules Dans le cas des aimants liés, la qualité des résines joue un rôle
détachables (par exemple, pour les moteurs de lecteurs de disques important, comme l’indique le tableau 13 qui concerne les aimants
en informatique). fabriqués à partir d’alliages hypertrempés.

Tableau 12 – Revêtements de surface protecteurs des aimants Nd-Fe-B frittés


Température
Dureté
Épaisseur Résistance maximale
Revêtement Méthode Couleur Vickers Applications
aux solvants d’utilisation
(µm) (HV) (oC)
Étain galvanique 15 à 30 gris-argent 20 très bonne 160 excellente résistance
aux atmosphères
Nickel galvanique 15 à 25 gris-argent 350 très bonne 160 humides
Chromate très bonne résistance
galvanique 5 à 20 jaune 120 très bonne 80
de zinc aux brouillards salins
bonne résistance aux
dépôt
Peintures 15 à 20 noir 4 très bonne 130 brouillards salins et à
cathodique
l’atmosphère humide
Ni : 10 à 20 très bonne résistance
Ni + Sn galvanique gris 20 très bonne 160
Sn : 10 à 25 à l’atmosphère humide
dépôt ionique bonne résistance
gris
Al en phase 8 à 15 40 très bonne 160 à l’atmosphère humide
ou jaune
vapeur et aux brouillards salins
dépôt ionique bonne résistance
Nitrure en phase aux essais
3à5 jaune-or 2 500 très bonne 160
de titane TiN vapeur d’humidification
par plasma accélérée

Tableau 13 – Revêtements de surface protecteurs des aimants Nd-Fe-B liés


Résistance à la corrosion
Épaisseur Résistance
Humidité Autoclave
Type Résistance Résistance aux
Revêtement (méthode) 85 % 85 oC 120 oC 105 Pa
d’aimant aux solvants aux chocs brouillards
salins
(µm) (h) (h)
Résine époxyde
MQ I 13 à 33 bonne bonne bonne 200 0
(électrophorèse)
Résine phénolique
MQ I 13 à 33 bonne très bonne bonne 2 000 24
(dépôt simple)
Résine époxyde MQ II
13 à 33 bonne bonne excellente 500 12
(électrophorèse) MQ III
Nickel MQ II
13 à 35 excellente excellente mauvaise 2 000 60
(galvanisation) MQ III

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4.2.3 Propriétés magnétiques et stabilité Pour des applications devant supporter des températures plus
dans le temps élevées, on utilise des nuances à très haute coercitivité, obtenue
au détriment de l’induction rémanente Br et de la densité d’énergie
4.2.3.1 Aimants frittés volumique (BH )max . La figure 22 montre pour ces nuances les
Une large gamme de nuances est disponible, qui permet de faire courbes de désaimantation en fonction de la température. La
face aux exigences de plus en plus contraignantes des utilisateurs. figure 23 résume, pour les aimants frittés, l’influence de la tempé-
La figure 3 montre l’étendue des propriétés magnétiques de ces rature sur la coercitivité. Quelques exemples de propriétés à 20 oC
aimants. de nuances commercialisées sont données dans le tableau 14.
Pour des applications exigeant de très hautes densités de flux à Certains fournisseurs développent des aimants dont les densités
des températures peu élevées, on emploie des nuances ayant une d’énergie volumique (BH )max peuvent dépasser 400 kJ · m–3. De
densité d’énergie volumique (BH )max importante, de l’ordre de telles valeurs ont pu être atteintes en développant des procédés de
300 kJ · m–3. Les figures 20 et 21 montrent pour ces nuances les fabrication spécifiques [3] [4] [5].
courbes de désaimantation et les pertes magnétiques irréversibles L’influence de la composition chimique de ces alliages sur les
en circuit ouvert, en fonction de la température et de la tangente propriétés magnétiques est importante. Selon les propriétés sou-
de l’angle de la droite de travail, soit B/µ0H. haitées, on peut ajouter un certain nombre d’éléments :
– aluminium Al, dysprosium Dy, terbium Tb, praséodyme Pr,
holmium Ho, niobium Nb, titane Ti, zirconium Zr, gallium Ga, pour
−B
améliorer la coercitivité (au détriment de la rémanence) ;
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1 2 3 45 J, B (T)
µ0H – cobalt Co, vanadium V pour augmenter la température de
1,4
Curie et réduire la sensibilité à la corrosion (au détriment de la
1,2 coercitivité).
0,5
J
1 Exemple : l’alliage Nd2(Fe1–xCox)14B avec x = 0,1 présente une
augmentation de la température de Curie ∆TC = + 100 oC.
0,8
B

