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REPUBLIQUE DU CONGO
Projet TELEMA
1
TABLE DES MATIERES
RESUME ..................................................................................................................................................................... 3
INTERVENANTS ET MODE OPERATOIRE........................................................................................................ 3
I - LE SECTEUR ET LES ENJEUX ......................................................................................................................... 5
1.1 - PRESENTATION DU SECTEUR .................................................................................................................. 5
1.2 - POLITIQUE DU GOUVERNEMENT ............................................................................................................. 6
1.3 - IMPORTANCE POUR LE PAYS ................................................................................................................... 7
II - LE BENEFICIAIRE............................................................................................................................................. 7
2.1 - PRESENTATION DE LA CONTREPARTIE .................................................................................................... 7
2.2 - ACTIVITE................................................................................................................................................ 8
2.3 - SITUATION FINANCIERE DE LA CONTREPARTIE ....................................................................................... 9
III - LE PROJET....................................................................................................................................................... 10
3.1 - OBJECTIFS ............................................................................................................................................ 10
3.2 - CONTENU DU PROJET............................................................................................................................ 10
3.3 - INTERVENANTS ET MODE OPERATOIRE ................................................................................................. 13
IV - EVALUATION DES IMPACTS DU PROJET .............................................................................................. 14
4.1 - CONTRIBUTION DU PROJET AUX ENJEUX DU DEVELOPPEMENT DURABLE ............................................. 14
4.2 - COHERENCE AVEC LA STRATEGIE CLIMAT ............................................................................................ 15
4.3 - SUIVI-EVALUATION ET INDICATEURS ................................................................................................... 15
4.3.1 - Dispositif de suivi-évaluation .............................................................................................................. 15
4.3.2 - Indicateurs d'impact : .......................................................................................................................... 15
V - EVALUATION DES RISQUES ........................................................................................................................ 16
5.1 - RISQUES TECHNIQUES ET OPERATIONNELS ........................................................................................... 16
5.2 - RISQUES INSTITUTIONNELS ET JURIDIQUES........................................................................................... 16
5.3 - RISQUES ENVIRONNEMENTAUX ET SOCIAUX ........................................................................................ 16
VI - FINANCEMENT DU PROJET ....................................................................................................................... 16
6.1 - COUT ET PLAN DE FINANCEMENT (TTC) .............................................................................................. 16
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GLOSSAIRE
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Projet d’opérationnalisation de la Politique Nationale d’Action Sociale - TELEMA
RESUME
Contexte et enjeux stratégiques du projet
Environ la moitié de la population congolaise vit en dessous du seuil de pauvreté et est en
situation de vulnérabilité sur le plan économique. Les différents documents stratégiques du
Congo soulignent le rôle joué par la protection sociale pour réduire la vulnérabilité de la
population à large échelle. Plus précisément, la Politique Nationale d’Action Sociale élaborée en
2011 et adoptée en 2014 a pour objectif de « fournir à l’ensemble de la population un socle de
protection sociale non contributive, c’est-à-dire un paquet de mesures de base, en vue de réduire
la vulnérabilité des ménages et des individus, de les aider à mieux gérer les risques sociaux et de
leur garantir la dignité humaine ». L’analyse de l’action sociale suit l’approche des « 4 P » :
prévention, protection, prise en charge et promotion. Ces différents volets sont sous-développés
au Congo, en particulier le volet promotion visant l’autonomisation économique des populations
vulnérables pour assurer une sortie durable de la pauvreté. Le Ministère des Affaires sociales, de
l’Action Humanitaire et de la Solidarité (MASAHS) en charge de la mise en œuvre de cette
politique est fortement contraint par ses moyens humains, financiers et techniques.
Depuis 2011, l’AFD a octroyé sur C2D deux projets dans le secteur de la protection sociale avec
la même contrepartie visant d’une part la création de l’Institut National du Travail Social
(4 Meuros) et le cofinancement avec la banque mondiale d’un système de filets sociaux
(8 Meuros). Des mutualisations importantes sont à prévoir entre ces trois projets ainsi qu’avec
d’autres projets soutenus par d’autres bailleurs (BAD, PAM). La France dispose d’une expertise
reconnue en matière de protection sociale, vecteur d’élévations des normes sociales. Celle-ci est
d’ailleurs fortement mobilisée sur les projets en cours.
Objectifs et contenu du projet
L’objectif global du projet TELEMA (qui signifie Debout !) est de contribuer à
l’opérationnalisation de la politique nationale d’action sociale du Congo, en particulier sur le
volet « promotion » du capital humain.
