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Biophysique

Alberto Verga,∗
Institut de Recherche sur les Phénomènes Hors Équilibre, 49, rue F. Joliot-Curie, BP 146, 13384 Marseille,
France†

(Date : 26 septembre, 2002)

Cours de biophysique, deuxième année du DEUG des sciences.

Table de Matières 1. Bain thermique et mouvement brownien 21


B. Dynamique moléculaire par simulation numérique 22
I. Introduction et généralités 2
A. Unités physiques fondamentales 2 VI. Les biomolécules comme polymères 22
B. Constantes et grandeurs caractéristiques 3 A. Le polymère idéal 22
1. Taille d’une chaı̂ne gaussienne 23
II. Éléments de Thermodynamique 3 2. Élacticité du polymère idéal 24
A. Les principes thermodynamiques 3 B. Les effets du volume exclu 24
1. La croissance de l’entropie 3 1. Cône de valence et longueur de persistance 25
2. La notion d’état thermodynamique 4
3. La conservation de l’énergie 4 A. TD1: Interactions intermoléculaires 25
B. La transformation isotherme 5 1. Questions 25
C. La transformation adiabatique 5 a. Thermodynamique 25
D. L’énergie et l’enthalpie 6 b. Forces 26
E. L’énergie libre, Helmholtz et Gibbs 6 2. Forces et potentiels d’interaction 27
F. La thermodynamique des solutions 7 a. Exercice 1: 27
1. Le potentiel chimique 7 3. Interactions coulombiennes 27
2. L’enthalpie libre d’une solution 7 a. Exercice 2: 27
G. Physique statistique et distribution de Boltzmann 8 b. Exercice 3: 27
1. Le nombre d’états et l’entropie 8 4. Dipôle électrique 27
2. La distribution des probabilités et la fonction de a. Exercice 4: 27
partition 9 b. Exercice 5: 28
5. Dipôle induit, notion de polarisabilité 28
III. Forces intermoléculaires 9 a. Exercice 6: 28
A. Introduction 9
1. Potentiel chimique standard 10 B. TD2: Dipôles et Forces de van der Waals 28
2. Forces répulsives et attractives 11 1. Questions 28
3. Forces de valence 11 a. Forces d’interaction, suite... 28
B. Forces électrostatiques 12 2. Interaction entre deux dipôles permanents 29
1. Forces de Coulomb 13 a. Exercice 1: 29
2. Interaction Charge-Dipôle 13 3. Facteur de Boltzmann 29
3. Charge-dipôle mobile 13 a. Exercice 2: 29
4. Dipôles mobiles 13 4. Terme de Keesom 29
5. Effets de Polarisation 14 5. Terme de Debye 29
6. Ion-molécule non-polaire 14 a. Exercice 3: 29
7. Dipôle induit-dipôle 14 6. Terme de London 30
8. Forces de Dispersion 14 7. Forces de van der Waals 30
C. Hydratation et effet hydrophobe 14
C. TD3: Flexibilité de Macromolécules 30
1. Lien hydrogène 14
1. Questions 30
2. Interactions hydrophiles et hydrophobes 15
a. Stabilité de l’ADN 30
3. Énergie de Born et Solubilité des ions 15
b. Polymère idéal, chaı̂ne de Gauss 30
4. Hydratation des ions 15
2. Géométrie d’une macromolécule 30
5. Effets entropiques 15
a. Exercice 1: 31
IV. Macromolécules 16 3. La chaı̂ne aléatoire 31
A. Structure hiérarchique et conformation 16 a. Exercice 2: 31
B. Forces d’interactions faibles 17 4. Flexion des macromolécules 31
C. Macromolécules en solution 18 a. Exercice 3: 31
b. Exercice 4: 31
V. Physique des macromolécules 19 c. Exercice 5: 32
A. États d’énergie minimale 19 Formules utiles 32

D. TD4: Conformation de Macromolécules 32


1. Questions 32
2. Probabilités et fonction de partition 32
∗ Electronicaddress: Alberto.Verga@irphe.univ-mrs.fr a. Exercice 1: 33
† UMR 6594, CNRS, Université de Provence 3. Modèles de changement de structure de biopolymères 33
2

a. Transconformation en un seul pas 33 Bibliographie 48


b. Exercice 2: 33
c. Transconformation aléatoire 33 Index 48
d. Exercice 3: 33
e. Transconformation séquentielle 33
f. Exercice 4: 34
g. Transconformation collective 34 I. INTRODUCTION ET GÉNÉRALITÉS
h. Exercice 5: 34
Formules Utiles 34 A. Unités physiques fondamentales
E. TD5: Association et polymérisation des
biomolécules 34 Les grandeurs physiques se caractérisent par leur di-
1. Questions 34 mension. En mécanique les dimensions de base sont la
2. Association ligand-macromolécule 34 longueur L, le temps T et la masse M . Ces dimensions
a. Exercice 1: 35 de base permettent de décrire complètement les mouve-
3. Fixation coopérative 35
a. Exercice 2: 35 ments des corps et leur forces d’interaction. Par exemple
b. Exercice 3: 35 la vitesse d’une particule (point matériel) en mouvement
4. Polymérisation de macromolécules 35 a la dimension dérivée de
a. Exercice 4: 35
5. Cinétique des phénomènes coopératifs 35 L
a. Modèle de Monod, Wyman et Changeux 36 [vitesse] = ,
b. Exercice 5: 36
T
6. Autocatalyse 36
a. Exercice 6: 37
la force a les dimensions
b. Exercice 7: 37
ML
[force] = ,
F. TD 6: Membranes et Transport 37 T2
1. Questions 37
2. Membranes biologiques 38 et l’énergie
a. Exercice 1: 38
3. Tension superficielle 38 M L2
a. Exercice 2: 38 [énergie] = .
b. Pression de vapeur et nucléation 39 T2
c. Exercice 3: 39
d. Exercice 4: 39 On note entre crochets [· · · ] les dimensions d’une
4. Diffusion et transport passif 40 grandeur physique: si R est le rayon d’une sphère [R]
a. Équilibre dans un champ extérieur 40 est la dimension du rayon, c’est-à-dire une longueur,
b. Exercice 5: 40
c. Exercice 6: 41
[R] = L. Dans le système international d’unités et
d. Transport de solvant 41 mesures, l’unité de longueur est le mètre “m”, l’unité de
e. Exercice 7: 41 temps la seconde “s”, et l’unité de masse le kilogramme
f. Diffusion et perméabilité 42 “kg”. De l’équation de dimension de la force, on voit
g. Relaxation vers l’équilibre 42 qu’elle résulte du produit d’une masse M multipliée par
h. Exercice 8: 42
5. Transport d’ions et potentiel de membrane 43
une accélération L/T 2 , il s’agit en fait de la loi trouvée
a. Exercice 9: 43 par Newton au XVII siècle qui est le fondement de toute
b. Exercice 10: 43 la mécanique.
c. Équilibre en présence d’un polyélectrolyte 43 Outre les phénomènes mécaniques on considère les
d. Exercice 11: 43
phénomènes thermiques et électriques. En thermody-
e. Exercice 12: 43
f. Exercice 13: 44 namique on introduit l’unité de température T , le kelvin
g. Pompes ioniques et transport actif 44 “K”, et celle de quantité de matière, la mole “mol”. En
h. Exercice 14: 44 électromagnétisme on introduit l’ampère “A”, qui sert à
i. Exercice 15: 45 mesurer le courant électrique. Dans le tableau I on trouve
6. Transport facilité 45
a. Modèle simplifié de transport facilité 45
la définition des unités de quelques grandeurs importants.
b. Exercice 16: 45
c. Mécanismes de régulation des enzymes 46
d. Inhibition compétitive 46 TABLEAU I Grandeurs physiques et leurs unités.
e. Exercice 17: 46
f. Inhibition non-compétitive 46 Grandeur Unité Symbole Définition
g. Exercice 18: 46 Énergie joule J kg m2 s−2
h. Formules du flux de transport facilité 46
Force newton N kg m s−2
i. Exercice 19: 47
j. Exercice 20: 47 Pression pascal Pa N m−2
Bibliographie 47 Charge coulomb C As
G. Rappel des mathématiques 47 Potentiel volt V J C−1

H. Cours et ressources sur le web 47


3

B. Constantes et grandeurs caractéristiques même de particules n’est pas important, ce qui compte ce
sont les propriétés du mouvement de ces particules. Par
Le nombre de molécules dans une mole de substance exemple le système solaire est un système mécanique, et
est le nombre d’Avogadro le soleil et les planètes peuvent être considérés comme
des particules en ce qui concerne leurs mouvements or-
NA = 6.022 1023 mol−1 . bitaux. L’évolution du système est régi par la loi de New-
ton, qui relie l’accélération aux forces d’interaction entre
Il existe un lien entre les phénomènes mécaniques et ther-
les particules du système, ou aux forces crées par des
miques, découvert au XIXe siècle par Boltzmann. La
corps extérieurs. La mécanique permet en principe de
constante qui porte son nom est
prédire complètement le comportement d’un système si
kB = 1.381 10−23 J K−1 , son état est connu à un instant donné. On peut penser
que pour décrire un système, même composé d’un nombre
on peut observer que ses unités permettent de trans- considérable des particules, comme un gaz enfermé dans
former une température en une énergie, par exemple un volume avec un nombre de l’ordre de NA de molécules
l’énergie associée à une température de 298 K d’une (les particules du système mécanique), en calculant cha-
mole de substance est: 298 K NA kB = 2.48 kJ. Le cune des trajectoires des molécules du gaz. En fait les
produit NA kB = R est la constante de gaz parfaits systèmes composés d’un très grand nombre de molécules,
R = 8.314 J K−1 mol−1 . les systèmes macroscopiques, possèdent des propriétés
La charge e d’un proton est de 1.602 10−19 C. La con- spécifiques comme la température T , la pression P ou le
stante de Faraday est la charge d’une mole d’ions potentiel chimique µ, qui n’ont pas de sens pour les pe-
tits systèmes mécaniques, mais qui permettent d’établir
F = NA e = 9.649 104 C mol−1 . leur état sans ambiguı̈té. Les systèmes macroscopiques
sont l’objet de la thermodynamique. Plus précisément la
De la définition du potentiel électrique (voir tableau ??), thermodynamique n’étudie que les systèmes à l’équilibre,
on déduit qu’il s’exprime comme le rapport d’une énergie c’est à dire des systèmes dont les propriétés physiques
par une charge. Si on suppose que l’énergie thermique sont, en général, homogènes et n’évoluent pas avec le
caractéristique d’une mole de substance à température temps.
T est RT et la charge est la constante de Faraday F , Un exemple du changement qualitatif du passage du
le potentiel typique est V = RT /F ; pour T = 298 K “microscopique” au “macroscopique”, est celui du jet
on a RT /F = 25.69 mV. Ce potentiel est du bon ordre d’une pièce de monnaie. Si l’on se pose la ques-
de grandeur pour mesurer par exemple les potentiels de tion de prédire le résultat, pile ou face, d’un seul jet
membrane d’une cellule nerveuse. (système microscopique) il faut résoudre complètement
La taille caractéristique des petites molécules (comme le problème mécanique du mouvement de la pièce à par-
l’eau par exemple) est de a = 0.1 nm. Deux charges ±e tir de la connaissance de son état initial. Ce problème
séparées d’une distance a ont un moment dipolaire u de est d’une extraordinaire difficulté: il faut tenir compte
l’ordre de u = (1.602 10−19 )(10−10 ) C m= 4.8 D; où on de l’air, des rebonds sur le sol, etc. Par contre, si l’on
note souvent 1 D = 3.336 10−30 C m, le Debye, unité de répète l’expérience une grande quantité de fois (ensem-
moment dipolaire. ble macroscopique), on s’aperçoit que la fréquence de pile
On utilise le 1/12-ème de la masse du carbone 12 C
s’approche de celle de face. À la limite où le nombre de
comme unité atomique de masse: 1.661 10−27 kg. Par
jets tend vers l’infini il suffit pour décrire le phénomène
comparaison la masse de la terre est de 5.976 1024 kg.
de donner la probabilité de pile ou face: le résultat du
L’énergie thermique par molécule kB T à T = 298 K est
jet est donc pile avec une probabilité de 1/2. On a rem-
souvent utilisée comme unité de mesure des énergies des
placé l’infinité des valeurs de la trajectoire (description
interactions moléculaires. Par exemple, une liaison hy-
microscopique) de la pièce au cours du temps par la seule
drogène a typiquement une énergie de 30 kJ mol−1 , c’est
donnée de la probabilité (description macroscopique).
à dire de l’ordre de 12 kB T par molécule.
À partir d l’énergie thermique et de la masse d’une
molécule on peut déduire une pvitesse caractéristique du
mouvement thermique vth = kB T /m; elle est d’environ A. Les principes thermodynamiques
vth ≈ 1500 m s−1 pour le proton et 300 m s−1 pour une
molécule d’oxygène O2 . 1. La croissance de l’entropie

La notion centrale de la thermodynamique est celle


II. ÉLÉMENTS DE THERMODYNAMIQUE d’entropie S. À l’origine du concept d’entropie se trouve
l’observation de l’irréversibilité de certains phénomènes
En mécanique un système est composé de “particules”, incluant le travail mécanique et les transferts de chaleur.
et son état est déterminé par la donnée de l’ensemble Sadi Carnot (1796-1832) montra qu’un moteur ther-
de positions et vitesses à un instant initial. Pour com- mique ne peut fonctionner que lorsque la chaleur passe
prendre les phénomènes mécaniques, connaı̂tre la nature d’une source chaude vers une source froide. Il énonça
4

des variables T , P et le volume V . La relation f


qui établit le lien entre ces trois “variables d’état” est
A l’équation d’état: f (T, P, V ) = 0. Un exemple bien connu
T=const d’équation d’état est celle des gaz parfaits (Clapeyron
B 1843):
Pression

P V = nRT , (2)
Q=0 où n = N/NA est le nombre de moles de gaz (N est
D le nombre de molécules du système). Puisque le système
Q=0
est à l’équilibre et chimiquement homogène, le nombre de
T=const particules N est considéré comme étant une constante. Si
C l’on tient compte des interactions entre les particules du
gaz (gaz réel) on a l’équation d’état de van der Waals
(1880):
Volume
(P + a/V 2 )(V − b) = nRT , (3)
FIG. 1 Diagramme pression-volume du cycle de Carnot. AB où a et b, qui sont des constantes caractéristiques de
et CD sont des isothermes chaude et froide respectivement; BC chaque substance, tiennent compte des effets d’attraction
et DA des adiabatiques. Pendant l’expansion AB le système et de répulsion entre les molécules, respectivement.
absorbe une quantité Q1 de chaleur. Il en fournit une quantité
L’équation (3) se réduit à l’équation d’état des gaz par-
−Q2 sur CD. Le travail total est Q1 − Q2 , et le rendement de
la machine (Q1 − Q2 )/Q1 < 1. faits pour a = b = 0.
Quand on dit que la variation de l’entropie est
indépendante du chemin suivi par le système, cela sig-
le principe selon lequel il est impossible de transformer nifie que cette variation ne dépend que des valeurs de
périodiquement (suivant un cycle) de la chaleur en tra- variables d’état à l’état initial et à l’état final exclusive-
vail (“Réflexions sur la puissance motrice du feu” 1824). ment. On peut donc considérer l’entropie comme une
Il imagina une machine thermique parfaite, fonctionnant fonction d’état. Une autre fonction d’état importante
entre deux sources de chaleur, et dont le système (un gaz est l’énergie du système, grandeur qui mesure à la fois
parfait) subit des transformations réversibles (voir la fig- l’“agitation” thermique et les interactions entre les par-
ure 1). Une transformation est réversible quand chaque ticules du système. L’entropie et l’énergie son des pro-
état intermédiaire est aussi un état d’équilibre. Cette priétés additives: si le système est séparé en deux sous-
notion, introduite par Clapeyron (1843) dans son tra- systèmes 1 et 2, on aura E = E1 + E2 et S = S1 + S2 .
vail sur le cycle de Carnot, implique qu’un cycle peut
être parcouru dans les deux sens: si il n’y a donc qu’une 3. La conservation de l’énergie
source de chaleur à une unique température, le travail
réalisé par cycle sera nul. Le principe énoncé par Carnot, Les lois fondamentales de la thermodynamique, con-
dont plusieurs formulations équivalentes sont possibles, cernent principalement le comportement des systèmes
fut formalisé par Clausius (1865) avec l’introduction de macroscopiques lors des passages d’un état d’équilibre
l’entropie (état initial 0) vers un autre état d’équilibre (état final
Z 1). Quelque soit le chemin qui mène le système de 0 à 1,
dQ(T )
S= , (1) la variation de l’énergie E du système résulte du travail
C T −T de forces extérieures et des échanges de chaleur Q
avec l’extérieur:
où Q est la chaleur absorbée par le système en suivant
le chemin C qui représente une transformation réversible. ∆E = ∆Q − P ∆V , (4)
Cette fonction ne dépend que des états initial et final,
et non du chemin suivi par le système. Le principe où ∆ · · · indique la variation de la grandeur entre son état
de Carnot signifie, en termes de l’entropie, que celle- final et son état initial (∆E = E1 − E0 , etc.). On a sup-
ci, lors d’une transformation quelconque, doit toujours posé en (4) que le travail est dû aux forces de pression (en
augmenter: l’entropie d’un système isolé est à l’équilibre équilibre avec la pression extérieure) T = P ∆V . Cette
maximale (principe parfois appelé deuxième loi de la équation exprime la loi de la conservation de l’énergie
thermodynamique). et constitue une relation fondamentale de la thermody-
namique (appelé parfois le premier principe de la thermo-
dynamique). En utilisant l’équation qui relie la variation
d’entropie à la variation de chaleur dS = dQ/T (en suiv-
2. La notion d’état thermodynamique
ant un chemin réversible), le principe de conservation de
l’énergie s’écrit:
L’état thermodynamique d’un système, liquide ou
gazeux, chimiquement homogène est déterminé par deux dE = T dS − P dV . (5)
5

Cette forme différentielle permet de définir la


température comme étant la variation de l’énergie
par rapport à la variation de l’entropie à volume con- 1
stant, et la pression comme étant la variation de l’énergie
par unité de volume (à entropie constante, c’est-à-dire
lors d’une transformation adiabatique, voir §II.C):
    V1
∂E ∂E
T = ,P = − . (6)
∂S V ∂V S

Une simple interprétation de l’équation de définition 0


de la température résulte de la considération de deux
sous-systèmes, d’un système à l’équilibre. L’entropie S =
S1 +S2 est maximale, ce qui implique que sa variation par
rapport à l’énergie du sous-système 1, disons, est nulle:
V0
dS dS1 dS2 dE2
= + ,
dE1 dE1 dE2 dE1
mais E2 = E − E1 , donc dE2 /dE1 = −1, on obtient: ∆Q
dS dS1 dS2
= − = 0, FIG. 2 Expansion isotherme d’un gaz parfait. Le piston passe
dE1 dE1 dE2 de la position 0 à la position 1. L’augmentation du volume de
V0 à V1 , est accompagnée d’un transfert de chaleur ∆Q.
en conséquence dS1 /dE1 = dS2 /dE2 , ou d’une façon
équivalente
dE ∆E = 0. Ceci signifie que le travail que le système
= const. réalise lors de son expansion doit être accompagné d’un
dS
échange de chaleur avec l’extérieur. Cet échange fait que
la constante étant justement la température du système. le processus d’expansion soit irréversible: l’entropie du
On remarque que ce résultat se sert du principe de max- système croı̂t. La variation d’entropie est, en utilisant
imisation de l’entropie, ainsi que de l’additivité des fonc- l’équation (5) avec dE = 0,
tions d’état (on les appelle “extensives”).
V1
∆S = nR ln , (7)
V0
B. La transformation isotherme
comme V1 > V0 , et l’on vérifie que la variation d’entropie
est positive.
Soit par exemple l’expansion, ou la compres-
sion, isotherme d’un gaz (changement de volume à
température constante, voir la figure 2). Le travail T C. La transformation adiabatique
exercé par les forces de pression du gaz est
Z V1 Z V1 L’énergie d’un gaz parfait n’est fonction que de la
V1
T = P (V )dV = nRT dV /V = nRT ln , température,
V0 V0 V0
E = Cv T = ncv T
où on a utilisé (2) avec T =const pour trouver la fonction
P = P (V ). Le travail T est celui effectué par le système le coefficient de proportionnalité Cv est la chaleur
durant la transformation (ici le changement isotherme de spécifique, ou par mole de substance cv (voir le para-
volume). Le travail effectué par les forces externes (celles graphe §II.D pour une définition plus générale). Lors
qui dans l’exemple, son responsables du changement de d’une transformation adiabatique d’une mole de gaz par-
volume, comme le déplacement d’un piston) est le même fait, sans échange de chaleur dQ = 0, on obtient de (5):
que celui effectué par le système mais de signe opposé
−T . nRT dT nR dV
Cv dT + dV = 0 , + = 0,
Les particules qui forment un gaz parfait, par V T Cv V
définition de gaz parfait, n’interagissent pas: leur énergie où l’on a utilisé l’équation d’état des gaz parfaits. On
d’interaction est nulle. La température d’un gaz est reliée déduit que T V R/cv = const., ou
à l’énergie cinétique moyenne: au mouvement désordonné
des particules. Pour l’expansion isotherme d’un gaz par- R
fait aucune variation de l’énergie du gaz est possible: P V γ = P0 V0γ = const. , γ = + 1, (8)
cv
6

où P0 et V0 sont la pression et le volume initiales. Cette E. L’énergie libre, Helmholtz et Gibbs
équation montre que lors d’une expansion ou d’une com-
pression adiabatiques la pression en fonction du volume Le travail effectué sur un système lors d’une trans-
suit une hyperbole de la forme P ∼ V −γ . formation isotherme réversible s’écrit, en utilisant (5),
Le cycle de Carnot (figure 1) est, dans un diagramme −P dV = d(E − T S). Il est donc la différentielle de la
(P, V ) formé de morceaux d’hyperboles P ∼ V −1 pour grandeur:
les transformations isothermes et P ∼ V −γ pour les adi-
abatiques. La variation d’énergie E est par définition de F (T, V ) = E − T S , (13)
cycle, nulle (∆E = EA − EA = 0, l’état initial coı̈ncide
l’énergie libre, il s’agit d’une fonction d’état qui ne
avec l’état final). Le travail est donc directement lié à
dépend que de la température et du volume du système.
la différence de chaleur Q1 absorbé lors de l’expansion
Elle fut introduite par Helmholtz en 1882 pour décrire
isotherme (chemin AB, à la température T1 ) et Q2 libérée
l’“affinité chimique”: le dégagement de chaleur pour
lors de la compression isotherme (chemin CD, à T2 ). Le
des réactions au contact d’un bain thermique. Cette
travail effectué par le système est donc T = Q1 − Q2 , et
fonction possède une propriété fondamentale, propriété
le rendement de la machine
qui permet d’établir un critère pour déterminer l’état
Q1 − Q2 d’équilibre. En effet, le travail fourni au système lors
rendement = < 1, (9)
Q1 d’une transformation arbitraire à température constante
est le rapport du travail (utile) au chaleur absorbée à la (au contact d’une seule source de chaleur) est toujours
source à haute température (T1 > T2 ). Le fait que le supérieur au travail qu’on lui fournirait lors d’une trans-
rendement soit plus petit que 1, signifie que l’entropie du formation réversible (ayant les même états extrêmes),
système plus les sources, augmente; cela signifie aussi, on doit donc avoir T ≥ ∆F , où ∆F correspond à la
que une machine thermique dont le résultat serait ex- variation d’énergie libre (elle ne dépend que des états
clusivement d’effectuer un travail sans absorption de extrêmes). Si en outre, la transformation se produit à
chaleur, est impossible. volume constant, T = 0. En conséquence l’énergie libre
diminue, et elle doit être minimale pour un système à
l’équilibre (maintenu à température et volume constant –
D. L’énergie et l’enthalpie les deux variables d’état dont F dépend). L’énergie libre
est, pour les systèmes thermodynamiques, l’équivalent de
On considère en parallèle des processus à volume con- l’énergie potentielle des systèmes mécaniques, toutes les
stant et à pression constante. Pour un processus qui se deux prenant un minimum à l’état d’équilibre.
déroule à volume constant on a dQ = dE (le travail P dV Concernant les transformations à pression constante,
est nul) la variation de chaleur (échanges avec l’extérieur) le rôle équivalent à l’énergie libre de Helmholtz est joué
est égale à la variation d’énergie du système. Pour un par la fonction d’état découverte par Gibbs (1839-1903)
processus qui se déroule à pression constante, la variation
de chaleur peut s’écrire sous la forme d’une différentielle G(T, P ) = H − T S , (14)
dQ = d(E + V P ) ≡ dH, où
le potentiel thermodynamique, où l’énergie E de
H = E + PV , l’équation (13) a été remplacée par l’enthalpie H. De
est l’enthalpie. La variation d’énergie par unité de manière analogue à F , le potentiel thermodynamique,
température à volume constant est la chaleur spécifique; ou enthalpie libre diminue dans toute transformation
d’une façon analogue la variation d’enthalpie par unité subit par un système, à température et pression con-
de température est la chaleur spécifique à pression con- stantes. Le potentiel thermodynamique est donc la fonc-
stante: tion d’état la plus appropriée pour caractériser les trans-
    formations chimiques, pour lesquelles on fixe souvent une
∂E ∂H
Cv = , Cp = . (10) température et une pression de référence. La variation de
∂T V ∂T P la fonction de Gibbs est
L’énergie E(V, S) est la fonction d’état qui décrit les
systèmes en fonction du volume et de l’entropie, elle est dG(T, P ) = −SdT + V dP . (15)
appropriée pour étudier les processus adiabatiques (dS =
G(T, P ) est une fonction d’état qui décrit les systèmes en
0). De même, l’enthalpie est une fonction d’état, dont la
fonction de leur température et pression.
variation dH = dE + V dP + P dV = (T dS − P dV ) +
La connaissance de l’énergie libre, de Helmholtz
V dP + P dV ,
F (T, V ) ou de Gibbs G(T, P ), permet de déduire les
dH(S, P ) = T dS + V dP , (11) autres fonctions et variables thermodynamiques, d’où le