0,6
−B
J, B (T)
0,4 µ0H 1 2 3 45
1,4
0,2
1,2
0,5
0
–1 400 –1 000 –600 –200 0 1
H(kA/m)
Température de 20 oC 0,8
J 20 oC
B/µ0H pente de la droite de travail
0,6
B
Figure 20 – Courbe de désaimantation caractéristique
d’aimants Nd-Fe-B frittés à forte densité d’énergie volumique 0,4
20 oC

(BH )max = 300 kJ · m–3


150 oC
100 oC
120 oC
100 oC

120 oC 0,2
Pertes de flux 150 oC
magnétique 0
(%) –2 000 –1 600 –1 200 –800 –400 0
0 H(kA/m)
B/µ0H pente de la droite de travail

Figure 22 – Courbes de désaimantation caractéristiques


d’aimants Nd-Fe-B frittés à haute coercitivité
10
B
=− 4
µ0H
HcJ (%)
–2
20 100

80
Nuance à haute
coercitivité
60
30
–1 40 Nuance à
forte rémanence
20

40 0
20 60 100 140 180 220 0 50 100 150 200
T(oC) T(oC)

Figure 21 – Pertes magnétiques irréversibles en circuit ouvert


d’aimants Nd-Fe-B frittés à forte densité d’énergie volumique Figure 23 – Influence de la température sur le champ
(BH )max = 300 kJ · m–3 coercitif HcJ d’aimants Nd-Fe-B frittés

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Tableau 14 – Propriétés d’aimants Nd-Fe-B frittés à 20 oC


Énergie volumique
Champ coercitif Champ coercitif
Induction rémanente Br (BH )max
Nuance de l’induction HcB de l’aimantation HcJ
(T) (kA/m) (kA/m) (kJ/m3)
1,3 920 1 100 320
Rémanence élevée
1,2 900 1 000 270
0,96 750 3 000 185
Haute coercitivité
1,02 750 2 000 195

Tableau 15 – Valeurs magnétiques d’aimants Nd-Fe-B frittés avec ou sans ajout


Composition atomique Br HcJ HcB à 20 oC HcB à 180 oC (BH )max
(%) (T) (kA/m) (kA/m) (kA/m) (kJ/m3)
Aimant 1
1,19 875 870 100 258
76,5 Fe 15 Nd 8 B 0,5 Al
Aimant 2
67,5 Fe 13,5 Nd 1,5 Dy 1,04 1 911 870 490 199
8B 5Co 4 V 0,5 Al

La combinaison de ces ajouts a permis d’améliorer considérable-


ment la stabilité des aimants vis-à-vis de la température et de la cor- Tableau 16 – Stabilité temporelle
rosion. Le tableau 15 donne à titre d’exemple les propriétés des deux aimants Nd-Fe-B frittés du tableau 15
magnétiques d’aimants frittés avec éléments d’addition. La figure 24 avec un revêtement de résine
montre les pertes magnétiques irréversibles en fonction de la tempé- Durée de vie en autoclave
rature pour les deux aimants du tableau 15. Le tableau 16 indique Température
(115 oC, 1,75 · 105 Pa, 100 %
leur stabilité dans le temps. Il est à noter que la température d’utilisa- opérationnelle
humidité)
tion de l’aimant avec Dy, V, Co, Al atteint 180 oC. (oC)
(jours)
4.2.3.2 Aimants liés Aimant 1 4à6 60
Les propriétés magnétiques des aimants liés sont fonction du Aimant 2 40 180
liant. Le tableau 17 donne les propriétés magnétiques d’aimants
Nd-Fe-B liés en fonction du liant. Les propriétés magnétiques des
nuances MQ I, MQ II et MQ III obtenues par compression sont pré- 4.2.4 Autres propriétés physiques de l’aimant
sentées sur la figure 25.
Le tableau 18 présente quelques propriétés physiques d’aimants
Nd-Fe-B frittés.
Pertes de Le tableau 19 présente quelques propriétés physiques d’aimants
flux magnétique Nd-Fe-B liés avec du sulfure de polyphénylène PPS.
(%)
0
–10 2 4.3 Autres alliages
–20 – B/µ0H = 1 et nouveaux matériaux
–30 4.3.1 Alliages dysprosium-aluminium
–40
1 L’alliage de composition chimique Dy3Al2 présente des proprié-
tés magnétiques qui en font l’aimant connu le plus puissant.
0 Cependant, ce matériau n’est coercitif qu’aux très basses tempéra-
–10 tures (entre 4,2 et 20 K). Il n’a donc pas d’application pratique mais
2 constitue un composé de laboratoire pour l’étude des mécanismes
–20
– B/µ0H = 0,5 de coercitivité.
–30
Les propriétés de ce matériau à 4,2 K sont :
–40
1 – induction rémanente : Br = 1,72 T ;
– champ coercitif de l’aimantation : HcJ = 1 600 kA · m–1 ;
0 100 200 300
– densité d’énergie volumique : (BH )max = 570 kJ · m–3.
T(oC)
aimant 1 76,5 Fe 15 Nd 8 B 0,5 Al
aimant 2 67,5 Fe 13,5 Nd 1,5 Dy 8 B 5 Co 4 V 0,5 Al 4.3.2 Alliages samarium-fer nitrurés
B/µ0H pente de la droite de travail
De nouvelles compositions d’alliages à base d’éléments de terre
Figure 24 – Pertes magnétiques irréversibles en circuit ouvert rare ont été recherchées dans les années 1990. Les matériaux de
d’aimants Nd-Fe-B frittés contenant des éléments d’addition composition Sm2Fe17Nx (x < 3) ont révélé les propriétés les plus