Trois objectifs spécifiques sont poursuivis:
- déployer, à une échelle pilote (10 Circonscriptions d’action sociale CAS ciblées), une
approche promotionnelle qui vise l’autonomisation économique des populations
vulnérables, en vue de leur sortie durable du dispositif d’assistance (mécanismes
d’identification, accueil, orientation, accompagnement par la mise en œuvre notamment
de programmes d’alphabétisation, de formations courtes ou d’appui à l’entreprenariat) ;
- contribuer à la mise en œuvre du Système National d’Information sur l’Action Sociale
(SNIAS) afin de collecter des données sociales de qualité au niveau local, les analyser en
vue de mieux suivre et évaluer les programmes mis en place. La réalisation de cet
objectif nécessitera l’acquisition d’équipements informatiques, de transport afin
d’accompagner le travail de collecte sur le terrain. Le SNIAS sera dans un premier temps
testé sur 10 CAS avant d’être déployé à l’échelle du territoire ;
- renforcer les capacités d’intervention et de pilotage du MASAHS grâce à un dispositif
important d’assistance technique et de formation.
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I - LE SECTEUR ET LES ENJEUX
La vulnérabilité se manifeste différemment selon les régions, les villes, les catégories de
populations, etc. Ainsi, la pauvreté est plus marquée en milieu rural où elle s’est accrue entre
2005 et 2011, passant d’une incidence de 65% à 75% en 20113. Les discriminations dont
souffrent certaines populations (autochtones, personnes handicapées, personnes âgées chefs de
famille, enfants des rues, jeunes filles et filles-mères…) aggravent leur vulnérabilité.
Une protection sociale (contributive et non contributive4) d’ampleur limitée
L’accès des populations à la protection sociale est souvent lié à l’emploi formel, à travers le
paiement des cotisations par les employés et/ou leurs employeurs (protection sociale
contributive). Dans un contexte où près de 80% des actifs sont occupés dans le secteur informel,
l’écrasante majorité de la population et surtout ceux qui sont parmi les plus vulnérables,
est donc exclue des mécanismes de protection sociale contributive. Cette situation nécessite la
1
Selon l’Enquête Congolaise auprès des Ménages (ECOM) réalisée en 2011, la pauvreté touche 37,5% des ménages
congolais, représentant 46,5% de la population.
2
On peut désigner par personne vulnérable celle qui est menacée dans son autonomie, sa dignité et son intégrité
physique ; il s’agit de personnes dans l’incapacité de protéger ses propres intérêts, dont la capacité ou liberté de
donner ou refuser leur consentement peut être limitée. Selon M-H Soulet, « la vulnérabilité désigne une potentialité
à être blessé » (« La vulnérabilité comme catégorie de l’action publique » - revue pensée plurielle, 2005/2).
3 Pas de données plus récentes disponibles.
4
La protection sociale désigne l’ensemble des mécanismes de prévoyance collective qui permet aux individus et aux
ménages de faire face aux « risques sociaux » susceptibles de compromettre leur situation économique. Une
prestation est dite contributive lorsqu'elle est versée en contrepartie de cotisations. A l'inverse, les prestations non
contributives relèvent d'un mécanisme de solidarité et non pas d'assurance.
5
mise en place de mesures d’assistance sociale (protection sociale non contributive) afin de
répondre aux besoins des populations les plus vulnérables et améliorer leur résilience.
La branche non contributive de la protection sociale portée par le MASAHS inclut « l’ensemble
des mesures qui visent la prévention et la gestion des risques, la réduction de la vulnérabilité aux
risques, la réduction de leurs impacts néfastes sur les familles/individus et la garantie de la
dignité humaine ». L’action sociale suit l’approche des « 4 P » : prévention, protection, prise
en charge et promotion.
Le volet préventif de l’action sociale vise la réduction ex ante de la vulnérabilité aux risques et
de leurs conséquences néfastes pour le bien-être. Il est mené par le MASAHS et par quelques
acteurs non gouvernementaux sous forme d’activités de sensibilisation des populations, mais
aussi d’écoute, de conseil et de négociation auprès des individus et leurs familles (facilitation de
l’enregistrement des enfants à l’état civil, lutte contre les discriminations envers les populations
autochtones, etc.). Ces activités de prévention restent généralement peu étendues.
Les aides sociales de Protection (sous forme monétaire, matérielle ou médicale) et l’octroi de
certificats d’indigence sont d’envergure très limitée. Le Congo n’a pas établi des programmes
de transferts sociaux réguliers et prévisibles à large échelle, comme des pensions sociales de
retraite, des allocations familiales ... Plusieurs partenaires techniques et financiers (PTF)
accompagnent toutefois le gouvernement congolais dans la mise en place de programmes pilotes.