∂H
 
∂H
 nom de potentiel thermodynamique. Par exemple, de
T = ,V = − . (12) l’équation (15) on calcule le volume ou l’entropie:
∂S P ∂P S
   
montre qu’elle dépend de variables S et P (on a utilisé ∂G ∂G
V = , S=− . (16)
la conservation de l’énergie). ∂P T ∂T P
7

Il est aussi aisé de calculer la variation d’enthalpie à par- à T , P et nombre de moles des autres espèces con-
tir de la fonction G(T, P ): stants. Ainsi comme la température est liée aux échanges
  d’énergie, le potentiel chimique est liée aux échanges de
∂G particules. Cette analogie résulte évidente de la com-
H = G + TS = G − T
∂T P paraison de l’équation (6) et de l’équation (18).
Ainsi comme deux systèmes échangent de l’énergie
cette dernière relation peut aussi s’écrire comme jusqu’à ce que leurs températures deviennent égales, et
  c’est précisément cette égalité des températures qui car-
∂ G
H = −T 2 , (17) actérise l’état d’équilibre, deux systèmes qui échangent
∂T T P des molécules sont à l’équilibre dès que leurs potentiels
chimiques s’égalisent:
relation connue comme équation de van’t Hoff.
µi = µk , ∀i, k , (19)
F. La thermodynamique des solutions ce qui implique
L’état thermodynamique d’une solution est déterminé K
X
par des variables intensives comme la température T et nk dµk = 0 .
la pression P , extensives comme le volume V , et par le k=0
nombre de molécules de chaque substance de la solution.
Si celle-ci comporte K + 1 espèces ayant N0 , N1 , . . . , NK Un expression simple du potentiel chimique s’obtienne
molécules on a dans le cas des solutions faibles (diluées ou idéales), celles
dont on peut négliger les interactions entre les molécules
K
X du soluté. Dans ce cas le potentiel chimique de l’espèce
N= Nk k ne dépend que de la fraction molaire Xk (à T, P fixés)
k=0
sous la forme,
le nombre total de molécules. On peut introduire le
nombre de moles de la substance k comme le rapport µk = µ0k + RT ln Xk , (20)
nk = Nk /NA . Dans le cas où par exemple l’espèce “0”
où µ0k est le potentiel chimique de l’état chimique
soit prédominante, N0 ≈ N  N1 , . . . , Nk , on appelle
standard (voir plus bas § III.A.1 pour un calcul ex-
l’espèce “0” le solvant, et les autres les solutés.
plicite). Le potentiel chimique standard représente
La fraction molaire est Xk = nk /n, où n est le nombre
l’énergie nécessaire pour ajouter une molécule de la sub-
total de moles n = n0 + n1 + · · · + nK . La concentration
stance k à la substance pure (Xk = 1 pour une substance
du soluté k est le rapport du nombre de molécules au
pure). On peut interpréter le terme en ln Xk de (20)
volume de la solution, Ck = Nk /V .
comme étant d’origine entropique: il est proportionnel au
changement d’entropie dû au mélange de Nk molécules de
1. Le potentiel chimique soluté k dans une solution de N molécules (voir § II.F.2).

La variation d’une grandeur X extensive par rapport à


la variation du nombre de moles d’une substance donnée 2. L’enthalpie libre d’une solution
est une grandeur intensive (non additive) x = ∂X/∂nk ,
où la dérivée se fait à valeurs fixes de autres vari- Quand dans un système se produit un changement
ables thermodynamiques; x est la valeur spécifique de de composition, comme par exemple lors d’une réaction
la grandeur X. Le volume spécifique, grandeur qui a les chimique, ou par l’échange avec l’extérieur à travers une
dimensions du volume, de l’espèce k est par définition membrane, ce changement du nombre de moles des so-
vk = ∂V /∂nk . En effet, les grandeurs spécifiques, cal- lutés ou du solvant, s’accompagne d’une variation de
culés comme le rapport de deux variables extensives, ne l’enthalpie libre, proportionnelle à la variation du nombre
P
sont pas de variables extensives; par exemple k vk 6= V , molaire:
la somme de volumes spécifiques de toutes les espèces K
X
présentes dans une solution, n’est pas le volume total de dG = −SdT + V dP + µk dnk , (21)
la solution. k=0
Une grandeur spécifique a une importance particulière,
le potentiel chimique µ. Celui-ci peut être défini comme cette équation représente la généralisation de l’équation
étant la variation de l’énergie libre de Gibbs par rapport (15) au cas où il se produit une variation du nombre de
au nombre de moles de soluté k, molécules du système. Si la transformation s’effectue à T ,
PK
  et P constantes on a simplement dG = k=0 µk dnk . On
∂G doit donc considérer l’enthalpie libre comme une fonction
µk = (18)
∂nk T,P,ni6=k de la température, de la pression, et du nombre de moles
8

de chaque espèce présente dans la solution (solvant et système et son état thermodynamique, est la notion de
solutés): probabilité.
Une conséquence importante de l’équation (24) est
K
X qu’elle établit un lien entre entropie et désordre. Un
G(T, P, {nk }) = µk nk (22) système ordonné, comme un cristal, où chaque molécule
k=0 occupe une position précise, possède un nombre d’états
bien plus restreint que celui du même matériau à l’état
(à T et P constants). Cette relation permet de calculer
gazeux, dans lequel les molécules sont libres d’occuper
facilement la variation d’entropie associée au mélange.
n’importe quelle place dans un volume donné, et que
Dans le cas d’une solution faible, pour laquelle le poten-
par là même doit être considéré comme étant un état
tiel chimique du soluté k est µk ∝ ln Xk , la variation
désordonné. L’entropie du cristal sera en conséquence
d’enthalpie libre lors du mélange de K solutés à une sub-
beaucoup plus petite que celle du gaz. Un raison-
stance pure 0 s’écrit simplement,
nement similaire nous permet de comprendre pourquoi
K
X l’expansion d’un gaz est spontanée: plus grand le volume
∆G = RT nk ln Xk , accessible à une molécule, plus grand le nombre d’états
k=0 (configurations spatiales) du système, le passage d’un pe-
tit volume vers un plus grand est donc compatible avec
mais comme ∆G = ∆H −T ∆S et la variation d’enthalpie la croissance de l’entropie. On dit que les états de plus
est nulle (T et P constants), cette équation donne directe- grande entropie sont des états plus probables.
ment la variation d’entropie de mélange: Bien que le calcul du nombre d’états d’un système soit
en général très compliqué, puisqu’il dépend du détail des
K
X propriétés du système, dans certains cas très simplifiés,
∆S = −R nk ln Xk . (23)
comme pour l’expansion d’un gaz parfait on peut le cal-
k=0
culer facilement. Si V0 est le volume initial et σ est le
rayon d’une molécule, le nombre de configurations (de
G. Physique statistique et distribution de Boltzmann sites où l’on peut placer la molécule) est évidemment
donné par N0 = V0 /Vσ , où Vσ = 4πσ 3 /3 est le volume
1. Le nombre d’états et l’entropie occupé par la molécule. Le nombre de configuration à
l’état final est N1 = V1 /Vσ . Si le système comporte une
Boltzmann prouva en 1877 qu’il existe un lien entre mole, le nombre de molécules est le nombre d’Avogadro,
la dynamique microscopique, celle qui décrit le mouve- le nombre d’états de NA molécules est Ω0 = N0NA à l’état
ment des particules, et la thermodynamique. Ce lien 0 et Ω1 = N1NA à l’état 1. La variation d’entropie d’une
établit une correspondance entre le nombre d’états micro- mole de gaz est donc, en utilisant la définition (24):
scopiques Ω d’un système, à l’entropie thermodynamique
S: N1NA V1
∆S = kB ln Ω1 − kB ln Ω0 = kB ln NA
= R ln ,
N0 V0
S = kB ln Ω , (24)
résultat semblable à celui obtenu par un raisonnement
la constante de proportionnalité kB (constante de Boltz- thermodynamique [voir l’équation (7)].
mann) a justement les dimensions de l’entropie, d’énergie D’une façon semblable on peut calculer la variation
par température. On remarque en (24), que la rela- d’entropie lors du mélange de k = 0, . . . , K substances
tion entre l’entropie et le nombre d’états dans lequel un dans une solution idéale. Le nombre d’états est le même
système peut se trouver, comporte un logarithme. Ceci, que celui d’arrangements de N molécules en groupes de
associé à l’additivité de l’entropie, implique N0 , N1 , . . . , NK molécules:

S = S1 + S2 = kB (ln Ω1 + ln Ω2 ) = kB ln Ω1 Ω2 , N!
∆S = kB ln
N0 !N1 ! . . . NK !
ce qui est cohérent avec la définition de Ω: si le nom-
bre d’états du sous-système 1 est Ω1 et celui du sous- (le nombre d’arrangements des N molécules d’une sub-
système 2 est Ω2 le nombre total d’états du système 1 + 2 stance pure est 1 – un seul groupe). Un calcul simple, en
est le produit Ω1 Ω2 . Cette règle de composition de Ω utilisant l’approximation ln x! ∝ x ln x − x pour x  1,
est analogue à celle des probabilités, ce qui justifie que permet d’obtenir l’expression,
parfois on appelle Ω la “probabilité thermodynamique”. K K
En fait, Omega représente le nombre de sous-états mi- X Nk X
∆S = −kB Nk ln = −R nk ln Xk , (25)
croscopiques qui correspondent au même état macro- N
k=0 k=0
scopique du système, et est donc proportionnel (à une
constante de normalisation près) à la probabilité de cet avec nk le nombre de moles de l’espèce k et Xk sa fraction
état. En conséquence, la notion fondamentale qui permet molaire; cette équation coı̈ncide avec la relation thermo-
d’établir le lien entre les propriétés microscopiques d’un dynamique (23).
9

2. La distribution des probabilités et la fonction de partition où dv est l’élément de “volume” dans l’espace des vitesse;
un calcul complet permet de trouver la fonction de par-
L’état microscopique d’un système composé de N tition en fonction des variables thermodynamiques,
molécules, dont chacune peut se trouver dans un niveau  3/2
d’énergie donné, n , est bien déterminé si l’on spécifie le 2πkB T
Z(V, T ) = V . (30)
nombre de particules qui occupent chaque état d’énergie. m
La fraction de particules ayant une énergie n est En combinant ces deux formules on obtient que la dis-
Nn gn − knT tribution de vitesses f (v) = dNv /dv d’un gaz parfait est
= e B , (26) donnée par
N Z
3/2
mv 2
  
où le poids statistique ou dégénérescence gn , c’est le nom- N m
f (v) = exp − , (31)
bre d’états différents ayant le même niveau d’énergie n , V 2πkB T 2kB T
et Z, la fonction
P de partition, c’est une constante de nor- cette formule fut proposée pour la première fois par
malisation ( n Nn = N ), Maxwell (1859).
  Un autre exemple de distribution de Boltzmann est
X n celui de la densité d’un gaz parfait dans le champ de la
Z= gn exp − , (27)
n
kB T pesanteur. Le nombre de particules par unité de volume
(la densité) n = N/V est selon l’équation (26) une fonc-
elle ne dépend que des variables thermodynamiques. tion de l’énergie des particules. Si cette énergie dépend
L’équation (26) fut proposée par L. Boltzmann en 1868, de la position des particules, comme c’est le cas de la
elle décrit la distribution des molécules d’un système pesanteur, la densité devient aussi une fonction de la po-
selon leurs énergies. Cette distribution est un cas par- sition. Une particule de masse m qui se trouve à une
ticulier de la distribution de Gibbs, qui donne pour un hauteur z possède, dans le champ de la pesanteur g une
système macroscopique la probabilité pour qu’un de ses énergie potentielle mgz, on obtient donc,
sous-systèmes (dans le cas de Boltzmann le sous-système
est une molécule) se trouve dans l’état d’énergie E: n(z) = n0 e−mgz/kB T , (32)
  où n0 est la densité de référence à z = 0. Cette équation
1 E prédit une décroissance exponentielle de la densité en
Prob(E) = exp − . (28)
Z kB T fonction de la hauteur. On a implicitement supposé
que la température est la même à toute hauteur, “at-
ici l’énergie doit être considérée comme étant une fonc-
mosphère” isotherme, ce qui permet de simplifier les ter-
tion de l’état (microscopique) du système, les vitesses et
mes d’énergie cinétique (elles sont identiques pour n(z) et
les positions des molécules dans le cas d’un système clas-
n0 ). Le même résultat aurait pu être obtenu en utilisant
sique, les états des atomes dans le cas quantique, etc.;
la condition d’équilibre pour les potentiels chimiques à la
comme pour (26), Z assure la normalisation de la prob-
hauteur 0 et z, µ0 = µz pour une mole de gaz parfait
abilité. La fonction de partition joue un rôle important
puisqu’on peut la relier à l’énergie libre du système par µ00 + RT ln P0 /P 0 = µ0z + RT ln P (z)/P 0 ,
la formule:
où on a utilisé une expression similaire à (20) pour le
F (T, V ) = −kB T ln Z . (29) potentiel chimique d’un gaz parfait (en pratique on rem-
place la fraction molaire par la pression P par rapport à
Ce lien entre la fonction de partition et l’énergie li- une pression de référence P 0 ), on déduit
bre permet en principe, une fois calculé Z, d’obtenir 0 0
n(z) = n0 e−(µz −µ0 )/RT ,
les différentes grandeurs thermodynamiques qui car-
actérisent l’état macroscopique du système. puisque P (z)/P0 = n(z)/n0 pour un gaz parfait. En
Pour un gaz parfait l’énergie de chaque molécule se utilisant pour le potentiel chimique standard de NA
réduit à l’énergie cinétique  = mv 2 /2, où m est la molécules soumises à la seule action de la gravité
masse et v la vitesse de la molécule. Les variables d’état (l’interaction des molécules d’un gaz parfait est con-
sont les vitesses et les positions des molécules du gaz. sidérée nulle) µ0z − µ00 = NA mgz, on aboutit à la formule
La distribution de Boltzmann est donc proportionnelle (32).
à exp(−mv 2 /2kB T ), elle ne dépend que des vitesses et
non des positions de molécules. En conséquence, le nom-
bre de molécules N par unité de volume V est constant III. FORCES INTERMOLÉCULAIRES
(la densité du gaz parfait à l’équilibre est uniforme). Le
nombre de molécules dNv ayant des vitesses entre v et A. Introduction
v + dv (dans chaque direction de l’espace) est:
Les forces électrostatiques sont à l’origine de la plu-
mv 2
 
N part de forces faibles qui interviennent dans la confor-
dNv = dv exp − ,
Z 2kB T mation de macromolécules. Ces forces sont décrites par
10

Plus généralement on peut considérer la famille de


U(r) F12 forces d’interaction entre deux particules, dépendant de
leur distance, et dérivant d’un potentiel du type:
2
C
F21 r U (r) = −
rn
, (35)

1 où C est une constante positive qui dépend de la nature


de l’interaction, et n ≥ 1 est un nombre (généralement
un entier) qui caractérise la portée de l’interaction; plus
FIG. 3 Interaction de deux particules 1 et 2; F12 = −F21 est la n est grand plus localisée l’interaction. La plupart de
force qui exerce la particule 1 sur la particule 2; U (r) est l’énergie forces d’interaction entre les molécules, en particulier
d’interaction, qui dépend de la distance r entre les particules
celles d’origine électrostatique, ont précisément la forme
de l’équation (35).
l’énergie d’interaction U entre les molécules. La forme
de l’interaction U dépend de la nature des particules qui
interagissent. Entre deux masses (la terre et le soleil) 1. Potentiel chimique standard
l’interaction est gravitationnelle (force de la pesanteur,
par exemple); entre deux charges, ou distribution de À partir de la connaissance de l’énergie d’interaction
charges, l’interaction est électrostatique (comme la force d’une molécule avec ses voisines on peut déduire la forme
de Coulomb entre deux charges isolées). À partir de la du potentiel chimique standard. En effet, une particule
connaissance de l’énergie d’interaction on peut calculer se trouvant dans un milieu, gaz ou liquide, interagit avec
la force entre les particules qui interagissent. Le gradient toutes les autres particules: l’extraire ou l’introduire dans
de l’énergie d’interaction est la force: F = −∇U . Dans le milieu nécessite d’une certaine énergie. On dit que la
la figure 3 on a représenté deux molécules qui interagis- particule possède une énergie propre ou de cohésion au
sent avec une énergie U (r), et sur lesquelles s’exercent milieu. Cette auto-énergie représente le travail nécessaire
les forces F12 sur la particule 2, et F21 sur la particule 1. à l’introduction de la particule dans son milieu, elle est
Ces forces sont égales et de signe opposé. donc le potentiel chimique standard µ0 .
En général U est une fonction de la distance r en- Dans le cas d’un gaz, pour calculer µ0 on peut addi-
tre les molécules et de leurs orientations respectives. tionner l’interaction avec toutes les autres particules sur
Dans une solution les molécules ont un mouvement tout l’espace,
d’origine thermique, de rotation rapide, sur lequel on
moyenne l’interaction: U (r) = hU (r, Ω)i, où Ω représente Z ∞
0
l’ensemble de variables angulaires (qui décrivent la µgaz = 4πr2 dr ρ(r)U (r)
géométrie de l’interaction) et h· · · i est la moyenne sur σ
les angles Ω. La moyenne sur la rotation thermique des 4πρ C 4π
= − = ρσ 3 U (σ) , (36)
molécules se fait en utilisant la distribution de Boltz- n − 3 σ n−3 n−3
mann:
R −U (r,Ω)/k T la densité ρ du gaz a été considérée constante, et où σ est
−U (r)/kB T e B
dΩ le diamètre des molécules, ce qui représente la distance
e = R , (33)
dΩ minimale entre deux molécules.
Dans le cas d’un liquide il faut aussi tenir compte du
cette formule permet de trouver U = U (r, T ), l’énergie fait que pour introduire une nouvelle particule il faut
d’interaction moyenne entre deux molécules se trouvant auparavant créer une cavité, c’est-à-dire il faut d’abord
à une distance r à la température T . rompre un certain nombre de liaisons préexistantes pour
Un exemple de force d’interaction est celui de la force ensuite en créer d’autres avec la nouvelle particule. Si
gravitationnelle entre deux masses m1 et m2 : l’on considère que la création de la cavité nécessite de
la rupture de 6 liaisons (c’est le nombre typique pour
dU m1 m2 un liquide comme l’eau), cela coûte une énergie 6U (σ),
F (r) = − = −G 2 , (34)
dr r puisque U (σ) est précisément l’énergie d’une liaison; de
même la formation de 12 nouveaux liens entre la molécule
avec G = 6.67 10−11 N m2 kg−2 la constante de la grav- insérée dans son milieux (on peut disposer environ 12
itation universelle. Cette force dérive d’un potentiel sphères autour d’une autre sphère, toutes de la même
U = U (r) et ne dépend que de la distance r entre les taille), est accompagné d’une variation de l’énergie du
masses; U (r) = −Gm1 m2 /r est l’énergie d’interaction système de −12U (σ), on a donc approximativement
gravitationnelle. À l’échelle atomique les forces gravita-
tionnelles sont négligeables par rapport aux interaction
µ0liq. = −6U (σ) . (37)
d’origine électrostatique.
11

2. Forces répulsives et attractives simples (de l’hydrogène au xénon);  est de l’ordre de


 ∼ 1kJ mol−1 , ou en unités de l’énergie thermique
Les forces d’interaction moléculaires sont conservatives kB T par molécule  ≈ 0.15-0.9 kB T par molécule (e. g.
et peuvent êtres décrites par une énergie potentielle U .  = 1.19 kJ mol−1 ≈ 0.48 kB T pour l’interaction argon-
Cette énergie dépend généralement de la distance en- argon).1 Dans la figure 5 on a représenté les tailles de
tre les molécules r, si elle décroı̂t avec la distance la van der Waals de quelques atomes.
force est positive et donc les molécules auront tendance à
s’éloigner (interaction répulsive); si au contraire l’énergie
potentielle croı̂t avec la distance entre les molécules, la
force est négative, et les particules s’attirent (interac-
tion attractive). Un potentiel typique des interactions
0.12 0.15 0.155 0.17
répulsives est

U (r) = U0 (σ/r)m , (38)

où σ et U0 sont respectivement un rayon et une énergie


typiques d’interaction, le paramètre m mesure la raideur
de l’interaction, il prend généralement la valeur m = 12.
Si m → ∞ la molécule est assimilée à une sphère rigide
H O N C
de rayon σ/2.
FIG. 5 Rayons de van der Waals en nm de H, N, O et C.
0.5

0.4

0.3

∼ r−12
0.2
U(r)/U0

0.1

σ r
0
0 3. Forces de valence

−0.1 ∼ −r−6
La structure primaire de biomolécules est déterminée
−0.2 par les forces de valence qui assurent les liaisons en-
tre les résidus ou bases. Les interactions de valence
0.8 1 1.2 1.4 1.6 1.8 2 sont très énergétiques: Uv = 200 − −800 kJ mol−1 , ce
r/σ qui donne aux biomolécules une structure primaire en
chaı̂ne, dont la distance r entre deux monomères suc-
FIG. 4 Potentiel de Lennard-Jones. A courte distance
cessifs est pratiquement constante r ≈ r0 ; une valeur
l’interaction est répulsive et décroı̂t en r−12 ; à grande distance
l’interaction est attractive et croı̂t en −r−6 . Pour r = σ l’énergie typique de la distance entre deux atome dans une liai-
d’interaction s’annule; à r0 la force s’annule (r0 /2 est le rayon son covalente est r0 ≈ 0.1–0.2 nm. Dans le tableau II on
de van der Waals). montre quelques énergies caractéristique de liaisons co-
valentes ainsi que l’indice d’électronégativité des atomes
Les forces d’attraction entre molécules ont une expres- importants pour les biomolécules. Le nuage électronique
sion générale du type de l’exemple (35) n’est symétrique que lors de la liaison de deux atomes
identiques. Lorsque deux atomes d’espèces différentes
U (r) = −U0 (σ/r)n , (39) partagent un électron dans une liaison covalente, le nu-
age électronique est généralement asymétrique. L’indice
où le paramètre n peut selon les cas prendre différentes d’électronégativité permet de décrire cette asymétrie,
valeurs; pour les interactions de van der Waals (entre en donnant une mesure de l’affinité des atomes pour
molécules apolaires) n = 6. En combinant (38) et (39) les électrons: plus grand l’indice plus grande l’affinité
on obtient le potentiel de Lennard-Jones qui décrit cor- et donc plus proche l’électron partagé de l’atome plus
rectement les gaz et liquides non-polaires (figure 4), électronégatif.

