Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
Alberto Verga,∗
Institut de Recherche sur les Phénomènes Hors Équilibre, 49, rue F. Joliot-Curie, BP 146, 13384 Marseille,
France†
B. Constantes et grandeurs caractéristiques même de particules n’est pas important, ce qui compte ce
sont les propriétés du mouvement de ces particules. Par
Le nombre de molécules dans une mole de substance exemple le système solaire est un système mécanique, et
est le nombre d’Avogadro le soleil et les planètes peuvent être considérés comme
des particules en ce qui concerne leurs mouvements or-
NA = 6.022 1023 mol−1 . bitaux. L’évolution du système est régi par la loi de New-
ton, qui relie l’accélération aux forces d’interaction entre
Il existe un lien entre les phénomènes mécaniques et ther-
les particules du système, ou aux forces crées par des
miques, découvert au XIXe siècle par Boltzmann. La
corps extérieurs. La mécanique permet en principe de
constante qui porte son nom est
prédire complètement le comportement d’un système si
kB = 1.381 10−23 J K−1 , son état est connu à un instant donné. On peut penser
que pour décrire un système, même composé d’un nombre
on peut observer que ses unités permettent de trans- considérable des particules, comme un gaz enfermé dans
former une température en une énergie, par exemple un volume avec un nombre de l’ordre de NA de molécules
l’énergie associée à une température de 298 K d’une (les particules du système mécanique), en calculant cha-
mole de substance est: 298 K NA kB = 2.48 kJ. Le cune des trajectoires des molécules du gaz. En fait les
produit NA kB = R est la constante de gaz parfaits systèmes composés d’un très grand nombre de molécules,
R = 8.314 J K−1 mol−1 . les systèmes macroscopiques, possèdent des propriétés
La charge e d’un proton est de 1.602 10−19 C. La con- spécifiques comme la température T , la pression P ou le
stante de Faraday est la charge d’une mole d’ions potentiel chimique µ, qui n’ont pas de sens pour les pe-
tits systèmes mécaniques, mais qui permettent d’établir
F = NA e = 9.649 104 C mol−1 . leur état sans ambiguı̈té. Les systèmes macroscopiques
sont l’objet de la thermodynamique. Plus précisément la
De la définition du potentiel électrique (voir tableau ??), thermodynamique n’étudie que les systèmes à l’équilibre,
on déduit qu’il s’exprime comme le rapport d’une énergie c’est à dire des systèmes dont les propriétés physiques
par une charge. Si on suppose que l’énergie thermique sont, en général, homogènes et n’évoluent pas avec le
caractéristique d’une mole de substance à température temps.
T est RT et la charge est la constante de Faraday F , Un exemple du changement qualitatif du passage du
le potentiel typique est V = RT /F ; pour T = 298 K “microscopique” au “macroscopique”, est celui du jet
on a RT /F = 25.69 mV. Ce potentiel est du bon ordre d’une pièce de monnaie. Si l’on se pose la ques-
de grandeur pour mesurer par exemple les potentiels de tion de prédire le résultat, pile ou face, d’un seul jet
membrane d’une cellule nerveuse. (système microscopique) il faut résoudre complètement
La taille caractéristique des petites molécules (comme le problème mécanique du mouvement de la pièce à par-
l’eau par exemple) est de a = 0.1 nm. Deux charges ±e tir de la connaissance de son état initial. Ce problème
séparées d’une distance a ont un moment dipolaire u de est d’une extraordinaire difficulté: il faut tenir compte
l’ordre de u = (1.602 10−19 )(10−10 ) C m= 4.8 D; où on de l’air, des rebonds sur le sol, etc. Par contre, si l’on
note souvent 1 D = 3.336 10−30 C m, le Debye, unité de répète l’expérience une grande quantité de fois (ensem-
moment dipolaire. ble macroscopique), on s’aperçoit que la fréquence de pile
On utilise le 1/12-ème de la masse du carbone 12 C
s’approche de celle de face. À la limite où le nombre de
comme unité atomique de masse: 1.661 10−27 kg. Par
jets tend vers l’infini il suffit pour décrire le phénomène
comparaison la masse de la terre est de 5.976 1024 kg.
de donner la probabilité de pile ou face: le résultat du
L’énergie thermique par molécule kB T à T = 298 K est
jet est donc pile avec une probabilité de 1/2. On a rem-
souvent utilisée comme unité de mesure des énergies des
placé l’infinité des valeurs de la trajectoire (description
interactions moléculaires. Par exemple, une liaison hy-
microscopique) de la pièce au cours du temps par la seule
drogène a typiquement une énergie de 30 kJ mol−1 , c’est
donnée de la probabilité (description macroscopique).
à dire de l’ordre de 12 kB T par molécule.
