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1. Généralités................................................................................................. M 500 - 2
2. Corrosion.................................................................................................... — 3
2.1 Types de corrosion humide ........................................................................ — 3
2.2 Essais et tests de corrosion ........................................................................ — 7
3. Familles d’alliages et de produits ....................................................... — 8
3.1 Composition................................................................................................. — 8
3.2 Types de produits ........................................................................................ — 10
3.3 Structure métallurgique .............................................................................. — 10
4. Propriétés d’usage. Applications. Choix des produits.................. — 11
4.1 Propriétés physiques et mécaniques ......................................................... — 11
4.2 Résistance à la corrosion. Choix des produits .......................................... — 12
5. Fabrication et mise en œuvre............................................................... — 15
5.1 Élaboration ................................................................................................... — 15
5.2 Transformation à chaud .............................................................................. — 15
5.3 Métallurgie des poudres préalliées et produits composites.................... — 16
5.4 Pièces moulées ............................................................................................ — 17
5.5 Traitements thermiques .............................................................................. — 17
5.6 Transformation à froid ................................................................................ — 17
5.7 Décapage...................................................................................................... — 17
5.8 Usinage......................................................................................................... — 18
5.9 Soudage ....................................................................................................... — 19
6. Assurance qualité .................................................................................... — 19
7. Normalisation............................................................................................ — 19
Pour en savoir plus........................................................................................... Doc. M 500
monnaie.
Cet article concerne le nickel non allié et les superalliages à base de nickel
résistant à la corrosion. En fait, l’utilisation du nickelage étant relativement stable
et les problèmes techniques qui lui sont liés, limités, ce sont les superalliages
qui en constituent l’essentiel.
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2H + + 2e – → H2 (2)
ou bien la réaction de l’oxygène dissous dans la solution :
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2.1.2 Corrosion galvanique Si, après avoir amorcé des piqûres de cette manière, on abaisse
à nouveau le potentiel, la surface de ces piqûres se passive à nouveau
Elle se produit lorsque deux éléments métalliques de potentiels lorsque le potentiel devient inférieur à une valeur appelée « potentiel
différents sont en contact dans un électrolyte et en particulier dans de repassivation ». L’hystérésis constituée par l’écart entre le poten-
une solution aqueuse. Ceci peut se produire dans quatre types de tiel de piqûre et le potentiel de repassivation est un critère de résis-
situations : tance à la corrosion. Par exemple, dans l’eau de mer, les aciers
inoxydables peu résistants comme le X 6 CrNiMo 17-11 ont un écart
— contact de deux produits différents ; beaucoup plus important que les alliages Ni-Cr-Mo, très résistant
— hétérogénéité à l’intérieur d’un produit ; comme le 625 et le C276 [7]. Lorsque la température s’élève, le poten-
— hétérogénéité dans le milieu corrosif ; tiel de piqûre diminue. Dans des conditions d’essais données, on
— formation par un autre mode de corrosion – piqûre ou crevasse définit :
(§ 2.1.3 et 2.1.4) – de ruptures locales du film passif ; en ces points
où le film est détruit, le métal est anodique par rapport à la surface — une « température critique de piqûration », pour les alliages
voisine passive qui se comporte comme une cathode. Fe-Ni-Cr et Ni-Cr, cette température augmente avec les teneurs en
chrome et molybdène comme le montre la figure 2 [8] ; elle est plus
élevée pour les alliages Ni-Cr-Mo comme le 625 et le C 276 ;
Lorsque deux produits différents sont en contact, il est impor- — un indice de résistance à la piqûre : le facteur PREN (Pitting
tant de considérer avec soin le couple qu’ils forment. Resistance Equivalent Number) :
PREN = % Cr + 3,3 % Mo + 16 % N
Les hétérogénéités à l’intérieur d’un produit peuvent correspondre Pour les alliages 625 et C276 les valeurs PREN sont beaucoup plus
à des variations de composition (ségrégations), de structure ou de élevées que pour les aciers inoxydables les plus résistants.
surface (défauts de surface comme des rayures).
En ce qui concerne les milieux corrosifs, les plus susceptibles de
Enfin un couple galvanique peut se former à la surface d’un métal produire des attaques par piqûres sont surtout les milieux chlorurés
homogène si c’est le milieu aqueux lui-même qui présente des hété- neutres contenant des oxydants, comme l’eau de mer et les milieux
rogénéités, par exemple des hétérogénéités de composition ou des présents dans les puits de pétrole et de gaz acide, c’est-à-dire conte-
aérations différentielles. Dans ce cas, le potentiel métal-solution nant de l’hydrogène sulfuré.
varie d’un point à un autre, non pas à cause de la variation de la
nature du métal, mais à cause de celle de la nature de la solution.
