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DEMOCRATIQUE
DU CONGO
GUIDE DE CIBLAGE
DES BENEFICIAIRES
DES ACTIVITES DU
PAM EN RDC
AOUT 2011
Document de travail N°1
VAM
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1 CONTEXTE ........................................................................................................................................ 3
6 Démarche préconisée le processus de ciblage pour les activités du PAM en RDC ........................ 7
6.6 Quelques cas spécifiques de ciblage (IDPs, retournés, catastrophes naturels) .................... 14
8 Conclusion ..................................................................................................................................... 17
1 CONTEXTE
L’objectif de ce guide méthodologique est de fournir des outils et une démarche systématique
pour mieux cibler des bénéficiaires pour les opérations du PAM en RDC.
La République Démocratique du Congo (RDC) est confrontée depuis plusieurs décennies à des
conflits de tout genre qui ont affaibli l’autorité de l’état dans la majeure partie du pays
notamment à l’Est, déstabilisé les institutions de gouvernance politique, économique et sociale.
Les violences et le climat d’insécurité quasi généralisés générés par ces conflits ont engendré des
déplacements massifs de population avec comme conséquence une diminution drastique de la
capacité de ces populations à se prendre en charge et une forte dépendance de l’assistance
humanitaire. En dépit de la fin officielle des hostilités en 2003 et de l’organisation d’élections
démocratiques en 2006, le pays continue d’enregistrer des déplacés internes (IDPs) et des
populations réfugiées avec comme conséquence une détérioration continue de la situation
humanitaire dans le pays.
C’est dans ce contexte que les activités du PAM sont conduites dans le pays à travers une
opération d’urgence destinée à apporter une aide alimentaire d’urgence aux déplacés, réfugiés,
retournés ainsi qu’aux populations hôtes dans la Province Orientale. Le reste du pays étant
couvert par le programme d’intervention de secours et de redressement destiné à renforcer et
protéger les moyens de subsistance et à créer des actifs. La grande étendue du pays et le
caractère très variable et complexe de la situation alimentaire et nutritionnelle qui y prévaut
exige une adaptation des interventions à la nature des besoins. Bien cibler les ménages
bénéficiaires devient dans ce cas un défit permanent pour assurer une meilleure efficacité des
programmes du PAM dans le pays.
2 Cadre général;
Le ciblage peut être défini comme l’ensemble du processus permettant d’identifier dans
une population donnée, des individus présentant certaines caractéristiques communes.
Ces caractéristiques peuvent être directement observables ou non. Par exemple le
processus de ciblage dans le cadre d’un programme destiné à soigner les malades de la
lèpre sera relativement plus facile que celui destiné à apporter une assistance
alimentaire aux populations les plus vulnérables. Dans le premier cas le critère de
sélection est physiquement observable alors que dans le second cas il est plus difficile et
plus complexe à établir. De même le processus de ciblage dans le cadre des programmes
qui obéissent à des processus d’auto ciblage sera également plus facile à mettre en
œuvre. Dans la plupart des cas, le problème de ciblage se pose malheureusement avec
acuité et en règle générale il n’y a pas de méthode parfaite universelle pouvant être
appliquée partout. Le ciblage est mis en œuvre aussi bien par les autorités publiques que
privées et humanitaires (banques, assurance, marketing, assistance sociale…) et souvent
désigné de manière différente et se fait toujours sous contrainte soit motivée par le
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Dans les pays où le taux pauvreté et d’insécurité alimentaire sont très élevés, le nombre
de bénéficiaires potentiels de programme d’assistance alimentaire ou de réduction de la
pauvreté devient très élevé alors que les ressources sont généralement insuffisantes. En
outre, les coûts élevés de la collecte d’information, l’asymétrie de l’information, les
difficultés à obtenir l’adhésion totale et neutre des communautés et des autorités
locales, la faiblesse des capacités des partenaires d’implémentation des programmes
sont également autant d’éléments qui affectent négativement le ciblage avec comme
conséquence des erreurs d’inclusion ou d’exclusion selon le cas parfois très élevées. Ceci
est particulièrement vrai pour les activités du PAM qui sont parfois mises en œuvre dans
des zones rurales très reculées avec une faible présence des partenaires et des capacités
techniques relativement faibles y compris au niveau du gouvernement local.
