N°46 – FÉV.

2021 LES DOSSIERS DU Dr MÉNAT

En finir avec la fat igue :

mes conseils pour retrouver
forme, santé et vitalité
Définir votre fatigue :
fatigue physique
ou fatigue « nerveuse » ? 02
En finir enfin avec la fatigue !
Ma prise en charge 12
Minute culture – Quel est le plus
vieux monument de Paris ? 29
Question de patient –
J’ai les gencives qui saignent.
Que dois-je faire ? 30
La vitamine D : une arme anticancer ! 31
La vitamine D peut améliorer
la vie des asthmatiques 31
Recette santé – Chou farci végétarien 32

Conclusion : ma synthèse En bref – La vitamine D, Conseil de lecture – L’homme qui

en pratique 29 une vitamine à tout faire ! 31 voulait être heureux 32

Parfois taxées de «  malades imaginaires  »,
les personnes fatiguées n’inventent pourtant pas
leurs symptômes. Baisse de tonus, somnolence,
moral en berne, perte de motivation, l’impact sur
la qualité de vie est important. D’autant que cette
fatigue peut cacher des causes plus profondes,
allant de la dépression à des maladies graves.
Pas à pas, le Dr Ménat vous aide à mener l’enquête
pour bien comprendre votre fatigue et enfin
retrouver de l’énergie.
Tout le défi, derrière ce symptôme, est donc d’en
comprendre les raisons. D’autant qu’il n’existe aucun
examen biologique ou radiologique pour mesurer
scientifiquement la fatigue.Il faudra donc réaliser
de nombreux examens pour rechercher ou éliminer
certaines causes.
Rien ne permet d’évaluer objectivement le symptôme
« fatigue ». Les médecins vont donc essentiellement
utiliser l’échelle visuelle analogique, ou EVA, pour
chiffrer la fatigue de 1 à 10 à l’aide d’une réglette.

L
Cette méthode tout à fait
a fatigue est sans aucun doute une fiable, mais qui reste
des principales plaintes des patients malgré tout subjec-
lorsqu’ils consultent leur médecin. tive, aide surtout à
Malheureusement, c’est un symptôme mesurer l’évolution
très subjectif qui peut être lié à de de la fatigue
très nombreuses causes. Cela va de la simple d’une consulta-
surcharge de travail au cancer en passant par tion à l’autre.
la dépression, des carences nutritionnelles Mais une fois
ou encore de multiples maladies pouvant être cette évaluation réa-
totalement bénignes ou plus graves. lisée, tout reste à faire !
PLUS JAMAIS FATIGUÉ

PARTIE N°1

Définir votre fatigue : fatigue

physique ou fatigue « nerveuse » ?

D
evant toute plainte de fatigue anormale
et/ou excessive, le médecin va com-
La fatigue nerveuse : un manque
mencer par tenter de différencier la d’entrain
fatigue physique de la fatigue nerveuse,
Voyons, dans un premier temps, les caractéristiques
que certains appelleront « psychasthé-
et les causes possibles d’une fatigue nerveuse.
nie » (personnellement, je n’aime pas ce terme).
En effet, beaucoup de sensations de fatigue sont — La faute aux neuromédiateurs ?
liées au système nerveux, au stress, à une dépres-
sion ou tout simplement à une impression de ne pas Il existe plusieurs neuromédiateurs qui permettent
pouvoir faire tout ce qu’on voudrait ou tout ce qu’on à notre système nerveux de fonctionner et aux neu-
pense devoir faire. rones de communiquer entre eux.

Il existe un moyen un peu simpliste de différencier Je ne citerai ici que 4 molécules impliquées dans la
ces 2 types de fatigue : fatigue :

1) La fatigue physique s’aggrave chaque fois que l’on 1. le GABA est le neuromédiateur de la zénitude.
augmente les efforts ou que l’on fait des activités phy- Il est surtout impliqué dans l’anxiété et donc dans
siques. De fait, la fatigue physique s’accentue au fur les fatigues liées au stress ;
et à mesure que la journée passe et elle est souvent 2. l’acétylcholine est impliquée dans la mémoire et
plus importante le soir. Inversement, elle s’améliore l’apprentissage, et peut donc jouer un rôle dans
chaque fois que l’on se repose, et en particulier après les fatigues nerveuses (rôle assez secondaire),
une sieste ou une bonne nuit. mais elle est aussi impliquée dans l’activité muscu-
2) La fatigue nerveuse est plutôt en lien avec une laire et peut ainsi favoriser des fatigues physiques
forme d’appréhension de ne pas pouvoir y arriver, quand elle est trop basse ;
de ne pas pouvoir assumer les tâches que l’on s’est 3. la dopamine est spécifique des fatigues du matin
fixées. Parfois, c’est surtout un manque de « punch » ( j’y reviendrai) ;
et d’envie. C’est donc avant tout une fatigue par anti-
cipation, et le patient décrit une fatigue pire le matin 4. la sérotonine est souvent citée dans les questions
et qui s’améliore progressivement dans la journée. de poids et de boulimie, mais c’est aussi l’autre
La sieste peut également être favorable, mais c’est neuromédiateur de la dépression et il peut donner
surtout parce que, pendant cette période, la personne des troubles du sommeil et des fatigues plutôt de
ne pense à rien et ne s’angoisse pas par anticipation. fin de journée.
Le plus caricatural est sans aucun doute l’améliora-
tion de la fatigue en fin de journée, avec parfois une
forme optimale qui peut même l’amener à se coucher
tard, ce qui est paradoxal pour quelqu’un de fatigué.
Au contraire, quand il s’agit d’une fatigue physique,
le patient aura besoin et même envie de se coucher
tôt par épuisement.
Cette façon de différencier fatigue physique et fa-
tigue nerveuse est cependant un peu grossière et ne
peut pas constituer un diagnostic formel. En effet,
il existe aussi des fatigues nerveuses du soir, et cela
peut dépendre en particulier des neuromédiateurs,
Épuisement ou manque de « punch », la fatigue ne doit jamais être négligée.
très impliqués dans la notion de fatigue.

2 FÉVRIER 2021 • GUÉRIR & BIEN VIEILLIR

Je m’attarderai surtout sur ces 2 derniers neuromé-
diateurs, car non seulement ils sont fréquemment
impliqués dans les fatigues nerveuses, mais, de
plus, nous disposons d’une prise en charge naturelle
efficace.
La fatigue par carence en dopamine et/ou en séroto-
nine s’accompagne toujours de troubles émotionnels,
d’anxiété, voire de dépression. Retrouvez en annexe 1
un questionnaire un questionnaire qui permet de dif-
férencier les 2 types de situations.1
Des signes distincts pour chaque carence
La dopamine est le neuromédiateur qui « dope », qui
stimule l’humeur et l’énergie psychique. Les personnes
carencées en dopamine présentent la plupart du temps
une fatigue du matin, une difficulté à démarrer, voire
à sortir du lit. En revanche, le soir, elles sont en forme.
L’autre critère important est la perte d’appétit et la perte
d’envie en général. L’humeur est souvent morose, la dé-
pression souvent plus marquée que dans les carences
en sérotonine. En tout cas, il s’agit d’une dépression
apathique.
La sérotonine est un régulateur de l’humeur. Les per-
sonnes carencées en sérotonine sont plus irritables que
fatiguées. Et elles présentent des compulsions alimen-
taires, voire des boulimies, notamment de sucre et de
chocolat. En effet, le sucre permet d’améliorer notre
taux de sérotonine, surtout autour de 17 heures, l’heure
des fringales et des coups de pompe liés à la sérotonine.
On pensera donc à une carence en sérotonine chaque
fois que le patient décrit une fatigue en fin d’après-midi
avec besoin de manger des choses sucrées.
Dans tous les cas, différencier ces 2 types de fatigue est
indispensable pour un traitement efficace. Il sera dé-
taillé dans le chapitre qui traitera de la prise en charge.
La carence en acétylcholine est plus rare et plus
complexe à diagnostiquer. Elle entraîne une fa-
tigue musculaire parfois, mais surtout une fatigue
intellectuelle avec baisse de la concentration et de
la mémorisation. Quand l’acétylcholine est la seule
impliquée, le moral n’est en général pas atteint.
La baisse du GABA est surtout en lien avec l’anxiété,
le stress ou des soucis quotidiens. Là encore, on
peut retrouver comme plainte initiale la baisse de
la mémoire, mais en cas d’anxiété, elle est surtout
liée à ce qu’on appelle le « souci obsédant » ou « idée
parasite ». Le plus évocateur, c’est quand le patient
se plaint d’aller dans une pièce pour y chercher
quelque chose et, lorsqu’il y est, il ne se rappelle
plus la raison. Ça nous est arrivé à tous. C’est toujours
lié à un problème de concentration à cause d’un souci
obsédant qui nous empêche de nous concentrer et de
1. Toutes les annexes sont accessibles via le lien suivant : https://staticmail.editionsbiosante.fr/2021/01/gbd/annexesgbd46.pdf
nous souvenir des choses peu importantes, comme ce
qu’on était venu chercher dans une pièce.
En soi, ce n’est pas grave sur le plan de la mémoire,
mais ces troubles, associés au stress chronique,
sont finalement « épuisants » et le patient va se
plaindre d’une fatigue générale et surtout nerveuse
et intellectuelle. Là encore, il faudra reconnaître
l’anxiété et ses causes derrière la plainte de fatigue.
Parfois, la cause « nerveuse » de la fatigue est évi-
dente, car le patient décrit parfaitement sa tristesse,
son anxiété, son manque d’intérêt, et peut d’ailleurs
consulter plutôt pour dépression que pour fatigue.
Mais inversement, beaucoup de plaintes de fatigue
sont exprimées par des personnes qui n’osent pas
dire ou même imaginer qu’ils sont anxieux ou dé-
pressifs.
— Fatigué = une dépression cachée ?
La fatigue chronique ou intense peut cacher une véri-
table dépression. On peut différencier la dépression
en fonction de sa cause. Je ne rentrerai pas dans ces
détails dans ce dossier, mais il faut tout de même se
demander si la dépression est endogène ou exogène.
« Exogène » veut dire que la dépression a une cause
extérieure. Elle est dite réactionnelle. Que cette ré-
action soit logique, cohérente, adaptée ou totalement
excessive au regard de la cause, peu importe ici :
la dépression peut s’expliquer par des événements
« extérieurs » plus ou moins agressifs.
Ces dépressions « exogènes » sont celles qui ont le meil-
leur pronostic. D’abord parce que la cause extérieure
peut disparaître, se régler, mais aussi parce qu’on peut
aider le patient à accepter ou à corriger cet événement
qui a déclenché sa dépression. La fatigue des dépres-
sions exogènes n’est pas forcément très marquée.
Les dépressions dites « endogènes » n’ont pas de cause
évidente, parfois aucune cause ou parfois un simple
événement déclencheur très banal. La dépression
endogène est avant tout liée à une fragilité particulière
du patient. Cette fragilité psychologique peut être liée
à l’histoire complexe de la personne, mais parfois
il n’y a aucune explication logique. On peut penser
dans ce cas qu’il y a des facteurs génétiques, comme
un trouble du métabolisme du système nerveux avec
une incapacité à fabriquer des neuromédiateurs ou
bien un autre dysfonctionnement des neurones.
Ces dépressions sont souvent plus graves, plus chro-
niques et plus difficiles à traiter. Elles nécessitent
plus souvent l’utilisation de traitements chimiques.
Pour autant, un travail psychothérapeutique de fond
peut aider efficacement ces patients.
GUÉRIR & BIEN VIEILLIR • FÉVRIER 2021 3
PLUS JAMAIS FATIGUÉ
La fatigue décrite peut alors être intense. Le patient
n’a plus la force de travailler ou même de s’occuper
de lui ou de sa maison. Il faut savoir reconnaître
la dépression derrière ces symptômes de fatigue
pour ne pas se tromper de traitement.
— Et si c’était un burn-out ?
Quand il s’agit de poser le diagnostic de dépression, on
confond de plus en plus souvent cette maladie avec le
burn-out, terme très à la mode qui traduit une réalité :
le monde et la société vont de plus en plus vite, exigent
de plus en plus de performance, et de nombreuses per-
sonnes s’y brûlent les ailes, ou plutôt le cerveau !
Le burn-out peut se traduire avant tout par un sentiment
d’épuisement intense avec incapacité à aller travailler et
une baisse des performances physiques et intellectuelles.
Cette entité bénéficie de diverses définitions, mais
finalement, on est assez proche d’une dépression
réactionnelle en lien avec une fatigue physique et
intellectuelle majeure et la peur ou la conscience de ne
plus être efficace et de risquer de décevoir son entourage
professionnel, voire familial ! Cette pathologie apparaît
également plus souvent quand une personne n’est plus
en phase avec ses valeurs et que son travail l’amène à
faire des choses contraires à ses concepts de vie.
Le piège est que le patient, surtout au début, va se
plaindre essentiellement de fatigue qu’il met sur le
compte de facteurs extérieurs sans vraiment se poser la
question de son équilibre émotionnel. Le problème est
que le vrai burn-out traduit un trouble si profond que
le traitement peut être long, avec des arrêts de travail
prolongés afin de permettre au corps et au cerveau de
récupérer, mais aussi de se reprogrammer, car le burn-
out est souvent la conséquence d’une fuite en avant
dont le patient n’a même plus conscience !
Un très bon article de Sophie Bartczak, journaliste
santé de qualité, résume parfaitement la situation : « Le
terme est utilisé à toutes les sauces, mais le risque est
bien réel : plus de trois millions de Français exerçant
Quand il faut aller toujours plus vite, toujours plus haut, le burn-out guette.
2. www.lepoint.fr/sante/burn-out-etes-vous-a-risque-15-04-2014-1813045_40.php.
4 FÉVRIER 2021 • GUÉRIR & BIEN VIEILLIR
une activité professionnelle seraient exposés au burn-
out. Le repérer et le reconnaître permet d’éviter des
conséquences graves comme l’AVC, l’infarctus ou de
lourdes dépressions2. »
Le burn-out est donc une forme de dépression réac-
tionnelle à un mode de vie inadapté à ses capacités
physiques, mais surtout à ses valeurs de vie et une in-
capacité à s’en protéger. Ce sont des situations graves
avec des dépressions souvent profondes.
Et croyez-moi, j’ai rencontré des dizaines de patients
qui me consultaient pour une fatigue anormale
pour laquelle ils culpabilisaient alors que, en réalité,
ils étaient en plein burn-out !
Faire le diagnostic précis de la cause de la fatigue est donc
essentiel. Ce sera vrai pour toutes les fatigues nerveuses
que nous venons de voir comme pour les causes des fati-
gues physiques que nous allons détailler maintenant.
Quand le corps faiblit :
la fatigue physique
La véritable fatigue physique est tout aussi fréquente
que la fatigue nerveuse, et elle est la conséquence de
très nombreuses causes, de la plus banale à la plus
grave. Face à cette plainte, il faudra toute l’expérience
et la finesse de diagnostic du médecin pour détermi-
ner que la fatigue n’est pas d’origine psychique, mais
aussi l’étiologie.
Une fatigue d’origine physique se reconnaît avant
tout par 3 critères :
1. elle s’aggrave au fur et à mesure que la journée
avance ou que les activités se multiplient ;
2. elle est améliorée par le repos ;
3. on ne retrouve pas de facteurs émotionnels qui
pourraient orienter vers une fatigue nerveuse.
Mais une fois que l’on a dit ça, on est très loin d’avoir
compris la ou les causes de cette fatigue.
Plusieurs critères vont orienter la démarche dia-
gnostique du médecin :
• l’importance et la profondeur de la fatigue seront
évaluées grâce à l’échelle visuelle analogique dont
j’ai parlé plus haut ;
• l’ancienneté de la fatigue est essentielle. Si la fatigue
dure depuis des années, on peut souvent éliminer un
certain nombre de maladies graves qui se seraient
aggravées depuis longtemps ;
• bien entendu, les symptômes éventuellement asso-
ciés à cette fatigue seront des éléments déterminants
pour orienter les bilans et le diagnostic.
— Poser un diagnostic face
au symptôme « fatigue »
Si la fatigue est d’apparition récente, il sera
indispensable d’éliminer un certain nombre de
maladies potentiellement graves qui nécessitent une
prise en charge rapide. Pour cela, l’examen clinique
et l’interrogatoire seront essentiels, pour orienter la
prescription d’examens complémentaires.
À quoi doit-on penser face à une fatigue d’apparition
récente ? Il ne faut pas tout de suite penser au pire,
mais il ne faut pas non plus passer à côté d’une ma-
ladie potentiellement grave :
1. un cancer doit être évoqué même si c’est, heu-
reusement, une cause peu fréquente face à cette
symptomatique ;
2. un trouble cardio-vasculaire n’est pas non plus
la cause la plus fréquente, mais doit également
être évoqué afin d’être traité rapidement et effi-
cacement ;
3. un déséquilibre hormonal, en particulier au ni-
veau thyroïdien, est une cause assez fréquente
que l’on recherche systématiquement devant
toute fatigue récente ;
4. une maladie infectieuse est souvent source de
fatigue, mais son diagnostic est rarement diffi-
cile face aux autres symptômes comme la fièvre,
les courbatures, ou les symptômes de l’infection
elle-même ;
5. les maladies inflammatoires, comme des maladies
auto-immunes, peuvent donner des fatigues, mais
elles seront plus souvent chroniques et d’instal-
lation progressive ;
6. les carences nutritionnelles et en particulier
l’anémie donnent également des fatigues
fréquentes, mais, là encore, d’installation
plus progressive. Sauf, évidemment, en cas
d’hémorragie récente qui est tellement évidente
que le diagnostic en est aisé.
La fatigue chronique ou d’installation progressive
sera souvent plus délicate, à la fois à reconnaître,
mais surtout à en déterminer la cause :
1. les troubles du sommeil sont sûrement l’une des
principales causes de ces fatigues. Si le patient
décrit une insomnie typique, le diagnostic est
immédiat. Mais dans le cas des apnées du som-
meil, le patient peut ne pas être conscient de son
trouble et décrire uniquement une fatigue qui
s’installe progressivement ;
2. les carences nutritionnelles sont une cause clas-
sique de fatigue chronique qui n’est pas toujours
facile à mettre en évidence ;
Reconnaître un burn-out :
8 critères clés
Voici les critères qui permettent de savoir si vous êtes
à risque de faire un burn-out :
1. Vous exercez un métier à risque : il est très
fréquent chez les professionnels de santé,
mais aussi les autres métiers nécessitant une
grande empathie, comme les enseignants.
Les cadres sont aussi une cible classique, ou
encore les professions indépendantes, les
artisans ou agriculteurs.
2. Vous êtes constamment fatigué.
3. Vous travaillez trop.
4. Vous manquez de reconnaissance ou de marge
de manœuvre.
5. Vous faites preuve d’une conscience
professionnelle « excessive ».
6. Vous êtes hyperconnecté. Cela entraîne une
hyperactivité, mais aussi un contact permanent
avec des écrans et surtout l’impossibilité de se
ressourcer, de s’isoler un peu pour reprendre
pied. Et tout va de plus en plus vite avec
l’impression, si on arrête, qu’on sera « expulsé »
de cette folle ronde !
7. Vous êtes isolé (e). C’est un mécanisme contraire
du précédent qui ne permet pas de « vider son
sac » et surtout de vivre des plaisirs que seules
les relations humaines nous offrent.
8. Sachez reconnaître les signes avant-coureurs :
insomnie, migraine, fatigue intellectuelle,
irritabilité…
3. l’anémie est évidemment une cause bien connue
de fatigue chronique. Elle a elle-même plusieurs
causes possibles : soit par carence nutritionnelle
chez les personnes qui ne mangent pas assez de
fer (en particulier les végétariens stricts), soit par
saignement chronique. Ce dernier peut être facile
à évoquer, en particulier chez les femmes ayant
des règles abondantes. Mais il existe des causes
de saignements chroniques microscopiques dont
le patient n’est pas toujours conscient et qu’il n’a
pas repéré. Cela peut être un saignement gingival
chronique, mais aussi un saignement urinaire ou
rectal invisible à l’œil nu et pouvant être lié à des
pathologies allant d’une simple hémorroïde à un
cancer du côlon ou de la vessie ;
GUÉRIR & BIEN VIEILLIR • FÉVRIER 2021 5
PLUS JAMAIS FATIGUÉ