Ainsi, le Programme Alimentaire Mondial (PAM) a initié un projet de transferts alimentaires
conditionnels, tandis que la Banque Mondiale et l’AFD financent un projet de transferts
monétaires conditionnels5 (programme LISUNGI).
Les services de prise en charge sont généralement éparpillés et insuffisants par rapport à
l’étendue des problèmes auxquels ils prétendent donner des réponses. C’est notamment le cas
des services pour enfants de la rue, enfants victimes de la traite, personnes âgées et personnes
handicapés, populations autochtones. Par ailleurs, le système se caractérise par un manque de
formalisation des aides sociales (absence de manuel de procédures, de critères d’éligibilité
claires pour l’approbation des aides, de règles claires concernant les montants des aides) et
d’absence de pilotage des établissements sous l’égide du MASAHS (pas d’agrément).
Enfin, l'autonomisation des populations vulnérables à travers leur insertion dans la vie
économique ou « inclusion productive » est devenue un des axes centraux de la politique
nationale d'action sociale (Volet Promotion), afin de permettre une sortie durable de la
pauvreté. L'idée n'est pas entièrement nouvelle : le Congo dispose depuis les années 80 d'un
réseau de Centres de Promotion Sociale (CPS) qui offrent de la formation professionnelle en
faveur d’individus démunis. Néanmoins, l’étendue de ce volet est aussi très limitée (250
bénéficiaires en 2010). L’initiative de « promotion » la plus importante est le Projet d’Appui à la
Réinsertion Socioéconomique des Groupes Défavorisés6 (PARSEGD), financé depuis 2006 par
la BAD et le gouvernement du Congo, et dont les impacts sont en cours d’évaluation.
1.2 - Politique du gouvernement
Dans son projet de société intitulé « le chemin d’avenir », le président de la République du
Congo, Denis Sassou N’Guesso, a affiché la volonté d’accorder une attention particulière au
développement du capital humain. Il propose notamment d’« étendre la protection sociale, dans
ses aspects de base, à l’ensemble de la population». En conséquence, le document de Stratégie
5
Il s’agit de transferts en espèces pour lesquels les bénéficiaires prennent un engagement en contrepartie : aller à
l’école, se faire vacciner…Le programme bolsa familia au Brésil est l’exemple le plus connu car il a contribué à la
réduction de la pauvreté, à l’augmentation du taux de scolarisation et de vaccination de la population en octroyant
une bourse aux familles les plus pauvres en échange de l’assiduité scolaire et du respect de consultations médicales.
6
Le PARSEGD a pour objectif de favoriser l’insertion socio-économique des groupes vulnérables et inclut la mise
en œuvre de travaux à haute intensité en main d’œuvre (HIMO), le renforcement de la formation professionnelle, la
promotion de très petites entreprises et le renforcement de la microfinance.
6
pour la Croissance, l’Emploi et la Réduction de la Pauvreté 2012-2016 met en exergue
l’importance de la problématique de l’inclusion sociale. Ce document prévoit la mise en place de
nouveaux programmes de protection sociale non contributive.
Afin de faciliter leur mise en œuvre et d’assurer la cohérence du dispositif d’action sociale, le
Congo a élaboré en 2011, avec l’appui de l’UNICEF, une politique sectorielle, la Politique
Nationale d’Action Sociale (PNAS), politique adoptée en 2014. La PNAS a pour objectif global
de « fournir à l’ensemble de la population un socle de protection sociale non contributive, c’est-
à-dire un paquet de mesures de base, en vue de réduire la vulnérabilité des ménages et des
individus, de les aider à mieux gérer les risques sociaux et de leur garantir la dignité humaine ».
La PNAS est structurée en 3 axes :
- Axe 1 : Prestation des services d’action sociale en faveur des groupes sociaux vulnérables
(enfants, personnes âgées, populations autochtones et personnes handicapées) ;
- Axe 2 : Transferts sociaux (démarche d’assistance) et autres mesures visant la réduction
de la vulnérabilité à large échelle (démarche promotionnelle) ;
- Axe 3 : Renforcement du cadre juridique et institutionnel, des capacités et ressources du
système d’action sociale pour construire un système fort d’action sociale.