2.1.4 Corrosion par crevasses
2.1.3 Corrosion par piqûre ou corrosion caverneuse
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Tableau 5 – Composition (% en masse) des nuances de nickel non allié et peu allié
Nuance Désignation ISO Ni Cu Fe Mn C Si S Al Ti
Nickel 200 NW 2 200 > 99 < 0,25 < 0,4 < 0,35 < 0,15 < 0,35 < 0,01
Nickel 201 NW 2 201 > 99 < 0,25 < 0,4 < 0,35 < 0,02 < 0,35 < 0,01
Duranickel 301 (INCO) > 93 < 0,25 < 0,6 < 0,50 < 0,30 <1 < 0,01 4 à 4,75 0,25 à 1
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À noter qu’alors que l’ensemble des nuances de base Ni-Cu et d’améliorer leur stabilité structurale au voisinage des soudures ;
Cu-Ni est utilisé pour sa résistance à la corrosion humide, il existe l’alliage récent C22 est intermédiaire entre ces deux catégories ;
des nuances voisines comme l’alliage Ferry (marque INCO : Cu — l’alliage 825, son dérivé à durcissement structural l’alliage 925
55 %-Ni complément) qui sont utilisées pour leurs propriétés et les alliages G et G3 ont des teneurs en fer de l’ordre ou supérieures
électriques. à 20 %, des teneurs en chrome supérieures à 20 % et des teneurs
en molybdène entre 2,5 et 7 %. L’alliage G3 a maintenant un dérivé
mis au point par la société Haynes, la nuance G30 de teneur massique
3.1.3 Alliages de base nickel-chrome en chrome plus élevée (29,5 %) et de teneur massique en molybdène
et nickel-fer-chrome plus faible (5 %) ;
— les alliages 718 et Nicrimphy R 40 sont des nuances à durcis-
Le tableau 7 donne la composition des principales de ces nuances. sement structural mises au point comme alliages superréfractaires
Elles y sont désignées par leurs dénominations usuelles comme mais ayant des propriétés de résistance à la corrosion intéressantes
indiqué au paragraphe 1. grâce à leurs teneurs en chrome et molybdène.
Mis à part l’ancien alliage 600, composé uniquement de nickel,
de chrome et de fer, ces nuances peuvent être classées en quatre 3.1.4 Alliages nickel-molybdène
catégories :
— l’alliage 625 et son dérivé à durcissement structural l’alliage 625 Cette famille se réduit pratiquement aux alliages B2 et B3 mis au
Ti ; ces alliages à basse teneur en fer ont une forte teneur en chrome point par la société Haynes (Hastelloys B2 et B3) de dénomination
– de l’ordre de 21 %, et une teneur en molybdène de l’ordre de 9 %. de type AFNOR ND 28 et de compositions massiques (%) suivantes (0):
L’alliage 625 Ti contient une addition de titane qui permet d’aug-
menter ses caractéristiques par durcissement structural. Sa compo-
sition et ses caractéristiques varient un peu entre les différents Ni Fe Cr Mo C Si
fabricants ;
— les alliages C276 et C4 ont une teneur en chrome de l’ordre Nuance B2 base <2 <1 26 à 30 < 0,02 < 0,10
de 15 % et une forte teneur en molybdène – de l’ordre de 15 % ; ces Nuance B3 base <2 <2 26 à 30 < 0,01 < 0,10
nuances sont dérivées de l’ancien alliage C et s’en distinguent par
les basses teneurs en carbone et en silicium, ce qui a pour effet
(0)
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Ces nuances constituent deux améliorations successives de À cette phase, s’ajoutent d’autres phases en petites quantités et
l’ancien alliage B (Hastelloy B de Haynes). Elles s’en distinguent qui sont suivant les cas, soit sans effet notable sur les caractéristiques
par leurs basses teneurs en carbone et en silicium, ce qui, comme des produits, soit nuisibles, soit bénéfiques.
dans le cas des nuances C276, C4 et C22, améliore la stabilité struc- Les inclusions non métalliques constituées surtout d’oxydes, pro-
turale dans les zones affectées thermiquement par les soudures. duits de désoxydation de l’élaboration, et de nitrures ont peu d’effet
sur la qualité des produits pourvu qu’elles soient de petites dimen-
sions (au maximum de quelques micromètres) et uniformément
réparties. Un des objectifs du contrôle aux ultrasons des produits
3.2 Types de produits est d’ailleurs de détecter et de permettre d’éliminer les amas impor-
tants de ces inclusions. Les carbures métalliques sont de plusieurs
Un produit métallurgique se définit par un ensemble de natures et se forment aux diverses phases de la fabrication des
paramètres : produits :
— composition chimique ; — carbures primaires, c’est-à-dire formés à la solidification des
— forme et dimensions ; lingots ; leur composition est de type MC où M est un ou plusieurs
— état de surface ; des métaux carburigènes Nb, Ti, Mo, Cr... ;
— structure métallurgique et caractéristiques d’usage. — carbures secondaires précipités lors de la transformation à
chaud des produits et lors des traitements thermiques. Leur compo-
D’autre part son prix intervient non seulement dans son choix par sition dépend de la température de précipitation. Par exemple, pour
opposition à d’autres produits possibles pour l’application consi- l’alliage 625, les carbures de type M23C6 et M6C précipitent aux
dérée mais aussi dans le choix de sa méthode de fabrication. joints des grains entre 650 et 850 oC et les carbures MC précipitent
Comme pour les aciers inoxydables, la plupart des formes de pro- vers 950 oC.
duits peuvent être fabriquées avec les alliages faisant l’objet de cet La précipitation de ces carbures intergranulaires a un effet néfaste
article : sur la résistance à la corrosion parce que, à leur voisinage, la matrice
— tôles fortes laminées à chaud et minces laminées à froid ; métallique est appauvrie en chrome et en molybdène.
— feuillards ou bandes laminées à froid ; À noter que dans ces nuances, et contrairement au cas des aciers
— tubes soudés à partir de bandes et sans soudures fabriqués à inoxydables austénitiques, la présence de niobium ne suffit pas à
partir d’ébauches extrudées ou laminées ; les stabiliser au sens où elle éviterait la précipitation intergranulaire
— fils ; de carbures de type M23C6 par revenu.