4. les hypotensions sont une cause fréquente de L’examen du cœur permettra d’éliminer un trouble du
fatigue. Elles sont souvent en relation avec des rythme cardiaque ou de suspecter une anomalie des
carences nutritionnelles ou du stress. valves pouvant favoriser une insuffisance cardiaque.
Il y a bien d’autres causes de fatigue chronique ou D’autres signes évoquant une faiblesse du cœur
persistante. Il est impossible d’en faire une liste exhaustive. peuvent nous mettre sur la voie, comme des
Je citerai dans le désordre : des infections chroniques œdèmes des membres inférieurs ou un essouffle-
comme le sida ou une hépatite chronique, voire une ment, voire une véritable gêne respiratoire avec la
maladie de Lyme, des maladies de systèmes comme présence de crépitants à l’auscultation pulmonaire.
la sclérose en plaques ou la maladie de Parkinson, des
défaillances d’organes comme l’insuffisance cardiaque On pourra reconnaître également des signes d’ané-
ou l’insuffisance respiratoire. mie à la pâleur des conjonctives ou tout simplement
de la peau et du visage.
Il ne faut pas négliger l’existence d’une consommation
excessive d’alcool, de tabac ou de drogues. Certains Je ne vais pas détailler plus avant ici l’examen cli-
médicaments peuvent aussi être cause de fatigue. nique complet que peut réaliser un médecin, mais
C’est le cas en particulier des antihypertenseurs. il permettra d’orienter les recherches vers une pa-
thologie thyroïdienne ou bien encore une maladie
Je n’oublie pas non plus le syndrome de fatigue chro- cancéreuse.
nique auquel je réserve un chapitre spécifique.
— Ensuite, un bilan sanguin complet
Fatigue persistante :
quels examens envisager ? Les analyses demandées par le médecin dépendront
de l’interrogatoire et de l’examen clinique du patient.
Les médecins parlent également d’asthénie. Elles peuvent être plus ou moins complexes en fonc-
Cette asthénie peut être chronique et ancienne ou tion des pathologies suspectées. Elles permettront de
aiguë et sans raison évidente. retrouver ou d’éliminer :
Nous venons de voir les causes principales de ces • une anémie ;
asthénies. Comment peut-on faire le diagnostic de
• un dérèglement de la thyroïde ;
la cause puisque, évidemment, la prise en charge
thérapeutique de la fatigue passe avant tout par le • d’autres causes endocriniennes ;
traitement de cette cause ? • un syndrome inflammatoire pouvant orienter vers
une maladie plus complexe ;
— Priorité n° 1 : l’observation clinique
• une ou des infections aiguës ou chroniques ;
L’examen clinique est prioritaire pour rechercher les
• des carences en vitamines ou en minéraux ;
diverses affections possibles. Il commence toujours
par un interrogatoire attentif, quasi policier, afin de • des carences en protéines ;
connaître les symptômes associés à la fatigue, mais
• des signes biologiques d’insuffisance cardiaque ;
aussi et surtout depuis quand elle existe et quelle est
son importance en la mesurant grâce à l’échelle vi- • une insuffisance hépatique ou rénale ;
suelle analogique. • et bien d’autres choses encore en fonction des ana-
L’interrogatoire s’attardera sur les facteurs déclen- lyses prescrites.
chants, et en particulier sur les facteurs émotionnels
pouvant être à l’origine de la fatigue.
Il sera important de connaître la qualité du sommeil
du patient ainsi que son rythme de vie, l’intensité de
son travail, sa pratique sportive et le temps passé à
s’occuper de sa maison (ménage, jardinage, brico-
lage, activités avec les enfants…).
On interrogera ensuite le patient sur ses habitudes
alimentaires pour rechercher des carences ou des
excès. Puis on le pèsera pour savoir s’il a perdu ou
pris du poids de façon anormale.
On examinera ensuite le système cardio-vasculaire
Un bilan complet est indispensable pour identifier d’éventuelles carences.
à la recherche d’une hypo ou d’une hypertension.

6 FÉVRIER 2021 • GUÉRIR & BIEN VIEILLIR

Le bilan sanguin sera donc une étape importante
dans la recherche des causes de l’asthénie. Il pourrait
être complété par un bilan urinaire. En particulier
pour rechercher un saignement microscopique.
On fera de même avec une analyse de selles si cela
paraît nécessaire.
J’ai cité ici les bilans biologiques classiques qui sont,
pour la plupart, pris en charge par la Sécurité sociale.
En fonction des anomalies trouvées dans ces bilans
et des causes suspectées, d’autres analyses plus com-
plexes et non remboursées peuvent être envisagées.
En fonction de ses habitudes, le médecin pourra ain-
si prescrire :
• un bilan Imupro à la recherche d’intolérances
alimentaires. Elles sont une source de fatigue
importante, mais celle-ci s’accompagne alors souvent
d’autres symptômes, en particulier digestifs ;
• un profil des neuromédiateurs permettant d’affiner
le diagnostic après avoir fait remplir au patient les
questionnaires cités plus haut. Ces neuromédia-
teurs peuvent se doser dans le sang, les urines ou
la salive ;
• un bilan nutritionnel complet dosant beaucoup
plus de vitamines et de minéraux qu’on ne le fait
habituellement ;
• un bilan immunitaire complété par des sérologies
permettant de rechercher des infections chro-
niques, en particulier une maladie de Lyme ou
d’autres microbes transmis par les tiques ;
• une recherche d’intoxication aux métaux lourds
qui se fait habituellement dans les urines avant et
après avoir pris un produit chélateur permettant de
mettre plus facilement en évidence certains métaux
qui se logent dans les cellules et entraînent des fati-
gues parfois très importantes.
Cette liste est loin d’être exhaustive et les examens
prescrits dépendront de ce que l’on aura trouvé
dans les premiers bilans, mais aussi des symptômes
cliniques du patient et des habitudes de chaque
thérapeute.
Tout cela pour dire que le bilan d’une fatigue aiguë
ou chronique peut aller très loin si les examens
standards n’ont pas permis d’identifier la cause.
Un bilan chez un acupuncteur peut permettre de
repérer des causes plus « énergétiques » grâce à
la prise des pouls et la mesure de la circulation
énergétique dans les différents méridiens. N’étant pas
spécialiste, je ne détaillerai pas ces approches, mais la
médecine chinoise permet une analyse de la fatigue
très complémentaire de l’approche occidentale.
3. À ce propos, lisez l’annexe 2 : « Sieste : bonne ou mauvaise idée ? »
Mesurer précisément notre sommeil permet d’écarter une possible apnée.
— L’enregistrement du sommeil,
révélateur
La polysomnographie, ou enregistrement du som-
meil, est un examen qui peut être déterminant dans
la compréhension d’une fatigue chronique. Il n’y
a rien de plus subjectif que la qualité du sommeil.
C’est pourquoi, si on suspecte un trouble du sommeil
dans la fatigue exprimée par le patient, il sera sou-
vent très utile de faire réaliser cet examen.
Je ne vais pas entrer dans le détail de cet examen ré-
servé aux spécialistes. Le principe est d’enregistrer
plusieurs critères qui permettent d’analyser de façon
plus fine l’origine du trouble du sommeil. Pendant la
période nocturne, qui se passe la plupart du temps en
clinique, on va enregistrer :
• les mouvements du corps avec une technologie me-
surant la contraction des muscles ;
• le rythme cardiaque, voire la tension artérielle ;
• le taux d’oxygène dans le sang ;
• le rythme respiratoire ;
• on peut aussi placer un capteur sous le nez pour
mesurer le flux de l’air qui passe par les narines ou
parfois par les narines et la bouche ;
• le mouvement des yeux ;
• peut-être effectuer un électroencéphalogramme.
C’est un examen très complet et complexe. De fait, il
est donc réservé aux cas difficiles ou résistants aux
thérapeutiques habituelles, ou encore pour dépister une
fausse insomnie. En effet, nombre de patients mettent
leur fatigue sur le compte du sommeil et pensent
mal dormir la nuit. Mais souvent cette sensation est
très subjective et beaucoup de patients n’ont pas de
si mauvaises nuits qu’ils veulent bien le décrire. La
polysomnographie permettra donc également de vérifier
que le patient a un sommeil acceptable, ce qui amènera
le médecin à rechercher d’autres causes plus probables3.
GUÉRIR & BIEN VIEILLIR • FÉVRIER 2021 7
PLUS JAMAIS FATIGUÉ
Une insuffisance cardiaque est une cause fréquente de fatigue physique.
C’est dans les mêmes conditions d’enregistrement
du sommeil qu’on pourra faire un bilan d’apnée
du sommeil. En effet, l’apnée du sommeil est une
cause très fréquente de fatigue physique et même
nerveuse.
— Un bilan cardio-vasculaire
approfondi pour écarter
une pathologie au cœur
La fatigue, en particulier chronique, peut être en lien
avec une pathologie cardio-vasculaire. C’est pourquoi,
si le médecin suspecte une telle cause, il proposera
au patient de faire un bilan plus approfondi.
En priorité, on pourra envisager un bilan concernant
l’équilibre tensionnel. Dans un premier temps, on de-
mandera au patient de réaliser des prises de tension
régulières au domicile. En effet, les prises de tension
artérielle au cabinet du médecin ne sont pas toujours
fiables du fait du « syndrome de la blouse blanche ».
Si les chiffres rapportés par le patient paraissent
anormaux, on envisagera de faire un holter tension-
nel, qu’on appelle aussi MAPA (mesure ambulatoire
de la pression artérielle). Le principe est de position-
ner un brassard pour la prise de tension sur le bras
du patient relié à un petit appareil qui va prendre au-
tomatiquement la tension artérielle du sujet toutes
les 15 à 20 minutes.
Cela permet d’établir une moyenne des tensions
artérielles le jour comme la nuit, et cette MAPA reste
l’examen le plus fiable pour dépister des troubles de
la tension artérielle, qui sont une cause fréquente
de fatigue chronique. Le bilan cardio-vasculaire
comportera toujours une échographie du cœur qui
permet de vérifier le bon fonctionnement des valves
cardiaques et surtout de dépister une insuffisance
cardiaque, autre cause fréquente de fatigue chronique.
Un électrocardiogramme (ECG) sera également réali-
sé systématiquement afin de dépister les troubles du
rythme cardiaque, voire des traces d’infarctus.
8 FÉVRIER 2021 • GUÉRIR & BIEN VIEILLIR
Si un trouble du rythme est suspecté, on pourra compléter
le bilan par un holter cardiaque, qui consiste à enregistrer
l’ECG pendant 24 heures grâce à des électrodes posées
sur le corps et à un petit boîtier qui enregistre en continu
les informations sur le rythme du cœur.
Si, lors de ce bilan, on suspecte une angine de poitrine,
on pourra également réaliser une épreuve d’effort afin
de dépister une pathologie coronarienne.
— Suspicion de cancer :
des examens radiologiques ciblés
En fonction des résultats de l’examen clinique et des
bilans biologiques, le médecin pourra être amené à
suspecter des causes plus complexes nécessitant des
examens radiologiques. Ce sera nécessaire, en parti-
culier pour le diagnostic de pathologies cancéreuses.
Dans ce cas, le médecin pourra prescrire des radio-
graphies ou des scanners afin de rechercher une
cause bien spécifique. On peut aussi envisager des
fibroscopies au niveau de l’estomac, du côlon ou de la
vessie (cystoscopie).
C’est le cas quand on découvre une anémie non expli-
quée par des facteurs nutritionnels et pour laquelle
on repère dans les examens un saignement micros-
copique. Ces différents examens permettront de
mieux en cerner les causes, en particulier au niveau
intestinal ou sur l’arbre urinaire.
Cas particulier : le syndrome
de fatigue chronique
Le terme de fatigue chronique veut tout et rien
dire à la fois. Il est utilisé à toutes les sauces, avec
des interprétations très diverses en fonction du
spécialiste consulté. Les spécialistes ont même
décidé de lui donner un nom plus scientifique, et on
parle maintenant d’ « encéphalomyélite myalgique ».
Mais, en réalité, ce terme ne recoupe qu’une partie
du problème de syndrome de fatigue chronique.
Cette entité clinique recoupe tellement de symptômes
différents que la réduire à un seul terme fait prendre
le risque de passer à côté d’une réelle pathologie.
Les médecins ont souvent besoin d’une définition
précise afin de proposer un traitement précis validé
dans cette indication. Mais, pour moi, il y a autant de
syndromes de fatigue chronique que de patients qui
en souffrent. On trouve dans la littérature d’autres
termes pour parler de ce syndrome, comme « maladie
d’intolérance systémique à l’effort », qui ne veut pas
dire grand-chose, ou encore « syndrome postviral »
qui est un terme que je peux employer parfois, car,
effectivement, le syndrome de fatigue chronique est
souvent postinfectieux.
 Et si c’était de l’apnée du sommeil ?
Le « syndrome d’apnées obstructives du sommeil » QUELLES CAUSES ?
(ou SOAS) se traduit par des pauses respiratoires
Les apnées du sommeil sont le plus souvent en
répétées au cours du sommeil (plus de 10 par heure de
rapport avec une obstruction des voies aériennes
sommeil et durant plus de 10 secondes chez l’adulte),
supérieures, provoquée par un relâchement anormal
entraînant une chute du taux d’oxygène dans le sang,
des muscles de la gorge et de la langue alors que
avec toutes ses conséquences sur l’ensemble des
la gorge est déjà encombrée par une anomalie
organes et en particulier le cerveau et le cœur.
anatomique ou une surcharge en tissus graisseux.
Ces apnées entraînent aussi un fractionnement et
une perturbation de la qualité du sommeil, avec,
pour conséquence, une fatigue diurne d’autant plus
importante que la saturation en oxygène pendant la nuit
aura été basse. Ces pauses respiratoires sont parfois
associées à un ronflement et s’accompagnent d’une
reprise respiratoire, quelques fois très bruyante, qui
permet au conjoint d’évoquer facilement le diagnostic.
QUELS SYMPTÔMES ?
Il peut exister des sensations d’étouffement, mais,
La surcharge pondérale est probablement la première
en général, le patient est peu conscient de ses
cause de SAOS. Perdre du poids en est le premier
apnées et c’est donc le conjoint qui nous les signale.
traitement et peut permettre de faire disparaître
Ces apnées peuvent aussi donner des symptômes
totalement ces apnées.
atypiques, nocturnes ou diurnes, qui doivent nous
faire penser au SAOS : On constate toutefois que le SOAS touche un
peu plus les hommes que les femmes. Et qu’une
• transpiration nocturne abondante (sans lien avec
prédisposition génétique pourrait être en lien avec
des bouffées de chaleur de la ménopause chez
l’anatomie du carrefour oropharyngé, favorisant le
la femme) ;
ronflement.
• envies trop fréquentes d’uriner (sans lien avec
QUELS TRAITEMENTS ?
un problème de prostate chez l’homme) ;
Le traitement des apnées du sommeil est exclu-
• des céphalées, des troubles de la tension
sivement mécanique. Il n’existe aucun médicament
artérielle qui peut être trop élevée, mais parfois
à ce jour, chimique ou naturel, permettant de faire
trop basse suivant le terrain du patient. On
disparaître les apnées.
peut aussi retrouver des troubles du rythme
cardiaque, voire des accidents cardio-vasculaires 2 types d’appareils sont proposés par les spécial-
s’il existe d’autres facteurs favorisants associés ; istes :
• des troubles sexuels qui sont souvent une cause • des gouttières qui permettent d’avancer la man-
de consultation pour l’homme et aussi une dibule (mâchoire inférieure) et peuvent réduire
motivation à se soigner, car une fois les apnées les apnées. Cette méthode plus légère ne
traitées, ces problèmes d’impuissance seront fonctionne que dans des cas bien spécifiques ;
souvent en partie réglés ;
• un appareil de « ventilation à pression posi-
• de l’irritabilité, des troubles de la mémoire et de tive continue », ou CPAP, qui envoie de l’air en
la concentration, voire des signes de dépression ; continu et avec une légère pression permettant
de garder la filière aérique ouverte, et donc de
• évidemment, la fatigue reste une plainte classique,
lutter contre les apnées. Cet appareil est très
souvent dès le réveil. Mais il peut y avoir tellement de
efficace. Il est de plus en plus miniaturisé, per-
causes à la fatigue qu’on ne pense pas toujours aux
mettant une meilleure tolérance. Car il faut
apnées du sommeil ! Dans ces apnées, on observe
bien reconnaître que porter cet appareil pen-
une fatigue avec un besoin irrépressible de dormir.
dant toute la nuit n’est pas toujours évident au
Le syndrome d’apnées du sommeil est beaucoup plus départ. Mais la plupart des personnes s’y font
fréquent qu’on ne le croit. Il concerne 4 à 6 % des adultes. et en retirent de grands bénéfices.