1.3 - Importance pour le pays
Le Congo est doté d’un potentiel important de développement7. Cependant, ses ressources
humaines ne sont pas ou peu mobilisées. Pour optimiser son développement économique, le
pays devrait pouvoir s’appuyer sur sa population dès lors qu’elle sera dotée de capacités à
participer à cet essor économique par une politique d’éducation et de formation adéquate.
La protection sociale et la promotion de l’emploi contribuent à stimuler la croissance, tant
en développant et protégeant le capital humain qu’en réduisant les inégalités et en
favorisant la cohésion sociale.
Cependant, au Congo, ce plaidoyer en faveur des politiques sociales intervient dans un contexte
économique difficile. Le pays a dû faire face à la chute du cours du pétrole, ce qui a obligé le
gouvernement à ralentir le rythme des dépenses publiques en 2015 afin d’ajuster sa politique
budgétaire8. Convaincus que les problématiques sociales sont articulées à la question
économique, la Ministre tout comme les agents du MASAHS, sont déterminés à soutenir que
l’action sociale s’inscrit dans une dynamique d’investissement (plus que de coût), véritable
levier à l’égard du développement économique du pays.
II - LE BENEFICIAIRE
2.1 - Présentation de la contrepartie
Le concours sera octroyé à la République du Congo. Il mobilisera les ressources du second
Contrat de Désendettement et de Développement, signé le 10 décembre 2014 entre la France et
le Congo (enveloppe globale de 149 millions d’euros sur la période 2015-2019).
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« Le pays détient d’importantes réserves de pétrole, de vastes forêts naturelles (près de 22 millions d’hectares) et une grande
superficie de terres arables (10 millions d’hectares). Il possède également un réseau hydrographique très développé, un climat
favorable à l’agriculture, des ressources minières et une biodiversité qui revêt une importance mondiale et contribue à lutter
contre le changement climatique en régulant les gaz à effet de serre. À cela s’ajoute une position géographique stratégique en
Afrique centrale, avec une façade maritime de 170 kilomètres sur l’océan Atlantique et un port en eau profonde à Pointe-Noire
dont pourrait bénéficier l’ensemble de la sous-région... Si le pays a commencé à enregistrer une croissance économique tirée par
ses ressources naturelles, ses indicateurs sociaux restent faibles en comparaison d’autres États ayant un profil similaire.
Dotée d’importantes ressources naturelles et abritant une population peu nombreuse (4,1 millions d’habitants), située
essentiellement dans les trois plus grands centres urbains, la République du Congo a le potentiel de devenir une économie
émergente au cours des 15 à 20 prochaines années... » (Banque mondiale, 2016).
8
Les recettes de l’État, qui avaient augmenté de 13 % en moyenne entre 2011 et 2013, ont baissé de 26 % en 2014-2015. La
réduction des dépenses publiques a permis de compenser la diminution substantielle des recettes pétrolières.
7
La maîtrise d’ouvrage sera confiée au Ministère des Affaires Sociales, de l’Action
Humanitaire et de la Solidarité (MASAHS). L’AFD travaille avec le MASAHS depuis 2011 à
travers deux projets : le projet CCG 10959 visant à créer l’institut national en travail social
(INTS) et le projet CCG 112510 de transferts monétaires conditionnels (LISUNGI).
Le MASAHS s’est doté en 2014 d’une politique sectorielle, la Politique Nationale d’Action
Sociale (PNAS) qu’il entend désormais décliner. Il souhaite porter une attention particulière à i)
la définition d’une offre de services bien ciblés, efficaces et pérennes favorisant l’autonomisation
économique des populations vulnérables, ii) la collecte et la gestion de l’information pour mieux
piloter l’action publique et au iii) renforcement des capacités du MASAHS à tout niveau. Dans
ce but, le MASAHS a noué des partenariats avec différentes institutions internationales (Banque
Mondiale, Banque Africaine de Développement, Programme Alimentaire Mondial, UNICEF),
françaises (Institut Social de Lille, Université Aix Marseille) et organisations de la société civile
afin de bénéficier des compétences qui font encore défaut au Congo.