— fils et électrodes de soudure ;
— pièces forgées et matricées ; billettes pour forgeage ; Les phases intermétalliques dites compactes à cause de leur struc-
— barres, profils et plats laminés. ture cristallographique comme la phase Sigma ou la phase de Laves
ont des effets néfastes sur la ductilité et la résistance à la corrosion
Les tôles, feuillards, tubes, fils et produits laminés sont disponibles des produits [16]. Ces phases précipitent lors de maintiens entre 750
sur stock pour une grande variété de dimensions. Les pièces forgées et 1 000 oC des alliages de base Ni-Cr-Mo. Cette précipitation est très
et les pièces matricées sont en général vendues sur devis. En ce qui lente et ne pose pas de problèmes dans le cas des alliages 625 et
concerne les pièces moulées, les dimensions possibles varient sui- C4. Elle est suffisamment lente dans le cas de l’alliage C22 pour ne
vant les alliages et l’équipement des fondeurs. pas créer de problème au voisinage des soudures. Dans le cas de
En plus de ces produits classiques, le prix élevé de ces alliages l’alliage C276 elle est suffisamment rapide (en 2 min à 870 oC) pour
et leur coût de transformation ont amené à leur utilisation sous forme rendre nécessaires des précautions en ce qui concerne la vitesse de
de produits composites et aussi à leur fabrication par la métallurgie refroidissement au voisinage des soudures. Plus généralement, elles
des poudres préalliées. ont d’autant plus tendance à se former que la somme de leurs teneurs
Les produits composites sont en général constitués d’un produit atomiques en chrome, molybdène et tungstène est élevée. Cela
de base en acier peu allié recouvert d’une couche d’alliage résistant explique que dans l’évolution des nuances de type C276 et C4 vers
à la corrosion. Citons comme exemple de ces produits : la nuance C22 pour améliorer leur résistance à la corrosion, l’accrois-
sement de la teneur en chrome a dû être compensé par une dimi-
— les tôles plaquées par colaminage ;
nution de la teneur en molybdène.
— les produits revêtus par un dépôt réalisé par soudage ;
— les tubes bimétalliques dont l’intérieur est en alliage résistant Dans les alliages à durcissement structural-Duranickel 301 du
à la corrosion. tableau 5, Monel K500 du tableau 6 et les nuances 625T i, 925, 718
et Nicrimphy R40 du tableau 7, le durcissement se fait pas précipi-
Un autre exemple de produits composites bien connus est
tation à l’intérieur des grains des phases intermétalliques
constitué par les pièces nickelées. Le nickelage constitue d’ailleurs
γ ’Ni3 (Ti, Al) de structure cubique à faces centrées et/ou γ ’’Ni3Nb de
l’application en tonnage la plus importante du nickel non allié.
structure tétragonale centrée.
Enfin, la métallurgie des poudres préalliées est utilisée pour
À noter que malgré sa teneur élevée en niobium, l’alliage 625 n’est
fabriquer des pièces soit de formes et dimensions coûteuses à forger
pas utilisé à l’état durci par vieillissement, c’est-à-dire par durcis-
dans les nuances concernées, soit fabriquées directement près des
sement structural. En effet, pour cet alliage des traitements de vieillis-
cotes finies, ce qui entraîne un abaissement des coûts d’usinage en
sement provoquent bien un accroissement de la dureté mais cela
travail et en perte de matière.
se fait sans accroissement de la résistance et avec une diminution
importante non seulement de la ductilité mais aussi de la résistance
à la corrosion intergranulaire [9].
3.3 Structure métallurgique
3.3.1 Phases constituant la structure 3.3.2 Taille de grain – Écrouissage
Pour l’ensemble du nickel et de ses alliages nickel-cuivre, nic- Comme dans tous les alliages métalliques la taille de grain a une
kel-molybdène et nickel-chrome-molybdène constituant l’objet de influence importante sur les caractéristiques de ces nuances. La
cet article, la structure de base est la structure austénitique de maille figure 6 [17] montre pour l’exemple de la nuance 625 les relations
cristalline cubique à faces centrées. C’est donc la même structure entre la taille de grain et la limite d’élasticité et la résistance à la
que celle des aciers inoxydables austénitiques. traction.
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Mis à part le cas du nickel non allié, ces alliages ont des carac- acides, c’est-à-dire contenant du H2S. Dans le cas de nuances à
téristiques physiques comparables à celles des aciers inoxydables durcissement structural comme l’alliage 718, cela amène à utiliser
austénitiques avec toutefois des coefficients de dilatation plus des états survieillis, c’est-à-dire des niveaux de caractéristiques
faibles. Les alliages de base Ni-Cr, Ni-Cr-Mo et Ni-Mo sont amagné- inférieures à celles indiquées dans le tableau 10. Pour cette
tiques jusqu’à basse température. Le nickel est ferromagnétique avec nuance, la limite d’élasticité minimale est abaissée de 1 034 à
une température de Curie très supérieure à la température ambiante. 800 MPa.
En outre, il est caractérisé par une conductivité thermique élevée.
Les alliages nickel-cuivre ont des températures de Curie un peu supé-
rieures ou inférieures à la température ambiante suivant les cas.
Les principales caractéristiques en traction de ces alliages sont pré-
4.2 Résistance à la corrosion.
sentées au tableau 10. Ces valeurs correspondent à l’état recuit, sauf Choix des produits
dans le cas des alliages à durcissement structural, pour lesquels elles
correspondent à l’état vieilli.
Le coût des superalliages à base de nickel est en général beau-
Pour les alliages sans durcissement structural et mis à part le cas coup plus élevé que celui des aciers inoxydables. En prenant
du nickel non allié et des Monel 400 et R405, ces caractéristiques comme base 1 le coût d’un acier inoxydable de type 316 L
sont un peu plus élevées que celles des aciers inoxydables austé- (X2 CrNiMo 17-12-2), les coûts relatifs des alliages 825, 625, 718 et
nitiques. Comme ces aciers, on peut les utiliser aussi à l’état durci C276 sont les suivants pour des demi-produits de forge : (0)
par écrouissage quand la forme des produits le permet.