GUÉRIR & BIEN VIEILLIR • FÉVRIER 2021 9

PLUS JAMAIS FATIGUÉ
Le vrai problème est de différencier un véritable
syndrome de fatigue chronique ou d’encéphalomyélite
myalgique d’une fatigue liée à une dépression ou
à une carence. C’est pourquoi, face à une fatigue
chronique, les médecins vont commencer par
rechercher d’autres causes parmi celles citées plus
haut. L’absence de cause évidente, comme une
anémie ou une dépression, et la chronicité de cette
fatigue vont nous orienter vers le diagnostic de
syndrome de fatigue chronique (ou SFC).
Mais alors, pourquoi un patient va faire ce SFC et
comment le prendre en charge ? Cette maladie
particulière et totalement à part des autres fatigues
nécessiterait à elle seule un dossier complet. En effet,
c’est une entité complexe qui ne fait pas consensus
à ce jour dans le milieu médical et scientifique, d’où
ces différents termes qui sont tous imprécis et n’ont
que peu de rapport entre eux.
Ces métaux lourds qui nous
intoxiquent (et nous fatiguent)
C’est une cause moins fréquente et plus complexe,
mais qu’il faudra évoquer face à une fatigue
chronique pour laquelle on ne retrouve pas
d’étiologie évidente.
D’autant que beaucoup d’intoxications (plomb,
mercure, aluminium et quelques autres) vont se fixer
au niveau du système nerveux, donnant des troubles
neurologiques et cognitifs qui se traduisent, entre
autres, par une fatigue intellectuelle.
Si la recherche d’une telle intoxication est positive,
on envisagera une chélation avec des plantes
(surtout des algues) ou parfois avec des chélateurs
chimiques, les seuls capables d’aller récupérer des
métaux lourds dans les neurones.
Il faut également essayer de se prémunir de ces
intoxications :
• en évitant d’utiliser l’aluminium dans la cuisine ;
• en se méfiant des vaccins riches en aluminium ;
• en évitant les amalgames dentaires métalliques ;
• en assainissant son logement (attention aux
peintures, aux vieux tuyaux en plomb…).
Et il y a bien d’autres pistes que je ne détaillerai pas
dans ce dossier, car cette étiologie reste secondaire
dans les fatigues chroniques.
10 FÉVRIER 2021 • GUÉRIR & BIEN VIEILLIR
— Des « malades imaginaires »,
vraiment ?
Certains médecins, considérant que le SFC n’existe
pas et que les patients qui semblent en souffrir sont
des dépressifs hystériques, les envoient chez un
psychiatre. Ils le rapprochent de la fibromyalgie,
avec laquelle il est souvent confondu. En effet,
dans les 2 cas, il y a de la fatigue chronique et des
douleurs plus ou moins importantes. Là encore,
certains médecins refusent de reconnaître la
réalité de la fibromyalgie. À une époque, on aurait
appelé ces patients des « spasmophiles », et ces
derniers étaient déjà classés dans les hystériques
ou les « emmerdeurs ».
Ces amalgames montrent une méconnaissance
de ces maladies et de leurs mécanismes. Pour ma
part, après avoir pris en charge des centaines de
patients dans ces situations, je peux affirmer que
ces maladies existent et qu’on peut vraiment les
soulager.
Pour résumer mon approche, je peux confirmer ef-
fectivement que syndrome de fatigue chronique et
fibromyalgie se recoupent. Il existe souvent chez
ces patients des troubles émotionnels, mais il ne
faut pas pour autant les classer dans les affabula-
teurs. Il est vrai que ces pathologies touchent plus
souvent des personnes hypersensibles, mais leur
stress évident est aussi lié à la chronicité des symp-
tômes et à leur errance diagnostique.
Il n’y a rien de pire que de souffrir réellement dans
son corps et d’être pris pour un anxieux ou un si-
mulateur. NON, le syndrome de fatigue chronique
n’est pas une forme de somatisation de sa fragilité
émotionnelle ! Ces patients présentent réellement
une fatigue parfois intense qui les empêche de
vivre normalement.
D’après mon expérience, quand cette fatigue n’a
pas d’autre cause et que je suspecte un SFC, j’ai
presque toujours trouvé derrière ces symptômes
des facteurs infectieux et un déséquilibre immu-
nitaire.
Je parle d’ailleurs avec mes patients de « syndrome
de fatigue chronique postinfectieux ». La plupart
du temps, il s’agit d’une cause virale, mais on peut
trouver d’autres germes, à commencer par des can-
didoses chroniques.
Aller plus loin dans ce syndrome n’est pas possible
au sein de ce dossier, car les bilans et la prise en
charge nécessaires sont assez complexes. Pour au-
tant, je voudrais quand même vous en donner les
grandes lignes afin que vous sachiez que des solu-
tions existent si vous êtes dans ce cas-là.
— Quelles causes rechercher :
mes axes d’investigation
Des infections chroniques
On retrouve très souvent une mononucléose plus ou
moins ancienne qui est devenue chronique ou bien
qui récidive régulièrement. En effet, vous savez peut-
être que le virus de la mononucléose est de la même
famille que le virus de l’herpès. De ce fait, il a la mau-
vaise habitude de ne pas disparaître, de se cacher
dans des ganglions, et de ressortir régulièrement
dans les moments où nous sommes plus fragiles, fati-
gués, ou en lutte contre un autre virus. Le virus de la
mononucléose s’appelle Epstein-Barr Virus, ou EBV,
et on parle alors de récurrence d’infections à EBV.
Mais comme je le dis plus haut, on retrouve aussi
très fréquemment une candidose qui donne à la fois
de la fatigue chronique, mais aussi des troubles du
comportement pouvant aller jusqu’à la dépression.
C’est une des raisons pour lesquelles ces patients
sont parfois considérés comme des dépressifs alors
qu’ils présentent une véritable maladie.
Ces infections chroniques sont recherchées par
différents bilans sanguins, comme les sérologies, les
PCR ou bien d’autres bilans plus spécialisés. Parmi
les affections recherchées, il y a toutes les maladies
transmises par les tiques, et en particulier la fameuse
maladie de Lyme, qui est une des causes du syndrome
de fatigue chronique.
Un déséquilibre immunitaire
Je réalise toujours un bilan immunitaire complet
dans le cas des syndromes de fatigue chronique,
car, par expérience, je retrouve fréquemment soit
un système immunitaire déficitaire qui n’est plus
capable de se défendre contre les infections, soit
un système immunitaire en hyperactivité. Dans ce
second cas, le système immunitaire est lui-même
responsable d’un certain nombre de symptômes,
comme la fatigue ou les douleurs.
Des intolérances alimentaires grâce à
un bilan Imupro
Si le patient ne présente que de la fatigue chronique,
il n’est pas forcément nécessaire de faire un tel bi-
lan. Mais dans le syndrome de fatigue chronique, il
existe souvent des troubles digestifs et je retrouve
très fréquemment des intolérances alimentaires qui
sont à la fois la cause de ces troubles digestifs et du
syndrome de fatigue chronique. Le fait de supprimer
les aliments auxquels le patient est intolérant permet
d’améliorer presque systématiquement la fatigue
chronique, même si cette cause est rarement isolée.
Les allergies et les troubles digestifs fatiguent l’organisme de façon chronique.
Une coproculture
L’analyse de selles est également quasi systématique
quand le patient présente des troubles digestifs.
On peut y retrouver des causes de cette fatigue, en par-
ticulier des parasites, mais aussi le fameux Candida
albicans. On peut pousser plus loin ce bilan en recher-
chant un déséquilibre de la flore intestinale, impliqué
dans plusieurs mécanismes de la fatigue chronique.
En particulier, la flore intestinale joue un rôle sur la
régulation de notre système immunitaire et, de ce fait,
elle peut favoriser une infection chronique qui, elle-
même, favorise la fatigue chronique. Il existe d’autres
bilans particuliers que je ne citerai pas ici.
— Une prise en charge globale et
sur mesure de la fatigue chronique
Ma prise en charge du syndrome de fatigue chro-
nique dépendra de ces bilans et de leurs résultats.
Il n’est pas rare que je sois amené à proposer des cures
d’antibiotiques répétées à mes patients en fonction des
infections chroniques que je peux dépister. Les antibio-
tiques sont surtout actifs sur les bactéries, mais, comme
vous en avez entendu parler récemment, ils peuvent aussi
agir sur certains virus, comme le coronavirus. En cas de
candidose, j’utiliserai des traitements antifongiques soit
naturels, soit allopathiques. Pour les infections virales
chroniques, ma préférence va vers l’homéopathie et l’aro-
mathérapie. Il ne faudra jamais oublier de traiter les vers
intestinaux et l’utilisation de cures de vermifuges amé-
liore souvent l’état général du patient. La prise en charge
du dérèglement immunitaire éventuel nécessite un traite-
ment très personnalisé que je ne peux pas détailler ici. Si
cette prise en charge est délicate et doit être absolument
globale, il n’en demeure pas moins qu’elle me donne d’ex-
cellents résultats et que l’on peut souvent améliorer gran-
dement les personnes souffrant de syndrome de fatigue
chronique et de fibromyalgie qui peut y être associée. Évi-
demment, dans un cas de syndrome de fatigue chronique,
je vais également chercher à soigner le symptôme « fa-
tigue », comme dans toutes les autres causes d’asthénie,
avec les traitements que je vais maintenant vous exposer.
GUÉRIR & BIEN VIEILLIR • FÉVRIER 2021 11
PLUS JAMAIS FATIGUÉ
PARTIE N°2
En finir enfin avec la fatigue !
Ma prise en charge
L
a fatigue est un symptôme aussi banal que
largement répandu, et avant d’envisager des
maladies graves ou des causes complexes,
il faut commencer par s’interroger sur
notre rythme de vie et notre équilibre
hygiéno-diététique, car ils sont très souvent impliqués.
Axe 1 : On soigne son hygiène
de vie…
Quelle que soit la cause de la fatigue, il faut agir sur
votre hygiène de vie. Il est nécessaire de trouver un
équilibre entre une activité physique régulière, de la
détente aussi bien physique que nerveuse et un sommeil
suffisant. Bien dormir nécessite autant d’agir sur son état
émotionnel que d’avoir une activité physique suffisante
et une alimentation équilibrée. Les troubles du sommeil
sont aussi répandus et ont des causes presque aussi
nombreuses que la fatigue. Je ne vais donc pas détailler
toute la prise en charge du sommeil, mais voici les
principales pistes à envisager s’il est source de fatigue.
… en adoptant une alimentation pro-sommeil
Beaucoup d’aliments ont une influence directe sur la
qualité du sommeil, et indirectement sur la fatigue.
On pense en priorité à la prise d’excitants le soir :
alcool, café, plats épicés… Mais au-delà de ces cas
d’école, il faut penser aussi aux repas qui entraînent
des troubles digestifs, sources de mauvais sommeil :
• un repas trop lourd à digérer entraîne souvent un
réveil vers 2 ou 3 heures avec des sensations de
lourdeur et des nausées. Mais c’est surtout une
source d’insomnies « aiguës ». Si cela vous arrive,
le remède le plus efficace est certainement NUX
VOMICA 5 CH : 3 granules à répéter toutes les 15 à
20 min jusqu’à ce que les symptômes se calment et
que le sommeil arrive ;
• on oublie souvent qu’un repas trop riche en proté-
ines le soir peut favoriser un sommeil agité, avec
parfois des cauchemars ;
• il existe aussi des associations qui favorisent les
troubles digestifs, en particulier la consommation
de fruits crus aux repas, mais aussi des excès de
sucres, qui entraînent colites et flatulences.
12 FÉVRIER 2021 • GUÉRIR & BIEN VIEILLIR
… en se relaxant grâce à la sophrologie
et à la méditation
Les insomnies étant surtout liées à du stress, de la ten-
sion nerveuse, des angoisses, toutes les techniques
de relaxation sont à envisager. À chacun de trouver
celle qui lui convient le mieux : méthodes diverses
de relaxation, sophrologie, méditation ou autre.
Je n’ai aucune préférence et je n’ai pas constaté qu’une
méthode soit forcément meilleure qu’une autre.
Il faut que ça vous parle et que vous ayez envie de
la pratiquer régulièrement. Mais une chose est sûre :
je vous recommande de débuter avec un profes-
sionnel qui vous montrera la voie, vous donnera des
conseils pour la respiration, la position du corps,
pour relâcher le corps et l’esprit. Et ensuite, il faut
pratiquer ! Le cerveau est comme un muscle : il doit
être entraîné régulièrement, et seule la répétition
permet d’obtenir des résultats. Même le meilleur pia-
niste du monde fait des gammes tous les jours pour
entretenir ses connexions neuronales et mettre son
cerveau dans les bonnes conditions.
Vous aussi, vous aurez besoin de cette répétition, en
prenant conscience de l’importance de cet entraînement
quotidien. Autrement dit, pensez à vous occuper de
vous et à prendre un peu de temps pour vous !
… en combattant les insomnies
d’endormissement
On parle ici d’un mauvais sommeil, sans cause précise
chez une personne qui se plaint d’avoir du mal à
s’endormir. Après avoir bien interrogé la personne pour
savoir pourquoi elle a du mal à aller au lit, de percevoir
son éventuelle angoisse de se retrouver seule face à elle-
même dans une chambre noire et après avoir recherché
les causes de stress qui peuvent expliquer ses difficultés
d’endormissement, je propose :
– Escholtzia, qui est la plante de base pour moi dans
les problèmes d’endormissement ;
– huile essentielle d’oranger petit grain ;
– 1 ou 2 plantes anxiolytiques en fonction de la situa-
tion particulière du patient ;
– du magnésium.
Exemple de prescription :
– Phytomance Eschscholtzia – Passiflore4 : 3 gélules au
coucher, ou Quantarelax5 : 2 à 3 gélules au coucher,
ou Novanuit® (vendu en pharmacie) : 2 à 3 gélules au
coucher ;
– HE d’Oranger petit grain BIO : 2 gouttes avant le dî-
ner et 2 gouttes au coucher sur un ½ sucre, un com-
primé neutre ou un peu de miel ;
– D-Stress (vendu en pharmacie) ou Ergymag6 :
2 gélules avant le dîner.
Si ce type d’approche n’est pas suffisante, j’ajoute :
– soit de la mélatonine : Physiomance SOMNY Spray :
2 à 3 sprays au coucher (il y a déjà de la mélatonine
dans le Novanuit®, mais les formes sublinguales
sont un peu plus efficaces) ;
– soit du L72 si je dépiste une baisse de moral ou une
tension nerveuse importante : 30 gouttes avant le
dîner + 30 gouttes au coucher.
… en luttant contre les insomnies
par réveil nocturne
Si les patients se réveillent souvent la nuit et qu’il
n’y a pas de cause précise, comme un problème
de prostate ou des bouffées de chaleur liées à la
ménopause, il faut penser à des situations d’anxiété
(le plus souvent) ou parfois à des troubles digestifs.
Dans le 2e cas, la priorité est de modifier le repas du
soir pour qu’il soit plus léger et mieux adapté aux
fragilités digestives de la personne.
Si on est plutôt face à des réveils liés à des facteurs
d’anxiété, de « gamberge » comme on dit parfois, des
traitements naturels peuvent être utiles. Parmi ceux
que j’utilise le plus souvent, il y a :
– du magnésium et des oméga-3 au dîner ;
– du L72, voire un traitement homéopathique
spécifique comme Arsenicum Album au coucher et
Homéogène 46 dans la nuit en cas de réveil ;
– du lithium en Oligosols : 1 à 2 ampoules au coucher ;
– et toujours un complexe de plantes pour agir
sur l’anxiété et le sommeil comme : Phytomance
Relaxation7 : 2 à 3 gélules au coucher, ou Tisane
détente La Royale8 : 1 tasse à la fin du dîner ;
– Homéogène 46 : en cas de réveil, 1 comprimé toutes
les 15 min tant que nécessaire.
4. www.therascience.com
5. www.phytoquant.net/shop
6. www.nutergia.com
7. www.therascience.com
8. www.la-royale.com
… en bougeant et en respectant ses rythmes
Bien dormir nécessite de se « fatiguer » suffisamment
dans la journée. Il ne faut pas en faire trop non plus
pour ne pas être gêné par des douleurs, des courba-
tures, de l’excitation ou de l’énervement. Si vous dormez
mal, au-delà des approches de relaxation citées plus
haut, pensez à faire de la marche, idéalement après le
dîner, mais aussi dans la journée. Pratiquez aussi des
activités physiques qui vous plaisent et vous détendent.
En revanche, évitez les sports intensifs le soir.
Une chose est sûre, il vaut mieux en faire un peu trop
que ne pas avoir d’activité physique régulière. Inver-
sement, un excès d’activité physique est évidemment
une cause possible de fatigue chronique.
Si on pratique une activité excessive par choix et
même par plaisir, cela peut être acceptable et ne pas
se traduire par une énorme fatigue. Mais si on fait un
travail, du bricolage ou du jardinage par « obligation »,
parce qu’on se croit obligé de le faire, voire si on y est
contraint, tout va se passer « à son corps défendant »
même si parfois on se croit investi d’une mission.
Dans ce cas, on ne va pas écouter son corps et on se
retrouvera épuisé. Parfois même, le corps va « flancher »
puisque le cerveau ne veut pas l’écouter. C’est ainsi que
des personnes fatiguées, voire épuisées, par des excès
subis ou qu’ils s’imposent finissent par développer une
réelle maladie, potentiellement grave. Donc, une activité
physique régulière OUI, mais toujours en continuant à
écouter son corps et à respecter ses rythmes.
Respecter son rythme, c’est aussi accepter de ne pas se
coucher trop tard. Il est important de connaître et de
respecter ses rythmes biologiques :
• se coucher dès que l’envie de dormir se fait sentir ;
• se relever si l’endormissement ne vient pas ;
• attendre que le besoin de sommeil se fasse de nou-
veau sentir pour se recoucher ;
• essayer de se lever toujours à la même heure ;
• prendre une douche ;
L’activité physique revigore et « vide la tête ».
GUÉRIR & BIEN VIEILLIR • FÉVRIER 2021 13
PLUS JAMAIS FATIGUÉ
• faire quelques exercices physiques le matin ;
• les techniques de relaxation peuvent s’avérer effi-
caces lorsque l’insomnie est liée à un trop-plein de
tensions dans la journée.
Dans les cas simples, quelques conseils comportemen-
taux peuvent suffire à rétablir un sommeil normal :
éviter les excitants (café, thé, vitamine C…), l’alcool,
les repas copieux, lire plutôt que de regarder la télévi-
sion… Prendre un bain chaud avant de se coucher peut