Le MASAHS inclut 134 structures : 13 Directions Départementales d’Action Sociale (DDAS),
104 Circonscriptions d’Action Sociale (CAS), 17 autres établissements. La mise en œuvre de la
politique nationale d’action sociale est assurée par les Circonscriptions d’Action Sociale
(CAS), services déconcentrés du MASAHS (cf. Annexe 5). Les CAS sont les premiers points
de contact avec les populations. Elles sont censées assurer un minimum de service d’accueil,
d’écoute, de diagnostic, de suivi et de référence vers les services ou institutions spécialisées. Les
CAS se divisent en « secteurs d’action sociale » au niveau des quartiers ou regroupements de
villages et en sous-secteurs pour être encore plus proches des populations. Il est à noter que des
agents sociaux sont également affectés dans des établissements sociaux (écoles, hôpitaux,
maisons d’arrêt, etc.) et dans les entreprises. Les CAS travaillent et partagent l’information avec
plusieurs autres partenaires impliqués dans l’action sociale, sur la quasi-totalité des profils de
vulnérabilité (institutions spécialisées – souvent confessionnelles - sous la tutelle du MASAHS11,
entités privées ou non gouvernementales12). Ces institutions, concentrées quasi exclusivement
dans les villes, notamment à Brazzaville et à Pointe-Noire, ont des capacités d’accueil réduites.
2.2 - Activité
Le MASAHS a procédé en juillet 2016 à un état des lieux de ses forces et faiblesses en réalisant
à la fois un diagnostic de la vulnérabilité, une analyse des programmes existants et une analyse
de son cadre institutionnel, ses capacités et ressources. Il en ressort les constats suivants:
Une offre de services d’action sociale sous développée, mal définie et fortement centralisée
Comme mentionné précédemment, l’analyse de l’action sociale suit l’approche des « 4 P »
(prévention, protection, prise en charge et promotion). Ces différents volets sont sous-
développés et non encadrés au niveau juridique et opérationnel.
Premièrement, l’offre de services du MASAHS n’est pas légalement définie. En raison de
l’absence de loi de cadrage sur l’action sociale, les agents sociaux fonctionnent sans précision
sur leurs rôles, responsabilités ou encore procédures à suivre en matière d’identification, de
ciblage et d’accompagnement des personnes vulnérables. Il s’agit pourtant d’une des clés de la
qualité des services offerts en matière d’action sociale afin d’orienter les populations vulnérables
9
Projet CCG 1095 – 4 millions d’Euros – Financement C2D.
10
Projet CCG 1125 – 8 millions d’Euros - Financement C2D avec cofinancement de la banque mondiale.
11
A titre d’exemples, complexes crèche-pouponnière-garderie pour les enfants de 0 à 5 ans, institutions spécialisées
pour enfants des rues, pour handicapés, pour l’hébergement de personnes âgées…
12
Un grand nombre d’organisations de la société civile sont impliquées dans les services d’action sociale et dans le
plaidoyer en faveur des groupes les plus vulnérables. L’importance des acteurs non étatiques reflète non seulement
le besoin de compléter les services d’envergure limitée gérés directement par l’Etat mais aussi le rôle grandissant de
la société civile depuis les réformes politiques introduites par les décisions de la Conférence Nationale en 1991.
8
vers les dispositifs les plus adaptés à leurs besoins. Il résulte de ce vide juridique et institutionnel
une grande disparité dans les pratiques des CAS.
Deuxièmement, le système d’action sociale est affaibli par sa forte centralisation. Les CAS
en tant que structures de proximité ne peuvent répondre aux besoins notamment financiers des
personnes vulnérables. Toute demande d’aide sociale d’un montant supérieur à 100 000 FCFA
(152 euros) doit être envoyée à travers la chaine hiérarchique au niveau central pour octroi des
fonds nécessaires par la Direction Générale des Affaires Sociales (DGAS). Cette forte
centralisation alourdit et ralentit les prises de décision et réduit le rôle décisionnel des CAS.
Enfin, le système d’action sociale mobilise différents acteurs sous l’égide du MASAHS mais
également d’autres organisations. Cependant, il n’existe pas de structure de coordination au
niveau central ou local ni de procédures encadrant leurs services. Cela induit de fortes
disparités dans la qualité des services délivrés, un risque de chevauchement de responsabilités ou
encore de non pérennité des initiatives. Dans le cas de quelques structures privées, notamment de
prise en charge d’orphelins et d’enfants abandonnés, le renforcement de la réglementation et des
capacités d’accréditation s’avère urgent pour assurer le respect de normes d’accueil établies.
Des moyens humains et des dotations techniques du MASAHS insuffisants
Le personnel du MASAHS a doublé depuis 2004 pour atteindre 1650 agents ; 90% d’entre eux
sont affectés au niveau déconcentré (directions départementales et structures sous tutelles), 60%
sont des femmes. En raison de l’arrêt des formations aux métiers du social dans les années 1980
suite à la récession économique qu’a connu le Congo, le secteur pâtit d’un important déficit
en personnel qualifié, tant en administration centrale que sur le terrain. Un tiers seulement
des agents du MASAHS dispose d’un profil « social » (les plus âgés proches de la retraite). Pour
remédier à cette situation, l’AFD a soutenu en 2010 la création de l’Institut National en Travail
Social (INTS) afin de définir et mettre en œuvre des parcours de formation initiale et des
sessions de formation continue pour compenser les départs en retraite.