Il faut par ailleurs remarquer le cas des deux états de l’alliage
Acier inoxydable 316L : 1
625 déjà évoqué au paragraphe 3.3.2, états correspondant respec-
tivement à une structure à grain fin (grade 1) et à une structure à Alliage 825 : 2,7
plus gros grain (grade 2).
Alliage 625 : 5,2
Les propriétés indiquées dans le tableau 10 sont obtenues avec
les traitements thermiques de recuit ou de vieillissement habituel Alliage 718 : 5,2
(§ 5). Elles sont ajustées de façon un peu différente pour certaines Alliage C276 : 5,6
applications particulières. Par exemple, le standard NACE
MRO175-94, utilisé par l’industrie pétrolière, impose pour un grand
nombre d’alliages des valeurs maximales de dureté pour assurer
leur résistance à la corrosion sous tension dans les puits de pétrole (0)
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Cela est dû à la fois au coût des métaux contenus (nickel, moly- 4.2.1.2 Corrosion atmosphérique
bdène, niobium...) et à la complexité relative des procédés d’élabo-
Les alliages de base Ni-Cr et Ni-Cr-Mo gardent un poli brillant dans
ration, de transformation et de mise en œuvre de ces alliages.
l’atmosphère.
Le choix d’un alliage pour une application de résistance à la cor-
rosion donnée est le résultat de la prise en compte d’un ensemble
4.2.1.3 Acides oxydants
de données techniques et économiques.
■ Les alliages de nickel sans chrome sont rapidement attaqués par
■ Caractéristiques du matériau, c’est-à-dire ses caractéristiques l’acide nitrique même dilué. Les alliages au chrome comme l’alliage
mécaniques et physiques et sa résistance à la corrosion dans le 600, l’alliage 625 et le C276 lui résistent mais ne sont pas économi-
milieu considéré. La polyvalence d’un matériau, c’est-à-dire sa résis- quement intéressants en comparaison avec les aciers inoxydables.
tance à plusieurs types de milieux corrosifs intervenant dans un
matériel est un élément important. ■ L’acide sulfurique est oxydant dans des solutions de concentration
élevée et réducteur en solutions de concentration intermédiaire. Sui-
■ Coût du matériau et de sa mise en œuvre. vant les anions ou cations présents dans la solution et aussi les maté-
■ Influence de l’emploi du matériau sur la définition (géométrie et riaux avec lesquels il est en contact, la concentration au-dessus de
composition) et le coût d’autres parties du matériel. Par exemple, laquelle il est oxydant et en dessous de laquelle il est réducteur varie
dans l’ensemble de propulsion d’un navire, l’emploi pour l’arbre de de 25 à 70 %. Dans l’acide sulfurique oxydant, l’alliage B2 résiste
l’alliage à haute résistance Monel K500 au lieu du Monel 400 entraîne jusqu’à la température d’ébullition s’il ne contient pas de traces
une diminution de la taille des paliers de l’arbre. d’acide nitrique ou d’ions ferriques.
L’alliage 825 est utilisé pour les conditions oxydantes ou quand
■ Durée de vie prévue pour la pièce et le matériel dont elle fait partie. le milieu oscille entre des conditions oxydantes et réductrices.
■ Coût de l’entretien. L’alliage 625 est utilisé quand on a à la fois des conditions oxydantes,
des températures élevées et un risque de piqûration à cause de la
■ Coût de réparation des pannes et du temps d’arrêt de service de présence d’halogènes.
l’appareil concerné.
Les informations données dans ce paragraphe ont pour but de per- 4.2.1.4 Acides réducteurs
mettre un dégrossissage des problèmes de choix des matériaux et
d’acquérir une vue d’ensemble des caractéristiques des principaux ■ Acide chlorhydrique
alliages. La solution d’un problème concret demande une analyse L’alliage B2 résiste à cet acide jusqu’à son point d’ébullition sauf
précise des conditions d’emploi du matériau et leur examen avec s’il contient des traces d’agents oxydants comme des ions ferriques
les services techniques des fournisseurs. En effet, des facteurs ou cuivriques ou de l’oxygène dissous.
comme l’aération du milieu, les phénomènes galvaniques, les conta- Les nuances C276 et C4 résistent à l’acide dilué contenant du chlo-
minations ou l’érosion peuvent modifier fortement le comportement rure ferrique jusque vers 50 oC.
d’un matériau. D’autre part, le classement de deux matériaux par
rapport à un milieu corrosif peut dépendre de leurs conditions ■ Acide fluorhydrique
d’emploi. Le Nickel 200 résiste à l’acide anhydre jusque vers 150 oC. Il résiste
Par exemple le classement de l’acier inoxydable 316 (X5 CrNiMo aux solutions aqueuses non oxydantes jusqu’à 80 oC.
17-11-2) et de l’alliage 600 dans le milieu des tubes de générateurs L’alliage Monel 400 est utilisé dans les solutions de toutes concen-
de vapeur des réacteurs électrogènes à eau pressurisée s’inverse en trations jusqu’à 120 oC.
fonction des contraintes appliquées [18]. L’alliage 600 résiste aux solutions aqueuses diluées et à l’acide
Pour la présentation de la résistance à la corrosion des alliages anhydre.
nous utiliserons successivement deux approches complémentaires : L’alliage B2 résiste aux solutions contenant de l’acide fluo-
— approche par les milieux corrosifs impliqués : quels alliages rhydrique et de l’acide sulfurique.
utilise-t-on dans un milieu donné ? [19] ; ■ Acide phosphorique
— approche par la description des applications principales de
chaque alliage. L’alliage Monel 400 résiste à toutes concentrations jusqu’à 90 oC
si l’acide ne contient pas d’oxydants plus puissants que l’oxygène
dissous.
