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TRIBUNE

RENDRE HOMMAGE AU MONDE AGRICOLE


Par Seydou Mamadou Coulibaly

Depuis plus de 10 ans, notre pays, le Mali, traverse une crise multidimensionnelle
importante qui affecte tous les secteurs.
A la crise sécuritaire, ce sont ajoutées diverses crises (institutionnelle, économique et
sociale). La situation aurait pu être plus désastreuse n’eut été le courage et
l’abnégation des ruraux maliens. En effet, bravant les groupes armés terroristes et
face aux aléas climatiques, la production malienne s’est maintenue. C’est une
agréable surprise qui mérite que l’on rende hommage aux paysans, aux éleveurs, aux
pêcheurs ainsi qu’à tous les acteurs de la ruralité malienne. Il faut rappeler que selon
l’Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture, le secteur
agricole malien occupe 80% de la population du pays. Cela fait près de 16 millions de
personnes, sur une population d’environ 22 millions d’habitants. Le Mali dispose des
atouts considérables à commencer par les nombreuses terres arables et une nappe
phréatique exceptionnelle, car selon l’Autorité du Bassin du Fleuve Niger, le Mali
détient 25% du bassin du fleuve.
Soutenir la ruralité et particulièrement le monde agricole
Le Mali possède de nombreuses potentialités agro pastorales et halieutiques. Mais
l’agriculture est sans aucun doute le secteur le plus stratégique qui représente
environ 40% du Produit Intérieur Brut malien (revenu national). Lors de la campagne
2021-2022, le Mali a atteint la production record de 760 000 tonnes de coton. En
2023, la production devrait tourner autour de 400 000 tonnes selon les estimations
nationales. Cette chute s’explique principalement par la tension sur les marchés des
engrais et l'apparition d'un nouveau parasite qui attaque les cotonniers. Même si le
coton reste le secteur phare de l’agriculture malienne, il serait important de
continuer la diversification de ce secteur, selon la cellule de planification et de
statistique du ministère du développement rural, le Mali a produit en 2021, 9 266 073
tonnes de céréales, soit une diminution de 10.5% par rapport aux années
précédentes. Malgré cela, le pays a tout de même enregistré un excédent de
2 300 000 tonnes. Les autres cultures vivrières doivent être renforcées, le pays doit
encourager la production de fruits et légumes. En redynamisant son secteur agricole
le Mali pourrait atténuer les effets de la crise sur son économie. Le pays est entouré
par sept voisins (Algérie, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Guinée, Mauritanie, Niger,
Sénégal) ce qui offre un marché direct important. Le premier impact positif d’un
secteur agricole dynamisé permettrait d’améliorer la balance commerciale du Mali et
il permettrait également de réduire l’inflation des prix sur les marchés locaux. La
cherté de la vie reste l’une des principales préoccupations dans le pays. L’activité
agricole dynamique pourrait soutenir le secteur commercial dans sa recherche de
solutions pour la réduction des prix.
Le développement de l’agro business pour favoriser les créations d’emplois
De nombreux jeunes maliens s’orientent de plus en plus vers le secteur agricole. Cet
engouement est encourageant, car il permet de donner une meilleure image de ce
secteur agricole qui est resté longtemps marginalisé par la jeunesse urbaine.
Désormais, les jeunes maliens investissent dans ce secteur et en font même la
promotion, sous le slogan « la terre ne ment pas » !
En effet, l’investissement agricole bien réalisé et suivi produit des résultats palpables.
Les marchés sous régionaux, régionaux et internationaux sont demandeurs de
nombreux produits provenant du Mali, comme le karité, la noix de cajou, le sésame,
les fruits et légumes de saison.
Il faut reconnaitre que la chaine agricole occupe un nombre important d’acteurs de
manière directe et indirecte. Ainsi on peut citer, les producteurs, les logisticiens, les
fournisseurs, les négociants, les vendeurs, les banquiers, les assureurs et les
transporteurs etc… la liste n’est pas exhaustive.
Ce processus représente des millions d’emplois et peut faire baisser le chômage de
manière considérable. Il faut donc rappeler que l’investissement dans le domaine
agricole comme tous les autres secteurs, n’est pas sans risque. En effet, le domaine
agricole est exigeant et demande beaucoup d’engagements de la part des acteurs.
L’État et le secteur privé doivent accompagner les jeunes entrepreneurs agricoles,
notamment pour organiser le suivi et le conseil afin de leur permettre de mieux
cerner le processus et ainsi de favoriser le décollage de l’activité.
L’agro business doit être encouragé dans notre pays à travers notamment le
renforcement des capacités des jeunes agriculteurs. A cet égard, divers programmes
peuvent être initiés, jusqu’à la phase de commercialisation en produits semi-finis et
finis, ne serait-ce qu’à petite échelle pour un départ.
L’encouragement du secteur agricole constitue une de mes priorités pour mieux
soutenir notre économie et favoriser le bien-être de nos populations.

Président du Mouvement Benkan, le Pacte Citoyen

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