U (r) = 4 (σ/r)12 − (σ/r)6 ,


 
(40)

où d’habitude on écrit U0 = 4; les rayons σ ont typique- 1 Pour passer des unités d’énergie thermique aux unités d’énergie
ment des valeurs entre 0.12 et 0.22 nm pour les éléments mécanique on utilise que 1 kB T /molécule = 2.48 kJ mol−1
12

forment les macromolécules.


TABLEAU II Énergie de valence et indice d’électronégativité. Trois atomes (ou monomères, en général) successifs for-
Liaison kJ mol−1 Atome Indice ment un angle d’équilibre θ0 , qui détermine le cône de
valence. L’énergie d’interaction est souvent représentée
C=O 716 O 3.44
par un simple potentiel harmonique:
C=N 619 N 3.04
O–H 463 C 2.55 U = U0 (θ − θ0 )2 ,
C–H 413 H 2.20
C–C 348 P 2.19 qu’on montre dans la figure 6a.
D’une façon similaire l’angle de torsion entre deux
bases est déterminé par l’angle de rotation autour d’une
La liaison de valence entre les résidus d’une double ou d’une simple liaison (C–C ou C=C). L’énergie
biomolécule est souvent décrite par une simple interac- d’interaction doit en conséquence avoir plusieurs minima.
tion élastique: U (r) = (k/2)(r − r0 )2 avec kr02 ≈ Uv . La forme la plus simple est une fonction sinusoı̈dale:

10 U = U0 cos(nφ) ,
9
où le paramètre n détermine le nombre de minima. Dans
8 la figure 6b on à dessiné le potentiel en cos(3φ + π), qui
possède trois minima à φ = 2kπ/3 avec k = 0, 1, 2.
7
Potentiel de valence

6
B. Forces électrostatiques
5

4 Les forces électrostatiques sont celles qui dépendent


3
de la distribution de charge électrique des molécules.
Le cas le plus simple est celui de l’interaction des
2 molécules ionisées, qui possèdent donc une charge
1 électrique nette (forces de Coulomb). La distribution
de charge des molécules formées d’atomes de différentes
0
espèces, en particulier celles qui font intervenir des
0 0.5 1 1.5 2 atomes à électronégativité différente, est généralement
θ (a)
asymétrique: selon la direction on a un excès de charge
1
négative ou de charge positive. Ces molécules, que l’on
0.8 appelle polaires, interagissent au travers de leurs mo-
0.6
ments dipolaires. Cependant, même les molécules non-
polaires, dont la distribution de charge est isotrope,
0.4
développent un moment dipolaire induit, qui est à la
Potentiel de torsion

0.2 base des interactions de van der Waals. Les forces de


0
van der Waals jouent un rôle fondamental dans la struc-
ture spatiale de macromolécules, elles contrôlent, par
−0.2 exemple, le repliement des protéines et sont respons-
−0.4 ables de leur structure tertiaire. Alors que les interac-
tions de van der Waals sont faibles, leur énergie car-
−0.6
actéristique est de l’ordre de l’énergie thermique, d’autres
−0.8 forces d’origine électrostatique peuvent avoir des énergies
−1 beaucoup plus importantes. C’est notamment le cas de la
0 1 2 3 4 5 6
liaison hydrogène, dont les énergies caractéristiques sont
φ (b) intermédiaires entre les énergie de valence est celles de
van der Waals. La liaison hydrogène est responsable de
FIG. 6 Énergie potentielle de la liaison de valence. (a) L’angle θ l’association de molécules dans l’eau liquide. Elle fixe
entre trois atomes successifs est préférentiellement de θ = π/3; aussi la structure secondaire des protéines et des acides
cet angle représente le cône de valence. (b) Potentiel de torsion aminés: structures en hélice ou en feuillets, interactions
pour une liaison simple; les minima se trouvent à φ = 2kπ/3 entre le bases de la double chaı̂ne de l’ADN. Enfin, le car-
avec k = 0, 1, 2. actère polaire de la molécule d’eau ainsi que sa capacité
à établir de liaisons hydrogène contrôlent les processus
Les interactions de valence sont directionnelles: elles de solvatation et d’hydratation des macromolécules, ces
privilégient certaines orientations entre les atomes qui propriétés sont donc à l’origine des effets hydrophobes et
forment les molécules, ou entre les résidus ou bases qui hydrophiles.
13

1. Forces de Coulomb
(a)
La force entre deux molécules chargées (ions) est la
force de Coulomb. L’énergie d’interaction de Coulomb
est:
1 z1 z2 e2
U (r) = (41)
4π0 r
où z1,2 sont les valences des ions 1 et 2, r est la dis-
tance entre les deux ions, et  est la constante diélectrique
u=0
du milieux. La formule (41) montre que l’interaction (b)
entre deux charges est proportionnelle au produit des
charges, et elles est inversement proportionnelle à la dis- - +
tance entre les charges. Si les deux charges sont du même
signe la force est répulsive, et si elles sont de signes op-
-q +q
posés la forces est attractive. La constante diélectrique 
tient compte des propriétés électriques du milieux dans
lequel se trouvent les deux charges, dans le vide  = 1 l
et dans l’eau  = 78. La grande valeur de la constante
diélectrique de l’eau joue un rôle important dans les pro-
cessus de solvatation d’ions: c’est elle qui va déterminer
u=ql
la valeur de la variation d’enthalpie.
FIG. 7 Schéma d’une molécule non-polaire, moment dipolaire
nul (u = 0) (a), et d’une molécule polaire (b): dipôle composé
2. Interaction Charge-Dipôle de deux charges q de signe opposé séparées d’une distance l,
moment dipolaire u = ql (vecteur qui va de la charge négative
Les molécules dont la distribution de charge électrique vers la charge positive).
n’est pas isotrope (la même sur toutes les directions)
possèdent un moment dipolaire. Celui-ci tient compte du
fait que les charges négatives et positives sont séparées
d’une certaine distance l; cette distance est une mesure
de la déformation de la distribution de charge. Le mo-
q u +
q
ment dipolaire est simplement le produit de la séparation
de charges par la valeur de la charge u = ql, comme on r _
le montre dans la figure 7.
L’énergie d’interaction d’une charge ze (une molécule FIG. 8 Interaction d’un dipôle de moment u et d’ion de charge
ionique, cation z > 0, ou anion z < 0) avec une molécule q, séparés d’une distance r; le dipôle est incliné d’un angle θ par
polaire de moment dipolaire u est (voir figure 8): rapport à la direction qui va de la charge au dipôle.
zeu cos θ
U (r, θ) = − . (42)
4π0 r2
TABLEAU III Moments dipolaires (en Debye) et constante
Si l’on suppose que la charge est positive q > 0, selon
diélectrique des liquides.
l’orientation du dipôle, la force sera attractive pour
cos θ > 0, ou répulsive pour cos θ < 0. Liquide Molécule uD 
eau H2 O 1.85 78.5
méthane CH4 0 1.7
3. Charge-dipôle mobile
méthanol CH3 OH 1.7 33.6
L’énergie d’interaction d’une charge avec un dipôle
dépend de la distance et de l’orientation du dipôle (an-
gle θ). En général la molécule polaire suit un mouve-
ment désordonné, et son orientation change rapidement. 4. Dipôles mobiles
Il est donc nécessaire de faire une moyenne de l’énergie
d’interaction sur les différentes orientations du dipôle: L’énergie moyenne d’interaction de deux dipôles de
q 2 u2 1 moments u1 et u2 est:
U (r) = − . (43)
6(4π0 ) kB T r4
2

U (r) est donc attractive est dépend de la température. u21 u22 1 3 u21 u22
U (r) = , r ' (44)
La portée de cette interaction est r2 ≈ qu/4π0 KB T . 3(4π0 )2 kB T r6 4π0 
14

5. Effets de Polarisation répulsifs, exemple de sphères rigides. Le problème de


l’empilement et du volume exclu.
La présence d’un champ électrique induit dans la Moment dipolaire instantané d’un atome: u = a0 e, a0
matière un moment dipolaire une séparation des charges le rayon de Bohr. Conséquence: Polarisation d’un atome
positives et négatives: neutre voisin.
L’interaction entre deux dipôles induits est
uind. = αE , (45)
U (r) = −u2 /(4π0 )2 r6 ≈ −α02 ~ω/(4π0 )2 r6
le moment u induit est donc proportionnel au champ
électrique E appliqué; la constante de proportionnalité L’intensité des forces de dispersion est: α0 /4π0 ≈
est la polarisabilité α (voir quelques valeurs typiques dans 1.5 10−30 m3 , I = ~ω ≈ 2 10−18 J, r0 ≈ 0.3 nm, on ob-
le tableau IV). tient

U (r0 ) ' 1kB T


TABLEAU IV Polarisabilité des molécules non-polaires et po-
laires (en unités de 4π0 10−30 m3 ). pour petites molécules non-polaires.
À des distances très courtes les nuages électroniques de
Non-polaire α0 Polaire α deux molécules se superposent donnant une forte force
O2 1.6 H2 O 1.46 répulsive. En deçà d’une certaine distance les molécules
CH4 2.6 CH3 OH 3.20 se comportent pratiquement comme des sphères rigides.
Énergie d’interaction: U (r) ≈ +(σ/r)12
Si le déplacement des charges est l = R sin θ, avec R la En combinant le potentiel de forces de van der Waals
distance entre e et −e, la polarisabilité est α0 = 4π0 R3 . et celui de forces répulsives, on a le potentiel de Lennard-
Le moment dipolaire induit sur une molécule polaire, Jones:
dont le moment dipolaire moyen est nul (moyenne sur les U (r) = 4U0 [(σ/r)12 − (σ/r)6 ]
angles), est
qui résume les forces d’interaction des paires de molécules
u2 (non chargées).
uind. = hu cos θ euE cos θ/kB T i ≈ E, (uE  kB T ) ,
3kB T
(46)
où u cos θ est le moment dipolaire selon la direction C. Hydratation et effet hydrophobe
du champ E. La polarisabilité d’orientation est α =
u2 /3kB T . 1. Lien hydrogène

La liaison hydrogène est à l’origine une forte inter-


6. Ion-molécule non-polaire action dipôle-dipôle, très directionnelle, qui est pos-
sible grâce aux propriétés particulières de l’atome
L’énergie d’interaction d’un ion ze avec une molécule d’hydrogène, sa petite taille et sa polarisation posi-
non-polaire résulte de la polarisation de celle-ci par le tive. Elle consiste essentiellement dans l’interaction
champ électrique crée par l’ion: entre deux molécules dont l’une comporte un atome
d’hydrogène (donneur de proton) et l’autre comporte un
(ze)2 α
U (r) = − (47) atome électronégatif (accepteur de proton). Par exem-
2(4π0 )2 r4 ple dans l’interaction des deux molécules d’eau le groupe
OH d’une molécule est le donneur et le O d’une autre
molécule est l’accepteur.
7. Dipôle induit-dipôle
L’interaction “hydrogène” est donc d’origine
électrostatique: elle dépend de la distance et de
l’orientation des molécules. C’est cette liaison qui donne
u2 α à l’eau ses propriétés particulières, comme la capacité
U (r) = − , (48) des molécules H2 O à s’associer en grandes structures.
(4π0 )2 r6
Elle joue en outre, un rôle stabilisateur de la structure
où l’on retrouve la relation U (r) ∼ −1/r6 de l’énergie secondaire des macromolécules biologiques, et dans le
d’interaction moyenne entre deux dipôles. contexte de l’interaction d’un soluté avec l’eau, elle est
à l’origine de l’effet hydrophobe.
L’énergie caractéristique de l’interaction hydrogène est
8. Forces de Dispersion de 10–40 kJ mol−1 , ce qui la situe entre les liaisons
faibles de van der Waals (dont l’ordre de grandeur est
Forces de van der Waals. Équation d’état; notion des des quelques kJ mol−1 ), et les liaisons de valence (dont
effet non-parfaits: le développement du viriel. Potentiels l’énergie typique est de quelques centaines de kJ mol−1 ).
15

2. Interactions hydrophiles et hydrophobes

FIG. 10 Surface accessible au solvant de la protéine G. En haut à


droite (et par transparence) la protéine G coloriée par hydropho-
bicité; les segments rouges sont hydrophiles et les segments bleus
hydrophobes. En bas et à droite, structure secondaire.

Potentiel chimique standard:


Z ze
FIG. 9 Dimère de H2 O: deux molécules d’eau liées par un pont i qdq (ze)2
hydrogène. La distance O–H est plus petite que la somme de µ = =
0 4π0 a 8π0 a
leurs rayons de van der Waals. Le panneau supérieur montre la
distribution de charge autour des deux molécules. Le panneau énergie libre associée à un ion dans un milieu de constante
inférieur les atomes et leurs sphères de van der Waals. diélectrique .
Énergie libre de transfert d’un milieu de basse vers
La forte différence d’électronégativité entre le oxygène haute constante diélectrique 1 → 2 ,
et l’hydrogène (voir le tableau II) fait que la molécule
(ze)2 NA 1
 
d’eau soit d’une part très polaire (ceci résulte aussi bien 1
∆G = NA ∆µi = − −
évidement de la géométrie de la molécule H2 O), et d’autre 8π0 a 1 2
part favorise largement la formation de ponts hydrogène
entre les molécules: H2 OH+ –OH− (comme dans la fig-
ure 9). En moyenne dans l’eau liquide chaque molécule 4. Hydratation des ions
est associée par des liaisons hydrogène à quatre autres
molécules voisines formant une structure tétraédrique. Dissociation d’un ion (sel). Concentration (fraction
La modification des liaisons hydrogène ainsi que de la molaire): ∆µi ∝ ln Xi
géométrie et structure de voisinage dans l’agencement des
molécules d’eau lors de l’introduction d’autres molécules Xi ≈ exp(−∆µi /kB T )
entraı̂ne non seulement une variation d’énergie (rupture
ou création de liaisons hydrogène) mais aussi une impor- où ∆µi = e2 /4π0 (a− + a+ ), a± rayons des ions.
tante variation d’entropie (variation du nombre de config- Les ions dans l’eau sont entourés de molécules d’eau:
urations spatiales accessibles). Cette variation d’entropie nombre d’hydratation (entre 4 et 6). La couche de
est à l’origine de l’effet hydrophobe. dipôles des molécules du solvant polaire qui entourent
l’ion, s’appelle couche de solvatation (figure 11).

3. Énergie de Born et Solubilité des ions


5. Effets entropiques
Travail pour accroı̂tre la charge en dq:
Les énergies d’interaction intermoléculaires,
dT = qdq/4π0 a électrostatiques ou de dispersion, représentent l’énergie
16

des nouveaux ponts hydrogène, ne suffisent pas à com-


solvent penser la perte entropique, de sorte que le bilan s’inverse,
polaire pour donner une variation nette positive d’énergie libre.

IV. MACROMOLÉCULES

+ Les macromolécules résultent de l’assemblage d’une


grande quantité de molécules. Les lipides, les protéines
et autres macromolécules sont formées par une séquence
couche de des constituants élémentaires, généralement appelés
monomères, comme les acides aminés ou nucléiques,
solvatation sucres, ou chaı̂nes hydrocarbonées. Un exemple de
macromolécule est le polyéthylène, qui résulte de la
polymérisation de l’éthylène. Les macromolécules
d’intérêt en biologie sont souvent bien plus complexes,
et se distinguent d’autres molécules parce qu’elles ont en
FIG. 11 Schéma de l’agencement des molécules polaires d’un outre une fonction biologique. Un exemple de molécule
solvant (comme l’eau) aux alentours d’un ion (ici un cation). La “grande” et de structure “complexe” ayant une fonction
couche de solvatation ne comporte en général qu’une rangée de biologique est la molécule d’hémoglobine (figure 12).
dipôles.

A. Structure hiérarchique et conformation


disponible, susceptible d’être transformé en travail,
elles sont donc, du point de vue thermodynamique, des L’activité biologique d’une macromolécule, ainsi que
énergies libres (par molécule F/NA ). Elles comportent ses propriétés purement chimiques, ne dépendent pas
une contribution à l’énergie interne E du système, et seulement de leur composition, mais leur forme est
une contribution d’origine entropique: également essentielle. Les propriétés des macromolécules
dépendent donc, de la façon dont ses unités de base se dis-
F = E − T S = E + T (∂F/∂T ) . tribuent dans l’espace. La géométrie d’une molécule peut
changer comme résultat d’une variation des paramètres
L’existence de cette composante entropique dans
extérieurs (concentrations, température, interaction avec
l’énergie d’interaction se manifeste par la dépendance en
d’autres molécules). On distingue la configuration d’une
la température, comme dans les cas de l’interaction entre
molécule de sa conformation:
dipôles mobiles ou entre molécules polarisables (la po-
larisabilité d’une molécule polaire est une fonction de la La configuration d’une molécule est donnée par
température). Cette dépendance en la température est l’ensemble de positions des groupes d’atomes par
de la forme: U ∼ F ∝ 1/kB T , ce qui implique: rapport à une liaison rigide. Pour passer d’une con-
figuration à une autre (tout en conservant la même
T (∂F/∂T ) = −F ⇒ F = E/2
formule chimique, la stœchiométrie de la molécule)
On trouve donc que l’interaction est associée à une perte il est nécessaire de rompre une liaison covalente
d’entropie. L’origine physique de cette diminution en- rigide.
tropique réside dans l’incrément d’ordre qui accompa- La conformation d’une molécule est donnée par
gne l’interaction. En effet, la fonction inverse de la l’ensemble de positions des groupes d’atomes par
température apparaı̂t lors de la moyenne sur les ori- rapport à une liaison libre. Le changement de con-
entations des molécules: les molécules isolées peuvent formation peut se faire sans rupture de liaison chim-
tourner librement; par contre, en présence d’une autre ique.
molécule une certaine préférence d’orientation apparaı̂t,
comme dans le cas de la solvatation. Cet alignement Évidemment les macromolécules peuvent avoir
préférentiel est naturellement accompagné d’une d’une différentes configurations et diverses conformations
perte d’entropie. tout en ayant toujours la même composition. En ce qui
Cependant la perte d’entropie ne représente ici que la concerne les macromolécules biologiques on s’intéresse
moitié de l’énergie totale, il reste donc encore de l’énergie d’avantage à la conformation et aux mécanismes de
libre. Ce bilan favorable n’est pas général, il est pro- changement de conformation.
pre aux interactions entre dipôles mobiles. En effet, La complexité de macromolécules est illustrée par
dans le cas par exemple des interactions hydrophobes, l’hiérarchie de structures présentes à des échelles
ou dans celui de la solvatation des grandes molécules, différentes, ce qui leur confère divers niveaux
le réarrangement des molécules d’eau est tellement im- d’organisation. On a dit que les macromolécules
portant que les interactions d’attraction, ou la formation sont formés par un grand nombre de monomères.
17

FIG. 12 Molécule d’hémoglobine. On visualise la structure primaire en branches avec le groupe hème en détail, et la structure
secondaire en ruban; les hélices se replient en une structure tertiaire (gauche). L’association des quatre polypeptides constitue sa
structure quaternaire (droite).

Cette succession de monomères constitue la structure (liaisons hydrogène et d’origine électrostatique) en-
primaire de la macromolécule. La forme générale tre monomères.
dont les monomères s’arrangent, comme les hélice de
l’ADN ou des protéines (comme par exemple dans Tertiaire, repliement de la structure secondaire. Cette
l’hémoglobine de la figure 12), donne lieu à la structure structure concerne la forme globale de la macro-
secondaire. Souvent cette structure secondaire (en hélice molécule, sa topologie. Souvent la structure sec-
ou en feuillet, par exemple) se replie elle même en une ondaire en hélice se replie pour donner à la molécule
structure tertiaire. Au-dessus de la structure tertiaire une forme globulaire. C’est justement cette forme
on trouve une association de plusieurs polymères, ou globulaire qui stabilise la structure secondaire de
sous-unités, comme dans le cas de l’hémoglobine qui la molécule. La structure tertiaire fait intervenir
résulte de l’association de quatre polypeptides, qu’on des interactions entre groupes très séparés (struc-
appelle structure quaternaire. Cette association permet ture primaire ou secondaire) mais proches dans
à la molécule de remplir sa fonction biologique, dans le l’espace. Ce sont encore des forces faibles, par rap-
cas de l’hémoglobine le transport de O2 . On a donc une port aux forces de valence, qui sont responsables
succession de structures d’une macromolécule biologique: des repliements tertiaires.

Quaternaire, association de macromolécules en une


Primaire, suite linéaire de monomères. La structure
unité fonctionnelle. Cette structure, qui n’est pas
primaire est directement liée à la composition de la
toujours présente, est assurée par des forces faibles
molécule, par exemple la séquence d’acides aminés
entre macromolécules. Par exemple on peut com-
d’une protéine. Cette structure dépend des liaisons
parer la myoglobine (figure 13) à l’hémoglobine (fig-
covalentes, et donc des interactions fortes. Il s’agit
ure 12). La myoglobine, comme l’hémoglobine,
d’une structure présente à courte échelle, de l’ordre
forme une poche qui permet de piéger un atome
de la taille des sucres, acides aminés ou d’autres
d’oxygène, mais elle ne possède pas de structure
constituants de base des molécules biologiques.
quaternaire: elle est formée par une unique chaı̂ne
polypeptidique.
Secondaire, enroulement de la chaı̂ne de monomères.
Les monomères ne peuvent pas se disposer arbi-
trairement les uns par rapport aux autres, ils sont
contraints à se suivre sans introduire de fortes inter- B. Forces d’interactions faibles
actions avec les monomères voisins. Ceci restreint
les valeurs qui peuvent prendre les angles relatifs La conformation des macromolécules biologiques
entre monomères, ce qui donne lieu à l’apparition dépend donc des liaisons faibles, dont l’énergie
de structures hélicoı̈dales, en feuillet ou autres. Il d’interaction est plus petite que celle de valence.
s’agit donc d’une structure présente à l’échelle de Ces liaisons à plus longue portée, ont une origine
la distance entre monomères, en ne dépend pas des électrostatique et statistique (voir le tableau ??). Leur
liaisons covalentes mais des interactions plus faibles intensité U0 est parfois seulement de l’ordre de l’énergie
18

TABLEAU V Énergie des interactions multipolaires: type


d’interaction (ions, dipôles, dipôles mobiles), variation avec la
distance entre les molécules r, et énergie par mole et par rapport
à l’énergie thermique (en unités de kB T ).