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i) l’auto sélection qui n’impose pas de conditions d’éligibilité mais repose sur la
mise en œuvre d’incitations qui encouragent la participation des plus
démunis et découragent les plus nantis. Les incitations s’appuient sur
l’existence de différences entre pauvres et non pauvres du point de vue de
leurs coûts d’opportunité à participer ou non au programme. En d’autres
termes, les mécanismes d’attribution font en sorte que le coût implicite de la
participation au programme soit proportionnel au niveau de revenu ou de
richesses des participants1 ;
ii) Le ciblage par critère d’éligibilité consiste à identifier les bénéficiaires des
programmes à mettre en œuvre à partir de leurs caractéristiques. Les critères
définis portent généralement sur un indicateur de niveau de vie (Mean
testing) ou sur des variables supposées corrélées au niveau de vie (Proxy-
mean testing) ;
1
Insécurité alimentaire chronique et transitoire au Niger : décembre 2009 – Justin BEM (World Bank)
6
Proxy-mean- - Faible risque de Critère de sélection pas toujours Convient aux politiques dont
testing manipulation du bien compris l’objectif est la réduction de la
critère de sélection pauvreté et de l’insécurité
Dépend de la technique alimentaire
- Sélection des statistique choisie
bénéficiaires à partir
d’une enquête rapide Nécessite en plus de l’existence
et légère de données secondaires une
collecte de données primaires
additionnelles
Communautaire Prise en compte des Risque de détournement des Programme de faible ampleur
spécificités locales critères de sélection, d’atteinte à (peu de bénéficiaires possibles,
la cohésion sociale dans la faibles montants distribués,
communauté durée réduite du programme)
Géographique Peut être rapide avec Efficacité du ciblage très Niveaux de pauvreté ou de
des données dépendante de la qualité des vulnérabilité homogènes à
secondaires données disponibles. Coûts l’intérieur des zones
uniquement élevés s’il y a nécessité de géographiques et hétérogènes
collecter des données primaires. entre les zones
Auto-sélectif Coût du ciblage quasi Coûts privés parfois important Capacités institutionnelles ou
nul puisque les individus doivent administratives peu
renoncer parfois à leurs propres développées
activités
Comportements de
consommation ou d’offre de
travail des pauvres et des non
pauvres bien distincts.
Dans les faits, l’expérience montre que les ciblages les plus efficaces sont plutôt une
combinaison de différentes méthodes en raison notamment du caractère non homogène
des populations parmi lesquelles la sélection doit être faite.
2
Insécurité alimentaire chronique et transitoire au Niger : décembre 2009 – Justin BEM (World Bank)
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Pour le PAM, le ciblage est nécessaire pour garantir que les ressources limitées sont
utilisées au mieux et que l’assistance alimentaire soit fournie à ceux qui en ont
réellement besoin.
En effet les résultats des évaluations permettent tout au plus d’établir des
caractéristiques générales des personnes les plus vulnérables qui ont besoin
d’assistance alimentaire mais ne permettent d’identifier ou d’établir une liste
nominative des personnes qui ont effectivement besoin de tel ou tel type d’assistance. Si
l’identification des zones géographiques se fait plus ou moins clairement, cette dernière
phase du processus est plus difficile et fait souvent l’objet de polémiques de tout genre.
Il n’y a pas à ce stade une démarche systématique pour sélectionner les ménages ou les
individus bénéficiaires.
Les enquêtes nutritionnelles et de sécurité alimentaire sont quant à elles plus fréquentes
et relativement plus faciles à conduire et à mettre en œuvre et permettent d’affiner
souvent ce premier niveau de ciblage à l’échelle territoriale voire au niveau des districts.
Ce qui permet d’opérer une hiérarchisation des territoires dans les provinces identifiées
en fonction de leur niveau d’insécurité alimentaire. Elles ont l’avantage d’avoir une
périodicité plus élevée et sont souvent plus à jour.
Dans la plupart des cas, ce deuxième niveau de ciblage s’avère aussi insuffisant pour
bien identifier les zones à l’intérieur des territoires qui sont les plus affectées. Pour y
remédier, on peut s’appuyer sur une analyse rapide des données secondaires (enquêtes
récentes localisées conduites dans certains territoires, rapports de mission…). Les
résultats de cette analyse doivent être partagés et discutés avec les partenaires et
autorités locales pour validation. Il peut être également utilise d’utiliser les résultats
récents de l’analyse IPC (Integrated Phase Classification de la FAO) pour préciser les
zones les plus affectées par l’insécurité alimentaire à l’intérieur des territoires.
Il peut s’avérer également nécessaire de conduire une mission conjointe rapide dans le
territoire pour mieux identifier les zones les plus affectées si cela est possible.