4.2.1 Milieux corrosifs L’alliage B2 est résistant à toutes concentrations jusqu’à 65 oC et
jusqu’à la température d’ébullition à la concentration de 50 % en
4.2.1.1 Corrosion par l’eau l’absence d’oxydants forts comme les ions ferriques ou cuivriques.
Le Monel 400 est utilisé couramment dans l’eau douce. Quand il L’alliage 625 a été utilisé dans des évaporateurs dans le procédé
est utilisé dans des échangeurs de chaleur, les teneurs en oxygène humide de fabrication de l’acide.
et en anhydride carbonique doivent être sous contrôle pour mini-
■ Acide sulfurique
miser les risques de piqûration.
Dans l’acide sulfurique réducteur et ne contenant pas d’ions oxy-
Le Monel 400 est aussi utilisé dans l’eau de mer en mouvement.
dants, les alliages sans chrome, c’est-à-dire le Nickel 200, le Monel
Dans l’eau de mer stagnante, il est sujet à la piqûration et on lui
400 et l’alliage B2 résistent bien. Les nuances de base Ni-Cr-Mo
préfère les cupronickels.
comme les alliages C276, C4 et C22 sont utilisées pour les fortes
L’alliage 825 et surtout les alliages 625 et C276 ont une résistance concentrations avec des agents contaminants et les températures
plus élevée à la piqûration en eau de mer stagnante et à la corrosion élevées.
générale en eau de mer en mouvement.
■ Acide acétique
L’alliage 625 est utilisé couramment dans la marine. Par ailleurs,
cette nuance et le C276 sont utilisés dans les condenseurs refroidis Les alliages 625 et C276 sont utilisés pour les conditions de service
à l’eau de mer quand le milieu du processus chimique est incom- les plus sévères comme dans les échangeurs de chaleur avec de l’eau
patible avec les alliages au cuivre ou le titane. de mer.
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4.2.1.5 Hydrogène sulfuré À noter enfin que cet alliage a de bonnes caractéristiques à chaud
(caractéristiques mécaniques et résistance à la corrosion sèche) et
Dans les puits de pétrole ou de gaz contenant de l’hydrogène sul-
est utilisé dans les réacteurs d’avions.
furé (puits acides ) on utilise les nuances de base Ni-Cr-Mo
c’est-à-dire les nuances 625 et C276. Pour les conditions moins ■ L’alliage 625T i, dérivé à haute limite d’élasticité de la nuance 625,
sévères on utilise les nuances 825 et 925 de base Ni-Fe-Cr-Mo. a été mis au point pour les puits de pétrole et de gaz acides.
■ Les nuances C276, C4 et C22 constituent des évolutions succes-
4.2.1.6 Milieux basiques
sives de l’ancien alliage C. Ces évolutions ont deux buts
■ Soude et potasse complémentaires : augmenter la stabilité structurale (absence de
Le Nickel 200 résiste à toutes les solutions de soude et de potasse précipitation de carbures et de phases intermétalliques compactes)
et aussi à la soude pure fondue. Au-dessus de 315 oC on utilise la dans les zones affectées thermiquement par les soudures et amélio-
nuance à bas carbone (Nickel 201). rer la résistance à la corrosion des alliages.
L’alliage 600 est utilisé dans les tuyauteries parce qu’il est plus Ces alliages sont caractérisés par une résistance élevée à la cor-
facile à souder que le nickel non allié. rosion généralisée, à la corrosion par piqûres et par crevasses et
à la corrosion sous tension dans une grande variété de milieux. Ils
■ Ammoniac sont utilisés dans les installations de traitement d’oxydants forts
Les alliages de base Ni-Cr n’ont pas d’avantage sur les aciers inoxy- comme les solutions contenant des chlorures ferriques et cuivriques
dables dans l’ammoniac. et les acides minéraux et organiques chauds et contaminés. Ils ont
une résistance élevée au chlore humide et aux hypochlorites et
sont employés dans l’industrie de la pâte à papier.
4.2.2 Applications principales des alliages Parmi ces trois nuances, l’alliage C4 et à un moindre degré l’alliage
C22 se caractérisent par leur stabilité structurale. L’alliage C22 se
■ Le nickel non allié (nuances Nickel 200 et Nickel 201) est utilisé distingue par sa résistance aux piqûres plus élevée.
dans la manipulation des aliments. Il résiste bien aux milieux ■ L’alliage 825 a une résistance élevée dans les solutions d’acide
basiques. Dans ce cas il est utilisé soit à l’état massif, soit sous forme sulfurique et dans celles d’acide phosphorique. Il est couramment
de nickelage de récipients en acier. Il est aussi utilisé en présence utilisé en présence d’acide sulfurique. Il est aussi employé pour la
d’acide fluorhydrique anhydre jusqu’à 150 o C et de solutions production et le transport d’acide phosphorique obtenu par le pro-
aqueuses de cet acide jusqu’à 80 oC. cédé humide à partir de phosphate (évaporateurs, échangeurs,
Le nickelage chimique ou électrolytique de l’acier est utilisé dans dépollueurs, purificateurs...).
une grande variété d’applications : Il est utilisé dans les bacs de décapage parce qu’il résiste bien
— protection contre la corrosion avec les mêmes types d’emploi aux solutions d’acide nitrique de concentration allant jusqu’à 65 %
que ceux du nickel non allié massif ; et contenant en même temps des acides sulfuriques ou phospho-
— décoration par exemple dans l’automobile et la joaillerie ; riques et des chlorures.