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Tableau 17 – Propriétés magnétiques d’aimants Nd2Fe14B liés en fonction du liant


Induction Champ coercitif Champ coercitif Énergie
rémanente de l’induction de l’aimantation volumique
Matériau Liant (avec procédé de mise en forme) Br HcB HcJ (BH )max
(T) (kA/m) (kA/m) (kJ/m3)

Isotrope Nylon ou PPS (moulage par injection) 0,41 à 0,57 290 à 342 560 à 1 200 35 à 50

Anisotrope Nylon ou PPS (moulage par injection) 0,83 à 0,86 540 à 600 1 035 à 1 200 110 à 135

Polymère thermoplastique (moulage par


Isotrope 0,58 à 0,72 380 à 415 600 à 1 100 55 à 70
compression)

Isotrope Résine époxyde (moulage par compression) 0,64 à 0,69 400 à 450 700 à 1 300 70 à 75
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Tableau 19 – Propriétés des aimants Nd-Fe-B


B(T) liés avec du sulfure de polyphénylène
Résistance à la flexion .............................. (107 Pa) 14,5
1,2
I Masse volumique ....................................... (g/cm3)
M Q II 1,35
1 Température maximale d’utilisation ..............(oC) 220
résistance
0,8 à l’eau
II Propriétés chimiques .............................................
MQ et à la
poussière
0,6
I
Q
M
0,4 Tableau 20 – Comparaison de propriétés
d’alliages à base d’éléments de terres rares
0,2 Caractéristique Sm2Fe17 Sm2Fe17Nx Nd2Fe14B
Aimantation
à saturation ........... (T) 1 1,5 1,6
–2 000 –1 200 –800 –400 0 H (kA/m)
Champ
H a la même direction que la pression d’anisotropie .. (kA/m) planaire 17 750 6 000
Température
Figure 25 – Courbes de désaimantation caractéristiques de Curie ............... (oC) 116 476 312
d’aimants Nd-Fe-B liés, obtenus par compression

prometteuses. Ils sont obtenus par nitruration des alliages


Sm2Fe17 , les atomes d’azote occupant des positions interstitielles
Tableau 18 – Autres propriétés physiques dans la maille cristalline [6]. Par rapport au composé Sm2Fe17 , le
des aimants Nd-Fe-B frittés composé Sm2Fe17Nx possède des propriétés magnétiques amélio-
rées, comparables, voire supérieures aux propriétés du composé
Température de Curie ..................................... (oC) 310 Nd2Fe14B (tableau 20).
Cependant, la réalisation d’aimants Sm-Fe-N par frittage est ren-
Résistivité ........................................... ( 10–6 Ω · m) 1,4
due extrêmement délicate car le composé nitruré présente l’incon-
Masse volumique .......................................(g/cm3) 7,4 vénient de se décomposer entre 500 et 600 oC suivant la réaction :
Sm2Fe17Nx → 2 SmN + 17 Fe + Nx − 2
Dureté Vickers ..................................................(HV) 500
Malgré les difficultés présentées par le passage de la synthèse
Coefficient de dilatation linéique : en laboratoire à la production industrielle, il est possible de réali-
// à l’aimantation .................................... (10–6/K) + 5,7 ser des aimants liés Sm-Fe-N. Leurs propriétés magnétiques n’ont
⊥ à l’aimantation.................................... (10–6/K) – 0,5 cependant pas apporté d’améliorations significatives par rapport
aux aimants Nd-Fe-B.
Conductivité thermique........................[W/(m · K)] 6,5