Type Portée Énergie


[kJ mol−1 ] [kB T ]
Ion-Ion ±1/r 250 300
Ion-dipôle ±1/r2 15 100
Dipôle-dipôle ±1/r3 2 1
Ion-dipôle mobile ±1/r4 2 1
Dipôles mobiles −1/r6 0.3 <1
Van der Waals −1/r6 2 ≈1
Répulsion 1/r9 à 1/r16 Très intense

FIG. 13 Molécule de myoglobine. À la différence de La contribution généralement la plus importante aux


l’hémoglobine, la myoglobine ne possède pas de structure qua- forces de van der Waals provient du terme de London
ternaire. Au centre de la molécule on voit les atomes de fer et (forces de dispersion).
d’oxygène au sein du groupe hème.

C. Macromolécules en solution
thermique U0 ≈ kB T , où T est la température et kB est
la constante de Boltzmann (kB = 1.38 10−23 J/K),
La conformation d’une macromolécule est bien
Les molécules chargées (les ions), ainsi que les dipôles, évidemment déterminée par les forces intramoléculaires,
interagissent par les forces de Coulomb. L’énergie poten- mais elle dépend aussi de l’environnement dans lequel
tielle d’interaction de deux ions varie en ∼ 1/r, où r est elle se trouve. Naturellement, les macromolécules bi-
la distance à l’ion. Celle d’un ion avec un dipôle varie ologiques se trouvent souvent en solution aqueuse, et leur
comme 1/r2 . Le signe de l’interaction peut être positif interaction avec l’eau peut introduire de changements im-
ou négatif selon les charges des ions et de l’orientation du portants de conformation. Les parties chargées, polaires
dipôle. Les liaisons physiques entre particules chargées et non-polaires, interagissent chacune différemment avec
ont une intensité bien supérieure à l’énergie thermique, l’eau et déterminent le caractère hydrophile, hydrophobe
et possèdent une très longue portée. ou amphiphiles de la macromolécule. Un exemple im-
L’interaction entre dipôles dépend en général de
leur orientation respective s’il sont fixes. L’énergie
d’interaction est de longue portée, en ±1/r3 . Si au con-
traire, ils sont mobiles, leur mouvement thermique étant
très rapide, leur interaction moyenne (pondérée statis-
tiquement par un facteur de Boltzmann) est à plus courte
portée et attractive (énergie de Keesom en −1/r6 ) et
d’intensité plus faible.
La présence de molécules environnantes altère la dis-
tribution de charges des molécules non-polaires, et par
un mécanisme de polarisation le champ électrique de
ces molécules va induire un moment dipolaire. Le mo-
ment dipolaire induit interagit avec des ions, la portée de
cette interaction varie en −1/r4 . L’interaction et d’autres FIG. 14 Lipide amphiphile de la famille des phosphoglycérides.
dipôles (interaction de Debye, en −1/r6 , d’une molécule La tête polaire est hydrophile, la queue formée par une chaı̂ne
non-polaire avec un dipôle en rotation thermique). hydrocarbonée, non-polaire est hydrophobe.
D’autres forces attractives existent, même dans le cas
des molécules non-polaires, où il n’y a pas de contri- portant de molécule amphiphile, qui participe à la con-
bution d’origine électrostatique à l’énergie. Ces forces, struction des membranes, est donné par les phospho-
appelées forces de dispersion ont une origine quan- glycérides (figure 14). Ces molécules de la famille de
tique, et dépendent des corrélations de fluctuations de lipides possèdent une tête polaire, comportant notam-
charges (interactions de London, en −1/r6 ). L’ensemble ment un groupe d’acide phosphorique associé au glycérol,
d’interactions dont l’énergie varie comme −1/r6 sont re- et de deux chaı̂nes hydrocarbonées (souvent saturées),
groupées sous le nom des interactions de van der Waals. non-polaires hydrophobes. Les protéines (formées par
19

des acides aminés non-polaires, et d’acides nucléiques po- l’influence de l’environnement dans lequel se trouvent ces
laires) sont souvent amphiphiles, et leur interaction avec macromolécules, les mécanismes d’organisation en mi-
l’eau est à l’origine de leur repliement et de la forme glob- celles ou membranes, ou le comportement des solutions
ulaire qu’elles adoptent dans l’eau. de macromolécules soulèvent un certain nombre de ques-
La nature du solvant où se trouvent les macromolécules tions du domaine de la physique, et qui peuvent être
est aussi essentielle vis-à-vis des interactions inter- étudiées par une approche physique:
moléculaires, et déterminent la façon dont les molécules
s’associent pour former des structures plus complexes. • Les liaisons intermoléculaires: calcul des in-
Les lipides forment en solution aqueuse des micelles, teractions moléculaires à partir des lois de
vésicules ou double couches (bicouches) selon leur forme l’électrostatique en tenant compte des mouvements
(en particulier la longueur des chaı̂nes carbonées) et leur thermiques. Nature de la polarisation induite. Na-
concentration (voir figure 15, voir aussi le site web Sam- ture de la liaison hydrogène.
son Group2 )
• Conformation et transconformation de macro-
micelles, les lipides s’associent pour former une sphère molécules: modèles statistiques et de dynamique
ou un cylindre, la partie apolaire au centre où l’eau moléculaire.
n’a pas accès;
• Macromolécules en solution: propriétés physiques
vésicules, les lipides se groupent en une bicouche qui de l’eau. Interactions amphiphiles et formation
se renferme pour isoler un compartiment aqueux de micelles. Propriétés thermodynamiques des
intérieur; comme pour les micelles la forme est solutions. Électrolytes et équilibre de Donnan.
sphérique ou tubulaire; Colloı̈des.

bicouches, à plus forte concentration les lipides


s’organisent en deux couches avec la partie apo- A. États d’énergie minimale
laire au centre et les têtes polaires orientées selon
des directions opposées vers l’extérieur (en contact Les systèmes physiques (isolés) à l’équilibre thermo-
avec l’eau.voir le site du dynamique se trouvent dans un état d’énergie mini-
male. Par exemple, lors de tout processus irréversible
Dans cette organisation interviennent des forces inter- à température T = const et volume V = const constants,
moléculaires entre d’une part, les chaı̂nes hydrophobes l’énergie libre F du système diminue; d’une façon ana-
qui s’attirent par des forces de van der Waals (en essayant logue le potentiel thermodynamique (potentiel de Gibbs
d’éviter l’eau), et d’autre part, les têtes hydrophiles qui G, aussi appelé enthalpie libre) décroı̂t lors d’une trans-
se repoussent (en essayant de s’entourer de molécules formation à pression P = const et température T = const
d’eau). L’organisation des lipides en vésicules est une constants (comme dans le cas d’une réaction chimique).
forme élémentaire de membrane. C’est à partir de cette Ce principe de minimisation de l’énergie (libre) peut
structure de base, par l’association d’autres molécules, aussi être relié au deuxième principe de la thermo-
en particulier par l’insertion de protéines, que les mem- dynamique: lors de toute transformation irréversible
branes ayant une fonction biologique sont formées. vers l’état d’équilibre l’entropie S augmente. En effet,
La présence de membranes permet l’apparition (à l’énergie libre est F = E − T S, où E est l’énergie in-
l’équilibre) de concentrations et compositions différentes terne. Lors d’un changement spontané de conformation
des milieux qu’elle sépare. Les bicouches empêchent, par la variation d’énergie interne est nulle ∆E = 0 (il n’y a
exemple, pratiquement tout passage (diffusion) d’ions in- pas d’échange de chaleur avec le milieu, ou de variation de
organiques, elles empêchent aussi le libre passage des volume dû aux forces extérieures puisqu’on considère la
macromolécules. Les différences de concentration (de so- macromolécule comme un système isolé). On trouve donc
lutés et de macromolécules) de part et d’autre des mem- que la variation d’énergie libre est ∆F = −T ∆S. Comme
branes est à l’origine de divers effets physiques comme la transformation se produit vers un état d’équilibre ∆S
la pression osmotique ou l’apparition d’une différence de est positif (l’entropie croı̂t), ce qui implique que l’énergie
potentiel (équilibre de Donnan). libre du système diminue.
On peut considérer qu’une macromolécule est un
système physique constitué d’un grand nombre de par-
V. PHYSIQUE DES MACROMOLÉCULES ticules en interaction, et donc appliquer aux macro-
molécules les lois de la thermodynamique et de la
La forme des macromolécules biologiques, la nature des physique statistique.
interactions intra et inter moléculaires, le repliement et Parmi les innombrables configurations d’une macro-
molécule, seulement celle que minimise son énergie sera
réalisée. D’un point de vue microscopique, on peut
vérifier que ce sont précisément les états de moindre
2 http://indigo1.biop.ox.ac.uk/ énergie qui sont les plus probables. En effet, si un système
20

FIG. 15 Simulation numérique moléculaire de la formation d’une micelle (à gauche) et d’une bicouche (à droite) lipidiques dans
l’eau. On constate que les parties polaires hydrophiles des phospholipides sont en contact avec l’eau, tandis que les queues carbonées
hydrophobes évitent l’eau.

peut se trouver dans E1 , E2 , · · · , En , · · · états différents, de la macromolécule. Ce changement peut être favor-
la probabilité de l’état avec une énergie E = En est: able ou défavorable selon qu’il augmente ou diminue re-
spectivement la probabilité de la conformation. En re-
1 fusant les cas défavorables et en répétant la procédure
Prob(En ) = exp(−En /kB T ) , (49)
Z on approche statistiquement l’état de conformation de la
macromolécule le plus probable.
où la constante Z, la fonction de partition (qui dépend En général toute transformation de conformation com-
de la température T et du volume V du système), assure porte deux aspects différents. Un aspect “énergétique”,
la normalisation de la probabilité: le changement de forme implique une variation de
X l’énergie d’interaction entre les molécules qui constituent
Z(T, V ) = exp(−En /kB T ) . (50) la macromolécule, et un aspect “entropique” qui reflète
n le degré d’ordre ou d’organisation de la macromolécule.
Dans le figure 16 on illustre la surface d’énergie d’une
La probabilité pour que le système se trouve dans un macromolécule en fonction des paramètres de conforma-
état d’énergie En est donc proportionnelle à une fonc- tion. Chaque conformation possible correspond dans ce
tion exponentielle qui décroı̂t avec En , elle est maximale diagramme à un minimum local. Les paramètres qui
pour En minimale. Cette observation est à la base de définissent l’état de la macromolécule sont par exemple
la méthode de Monte Carlo3 du calcul des conformations l’ensemble des positions de leurs atomes. L’état naturel
des macromolécules. de la macromolécule, celui dont la probabilité est maxi-
L’énergie totale d’une macromolécule dépend des po- male, correspond au minimum absolu E0 , d’autres états
sitions relatives des molécules qui forment la macro- ayant une énergie plus grande, comme En , peuvent cor-
molécule. Supposons que la macromolécule est con- respondre à des conformations dénaturées de la macro-
stituée par N molécules ou atomes. On obtient une molécule (par exemple des formes où la structure tertiaire
conformation donnée, disons la conformation n−ième, a disparu). Pour passer de l’état naturel à l’état dénaturé
en spécifiant les positions de N molécules. A partir de il faut fournir un travail, ou augmenter la température du
ces positions on calcule les énergies d’interaction entre bain. Du point de vue énergétique l’état naturel est donc
toutes les molécules (ou atomes), et on déduit la valeur plus favorable. D’autre part, les états pour lesquels la
de l’énergie En correspondant à la n−ième conformation. macromolécule est dénaturée sont plus nombreux, l’état
De cette façon on peut associer à chaque conformation dénaturé étant un état sans organisation particulière.
une énergie, et par (49) connaı̂tre la probabilité de cette En conséquence, du point de vue entropique c’est l’état
conformation. Un changement de position par exem- dénaturé qui est le plus favorable.
ple d’une molécule, entraı̂ne une variation de l’énergie Pour une température donnée on peut calculer la prob-
abilité pour une molécule de se trouver à l’état naturel
ou dénaturé à l’aide de la formule (49). L’état 0 a une
probabilité proportionnelle à N0 exp(−E0 /kB T ), et l’état
3 http://www.studyweb.com/links/4010.html n, Nn exp(−En /kB T ), où N0 est le nombre d’états ayant
21

nn~ exp(-En /kBT)


gie 1.5
r
éne
'
ce d
s u rfa

1
Energie

U(x)
En 0.5

n0 ~ exp(-E0 /k BT) 0

E0 B ∆U A
−0.5
Paramètres d'état

FIG. 16 Surface d’énergie en fonction des paramètres de con- −1 −0.5 0 0.5 1 1.5
formation. Le nombre de molécules dans un état d’énergie En x
est proportionnel à exp(−En /kB T ). L’état le plus probable est
celui d’énergie minimale E0 . L’état de haute énergie représente FIG. 17 Particule dans un potentiel U (x) ayant deux minima
la macromolécule dénaturé. L’état de basse énergie la macro- A et B. Pour passer du minimum A au B il faut remonter la
molécule dans son état naturel. barrière de potentiel ∆U .

l’énergie E0 , et Nn le nombre d’états (conformations) entropique ∆S l’emporte sur l’effet énergétique ∆H:
ayant l’énergie En . Soit par exemple une solution ayant la configuration dénaturée (désordonnée) est favorisée.
un grand nombre de macromolécules, le rapport du nom- Dans le cas contraire où nn < n0 , ce sont les effets
bre de molécules dénaturées nn et normales n0 est donc: énergétiques, dus aux interactions intramoléculaires, qui
prédominent, ce qui favorise l’état ordonné.
 
nn Nn E n − E0
= exp − . (51)
n0 N0 kB T 1. Bain thermique et mouvement brownien

On peut récrire (51) comme suit, Les très grosses macromolécules, ou les agrégats des
nn

En − E0 − kB T ln(Nn /N0 )
 molécules en solution, forment un colloı̈de. Elles subis-
= exp − sent les collisions des petites molécules du solvant, dont
n0 kB T l’énergie cinétique moyenne est proportionnelle à la
 
∆E − T ∆S température. Ces collisions provoquent un mouvement
= exp − ,
RT désordonné, dit aléatoire, observable au microscope (voir
l’applet4 sur le site web de l’université de Virginia.) Ce
où on est passé des grandeurs par molécule à des mouvement fut observé pour la première fois en 1827
grandeurs par mole en utilisant la constante de gaz par Robert Brown sur des grains de pollen en suspension
parfaits R = kB NA (NA = 6.022 1023 est le nombre dans l’eau, et expliqué au début du XXème siècle par A.
d’Avogadro), on a aussi utilisé que ∆S = R ln(Nn /N0 ), Einstein.
puisque Nn,0 représentent le nombre de configurations Soit une particule colloı̈dale soumise d’une part à
ayant une énergie donnée En,0 . En général Nn >> 1 une force dont le potentiel U (x) est de la forme de la
puisque n correspond à un état dénaturé de la molécule, figure 17, et d’autre part collisions des particules du
et donc désordonné. On reconnaı̂t dans l’exposant la solvant. Le bain thermique se trouve à une température
différence d’enthalpie libre ∆G = ∆H −T ∆S entre l’état T . L’équation de mouvement de cette particule est
naturel et dénature des macromolécules (on peut ici iden-
tifier ∆E à la variation d’enthalpie ∆H), dU
mẍ + γ ẋ = − + F (t) , (53)
  dx
nn
∆G = −RT ln . (52) où m est la masse de la particule, γ un coefficient de
n0
Si le nombre de macromolécules dénaturées est plus
grand que celui de macromolécules à l’état naturel nn >
n0 [voir (51)], on a par (52) que ∆G < 0, et l’effet 4 http://www.phys.virginia.edu/classes/109N/home.html
22

friction (γ = 6πηR pour une sphère de rayon R dans un pour chaque atome i,
liquide de viscosité η), et F (t) est la force aléatoire due
N
aux collisions avec les particules du milieu. En moyenne X ∂U (xi − xj )
hF i = 0 les collisions résultent en une force nette nulle sur mi ẍi = − (56)
j
∂x
la particule colloı̈dale; l’écart quadratique type est par
contre non nul hF 2 /γ 2 i = γD/m, où D est le coefficient
où le membre de droite est la force exercée sur la partic-
de diffusion. Une des conséquence de (53) est que à des
ule i par toutes les autres particules. Cette dynamique
temps longs (plus grands que m/γ) la particule atteint
conduit naturellement la macromolécule d’un quelconque
un état d’équilibre caractérisé par une distribution de
état initial vers un état d’équilibre, compatible avec
probabilité
l’énergie total initiale. Pour connaı̂tre la conformation
d’une macromolécule on doit donc intégrer les équations
 
U (x)
Prob(x) = N exp − , (54) (56), jusqu’à ce que un état d’équilibre soit atteint.
kB T
A la différence des méthodes statistiques comme la
où N est une constante de normalisation, et où on a méthode de Monte Carlo où la température est fixée mais
utilisé la relation d’Einstein, l’énergie peut fluctuer, en dynamique moléculaire (56) la
température est reliée à l’énergie cinétique moyenne, tan-
γD = kB T (55) dis que l’énergie est fixée. L’état initial est déterminé par
l’ensemble de positions des atomes, ce qui fixe l’énergie
qui relie le coefficient de diffusion à la température de potentielle, et par une distribution des vitesses telle
la solution. L’équation (54) implique que la particule que l’énergie cinétique moyenne soit compatible avec la
cherche un état d’énergie d’interaction minimale. température du système.
On peut donc utiliser la dynamique de Langevin de Cette méthode peut s’appliquer aussi bien au calcul de
l’équation (53) (où l’on néglige parfois le terme d’inertie la conformation de macromolécules, qu’aux systèmes en
mẍ), pour calculer les conformations d’une macro- principe plus simples comme les gaz ou les liquides, ou
molécule. aux systèmes plus complexes comme ceux qui comportent
des interaction entre les macromolécules et le solvant (par
exemple la formation de bicouches, ou la structure de
B. Dynamique moléculaire par simulation numérique
protéines de membranes).
Une autre approche est possible pour le calcul de
la forme des macromolécules. Elle est basée sur le
fait qu’à partir de la connaissance des interactions VI. LES BIOMOLÉCULES COMME POLYMÈRES
intramoléculaires (de valence, de van der Waals, de
répulsion et de dispersion, des liaison hydrogène, etc.), et Le plus simple des polymères est l’homopolymère (fig-
de la connaissance de l’état initial d’énergie totale (po- ure 18), dont les monomères de la chaı̂ne sont iden-
tentielle et cinétique) donnée, les lois de la dynamique tiques. Bien que les biomolécules aient une structure
permettent de calculer l’évolution du système. Cette dy- chimique plus complexe, l’ADN (ou l’ARN) est con-
namique conduit naturellement la macromolécule d’un stitué des quatre acides nucléiques, les protéines des
quelconque état initial vers un état d’équilibre, compati- vingt acides aminés, les homopolymères partagent d’une
ble avec l’énergie total initiale. part un certain nombre de propriétés communes avec
L’énergie potentielle d’une macromolécule formée par les molécules biologiques, et d’autre part, constituent
N atomes (ou molécules), est en général de la forme, un excellent point de départ pour l’étude des propriétés
physiques des macromolécules.
N X
X N
U= U (xi − xj ) ,
i j A. Le polymère idéal

et dépend de l’ensemble de positions xi avec i = En général la conformation d’un polymère dépend des
1, 2, · · · , N occupées par les N atomes. Comme les propriétés du solvant dans lequel il se trouve, et des in-
énergies d’interaction sont fonction de la distance xi − xj teractions entre les monomères. Si l’on néglige les in-
entre les particules, l’énergie d’interaction totale résulte teractions faibles (entre les monomères et le solvant),
de la somme sur toutes les interactions entre les N et on ne garde que les interactions de valence qui as-
atomes. L’énergie cinétique est surent la continuité de la chaı̂ne, on se retrouve dans
N
une position analogue à celle du gaz parfait, on dit que
K=
X
mi vi2 /2 le polymère est idéal ou gaussien. Les propriétés d’un
polymère idéal résultent de sa connectivité, il faut donc
i
repérer les monomères dans l’espace comme on montre
ou mi est la masse de l’atome i et vi sa vitesse. La dans la figure 19. La chaı̂ne polymère, composée de N
dynamique se calcule à partir des équations de Newton monomères, est représentée par des points successifs ri ,
23

FIG. 19 Les monomères d’un polymère sont repérés à l’aide des


ses coordonnées ri = (xi , yi , zi ) dans l’espace. L’ensemble de
coordonnées détermine la configuration du polymère.

FIG. 18 Polymère composé de N = 100 monomères


(représentés par des sphères reliées par des tubes). La position suivant:
de chaque monomère dans l’espace suit une marche aléatoire.
x(i) = x(i − 1) + a cos φ sin θ ,
y(i) = y(i − 1) + a sin φ sin θ ,
z(i) = z(i − 1) + a cos θ ,
avec i = 0, 1, . . . , N . Les distances entre deux monomères
successifs sont données par les N vecteurs Ii = ri − ri−1 avec i = 1, . . . , N , la suite de points (x(i), y(i), z(i))
(i = 1, . . . , N ). Une grandeur géométrique importante donne la position dans l’espace de chaque monomère.
pour caractériser la taille du polymère est la distance Les angles sont ici des variables aléatoires distribuées
bout à bout: uniformément φ ∈ [0, 2π] et θ ∈ [0, π] (voir l’appendice
mathématique § G), que l’on choisi à chaque pas.
N
X
R= Ii , (57) 1. Taille d’une chaı̂ne gaussienne
i=1

Une propriété importante d’une chaı̂ne polymère est


sa taille. Un polymère complètement déployé dans un
La conformation d’un polymère dont les monomères bon solvant, comme un long brin d’ADN dénaturé, peut
sont libres de prendre n’importe quelle orientation peut être assimilé à un polymère idéal: les monomères peu-
être représentée par une “marche aléatoire” (voir la figure vent prendre n’importe quelle direction dans l’espace
18). Une façon de construire une marche aléatoire est indépendamment les uns par rapport aux autres. Ceci
de fixer un point origine (x(0), y(0), z(0)) = (0, 0, 0), de est une première bonne approximation pour étudier la
choisir une direction quelconque dans l’espace (φ, θ) et de géométrie d’un polymère libre. La taille caractéristique
faire un pas de longueur a dans cette direction; on obtient de la chaı̂ne est définie à partir de la variancepde la dis-
ainsi un nouveau point (x(1), y(1), z(1)) à partir duquel tance bout à bout R, par la formule R0 = hR2 i, où
on répète les opérations. On aboutit donc à l’algorithme la moyenne porte sur les orientations des monomères.
24

Il est facile de démontrer que si θ(s) est l’angle entre 2. Élacticité du polymère idéal
deux monomères séparés d’un nombre s de monomères,
on aura À partir de l’énergie libre on peut étudier les propriétés
élastique de la chaı̂ne polymère. Si l’on applique une
hcos θ(s)i = 0 , (58) force extérieur aux extrémités du polymère, la chaı̂ne
s’équilibre par le développement d’une tension f ,
ce qui implique,
√ ∂F
R0 = a N (59) f= ,
∂R
la taille moyenne d’une chaı̂ne libre ou gaussienne, ou autrement dit f dR est le travail dF réalisé par le
est proportionnelle à la racine carrée du nombre de système pour changer sa longueur en dR:
monomères N . Cette loi est très différente de celle qui
décrirait un polymère étiré, puisque dans un tel cas on 3kB T R
f (N, R) = , (62)
aurait plutôt R0 ∝ aN , une taille proportionnelle à N . a2 N
0.9 où l’on a souligné la dépendance de la force sur le nombre
de monomères. La loi (62) rappelle celle de l’étirement
0.8 d’un ressort de constante k (loi de Hooke), dont la force
est aussi proportionnelle à l’étirement. On peut en
0.7
conséquence identifier le coefficient de l’équation (62) à
0.6 la constante d’élasticité

0.5 3kB T
k= .
f(R)

a2 N
0.4
On s’aperçoit que k est inversement proportionnelle à N ,
0.3 ce qui signifie que plu grand est le nombre de monomères
plus petite la constante d’élasticité: il suffit d’une faible
0.2
force pour produire une forte élongation de la chaı̂ne, le
0.1 polymère est donc fortement élastique. Ce simple fait ex-
R0 plique l’extraordinaire élasticité des matériaux à base de
0
0 0.5 1 1.5 2 2.5 3
longues molécules de polymères. Évidemment, cette loi
R n’est plus valable si R(f ) devient de l’ordre de la longueur
aN , d’une chaı̂ne fortement étirée, à ce moment là il y
FIG. 20 Distribution de probabilité de la taille d’une chaı̂ne
aura une saturation de la relation force-élongation.
gaussienne 4πR2 f (R). La taille caractéristique R0 = aN 1/2
correspond à l’écart type.