— rattrapage de dimensions de pièces usées ;
— modification du comportement mécanique de la surface des ■ L’alliage 925, dérivé à durcissement structural de la nuance 825 est
pièces en ce qui concerne par exemple sa résistance à l’usure ou employé dans les puits de pétrole ou de gaz acides quand on
son comportement en frottement. recherche des caractéristiques mécaniques plus élevées que celles
du 825 et que le durcissement par écrouissage de ce dernier est rendu
■ Le Monel 400 est utilisé en contact avec l’eau de mer et dans impossible par la forme des pièces.
l’industrie chimique, en particulier en présence d’acide sulfurique
réducteur ou d’acide fluorhydrique. ■ Les alliages G, G3 et G30 dérivés de la nuance 825 contenant des
teneurs plus élevées en molybdène sont employés en contact avec
■ Le Monel K500 est utilisé pour ses hautes caractéristiques des solutions d’acide sulfurique ou d’acide phosphorique contenant
mécaniques dans les arbres de pompes ou d’hélices marines et aussi des chlorures et des fluorures.
dans l’outillage des puits de pétrole, les racleurs pour la papeterie et
L’alliage 718 qui est surtout utilisé à haute température dans les
les ressorts.
réacteurs aéronautiques a néanmoins de nombreuses applications
L’alliage de décolletage Monel R405 a des caractéristiques voi- en corrosion humide :
sines de celles du Monel 400. Il est utilisé dans des composants de — arbres dans l’ingénierie marine ;
vannes, des éléments de fixation et des produits filetés. — puits de gaz acides ;
■ L’alliage 625 a une résistance élevée à la corrosion intergranulaire — ressorts dans les éléments combustibles des réacteurs élec-
et aussi à la corrosion par crevasses et par piqûres. Il est employé : trogènes à eau pressurisée.
— dans l’eau de mer et les eaux saumâtres. Sa résistance à la fati- En outre, il est employé dans des applications cryogéniques, en
gue dans l’eau de mer est supérieure à 40 % de sa résistance à la particulier dans les moteurs des lanceurs spatiaux.
rupture. Dans l’eau de mer il est utilisé non seulement en pièces mas-
■ L’alliage Nicrimphy R40 est employé en construction navale pour
sives mais aussi sous forme de fil dans les câbles et sous forme de
la réalisation de chaînes et de boulonnerie.
dépôt par soudure ;
— dans les puits de pétrole ou de gaz acides c’est-à-dire contenant ■ Les alliages B2 et B3 sont surtout utilisés pour la manipulation de
de l’hydrogène sulfuré. Dans ces puits, il est utilisé non seulement l’acide chlorhydrique à toutes concentrations et à toutes tempéra-
sous forme de pièces mais aussi de fil dans les lignes de mesure ; tures c’est-à-dire jusqu’à l’ébullition. L’alliage B3 se distingue de la
— dans les utilisations mixtes, par exemple en étant en contact nuance B2 par sa plus grande stabilité structurale dans les zones voi-
d’un côté avec des acides organiques comme l’acide acétique et de sines des soudures. Ces alliages sont aussi employés dans la fabri-
l’autre côté avec de l’eau de mer. cation des herbicides (phosgénation) et dans la chimie des matières
plastiques.
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à chaud importantes (plus de 15 à 20 % de déformation dans tous Par compaction isostatique à chaud on peut aussi fabriquer des
les points des pièces à basse température (700 à 900 oC) dans la der- pièces composites. La masse de la pièce est constituée par un acier
nière opération de forgeage. peu allié, lequel est recouvert d’une épaisseur de quelques milli-
Les alliages de cet article sont couramment laminés en fil sur des mètres d’alliage résistant à la corrosion. L’acier peu allié peut
trains à fils. On obtient du fil machine de 5 à 10 mm qui est ensuite d’ailleurs être une nuance à haute résistance et la pièce obtenue a
tréfilé à froid. Ils sont aussi extrudés à chaud dans des presses à alors à la fois la haute résistance mécanique de sa masse en acier
filer en particulier en ébauches de tubes pour la fabrication de tubes et la résistance à la corrosion du dépôt superficiel obtenu par la
sans soudure. métallurgie des poudres.
La figure 7 montre une pièce de liaison de tubing de pétrole en
acier 25 CD 4 revêtue d’alliage 625 par ce procédé.
5.3 Métallurgie des poudres préalliées
et produits composites 5.3.2 Produits composites fabriqués par placage
5.3.1 Métallurgie des poudres En plus de la compaction isostatique à chaud dont on vient de
parler, il existe plusieurs autres procédés de recouvrement d’un acier
La métallurgie des poudres préalliées est maintenant couramment peu allié par un revêtement protecteur d’alliage résistant à la
utilisée pour la fabrication de pièces et de demi-produits en alliages corrosion.
résistant à la corrosion humide.