Module d’Young .................................... (105 MPa) 1,7


4.3.3 Alliages nanostructurés
Les recherches actuellement menées visent à obtenir des
Résistance à la flexion ............................ (N/mm2) 280 aimants nanostructurés. La réduction de la taille des grains à une
échelle nanométrique doit en effet permettre d’obtenir des maté-
Résistance à l’écrasement ...................... (N/mm2) 940 riaux à coercitivité élevée [7].

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_____________________________________________________________________________________________________________ AIMANTS PERMANENTS

Une autre possibilité est d’obtenir des matériaux magnétiques Ces alliages peuvent être utilisés dans toute application où
biphasés, contenant une phase magnétique dure, majoritaire l’aimant doit avoir une forme compliquée, difficile à obtenir autre-
(Nd2Fe14B, SmCo5...) et une phase magnétique douce, minoritaire ment que par estampage, pliage ou découpage.
(Fe...). Le mélange de ces deux phases à une échelle nanométrique
doit permettre, en les couplant magnétiquement, de renforcer la
rémanence. Ainsi, un aimant permanent biphasé présenterait à la
5.1.3 Alliage fer-cobalt-molybdène
fois une coercitivité et une rémanence élevées [8]. Commercialisé sous le nom Remalloy, il est préparé par fusion
La difficulté principale pour obtenir un aimant performant est de puis chauffage vers 1 200-1 300 oC et trempé. Ses propriétés
contrôler le procédé de fabrication, afin d’obtenir la nanostructure magnétiques, voisines de celles des aciers martensitiques, en
attendue. particulier la faible valeur du champ coercitif, en font un alliage
désuet.

5.1.4 Alliage fer-cobalt-vanadium


5. Autres matériaux Commercialisé sous le nom de Vicalloy, il est préparé par
pour aimants permanents fusion, trempe, laminage à froid et revenu vers 600 oC. Il est utilisé
sous forme de fils ou de bandes coupées.

5.1 Alliages ductiles 5.1.5 Alliages cuivre-nickel-fer


et cuivre-nickel-cobalt
5.1.1 Propriétés générales Appelés cunife et cunico, ces alliages sont élaborés par fusion,
trempés et recuits vers 600 oC. Ils sont mous et extrêmement
Les principaux matériaux pour aimants ont comme inconvénient faciles à usiner. On peut aisément les laminer ou les étirer en
majeur d’être fragiles, durs et cassants. Il existe un certain nombre bandes ou en fils. L’anisotropie engendrée par l’étirage accroît
d’alliages dont les propriétés magnétiques sont celles de maté- leurs propriétés magnétiques dans le sens axial. Malgré leurs
riaux magnétiques durs, qui ont l’avantage d’être ductiles. Ils sont bonnes propriétés mécaniques, ils ont été remplacés par les alni-
donc facilement usinables, laminables ou tréfilables. Toutefois, cos, plus performants.
leurs propriétés magnétiques, en particulier leur champ coercitif,
étant faibles et le coût des matières premières qui les composent
élevé, ils sont très peu répandus bien qu’ayant été commercialisés. 5.1.6 Alliage platine-cobalt
Le tableau 21 présente les compositions et les propriétés L’alliage équiatomique Pt-Co contient en masse 77 % de platine,
magnétiques de quelques alliages ductiles. ce qui le rend extrêmement coûteux. Il est obtenu par métallurgie
des poudres ou par fusion et recuit, et ne présente pas d’anisotro-
pie. Ses bonnes propriétés magnétiques en font un alliage très
5.1.2 Alliages fer-cobalt-chrome intéressant, qui fut utilisé comme microaimant. D’une grande
Ces alliages sont comparables aux alnicos sans titane. Leurs résistance à la corrosion, cet alliage est bien adapté aux applica-
propriétés magnétiques proviennent de la démixtion de particules tions médicales.
ferromagnétiques de fer-cobalt au sein d’une matrice non magné-
tique riche en chrome. Comme les alnicos, ils sont préparés par
fusion et coulée avec traitement thermique pour les nuances iso- 5.2 Alliages
tropes et traitement thermomagnétique pour les nuances aniso- manganèse-aluminium-carbone
tropes, entre 600 et 700 oC.
Leurs propriétés mécaniques sont particulièrement intéressantes : Les propriétés magnétiques de l’alliage équiatomique Mn-Al
sont connues depuis la fin des années 1950, mais les difficultés
– résistance à la traction : 600 MPa ; rencontrées pour élaborer et stabiliser la phase magnétique for-
– limite d’élasticité : 400 MPa ; mée à une température supérieure à 800 oC n’ont pas permis son
– allongement supérieur à 10 % ; industrialisation. Ce n’est qu’à la fin des années 1970 que les
– résistance à la corrosion analogue à celle des aciers performances de cet alliage ont été améliorées par addition de
inoxydables. carbone et traitements thermomécaniques appropriés.