faciliter l’endormissement (avec de l’huile essentielle
de lavande ou de mandarine éventuellement). Atten-
tion à la qualité du lit, à l’ambiance de la chambre, la
température… Penser aussi à s’exposer à la lumière le
matin, voire à pratiquer de la luminothérapie le matin
ou dans la matinée, mais, inversement, faire la chasse
aux excès de « lumière » le soir (ordinateur, tablette,
smartphone, télé dans la chambre…).
Axe 2 : On rééquilibre
son alimentation
Comme dans toutes les pathologies, l’alimentation joue
un rôle primordial. Dans la fatigue, elle y joue même un
rôle complexe et multiple. En effet, une alimentation
carencée sera bien entendu source de fatigue par
manque de vitamines, de minéraux ou encore de
protéines, mais, inversement, une alimentation
excessive ou mal équilibrée va surcharger l’organisme
– en particulier le foie et le système digestif – et être
source également de fatigue chronique.
— Le foie, une « usine » gourmande
en énergie
Pendant la digestion, le foie monte à une température
interne de 40 °C, nécessitant une dépense énergétique,
donc calorique, importante. Cela explique en partie
pourquoi certaines personnes s’endorment après
le repas. La somnolence postprandiale est décrite
par les patients comme une fatigue irrépressible
après manger et que certains considèrent comme
un véritable handicap, surtout quand elle survient
au travail et qu’une réunion ou une intervention est
prévue après le déjeuner.
Je parlerai donc surtout ici de l’équilibre du déjeuner,
en particulier pour les personnes qui travaillent ou font
des études. Beaucoup de personnes finissent par ne plus
déjeuner pour éviter cette somnolence ou ces coups de
pompe. Mais alors, la fatigue va s’installer progressive-
ment dans l’après-midi à cause d’un déficit en nutriments
ou en calories. Comme souvent, la solution se situe entre
les deux, c’est-à-dire manger de façon équilibrée, ni trop
ni trop peu. Chez certains, cela ne sera pas suffisant et il
faudra également soigner le foie, qui est la cause princi-
pale de cette somnolence postprandiale.
14 FÉVRIER 2021 • GUÉRIR & BIEN VIEILLIR
Un foie encrassé entraîne souvent des coups de pompe à 14h.
Mes conseils coups de pouce pour votre foie
Dans tous les cas, il faut aussi penser à traiter son foie
pour l’aider à mieux fonctionner, car la somnolence
postprandiale est toujours un symptôme d’insuffisance
hépatique (et d’une alimentation mal équilibrée).
Voici comment agir sur le foie. Il n’est pas nécessaire
d’en faire trop ou de prévoir un traitement complexe.
Pour commencer, en plus d’équilibrer son alimentation,
je propose 2 choses simples :
1. des tisanes en fin de repas, principalement de
romarin et de boldo, mais d’autres plantes sont
utilisables suivant les goûts. On peut aussi prendre
des mélanges « digestifs » ;
2. du L114 complexe homéopathique de Lehning :
30 gouttes avant les 3 repas pendant quelques
semaines afin d’aider le foie à mieux fonctionner.
Si vous consultez un homéopathe, il pourra aussi vous
donner un traitement spécifique comme NUX VOMICA
ou ALOE. Même si vous utilisez de l’homéopathie, vous
pourrez également prendre à la fin du repas de l’huile
essentielle de menthe et de l’essence de citron.
Mais si le foie est surchargé depuis des années à
cause d’une mauvaise hygiène de vie ou d’une fragilité
du terrain, il faudra parfois aller plus loin avec un
traitement de fond pendant plusieurs mois.
Dans ce cas, j’utilise plusieurs approches :
L’aromathérapie avec l’huile essentielle de romarin à
verbénone qu’on peut prendre par la bouche (1 goutte
3 fois par jour) ou bien en application sur la région du
foie (2 ou 3 gouttes mélangées avec quelques gouttes
d’huile végétale de macadamia ou de calophylle).
L’homéopathie comme traitement de terrain. Le mieux
est de consulter un spécialiste. Sinon, on peut utiliser
des complexes comme : L114 ou Choléodoron (Weleda)
ou Chelidonium Composé (Boiron).
La phytothérapie pour agir sur le foie et la vésicule.
En fonction de chaque cas, on pourra utiliser en extraits
secs (gélules) ou en tisanes (éviter les formes liquides,
qui contiennent de l’alcool) : romarin, pissenlit,
fumeterre, artichaut, radis noir, chardon-Marie,
desmodium, et j’en passe. Il existe des associations
de plantes toutes prêtes pour agir sur le foie comme
Drainalis (Lescuyer) : 1 comprimé matin et midi, ou
Quantadpur (PhytoQuant) : 1 stick à prendre le matin
ou, mieux, dans un litre d’eau à boire toute la journée.
Je rajoute parfois des complexes pour favoriser les
fonctions de détoxification hépatique (fonctions
enzymatiques), utiles pour les foies les plus engorgés.
Je propose en particulier :
– Physiomance Detox (Therascience) qui associe : extrait
de brocoli, extrait de thé vert, poudre de radis noir,
bétaïne, L-taurine et N-acétylcystéine pour le soufre,
magnésium, sélénium, zinc et des vitamines B ;
– Detoxplus (Lescuyer) qui contient : méthionine (riche
en soufre), arginine, choline, bétaïne, inositol, taurine,
magnésium, zinc et un ensemble de vitamines B.
Ces produits agissent sur les phases 1 et 2 de la
détoxification hépatique et relancent donc les fonctions
enzymatiques. Je les propose par cures de 3 mois.
La prise en charge du foie est, dans tous les cas,
essentielle en cas de fatigue chronique. Attention aussi
aux médicaments allopathiques qui peuvent surcharger
le foie et ralentir ses fonctions. Ne pas oublier, dans
la liste de ces médicaments, le paracétamol, qui est
hépatotoxique si on en prend de façon régulière.
— On comble ses éventuelles carences
S’il ne faut pas surcharger le système digestif pour éviter
de fatiguer l’organisme, il faut néanmoins le nourrir
suffisamment. Les carences sont des causes fréquentes
de fatigue chronique.
On retrouve principalement :
• les carences en fer, qui entraînent de l’anémie ;
• les carences en protéines, qui sont les plus sournoises ;
• les carences en vitamines, quand l’alimentation
n’est pas assez variée et « vivante ».
Du fer contre l’anémie
N’oubliez jamais que la première cause d’anémie est le
saignement chronique, donc la fuite du fer. Comme je
l’ai expliqué plus haut, une anémie doit d’abord faire
rechercher un saignement anormal en lien avec une
pathologie qui peut toucher l’arbre urinaire, le tube
digestif ou la sphère gynécologique féminine.
La cause de perte de fer la plus fréquente reste tout
de même les règles abondantes chez les femmes, en
particulier en cas de fibrome ou de stérilet.
Si aucune fuite anormale de fer n’est retrouvée, il
faut donc penser aux carences d’apport. Le fer le
mieux absorbé est celui d’origine animale, présent
en particulier dans toutes les viandes. C’est pourquoi
on retrouve plus souvent des carences en fer chez les
végétariens stricts.
Dans le règne végétal, on trouve du fer en moins
grande quantité et moins « biodisponible ». Le meilleur
aliment reste les lentilles, le légume le plus riche en fer.
En revanche, les épinards sont une légende liée à une
erreur de retranscription lors des premières études.
Si vous présentez une fatigue en lien avec une anémie,
il sera donc préférable de consommer une plus grande
quantité de viandes. Les aliments les plus riches en fer
sont les abats et les charcuteries, à commencer par le
boudin noir et le foie (de veau en priorité, mais aussi de
volaille) ou encore les pâtés et saucissons.
Toutes les viandes, rouges comme blanches, sont riches
en fer, donc ne croyez pas que le poulet ou le veau le
soient moins que les autres. Si vous les aimez, n’hésitez
pas à en consommer régulièrement. Pour les amateurs,
les gibiers sont globalement plus riches en fer que les
viandes traditionnelles.
Si vous êtes définitivement végétarien, vous aurez
tout intérêt à prendre un complément alimentaire
riche en fer. Malgré tout, avec de la rigueur, vous
pouvez trouver des aliments végétaux riches en fer.
Il s’agit surtout :
– des algues ;
– du cacao pur ;
– des herbes et aromates ;
– de la farine de soja ;
– des olives noires ;
– des légumes secs, comme les lentilles, mais aussi
les haricots blancs ;
– des oléagineux dans une moindre mesure. Utilisez-les
plus particulièrement en purées, comme le tahin à
base de sésame qui est riche en micronutriments ;
– le quinoa apporte aussi une quantité intéressante
de fer.
Attention, dans certaines tables d’aliments, les céréales
du petit déjeuner (type corn-flakes) sont considérées
comme riches en fer, mais, en réalité, il s’agit d’un fer
artificiellement ajouté, donc moins bien absorbé. Si ces
céréales ne sont pas forcément mauvaises pour la santé,
je ne les compte pas dans les aliments riches en fer.
Autre point très important : attention aux quantités
consommées habituellement quand vous regardez
un tableau de teneur en fer comme ci-dessous. Ainsi,
les algues déshydratées et encore plus les épices
sont consommées à raison de quelques grammes,
contrairement aux viandes qu’on mange sous forme
GUÉRIR & BIEN VIEILLIR • FÉVRIER 2021 15
PLUS JAMAIS FATIGUÉ
de ration de 100 à 200 g. L’efficacité de l’apport en fer
dépend aussi beaucoup des quantités consommées
pour chaque aliment. Si vous ne mangez pas de viande
mais acceptez le poisson, pensez aux fruits de mer, plus
riches en fer que le poisson blanc.
— De l’énergie pour l’organisme
avec les protéines
Les carences en protéines sont les plus difficiles à mettre
en évidence, car il n’existe pas de dosage fiable. On peut
doser le taux de protéines (ou protides) sanguin, mais
sa baisse est assez fréquente et pas forcément en lien
Mes conseils anti-coups de pompe
Si vous avez tendance à piquer du nez vers 14 heures,
voici quelques conseils :
1) Évitez les plats trop gras, les plats en sauce, les
fritures et tous les aliments lourds et difficiles à
digérer.
2) Évitez l’alcool, qui est une source de somnolence
fréquente autant par son effet sur le foie que sur le
cerveau.
3) Ne faites pas un repas trop riche en sucres, en
particulier « rapides ». Non seulement ces aliments
doivent être transformés par le foie, mais surtout
ils sont source d’hyperglycémie puis d’hypoglycémie
réactionnelle, à la base des coups de pompe.
4) Choisissez une ration de protéines suffisante,
mais pas excessive. Elle permet de nourrir le corps,
d’apporter des acides aminés à tous nos organes
afin de fabriquer correctement nos protéines, nos
hormones, nos muscles ainsi que nos neuromédiateurs.
Les protéines se digèrent plus lentement, mais
nécessitent de l’énergie. Elles permettent d’éviter les
hypoglycémies. Mais en trop grandes quantités, elles
pourraient être source de fatigue, surtout si elles sont
grasses et surchargent le foie.
5) Évitez les repas exclusivement glucidiques, comme
un plat de pâtes. Ayez toujours des sources de fibres,
de vitamines et de minéraux, comme les légumes, qui
sont riches en micronutriments et faciles à digérer.
6) Apprenez à connaître vos intolérances ali-
mentaires et respectez-les. Il peut s’agir d’une
intolérance au gluten, au lactose ou encore d’une
intolérance à des légumes particuliers, comme les
lentilles, les choux ou les oignons, qui vont entraîner
des troubles intestinaux, sources de douleurs, d’in-
confort et de fatigue.
16 FÉVRIER 2021 • GUÉRIR & BIEN VIEILLIR
avec une carence d’apport. Des protides sériques bas
peuvent être en lien avec un terrain acide (on parle
d’acidose métabolique) ou bien avec une utilisation
excessive des acides aminés pour fabriquer des
protéines de l’inflammation.
L’électrophorèse des protéines peut donner une
meilleure idée, en particulier par le dosage de l’albumine
sérique, qui est un reflet indirect des carences en
protéines.
On peut également doser la préalbumine, qui serait le
meilleur reflet de la consommation de protéines, mais,
en réalité, ce n’est pas si fiable.
7) Dans tous les cas, évitez les repas trop copieux ou
trop complexes qui seront longs et difficiles à digérer.
Voici un exemple de déjeuner :
• une entrée facultative à base de légumes et
crudités. On évitera les charcuteries ou les
quiches, qui sont des aliments riches et lourds ;
• un plat qui associe une portion de protéines
animales maigres, un mélange de légumes et de
féculents (riz, pâtes, pommes de terre, quinoa…)
avec de l’huile d’olive, mais en évitant les sauces
à base de crème ou de graisses cuites, ainsi que
la mayonnaise ;
• éventuellement un fruit ou un yaourt si vous les
tolérez ou 2 carrés de chocolat et 1 café si vous
l’appréciez.
Si vous n’avez pas la possibilité de faire un repas par
manque de temps et que vous devez déjeuner « sur le
pouce », vous pourrez choisir une salade composée
(toujours avec un peu de protéines animales) ou
encore un plat de pâtes avec des légumes.
Certaines personnes ont très peu de temps ou se
rendent compte que le déjeuner les endort plus
qu’autre chose. Elles vont alors simplement manger
1 ou 2 fruits avec un yaourt. C’est sûrement une
bonne idée pour éviter la somnolence postprandiale,
mais la fatigue apparaîtra très probablement avant
la fin d’après-midi.
Si votre rythme de travail correspond mieux à cette
situation – par exemple pour ceux qui font une
journée continue, mais terminent assez tôt leur travail
–, cela peut être une solution, mais dans ce cas ; il
faudra soit faire une bonne collation vers 16 heures
ou bien dîner tôt. Sinon, vous risquez de grignoter ou
d’avoir un gros coup de fatigue en fin d’après-midi.
Si la biologie n’est pas suffisante pour un diagnostic
formel, on peut se baser sur la clinique, avec une baisse
de la force musculaire, voire de la masse musculaire.
L’ostéoporose peut aussi être un signe de carence
protidique. Mais tout cela reste une évaluation indirecte.
Finalement, pour établir un lien entre fatigue et carence
protidique, le plus fiable sera peut-être de procéder à
un interrogatoire alimentaire précis, comme le font les
diététicien(ne)s.
Pour savoir si vous consommez suffisamment de pro-
téines, sachez que les besoins sont en moyenne de
1 g d’acides aminés par kilo de poids. Pour un indi-
vidu de 70 kg, il faudra donc 70 g de protides. Pour
que cet apport soit de bonne qualité, les spécialistes
considèrent qu’il faut plus de protides d’origine ani-
male que de protides d’origine végétale.
Pour aller plus loin dans les conseils diététiques,
on peut aussi organiser ses repas comme suit, en
considérant qu’on devrait faire 2 repas protéinés par
jour.
— Idées de menus anti-carences
1) Le petit déjeuner devrait être idéalement riche
en protéines et non pas constitué exclusivement de
glucides, comme c’est trop souvent le cas.
Le matin, on choisira donc en priorité des œufs et/ou du
jambon. On les associera avec un peu de pain complet
ou bien un équivalent, si vous êtes intolérant au gluten.
Une compote pourra compléter ce repas.
Par exemple, au cours d’une semaine, je propose
d’alterner :
– 2 ou 3 œufs suivant votre appétit et votre poids ;
– 1 œuf + 1 ou 2 tranches de jambon ;
– 2 ou 3 tranches de jambon ;
– 2 tranches de jambon et 30 à 40 g de fromage (en pri-
vilégiant les pâtes cuites, comme le gruyère, comté,
Ossau-Iraty…).
Mangez-vous assez de protéines ?
Faites le point !
Pour rappel, voici les principales sources de protéines :
• les viandes, volailles et poissons, une des meilleures
sources ;
• les œufs représentent la protéine la plus équilibrée,
mais ils n’apportent que 6 g de protéines par œuf ;
• les laitages sont globalement de mauvaises sources
de protéines ;
• les légumes secs et les céréales sont parmi les prin-
cipales sources de protéines végétales, mais avec
une teneur 2 fois moins importante que les proté-
ines animales ;
• le soja jaune est une des meilleures sources de pro-
téines végétales (c’est d’ailleurs un légume sec) ;
• les autres protéines végétales sont d’intérêt limité,
soit à cause de la faible teneur en protéines, soit à
cause d’une consommation limitée.
• Si vous n’avez pas la possibilité de faire un repas par
manque de temps et que vous devez déjeuner « sur
le pouce », vous pourrez choisir une salade compo-
sée (toujours avec un peu de protéines animales) ou
encore un plat de pâtes avec des légumes.
Si on fait une synthèse des besoins et des sources,
voici comment équilibrer son alimentation en pro-
téines sur 4 semaines, c’est-à-dire 56 repas si on
considère qu’on en consomme 2 fois par jour :
• bœuf : 6 fois, soit 1 à 2 fois par semaine ;
• veau : 2 fois, soit 1 semaine sur 2 – toujours du veau
de lait ;
• porc : 2 fois, soit 1 semaine sur 2 – surtout du filet
mignon ;
• jambon blanc : 8 fois, soit 2 fois par semaine – sur-
tout le matin ;
• agneau : 1 fois par mois ;
• abats : 1 fois par mois – surtout du foie de veau de
lait ou du boudin noir ;
• volailles : 10 fois, soit plus de 2 fois par semaine –
sans la peau ;
• poissons : 12 fois, soit 3 fois par semaine – dont 1 fois
par semaine du poisson gras ;
• œufs : 10 fois, soit 2 œufs, au moins 2 fois par se-
maine ;
• tofu : 4 fois, c’est-à-dire 1 fois par semaine.
Cette répartition est théorique. Elle vous montre com-
ment diversifier son alimentation pour trouver dans
son assiette tous les nutriments nécessaires, en opti-
misant l’apport en protéines tout en évitant les excès
de mauvaises graisses et les défauts de ces aliments
protéinés d’origine animale. Ceux qui aiment les petits
déjeuners salés pourront même de temps en temps
choisir un morceau de viande ou de volaille ! Si vous en
avez assez du petit déjeuner salé, vous pourrez choisir
un gruau d’avoine (porridge), qui est bien moins proté-
iné mais assez équilibré pour la santé.
Globalement, il faut considérer que les petits déjeu-
ners à base de céréales ou de laitages ne sont pas du
tout assez protéinés. Éventuellement, vous pouvez, si
vous l’appréciez et si vous le supportez, faire un petit
déjeuner avec 200 à 300 g de fromage blanc, mais pas
plus de 2 fois par semaine.
GUÉRIR & BIEN VIEILLIR • FÉVRIER 2021 17
PLUS JAMAIS FATIGUÉ