■ Placage de tôles par colaminage à chaud d’une tôle d’alliage
Elle a pour base l’atomisation de poudres dont chaque grain la
résistant à la corrosion (aciers inoxydables à hautes teneurs en
composition de l’alliage. Cette atomisation est effectuée dans une
chrome et en molybdène, alliages 825 et 625) et d’une tôle en acier
tour d’atomisation dont la composition et le fonctionnement peuvent
peu allié. On trouve sur le marché des tôles plaquées d’épaisseur
être résumés comme suit.
variant de 6 à 200 mm et de largeurs pouvant atteindre 4 m. L’épais-
Un four à induction sous vide ou sous argon refond une charge seur de placage est de l’ordre de 2 à 4 mm.
de métal déjà élaboré dans un four d’élaboration primaire de grande
capacité. Le métal est coulé dans un baquet (tundish ) au fond duquel ■ Placage par explosion , ce procédé est ici mentionné pour
se trouve une busette en céramique de quelques millimètres de dia- mémoire car il est surtout utilisé pour des placages par des métaux
mètre. À travers cette busette, le métal coule sous forme d’un jet réfractaires (titane et zirconium).
liquide vertical qui est soufflé par des jets d’argon ou d’azote sous ■ Dépôt par soudure, on utilise les procédés de soudure sous argon
pression. Il est ainsi transformé en gouttelettes de diamètre de avec électrode en tungstène ou en métal d’apport. Dans les deux cas
quelques dizaines à quelques centaines de micromètres. Chacune le métal d’apport est du fil lorsque les surfaces à recouvrir sont
de ces gouttelettes en se solidifiant constitue un minilingot auquel petites. Lorsque ces surfaces sont importantes (surfaces exprimées
sa grande vitesse de solidification assure une absence complète de en mètres carrés), on utilise de la bande comme métal d’apport et les
ségrégations. Cette absence de ségrégations constitue un des prin- procédés de dépôt par arc submergé ou sous laitier électroconduc-
cipaux avantages de la métallurgie des poudres. teur. Les nuances déposées par ces procédés sont les alliages 625,
À ce stade, deux cas doivent être distingués. C276 et C22.
■ En premier lieu, dans le procédé OSPREY, les gouttes atteignent ■ Dans le cas des tubes [20], on produit des ébauches par coextru-
le produit en cours de fabrication avant d’être complètement solidi- sion à la presse à filer, par placage par explosion et par coulée centri-
fiées et se soudent les unes aux autres en formant directement ce fuge. Dans ce dernier cas, on coule successivement dans une coquille
produit ou une ébauche soumise ultérieurement à des opérations de cylindrique et dans une même opération l’acier de base puis son
transformation classiques. Par ce procédé qui semble maintenant revêtement interne en alliage résistant à la corrosion.
avoir atteint le stade de la maturité pour les alliages comme la nuance À noter que les produits plaqués par les procédés qui viennent
625, on peut fabriquer directement des pièces de grandes dimen- d’être mentionnés peuvent être mis en forme à chaud ou à froid et
sions comme des tubes de diamètres supérieurs à 600 mm et de lon- soudés. Dans tous les cas, les paramètres de qualité de ces produits
gueur de plusieurs mètres. sont les suivants.
■ En second lieu, dans le cas le plus fréquent, la hauteur de la tour
est suffisante (par exemple 6 m) pour que chaque gouttelette soit
complètement solidifiée avant d’être recueillie sous forme de poudre
à sa partie inférieure. La poudre est tamisée pour en éliminer les plus
grosses particules, par exemple celles de diamètre supérieur à
100 µm. La poudre est ensuite transformée par compaction isosta-
tique à chaud soit en pièces massives, soit en pièces composites. Elle
est d’abord introduite dans des conteneurs en acier doux. Ces conte-
neurs sont dégazés puis scellés. Enfin, dans un autoclave ils sont sou-
mis à une pression isostatique de l’ordre de 100 MPa à des
températures de l’ordre de 1 200 oC. On obtient ainsi des pièces sans
aucune porosité. Les conteneurs en acier doux sont enfin éliminés
soit par usinage, soit par attaque chimique.
On peut obtenir par compaction isostatique à chaud des pièces
à la fois de grandes dimensions – on réalise des brides en alliage
625 de diamètre 1 200 mm et de hauteur 500 mm pour les sous-
marins nucléaires aux États-Unis – et de géométrie proche des piè-
ces finies . Dans certains cas, pour des pièces plus petites, la
surépaisseur à enlever par usinage est seulement de l’ordre du
dixième de millimètre. Pour ces alliages difficiles à usiner, la réduc- Figure 7 – Coupe axiale d’une pièce composite de tubing
tion des coûts d’usinage et des pertes de métal sous forme de de forage pétrolier (photo Tecphy)
copeaux constitue aussi un intérêt majeur du procédé.
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● Épaisseur de placage : sa maîtrise pose surtout des problèmes ■ Alliages sans durcissement structural
si les produits sont soumis à des déformations importantes lors de Comme pour les aciers inoxydables austénitiques, on a un seul
leur mise en forme ou s’ils sont assemblés par soudage. traitement à haute température destiné à la recristallisation du métal
● Qualité de la liaison entre le placage et le métal de base : elle est et à la remise en solution des phases qui ont pu précipiter lors des
vérifiée par contrôle aux ultrasons. opérations antérieures, carbures ou phases intermétalliques. Le
● Dilution de la nuance de base, c’est-à-dire du fer dans l’alliage refroidissement qui suit ce traitement est suffisamment rapide pour
résistant à la corrosion : ce problème concerne les dépôts par sou- éviter une nouvelle précipitation de ces phases.
dure, par exemple dans le cas de la nuance 625, on impose une teneur
■ Alliages à durcissement structural
massique en fer maximale de 5 % dans le dépôt.
● État de traitement thermique du métal de base et du placage :
Le traitement est constitué de deux parties, en premier lieu un trai-
le traitement thermique des produits est défini pour réaliser à la fois tement à haute température assure la mise en solution des éléments
la mise en solution du placage (§ 5.5) et le traitement de l’acier de durcissants, titane-aluminium-niobium. En second lieu un traitement
base (normalisation ou trempe et revenu). simple ou double de revenu à plus basse température provoque la
précipitation des phases durcissantes (§ 3.3.1).