B. Les effets du volume exclu


La raison pour laquelle on utilise l’adjectif “gaussien”
pour décrire la chaı̂ne de monomères libres est que la
Le modèle de chaı̂ne gaussienne ne tient pas compte des
distribution de probabilités de la taille R (figure 20) est
interactions répulsives de monomères quand il se trou-
un fonction de Gauss:
vent très proches (à des distances de l’ordre de leurs

3
3/2 
3R2
 rayons de van der Waals). Pour tenir compte de la
fN (R) = exp − . (60) taille de monomères on introduit un coefficient B (ap-
2πa2 N 2a2 N pelé coefficient du viriel) qui est de l’ordre du volume des
La taille caractéristique se déduit de l’écart type de la dis- monomères B ∼ a3 , dans le développement de l’énergie
tribution, en considérant qu’il faut moyenner sur toutes libre en puissances de la densité n = N/R3 (la densité,
les directions (4πR2 f (R), est la distribution de proba- nombre de monomères par unité de volume, est faible
bilités Rdes distances à l’origine – le premier monomère): dans une solution avec un bon solvant):
R02 = R2 (4πR2 f (R))dR. La fonction de partition de
la chaı̂ne gaussienne est proportionnelle à Z ∝ f (R) (à F 3R2 BN 2
= 2 + , (63)
un facteur de normalisation près). L’énergie libre est kB T 2a N R3
F (T, R) = −kB T ln Z (voir l’équation (29), ici la vari-
able extensive V a été remplacée par R0 ), (voir la figure 21). Le premier terme de (63) correspond
à la chaı̂ne gaussienne (61), tandis que le deuxième, qui
3kB T R2 inclut le coefficient du viriel B, exprime les effets sur
F (T, R) = F0 (T ) + , (61) l’énergie libre du volume exclu (deux monomères ne peu-
2a2 N
vent s’approcher en deçà d’une certaine distance —de
où F0 est une constante (indépendante de la taille R). l’ordre de la taille des molécules qui forment le polymère).
25

ici s parcours toutes les valeurs de 0 à L = aN , la


longueur de la chaı̂ne. La valeur de Lp est reliée à l’angle
0.25
de valence. En effet, dans le cas d’une chaı̂ne polymère
dont les monomères successifs possèdent un angle de va-
0.2 lence fixe θ0 , mais un angle de torsion φ libre (chaque
monomère peut tourner librement dans le cône de va-
lence du monomère voisin), la longueur de persistance
F(R)/NkBT

0.15 est donnée par

Lp = a/| ln(cos θ0 )| .
0.1

Si θ0  1 alors Lp ≈ 2a/θ02  a; en conséquence, quand


0.05 l’angle de valence est petit, chaque monomère fait une
R0/a faible contribution à la flexibilité de la chaı̂ne. Elle ap-
paraı̂tra comme une ligne régulière et pourra être traitée
0 comme une ligne continue. Dans la limite θ0  1, la
0 50 100 150 200 250 300 350 400
R/a taille caractéristique du polymère est
FIG. 21 Énergie libre de Flory F (R) pour un polymère dans un R02 = 2L2p (L/Lp − 1 + e−L/Lp ) (66)
bon solvant. La taille caractéristique du polymère est celle qui
correspond au minimum de F , R0 /a = (B/a3 )1/5 N 3/5 . Ici F avec L la longueur de la chaı̂ne L = aN (voir la figure 23).
est en unités de N kB T , avec N = 1000, et le coefficient du Deux cas limites sont intéressantes: pour L/Lp  1 la
viriel B = a3 .
chaı̂ne est pratiquement rigide R0 ≈ L, et pour L/Lp  1
on trouve R0 ≈ (2Lp L)1/2 , la chaı̂ne a le même com-
À l’équilibre thermodynamique l’énergie libre est min- portement par rapport à sa longueur L, que la chaı̂ne
imale (dF/dR|R=R0 = 0), ce qui fixe la taille car- gaussienne.
actéristique du polymère: La longueur de persistance dépend de la structure de
la biomolécule. Pour l’ADN une valeur caractéristique
R0 /a = (B/a3 )1/5 N 3/5 , (64) est Lp ≈ 50 nm ou 150 paires de bases; pour un simple
cette relation R0 ∼ N 3/5 , diffère considérablement de la polymère synthétique on a Lp ≈ 1 * 1.4 nm (ce qui
chaı̂ne gaussienne: l’effet du volume exclu se manifeste correspond à 4 ou 5 monomères).
par un changement dans la loi de puissance qui suit la
taille en fonction du nombre de monomères. Le coefficient
numérique de (64) dépend évidement de l’intensité des APPENDIX A: TD1: Interactions intermoléculaires
interactions répulsives, dont B est une mesure.
Le but de cette série d’exercices est d’introduire
l’origine des forces intermoléculaires à partir des
1. Cône de valence et longueur de persistance principes physiques de l’interaction électrostatique.

Jusqu’à maintenant on n’a considéré que des polymères


dont les angles entre le monomères étaient aléatoires, et 1. Questions
pouvaient prendre toutes les orientations avec la même
probabilité. Or les liaisons de valence qui assurent la a. Thermodynamique
cohésion des monomères possèdent de directions bien
précises pour lesquelles les interactions stériques se min- 1. Donner les dimensions de l’enthalpie, de la fonction
imisent (voir la figure 6). de Gibbs, du potentiel chimique, de la force entre
Dans la chaı̂ne gaussienne on néglige les corrélations deux charges, du moment dipolaire de l’eau.
d’orientation entre monomères. Si deux monomères sont 2. Donner les grandeurs caractéristiques pour: taille
séparés par une distance s sur la chaı̂ne (en suivant la d’une protéine, longueur d’une molécule d’ADN
séquence de la structure primaire) et θ(s) est l’angle entre étirée, largeur d’une membrane biologique; charge
ces deux monomères, on a hcos θ(s)i = 0. Cependant, on d’une molécule d’eau, moment dipolaire de petites
peut considérer que deux monomères ont d’orientations molécules.
corrélées s’ils sont suffisamment proches, mais ils sont
pratiquement indépendants si leur séparation est suff- 3. Quelle est l’énergie thermique des molécules d’un
isamment grande. La longueur caractéristique sur laque- gaz d’hydrogène à 15C? Peut-on en déduire une
lle deux monomères sont corrélés est la longueur de per- vitesse caractéristique?
sistance Lp . Elle est définie par la relation:
4. Le potentiel de membrane a une valeur car-
hcos θ(s)i = e−s/Lp , (65) actéristique de kB T /e. Peut-on associer une
26

(a) (b)

FIG. 22 Polymères simples formés d’une suite de monomères identiques: (a) polyéthylène CH3 -(CH2 )n -CH3 , et (b) leucine (Leu)n .
La surface autour représente le potentiel électrostatique de la molécule. Il s’agit de deux composées hydrophobes. La succession de
monomères se fait à des angles de valence qui réduisent les interactions stériques.

3 énergie à ce potentiel électrostatique? Comparer


cette énergie à l’énergie thermique d’un ion en so-
2.5
lution aqueuse.

5. Dessiner le cycle de Carnot dans un diagramme


2 (T, S) température–entropie. Montrer que l’aire du
cycle est le travail réalisé par le système (le cycle
R20/L2p

1.5
est parcouru dans le sens qui va de la source chaude
vers la source froide).

1 6. L’énergie libre de Gibbs est G = H − T S, montrer


que dG = −SdT + V dP .
0.5

b. Forces
0
0 0.5 1 1.5 2 2.5
L/Lp
1. Calculer l’énergie d’interaction coulombienne de
deux ions Cl− et Na+ en contact, sachant que le
FIG. 23 Effet de la longueur de persistance Lp sur la taille R0
d’un polymère. Pour L  Lp le polymère se comporte comme
rayon ionique est r = 0.276nm. Comparer cette
une chaı̂ne gaussienne (droite hachurée). énergie à l’énergie thermique.

2. Calculer l’énergie d’interaction d’un ion Na+ et une


molécule d’eau de moment dipolaire u = 1.85D.
27

Donner la valeur du maximum, et la comparer à a. Exercice 2:


l’énergie thermique.
Donner l’expression vectorielle de la force coulombienne.
3. Montrer que la présence d’un ion au sein de l’eau Discuter de la nature attractive de cette force en fonction
n’affecte que les molécules de la première couche de r, z1 et z2 . Quelle est la dimension physique de la per-
autour de l’ion. (Utiliser la portée de forces mittivité du vide?
d’interaction d’un ion avec les molécules polaires.) Le champ électrique E(r) est un champ vectoriel
dépendant de la position r. Il est tel qu’une particule
chargée, de charge ze, à la position r est soumise à la force
2. Forces et potentiels d’interaction F(r) = zeE(r). Une charge positive est donc soumise à
une force dans la direction du champ électrique et une
Lorsque l’on parle d’interaction entre deux molécules, charge négative dans la direction opposée.
on peut raisonner en terme de la force d’interaction
F (r) ou de son potentiel U (r) qui dépendent de la dis-
tance r entre ces molécules. Le potentiel U (r) (ou, plus
rigoureusement, l’énergie potentielle d’interaction) est le b. Exercice 3:
travail qu’il faut fournir au système pour amener les deux
molécules à la distance r en partant de l’infini. La force Donner l’expression du champ électrique E0 (r) crée par
et le potentiel d’interaction sont reliés par la relation une molécule de charge z0 e à la position r0 .
dU (r)
F (r) = −
dr
4. Dipôle électrique
La force est attractive si F < 0 et répulsive si F > 0.
Dans le cas général, la force est une grandeur vectorielle,
qui est ici dirigée dans la direction qui relie le centre des Un dipôle électrique est formé d’un ensemble de
deux molécules. charges de somme nulle. On peut montrer que le champ
d’un dipôle est équivalent à celui de deux charges q et −q
séparées d’une distance a. Le champ électrique loin du
dipôle dépend uniquement de son moment dipolaire u tel
a. Exercice 1: que
On utilise souvent le potentiel de Lennard–Jones pour
u = q(r+ − r− )
décrire l’interaction des molécules non polaires. Celui-ci
s’écrit
avec r+ et r− les positions des charges q et −q respec-
UL–J (r) = 4 (σ/r)12 − (σ/r)6 tivement.
 

Représenter UL–J en fonction de r. Pour quelle valeur de r,


ce potentiel est-il minimum? Dans quels intervalles de r la
force associée est-elle attractive, répulsive, nulle? Quelles a. Exercice 4:
sont les dimensions physiques des constantes  et σ?
Donner l’expression du potentiel d’interaction entre un
dipôle de moment u et un ion de charge ze lorsque l’ion est
3. Interactions coulombiennes situé le long de l’axe reliant les charges q et −q du dipôle.
Comparer ce potentiel à celui existant entre deux ions. (On
Le potentiel d’interaction coulombienne entre deux donne, pour x  1, (1 − x)−1 ≈ 1 + x).
molécules chargées (ions), de charges z1 e et z2 e, s’écrit Dans le système international, l’unité du moment dipo-
(dans le vide) laire est le C m. Dans le contexte chimique, les mo-
ments dipolaires sont, en général, exprimés en Debye D
z1 z2 e2 (1D = 3.336 10−30 C m). À titre d’exemple, le moment de
U (r) = la molécule d’eau est u = 1.85 D, pour HCl : u = 1.08 D
4πε0 r
et pour CH3 Cl : u = 1.87 D.
avec ε0 la permittivité du vide. La valeur de cette Une molécule de moment dipolaire permanent non
constante dépend du système d’unités utilisé, dans le nul possède, en général, un ou plusieurs atomes
Système international elle se mesure en N m2 C−2 ou électronégatifs tel que O, N, F ou Cl qui déforment le
V m C−1 , on a 1/4πε0 = 10−7 c2 V m C−1 , avec c = nuage électronique de telle sorte que les barycentres des
2.998 108 (la valuer numérique de la vitesse de la lumière charges positives et négatives soient différents. On dit
en m s−1 ). d’une telle molécule qu’elle est polaire.
28

b. Exercice 5: 1. Questions

Le potentiel d’interaction entre un ion, de charge ze et a. Forces d’interaction, suite...


un dipôle de moment u prend la forme générale
1. Un ion dans un milieu possède une énergie libre
zeu cos θ égale au travail nécessaire à le former: le potentiel
U (r, θ) =
4πε0 r2 chimique standard de l’ion est µi = (ze)2 /8π0 a,
où ze est la charge de l’ion, a son rayon, et  la con-
où θ est l’angle entre le vecteur r et le moment dipolaire u. stante diélectrique du milieu. Calculer la variation
Comparer ce potentiel à celui entre deux ions. Discuter de de l’énergie libre associée au transfert d’une mole
la nature attractive de la force en fonction de r et z pour d’ions monovalents (anions et cations) de la phase
θ = 0, π/2, et π. gazeuse ( = 1), à la phase aqueuse ( = 78).

2. La molécule de méthane est non-polaire. Un mo-


5. Dipôle induit, notion de polarisabilité
ment dipolaire est induit par la présence d’un ion
de sodium, placé à 0.4 nm du centre de la molécule
Peu de molécules possèdent un moment dipolaire CH4 . Calculer la déformation de la molécule de
permanent. En revanche, sous l’action d’un champ méthane en sachant que sa polarisabilité est de
électrique E, une molécule peut présenter un moment α0 /(4π0 ) = 2.6 10−30 m3 . Le rayon du CH4 est
dipolaire induit uind. tel que de 0.2 nm; comparer ce rayon à la taille de la
déformation.
uind. = αE

Le coefficient de proportionnalité α est appelé la polaris- 3. La plus courte distance (instantanée) entre le pro-
abilité de la molécule. ton et l’électron d’un atome d’hydrogène est le
La polarisabilité d’une molécule est liée à la modi- rayon de Bohr:
fication de la distribution des charges électriques sous
l’action d’un champ électrique. On peut la décomposer a0 = e2 /2(4π0 )~ω = 0.053 nm ,
en trois composantes : la polarisation d’orientation qui
met en jeu la réorganisation moléculaire, la polarisation calculer le moment dipolaire instantané de H.
de librations qui met en jeu l’orientation des liaisons co- L’énergie ~ω = I est ici, l’énergie d’ionisation
valentes et la polarisation électronique qui met en jeu la de l’atome. C’est ce moment dipolaire instantané
modification du nuage électronique. (quantique) qui est à l’origine des forces de disper-
sion.

a. Exercice 6: 4. Donner l’énergie caractéristique des liaisons hy-


drogène en kJ mol−1 . Donner la distance car-
On peut se faire une idée du phénomène de polarisation actéristique entre le donneur et l’accepteur (par ex-
en considérant le modèle suivant. Prenons deux charges emple N et O), d’un pont hydrogène.
q et −q reliées par un ressort de raideur k. Au repos et
en l’absence de forces extérieures, la force de rappel du
ressort fait coı̈ncider les deux charges. Que se passe-t-il sous 5. Les propriétés de l’eau liquide sont en grande par-
l’action d’un champ électrique? Donner la valeur de la po- tie déterminées par les liaisons hydrogène: ces
larisabilité en fonction de q et k. (On négligera l’interaction liaisons donnent à l’eau une structure relative-
entre les charges q et −q.) ment ordonnée, presque comme dans un cristal.
Le transfert d’un hydrocarbure dans l’eau est ac-
compagné d’une variation d’enthalpie de ∆H =
−4.3 kJ mol−1 , mais la variation d’énergie libre est
APPENDIX B: TD2: Dipôles et Forces de van der Waals
de ∆G = 28.7 kJ mol−1 . Expliquer la différence.
On étudie les interactions entre dipôles et dipôles mo-
biles. On introduit aussi les forces de van der Waals 6. L’énergie de surface de l’interface hydrocarbure-
entre molécules non polaires. Les forces de van der eau est d’environ 40–50 mJ m−2 . Comparer cette
Waals regroupent les forces d’interaction entre molécules énergie à l’énergie par unité de surface du transfert
polaires ou polarisables dont le potentiel varie comme de l’hydrocarbure à l’eau. Supposez que la molécule
−1/r6 . Dans ce TD, nous allons détailler les mécanismes a une forme cylindrique de surface 1.0 nm2 . Peut-
physiques des termes de Keesom, Debye et London qui on conclure qu’il existe un lien entre ces deux
composent les forces de van der Waals. grandeurs? Expliquez.
29

2. Interaction entre deux dipôles permanents représentation statistique est pertinente lorsque l’énergie
d’interaction U est du même ordre de grandeur que
l’énergie thermique kB T .
molécule 1 molécule 2
y a. Exercice 2:

θ1 θ2 Sachant que la somme des probabilités sur tous les angles


r x possibles est égale à 1, c’est-à-dire
u1 u2 X
p(θ1 , θ2 ) = 1 ,
θ1 ,θ2

(ce qui permet de calculer Z) et en ne considérant que les


angles 0, π/2, π, et 3π/2 comme dans l’exercice 1, donner
Le potentiel d’interaction de deux dipôles coplanaires la probabilité de chaque configuration d’angles. En déduire
dépend de leur distance r mais également des angles θ1 et la moyenne de l’énergie d’interaction. Trouver la valeur
θ2 que font ces dipôles avec l’axe les reliant (voir Figure). approchée de l’énergie moyenne quand U0  kB T . (On
Le potentiel prend la forme posera x = U0 /kB T avec U0 défini dans l’exercice 1, et on
u1 u2 supposera x  1)
U (r, θ1 , θ2 ) = − [2 cos θ1 cos θ2 − sin θ1 sin θ2 ] ,
4π0 r3
avec u1 et u2 , les moments dipolaires des molécules 1 et 4. Terme de Keesom
2.
Dans les forces de van der Waals, le terme de Keesom
a. Exercice 1:
résulte de l’interaction de deux molécules polaires en libre
rotation. Le potentiel d’interaction se calcule de manière
Discuter de la valeur du potentiel d’interaction lorsque analogue à l’exercice 3, en considérant que tous les an-
la distance r entre les deux molécules polaires est fixée et gles des dipôles sont permis et que le mouvement se fait
lorsque les angles θ1 et θ2 prennent les valeurs , 0, π/2, π, dans les trois dimensions. On trouve alors une énergie
et 3π/2, (0, 90, 180, et 270 degrés). Quelles configurations moyenne
correspondent à une énergie minimale? Que peut-on en
2 u21 u22
déduire? (On posera U0 = u1 u2 /4πε0 r3 > 0) U (r) = − .
3 (4πε0 r3 )2 kT

3. Facteur de Boltzmann On constate que ce terme décroı̂t en 1/r6 .

Dans le cas macroscopique, un système à l’équilibre se


trouve toujours dans un état qui minimise son énergie. 5. Terme de Debye
Par exemple, une bille qui roule librement atteindra une
position d’équilibre qui correspond à un minimum de son Lorsque une molécule polarisable est soumise au champ
énergie potentielle de gravité (Ep = mgz) et donc à un électrique E d’une molécule polaire, elle présente un mo-
minimum d’altitude. ment dipolaire induit uind. = αE. Le terme de Debye
Dans le cas microscopique cependant, la situation est résulte de l’interaction entre le dipôle induit et le dipôle
différente. L’agitation thermique empêche d’atteindre permanent.
une position fixe (les molécules d’un liquide sont en con-
stant mouvement). En reprenant le cas de deux dipôles,
on imagine que les molécules de solvant environnant les a. Exercice 3:
dipôles, par leurs chocs répétés, font tourner les dipôles
librement. Dans ce cas, on utilise une représentation On donne l’expression du champ électrique du dipôle de
statistique de l’état des deux dipôles. La physique statis- la molécule 1 au niveau de la molécule 2
tique nous indique que la probabilité p de trouver les u1 cos θ1 u1 sin θ1
dipôles dans un état décrit par θ1 et θ2 est donnée par Ex = 2 , Ey = − ,
  4π0 r3 4π0 r3
1 U (θ1 , θ2 )
p(θ1 , θ2 ) = exp − , avec Ex et Ey les composantes suivant x et y du
Z kB T
champ (voir la figure précédente). En déduire l’énergie
avec Z une constante de normalisation et kB = d’interaction d’un dipôle fixe et d’un dipôle induit en fonc-
1.38 10−23 J K−1 la constante de Boltzmann. Cette tion de θ1 et α.
30

Lorsque l’on moyenne l’expression obtenue dans 2. Si l’on augmente la température l’ADN passe de
l’exercice 3 sur tous les angles θ1 possibles, on obtient son état natif vers un état dénaturé, dans lequel
l’expression du terme de Debye des forces de van der les doubles brins des hélices sont rompus. Mon-
Waals. trez, à l’aide d’un dessin, le comportement de la
taille d’un segment de la molécule en fonction de la
u21 α température.
U (r) = −
(4π0 r3 )2
3. Le processus de renaturation de l’ADN est un pro-
On constate que ce terme varie également en 1/r6 . cessus cinétique d’ordre deux, dont la constante de
vitesse est k2 . La vitesse de diminution de c est
proportionnelle au carré de la concentration c des
6. Terme de London brins simples. Calculez c = c(t) en sachant que
c(0) = c0 et faites un graphe de c(t)/c0 . (Aide:
dx/x2 = −1/x).
R
Le terme de London des forces de van der Waals a
une origine quantique. Il exprime l’interaction entre
deux molécules apolaires mais polarisables. On peut s’en
faire une idée en considérant qu’une molécule apolaire b. Polymère idéal, chaı̂ne de Gauss
possède un moment dipolaire moyen nul mais que, du
fait des fluctuations quantiques du nuage électronique, 1. L’énergie libre d’un polymère de Gauss est
elle possède un moment dipolaire instantané non nul.
3R2
Si la molécule 1 possède un moment dipolaire instan- F (R)/kB T = .
tané et que la molécule 2 est polarisable, on retrouve 2a2 N
un cas similaire à l’interaction molécule polaire/molécule Discutez la relation force-extension f (R) =
polarisable. L’expression du terme de London est dF/dR = −fex (fex est la force extérieure qui main-
tient la chaı̂ne étirée) en la comparant à la loi de
3 α1 α2 I1 I2
U (r) = − , Hooke de l’élasticité (Rappel: la tension f d’un
3 2
2 (4πε0 r ) I1 + I2 ressort soumis à une force fex est proportionnelle
à son extension x f = −fex = kx, où k est la con-
avec α1 et α2 les polarisabilités des molécules 1 et 2 et
stante du ressort, loi de Hooke).
I1 , I2 l’énergie d’ionisation des molécules.
2. La longueur caractéristique d’une chaı̂ne de Gauss
est proportionnelle à la racine du nombre de
7. Forces de van der Waals monomères R0 ∼ N 1/2 . Cette loi néglige les ef-
fets de volume exclu, une chaı̂ne de Gauss peut
Les forces de van der Waals se composent de la somme se recouper elle même, ce qui est impossible. Si
des termes de Keesom, Debye et London. En général l’on tient compte des interactions de répulsion des
et contrairement à l’intuition, le terme de London est monomères quand ils sont très proches, l’énergie
prépondérant. Le tableau suivant donne une mesure libre dévient:
de l’importance de chacun des termes pour quelques
molécules courantes. On voit que l’eau est un liquide 3R2 BN 2
F (R)/kB T = +
extraordinaire. 2a2 N R3
où B est le coefficient qui décrit la répulsion en-
tre monomères. Démontrez qu’à l’état d’équilibre
APPENDIX C: TD3: Flexibilité de Macromolécules
(minimum de l’énergie libre), la longueur de la
chaı̂ne est proportionnelle à
On étudie les caractéristiques géométriques des macro-
molécules. On introduit le modèle aléatoire de Gauss R ∼ N 3/5 .
pour une chaı̂ne souple, et un autre modèle pour car-
actériser la flexion des chaı̂nes semi-rigides. Discutez le résultat (vous pouvez supposer que
B/a3 ≈ 1).