Tableau 21 – Exemples d’alliages ductiles : composition et valeurs magnétiques


Composition Induction Champ coercitif Énergie volumique Température
Alliage massique rémanente Br de l’induction HcB (BH )max de Curie
(%) (T) (kA/m) (kJ/m3) (oC)
Fe-Cr-Co isotrope 30 Cr-10 Co-60 Fe 0,8 55 16 650
Fe-Cr-Co anisotrope 30 Cr-10 Co-60 Fe 1,1 55 32 650
Remalloy 12 Co-15 Mo-73 Fe 0,97 20 8
Cunife 60 Cu-20 Ni-20 Fe 0,55 35 14 450
Cunico 50 Cu-21 Ni-29 Co 0,34 57 6,8 860
Vicalloy 13 V-52 Co-35 Fe 1,05 41 28 850
Pt-Co 77 Pt-23 Co 0,68 340 75 500

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AIMANTS PERMANENTS _____________________________________________________________________________________________________________

5.2.1 Élaboration
B(T)
La composition massique de cet alliage est Mn70Al29,5C0,5 . Il est
préparé par fusion, coulée et trempe limitée à 500 oC, puis recuit à 0,7
700 oC pour subir une opération d’extrusion. Cette mise sous pres-
sion permet de stabiliser la phase magnétique. Elle permet égale-
ment d’aligner les domaines magnétiques dans le sens de 0,6
l’extrusion, ce qui induit une anisotropie dans cette direction. La
pression exercée doit être de l’ordre de 800 MPa pour un rapport 0,5
de réduction de surface d’un facteur 7 à 8.
0,4
5.2.2 Propriétés
55 kJ/m3 50 kJ/m3
0,3
Les propriétés magnétiques et mécaniques de ce matériau sont
intéressantes. La figure 26 montre l’amélioration des propriétés
magnétiques lorsque l’on effectue l’extrusion à chaud : 0,2
III II I
– la courbe I représente la courbe de désaimantation du maté- 7 kJ/m3
riau fondu et trempé ; 0,1
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– la courbe II montre que l’opération d’extrusion à 700 oC aug-


mente considérablement les performances du matériau ; 0
– la courbe III montre qu’un recuit de 10 min à 700 oC permet –250 –200 –150 –100 –50 0
H(kA/m)
d’accroître à nouveau la coercitivité.
I avant extrusion
Le meilleur matériau (courbe III) possède les propriétés magné- II après extrusion à chaud
tiques suivantes : III après extrusion à chaud et recuit
– induction rémanente : Br = 0,6 T ;
Les valeurs indiquées sur les courbes
– champ coercitif de l’induction : HcB = 215 kA · m–1 ; sont celles de l’énergie volumique (BH)max
– champ coercitif de l’aimantation : HcJ = 240 kA · m–1 ;
– densité d’énergie volumique : (BH )max = 55 kJ · m–3 ;
– température de Curie : TC = 300 oC ; Figure 26 – Courbes de désaimantation caractéristiques
d’aimants Mn-Al-C : influence d’un traitement thermomécanique
– coefficient de température de Br : – 0,12 % · K–1.
Cet alliage peut facilement s’usiner.
Les bonnes propriétés magnétiques et mécaniques de cet alliage Ces alliages ne sont actuellement plus utilisés car leurs proprié-
ainsi que le faible coût des matières premières qui le composent tés magnétiques sont faibles comparativement aux autres types
en ont fait un matériau potentiel pour aimant permanent. Cepen- d’aimants.
dant, la production industrielle de ce type d’aimants ne s’est pas
développée.
5.4 Aimants à base de micropoudres
5.3 Aciers durs martensitiques Un certain nombre de composés donne des matériaux ayant, à
l’état de poudres, des propriétés magnétiques de matériaux durs.
Ils ont été pendant plus d’un siècle les seuls aimants artificiels Cela se produit lorsque la dimension des particules de poudre est
existants. Il s’agit d’aciers trempés dans lesquels l’austénite a été de l’ordre de grandeur de celle des monodomaines magnétiques.
transformée en martensite, ce qui crée un état de tension interne C’est le cas des ferrites durs et des aimants à base de terre rare. Il
responsable de la coercitivité. Ce sont des aciers au carbone dont existe d’autres alliages qui possèdent des propriétés magnétiques
les propriétés ont été améliorées par addition de tungstène, de intéressantes, et dont certains ont été commercialisés. Ce sont les
chrome ou de cobalt. Ils peuvent être employés lorsque l’on désire aimants manganèse-bismuth, les aimants à base de fer, ou encore
un matériau à faible champ coercitif, facilement saturable. Les les oxydes de fer et de cobalt.
compositions et les propriétés magnétiques de quelques aciers Le tableau 23 présente les compositions et propriétés magné-
durs martensitiques sont présentées dans le tableau 22. tiques de quelques-uns de ces aimants.