L’état des lieux souligne également d’autres enjeux clés: (1) la création d’une direction des
ressources humaines, (2), l’élaboration de manuels des procédures et outils sur la gestion
prévisionnelle des emplois et des compétences13, (3) des carrières des agents14, (4) l’élaboration
des formations continues en lien avec le plan de développement des ressources humaines.
La seconde grande contrainte à laquelle le MASAHS fait face est l’insuffisance
d’équipements (moyens roulants, informatique) pour assurer son fonctionnement au
niveau central et déconcentré.
Un système national d’informations sur l’action sociale (SNIAS) non opérationnel
La PNAS prévoit le développement et le déploiement du SNIAS ; un projet de mise en œuvre
a été initié avec l’appui de l’université d’Aix-Marseille. L’enjeu est aujourd’hui de
l’opérationnaliser, de le déployer sur le terrain à travers la formation des personnes, l’acquisition
d’équipements et la mise en œuvre d’une gouvernance appropriée. Actuellement, l’absence de
système statistique permettant de piloter l’action sociale met en péril à la fois la pertinence,
l’impact et la soutenabilité des mesures qui pourraient être proposées.
2.3 - Situation financière de la contrepartie
Malgré l’augmentation de ses crédits budgétaires ces dernières années, le MASAHS reçoit une
part extrêmement faible des dépenses gouvernementales (0.8 % en 2016). En 2016, le budget du
MASAHS était de 26 millions d’Euros dont 3 millions d’Euros attribués à la gestion des biens et
13
Cet outil GPEC permettrait de rééquilibrer l’affectation du personnel en fonction des besoins en compétences (description des
responsabilités et tâches à réaliser / compétences attendues), notamment dans les structures déconcentrées.
14
Cet outil de Gestion des Carrières insisterait sur les incitations et sanctions à apporter afin notamment de réduire l’absentéisme
(en particulier en zones rurales) et encourager la performance des agents. Une coordination étroite sera à penser avec les autres
départements impliqués dans la GRH notamment ceux de la Fonction Publique et des Finances.
9
services. L’état des lieux du MASAHS insiste sur (1) la non maitrise des principes comptables et
des procédures de la chaine de dépenses (2) la faible capacité de mobilisation des fonds des PTF.
En conséquence, l’enjeu est (1) d’élaborer des manuels des procédures comptables et outils de
gestion financière performants afin d’analyser les besoins financiers (au niveau central et
déconcentré) pour concevoir des budgets programmes appropriés, (2) de mettre en œuvre des
formations spécifiques dans le domaine de la gestion financière.
III - LE PROJET
3.1 - Objectifs
L’objectif global du projet TELEMA15 est de contribuer à l’opérationnalisation de la politique
nationale d’action sociale du Congo. Trois objectifs spécifiques sont poursuivis :
Composante 1 : Déployer, à une échelle pilote, une approche visant l’autonomisation
économique des populations vulnérables, en vue de leur sortie durable du dispositif d’assistance
Composante 2 : Contribuer au déploiement du Système d’Informations (SNIAS)
Composante 3 : Renforcer les capacités d’intervention et de pilotage du MASAHS
3.2 - Contenu du projet
COMPOSANTE 1 : AUTONOMISATION ECONOMIQUE DES POPULATIONS VULNERABLES
Le projet TELEMA cible les personnes vulnérables susceptibles de s’insérer dans un parcours
d’inclusion productive, plus précisément : (1) les jeunes sans emplois (en capacité de travailler
ou de poursuivre une formation en vue de l’insertion professionnelle et sociale, cette catégorie
regroupe également les jeunes filles mères), (2) les adultes vulnérables employables (30 à 59
ans), (3) les personnes en situation de handicap et en capacité de suivre une formation ou
travailler. Ne figurent pas dans cette typologie les personnes qui relèvent de l’assistance sociale
(handicap lourd, malades, personnes âgées, etc.). L’enjeu est (1) de développer une offre de
services d’inclusion productive adaptée à ces populations vulnérables, (2) d’expérimenter de
manière progressive cette offre dans 10 CAS (3 CAS la 1ère année, 3 CAS la 2ème année et 4 la
3ème année), (3) de capitaliser afin d’identifier les conditions de l’extension aux autres CAS. Les
10 CAS ciblées se situeront dans 3 départements : Brazzaville, Pointe – Noire, et le Pool.
Volet 1 : Identification, accueil et orientation
L’identification des publics vulnérables est pratiquée de différente manière selon les institutions.