Bien entendu, de temps en temps, pour le plaisir, vous Si vous êtes végétarien, alors alternez les œufs avec
pourrez faire un petit déjeuner avec pain-beurre- des repas à base de céréales complètes en privilégiant
confiture-croissant en prenant bien conscience que l’avoine et en y associant des dérivés du soja (yaourt
c’est un repas absolument pas équilibré pour le matin. nature en particulier).
Mais ça peut être très bon et il ne faut pas négliger le Si vous êtes végane et que vous refusez de manger
plaisir. Dans tous les cas, rappelez-vous que le petit des œufs, je n’ai pas de solution idéale pour vous.
déjeuner sera idéalement riche en protéines et que, On peut arriver à équilibrer ce type d’alimentation
pour faire cela, il est indispensable d’y intégrer des pour certaines personnes qui ont des besoins
protéines animales. protidiques plus faibles, mais pour beaucoup de
personnes, une alimentation végane pourra entraîner
des carences. C’est chez ces personnes qu’on trouve le
plus d’ostéoporose, par exemple.
30 aliments riches en fer 2) Le déjeuner sera toujours basé sur une protéine
à mettre dans votre assiette animale. C’est le repas où vous alternerez les différentes
viandes et volailles que nous avons passées en revue.
Teneur en fer Si je devais suggérer une alternance le midi,
ALIMENT
en mg/100 g je proposerais :
Wakamé (séché ou déshydraté) 61,5 – du bœuf et/ou du veau 1 ou 2 fois par semaine ;
Boudin noir 18
– de la volaille 2 ou 3 fois par semaine ;
Foie d’agneau 14
– du porc 1 fois par semaine ;
Foie de volaille 10,4
– des abats ou de l’agneau ou un gibier 1 fois par se-
Gésier (canard) 9,4
maine ;
Pâté de foie de volaille 9,2
– du poisson de temps en temps, en sachant que je
Rognon 9
conseille de privilégier ce type d’aliment pour le soir ;
Farine de soja 9
– bien entendu, vous pouvez parfois faire un déjeuner
Fruits de mer 8,48
sans viande. Par exemple, un plat de pâtes aux lé-
Lentilles 8 gumes, une salade composée ou éventuellement un
Germe de blé 7,6 repas avec tarte salée et salade, si vous la digérez bien.
Haricots blancs 7 Si vous ne mangez pas de viandes, alors il faudra
Moule 6,78 augmenter la fréquence du poisson le midi.
Graine de tournesol 6,4 Nous allons voir que le dîner idéal est plutôt végétarien.
Foie de veau 6
On peut donc manger du poisson et des crustacés le
midi si on n’aime pas la viande. Dans ce cas, je propose
Pâté de campagne 5,7 la répartition suivante :
Quinoa (cru) 4,57 – poisson ou fruits de mer : 3 fois par semaine
Tapenade 4,3 minimum ;
Bœuf (braisé) 4 – œufs : 2 fois par semaine ;
Chocolat noir 70 % de cacao 3,7
– tofu ou équivalent : 1 fois par semaine ;
Bœuf (faux filet) 3
– plat végétarien type quiche aux légumes ou galette
Steak haché 2,9 de céréales : 1 fois par semaine ;
Canard 2,7
– mais si vous ne la rejetez pas, essayez de consom-
Œuf 1,9 mer de temps en temps une bonne volaille.
Porc (filet maigre) 1,5
Au déjeuner, il n’est pas nécessaire de manger beaucoup
Veau (filet) 1,3
de glucides. Le repas sera donc organisé ainsi :
Jambon cuit supérieur DD 1 – une entrée à base de crudités. De temps en temps,
Fromage frais 40 % MG/MS on y associera des fruits de mer ou exceptionnelle-
0,3
(nature) ment une charcuterie ;
Lait demi-écrémé UHT 0,1 – une protéine animale variée en privilégiant des pro-
téines maigres (voir ci-dessus) ;