1. Questions
2. Géométrie d’une macromolécule
a. Stabilité de l’ADN
On considère une macromolécule comme étant une
1. Expliquez la stabilité de la double hélice de l’ADN suite de N segments (atomes de carbone dans
en utilisant des arguments sur les interactions un polymère, acides aminés d’une protéine, ou les
faibles (rôle des liaisons hydrogène, rôle des charges nucléotides des acides nucléiques). Ces segments,
négatives des groupes phosphates). numérotés par i = 1, . . . , N , comme dans la figure sont
31

repérés par une suite de vecteurs Ii , de telle sorte que la Une amélioration possible du modèle de Gauss est de
distance entre les deux extrémités de la macromolécule donner une probabilité nulle aux intersections, pour ne
est garder que les conformations pour lesquelles la macro-
molécule se “auto-évite”.
N
X
R= Ii . (C1)
i=1 4. Flexion des macromolécules
On suppose que longueur a de tous les segments est iden-
tique (on a par définition a2 = Ii · Ii ). Pour beaucoup de macromolécules les angles θ et φ
ne peuvent pas prendre toutes les orientations mais sont
confinés à des intervalles plus ou moins étroits selon la
a. Exercice 1: nature de liaisons de valence. L’angle θ décrit le cône
de valence autour de l’axe du segment, et on peut le
Si l’on suppose pour simplifier, que la molécule est con- considérer comme étant fixe. L’angle φ donne la rotation
tenue dans un plan, montrer que le carré de la distance R2 du segment par rapport au précédent dans ce cône de
peut s’écrire comme valence, et peut par conséquent prendre n’importe quelle
valeur dans l’intervalle [0, 2π].
X X
|R|2 = N a2 + 2a2 Ii · Ij = N a2 + 2a2 cos(φi − φj ) ,
i<j i<j
a. Exercice 3:
(C2)
où φi est l’angle polaire du segment i.
Dans le cas général d’une molécule dans l’espace à On considère une macromolécule dont l’angle de valence
trois dimensions on introduit les coordonnées sphériques θ est le même pour tous les monomères. Si on appelle
I = (a, θ, φ), où la pair d’angles (θ, φ) décrit toutes les x = cos θ, montrer que la projection R de R sur la direction
orientations du vecteur I dans l’espace. Dans ce cas, la de la droite qui joigne le premier avec le dernier segment est:
distance bout à bout de la chaı̂ne s’écrit:
X 1 − xN
|R|2 = N a2 +2a2

cos θi cos θj +cos(φi −φj ) sin θi sin θj , R=a . (C5)
1−x
i<j
(C3) (On choisit θ0 = 0 dans cette même direction.) R
le cas plan se retrouve en posant θ = π/2. représente la moyenne statistique de la longueur bout à bout
du polymère.
On s’intéresse à la limite où θ est petit et le nombre
3. La chaı̂ne aléatoire de segments N est grand (limite continue). La longueur
totale de la macromolécule L = N a reste finie, c’est-à-
Le modèle le plus simple de la conformation d’une dire que dans cette limite on doit avoir a ≈ L/N → 0.
macromolécule est de considérer que chaque segment La longueur de persistance Lp définie par:
dans la chaı̂ne possède une orientation aléatoire. Ce
modèle décrit, comme une première approximation, l’état 2a
Lp = lim
initial d’une protéine avant son repliement, ou l’état N →∞ θ2
dénaturé des brins d’ADN.
est finie√ pourvu que θ2 ≈ 2a/Lp ≈ 2L/N Lp , et donc
θ ∼ 1/ N . Dans cette approximation on suppose une
a. Exercice 2: courbure continue et constante de la macromolécule.
p
Montrer que la taille typique, définie par R0 ≡ h|R|2 i,
d’une chaı̂ne polymère dont les orientations de différents b. Exercice 4:
monomères sont indépendantes et aléatoires est:
Montrer que l’on peut remplacer xN ≈ (1 − θ2 /2)N par
R0 = aN 1/2 , (C4) exp(−N θ2 /2). Montrer ensuite que dans cette approxima-
tion, la longueur moyenne de la chaı̂ne est donnée par
où les crochets h· · · i représentent une moyenne sur toutes
hRi = Lp 1 − e−L/Lp .

les orientations possibles. (C6)
Le modèle aléatoire ou de Gauss décrit donc les
chaı̂nes souples où chaque monomère peut tourner libre- Étudier les limites L  Lp et L  Lp .
ment. Une limitation évidente de ce modèle est qu’il On peut vérifier que le résultat de l’exercise C.4.b peut
n’empêche pas les intersections: la chaı̂ne polymère peut, être facilement obtenu si l’on introduit la longueur de
en principe, se couper elle même. Cette limitation vient persistence comme étant la longueur de décorrélation des
du fait d’avoir négligé les interactions entre monomères. angles. Soit s = |k − i|a la distance le long de la chaine
32

entre deux monomères i et k, et θ(s) l’angle entre ces ADN - double hélice
deux monomères, on définit la longueur de persistence
comme

hcos θ(s)i = e−s/Lp .

Ce qui signifie que hcos θ(s0 ) cos θ(s1 )i =


hcos θ(s0 )ihcos θ(s1 )i. La longueur du polymère est
RL
R = (1/a) 0 dsI(s); ce qui conduit pour la longueur
bout à bout de la chaı̂ne à la formule:
Z L
dse−s/Lp = Lp 1 − e−L/Lp .

hRi =
0

Résultat identique à celui de l’exercise C.4.b. De ADN - brins déroulés


la même façon on peut calculer la variance R02 =
RL RL 0
0
ds 0 ds hI(s)I(s0 )i.
FIG. 24 Schéma montrant la transconformation de l’ADN. Le
processus de rupture et séparation de deux brins de la double
hélice est indispensable aux fonctions de transcription de l’ADN.
c. Exercice 5:

Montrer que la moyenne du carré de la longueur R est 1. Questions


 
2 2 Lp −L/Lp

R0 = h|R| i = 2LLp 1 − 1−e . (C7) 1. La taille d’un nucléotide (base de l’ADN) est
L d’environ 0.35 nm. Considérez deux brins d’ADN
de 200 et 2000 bases. Calculez leur longueur en
Étudier les limites L  Lp et L  Lp . supposant que la chaı̂ne est gaussienne.

2. Supposez maintenant que la chaı̂ne est caractérisée


Formules utiles par une longueur de persistance Lp de 150 bases.
Calculez à nouveau les longueurs et comparez-les
L’exponentielle comme limite d’un produit: aux précédentes. Que remarquez vous?

lim (1 − x/N )N = e−x . 3. Faı̂tes une estimation des effets de volume exclu
N →∞
sur la longueur de l’ADN (N = 200, 2000). Posez
Série géométrique: B = (1.3a)3 .

N −1 4. Comment feriez vous pour tenir compte à la fois


X 1 − xN des effets de rigidité (longueur de persistance non
xn = .
n=0
1−x nulle) et des répulsions (volume exclu) sur la
longueur d’une chaı̂ne polymère en bon solvant?
Intégrale de l’exponentielle: Supposez que le nombre de monomères est très
grand. (Aide: comparez d’abord les formules pour
Z L
la chaı̂ne gaussienne et pour la chaı̂ne avec L/Lp 
dx(1 − e−x/a ) = a(L/a − 1 + e−L/a ) ,
0 1, afin d’établir un lien entre a – la taille d’un
monomère – et Lp – la longueur de persistance.)
Appliquez votre formule aux cas de la question 1
Z L Z x
(vérifiez auparavant sa validité).
dx dye−(x−y)/a = a2 (L/a − 1 + e−L/a ) .
0 0

2. Probabilités et fonction de partition


APPENDIX D: TD4: Conformation de Macromolécules
On considère un biopolymère dont chaque élément
On utilise les méthodes de la physique statistique pour monomère ne peut exister que sous deux états différents:
étudier, sur des modèles simples, les changements de con- dans l’état d ou “dénaturé”, le monomère se trouve dans
formation de biomolécules. On s’intéresse à la formation une chaı̂ne linéaire, et dans l’état h ou “hélice”, le même
de la structure secondaire d’une biomolécule, on con- élément fait partie d’une structure en hélice. Si tous les
sidère spécifiquement la transformation chaı̂ne-hélice des N monomères qui forment la macromolécule sont dans
acides nucléiques. l’état h, la macromolécule se trouve dans son état de
33

référence H = hhhhh · · · (N segments); dans le cas où 3. Modèles de changement de structure de biopolymères
tous les monomères sont dans l’état d, la macromolécule
D = ddddd · · · est dénaturée. a. Transconformation en un seul pas
Le passage d’un état à l’autre D ↔ H se caractérise
par la constante d’équilibre chimique K = [H]/[D], elle Un forme possible de passage de l’état chaı̂ne à l’état
représente la probabilité de trouver une macromolécule hélice (ou vice versa) est que celui-ci se déroule spon-
dans l’état H par rapport à la probabilité de la trouver tanément sur tous les éléments de la macromolécule.
dans l’état D:
∆G0
 
K = exp − , (D1) b. Exercice 2:
RT
Considérez une macromolécule formée par N monomères,
où ∆G0 est la variation d’enthalpie libre du passage de
qui passe de l’état D = ddd · · · d (N termes), à l’état H =
D → H. On désigne par s la probabilité de passage d’un
hhh · · · h en un seul pas. Calculez K en fonction de s.
monomère de l’état d à l’état h; s = [h]/[d] peut aussi
Calculez la fraction de molécules θ dans l’état H.
être interprétée comme étant la constante d’équilibre du
passage entre deux états de la macromolécule qui ne
diffèrent que par l’état d’un seul monomère (que l’on
désigne comme un microétat): c. Transconformation aléatoire

∆G0dh
 
On peut imaginer qu’à un moment donné
s = exp − , (D2) n’importe quel monomère peut basculer vers l’état
RT
h, indépendamment des autres, et tous avec la même
où ∆G0dh est la variation d’enthalpie libre de la transition probabilité s. A chaque pas n la fraction de h s’accroı̂t,
d → h. de telle sorte que au pas n on trouve n monomères dans
La transformation de la chaı̂ne en hélice s’effectue l’état h.
généralement en plusieurs étapes, chacune ayant un nom-
bre croissant de monomères h. Le poids statistique ωn
d’un microétat d’équilibre ayant n monomères h est: d. Exercice 3:

n∆G0dh
 
ωn = exp − = sn , (D3) On considère le modèle aléatoire de la transition chaı̂ne-
RT hélice d’une biomolécule de N résidus. Calculez le nombre
d’états différents ayant n monomères h sur les N de la
parce que la somme d’enthalpies libres correspond au macromolécule. Calculez le poids statistique du pas n et la
produit des constantes d’équilibre. Le nombre de mi- fonction de partition. Montrez que la fraction de molécules
croétats avec n segments h et de même énergie, est la en hélice est
“dégénérescence” gn de ce microétat. Le produit gn ωn
donne donc la probabilité pn de l’état à une constante s
θ=
de normalisation près: pn = gn ωn /Z. La constante de 1+s
normalisation Z est la fonction de partition,
N N
n∆G0
X   X
Z= gn exp − =1+ gn sn , (D4)
n=0
RT n=1 e. Transconformation séquentielle

elle est une mesure de la répartition de l’énergie sur Le modèle aléatoire prédit un taux de conversion
les différents états du système. Sa connaissance permet chaı̂ne hélice qui est très loin des valeurs observées.
également de calculer les propriétés thermodynamiques Sa faiblesse réside dans le fait que les transitions ne
du système. s’effectuent pas au hasard, mais plutôt suivant une
séquence. En effet, une fois qu’un monomère se trans-
forme, le changement de son voisin est largement fa-
a. Exercice 1: cilité. Une fois que le premier monomère bascule (étape
de nucléation), il est suivi des autres monomères voisins
Montrer que la fraction θ de monomères dans l’état (étapes de propagation). L’étape de nucléation deman-
d’hélice h, peut s’écrire comme dant d’avantage d’énergie que les étapes de propagation,
on introduit un paramètre de nucléation σ  1, tel que
s ∂Z
Nθ = (D5) σs est la constante de micro-équilibre associée à cette
Z ∂s première transformation. Les pas suivants ont tous la
même constante s.
34

f. Exercice 4: deux masses reliées par un ressort. La force de va-


lence entre deux atomes de carbone est représentée
Comme dans l’Exercice (D.3.b) on considère une par
biomolécule formée par N segments. La transformation
chaı̂ne-hélice se fait en séquence. Calculez la fonction de F = −K(r − r0 ) , (E1)
partition Z et la fraction en hélice θ.
avec K = 133 103 kJ mol−1 nm−2 , r0 = 0.17 nm.
Calculer et dessiner l’énergie potentielle. Le point
où la force s’annule, est-il un point d’équilibre sta-
g. Transconformation collective
ble? L’expression (E1) du potentiel, est-elle val-
able pour tout r, ou est-elle une approximation val-
Un défaut du modèle précédant c’est qu’il ignore la able pour des distances d’interaction proches de r0 ?
dégénérescence des états (les facteurs gn ). En effet la Justifier.
séquence des h · · · h peut en fait se trouver à n’importe
quel emplacement dans la série de d · · · d, donnant un cer- 2. Un modèle plus complet de l’interaction de valence
tain nombre g de configurations équivalentes. Ce modèle entre deux atomes est celui du potentiel de Morse
s’appelle en “fermeture éclair”.
U (r) = U0 (1 − e−k(r−r0 ) )2 − U0 . (E2)

Faire le graphe du potentiel de Morse. Montrer


h. Exercice 5:
que K = 2U0 k 2 . Calculer 1/k, en sachant que
U0 = 342 kJ/mol. Donner une interprétation des
Calculez comme dans le modèle précédant, Exercice
constantes U0 , r0 , et k.
(D.3.f) la fonction de partition Z et la fraction θ de
monomères qui se trouvent dans l’état h, mais cette fois 3. L’entropie d’un système peut se définir à partir
en tenant compte que la série des h · · · h peut se trouver du nombre de configurations microscopiques W
n’importe où dans la séquence des résidus dans l’état d. différentes que peut prendre un système, compati-
bles avec son état macroscopique:

Formules Utiles S = kB ln W . (E3)

Soit par exemple un système ayant N partic-


ules, chacune pouvant prendre n configurations
N N différentes. Le nombre d’états possibles est W =
X X sN +1 − 1
S0 = sn = 1 + sn = nN , et l’entropie est simplement S = kB N ln n.
n=0 n=1
s−1 On considère un polypeptide hélicoı̈dal formé de
100 résidus. Un changement de conformation vers
un état en chaı̂ne aléatoire se produit. Dans l’état
N “chaı̂ne” chaque résidu ne peut prendre que 3 ori-
dS0 X s − (1 + N ) sN +1 + N sN +2
S1 = s = nsn = 2 entations possibles (toutes ayant la même énergie).
ds (s − 1)
n=0 Calculer la variation d’entropie (par mole) associée
à la transformation
K
APPENDIX E: TD5: Association et polymérisation des
helice  chaı̂ne , (E4)
biomolécules
(on suppose que tous les états ont la même
Étude des états d’équilibre et de la cinétique probabilité). Calculer la valeur de la varia-
des changements de conformation lors des proces- tion d’enthalpie par résidu nécessaire pour que
sus d’interaction et d’association entre molécules. le constante d’équilibre de la “réaction” (E4)
Polymérisation. soit K = 1. Vérifier qu’elle est de l’ordre de
l’énergie d’interaction de la liaison hydrogène (2–
10 kJ mol −1 ).
1. Questions

1. La structure d’une macromolécule, sa géométrie, 2. Association ligand-macromolécule


est déterminée d’abord par les forces qui agis-
sent entre ses atomes, les forces de valence, et en- Le processus de fixation d’un “ligand” sur une macro-
suite par le forces d’interaction entre les différentes molécule intervient dans de nombreux processus bi-
molécules (monomères, résidus) qui la constituent. ologiques et est à la base du mécanisme des enzymes.
Un modèle simple de forces de valence est celui Un exemple est l’association d’une molécule d’oxygène
de forces “élastiques”, du type d’interaction entre et de la myoglobine.
35

Le cas le plus simple d’association est celui où la macro- b. Exercice 3:


molécule réceptrice ne possède qu’un site de fixation:
On suppose que l’enthalpie libre d’association ∆G dépend
M+L  ML. de la fraction de molécules liées θ

Le processus à l’équilibre est caractérisé par une con- ∆G = ∆G0 + gθ , (E7)


stante d’association K = [M L]/[M ][L].
où ∆G0 c’est la variation d’enthalpie libre du processus non-
coopératif, et g c’est une constante ayant les dimensions
d’une énergie par mole.
a. Exercice 1:
Montrer que la courbe de Scatchard possède un maximum
pour θ = 1 + RT /g quand g < 0. Comparer avec la courbe
Une macromolécule possède n sites équivalents de de Scatchard d’un processus non-coopératif.
réception d’un ligand. L’occupation de sites se fait de façon
indépendante. La concentration du ligand est [L], et la con-
stante d’équilibre K. Montrez que la fraction de molécules 4. Polymérisation de macromolécules
liées θ (0 < θ < 1) est donnée par la formule
Le processus de formation d’une macromolécule tubu-
K[L] laire ou filamenteuse par l’association des monomères aux
θ= , (E5)
1 + K[L] bouts d’une protéine P peut être décrit par une chaı̂ne de
réactions de polymérisation. A chaque étape un nouveau
où [L] est la concentration du ligand. monomère M vient s’ajouter. Si la concentration d’un
Faire les graphes de θ/[L] en fonction de θ (graphe de i-mère PMi est ci , le nombre total de protéines par unité
Scatchard) et de ln(θ/(1 − θ)) en fonction de ln[L] (graphe de volume cT (dans tous les états de polymérisation) est
de Hill).
N
X
cT = ci , (E8)
3. Fixation coopérative
i=0

Souvent, dans le cas où la molécule réceptrice où N est le nombre maximum de monomères dans le
possède plusieurs sites de fixation, l’association d’une polymère. Le degré moyen de polymérisation est défini
molécule sur un site ne se fait pas indépendamment des par
autres sites. En effet, généralement la fixation d’une PN
molécule (par exemple un O2 sur un de quatre sites de i ci
N θ = hii = Pi=0
N
, (E9)
l’hémoglobine) s’accompagne d’un changement de con- i=0 ci
formation qui modifie les conditions de réception de la
molécule suivante.
a. Exercice 4:

a. Exercice 2: Soit K la constante d’association d’un monomère


P+M→PM, c0 la concentration de P, et c la concentration
On considère le processus d’association des molécules de M. On a donc c1 =[MP]= Kcc0 , c2 =[PM2 ]= (Kc)2 c0 .
d’un ligand de concentration [L] sur une macromolécule Montrer que si le processus de polymérisation se fait par ad-
possédant n sites de fixation. dition successive de monomères, toujours avec la même con-
On suppose que seulement deux états de fixation sont pos- stante d’équilibre K, la fraction de protéines polymérisées
sibles: soit aucun site est occupé, soit tous les sites sont est
occupés. La constante d’équilibre d’occupation d’un site Kc(1 − (1 + N )(Kc)N + N (Kc)1+N )
est K. Nθ = . (E10)
(1 − Kc)(1 − (Kc)1+N )
Montrer que le graphe de Hill est de la forme:

θ Dans la figure 25 on montre la fonction θ = θ(c). On


ln = n ln K + n ln[L] . (E6) voit que pour Kc de l’ordre de 1 la fraction de polymères
1−θ
augmente brusquement. La concentration c ≈ 1/K est
la concentration critique de polymérisation.
Le processus de fixation est coopératif quand la con-
stante d’équilibre est elle même fonction de la fraction de
sites occupés. Par exemple dans le cas de la fixation de 5. Cinétique des phénomènes coopératifs
O2 sur l’hémoglobine on devrait avoir n = 4. Cependant,
les mesures expérimentales donnent une courbe (E6) avec Quand la fixation d’une molécule “ligand” sur
n = 2.8. une enzyme ou macromolécule ayant plusieurs
36

Nθ (E12) sont

8 dM0
= −ν+ M0 + ν− R0 (E13)
dt
6 dR0
= ν+ M0 − ν− R0 + k− R1 − 2k+ R0 s (E14)
dt
4 dR1
= −k− R1 + 2k+ R0 s + 2k− R2 − k+ R1 s(E15)
dt
2 dR2
= −2k− R2 + k+ R1 s (E16)
dt
ds
0.5 1 1.5 2 2.5 3 = −2k+ R0 s + k− R1 + 2k− R2 − k+ R1 s(E17)
c dt