Cela impacte négativement l’efficacité et l’efficience des interventions du MASAHS en raison
des problèmes de fiabilité des données, de dispersion et disparité des services offerts, d’absence
de planification et d’opérationnalisation des mesures correctrices, de chevauchement des
dispositifs. Afin que le MASAHS organise et structure cette étape initiale le projet prévoit de (1)
définir des modes opératoires et des règles garantissant la fiabilité du ciblage et la pertinence des
parcours d’inclusion productive proposés aux bénéficiaires identifiés, et (2) améliorer la qualité
de la collecte des données dans le cadre du SNIAS (cf. supra).
Volet 2 : Procédures d’accompagnement des publics vulnérables
Les leçons tirées16 des projets d’inclusion productive menés en Afrique soulignent la nécessité
d’inscrire les actions dans un parcours constitué dont la mise en œuvre doit être accompagnée
dans la durée afin d’en conserver la cohérence et d’aboutir à l’autonomisation économique.
Réalisé au sein des CAS, par des agents formés à cet effet, cet accompagnement mobilisera des
partenariats avec les institutions publiques et privées en suivant le processus suivant : (1) les
15
TELEMA signifie « Debout ! » en langues Lingala et Kikongo au Congo.
16
"L'insertion des jeunes en Afrique subsaharienne, de quoi parle t-on ?" L'actualité des services aux entreprises,
juin 2013. Les dispositifs d’appui à l’insertion des jeunes en Afrique, Ouvrage conjoint Gret-AFD, 2016.
10
activités relatives à l’accompagnement démarrent une fois l’orientation validée sur le choix d’un
parcours d’inclusion (formation métier ou appui à l’entrepreneuriat), (2) l’entrée dans un
parcours d’inclusion est matérialisée par la signature d’une convention d’accompagnement
(description du parcours et des rôles et responsabilités des CAS et bénéficiaire), (3) les activités
réalisées dans le cadre de l’accompagnement sont les suivantes : mise en relation du bénéficiaire
avec les partenaires, appuis directs à la constitution des dossiers, suivi de la mise en œuvre.
17
Système de Santé (Ministère de la Santé), Système de l’Enseignement Secondaire et Primaire, Systèmes de l’Emploi
(ONEMO, HIMO, ANA, etc.), Système de Formation Professionnelle (PDCE, etc.)
18
Le projet pilote prévoit ainsi l’implication de 52 structures (30 CAS, 5 DDAS, 5 structures sous tutelle (SST), 7 OSC et 5
services sociaux spécialisés des structures hospitalières (CHU, HR), en plus du niveau central.
12
Volet 2 : Développement des compétences techniques des CAS
D’autres appuis techniques ponctuels seront mobilisés pour opérationnaliser des volets
spécifiques du projet tels que la formation, l’entreprenariat, etc.
Volet 3 : Développement des compétences des travailleurs sociaux
Dans le cadre du projet INTS, des programmes de formation initiale des travailleurs sociaux ont
été réalisés ainsi que des programmes de formation continue des cadres du MASAHS ciblant les
compétences en matière de planification stratégique, la gestion et conduite des programmes et
projets, la gestion matérielle et logistique, etc. L’enjeu est aujourd’hui de faire évoluer l’offre de
formation continue de l’INTS pour assurer la montée en compétence des agents des CAS et
autres structures partenaires sur les enjeux du travail social. Ce dispositif devrait permettre de
former des assistants sociaux, éducateurs spécialisés, animateurs de développement social, de
renforcer les compétences des travailleurs sociaux sur i) le volet « inclusion productive » (en
particulier : profilage, conseil en orientation, accompagnement vers la formation, l’auto emploi),
et ii) la collecte et l’exploitation des données pour alimenter le SNIAS.
Volet 4 : Pilotage, coordination et suivi-évaluation
Un accent particulier sera mis sur le suivi-évaluation en se basant notamment sur le SNIAS, la
capitalisation et un plan de communication visant les différents partenaires impliqués.
3.3 - Intervenants et mode opératoire
S’agissant d’un financement sur C2D, les modalités de gestion fiduciaire seront appliquées. Il
convient de noter que le fonctionnement du financement des projets sur C2D au Congo implique
que les fonds soient transférés de la BEAC à un compte projet détenu par la maîtrise d’ouvrage
via un compte détenu par le trésor. Un audit annuel des comptes sera conduit.