À partir d l’énergie thermique et de la masse d’une
molécule on peut déduire une pvitesse caractéristique du
mouvement thermique vth = kB T /m; elle est d’environ A. Les principes thermodynamiques
vth ≈ 1500 m s−1 pour le proton et 300 m s−1 pour une
molécule d’oxygène O2 . 1. La croissance de l’entropie
P V = nRT , (2)
Q=0 où n = N/NA est le nombre de moles de gaz (N est
D le nombre de molécules du système). Puisque le système
Q=0
est à l’équilibre et chimiquement homogène, le nombre de
T=const particules N est considéré comme étant une constante. Si
C l’on tient compte des interactions entre les particules du
gaz (gaz réel) on a l’équation d’état de van der Waals
(1880):
Volume
(P + a/V 2 )(V − b) = nRT , (3)
FIG. 1 Diagramme pression-volume du cycle de Carnot. AB où a et b, qui sont des constantes caractéristiques de
et CD sont des isothermes chaude et froide respectivement; BC chaque substance, tiennent compte des effets d’attraction
et DA des adiabatiques. Pendant l’expansion AB le système et de répulsion entre les molécules, respectivement.
absorbe une quantité Q1 de chaleur. Il en fournit une quantité
L’équation (3) se réduit à l’équation d’état des gaz par-
−Q2 sur CD. Le travail total est Q1 − Q2 , et le rendement de
la machine (Q1 − Q2 )/Q1 < 1. faits pour a = b = 0.
Quand on dit que la variation de l’entropie est
indépendante du chemin suivi par le système, cela sig-
le principe selon lequel il est impossible de transformer nifie que cette variation ne dépend que des valeurs de
périodiquement (suivant un cycle) de la chaleur en tra- variables d’état à l’état initial et à l’état final exclusive-
vail (“Réflexions sur la puissance motrice du feu” 1824). ment. On peut donc considérer l’entropie comme une
Il imagina une machine thermique parfaite, fonctionnant fonction d’état. Une autre fonction d’état importante
entre deux sources de chaleur, et dont le système (un gaz est l’énergie du système, grandeur qui mesure à la fois
parfait) subit des transformations réversibles (voir la fig- l’“agitation” thermique et les interactions entre les par-
ure 1). Une transformation est réversible quand chaque ticules du système. L’entropie et l’énergie son des pro-
état intermédiaire est aussi un état d’équilibre. Cette priétés additives: si le système est séparé en deux sous-
notion, introduite par Clapeyron (1843) dans son tra- systèmes 1 et 2, on aura E = E1 + E2 et S = S1 + S2 .
vail sur le cycle de Carnot, implique qu’un cycle peut
être parcouru dans les deux sens: si il n’y a donc qu’une 3. La conservation de l’énergie
source de chaleur à une unique température, le travail
réalisé par cycle sera nul. Le principe énoncé par Carnot, Les lois fondamentales de la thermodynamique, con-
dont plusieurs formulations équivalentes sont possibles, cernent principalement le comportement des systèmes
fut formalisé par Clausius (1865) avec l’introduction de macroscopiques lors des passages d’un état d’équilibre
l’entropie (état initial 0) vers un autre état d’équilibre (état final
Z 1). Quelque soit le chemin qui mène le système de 0 à 1,
dQ(T )
S= , (1) la variation de l’énergie E du système résulte du travail
C T −T de forces extérieures et des échanges de chaleur Q
avec l’extérieur:
où Q est la chaleur absorbée par le système en suivant
le chemin C qui représente une transformation réversible. ∆E = ∆Q − P ∆V , (4)
Cette fonction ne dépend que des états initial et final,
et non du chemin suivi par le système. Le principe où ∆ · · · indique la variation de la grandeur entre son état
de Carnot signifie, en termes de l’entropie, que celle- final et son état initial (∆E = E1 − E0 , etc.). On a sup-
ci, lors d’une transformation quelconque, doit toujours posé en (4) que le travail est dû aux forces de pression (en
augmenter: l’entropie d’un système isolé est à l’équilibre équilibre avec la pression extérieure) T = P ∆V . Cette
maximale (principe parfois appelé deuxième loi de la équation exprime la loi de la conservation de l’énergie
thermodynamique). et constitue une relation fondamentale de la thermody-
namique (appelé parfois le premier principe de la thermo-
dynamique). En utilisant l’équation qui relie la variation
d’entropie à la variation de chaleur dS = dQ/T (en suiv-
2. La notion d’état thermodynamique
ant un chemin réversible), le principe de conservation de
l’énergie s’écrit:
L’état thermodynamique d’un système, liquide ou
gazeux, chimiquement homogène est déterminé par deux dE = T dS − P dV . (5)
5
où P0 et V0 sont la pression et le volume initiales. Cette E. L’énergie libre, Helmholtz et Gibbs
équation montre que lors d’une expansion ou d’une com-
pression adiabatiques la pression en fonction du volume Le travail effectué sur un système lors d’une trans-
suit une hyperbole de la forme P ∼ V −γ . formation isotherme réversible s’écrit, en utilisant (5),
Le cycle de Carnot (figure 1) est, dans un diagramme −P dV = d(E − T S). Il est donc la différentielle de la
(P, V ) formé de morceaux d’hyperboles P ∼ V −1 pour grandeur:
les transformations isothermes et P ∼ V −γ pour les adi-
abatiques. La variation d’énergie E est par définition de F (T, V ) = E − T S , (13)
cycle, nulle (∆E = EA − EA = 0, l’état initial coı̈ncide
l’énergie libre, il s’agit d’une fonction d’état qui ne
avec l’état final). Le travail est donc directement lié à
dépend que de la température et du volume du système.