Tableau 22 – Exemples d’aciers durs martensitiques : composition et valeurs magnétiques


Induction
Champ coercitif Énergie volumique
Composition rémanente
Type d’acier de l’induction HcB (BH )max
Br
(% en masse) (T) (kA/m) (kJ/m3)

au carbone 0,65 C-0,85 Mn-98,5 Fe 1 3,2 1,45

au tungstène 0,7 C-0,5 Mn-5 W-93,8 Fe 1,05 5,5 2,65

au chrome 1,1 C-0,4 Mn-6 Cr-92,5 Fe 0,95 6 2,4

au cobalt 0,7 C-5 W-4,25 Cr-40 Co-50,05 Fe 1 19 8,2

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Tableau 23 – Exemples d’aimants en poudres : composition et valeurs magnétiques


Champ coercitif Énergie volumique
Induction
de l’aimantation HcJ (BH )max
Nom Composition (massique) rémanente Br
(T) (kA/m) (kJ/m3)
Mn-Bi 80 % Mn-20 % Bi 0,43 270 34
PF1 isotrope Fe-particules sphériques 0,60 38 8,8
PF2 isotrope Fe-Co-particules sphériques 0,86 32,5 13
Lodex
Fe-particules ESD (1) 0,90 56 28
anisotrope
Lodex
Fe-Co-particules ESD (1) 0,90 80 40
anisotrope
(1) ESD : Elongated Single Domain.

5.4.1 Aimants manganèse-bismuth domaines ESD (Elongated Single Domain ) par électrodéposition
de fer ou de fer-cobalt sur cathode de mercure. Leur mise en
Le composé équiatomique Mn-Bi, de structure hexagonale, pos- forme s’effectue, sous champ magnétique et dans une gaine de
sède une anisotropie cristalline élevée qui confère au matériau une plomb, par compression dans une direction perpendiculaire à celle
bonne coercitivité. Les particules, préparées à l’état de monodo- du champ. Ces aimants ont été commercialisés aux États-Unis
maines par broyage de l’alliage, sont pressées à chaud (300 oC) sous le nom de Lodex, avec une concentration massique en
sous champ magnétique pour donner des pièces brutes solides poudre de fer ou de fer-cobalt de 60 %. Bien que le prix de revient
ayant des tolérances mécaniques serrées. Dans la pratique, tout soit élevé, ce qui a considérablement limité leur industrialisation,
développement industriel a été abandonné en raison des difficul- ces aimants sont intéressants pour la précision des cotes
tés provoquées par l’oxydation de la poudre (celle-ci est en effet puisqu’aucun frittage n’est nécessaire durant leur fabrication.
extrêmement sensible à la corrosion en atmosphère humide), par
le prix élevé du bismuth et par la diminution des propriétés
magnétiques de ces aimants aux températures inférieures à la 5.4.3 Oxyde de fer et de cobalt
température ambiante.
Les premiers aimants connus dans l’Antiquité étaient des varié-
tés de magnétite Fe3O4 . On connaît d’autres minéraux qui possè-
5.4.2 Aimants à poudre de fer
dent des propriétés de matériaux durs tels que la fercolite (56 %
Selon les théories de Néel, les poudres ultrafines de fer et de Fe2O3 et 44 % de CoO en masse) ou la vectolite (30 % Fe2O3 , 44 %
fer-cobalt, dispersées à l’état de monodomaines, conduisent à de Fe3O4 et 26 % de Co2O3 en masse). Mais le matériau le plus
l’obtention d’un champ coercitif théorique de l’ordre de répandu est l’oxyde de fer γ-Fe2O3 , ou maghémite, qui est utilisé
850 kA · m–1. À partir de poudres de fer ou de fer-cobalt de dimen- comme matériau support de mémoire pour les bandes magné-
sions comprises entre 10 et 100 nm, obtenues par réduction sous tiques. Ses propriétés magnétiques sont :
hydrogène à 500 oC de formiate de fer, puis pressées et frittées en – induction rémanente : Br = 0,2 T ;
milieu réducteur à 400 oC, on a pu réaliser des aimants PF1 et PF2
(tableau 23) ayant des propriétés voisines de celles des alnicos – champ coercitif de l’aimantation : HcJ = 40 kA · m–1.
isotropes. En remplaçant γ-Fe2O3 par une solution solide de γ-Fe2O3 et de
Leurs performances ont été améliorées en y associant une ani- CoFe2O4 (ferrite de cobalt), on atteint des champs coercitifs de
sotropie de forme. On a pu obtenir des particules allongées mono- 240 kA · m–1.