18 FÉVRIER 2021 • GUÉRIR & BIEN VIEILLIR

– des légumes à volonté et/ou de la salade avec
de l’huile d’olive et des herbes et aromates pour
l’assaisonnement ;
– 1 fruit, 1 compote ou 2 carrés de chocolat pour
terminer le repas ;
– 1 verre de vin et 1 café pour ceux qui l’apprécient.
3) La collation, elle, ne doit pas contenir de protéines :
pas de jambon, ni même de fromage a priori. La
collation idéale à 17 heures sera à base de fruits : frais,
cuits ou oléagineux, qui sont excellents pour la santé.
Éventuellement, on pourra y ajouter un yaourt.
4) Le dîner sera plutôt végétarien. Pour tout un ensemble
de raisons (digestion, cholestérol, sommeil…), il
est préférable de ne pas manger de viande le soir.
On évitera même la volaille et on pourra consommer
des œufs uniquement si on a un taux de cholestérol bas.
La protéine idéale pour le soir est le poisson, blanc
ou gras. Mais si on a pris l’habitude de faire un petit
déjeuner protéiné, il n’est pas nécessaire de manger
une protéine animale au dîner. On la remplacera par
des associations de céréales et légumes secs, éven-
tuellement associés à un dérivé du soja.
Je propose donc la répartition suivante :
– poisson blanc et/ou fruits de mer : 1 ou 2 fois ;
– poisson gras : 1 fois ;
– tofu : 1 ou 2 fois ;
– céréales et légumes secs : 2 ou 3 fois ;
– autre repas végétarien avec une tarte aux légumes
ou une galette de céréales : 1 fois ;
– de temps en temps, en cas de repas de fête, on
pourra choisir une volaille ou une viande maigre.
Mais réservez les viandes grasses, comme l’entre-
côte ou la côte de porc, pour un midi ;
– le dîner à base de fromage est comme les œufs :
il doit être choisi avec parcimonie et évité si vous
avez un taux de cholestérol élevé.
Sur ces bases, le dîner sera organisé ainsi :
– soupe et/ou légumes et/ou salade de crudités à vo-
lonté assaisonnés avec une huile riche en oméga-3 ;
– poisson ou céréales + légumes secs ou autre plat
végétarien ;
– 1 fruit, 1 compote ou 1 dessert au soja ;
– tisane si vous l’appréciez et évitez le vin le soir.
Voilà de quoi organiser vos repas afin d’éviter les
carences, en particulier en protéines. Mais n’oubliez
pas que ces repas doivent être digestes pour ne pas
surcharger votre système digestif et favoriser des
fatigues postprandiales.
Faire un dîner végétarien facilite le sommeil.
— Les vitamines ou le choix d’une
alimentation vivante
Au-delà de l’organisation des repas que nous venons de
voir qui permet d’avoir une alimentation diversifiée et
donc, en théorie, suffisamment riche en nutriments
et micronutriments, il faut se méfier du choix des ali-
ments. En effet, beaucoup d’aliments industriels sont
naturellement pauvres en vitamines. Ils sont artificiel-
lement enrichis pour donner des compositions nutri-
tionnelles apparemment équilibrées. Mais rien ne vaut
des aliments naturellement riches en micronutriments.
C’est pourquoi il est préférable d’acheter des aliments
naturels, idéalement d’origine biologique (mais ça ne
doit pas être une obsession) et les cuisiner soi-même,
à la fois pour éviter les plats trop gras ou trop sucrés,
mais aussi pour conserver au mieux leur richesse en
vitamines. En cas de fatigue, il existe rarement une
carence en une seule vitamine. Mais on sera plus
particulièrement attentif aux vitamines B9 et B12,
qui peuvent agir également sur l’anémie.
La vitamine B9 est avant tout présente dans le règne
végétal, surtout dans les céréales et les légumes
secs, ainsi que dans les oléagineux.
On trouve la vitamine B12 surtout dans le règne ani-
mal, en particulier dans les viandes.
On voit donc encore une fois l’importance d’avoir
une alimentation diversifiée afin de couvrir l’en-
semble des besoins de l’organisme. Un paragraphe
est consacré à la supplémentation en vitamines
dans la partie sur la prise en charge thérapeutique.
Axe 3 : On stimule
ses neuromédiateurs
Manger de façon équilibrée permet aussi de mieux
fabriquer les neuromédiateurs dont on a vu qu’ils
jouaient un rôle majeur dans les fatigues chroniques.
Pour améliorer notre synthèse de neuromédiateurs,
plusieurs solutions existent.
GUÉRIR & BIEN VIEILLIR • FÉVRIER 2021 19
PLUS JAMAIS FATIGUÉ
Toujours prendre en compte l’approche psycho-
comportementale, car il y a un lien étroit entre stress
et neuromédiateurs. Si on apprend à gérer le stress, à
prendre du recul, à relativiser et à accepter les situations
difficiles, les neuromédiateurs s’équilibreront toujours
mieux.
Mais inversement, quand les neuromédiateurs
sont très perturbés, ils entretiennent le stress et
les troubles du sommeil. Il sera donc utile d’agir di-
rectement sur leur synthèse. En pratique, on agira
principalement sur 3 neuromédiateurs.
— De la dopamine… et du tonus !
La carence en dopamine est une des grandes causes
de la fatigue du matin, avec parfois une impossibilité
de démarrer, voire de se lever de son lit ! Pour augmen-
ter la synthèse de dopamine, on utilisera 3 solutions
principales et complémentaires :
1) Manger des protéines le matin, ce qui est une
pratique qui permet souvent de régler beaucoup de
causes de fatigue puisqu’en faisant ainsi, on va :
• éviter les hypoglycémies de milieu de matinée liées
à un repas exclusivement sucré ;
• éviter les fringales de fin de matinée avec la fatigue
qui l’accompagne, car les protéines « tiennent au
corps » plus longtemps ;
• améliorer la synthèse de dopamine qui doit se faire
le matin et qui nécessite un apport en acides aminés
et en particulier en tyrosine, très présente dans les
protéines animales.
2) Apporter de fortes doses de tyrosine, l’acide
aminé précurseur de la dopamine grâce auquel nos
neurones vont fabriquer ce neuromédiateur. Quand
une personne présente une carence importante en
dopamine dépistée avant tout par l’interrogatoire, on
pourra, en plus d’un repas protéiné, donner au patient
2 g de tyrosine (souvent sous forme de gélules dosées à
500 mg) le matin au début du repas.
3) Utiliser des plantes qui stimulent la synthèse de
dopamine. Il en existe plusieurs, mais la plus efficace
est sans aucun doute la rhodiole, ou Rhodiola rosea,
qu’on donnera le matin avant le petit déjeuner sous
forme d’extrait sec titré en rosavine : en général 2 à
3 gélules le matin.
— De la sérotonine pour le moral
Elle est importante pour le moral et, rien que pour cela,
elle peut aider à réduire la fatigue nerveuse. Mais la
sérotonine est aussi le précurseur de la mélatonine, qui
permet un meilleur endormissement.
Pour augmenter les taux de sérotonine cérébrale, on
pourra proposer au patient de :
20 FÉVRIER 2021 • GUÉRIR & BIEN VIEILLIR
• manger des protéines le matin et le midi, et s’orien-
ter vers une alimentation végétarienne à partir de
16 heures ;
• manger des glucides entre 16 heures et 18 heures,
le mieux étant des fruits ;
• apporter le précurseur de la sérotonine, un acide
aminé appelé tryptophane, autour de 17 heures
sous forme de gélule le plus souvent ou parfois de
sachet ou de barre diététique sucrée. Les besoins
sont en général plus faibles que pour la tyrosine
(entre 500 mg et 1 g) ;
• utiliser des plantes améliorant la synthèse de séro-
tonine. Là encore, il en existe plusieurs, comme le
safran ou le millepertuis, mais ma préférence va au
griffonia si elle est titrée en 5-HTP, le précurseur di-
rect de la sérotonine. Cette plante est simple d’emploi
et sans effet secondaire. Il faut la prendre idéalement
autour de 17 heures et avant 19 heures si possible.
Si ces solutions qui permettent d’augmenter les taux
de sérotonine ne sont pas suffisantes pour améliorer le
sommeil et surtout l’endormissement, il ne faudra pas
hésiter à prendre également de la mélatonine au coucher.
— On reste zen grâce au GABA
Nous avons vu que le GABA est le neuromédiateur de la
zénitude et que trop de stress et d’anxiété peuvent être
des causes de fatigue nerveuse.
Pour augmenter le GABA, on pourra :
– prendre des suppléments à base de L-glutamine ;
– utiliser des plantes anxiolytiques (passiflore en
priorité, mais aussi valériane, aubépine ou mélisse,
pour ne citer que les principales) ;
– pratiquer la méditation et la relaxation.
— Les cofacteurs à ne pas oublier
Pour que les neuromédiateurs soient correctement
synthétisés et surtout fonctionnent bien, il faudra
aussi penser aux cofacteurs, ces petites molécules,
surtout des vitamines et des minéraux, impliquées
dans le métabolisme de ces neuromédiateurs.
Il s’agit en particulier :
• du magnésium, qui joue un rôle central dans la fa-
tigue ;
• du fer, que j’ai déjà détaillé plus haut et dont on voit
ici un rôle complémentaire dans la fatigue ;
• du zinc, un oligoélément ubiquitaire, c’est-à-dire qui
est présent dans tous les organes et interagit avec de
nombreuses réactions métaboliques ;
• des vitamines du groupe B. Elles ont presque toutes
une action sur le système nerveux, et on propose
 souvent une supplémentation en vitamines B dans
les troubles du sommeil et de l’humeur et en cas de
fatigue chronique. D’autant qu’il y a peu de risques
de surdosage (sauf avec la B9 et la B12) ;
• de la vitamine C, qui est active sur le dynamisme et
l’immunité. Elle joue aussi un rôle antioxydant, donc
protecteur pour le système nerveux et ses molécules.
Axe 4 : On élimine la fatigue
physique
Les causes sont tellement nombreuses qu’il existe
évidemment de nombreuses pistes thérapeutiques.
Je n’évoquerai pas ici la prise en charge des patho-
logies complexes ou graves qui nécessitent une
consultation chez un médecin spécialisé. Je ne par-
lerai que des fatigues « banales » sans pathologie
majeure dépistée lors des bilans.
— Le stress, l’ennemi du magnésium
C’est le minéral le plus important dans les fatigues,
car il agit aussi bien sur les causes physiques (mus-
cle, cœur, énergie) que sur les facteurs émotionnels.
J’en donne donc de façon quasi systématique, d’au-
tant qu’on sait que 80 % de la population française ne
consomme pas suffisamment de magnésium9.
La carence en magnésium est en première ligne
quand on parle des troubles de l’humeur et du som-
meil, notamment en cas de fatigue nerveuse.
Si le stress est chronique ou répété, l’excès de cortisol
entraîne de l’agitation et des spasmes musculaires
qui font fuir le magnésium par les urines. Or, une
carence en magnésium augmente la vulnérabilité au
stress, et c’est donc un cercle vicieux qui s’installe,
dont la fatigue est le symptôme le plus courant !
En cas de fatigue liée au stress chronique, une sup-
plémentation en magnésium s’impose souvent.
L’apport en magnésium va réduire la fatigue tout en
apportant plus de « zénitude ». Il va également améliorer
le sommeil même si, seul, il est souvent insuffisant10.
C’est particulièrement vrai chez les sujets âgés11.
— Vitamine C, café et stimulants :
oui, mais…
La vitamine C est un grand classique quand on parle
de fatigue. Effectivement, en dehors de son action sur
9. Galan P., Lafond J.L., Arbaud J., Preziosi P., Durlach V., Valeix P., Bouzid
D., Favier A., Hercberg S., « Apports alimentaires et statut biologique en
magnésium dans la population adulte en France », Cahiers de nutrition et
diététique, 2, 1999, p. 88-93.
10. Abbasi B. et al., 2012.
11. Held K. et al., 2002.
l’immunité, elle stimule aussi de multiples fonctions
dans l’organisme.
Il est donc habituel de proposer des cures de vitamine
C en cas de fatigue, mais son effet reste modeste si on
se limite à cette supplémentation. D’autant que la durée
d’action de la vitamine C est très courte. En général,
pas plus de 2 heures, que vous preniez une vitamine C
naturelle ou chimique (les molécules sont absolument
identiques). La vitamine C naturelle est plus efficace,
car étant « végétabilisée » et associée à des flavonoïdes,
elle est plus biodisponible. Des recherches récentes
laissent penser que les formes liposomales de la
vitamine C sont supérieures. Cela reste à démontrer de
façon concrète dans des études cliniques à plus grande
échelle, mais il est vrai que, en traitement de fond, j’ai
une petite préférence pour les vitamines C liposomales.
Dans ce cas, je donne entre 500 et 1 000 mg par jour
en traitement de fond, mais je peux proposer 1 g 4 fois
par jour en cas de fatigue aiguë. Dans ces situations,
il m’arrive d’associer la vitamine C à la caféine. Cette
dernière est un faux ami qui ne prend pas en compte
les causes de la fatigue et peut avoir plusieurs effets
secondaires, comme de la diarrhée, des palpitations
ou de l’insomnie.
Mais si on a besoin de « tenir le coup » pendant une
journée ou une soirée particulière, l’association
vitamine C + caféine peut être utile ponctuellement.
Dans ce cas, j’utilise souvent un produit assez connu
en pharmacie, le Guronsan. Attention à ne pas en
abuser, car, encore une fois, il ne traite pas les causes
et permet juste d’être plus en forme pendant quelques
heures, avec le risque d’être encore plus fatigué quand
le comprimé ne fait plus d’effet.
Cela veut dire aussi que prendre des tasses de café
pour agir sur sa fatigue est tout autant un faux ami et
peut être une arme à double tranchant. Globalement,
tous les excitants ou stimulants « artificiels » comme la
caféine pourront se révéler, à moyen terme, totalement
contre-productifs. Car là encore, ils ne traitent pas
les causes et augmentent l’épuisement physique en
masquant artificiellement la fatigue.
Sortez du cercle vicieux d’une carence en magnésium en vous supplémentant.
GUÉRIR & BIEN VIEILLIR • FÉVRIER 2021 21
PLUS JAMAIS FATIGUÉ
C’est d’ailleurs ce que font beaucoup de personnes
en surcharge de travail pour tenter de « tenir », et
c’est ainsi qu’ils se retrouvent en burn-out. Aucune
drogue, du tabac à la cocaïne en passant par le can-
nabis ou la caféine, n’est une bonne solution face à
une fatigue chronique.
— Ces autres micronutriments
bien utiles
Du fer naturel pour une meilleure tolérance
J’ai déjà beaucoup évoqué le fer, en particulier dans
le chapitre sur l’alimentation. Si on n’arrive pas à
corriger les besoins en fer par une diététique adaptée,
il faudra envisager de prendre des compléments
alimentaires en comprimés. Il en existe plusieurs
vendus en pharmacie, mais ce sont souvent des fers
mal absorbés qui donnent beaucoup de troubles
digestifs et de constipation chez les personnes
fragiles. Leur avantage est d’être remboursés. Pour
ma part, j’utilise dans ce cas 2 produits :
1. Inofer a ma préférence : c’est un des mieux tolérés
à raison de 2 ou 3 comprimés par jour, ce qui est
Mélatonine : l’indispensable régulateur de votre organisme !
La mélatonine, ou N-acétyl-5-méthoxytryptamine,
est souvent appelée hormone du sommeil, mais elle
est surtout l’hormone centrale de régulation des
rythmes chronobiologiques en étant synthétisée
essentiellement la nuit.
Cette neurohormone est synthétisée à partir de la
sérotonine. C’est pourquoi on la classe parfois dans
les neuromédiateurs, même si c’est un abus de langage.
Elle est sécrétée par la glande pinéale en réponse à
l’absence de lumière.
La mélatonine a d’autres fonctions qu’hormonales.
Antioxydante, elle jouerait un rôle particulier dans
la protection de l’ADN nucléaire mitochondrial. Elle
semble aussi jouer un rôle dans le système immunitaire.
En pratique, voici comment elle fonctionne : des
neurones relient la rétine à l’hypothalamus et à la
glande pinéale. Quand l’obscurité se fait, la mélatonine
est relâchée dans le cerveau et induit le sommeil. Cette
hormone atteint son niveau maximum à 2 heures
du matin. Sa production peut être ralentie, voire
complètement supprimée, par la lumière. Et elle est très
perturbée par les décalages horaires en cas de voyage.
Lorsqu’on soumet quelqu’un à une lumière forte le
matin, on provoque des horaires du sommeil avancés :
22 FÉVRIER 2021 • GUÉRIR & BIEN VIEILLIR
une petite dose qu’il faudra donc prendre pendant
plusieurs mois ;
2. Ferrostrane se présente en sirop pour les enfants.
Ma préférence va néanmoins vers des fers plus « natu-
rels », souvent mieux tolérés, mais pas plus efficaces
pour autant. Il faudra donc les prendre suffisamment
longtemps. J’utilise surtout :
– Feromag® (Lescuyer) est celui qui me donne la meilleure
balance efficacité/tolérance : prendre 1 comprimé 2 fois
par jour si la tolérance digestive le permet ;
– Fer-magnésium (Therascience) est à base de bis-
glycinate, qui serait mieux absorbé : prendre
un ½  comprimé matin et soir ;
– Hemo Complex (Bionutrics) : prendre un ½ compri-
mé 1 à 2 fois par jour.
Au ralenti ? Surveillez votre taux d’iode
La carence en iode est très fréquente. On estime
que 60 % des femmes présentent une telle carence.
Le meilleur examen est le dosage de l’iode dans les
urines au cours de 24 heures.
on s’endort plus tôt et on se réveille plus tôt le jour
suivant. À l’inverse, une lumière forte en soirée retarde
l’endormissement du soir et le réveil du matin.
La mélatonine est avant tout utilisée pour les troubles
du sommeil liés au décalage horaire et au travail de nuit,
mais elle reste une bonne solution pour les difficultés
d’endormissement chez n’importe quel patient.
La très courte durée de vie de la mélatonine est un
des facteurs expliquant son efficacité limitée. Au bout
de 20 minutes, le corps l’a pratiquement éliminée.
Il faut savoir que, dans un comprimé, à peine 10 à
15 % de la mélatonine atteint la cible, car une grande
partie sera détruite dans le tube digestif et le foie
avant d’arriver à destination. C’est pourquoi on utilise
de plus en plus une mélatonine sous forme de spray
sublingual, qui permet une meilleure absorption.
Quand un patient est fatigué à cause d’un
endormissement difficile qui raccourcit son temps de
sommeil, je lui propose souvent de tester la mélatonine.
Chaque personne aura « sa » dose efficace qui, d’après
mon expérience, se situe en moyenne entre 2 et 6 mg
à prendre en comprimé ou en spray sublingual au
coucher, au moment où on éteint la lumière.
En cas de carence en iode, beaucoup de métabolismes
vont tourner au ralenti, à commencer par la thyroïde,
très impliquée dans les fatigues chroniques.
En cas de carence avérée, on pourra prendre :
– Iode marin (Lescuyer) : prendre 1 à 2 comprimés
par jour pendant 3 à 6 mois suivant l’importance de
la carence ;
– Iode+ (Therascience) : prendre un ½ à 1 comprimé
par jour pendant 3 à 6 mois.
À ces doses, l’iode ne présente pas d’effets secondaires
et il ne peut qu’être favorable à de nombreux organes.
Il est néanmoins préférable de procéder à un dosage
avant et après la supplémentation afin de vérifier
l’efficacité des doses utilisées.
Du zinc pour stimuler l’immunité
Cet oligoélément est ubiquitaire, c’est-à-dire qu’il est
présent dans la plupart des organes et des cellules. Il est
avant tout connu pour son rôle au niveau de la peau et
des phanères, ainsi que sur la prostate.
Mais le zinc agit sur bien d’autres organes et il est aussi
un cofacteur pour nos défenses antioxydantes. C’est
évidemment un stimulant immunitaire et un antiviral
qui justifie son utilisation dans le cadre de la Covid.
Son impact sur le fonctionnement des neurones et sa
responsabilité dans certaines dépressions sont bien
établis12. Dans cette métanalyse, plus la dépression était
sévère, plus les carences en zinc étaient élevées par
rapport aux groupes témoins.
Le zinc est ainsi impliqué dans le fonctionnement de
plus de 200 enzymes, et c’est pourquoi je recherche
toujours une carence en zinc en cas de fatigue
chronique. Si la carence est avérée, je propose une
supplémentation à raison de 15 mg de zinc par jour en
moyenne, pouvant aller jusqu’à 30 mg par jour en cas de
carence importante.
De la vitamine D contre l’hypertension
La vitamine D est bien plus que la vitamine des os.
On a déjà prouvé qu’elle jouait un rôle majeur pour
notre système immunitaire ou nos défenses anticancer.
Bien des études montrent également qu’une carence
en vitamine D augmente le risque d’hypertension.
Les scientifiques de l’University College of London ont
constaté que les personnes présentant les meilleurs
taux de vitamine D dans le sang avaient une tension
artérielle inférieure aux autres. Statistiquement, le
risque de développer une hypertension diminue de
8,1 % pour chaque augmentation de 10 % du taux
sanguin de vitamine D !
12. Swardfager W., Herrmann N., Mazereeuw et coll., “Zinc in Depression: A Meta-Analysis”, Biological Psychiatry, vol. 74 (12), p. 872-878, 2013.
Les végétariens sont souvent carencés en zinc, pourtant essentiel.
Un peu comme le zinc, la vitamine D a tellement
d’impact sur notre santé qu’il est important de corriger
une carence, quelle que soit la cause de la fatigue. Et ces
carences sont très fréquentes dans la population.
Il faut en prendre au moins pendant la saison froide,
à raison de 3 000 à 5 000 UI de vitamine D par jour.
Demandez conseil à votre médecin.
Les vitamines du groupe B : négligées à tort !
Voilà des vitamines dont on ne parle pas assez
souvent. À part pour la B9 et la B12, les dosages ne
sont pas très fiables. Par ailleurs, ils sont rarement
remboursés, car on considère que les carences sont
rares. C’est vrai si notre alimentation est diversifiée,
mais en cas de diététique monotone et industrielle,
les carences seront bien plus fréquentes.
Or, les vitamines B interviennent pratiquement toutes
dans le métabolisme énergétique de la cellule et
peuvent être impliquées dans de nombreuses causes
de fatigue. Plutôt qu’un long discours, retrouvez en an-
nexe un tableau qui résume bien leurs actions et les
sources alimentaires qui permettent de ne pas souffrir
de carences (Annexe 3 : Les vitamines du groupe B).
Les vitamines B sont hydrosolubles (comme la
vitamine  C) et, de ce fait, il n’est pas risqué d’en
prendre un peu trop, car le surplus sera éliminé
par les urines. C’est pourquoi, du fait de leurs rôles
multiples, on trouve beaucoup de compléments
alimentaires qui apportent des vitamines B en plus
de l’ingrédient principal. C’est le cas pour le fer, et
surtout le magnésium.
Il m’arrive de prescrire des compléments spécifique-
ment riches en vitamines B, mais la plupart du temps,
on les retrouve dans des complexes qui apportent
d’autres choses. En revanche, je fais systématique-
ment doser les vitamines B9 et B12 et je propose une