FIG. 25 Degré de polymérisation en fonction de la concentration


b. Exercice 5:
de monomères. Pour de valeurs de la concentration telles que
Kc ≈ 1, la concentration de polymères augmente jusqu’à la
saturation θ = N (ici N = 10). Montrer que

dM0 dR0 dR1 dR2


+ + + = 0.
sites, s’accompagne d’une modification de l’activité dt dt dt dt
d’association d’autres ligands, on parle d’effet al- Soit M la quantité totale de molécules M (par unité de
lostérique: un changement de conformation se produit volume), la fraction de sites occupés θ (nombre de sites
au moment de la fixation d’un ligand, changement qui occupés sur le nombre total de sites) est
affecte les autre sites de fixation.
R1 + 2R2
θ=
2M
a. Modèle de Monod, Wyman et Changeux
Calculer θ en supposant que toutes les concentrations sont
On considère le cas d’une protéine M ayant 2 sites de à l’équilibre.
fixation, un dimère. Le processus d’association se déroule Si l’on dénote K = k+ /k− la constante d’association, et
suivant deux étapes. Dans la première, la protéine libre L = ν+ /ν− la constante allostérique, montrer que θ peut
change de conformation, pour passer de la forme “raide” s’écrire
M0 à la forme active R0 (on dénote par l’indice le nombre
de sites liées) 1 + Ks
θ = KLs .
1 + L(1 + Ks)2
ν+
Discuter les cas L  1, L  1 et K  1 (avec LK 2 de
M0  R0 , (E11)
l’ordre de un).
ν−

avec ν+ et ν− les constantes de vitesse du changement de


6. Autocatalyse
conformation; M0 et R0 sont les concentrations en nom-
bre de molécules par unité de volume. Dans la deuxième
L’autocatalyse est le processus par lequel la produc-
étape les sites sont fixés selon les réactions:
tion d’un composant chimique X dépend de sa propre
présence:
2k+ s k+ s
R0  R 1  R 2 , (E12) k+
k− 2k− A + X  2X , (E18)
k−
où s est la concentration de ligand, et R1,2 sont les
concentrations de formes actives de la protéine (ou de
avec les constantes k+ et k− . La cinétique de cette
l’enzyme)(R1 contient un ligand et R2 en contient deux);
réaction est
k+ et k− sont les constantes de vitesse de l’association
d’un ligand. Les poids statistiques (les facteurs deux de- dx
vant les constantes de vitesse) tiennent compte du fait = k+ ax − k− x2 , (E19)
dt
que le dimère possède deux sites de fixation.
Les équations de la cinétique de réactions (E11) et avec a et x les concentrations de A et X, respectivement.
37

a. Exercice 6: 6. Donnez un exemple de polymère hydrophobe. A


votre avis, il y a-t-il une relation entre hydropho-
On suppose que la concentration a est maintenue con- bicité et entropie, ou entre hydrophobicité et sur-
stante au cours du temps. Décrire l’évolution de la con- face de contact avec le solvant? Expliquez votre
centration x(t) et montrer qu’elle approche l’état saturé réponse.
xS = k+ a/k− .
Aide Solution de l’équation différentielle 7. Expliquez à l’aide d’un raisonnement en termes
d’énergies d’interaction et distribution de Boltz-
dx a mann pourquoi deux molécules polaires s’attirent.
= ax − bx2 , x(t) = , (E20)
dt b + Ae−at
8. Dans une solution colloı̈dale l’interaction entre par-
avec A = const. qui dépend de la condition initiale. ticules est de la forme
On considère la réaction autocatalytique   
r0 4  r 6 
0
U (r) = U0 3 −2 (F1)
r r
k+ k
A + X  2X , B + X → C, (E21) avec U0 et r0 des constantes positives.
k− p
(a) Calculer la fonction U (r) en r = 2/3 r0 et
r = r0 . Calculer la dérivée de U (r) et montrer
avec les concentrations a et b (de A et B) fixes. que la fonction U (r) possède un maximum;
trouver le point r du maximum.
(b) Faire le graphe de la fonction U (r) et mon-
b. Exercice 7:
trer les régions d’attraction et de répulsion.
Donner la signification physique des deux
Écrire l’équation de la cinétique de x. Noter que le co-
paramètres U0 et r0 .
efficient du terme linéaire en x peut être positif ou négatif.
Discuter les possibles états d’équilibre (où dx/dt = 0). (c) On pose U0 = 3.6 kJ mol−1 , et E = 3RT /2
l’énergie thermique. Pour quelle température
T0 les deux énergies sont du même ordre?
APPENDIX F: TD 6: Membranes et Transport Quel sera le comportement des particules de
la solution colloı̈dale pour T  T0 et pour
1. Questions T  T0 ? (R = 8.3 J K−1 mol−1 la constante
des gaz.)
1. Classer les énergies d’interaction suivantes selon 9. On considère une très longue macromolécule,
leur intensité; donner, pour chaque cas, l’ordre de formée de N résidus. Cette macromolécule, qui
grandeur en unités de l’énergie thermique: valence, se trouve initialement dans une conformation en
van der Waals, charge-dipôle, liaison hydrogène. chaı̂ne D, subi un changement de conformation
vers un état en hélice H par la formation des li-
2. Expliquer le rôle de chaque terme et des paramètres
aisons hydrogène, dont la variation d’enthalpie est
du potentiel de Lennard-Jones. Dans quels cas
de ∆H = −7 kJ mol−1 (par mole de lien formé).
peut-il être appliqué?
On suppose que la transconformation se fait par pas
3. Donner un exemple de molécule polaire et un de successifs indépendants. À chaque pas N0 résidus
molécule apolaire. Discutez. (N0  N ) passent de l’état chaı̂ne d à l’état hélice h
simultanément. La constante d’équilibre s associée
4. Quels sont les interactions qui déterminent la struc- au passage d → h d’un monomère est donné par
ture secondaire des protéines?  
∆G
s = s(T ) = exp − , (F2)
5. Dans le dessin suivant on représente une séquence RT
d’acides aminés numérotés de 1 à 13:
avec ∆G la variation d’enthalpie libre (forma-
tion du lien) et T la température. Chaque pas
3 4 5 nécessite en outre d’une étape d’amorçage (étape
1 2 de nucléation) dont la constante d’équilibre est σs,
8 7 6 avec σ = 1/N02 .
12 9
13
(a) Les étapes de nucléation et de propagation sur
11 10 les N0 monomères se font en un seul pas. Cal-
. culer la constante d’équilibre d’un pas: pas-
Construire le diagramme de contacts. Quelle struc- sage de la conformation ddd · · · d (N0 résidus),
ture secondaire identifiez vous? à la conformation hhh · · · h (N0 résidus).
38

(b) Montrer par un argument simple que la frac- Les bicouches ne sont pas les seules formes
tion de résidus à l’état “hélice” θ = θ(T ) d’organisation des lipides amphiphiles. La structure
(0 ≤ θ ≤ 1), s’écrit qu’ils adoptent en solution aqueuse sont très diverses, on
peut notamment distinguer les formes sphériques (comme
σsN0 les micelles), cylindriques (liposomes), ou en vésicules
θ= . (F3)
1 + σsN0 (bicouches). L’organisation sous une forme particulière
dépend entre autres facteurs, de la géométrie même des
d ∆G

(c) En utilisant (F2) et la formule dT T = molécules.
− ∆H
T 2 , montrer la formule de van t’Hoff

d ln s ∆H a. Exercice 1:
= . (F4)
dT RT 2
Le nombre de molécules dans une structure donnée est
(d) Les mesures expérimentales montrent que la de l’ordre du volume de la structure par rapport au volume
largeur δ en température de la transition est d’une molécule de lipide, v;
donnée par l
 

δ= = −0.18 K−1 , (F5)
dT θ=1/2

où δ est calculée pour la valeur θ = 1/2. En


prenant le logarithme de (F3), montrer que la
largeur δ satisfait:
   
dθ d ln θ ∆H
δ=
dT θ=1/2
= θ
dT θ=1/2
= N0
4RT 2
. (F6) v a
ou d’une façon équivalente du rapport de l’aire de la struc-
(On rappelle que pour une fonction y(x) on a ture à l’aire d’une molécule, a. Si on dénote par l la longueur
(1/y)(dy/dx) = d ln y/dx.) du lipide, et par l0 sa longueur dépliée, on doit satisfaire
(e) Calculer N0 et σ à partir des valeurs l < l0 . Calculer le nombre N de molécules et le rapport
expérimentales de δ et ∆H (on suppose T = l/l0 pour une sphère, un cylindre, et une bicouche plane et
300 K). montrer que v/al0 = 1/3, 1/2 et 1, respectivement. Appli-
cation numérique: pour le dodecyl-sulfate, en sachant que
la surface d’une molécule est a ≈ 0.64 nm2 , l ≈ 1.7 nm et
2. Membranes biologiques v ≈ 0.35 nm3 , vérifiez que le critère de structure en micelle
est satisfait, et calculez le nombre de molécules.
Les membranes biologiques sont essentiellement con-
stituées par des lipides amphiphiles (ils possèdent une
tête polaire, hydrophile, et une longue chaı̂ne hydrocar- 3. Tension superficielle
bonée, non polaire, hydrophobe). Ceux-ci s’organisent
en bicouches séparant les milieux aqueux intérieur et On considère un système composé de deux phases
extérieur. La structure en bicouche permet de minimiser séparées par une interface d’aire a. Le travail dw
les interactions hydrophobes des parties non polaires des nécessaire pour changer la surface a d’une quantité da est
lipides. Des nombreuses protéines viennent s’insérer dans proportionnel à da, le facteur de proportionnalité σ est
la bicouche, pour assurer en particulier les transports des la tension superficielle: dw = σda. Si le processus se fait
substances à travers la membrane. Dans les conditions à température et volume constants la variation d’énergie
normales de température et pression, ces bicouches li- libre est simplement dF = σda, donc le minimum de F
pidiques possèdent une grande fluidité, les molécules sont correspond à une diminution de l’aire. En conséquence,
mobiles et peuvent diffuser latéralement: on peut dire sous l’effet de la tension superficielle, la surface d’une in-
qu’il s’agit d’un “liquide” à deux dimensions, confiné à terface tend vers un minimum (pour un volume donné)
l’interface de deux milieux. à l’équilibre thermodynamique.
Les mécanismes d’insertion de protéines, ou d’autres
lipides, les processus de fusion ou de division des mem-
branes, sont contrôlés par l’organisation et les propriétés a. Exercice 2:
physiques des bicouches lipidiques: forme de molécules
(principalement les phospholipides), forces d’interaction En égalant le travail des forces de pression à celui de la
avec le solvent (interactions hydrophile ou hydrophobe), tension superficielle, montrer que la différence de pression
élasticité et propriétés mécaniques. entre l’intérieur p1 et l’extérieur p0 d’une goutte de rayon r
39

depuis un état de référence de pression p0 à r = ∞ (pres-


sion de l’interface plane), on obtient (en utilisant les in-
dices l et v pour plus de clarté),

p0 Phase 0 ln
pv
p0
=
2vl σ
RT r
, ou pv = p0 e2vl σ/RT r , (F10)

Phase 1 σ qui est parfois appelée équation de Kelvin. Elle montre


que la pression de vapeur à l’équilibre de la goutte de liq-
uide est plus grande que celle d’une interface plane: plus
petite la goutte plus marquée cette différence. L’équilibre
de Kelvin est donc métastable: si la goutte croı̂t sa
r pression de vapeur diminue, et donc elle peut croı̂tre
d’avantage; si au contraire elle diminue, sa pression

p1 de vapeur augmente est donc elle se réduit d’avantage.


En conséquence il existe, pour une pression de vapeur
donnée, une taille critique de goutte à partir de laque-
lle un processus de nucléation sera déclenché, les gouttes
commenceront à croı̂tre jusqu’à occuper tout le volume
disponible.
Pour pouvoir déterminer la nature thermodynamique
du processus de nucléation on peut étudier l’énergie libre
FIG. 26 Bulle sphérique de rayon r d’une phase 1 dans une autre ∆F nécessaire à la création d’une goutte sphérique de
phase 0. L’interface est caractérisée par une tension superficielle rayon r, contenant nl = 4πr3 /3vl moles de liquide:
σ.
4πr3 pv
∆F = − RT ln 0 + 4πr2 σ (F11)
est (voir la figure 26) 3vl p

p1 − p0 = 2σ/r , (F7)
c. Exercice 3:
on suppose que le volume total du système est constant,
ce qui implique dV1 = −dV0 . Même question pour une Déterminer le maximum de ∆F (r), et montrer qu’il cor-
bulle (cavité sphérique) au sein d’un liquide et pour une respond à la relation de Kelvin. Calculer le rayon critique du
bulle dans l’air. Application numérique: tension superficielle germe de nucléation (le rayon pour lequel l’énergie libre est
de l’interface eau–air σ =72.75 mN/m, rayons de la cavité maximale), pour le rapport pv /p0 = 4.2, σ = 70 mN/m et
r =1 et 10−2 µm, calculez la différence de pressions. T = 273 K. (Le volume molaire de l’eau est 18 10−6 m3 .)
La formule (F7) est la loi de Laplace de la tension Un processus de nucléation spontanée se produit quand
superficielle, elle relie le saut de pression à la courbure on augmente lentement la concentration de lipides (à
de l’interface. chaı̂ne unique relativement courte, comme pour les
détergents), au-dessus d’une concentration critique on
observe la formation de micelles: agrégat sphérique des
b. Pression de vapeur et nucléation
molécules, avec les têtes hydrophiles tapissant la surface,
et les chaı̂nes hydrophobes à l’intérieur. L’enthalpie de
L’équation de Laplace avec la condition d’égalité µ1 =
formation des micelles est positive (de l’ordre de 1 à 2 kJ
µ0 des potentiels chimiques des phases 1 et 0, décrit un
par mole de surfactant). On observe simultanément une
état d’équilibre. Une perturbation de cet équilibre satis-
augmentation de l’entropie (de l’ordre de 80 JK−1 ), ceci
fait:
  malgré la condensation des molécule dans une structure
2σ plus ordonnée. Ce phénomène montre que le solvent joue
dp1 − dp0 = d , dµ1 = dµ0 . (F8)
r un rôle important dans la formation des micelles, et est
une caractéristique des interactions hydrophobes.
Si le processus se fait à température constante, en util-
isant la relation de Gibbs-Duhem, on démontre que
v1 dp1 = v0 dp0 (v1 , v0 sont des volumes molaires), d’où d. Exercice 4:
l’on déduit:
 
2σ v0 − v1 v0 − v1 Formation d’un pore circulaire de rayon r sur une mem-
d = dp0 = dp1 . (F9) brane (voir la figure 27). Avant la fusion de deux vésicules
r v1 v0
il est nécessaire qu’un pore apparaisse sur la surface mem-
Si la phase 1 représente un liquide “l” et la phase 0 sa branaire. La formation du pore est accompagnée d’une part,
vapeur “v”, on a v1  v0 ≈ RT /p0 et, après intégration par une diminution de la surface a, et donc de l’énergie
40

• Flux d’advection d’un électrolyte: J =


−bzF c dψ/dx, avec zF la charge d’une mole
Phase aqueuse de l’ion dont la concentration est c (F constante
de Faraday);
• Potentiel électrochimique: µ = µ0 + RT ln c/c0 +
Bicouche
zF ψ (c0 c’est une concentration de référence pour
laquelle µ = µ0 )
Pore
• Équilibre. Équilibre électro-diffusif de l’espèce i
r
Ji = 0, où Ji est le flux totalPde i (diffusion plus
advection); électro-neutralité zi F ci = 0;
P
• Quasi-équilibre: Ji = 0; dans le cas du transport
Phase aqueuse actif les flux J = J D + J P comportent une con-
tribution passive J D (diffusion)
P P et une active J P
(pompes ioniques); si PJi = 0 la pompe ionique
FIG. 27 Formation d’un pore de taille l sur une bicouche li- est “électroneutre”, si JiP 6= 0 la pompe ionique
pidique. est “électrogène”.
• Flux de pompe ionique: JiP = ±νi αAT P , le flux
de surface dw = −σda, elle est d’autre part associée à d’une pompe dont l’énergie provient de l’hydrolyse
la création d’un bord. Si on suppose que la formation du de l’ATP est proportionnel au flux de pompe α:
bord nécessite d’une énergie proportionnelle au périmètre: nombre de moles de molécules d’ATP actives par
dw = f dl est le travail nécessaire pour augmenter le unité de temps et de surface; ici le flux sortant est
périmètre l d’une quantité dl, montrer qu’il existe une rayon positif et le flux entrant est négatif, νi est le nombre
critique à partir duquel le rayon du pore a tendance à croı̂tre. de moles de molécules transportées de l’espèce i
Calculer l’énergie nécessaire à la création du pore. (coefficient stœchiométrique).

4. Diffusion et transport passif a. Équilibre dans un champ extérieur

• Concentration: c = moles de soluté/volume de so- En présence d’un champ de force extérieur (comme la
lution; pesanteur) le potentiel chimique total est la somme du
potentiel chimique de la substance plus l’énergie poten-
• Fraction molaire: X = moles de soluté/moles de tielle du champ extérieur. Par exemple pour une sub-
solution; stance pure en équilibre avec la gravité on a
• Flux: J = moles/(temps et surface), nombre de
particules qui traversent par unité de temps l’unité dµ + M g dz = 0 . (F12)
de surface;
Ici µ est le potentiel chimique, M est la masse molaire
• Loi de Fick: le flux de masse est proportionnel au de la substance, g l’accélération de la gravité et z la co-
gradient de concentration, J = −D dc/dx, avec ordonnée verticale. La variation du potentiel chimique
D = bRT le coefficient de diffusion en unités de total µ + M gz s’annule à l’équilibre. Comme pour une
longueur2 /temps, et b la “mobilité” (par mole) des substance pure on a dµ = vdP (v est le volume molaire,
particules qui diffusent; et P la pression), on obtient:

• Loi de Darcy: le flux de masse au travers d’un mi- P = −ρgz + const. , (F13)
lieux poreux, ou d’une membrane, est proportion-
nel au gradient de pression, J = −κ dp/dx (κ c’est où ρ = M/v est la densité, supposée ici une constante.
la perméabilité hydraulique); La constante additive est la pression à z = 0 (la pression
de l’atmosphère, par exemple).
• Pression osmotique: π = RT cS (loi de van’t Hoff),
avec cS la concentration de soluté;
• Flux osmotique: J = −κ d(p − π)/dx; à l’équilibre b. Exercice 5:
hydraulique p = const. on a J = κ dπ/dx;
On considère une solution diluée dans le champ de la pe-
• Potentiel chimique d’une solution aqueuse: µA i = santeur. Comme la pression est une fonction de la hauteur,
µA0
i + RT ln X A
i + π A
vi , pour le soluté i dans le la concentration du soluté sera aussi une fonction de la hau-
compartiment A, et avec vi le volume partiel de i. teur c = c(z). Déterminer la distribution de concentration
41

FIG. 29 Flux à travers une membrane hémiperméable, effet de


FIG. 28 Équilibre de sédimentation. Initialement (t = 0) la con- la pression osmotique. A t = 0 les deux niveaux coı̈ncident, à
centration des macromolécules en solution est homogène. Sous des temps grands, t → ∞, on atteint un état d’équilibre où une
l’action de la force centrifuge une distribution d’équilibre s’établit différence de hauteur s’établit, due à la pression osmotique.
(t → ∞).

du soluté dans les champ de la pesanteur g. Montrer que


le rapport des concentrations du soluté entre z et z = 0 est
donné par:
 M gz
v
− 1− M ρ
c(z) = c(0)e RT , (F14)

où v est le volume partiel molaire du soluté, et M sa masse


molaire, ρ est la densité du solvant.
On constate que la distribution de soluté (F14) dépend
de sa masse M . Mettre donc une solution dans un champ
de forces peut permettre de mesurer la masse du soluté.
Une méthode pratique de séparation de macromolécules
en fonction de leur masse est la sédimentation dans une
centrifugeuse.
FIG. 30 Différence de potentiel ∆ψ et de concentration ∆c
entre deux compartiments séparés par une membrane sélective
aux électrolytes.
c. Exercice 6:

Des macromolécules en solution se trouvent dans un e. Exercice 7:


récipient qu’on fait tourner à une vitesse angulaire ω (voir
la figure 28). On suppose que la vitesse de rotation n’est
Sur la figure 29 on a deux compartiments séparés par
pas assez grande pour produire une nette sédimentation. Il
une membrane hémiperméable. Le compartiment A con-
s’établit donc un équilibre entre le mouvement de diffusion
tient une solution avec une concentration c de soluté; le
des macromolécules et le gradient de pression. Calculer la
compartiment B contient un solvant (de l’eau).
distribution de concentration des macromolécules.

• Déterminer les flux au travers de la membrane dus


d. Transport de solvant
aux gradients de pression et de concentration.

Un système peut être mis hors équilibre par la présence • Établir les conditions d’équilibre en présence de la
d’une membrane perméable au solvant mais imperméable gravité et d’une pression extérieure constante (la
au soluté (membrane hémiperméable). Les différences pression atmosphérique). Déduire une expression
de concentration de deux côtés de la membrane vont fa- pour la pression osmotique π. Faire une estimation
voriser le flux du solvant à travers la membrane. numérique de π.
42

f. Diffusion et perméabilité soluté qui traversent la membrane par unité de temps dt


et par unité d’aire A:
On considère deux milieux aqueux séparés par une
dn
membrane, comme par exemple le milieu extracellulaire = JA , (F19)
B et le cytoplasme A séparés par la membrane M de la dt
cellule. (où l’on suppose que le flux est constant a travers l’aire
Le saut de concentration (ou plus généralement A). Le nombre de moles croı̂t si le flux est positif.
d’activité) d’un soluté i entre la phase membranaire M On considère un milieux intérieur initialement sans so-
et les phases aqueuses A et B, est caractérisé par un co- luté: S1 (0) = 0 à temps t = 0 (S1 est la concentration
efficient de partage ki = cM i /ci . En supposant que le flux intérieur du soluté S), et un milieux extérieur assez grand
à travers la membrane d’un soluté i est constant on a pour que la concentration de soluté puisse être supposée
dc ki D A constante S0 . Si le flux à travers la membrane est con-
Ji = −D = (ci − cB
i ) (F15) stant on a, à un temps t quelconque, par la loi de Fick:
dx h
dS1
La grandeur Pi = ki D/h, où D est le coefficient de diffu- J = −D = P (S1 (t) − S0 ) ,
sion et h est l’épaisseur de la membrane correspond à la dx
perméabilité vis à vis du soluté i, elle a la dimension d’une où P est la perméabilité; comme S1 (t) < S0 le flux est
vitesse. Pour une membrane lipidique elle est d’environ négatif (du moins à temps courts), ce qui signifie qu’il est
10−6 pour l’eau et de 10−14 pour l’ion K+ (en m s−1 ). dirigé vers le milieux intérieur.
Plus généralement, à l’équilibre thermodynamique,
en l’absence de flux ou de potentiels électrostatiques,
le passage d’un ion au travers d’une interface, comme h. Exercice 8:
l’interface milieu aqueux-membrane, nécessite d’une cer-
taine énergie. Soit ∆G0i = µ0M i − µ0Ai l’énergie de Gibbs Montrer que la concentration de soluté dans le milieu
standard du transfert d’un soluté i de la phase A (solu- intérieur S1 (t) croı̂t au cours du temps (initialement elle est
tion aqueuse) vers la phase M (membrane). Le coeffi- nulle) selon la loi
cient de partage ki est défini par ki = exp(−∆G0i /RT ).
S1 (t) = S0 (1 − e−νt ), ν = AP/V , (F20)
Pour un soluté chargé, un ion, il faut aussi tenir compte
du potentiel électrique. En effet, le rapport des activités où ν = 1/τ est la constante de temps, et V le volume
d’un ion de charge zi entre les deux phases est en général total du milieu intérieur. On utilise la relation dn = −VdS1
donné par (expliquer).
L’équation (F20) décrit la relaxation vers l’équilibre
aM A
i /ai = ki exp(−zi F ∆ψ/RT ) , (F16)
de la concentration de soluté. Cette relaxation est car-
où ∆ψ est le potentiel interfacial; on constate qu’en actérisée par le temps τ d’établissement de l’équilibre.
absence de différence de potentiel entre les phases, le Un mécanisme semblable se présente lorsqu’on a une
rapport d’activité est déterminé par le coefficient de réaction chimique A↔B. La concentration B de B évolue
partage. Dans le cas des solutions idéales (diluées) dans le temps selon l’équation
l’activité se réduit à la concentration aM A M A
i /ai = ci /ci , dB
et la différence de potentiel, selon (F16), devient: = k1 A − k−1 B , (F21)
dt
RT cM où A est la concentration du produit A, et k1,−1 sont ap-
∆ψ = ψ M − ψ A = − ln i A . (F17) pelées les constantes de vitesse de la réaction (il s’agit ici
zF ki ci
des inverses de temps caractéristiques de relaxation). À
Pour le passage entre deux milieux aqueux A et B l’équilibre la dérivée temporelle devient nulle, et on ob-
au travers d’une membrane, l’application de la formule tient simplement, que le rapport de concentrations B/A
(F18) aux deux interfaces AM et BM , donne: est détermine par une constante d’équilibre KA = B/A =
k1 /k−1 . Dans le cas un peu plus compliqué d’une réaction
RT cB
∆ψ = ψ B − ψ A = − ln iA , (F18) A+B↔C on a pour le produit C = [AB]
zF ci
dC
le potentiel de membrane de Nernst. = k1 AB − k−1 C . (F22)
dt
La concentration de C croı̂t donc avec le produit des con-
g. Relaxation vers l’équilibre centrations de réactifs AB (constante de vitesse k1 ) et
diminue par recombinaison (constante de vitesse k−1 ),
Si la concentration d’un soluté est différente de chaque proportionnellement à sa propre concentration C. À
côté d’une membrane (perméable à ce soluté), un flux l’équilibre, en posant la dérivée égale à zéro, on obtient
s’établit jusqu’à ce que la concentration devienne uni- AB/C = k−1 /k1 = K (K est la constante de dissocia-
forme. Le flux J est donné par le nombre n de moles de tion).
43