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P
O
U
Aimants permanents R

Matériaux et propriétés E
par Jean-Marie LE BRETON
N
Docteur en Physique
Professeur à l’Université de Rouen
Groupe de Physique des matériaux, UMR CNRS 6634
Université de Rouen, Faculté des sciences et techniques S
Luc LECHEVALLIER
Docteur en Physique
Maître de Conférences à l’IUP génie électrique de l’Université de Cergy-Pontoise
A
Groupe de Physique des matériaux, UMR CNRS 6634
Université de Rouen, Faculté des sciences et techniques V
Philippe TENAUD
Ingénieur
O
Docteur en Physique
Gérant 3MaS (Magnets, Magnetism, Material & Services), La Combe de Lancey I
et Antoine MOREL
Ingénieur
Docteur en Physique
R
Responsable Méthodes/Procédés, STEELMAG, Saint-Pierre d’Allevard
Mise à jour de l’article [D 2 100] de François LEPRINCE-RINGUET paru en 1996.

P
L
U
Données statistiques et économiques S
Le lecteur se reportera au dossier [Doc. D 2 102].

À lire également dans nos bases


LECHEVALLIER (L.), LE BRETON (J.-M.), TENAUD COUDERCHON (G.). – Alliages magnétiques doux. LE BRETON (J.-M.), MOREL (A.) et TENAUD (P.). –
(P.), MOREL (A.) et BRASSARD (S.). – Aimants [M 350] Étude et propriétés des métaux Maté- Une nouvelle génération d’aimants permanents
permanents – Applications et perspectives. riaux fonctionnels (1998). hexaferrites. [RE 30] Convertisseurs et machi-
[D 2 102] Convertisseurs et machines électri- nes électriques (2005).
ques (2007).

Sources bibliographiques
[1] ROSSIGNOL (M.) et YONNET (J.P.). – Les by wetcompacting. IEEE Transactions on Ma- ciple for permanent magnets, IEEE Transac-
aimants permanents. Les matériaux magné- gnetics, vol. 37, Issue 4, p. 2463-2466 (2001). tion on Magnetics, Volume 27, pp. 3588-
tiques et leurs applications : Magnétisme II. [5] KIM (H.T.), KIM (Y.B.), JEON (J.W.), JANG 36000 (1991).
Presses Universitaires de Grenoble (1999). (I.H.), KAPUSTIN (G.A.) et KIM (H.S). – High- [8] HADJIPANAYIS (G.C.). – Nanophase hard
[2] Notes d’applications TDK, Ferrites, NdFeB, performance nanocrystalline NdFeB ma- magnets, Journal of Magnetism and Magne-
SmCo (2005) disponible sur http://www.tdk. gnets by CAPA process. Journal of Magne- tic Materials, Volume 2000, pp. 373-391
co.jp/tefe02/magnet.htm. tism and Magnetic Materials, vol. 304, Issue (1999).
[3] KANEKO (Y.). – Highest performance of Nd- 1, p. e240-e242 (2006).
Fe-B magnet over 55 MGOe. IEEE Transac- [6] SKOMSKI (R.). – Rare earth iron permanent
tions on Magnetics, vol. 36, Issue 5, p. 3275- magnets, editeur J.M.D. Coey, Oxford Uni-
3278 (2000). versity Press, p. 178-217 (1996).
[4] TOKORO (H.) et UCHIDA (K.). – High energy [7] KNELLER (E.F.) et HAWIG (R.). – The ex-
product Nd-Fe-B sintered magnets produced change-spring magnet - A new material prin-