supplémentation spécifique en cas de carence. Pour
cela, j’utilise des produits vendus en pharmacie :
GUÉRIR & BIEN VIEILLIR • FÉVRIER 2021 23
PLUS JAMAIS FATIGUÉ
– Spéciafoldine 5 mg : prendre 1 comprimé par jour
en cas de carence avérée en vitamine B9 ;
– Vitamine B12 Delagrange : prendre 1 ampoule par
semaine en cas de carence en vitamine B12.
– Pour mettre en place une telle supplémentation, de-
mandez conseil à votre médecin.
Le coenzyme Q10, protecteur du cœur
Le coenzyme Q10 (CoQ10) est un antioxydant,
mais son rôle principal est d’agir sur la production
d’énergie par la « pile » de la cellule qui s’appelle la
mitochondrie.
De ce fait, le CoQ10 est très impliqué dans les fatigues
physiques, car une carence va entraîner une faiblesse
musculaire, aussi bien au niveau des muscles
périphériques que du muscle cardiaque.
On prescrit donc facilement du CoQ10 en cas de fa-
tigue physique pure, mais aussi en cas d’insuffisance
Le magnésium, capital pour votre santé
Je ne vais pas citer les centaines d’études faites
autour du magnésium et de la santé en général. C’est
un des rares micronutriments faisant consensus.
Ainsi, le magnésium joue plusieurs rôles en cas de
maladies ou de fragilités cardio-vasculaires. C’est un
des éléments qui va lutter contre la rigidité, l’excès de
spasticité des artères. Il est également efficace sur
les palpitations et les troubles du rythme cardiaque.
C’est pour cela, mais aussi parce qu’il s’oppose à
l’effet néfaste du sodium, que le magnésium a prouvé
lors de nombreuses études son intérêt sur les chiffres
tensionnels. Il aide à lutter contre l’hypertension,
mais il est également utile en cas d’hypotension.
Ainsi, dans une étude1 de 2006, 30 000 femmes
dont la tension était limite, âgées de 45 ans et plus,
ont été suivies de manière prospective pendant
près de 10 ans. Pendant ce suivi, 8 544 femmes ont
développé une hypertension artérielle (HTA). Le
risque de voir apparaître une HTA était inversement
proportionnel aux apports en magnésium. L’incidence
de l’HTA a été de 13 % inférieure chez les femmes
fortes consommatrices de magnésium (434 mg/j en
moyenne). Cette étude d’observation a été faite sans
1. Song Y. et coll., “Dietary magnesium intake and risk of incident hypertension among middle-aged and older US women in a 10-year
follow-up study”, Am J Cardiol, 2006 ; 98 : 1616-21.
2. Hatzistavri et al., “Oral Magnesium Supplementation Reduces Ambulatory Blood Pressure in Patients With Mild Hypertension”,
Am J Hypertens, 2009 ; 22 : 1070-1075.
24 FÉVRIER 2021 • GUÉRIR & BIEN VIEILLIR
cardiaque ou encore tout simplement chez les per-
sonnes âgées, car il est prouvé que, avec l’âge, notre
synthèse de CoQ10 baisse progressivement. On peut
doser le CoQ10 dans le sang, mais ce n’est pas très
fiable, malheureusement.
En moyenne, on prescrit entre 80 et 120 mg de CoQ10
par jour.
Des complexes multivitamines très pratiques
Comme je l’ai expliqué dans le paragraphe sur les
vitamines B, à part quelques exceptions, il est rare
qu’on propose une supplémentation en une seule vi-
tamine en cas de fatigue.
C’est pourquoi, en cas de fatigue physique mais
pas seulement, et surtout si le patient n’a pas une
alimentation très équilibrée, je n’hésite pas à
proposer un complexe de vitamines et de minéraux
qui permet de corriger toutes les « petites » carences
de base.
supplémentation, et le chiffre de 434 mg par jour
couvre à peine les besoins théoriques.
Une étude d’intervention publiée en 20092 en
double aveugle réalisée chez 48 patients hyperten-
dus a montré que, en donnant 600 mg de magnésium
par jour, on pouvait faire baisser la tension sys-
tolique de 5,6 mmHg en moyenne et la diastolique
de 2,8 mmHg. Ça peut paraître modeste, mais cet
effet est lié exclusivement au magnésium, qui n’est
évidemment pas la seule chose à envisager en cas
de trouble tensionnel.
Je rappelle que les besoins en magnésium sont en
moyenne de 6 mg/kg/jour, mais il n’y a pas de risque
à en prendre un peu plus. Les effets secondaires sont
surtout de la colite et parfois des selles molles chez
les personnes sensibles. Inversement, il n’est pas
utile de prendre du magnésium en continu. Faites
des cures de 2 mois sur 3, par exemple, mais cela
peut dépendre de chaque individu.
Ma préférence va vers le glycérophosphate de
magnésium ou encore les magnésiums marins, qui
sont les plus naturels même s’ils sont moins bien
absorbés.
Pour cela, j’utilise en particulier :
– Bion®3 Senior : prendre 1 gélule par jour (il apporte
aussi un peu de ginseng) ;
– Quantavital (PhytoQuant) : prendre 2 gélules le
matin (contient aussi de l’éleuthérocoque) ;
– Vitamines & Minéraux (Therascience) : prendre
1 gélule par jour.
Des oméga-3 au quotidien !
Les oméga-3 sont, avec le magnésium, un des nutri-
ments indispensables au système nerveux. Mais ce sont
aussi des protecteurs du système cardio-vasculaire. Que
de bonnes raisons pour s’intéresser aux oméga-3 en cas
de fatigue chronique, qu’elle soit nerveuse ou physique.
On conseille souvent de prendre 1,5 g d’huile de poisson
(3 capsules) au dîner. Pour ma part, je les prescris 5 jours
sur 7, ou bien les jours où on ne mange pas de poisson.
Il faut également penser à consommer quotidienne-
ment des huiles riches en oméga-3, et ne pas oublier
que la micronutrition commence dans l’assiette par
une diversité alimentaire bien comprise.
De la DHEA pour un meilleur dynamisme
La DHEA, ou déhydroépiandrostérone, est considérée
comme la « mère » des hormones, puisqu’elle est le
précurseur de nombreuses hormones, à commencer
par le cortisol et les hormones sexuelles. On en a alors
trop vite fait l’hormone de l’éternelle jeunesse, même s’il
est vrai que plus elle est basse et plus les phénomènes de
vieillissement sont accélérés. Mais ce n’est pas aussi clair.
Par ailleurs, d’un côté, on considère que les personnes
dont la DHEA est basse feraient plus de cancers, et,
de l’autre, on pense que cette hormone, qui stimule
certaines de nos cellules, pourrait aussi favoriser
certains cancers en cas d’utilisation excessive. Malgré
tout, prendre de la DHEA peut apporter un certain
nombre de bénéfices, à une condition incontournable :
faire doser la DHEA dans le sang et n’en prendre que si
le taux est bas, puis vérifier que la dose prise ne crée
pas d’excès.
Les indications de la DHEA sont :
• avant tout la libido et la fatigue en lien avec la méno-
pause (et l’andropause) ;
• l’ostéoporose, bien que les études soient discutables
sur le sujet ;
• la sécheresse vaginale est parfois améliorée ;
• mais c’est surtout l’humeur et le dynamisme qui bé-
néficient de cette supplémentation. Il y aurait même
un effet sur la dépression et les fonctions cognitives ;
• globalement, lutter contre le vieillissement général.
Prendre un complexe multivitamines peut redonner un coup de fouet.
C’est pourquoi, en cas de fatigue chronique, je fais
systématiquement doser la DHEA, surtout après
50  ans, et propose une supplémentation si le taux
est bas pour l’âge. Il faut toujours mettre cette sup-
plémentation en place avec prudence, car certaines
personnes réagissent plus fortement que d’autres.
La dose moyenne est de 50 mg par jour. Je préfère
la faire préparer par un pharmacien et je commence
par des doses de 25 à 30 mg pendant 1 ou 2 mois puis,
si les effets sont insuffisants, je monte à 40 puis à 50,
voire à 100 mg pour certaines personnes. Dans tous
les cas, je contrôle l’effet clinique et le dosage san-
guin. Les effets à long terme d’une supplémentation
en DHEA supérieure à 50 mg par jour sont inconnus.
Ainsi, pas question de donner des doses plus élevées
sans contrôle biologique et sans envisager de revenir
à la dose moyenne de 50 mg par jour. Les principaux
effets indésirables sont :
• une tension des seins désagréable ;
• une augmentation de la pilosité ou, plus rarement,
une chute des cheveux ;
• de l’acné ;
• rarement, une modification de la voix ou une irri-
tabilité.
Pour ma part, je considère que la présence d’un risque
élevé de cancer hormonodépendant est une contre-
indication à l’utilisation de la DHEA. Mais quand
la DHEA est basse et que le patient réagit bien à la
supplémentation, celle-ci peut réellement changer
son quotidien. Dans ce cas, elle pourra être suivie
pendant des années. D’après mon expérience, c’est
surtout sur le dynamisme, l’humeur et la libido que la
DHEA est la plus efficiente.
— Mes plantes anti-fatigue préférées
Les causes de fatigue sont tellement nombreuses que je
pourrais continuer encore longtemps la liste des produits
potentiellement utiles. Je viens d’en faire une synthèse
pratique pour vous présenter les plus importants et les
plus utiles en dehors d’une pathologie complexe.
GUÉRIR & BIEN VIEILLIR • FÉVRIER 2021 25
PLUS JAMAIS FATIGUÉ
Le gingembre, surtout frais, est un excellent stimulant.
À côté de tous ces micronutriments, il ne faut pas
oublier la phytothérapie, qui permet de stimuler
différentes fonctions et est très efficace pour agir
rapidement sur certaines fatigues. Je citerai ici les
principales plantes que j’utilise pour les fatigues, mais
il existe d’autres possibilités.
Le ginseng pour stimuler les neurones
Cette racine est surtout connue pour son effet
aphrodisiaque, et pourtant cette propriété est vraiment
secondaire au regard de son action de stimulation
physique, mais surtout intellectuelle. Le ginseng fait
partie des plantes adaptogènes. Elle stimule l’activité
cérébrale, mais également la synthèse de GABA,
d’acétylcholine et de dopamine (neuromédiateurs)13.
Choisissez exclusivement des produits titrés en gin-
sénosides, car ces molécules ont un rôle direct sur le
fonctionnement de notre système nerveux central, en
particulier sur l’hippocampe. On pense souvent que le
ginseng peut énerver les personnes sensibles, mais il a
été prouvé qu’il pouvait au contraire calmer des enfants
hyperactifs tout en améliorant leur concentration14.
On se méfiera malgré tout, chez les personnes hyperac-
tives, de possibles palpitations ou insomnies. Prendre
2 à 4 gélules par jour pour un apport de 50 à 100 mg de
ginsénosides, plutôt le matin et le midi pour ne pas ris-
quer de gêner le sommeil. Cette plante est sans aucun
doute la plus utilisée dans les fatigues chroniques.
Le gingembre, très tonique
J’évoque cette plante, car elle est souvent citée
comme aphrodisiaque, mais cette propriété est très
secondaire. Elle aurait surtout un effet sur la pro-
duction de spermatozoïdes15.
13. Kim J., Shim J., Lee S., Cho W., Hong E., Lee J., Han J., Lee H., Lee K., “Rg3-enriched ginseng extract ameliorates scopolamine-induced learning
deficits in mice”, BMC Complementary and Alternative Medicine, 2016
14. Lee H., Park W.S., Lim M.H., “Clinical Effects of Korean Red Ginseng on Attention Deficit Hyperactivity Disorder in Children: An Observational
Study”, J Ginseng Res, 2011.
15. Qureshi S., Shah A.H., Tariq M., Ageel A.M., “Studies on herbal aphrodisiacs used in Arab system of medicine”, Am J Chin Med, 1989;17(1-2):57-
63. PMID 2589237.
26 FÉVRIER 2021 • GUÉRIR & BIEN VIEILLIR
En réalité, le gingembre (Zingiber officinale) est avant
tout un formidable antioxydant et une plante très utile
contre les nausées et les pathologies de l’estomac. Elle
est également tonique, digestive, immunostimulante
et anti-inflammatoire. Je prescris plutôt le ginseng que
le gingembre en cas de fatigue, sauf si j’ai besoin de ses
autres propriétés. Il faut prendre 5 à 10 g de rhizome frais
par jour, soit 1 à 2 g d’extrait sec. Il est plutôt bien toléré.
L’ashwagandha, neuroprotectrice
Appelée parfois ginseng indien (Withania somnifera),
l’ashwagandha est un remède très utilisé en médecine
ayurvédique, qui le nomme « odeur de cheval » pour
évoquer la puissance de cet animal.
Si elle a de multiples propriétés comme le ginseng,
c’est l’une des plantes adaptogènes, toniques et aphrodi-
siaques les plus puissantes. Elle améliore la mémoire et
aurait des propriétés anti-âge et neuroprotectrices, ra-
lentissant le vieillissement cognitif. Elle est citée dans
les maladies d’Alzheimer et de Parkinson.
On dit qu’elle favorise le repos et relaxation, ce qui est
paradoxal, mais c’est aussi un effet qu’on retrouve dans
le ginseng. C’est un bon stabilisant de l’humeur.
On utilise des extraits de plantes titrés en withanolides
pour une meilleure efficacité et pour mieux comparer
les qualités des différents produits proposés à la
vente. On donne en moyenne 600 à 900 mg d’extrait
titré par jour en 1 ou 2 prises. Certains le proposent le
matin pour son effet adaptogène, mais on peut aussi
le prendre 2 heures avant le coucher pour agir sur la
sexualité.
Du maca pour monsieur
Cultivé entre 3 500 et 4 500 m d’altitude, on l’appelle aussi
le « ginseng péruvien » (Lepidium meyenii). Adaptogène
et neuroprotectrice, c’est la plante que j’utilise le plus
souvent dans l’andropause et les troubles de la libido.
Les Incas l’utilisaient d’ailleurs pour endurcir leurs
guerriers. Comme le tribulus, elle contient des stéroïdes
précurseurs de la testostérone, mais ce ne sont pas les
seuls composants actifs. De ce fait, le maca :
• est aphrodisiaque et stimulant de la fonction
sexuelle ;
• améliore la spermatogenèse et la fertilité ;
• augmente la production de progestérone et de tes-
tostérone.
Encore une fois, la majorité des études a été faite chez
l’animal, mais l’expérience chez l’homme montre que
cette plante est souvent utile. Je donne en moyenne
500 à 1 000 mg de plante en 2 prises, le matin et le
midi. Je commence toujours par des demi-doses
pour tester la sensibilité du patient. J’utilise surtout
cette plante chez l’homme, mais elle peut s’employer
également chez la femme.
De la rhodiole pour booster la dopamine
C’est une plante dite adaptogène qui est la référence
quand on veut augmenter l’action de la dopamine dont
j’ai détaillé l’action plus haut. On utilise son rhizome
(partie souterraine de la tige de la plante), dont les
propriétés et les indications sont :
Microbiote déréglé, organisme fatigué…
Nous savons bien que la flore intestinale joue un rôle
central dans notre santé et est impliquée dans de
nombreuses maladies.
Même si ça ne paraît pas évident de prime abord,
le microbiote, le nom scientifique de la flore intes-
tinale, peut jouer aussi un rôle en cas de fatigue.
Non seulement il faut une flore équilibrée pour bien
absorber les vitamines et minéraux, mais le microbiote
est aussi impliqué dans de nombreuses maladies qui
sont des causes de fatigues chroniques.
On retrouve des troubles de la flore intestinale dans
plusieurs maladies digestives évidemment, mais aussi
cardio-vasculaires et immunitaires. Sans parler du fait
qu’elle agit aussi sur notre équilibre émotionnel – on
l’appelle notre « deuxième cerveau ».
De bonnes raisons donc pour s’intéresser à l’alimen-
tation, le premier facteur influençant le microbiote,
et pour donner des probiotiques dès qu’une dysbiose
(un déséquilibre de la flore) apparaît, suspectée d’après
les symptômes suivants : selles molles, alternance diar-
rhée-constipation, gaz malodorants…
C’est pourquoi, face à une fatigue chronique, je prescris
souvent :
• un probiotique ou un symbiotique (association
probiotiques et prébiotiques) le matin ;
• de la chlorophylle magnésienne pure le soir.
Bien entendu, je m’adapterai aux autres symptômes
du patient, et en particulier à ses troubles digestifs, qui
1. Hertz L., Kvamme E., McGeer E.G. et Schousboe A., Glutamine, Glutamate, and Gaba in the Central Nervous System, Alan R. Liss Inc.,
1983, New York.
2. Young L.S., Bye,R., Scheltinga,M., Ziegler T.R., Jacobs,D.O. et Wilmore D.W., “Patients Receiving Glutamine-Supplemented Intrave-
nous Feedings Report an Improvement in Mood”, Journal of Parenteral and Enteral Nutrition, 17 (5), 1993, p. 422-427.
• augmentation de la teneur en dopamine du cerveau
par réduction de sa dégradation ;
• meilleure adaptation au stress et aux situations nou-
velles et difficiles ;
• surmenage intellectuel ;
• fatigue nerveuse, fatigue du matin avec manque de
punch, d’envie ;
• stimule l’humeur positive et les fonctions cognitives ;
• troubles du sommeil.
On utilise un extrait sec de rhodiola titré en rosavine.
La posologie dépend de chaque individu, mais la
rhodiola se prend toujours le matin, éventuellement à
midi, mais jamais le soir.
peuvent refléter une dysbiose importante. Cela permet
aussi de limiter le risque de candidoses digestives,
sources de fatigue chronique et de dépression.
En cas de dysbiose, une hyperperméabilité intestinale
y est souvent associée. Or, cette altération de la
muqueuse intestinale, en laissant passer un certain
nombre de molécules et même de microbes, peut
agir sur l’humeur et la dépression, ou encore favoriser
l’encrassement du foie.
Pour enrayer ce cercle vicieux, en plus du travail sur la
flore, je prescris de la glutamine, un acide aminé qui va
permettre en priorité à la muqueuse intestinale de se
réparer. De plus, la glutamine est aussi le précurseur
du GABA, qui apporte de la zénitude, de la détente
au patient.
Il est en effet prouvé que la carence en glutamine
provoque un ralentissement du travail neuronal et
une diminution des performances1. Globalement, elle
stabilise le système immunitaire, renforce les cellules
intestinales et a un effet positif sur le stress, les sautes
d’humeur et la sérénité2.
La place de l’intestin dans la fatigue nerveuse et
le déséquilibre émotionnel est tellement impor-
tante qu’on a créé un mot pour cette approche :
la psychomicrobiotique ! Le docteur Guillaume Fond,
psychiatre à l’hôpital Henri-Mondor et chercheur en
psychiatrie à l’Inserm, en est un des concepteurs.
Des études sont en cours pour mieux cerner encore les
relations entre flore intestinale et humeur.
GUÉRIR & BIEN VIEILLIR • FÉVRIER 2021 27
PLUS JAMAIS FATIGUÉ
Le ginkgo oxygène mieux le cerveau et augmente la concentration.
Plante fidèle et bien tolérée, ses seules précautions
d’emploi sont, comme souvent, les femmes enceintes
ou allaitantes et les enfants de moins de 6 ans.
Je l’associe parfois à une supplémentation en tyrosine
(voir ci-dessus).
Carence en sérotonine : du griffonia !
C’est la plante qu’on utilisera chaque fois qu’il existe une
carence en sérotonine (voir plus haut), car elle :
• apporte du 5-HTP, le précurseur de la sérotonine ;
• augmente l’activité de la sérotonine impliquée dans
l’appétit, l’humeur et le sommeil ;
• entraîne indirectement un effet anxiolytique.
De plus, la sérotonine se transforme en mélatonine,
donc le griffonia peut compenser en partie les
carences en mélatonine et favoriser un meilleur
endormissement. Il est indispensable d’utiliser un
extrait sec de griffonia titré en 5-HTP. On trouve des
titrages de 10 à 40 % suivant la qualité du produit.
On donne en moyenne 100 à 150 mg de 5-HTP par jour,
de préférence vers 17 heures ou entre 16 et 19 heures.
C’est une plante très bien tolérée. Les seules précau-
tions d’emploi sont les femmes enceintes pendant le
1er trimestre de la grossesse et les enfants de moins
de 12 ans. Elle est déconseillée en cas d’épilepsie.
Le ginkgo biloba contre la fatigue intellectuelle
Le ginkgo biloba est à la fois une des plantes les
plus antioxydantes, mais surtout la plante de la
microcirculation. Son action est reconnue pour
améliorer la circulation cérébrale et donc ralentir le
vieillissement cognitif16.
16. Niederhofer H., “Ginkgo biloba treating patients with attention-deficit disorder”, Phytother Res, 2010.
17. Roodenrys S., Booth D., Bulzomi S., Phipps A., Micallef C., Smoker J., “Chronic effects of Brahmi (Bacopa monnieri) on human memory”, Neu-
ropsychopharmacology, 2002 Aug ; 27 (2) : 279-81. PMID 12093601.
18. Morgan A., Stevens J., “Does Bacopa monnieri improve memory performance in older persons ? Results of a randomized, placebo-controlled,
double-blind trial”, J Altern Complement Med, 2010.
19. Pase M.P., Kean J., SarrisJ., et al., “The cognitive-enhancing effects of Bacopa monnieri : a systematic review of randomized, controlled human
clinical trials”, J Altern Complement Med, 2012.
28 FÉVRIER 2021 • GUÉRIR & BIEN VIEILLIR
Elle sera donc surtout utilisée dans les fatigues ner-
veuses ou intellectuelles du patient vieillissant. Pour
être suffisamment efficace, choisissez des extraits secs
titrés en ginkgoflavonoïdes (20 à 25 %) et en terpènes
lactones (6 %). Ce type de produit se prend à raison de
2 gélules matin et soir, 5 jours sur 7.
Le bacopa monnieri pour préserver
votre mémoire
Le bacopa monnieri, appelé aussi « Brahmi », est moins
connu, car il appartient à la tradition indienne où il est
utilisé depuis 3 000 ans pour son action sur le cerveau
et la mémoire. Des travaux modernes ont démontré
son efficacité aussi bien chez les jeunes préparant des
examens que chez des personnes âgées présentant un
déficit cognitif17,18,19.
Je l’utilise surtout dans les fatigues intellectuelles
chez des personnes qui ont un travail intense ou des
révisions. Chez le sujet âgé, je l’associe volontiers au
ginkgo biloba. Choisissez idéalement des extraits
titrés en bacosides et, si possible, d’origine biologique.
Il faut prendre au moins 500 mg d’extrait titré par jour.
Des plantes anxiolytiques et sédatives
pour réduire l’anxiété
Je n’ai pas la place dans ce dossier de détailler les
plantes qui agissent sur l’anxiété. Elles peuvent être
utiles quand le stress est la principale cause de la
fatigue. Cependant, si la fatigue est plutôt physique,
attention à leur aspect sédatif. Je ne les utilise donc
pas prioritairement en cas de fatigue, et c’est la raison
pour laquelle je ne fais que les citer ici :
• la passiflore, le Lexomil du phytothérapeute.
C’est l’une des plantes anxiolytiques de référence ;
• l’eschscholtzia est la plante la plus utilisée pour les
insomnies ;
• l’aubépine, si l’anxiété s’accompagne de palpitations ;
• la mélisse, quand le stress est présent chez une
personne spasmophile avec surtout des spasmes
digestifs et une boule dans la gorge ;
• le houblon est la plante de l’insomnie chez les
femmes ménopausées ;
• la valériane est une plante utilisée en particulier
dans les syndromes anxio-dépressif et les troubles
du sommeil chez les personnes très anxieuses.
 CONCLUSION