5.3.3 Nickelage
5.6 Transformation à froid
Le nickelage est obtenu par deux types de procédés.
■ Nickelage électrolytique
Le nickel non allié et les alliages nickel-cuivre ont une très bonne
Ce procédé est surtout utilisé pour la décoration [27]. La protection aptitude à la transformation à froid. Ils ont une faible limite d’élas-
contre la corrosion est en général faible à cause de la porosité du ticité, une ductilité élevée et un faible durcissement par déformation.
dépôt.
Les alliages de base nickel-chrome ont un comportement analogue
Cependant, elle peut être améliorée par la réalisation de dépôts à celui des aciers inoxydables austénitiques à haute teneur en nickel,
à plusieurs couches. On aura, par exemple, la succession suivante : c’est-à-dire n’étant pas sujets à la transformation martensitique par
— dépôt préliminaire de laiton ; écrouissage. Ils s’en distinguent cependant par des limites d’élas-
— couche de nickel colonnaire ; ticité à l’état recuit plus élevées (tableau 10) ce qui implique des
— couche de nickel lamellaire. matériels plus puissants. Leur forte écrouissabilité à froid impose
La dureté du nickel peut varier de 150 à 400 Vickers suivant les des recuits intermédiaires en cours de transformation. Ces recuits
conditions de dépôt. sont précédés d’opérations de dégraissage et en général effectués
en atmosphère protectrice vide, hydrogène ou ammoniac cracké à
■ Nickelage chimique point de rosée contrôlé (on s’impose en général un point de rosée
Par un procédé de réduction chimique on obtient un dépôt de nic- inférieur à – 40 oC).
kel-phosphore à plus de 90 % de nickel [28] [29]. Ce dépôt assure L’ensemble des alliages de cet article est disponible sur le marché
une bonne protection contre la corrosion parce qu’il contient très dans toutes les formes de produits transformés à froid : tôles, fils,
peu de porosités. Il peut être durci par traitement thermique jusqu’à tubes, etc. Les matériels utilisés sont les mêmes que pour les aciers
des niveaux de 1 000 Vickers. inoxydables.
De plus, on peut par ce procédé intégrer dans la matrice de nickel- ■ Pour le laminage à froid , des laminoirs multicylindres dans
phosphore des particules lubrifiantes (polytétrafluoroéthylène ou lesquels les cylindres de travail de petit diamètre (de l’ordre de
PTFE) et produire ainsi une surface autolubrifiante [21]. 10 cm) travaillent en appui sur une série de cylindres de diamètres
croissant – on utilise par exemple des laminoirs à 20 cylindres. Ce
type de matériel permet à la fois d’obtenir de fortes réductions par
passe et une bonne maîtrise des tolérances d’épaisseur.
5.4 Pièces moulées
■ Pour le tréfilage, des machines monopasse ou multipasse suivant
les quantités impliquées.
On réalise des pièces moulées avec les alliages de cet article par
les procédés de fonderie classiques comme le moulage en sable. ■ Les tubes sont fabriqués par étirage à froid soit à partir d’ébauches
extrudées à chaud à la presse à filer (tubes sans soudure) soit à partir
On fabrique en particulier des pièces de pompes d’eau de mer de bandes roulées soudées.
comme des impulseurs en alliage Monel 400. L’alliage est alors enri-
chi en silicium avec des teneurs massiques de 1 ; 2,75 ou 3,75 % sui-
vant les spécifications, le silicium augmentant sa résistance à
l’érosion. La teneur en silicium doit cependant être limitée à 1 % si 5.7 Décapage
les pièces sont soudées, à cause du risque de fissuration.
Dans le cas des nuances de base Ni-Cr-Mo comme l’alliage 625,
le fondeur part de métal déjà élaboré en aciérie, les fours de fonderie Le décapage a pour but l’élimination de la couche d’oxyde formée
étant en général peu adaptés à leur élaboration. lors de la transformation à chaud, du traitement thermique ou du
soudage des produits. Cette élimination est nécessaire pour éviter
l’incrustation de particules d’oxyde à la surface du métal lors des
opérations ultérieures des la transformation comme le laminage à
5.5 Traitements thermiques froid ou l’étirage.
Le décapage du nickel non allié et des alliages nickel-cuivre après
transformation à chaud s’effectue dans les conditions suivantes.
Nous avons vu au paragraphe 5.2 les précautions qui doivent être
prises en ce qui concerne les atmosphères de chauffage de ces allia- ■ Pour le nickel on emploie successivement :
ges. Les conditions de traitement thermique des alliages de cet article — le décapage dans une solution d’acide chlorhydrique [500 cm3
sont présentées dans le tableau 11. Elles peuvent être divisées en d’acide de densité 1,16 (32 % en masse) pour 1 000 cm3 d’eau] à
deux catégories. (0) 30 g/L de chlorure cuivrique ;
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P
O
U
Alliages de nickel R
résistant à la corrosion humide
E
N
par Paul BLANCHARD
Ingénieur de l’École des mines de Paris
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(USA) (USA)
UNS NO2200
(RFA)
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Duranickel 301
Ni99LC NW2201 B160-163 UNS NO2201
UNS NO3301
2.4061-2.4068
P Alliage G
Alliage G30
NC22FeDU B581-582 619-622
SB581-582 619-622-626
UNS NO6007
UNS NO6030
2.4625
L Alliage 718
(1) Normalisation en cours.
NC19FeNb NW7718 B637-670 UNS NO7718 2.4668
U
S