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P AIMANTS PERMANENTS _____________________________________________________________________________________________________________

O
U Normalisation

R NF EN 10330 08-03 Matériaux magnétiques – Méthode de


mesure du champ coercitif des matériaux
magnétiques en circuit magnétique
ISO 31-5:1992 Grandeurs et unités. Partie 5 : Électricité
et magnétisme
ouvert (indice de classement : C28-921) ISO 31-5:1992/Amd 1:1998 Grandeurs et unités. Partie 5 : Électricité
et magnétisme
NF EN 10332 03-04 Matériaux magnétiques – Matériaux pour CEI 60404-1 08-00 Matériaux magnétiques – Partie 1 : Classi-
aimants permanents (magnétiquement fication
E durs) – Méthodes de mesure des proprié-
tés magnétiques (indice de classement :
C28-919)
CEI 60404-7 01-82 Matériaux magnétiques. Septième
partie : méthode de mesure du champ

N NF X02-001
X02-004
12-93
08-94
Grandeurs et unités – Principes généraux.
Normes fondamentales – Noms et sym- CEI 60404-8-1 04-01
coercitif des matériaux magnétiques en
circuit magnétique ouvert
Matériaux magnétiques – Partie 8-1 : spé-
boles des unités de mesure de système cifications pour matériaux particuliers –
international d’unités (SI) Matériaux magnétiquement durs
NF X02-205 08-94 Grandeurs et unités. Partie 5 : Électricité CEI 60404-08-1/A1 05-04 Modification 1 à la publication CEI 60404-
S et magnétisme 8-1 d’avril 2001

A Annuaire
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V Laboratoires (liste non exhaustive) Electron Energy Corporation (EEC) : Sm-Co


http://www.electronenergy.com/

O Groupe de Physique des Matériaux GPM – Université de Rouen


http://www.univ-rouen.fr/gpm/
Intitut Néel – CNRS Grenoble
Ferro : ferrites
http://www.ferroresources.com/index.asp
Hitachi Metals : ferrite, Alnico, Nd-Fe-B, Sm-Co
I http://neel.cnrs.fr/
Laboratoire de Génie Électrique de Grenoble
http://www.g2elab.grenoble-inrp.fr/G2Elab/
http://www.hitachi-metals.co.jp/e/prod/prod03/prod03.html
San Huan (Ningbo) Nd-Fe-B Magnetics Co., Ltd. : Nd-Fe-B
http://www.shnfb.com
R Laboratoire Systèmes et Applications des Technologies de l’Information et
de l’Énergie SATIE – ENS Cachan
Shin-Etsu Chemical Co. Ltd. : Nd-Fe-B, Sm-Co
http://www.shinetsu.co.jp/e/
http://www.satie.ens-cachan.fr
Sinomag : ferrites
Groupe d’Étude de la Matière Condensé GEMaC – Université de Versailles site à actualiser
St-Quentin en Yvelines
http://www.gemac.uvsq.fr/ Steelmag : ferrites
P Institut de Physique et Chimie des Matériaux de Strasbourg IPCMS – Univer-
sité de Strasbourg
site à actualiser
Supergauss : ferrites
http://www.ipcms.u-strasbg.fr http://www.supergauss.com.br/
L Fabricants d’aimants (liste non exhaustive)
TDK : ferrite, Nd-Fe-B, Sm-Co
http://www.tdk.com/
Arnold Magnetic Technology : Nd-Fe-B, Sm-Co
U http://www.arnoldmagnetics.com/
DMEGC : ferrite
Tridelta : Ferrites
http://www.tridelta.de/tridelta-gruppe-unternehmensgruppe-en.html
UGIMAG : ferrite

S http://www.chinadmegc.com/chinadmegc/english/web/index.asp
ECS : ferrites, Nd-Fe-B
http://www.kanemagnetics.de/supplier_profile_de.html
http://www.ugimag.com/
VACUUMSCHMELZE : Nd-Fe-B, Sm-Co
http://www.vacuumschmelze.de/dynamic/en/

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