Une fois les zones géographiques identifiées à l’intérieur des territoires, il est encore
parfois nécessaires s’il ne s’agit pas de distribution générale d’urgence d’établir à cette
étape une liste des villages. A ce niveau l’implication des autorités au niveau des secteurs
et des groupements ainsi que des ONGs qui travaillent dans ces communautés est
cruciale et indispensable.
une sélection biaisée. Les expériences montrent qu’elle permet néanmoins d’établir une
liste de bénéficiaires avec moins de contestation.
Ces coefficients seront estimés à partir des enquêtes EFSA approfondie ou des CFSVA et
pourront être utilisés jusqu’à l’établissement de nouvelles pondérations issues d’une
nouvelle enquête. Les coefficients ainsi déterminés serviront à construire le score mais
doivent être en même temps très corrélées à la consommation alimentaire des ménages.
En d’autres termes elles doivent avoir un pouvoir explicatif de l’insécurité alimentaire
courante des ménages élevé.
Exemple : construction d’une fonction score pour le ciblage à partir des données
du Liberia, les données sont issues de la CFSVA conduite en 2010
A partir des données de cette enquête de référence, un modèle statistique est construit
entre le score de consommation alimentaire qui mesure la sécurité alimentaire des
ménages et un certain nombre de variables indépendantes (caractéristiques socio
démographiques et économiques, éducation, statut de l’emploi, transfert, milieu de
résidence et localisation géographique, les biens possédés) supposées très liées à la
consommation alimentaire courante du ménage. La méthode statistique permet
justement de tester et de mesurer le degré de liaison entre la consommation alimentaire
et les variables choisies. Le résultat final de cette estimation est affiché dans le tableau
suivant :
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A partir de ce modèle, on peut établir un questionnaire avec les différentes variables qui
sera administré aux ménages bénéficiaires potentiels afin de décider de leur éligibilité
ou non. La fiche d’identification rapide des ménages bénéficiaires peut se présenter sous
la forme suivante à partir de cet exemple ci-dessous. Le principe consiste à recueillir la
valeur actuelle des variables retenues dans le modèle à l’aide d’un questionnaire
généralement très court comportant ces variables. A l’aide d’une calculatrice,
l’enquêteur peut faire automatiquement le calcul sur le terrain et déterminer si le
ménage est éligible ou pas selon les critères définis par le modèle. L’exemple permet de
construire pour le ménage un score de consommation alimentaire de 41 à partir des
observations. Ce score peut être directement comparé aux seuils retenus pour le score
de consommation alimentaire pour décider si oui ou non le ménage en question est
éligible. Dans le cas de cet exemple le seuil retenu est de 35 (consommation alimentaire
pauvre et limite). Tous les ménages qui ont un score en deçà de cette valeur sont
éligibles tandis que ceux ayant un score au dessus de cette valeur ne sont pas éligibles.
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3
Pondération issue du modèle de régression
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Seuil variable
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Responsable : VAM
Responsable : VAM
Etape3 : Ciblage des ménages
En vue de prendre en compte cette réalité, il est préconisé une évaluation de la capacité
d’autosuffisance des ménages après 3 ou 6 mois selon le cas. Sur la base des résultats de
cette évaluation, on peut recommander d’opérer un ciblage pour adapter le type de
programme aux besoins. Par exemple on peut décider de continuer la distribution
gratuite pour les ménages les plus vulnérables avec la ration complète mais de fournir
une ration incomplète ou même de fournir une autre catégorie d’intervention (FFW,
CFW, Cash transfert, Activités Génératrices de Revenus : AGRs…).
D’une façon générale, l’intégration des déplacés en famille d’accueil est meilleure et
relativement plus facile mais en retour ils doivent partager leur ration alimentaire ou
payer certains types de loyers aux familles d’accueil. Le ciblage dans ce cas de figure
s’avère plus complexe avec des coûts sociaux plus élevés. Il est socialement par exemple
mal vu de cibler uniquement les ménages déplacés et non les ménages d’accueil ou de
cibler seulement les ménages d’accueil ainsi que les déplacés et laisser les populations
hôtes. Il est donc clair que dans ce cas de figure il faut prévoir un paquet d’intervention
en tenant compte des populations locales elles mêmes tout aussi vulnérables. Dans les 3
ou 6 premiers mois qui suivent le déplacement, l’aide alimentaire pourrait cibler
prioritairement les ménages déplacés ainsi que les familles d’accueil mais au bout de ce
temps une évaluation est nécessaire pour déterminer à la fois le niveau de vulnérabilité
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de la population déplacée mais également des populations hôtes et élargir les options
d’intervention (FFW, CFW, Cantines scolaires…) et ne limiter la distribution gratuite qu’à
la catégorie identifiée comme la plus vulnérable.