La maîtrise d’ouvrage du projet sera exercée par le MASAHS et confiée à une cellule de
coordination du projet logée au sein de la direction générale des affaires sociales du MASAHS.
Cette cellule sera composée d’un responsable de coordination centrale, d’assistants sur les volets
entreprenariat, formation, développement des compétences des travailleurs sociaux, et d’un
responsable de la composante SNIAS. Les membres de cette cellule seront mis à disposition et
financés par la contribution de l’Etat congolais. Cette cellule sera appuyée par un dispositif
important d’ATMO résidente composée d’experts internationaux longue durée et courte durée
(cf. infra). La cellule de coordination du projet sera en charge de différents documents : le
rapport de présentation du programme y compris le budget, le manuel des procédures
(administratives, comptables et financières), le plan de passation des marchés. Cette cellule
élaborera également les rapports trimestriels d’exécution technique et financière. Au niveau
local, la coordination des activités du projet est confiée à une cellule locale composée d’un
coordinateur départemental, d’un responsable opérationnel local, d’un conseiller en accueil et
orientation des publics, d’un conseiller en parcours d’insertion et d’un gestionnaire local.
Le pilotage stratégique de la PNAS doit (1) garantir et maintenir la cohérence de la PNAS avec
les autres politiques publiques sectorielles19, (2) contribuer à l’efficacité des politiques publiques
gouvernementales. Il sera assuré par un comité de pilotage composé en majorité des directeurs
des études et de la planification d’une dizaine de ministères concernés, des représentants des
partenaires techniques et financiers, des représentants des organisations de la société civile et le
cas échéant, de personnes ressources (assistances techniques). Il aura pour missions de suivre la
bonne exécution des projets soutenus par les PTF (PAM, LISUNGI, INTS, TELEMA), faciliter
la circulation d’informations entre ministères, mobiliser les ressources additionnelles nécessaires
19
A titre d’exemples, le Plan national de développement (PND), la politique nationale de l’emploi, la formation
technique et professionnelle, le plan national de l’artisanat et des Pme, les lois de finances publiques, du plan
national de la jeunesse, le plan de développement socio sanitaire, etc.
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à la mise en œuvre de la PNAS, valider les données de suivi-évaluation produites dans le cadre
du SNIAS. Le secrétaire général du Gouvernement en assurera la Présidence ; un décret du
Premier Ministre sera pris dès la 1ère année pour préciser son fonctionnement, composition et
ressources.
En complément, les coordinateurs des projets notamment TELEMA et LISUNGI seront associés
aux réunions de cabinet du MASAHS afin de garantir et maintenir la cohérence des différentes
interventions et permettre une meilleure appropriation et un meilleur ancrage des activités au
sein du MASAHS.
• Synthèse et graphique
Développement économique
Bien-être social et réduction des déséquilibres
sociaux
Egalité hommes-femmes
Préservation de la biodiversité, gestion des milieux
et des ressources naturelles
Lutte contre le changement climatique et ses effets
Pérennité des effets du projet et cadre de
gouvernance
-2 -1 0 1 2 3
4.2 - Cohérence avec la stratégie climat
Ce projet n’a pas de lien avec la stratégie Climat de l’AFD. Cependant, différentes études ont
souligné que le développement des capacités productives et la réduction des inégalités à travers
notamment la mise en œuvre de mécanismes de protection sociale sont reconnus comme des
vecteurs clés de résilience des populations face aux chocs climatiques.
4.3 - Suivi-évaluation et indicateurs
4.3.1 - Dispositif de suivi-évaluation
Le MASAHS n’a pas développé à ce jour une culture de suivi – évaluation; il ne dispose pas
d’outils efficaces de suivi des dispositifs mis en œuvre. Le projet vise à renforcer les capacités du
MASAHS à travers l’opérationnalisation du SNIAS. Ce système d’informations intégré et
partagé avec différentes structures actives dans l’action sociale permettra de collecter, traiter,
analyser les données en matière de vulnérabilité de la population congolaise et de concevoir des
dispositifs adaptés à leurs besoins. Le SNIAS permettra de renforcer les capacités de pilotage du
MASAHS en définissant des indicateurs pertinents et en contribuant à un meilleur suivi de la
mesure d’impact. En complément, un dispositif de suivi - évaluation propre au projet est prévu
afin d’apprendre de sa mise en œuvre (indicateurs quantitatifs du SNIAS, études qualitatives en
lien avec différents chercheurs).
VI - FINANCEMENT DU PROJET
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