Ma synthèse en pratique

L
a fatigue est un symptôme très fréquent
qui peut devenir particulièrement han-
dicapant. Comme vous l’avez compris,
il est indispensable de consulter un
médecin si cette fatigue persiste afin
d’éliminer de vraies maladies sous-jacentes.
Heureusement, la plupart des fatigues sont liées soit
à des causes physiques plus bénignes, comme une
carence en fer, soit à des facteurs émotionnels.
Il sera toujours prioritaire, après avoir éliminé une
éventuelle pathologie, de différencier les fatigues
physiques des fatigues nerveuses, ces dernières étant
sans aucun doute les plus fréquentes et nécessitant
une prise en charge spécifique.
Il ne faudra pas oublier la possibilité d’un syndrome de
fatigue chronique dont j’ai expliqué les grandes lignes.
Son diagnostic est souvent délicat et ce syndrome
complexe nécessitera de consulter un spécialiste de
ces questions car les causes sont multiples.
Dans tous les cas, pensez à vous écouter, à prendre
du temps pour vous occuper de vous et à vivre
un peu plus au rythme de votre corps plutôt qu’à
celui imposé par une société de plus en plus
« hyperactive ».

MINUTE CULTURE
QUEL EST LE PLUS VIEUX MONUMENT DE PARIS ?
Il s’agit de l’obélisque de la Concorde, et de très loin, puisqu’il date du XIIIe siècle avant J.-C.
Il a été offert par l’Egypte en 1830 à la France en l’honneur de Jean-François Champollion.
Son transport au XIXe siècle avait été un véritable exploit technique.
Mais si l’on parle de monument 100 % parisien, la palme revient aux arènes de Lutèce,
dans le 5e arrondissement, puisqu’elles datent du Ier siècle après J.-C.

Le Dr Éric Ménat ne prend plus de nouveaux patients.

Son carnet de rendez-vous est plein jusqu’à fin 2022. Il est donc inutile de contacter son cabinet.

Avis aux lecteurs

L’objectif de Guérir & Bien Vieillir n’est pas de remplacer vos c­ onsultations médicales.
Il est de vous donner les clés pour créer un dialogue riche et ­constructif avec votre médecin.

REVUE MENSUELLE N°46 - FÉVRIER 2021

Abonnement annuel : 114 euros
Directrice de la publication : Clémence Bauden
Abonnement : Pour toute question concernant votre abonnement,
Rédacteur : Dr Eric Ménat
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ISSN : 2504-4052

GUÉRIR & BIEN VIEILLIR • FÉVRIER 2021 29

PLUS JAMAIS FATIGUÉ
question
J’AI LES GENCIVES QUI SAIGNENT. QUE DOIS-JE FAIRE ?
Les gencives qui saignent sont généralement le signe
d’une gingivite. Elle peut être plus ou moins étendue
et grave. Si le saignement est localisé sur peu de dents,
il peut s’agir de concrétions alimentaires qui entraînent
une inflammation, voire d’un traumatisme à cause du
brossage. Soyez plus attentif au brossage : utilisez une
brosse à dents très souple ou mieux, électrique (moins
de blessures). Utilisez aussi une brossette, pour bien
nettoyer les espaces interdentaires, ainsi que du fil
dentaire. Faites des bains de bouche avec du bicarbo-
nate pour assainir la bouche.
Si le saignement dentaire est plus étendu et persistant,
on est face à une véritable gingivite (une inflammation
de la gencive bénigne). Mais, elle peut s’étendre aux
tissus sous-jacents et se transformer en parodontite.
Ces deux maladies sont difficiles à distinguer :
contrairement à la gingivite, la parodontite ne se
guérit jamais d’elle-même et nécessite toujours une
consultation chez un dentiste.
Dans la gingivite, on observe une gencive rouge, gon-
flée et qui saigne facilement. L’halitose (mauvaise
haleine) est fréquente. Si les dents bougent, il s’agit
déjà d’une parodontite. Gingivite et parodontite sont
avant tout liées à l’hygiène de vie : la qualité et la ré-
gularité du brossage, et l’alimentation. On les trouve
souvent chez des personnes qui ont une alimentation
déséquilibrée, riche en sucre et/ou en alcool, qui gri-
gnotent ou fument.
Le diabète est un facteur qui favorise une gingivite,
comme une carence en vitamine C ou encore des
changements hormonaux (ménopause). La possibilité
d’un reflux acide en provenance de l’estomac, est
une source classique de gingivite qu’on oublie trop
fréquemment. Traiter le reflux avec des antiacides
réglera souvent le problème, même si traiter aussi les
gencives permettra de soulager plus vite le patient.
Si je suspecte une parodontite, j’adresse mon patient
à un spécialiste afin de procéder à un nettoyage de
toutes les poches gingivales. Il peut être nécessaire de
faire des cures d’antibiotiques, car on retrouve souvent
des germes agressifs dans ces poches. S’il s’agit d’une
gingivite plus « banale », je prescrirai :
– des bains de bouche avec du bicarbonate : 1 cuillère
à café rase dans un verre d’eau à répéter 3 fois par
jour après chaque brossage après avoir bien rincé
la bouche. Il n’y a pas de risque à avaler un peu de
bicarbonate, au contraire ;
– un brossage attentif avec une brosse à dents souple
et si possible électrique ;
– l’utilisation de brossettes interdentaires ;
30 FÉVRIER 2021 • GUÉRIR & BIEN VIEILLIR
de patient
– du Quantabuccal (PhytoQuant), un gel gingival à
base de colostrum et d’huiles essentielles qui assai-
nit la gencive tout en favorisant sa cicatrisation ;
– une cure de vitamine C, soit sous forme d’acérola
(500 mg, 4 fois par jour), soit sous forme liposomale
(environ 300 mg, 3 fois par jour).
Je n’utilise jamais des bains de bouche avec des anti-
septiques chimiques que je trouve peu efficaces et peu
utiles. Une visite chez le dentiste est indispensable pour
éliminer le tartre et la plaque dentaire, qui entretiennent
l’inflammation.
Pour ceux qui manipulent bien les huiles essentielles,
on pourra fabriquer soi-même son propre mélange pour
soulager des gencives sensibles et enflammées, avec, par
exemple, les produits suivants :
– HE Laurier noble : 5 gouttes ;
– HE Lavande vraie : 5 gouttes ;
– HE Tea Tree : 5 gouttes ;
– HV de Millepertuis : 60 gouttes.
Appliquer en massage sur les gencives quelques gouttes
du mélange 3 fois par jour jusqu’à amélioration.
L’homéopathie est très utile, voici quelques remèdes :
BORAX : gingivite avec aphtes.
APIS MELLIFICA : le remède de l’inflammation avec gon-
flement « rosé » avec sensation de brûlure améliorée par
les boissons froides et aggravée par les boissons chaudes
et le moindre toucher.
ARSENICUM ALBUM : les gencives sont brûlantes avec
sécheresse de la bouche et saignement facile, et saliva-
tion abondante. Ce remède a des modalités inverses du
précédent. La brûlure est améliorée par les boissons
chaudes et aggravée par le froid.
MERCURIUS SOLUBILIS : c’est un remède de gingivite
avec saignements plus importants en général. Le patient
décrit un goût métallique dans la bouche et une mau-
vaise haleine. Les douleurs sont brûlantes, aggravées
aussi bien par les boissons trop chaudes ou trop froides.
IRIS VERSICOLOR : présente sensation de brûlure de
toute la bouche et on retrouve souvent un reflux gas-
tro-œsophagien, cause des symptômes et de la gingivite.
LACHESIS : surtout utilisé pour les gingivites liées au fac-
teur hormonal, soit en prémenstruel, soit aux alentours
de la ménopause, avec saignements.
Dans tous les cas, on donnera 3 granules 3 à 4 fois par
jour en 5 CH.
en bref !
LA VITAMINE D, UNE VITAMINE À TOUT FAIRE !
La vitamine D : une arme anticancer !
De nombreuses études, depuis des années déjà, ont
montré que les personnes carencées en vitamine D
faisaient plus de cancers et plus de récidives d’un pré-
cédent cancer. Une publication avait même montré
que 72 % des personnes chez qui on découvrait un
cancer étaient carencées en vitamine D.
Cette vitamine pourrait inhiber la carcinogenèse et
ralentir la progression tumorale, via des effets antitu-
moraux, anti-inflammatoires, immunomodulateurs,
apoptotiques (mort cellulaire) et antiangiogéniques.
Elle s’opposerait également à l’envahissement tumo-
ral et à la dissémination métastatique, d’où un impact
favorable sur la mortalité spécifique. Ainsi, plus le
taux sanguin de vitamine D est normal ou élevé au
moment du diagnostic d’un cancer et plus la survie
sera longue, d’après de précédentes études.
L’étude « VITAL » référencée ici est une étude dite
d’intervention (et non d’observation) où on donne
volontairement de la vitamine à des patients pour
évaluer leur risque de cancer. Ici, il s’agit d’une étude
plus puissante et plus significative en double aveugle
contre placebo afin de déterminer avec plus de préci-
sion le rôle de la vitamine D. Au début de l’étude, tous
les participants étaient évidemment indemnes de
tout cancer. Sur les 25 871 participants, on comptait
51 % de femmes (âge moyen : 67 ans ; IMC moyen :
28 kg/m² (corpulence ou rapport poids/taille)).
Au départ, aucun sujet n’était réellement carencé en
vitamine D, mais ce point reste discutable, car il ne
faut pas regarder si le patient est dans la norme mais
où il se situe par rapport à cette norme. J’y reviendrai.
Au total, 1 617 personnes sur 25 871 ont développé un
cancer pendant l’étude, qui a duré environ 6 ans.
Ce qui est intéressant ici c’est que, contrairement à ce
qu’on aurait pu penser, il n’y a pas eu de réelle diffé-
rence dans le nombre de cancers entre les 2 groupes.
Par contre, la gravité des cancers et la mortalité ont
été très nettement inférieures dans le groupe qui pre-
nait de la vitamine D.
Ces résultats en partie surprenants ont amené les
chercheurs à différencier les patients en fonction de
leur IMC (donc de leur obésité). Et ils ont constaté
que la supplémentation en vitamine D réduisait bien
le nombre de cancers, mais uniquement chez les
personnes de poids « normal », soit avec un IMC infé-
rieur à 25. De la même façon, c’est chez les personnes
de poids normal que la mortalité par cancer est très
nettement inférieure grâce à la vitamine D.
Les résultats de ce travail se rapprochent de ceux
d’une récente méta-analyse qui avait retrouvé, avec
un suivi d’au moins 3 ans, une réduction significative
(13 %) du risque de décès sous vitamine D.
Ces données peuvent être expliquées par une activité
anticancéreuse propre de la vitamine D.
Les points forts de ce travail tiennent à l’importance
de son échantillon, au sein d’une population très di-
verse, au suivi et à l’adhérence très satisfaisants au
protocole de supplémentation vitaminique. A contra-
rio, on peut regretter que la supplémentation ait été
« seulement » de 2 000 UI/j, alors qu’il faut probable-
ment au moins le double pour corriger des carences
et avoir un effet plus probant. Il faudrait probable-
ment prolonger cette étude au-delà de 10 ans pour
avoir des chiffres encore plus significatifs. Mais cela
prouve une fois encore que la supplémentation en
vitamine D réduit le risque de cancer, et particulière-
ment de cancer grave !
Source : Chandler P.O. et coll., “Effect of vitamine D3 Supplemen-
tation on Development of Advanced Cancers. A Secondary Analy-
sis of VITAL”, JAMA Netw Open, 2020, 3 (11) e : 2025850.
La vitamine D peut améliorer la vie des asthmatiques
Ce n’est pas la première fois qu’on évalue l’impact de
la vitamine D sur l’asthme et la qualité de vie des asth-
matiques. L’étude présentée ici a observé un groupe de
120 personnes asthmatiques carencées en vitamine D.
(<30 ng/ml). L’étude est faite contre placebo. Le groupe
traité reçoit 16 000 UI par semaine, ce qui reste un peu
juste. Malgré tout, une amélioration très significative
du contrôle de l’asthme a été constatée dans le groupe
traité, avec une augmentation de 3,09 points pour les
réponses au questionnaire alors que le score a dimi-
nué de 0,57 points dans le groupe placebo !
Cet effet est moins connu, mais montre à quel point
la vitamine D agit sur notre immunité et l’équilibre
général de l’organisme.
Source : Andújar-Espinosa R. et coll. : “Effect of vitamin D
supplementation on asthma control in patients with vitamin
D deficiency : the ACVID randomised clinical trial”, Thorax,
2020 ; publication avancée en ligne le 5 novembre. doi : 10.1136/
thoraxjnl-2019-213936.
Conclusion : c’est par ces actions multiples sur notre
organisme que la supplémentation en vitamine  D
s’avère utile et nécessaire, pour ne pas dire
indispensable. Malgré toutes ces études, aucune
recommandation n’a été proposée par nos experts.
GUÉRIR & BIEN VIEILLIR • FÉVRIER 2021 31
 La recette santé du Dr ménat UN PEU DE LECTURE

CHOU FARCI VÉGÉTARIEN L’HOMME QUI

Pers. : 4 / Temps : 30min / Difficulté : Moyen / Coût : Moyen VOULAIT ÊTRE
HEUREUX
Comme je l’ai expliqué dans ce dossier, le soir, il est préférable
de faire un repas végétarien qui associe des légumes et des Laurent Gounelle
céréales. Voici une recette gourmande idéale pour l’hiver et
qui permet de consommer du chou, un légume aux multiples Éditions Pocket
propriétés et qui ne figure pas souvent dans nos assiettes.

INGRÉDIENTS • 1 chou vert • 2 oignons Laurent Gounelle est un auteur de livres de dé-
avec de blancs veloppement personnel connu dans le monde
entier. Beaucoup d’entre vous le connaissent
belles feuilles • 2 gousses d’ail
probablement déjà. Mais pour les autres, je trou-
extérieures • 30 g de vais utile de parler ici de son premier livre, dont
• 100 g de pignons le titre est déjà très évocateur.
quinoa de pin Le parcours de l’auteur est assez particulier.
• 100 g de tofu • 1 cube de Après des études de sciences économiques, il
bouillon de travaille au service financier de diverses entre-
• 2 œufs légumes bio prises. Mais au départ, il voulait être psychiatre
• 150 g de cham- • Coriandre et, pendant ces années où il manie des chiffres, il
sent qu’il n’est pas à sa place et cherche sa voie.
pignons frais ou persil
Il va alors découvrir la philosophie, la psychologie
et le développement personnel, dont il devient
PRÉPARATION un spécialiste. Il s’est formé auprès de nom-
breuses personnes, allant des experts américains
•  Détachez 4 feuilles du chou, lavez-les et blanchissez-les en neurosciences aux chamans péruviens et aux
pendant 5 min. sages balinais.

•  Coupez le chou en 2, coupez une moitié en 2. Émincez le
chou en lamelles.
•  Faites cuire le quinoa avec le bouillon, à feu doux. Égout-
tez et récupérez l’eau de cuisson.
•  Coupez finement les oignons et les gousses d’ail. Lavez et
émincez les champignons en duxelles. Faites revenir le
tout dans de l’huile d’olive, ajoutez le chou émincé et un
verre d’eau. Couvrez et laissez cuire 10 min à feu moyen
en remuant régulièrement.
•  Ajoutez le quinoa au chou ainsi que le tofu en petits cubes.
Versez 2 cuillères à soupe d’eau de cuisson du quinoa. Mé-
langez et poursuivez la cuisson 5 minutes à couvert, à feu
moyen, en remuant. Versez cette préparation dans un sa-
ladier. Ajoutez les 2 œufs et mélangez. Ajoutez les pignons
de pin et les herbes.
•  Dans chaque feuille, disposez 1/4 de la préparation. Refer-
mez-la et disposez-la dans un plat à gratin. Arrosez d’eau
de cuisson du quinoa. Couvrez le plat de papier sulfurisé
et enfournez 40 min à 200 °C. Arrosez 2 fois avec du jus
pendant la cuisson. Dégustez bien chaud.
Mieux vaut vivre avec l’intérêt de l’amour
C’est d’ailleurs à Bali que se situe l’histoire de ce
roman. Et c’est évidemment un peu de lui qu’il
s’agit. Une sorte d’autobiographie romancée.
Mais c’est surtout une véritable initiation au dé-
veloppement personnel, dont le but principal
serait d’être plus en phase avec soi-même pour
être simplement plus heureux. Il existe beaucoup
de livres qui parlent de cela, mais celui-ci a pour
moi un gros avantage : il est à la fois simple à lire
et facile à aborder pour ceux qui connaissent mal
ces approches.
Son style permet de vite rentrer dans l’aventure
de ce personnage, mais surtout de comprendre
comment raisonner quand on a décidé de s’inter-
roger sur soi-même.
L’Homme qui voulait être heureux replace le bon-
heur au centre de nos préoccupations. Quand
l’homme se déconnecte de la nature et se nourrit
de la frénésie de la société moderne, il épuise son
énergie vitale et ses facultés de récupération. Il
perd alors l’essentiel : son aptitude à minimiser
les problèmes. Laurent Gounelle, philosophe
et fin spécialiste des âmes en peine, délivre un
roman où la quête du bien-être passe d’abord
par un travail sur soi. Il invite les hommes et les
femmes à s’armer de volonté pour se réappro-
prier le droit à être heureux.

plutôt que vivre avec l’amour de l’intérêt.

Désiré Nelson DR ÉRIC MÉNAT