Le ciblage pour les activités de cantines scolaires se fait en deux étapes : i) au niveau
géographique ; ii) au niveau des écoles. Le processus de ciblage doit être initié en
collaboration avec les autorités et les responsables de l’éducation de la zone, l’UNICEF
ainsi que les autres partenaires.
5
FAO (2003). Ciblage et amélioration de la nutrition, Guide de référence
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établis rendant encore davantage ce contrôle continue indispensable pour leur succès.
L’unité de suivi évaluation (M&E) a un rôle très important à jouer dans ce processus de
contrôle. L’efficacité d’un ciblage est mesuré par sa capacité à inclure le plus grand
nombre possible de membres d’un groupe cible spécifié et à exclure de la participation
les membres du groupe non ciblé. Les paramètres clé de cette évaluation sont les erreurs
d’inclusion et d’exclusion ainsi que les taux de non participation et de perte.
Participant A C A+C
Les ménages affectés par l’insécurité alimentaire qui ne participent pas au programme
constituent l’erreur d’exclusion [B]. Les ménages en sécurité alimentaire qui participent
au programme constituent l’erreur d’inclusion [C]. Plus ces erreurs sont petites plus le
ciblage est efficace.
Dans un ciblage parfait, les taux de non participation et de perte sont égaux à zéro (parce
que les erreurs d’inclusion et d’exclusion sont elles mêmes nulles)
([A]/[A+B]) – ([C]/[A+C]). Dans un ciblage parfait, le résultat sera égal à 1 alors que dans
un plan de ciblage complètement imparfait le résultat sera égal à – 1 tandis que un
résultat égal à 0 indique qu’il y a eu une absence totale de ciblage et que les ménages ont
été sélectionnés au hasard. L’objectif est donc d’obtenir un résultat le plus de 1 possible.
Afin de pouvoir calculer ces indicateurs, le dispositif de suivi (PDM) doit inclure
dans son échantillon aussi bien des ménages bénéficiaires que des ménages non
bénéficiaires.
8 Conclusion
Il est clair que le ciblage joue un rôle important dans la réussite d’un programme
d’assistance alimentaire. Le présent document a tenté de proposer une démarche
systématique pour améliorer le ciblage des populations vulnérables pour les différentes
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activités du PAM en RDC et constitue dans ce cadre une référence importante pour le
programme. Des études de cas permettent d’illustrer le processus ainsi que le rôle et la
responsabilité de chaque unité établie selon les étapes du processus de ciblage. Les
étapes sont i) le ciblage géographique ii) le ciblage communautaire des villages iii) le
ciblage des ménages ou des individus qui peut se faire soit à l’aide d’un ciblage
communautaire (si on a pas suffisamment d’informations), soit à l’aide d’une
méthodologie de scoring (proxy mean testing) ou une combinaison des deux et
finalement iv) l’évaluation et le contrôle du ciblage.
La première étape du ciblage qui est celle géographique est généralement faite sur la
base des résultats des enquêtes VAM qui proposent également aussi des critères
généraux de ciblage. Le document suggère que la définition des critères soit plus
élaborée à l’aide de modèle statistique (proxy mean testing) afin de retenir les critères
les plus pertinents et les plus déterminants de l’insécurité alimentaire courante. Une fois
cette étape franchie, une réunion de validation est nécessaire et de préférence avec le
partenaire de mise en œuvre et les autorités locales pour valider ces critères et d’ajouter
au besoin ceux que la communauté et les autorités trouvent pertinents mais qui ne
figurent pas dans le modèle. A l’aide de ces critères, on peut suggérer aux autorités et au
partenaire d’implémentation d’établir une première liste si la population cible est
importante. Ensuite une seconde étape serait d’identifier parmi cette liste pré établie les
ménages qui remplissent effectivement les critères à l’aide du modèle. Mais dans le cas
contraire où la population cible n’est pas nombreuse, on peut procéder directement à
cette vérification. En vue d’assurer une meilleure efficacité du ciblage dans le temps il
est nécessaire qu’un système de contrôle et de suivi soit mis en place pour ajuster les
critères mais également déterminer les ménages qui doivent sortir du programme ou
dont la ration devrait être réduite.
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Enquêtes SRMS ;
Analyse de la réponse
Au-delà de 3 mois
Non