5. Transport d’ions et potentiel de membrane c. Équilibre en présence d’un polyélectrolyte

Si la membrane qui sépare deux électrolytes, comme La membrane cellulaire est bien plus perméable aux
dans la figure 30, laisse passer certains solutés ioniques ions (transport actif) qu’aux macromolécules. Si dans
mais est imperméable à d’autres, une différence de po- le cytoplasme se trouvent des macromolécules chargées
tentiel s’établit entre les deux côtés de la membrane. (polyélectrolytes) des flux de concentration des ions vont
apparaı̂tre. L’état stationnaire qui s’établit est car-
actérisé par un potentiel de membrane et une pression
a. Exercice 9: osmotique. Cet état est l’équilibre de Donnan.
Soit une membrane séparant deux solutions d’un sel
Déduire le potentiel de Nernst à partir de l’équilibre des complètement dissocié, dans le compartiment intérieur
flux électrique et de masse. Faire une estimation numérique se trouve un polyélectrolyte chargé négativement de con-
du potentiel de membrane. centration cP , voir la figure 31. En négligeant les effets
On étudie le potentiel de membrane dû à la différence non idéaux des solutions, l’égalité des potentiels chim-
de concentration d’ions entre le milieu intérieur et le mi- iques d’ions positifs s’écrit:
lieux extérieur. RT cB v+
A
∆ψ+ = ψ+ B
− ψ+ = ln + + π (F23)
F cA
+ F
b. Exercice 10: on a une équation similaire pour les potentiels chimiques
d’ions négatifs; ici v+ est le volume molaire (d’équilibre)
Une membrane possède une perméabilité 50 fois d’ions plus, et π la pression osmotique. En additionnant
supérieure au chlore (−) qu’au sodium (+) (les mobilités les contributions d’ions positifs et négatifs on obtient:
satisfont b− = 50b+ ). Calculer la différence de poten- vπ
tiel si la concentration de sel (complètement dissocié) dans cB B A A
+ c− = c+ c− exp (F24)
le compartiment intérieur est c0 et celle du compartiment RT
extérieur est c1 . (Considérez les flux diffusif et électrique ou v = v− + v+ est le volume d’une mole de sel (à
pour chaque ion et écrivez l’équation de bilan J− = J+ .) l’équilibre). Le facteur exponentiel est souvent de l’ordre
Application numérique: c0 = 150 et c1 = 10 (en mol/m3 ), de l’unité, dans ce cas on a simplement
calculer les potentiels du sodium et du chlore et les comparer
à celui de l’équilibre. Quelle conclusion en tirez vous? cB B A A
+ c− = c+ c− . (F25)
Si à cette condition on ajoute la condition de neutralité
dans chaque compartiment:

+
cB B
+ = c− , cA A
+ = c− + cP (F26)
- + -
on aboutit à l’équation d’équilibre de Donnan,
Na Cl +
- 2
- - cB A A
− = c− (c− + cP ) . (F27)
+
+ - -
+
+ -
+
d. Exercice 11:
P- ( )

+
-
+ -
On considère une membrane qui sépare deux solutions de
- NaCl complètement dissocié. Du côté intérieur A il y a aussi
+

-
un polyélectrolyte chargé négativement, et dont la concen-
+ tration est bien plus grande que celle des ions extracellulaires
+
+
(compartiment B, que nous supposons assez grand pour que
- Na Cl
- la concentration du sel y reste invariable). Faire une estima-
tion numérique des concentrations, à l’état stationnaire, de
Na+ et Cl − , pour cB− = 10
−2
mol et cP = 1 mol. Déduire la
valeur du potentiel électrique du Cl − (on néglige la pression
FIG. 31 Schéma d’une membrane qui sépare deux électrolytes, osmotique).
le milieu intérieur comporte outre le sel dilué une macromolécule
chargée (un polyélectrolyte). Des flux de concentration vont ap-
paraı̂tre jusqu’à l’établissement d’un état stationnaire. L’état e. Exercice 12:
final, l’équilibre de Donnan, est caractérisé par la neutralité
électrique de deux côtés de la membrane, par une pression os- On s’intéresse au transport à travers une membrane en
motique, et enfin par une différence de potentiel électrique.
présence de polyélectrolytes: équilibre de Donnan. La mem-
brane dialysante sépare deux milieux, l’un contient une
44

protéine, que l’on suppose pour le moment non dissociée, Le flux d’ions à travers la membrane résulte de la
de concentration cP , l’autre de l’eau pure. Quelle est la diffusion, due à la différence de concentrations c entre
pression osmotique? l’extérieur et l’intérieur de la cellule, et du potentiel
électrique ψ, dû à la différence de charge:

f. Exercice 13: dc zF c dψ
J = −D − D . (F28)
dx RT dx
On considère maintenant le cas d’une protéine dis-
Si on suppose que le potentiel varie linéairement dans la
sociée en un polyélectrolyte de charge −ze et de con-
membrane, on obtient:
centration cP , plus des cations de concentration c+ . Le
deuxième compartiment est toujours rempli d’eau pure. On zF ∆ψ

zF ∆ψ cB − cA exp RT
néglige la diffusion du cation parce que, même si la mem- J =P . (F29)
1 − exp zFRT
∆ψ

brane est perméable au cation, cette diffusion créerait une RT
différence de charge entre les deux compartiments, et la
faible différence de potentiel suffirait à annuler les flux Le flux net d’ions est nul à l’état stationnaire, ce qui
transmembranaires. En utilisant la condition de neutralité implique un potentiel de membrane
électrique, calculer la pression osmotique. P B B
RT P c
∆ψ = ln Pi iA iA , (F30)
F i Pi ci
g. Pompes ioniques et transport actif
équation de Goldman.
La diffusion passive ne peut rendre compte du poten-
tiel de membrane et des concentrations d’ions observés
dans les cellules. La faible perméabilité des bicouches li- h. Exercice 14:
pidiques vis à vis des ions est compensée par les pompes
ioniques qui contrôlent (transport actif) les flux d’ions et Une pompe électrogène fait sortir n ions sodium Na+
permettent l’établissement d’un état hors équilibre avec pour chaque ion potassium K+ entrant dans la cellule.
un potentiel électrique (voir la figure 32).
1. Écrire les flux diffusifs J D des ions, dus aux gradients
de concentration et de potentiel. Justifiez.
Milieu intérieur
2. En utilisant le fait que les flux actifs de pompe J P
P P
satisfont JNa = −n JK , montrer que la condition
Protéines (ATPase) d’équilibre (flux total, diffusif et de pompe, nul) im-
D D
plique que les flux diffusifs satisfont n JK + JNa = 0.

3. Remplacer dans la condition d’équilibre l’expression


Membrane des flux diffusifs, et montrer que le potentiel de mem-
brane est
RT nbK ceK + bNa ceNa
ψi − ψe = ln , (F31)
F nbK ciK + bNa ciNa

avec les milieux i intérieur et e extérieur, b les mo-


Lipides bilités, et c les concentrations (pour chaque ion); F
pompe ionique ∆ψ est la constante de Faraday (F = 9.65 104 C mol− 1).
(Note: vous pouvez ramener la condition d’équilibre
à la forme −dψ = (RT /F )du/u, avec u = nbK cK +
bNa cNa , ce qui s’intègre facilement entre l’intérieur et
Milieu extérieur l’extérieur.)

4. Montrer que (F31) peut être approchée par


FIG. 32 Les pompes ioniques contrôlent les transferts d’ions  e
PNa ceNa

à travers la membrane. Les bicouches lipidiques sont très peu i e RT cK
ψ −ψ ≈ ln i + , (F32)
perméables aux ions, c’est la présence de protéines spécialisées F cK nPK ciK
qui permet le passage d’ions (K+ , Na+ , Cl− , protons). Les
pompes électrogènes, c’est-à-dire celles qui entretiennent une si le rapport des perméabilités PNa /nPK  1 (P =
différence de charge, sont à l’origine du potentiel de membrane RT b/h, h l’épaisseur de la membrane) et des concen-
∆ψ. trations ciNa /ciK  1.
45

5. Calculer le potentiel de membrane pour les rap- Michaelis, est telle que J∞ /Km donne la perméabilité
ports des perméabilités et des concentrations suivants: effective (pour S → 0, J∞ /Km est la pente de la courbe
PNa /nPK = 1/30, ceK /ciK = 0.1, ceNa /ciK = 1. et J = J(S)). Quand Km = S le flux vaux la moitié du flux
ciNa /ciK = 0.1. Comparer le résultat au potentiel de maximal J = J∞ /2.
Nernst du potassium. La formule (F33) décrit, en termes de réaction en-
zymatique, la formation du “complexe” ST soluté-
6. Que se passe-t-il si brusquement le rapport des transporteur à partir du soluté S et du transporteur T.
perméabilités devient PNa /nPK = 30, avec les rap- Une fois le complexe formé, un changement de conforma-
ports des concentrations demeurant inchangés? Com- tion du transporteur permet de traverser la membrane,
parer le résultat au potentiel de Nernst du sodium. pour enfin donner un produit, le soluté dans le milieux
Discuter. extérieur. L’ensemble du processus est représenté dans
la figure 33.
i. Exercice 15:

Calculer le potentiel de membrane d’une pompe


électrogène de transport de 3 ions Na+ vers le milieu
extérieur et 2 ions K + vers le cytoplasme.
Faire une estimation numérique du rapport des
perméabilités PK /PNa en sachant que le potentiel de mem-
brane est de −0.05 V et en prenant les concentrations:
[Na] B =500 mmol, [Na] A =50 mmol, et [K] B =50 mmol,
[K] A =500 mmol.

6. Transport facilité FIG. 33 Représentation schématique du transport d’un soluté


S à l’aide d’un transporteur T. Le soluté intérieur (milieu 1) est
Parfois la vitesse de réaction A→B est extrêmement à l’équilibre avec le transporteur, qui forme un complexe ST.
faible, et donc la production de B est pratiquement im- Celui-ci se “dissocie,” avec une vitesse k, en la forme extérieur
du transporteur et le soluté sortant vers l’extérieur (milieu 0).
possible. Cette impossibilité est liée à l’existence d’une
barrière d’énergie, l’énergie d’activation. Un mécanisme
pour surmonter la barrière d’énergie est le mécanisme de
réaction en présence d’un enzyme. D’une façon similaire
a. Modèle simplifié de transport facilité
le passage d’un soluté à travers une membrane est impos-
sible par diffusion (transport passif), si la perméabilité
de la membrane à ce soluté est pratiquement nulle. On considère un cas simplifié de transport facilité où le
Toutefois, le transport devient possible si une molécule soluté intérieur S et le transporteur T créent un complexe
spécialisée facilite le transfert à travers la membrane. Ces ST caractérisé par une constante Km = [S][T ]/[ST ]; le
molécules, des protéines membranaires, reconnaissent les complexe ST passe instantanément de son état de fix-
solutés et par un changement de conformation accélèrent ation intérieur à son état de fixation extérieur, pour
leur transfert entre l’extérieur et l’intérieur de la cellule transférer le soluté vers l’extérieur avec une constante
(transport facilité). de vitesse k (comme dans la figure 33). Le processus
Le transport passif de diffusion satisfait une relation peut être représenté comme une réaction enzymatique:
linéaire entre le flux et la concentration de soluté: J = S1 +T↔ST→T+S0 , où S1 est le soluté à l’intérieur et S0
J+ − J− = P S1 − P S0 (où on désigne par J+ le flux sor- à l’extérieur.
tant et J− le flux entrant, et S1 = cint est la concentra-
tion intérieure et S0 = cext la concentration extérieure). b. Exercice 16:
Le flux dû au transport facilité présente un phénomène
de saturation, pour des grandes valeurs de la concentra- Montrer que si les hypothèses:
tion il devient pratiquement constant. La loi de variation
• le transport S1 +T↔ST est à l’équilibre (constante
du flux avec la concentration est semblable à la loi de
Km );
Michaelis de vitesse d’une réaction enzymatique:
• le passage vers l’extérieur ST→T+S0 est irréversible
J∞ S (constante de vitesse k, constante de vitesse de ‘re-
J(S) = , (F33)
S + Km tour’ nulle),
où J∞ et Km sont deux constantes; J∞ représente le flux le flux satisfait l’équation de Michaelis. Donner l’expression
de saturation (pour S → ∞, J∞ est l’asymptote de la de J∞ et Km en fonction des constantes de vitesse k1 , k−1
courbe J = J(S)), et Km , la constante de transport de et k et de la concentration totale Tt de transporteur.
46

c. Mécanismes de régulation des enzymes g. Exercice 18:

L’activité d’une enzyme est contrôlée par les “inhibi- Comme dans l’Exercice F.6.e précédent, calculer la vitesse
teurs”, des molécules qui, en se fixant sur l’enzyme, mod- de réaction
ifient leur capacité à réagir avec le substrat. Cette inhibi- Vmax [S]
tion peut être compétitive, quand l’inhibiteur empêche la V = , (F38)
fixation du substrat, ou non compétitive, quand il modifie Km (1 + [I]/KI ) + (1 + [I]/KI0 )[S]
la vitesse de réaction de l’enzyme. et faire le diagramme de deux inverses. Discuter les cas
KI = KI0 et KI 6= KI0 .
d. Inhibition compétitive
h. Formules du flux de transport facilité
Une enzyme E réagit avec un substrat S pour donner
un produit P par une réaction du type: Dans le cas général on doit tenir compte de constantes
k+ k de vitesse de translocation du site de fixation du trans-
porteur dans son état libre ou complexé, ainsi que de
E + S  ES → E + P , (F34)
la différence qui peut exister entre les constantes de
k− Michaelis de dissociation du complexe sur les faces in-
où k± et k sont les vitesses de réaction; l’inhibiteur I peut ternes et externes de la membrane. La notation est ex-
remplacer le substrat et se fixer sur l’enzyme pliquée sur la figure 34.

ν+
E + I  EI , (F35)
ν−
avec ν± les vitesses de la réaction, mais en ne donnant
pas un produit P.

e. Exercice 17:

On suppose que le complexe ES est à l’équilibre, avec


une constante de dissociation Km ; de même la réaction
d’inhibition est à l’équilibre avec une constante de dis-
sociation KI . Calculer la vitesse de la réaction (F34) FIG. 34 Représentation schématique du transport facilité d’un
V = d[P]/dt = k[ES], en tenant compte de (F35) et soluté S à l’aide d’un transporteur membranaire T entre les mi-
montrer qu’elle dépend de la concentration du substrat [S] lieux intérieur (1) et extérieur (0), responsable de la formation
comme: du complexe ST. Les constantes de vitesse k1 , k2 sont associées
Vmax [S] à la translocation du site de fixation du transporteur dans l’état
V = , (F36) libre, et k3 , k4 dans l’état complexé. La formation du complexe
Km (1 + [I]/KI ) + [S] est décrite par les constantes de dissociation K1 (intérieur) et
avec Vmax = [E]T k, où [E]T est la concentration totale K0 (extérieur). S1 , S0 et Tt sont les concentrations du soluté
d’enzyme. Faire un diagramme, dit de Lineweaver-Burk, intérieur, extérieur et du transporteur, respectivement.
de l’inverse de la vitesse 1/V en fonction de l’inverse de la
concentration de substrat 1/S, et le comparer au diagramme Les flux sortant J+ = J+ (S1 ) et entrant J− = J− (S0 )
de la réaction enzymatique normale (formule de Michaelis). sont donnés par les formules
J 1 S1 J 0 S0
J+ = , J− = , (F39)
f. Inhibition non-compétitive S1 + Km1 S0 + Km0
avec
Quand l’inhibiteur n’est pas très proche du substrat V Tt k3 (k2 K0 + k4 S0 )
spécifique d’une enzyme, il permet la fixation du substrat J1 = ,
sous la forme d’un complexe ESI: A (k2 + k3 )K0 + (k3 + k4 )S0

KI KI0 V Tt k4 (k1 K1 + k3 S1 )
E + I ↔ EI , ES + I ↔ ESI , (F37) J0 = ,
A (k1 + k4 )K0 + (k3 + k4 )S1

où KI et KI0 sont les constantes d’équilibre de dissocia- (k1 + k2 )K0 K1 + (k1 + k4 )K1 S0
Km1 = ,
tion. (k2 + k3 )K0 + (k3 + k4 )S0
47

(k1 + k2 )K0 K1 + (k2 + k3 )K0 S1 • Combinatoire. Le nombre des permutations de


Km0 =
(k1 + k4 )K1 + (k3 + k4 )S1 n objets est n! = n(n − 1) . . . 1. Le nombre
d’arrangements de N objets en k groupes de n1
Ces équations décrivent le phénomène de saturation objets dans le groupe 1, n2 dans le groupe 2,. . . et
du flux semblable au mécanisme de Michaelis pour nk dans le groupe k est N !/n1 !n2 ! . . . nk ; en par-
les réactions catalysées par enzymes. Les constantes ticulier le nombre d’arrangements de N objets en
caractéristiques qui apparaissent dans l’expression du groupes de n est CNn
= N !/n!(N − n)!.
flux sortant J+ ou entrant J− ne dépendent que des
grandeurs du compartiment d’arrivée (l’extérieur pour • Développement du binôme: (a + b)N =
PN n n N −n
J+ et l’intérieur pour J− ). n=0 CN a b .
• Différentielle d’une fonction de deux variables
f (x, y):
i. Exercice 19:
∂f ∂f
Étudier les flux sortant et entrant d’un soluté transporté df (x, y) = fx dx + fy dy, fx = , fy =
∂x ∂y
par une molécule ayant toutes les constantes de vitesse
égales k = k1 = k2 = k3 = k4 ainsi que les constantes • RFonctions trigonométriques:
R
dx cos x = sin x;
de dissociation K = K1 = K0 . dx sin x = − cos x. Somme d’angles: cos(x + y) =
cos x cos y − sin x sin y, sin(x + y) = sin x cos y +
cos x sin y.
j. Exercice 20:
• Coordonnées polaires. Le point P de coordonnées
Transport facilité d’ATP et d’ADP. L’exportation de polaires (r, φ) a comme coordonnées cartésiennes
l’ATP vers le cytosol et l’importation de l’ADP depuis la (x, y)
matrice mitochondriale se fait par un mécanisme d’échange
x = r cos φ ,
qui suppose k1 = k2 = 0. Déterminer les conditions
dans lesquelles un tel transport est possible. On suppose y = r sin φ .
k = k3 = k4 et K = K1 = K0 .
• Coordonnées sphériques. Un point P dans l’espace
peut se repérer par sa distance r à l’origine, son
Bibliographie orientation φ dans le plan horizontal, et son incli-
naison θ par rapport à la verticale. Les coordonnées
• E. Shechter “Biochimie et biophysique des mem- cartésiennes du point P s’expriment en fonction de
branes” (Dunod, Paris) 2000. ses coordonnées sphériques (r, φ, θ) selon les for-
mules:
• A. G. Volkov, D. W. Deamer, D. L. Tanelian &
x = r cos φ sin θ ,
V. S. Markin “Liquid Interfaces in Chemistry and
Biology” (Wiley, New York) 1998. y = r sin φ sin θ ,
z = r cos θ ,
• M. Thellier & C. Ripoll “Bases Thermodynamiques
de la Biologie Cellulaire” (Masson, Paris) 1992. où les angles appartiennent aux intervalles φ ∈
[0, 2π] et θ ∈ [0, π].
• T. F. Weiss “Cellular Biophysics, Transport” (MIT
Press, Massachusetts) 1996.
APPENDIX H: Cours et ressources sur le web

APPENDIX G: Rappel des mathématiques 1. “The BioBook”. Cours de biologie.


2. Cours Cambridge. Cours de cristallographie ap-
Voici quelques formules utiles. On note x une variable pliquée à l’étude de la structure des protéines.
réelle.
3. “Tutorial” biologie de la cellule, structure des
• Dérivée d’une puissance n: xn → nxn−1 . protéines.

• Intégrale d’uneR puissance: dxxn = xn+1 /(n + 1) 4. Biologie de la cellule.


R
pour n 6= −1; dxx−1 = ln(x).
5. “MIT hypertextbook”.
PN
• Somme des puissances: n=0 xn = (1−xN +1 )/(1− 6. PDB myosine. Base de données de la structure 3D
x) pour x < 1. des protéines. Outils de visualisation en ligne.
7. Cours de biologie de Kimball. Bibliographie

8. Dynamique moléculaire. Calcul du canal ionique [1] Bruce Alberts, Dennis Bray, Julien Lewis, Martin
de transport du potassium. Raff, Keith Roberts, and James D. Watson. Biologie
Moléculaire de la Cellule. Médecine-Science. Flammarion,
9. STING. Calcul du diagramme de Ramachandran à Paris, troisième edition, 1995.
partir des données du Protein Data Bank. [2] Reginald H. Garrett and Charles M. Grisham. Biochimie.
DeBoeck Université, Paris, seconde edition, 2000.
(1) http://gened.emc.maricopa.edu/bio/bio181/BIOBK/BioBookTOC.html [3] Alain Gerschel. Liaisons Intermoléculaires. InterÉditions,
(2) http://perch.cimr.cam.ac.uk/Course/other.html Paris, 1995.
(3) http://bmbiris.bmb.uga.edu/wampler/tutorial/prot0.html [4] Jacob N. Israelachvili. Intermolecular and surface forces.
(4) http://www.cytochemistry.net/Cell-biology/membrane intro.htm Academic Press, London, second edition, 1992.
(5) http://esg-www.mit.edu:8001/esgbio/7001main.html
[5] Jan Koolman and Klaus-Heinrich Röhm. Atlas de Poche
(6) http://www.rcsb.org/pdb/molecules/pdb18 1.html
de Biochimie. Médecine-Sciences. Flamarion, Paris, sec-
onde edition, 1999.
(7) http://www.ultranet.com/ jkimball/BiologyPages/W/Welcome.html
[6] Kensal E. van Holde, W. Curtis Johnson, and P. Sing Ho.
(8) http://biop.ox.ac.uk/www/lj2000/sansom/sansom.html
Principles of Physical Biochemistry. Prentice Hall, New
(9) http://www.cbi.cnptia.embrapa.br/SMS/STINGm/index.html
Jersey, 1998.

Index

Boltzmann, 8, 9 gaz parfait


distribution, 9 distribution des vitesses, 9
équation d’état, 4
Carnot, 3 expansion adiabatique, 5
cycle, 4, 6 expansion isotherme, 5
chaleur spécifique, 5 fonction de partition, 9
Clapeyron, 4 Gibbs, 6
Clausius, 4 distribution, 9
constantes
Boltzmann, 3 Helmholtz, 6
charge électrique, 3
Faraday, 3 interaction, 10
nombre d’Avogadro, 3 interactions
R des gaz parfaits, 3 charge-dipôle, 13
charge-dipôle mobile, 13
dimensions physiques, 2 Coulomb, 13
dipôles induits, 14
effet dipôles mobiles, 13
hydrophobe, 15 Lennard-Jones, 11
énergie, 4
énergie liaison
d’interaction, 10 hydrogène, 14
loi de conservation, 4 longueur de persistance, 25
énergie libre
Maxwell, 9
Gibbs, 6
moment dipolaire, 13
solutions, 7
induit, 14
Helmholtz, 6
enthalpie, 6 Newton, 3
enthalpie libre, see énergie libre nombre d’états, 8
entropie, 3
formule de Boltzmann, 8 polarisation, 14
loi d’augmentation, 4 constante de polarisabilité, 14
mélange, 8 potentiel chimique, 7
ordre et désordre, 8 standard, 7, 10
pression, 5
fonction d’état, 4
fonction de partition, 9 solutions, 7

48
49

concentration, 7 unités, 2
diluées, 7 Debye, 3
état d’équilibre, 7 masse atomique, 3
fraction molaire, 7
nombre de moles, 7
potentiel chimique, 7 van der Waals
équation d’état, 4
température, 5 van’t Hoff, 7

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