la différence de chaleur Q1 absorbé lors de l’expansion
Elle fut introduite par Helmholtz en 1882 pour décrire
isotherme (chemin AB, à la température T1 ) et Q2 libérée
l’“affinité chimique”: le dégagement de chaleur pour
lors de la compression isotherme (chemin CD, à T2 ). Le
des réactions au contact d’un bain thermique. Cette
travail effectué par le système est donc T = Q1 − Q2 , et
fonction possède une propriété fondamentale, propriété
le rendement de la machine
qui permet d’établir un critère pour déterminer l’état
Q1 − Q2 d’équilibre. En effet, le travail fourni au système lors
rendement = < 1, (9)
Q1 d’une transformation arbitraire à température constante
est le rapport du travail (utile) au chaleur absorbée à la (au contact d’une seule source de chaleur) est toujours
source à haute température (T1 > T2 ). Le fait que le supérieur au travail qu’on lui fournirait lors d’une trans-
rendement soit plus petit que 1, signifie que l’entropie du formation réversible (ayant les même états extrêmes),
système plus les sources, augmente; cela signifie aussi, on doit donc avoir T ≥ ∆F , où ∆F correspond à la
que une machine thermique dont le résultat serait ex- variation d’énergie libre (elle ne dépend que des états
clusivement d’effectuer un travail sans absorption de extrêmes). Si en outre, la transformation se produit à
chaleur, est impossible. volume constant, T = 0. En conséquence l’énergie libre
diminue, et elle doit être minimale pour un système à
l’équilibre (maintenu à température et volume constant –
D. L’énergie et l’enthalpie les deux variables d’état dont F dépend). L’énergie libre
est, pour les systèmes thermodynamiques, l’équivalent de
On considère en parallèle des processus à volume con- l’énergie potentielle des systèmes mécaniques, toutes les
stant et à pression constante. Pour un processus qui se deux prenant un minimum à l’état d’équilibre.
déroule à volume constant on a dQ = dE (le travail P dV Concernant les transformations à pression constante,
est nul) la variation de chaleur (échanges avec l’extérieur) le rôle équivalent à l’énergie libre de Helmholtz est joué
est égale à la variation d’énergie du système. Pour un par la fonction d’état découverte par Gibbs (1839-1903)
processus qui se déroule à pression constante, la variation
de chaleur peut s’écrire sous la forme d’une différentielle G(T, P ) = H − T S , (14)
dQ = d(E + V P ) ≡ dH, où
le potentiel thermodynamique, où l’énergie E de
H = E + PV , l’équation (13) a été remplacée par l’enthalpie H. De
est l’enthalpie. La variation d’énergie par unité de manière analogue à F , le potentiel thermodynamique,
température à volume constant est la chaleur spécifique; ou enthalpie libre diminue dans toute transformation
d’une façon analogue la variation d’enthalpie par unité subit par un système, à température et pression con-
de température est la chaleur spécifique à pression con- stantes. Le potentiel thermodynamique est donc la fonc-
stante: tion d’état la plus appropriée pour caractériser les trans-
formations chimiques, pour lesquelles on fixe souvent une
∂E ∂H
Cv = , Cp = . (10) température et une pression de référence. La variation de
∂T V ∂T P la fonction de Gibbs est
L’énergie E(V, S) est la fonction d’état qui décrit les
systèmes en fonction du volume et de l’entropie, elle est dG(T, P ) = −SdT + V dP . (15)
appropriée pour étudier les processus adiabatiques (dS =
G(T, P ) est une fonction d’état qui décrit les systèmes en
0). De même, l’enthalpie est une fonction d’état, dont la
fonction de leur température et pression.
variation dH = dE + V dP + P dV = (T dS − P dV ) +
La connaissance de l’énergie libre, de Helmholtz
V dP + P dV ,
F (T, V ) ou de Gibbs G(T, P ), permet de déduire les
dH(S, P ) = T dS + V dP , (11) autres fonctions et variables thermodynamiques, d’où le
∂H
∂H
nom de potentiel thermodynamique. Par exemple, de
T = ,V = − . (12) l’équation (15) on calcule le volume ou l’entropie:
∂S P ∂P S
montre qu’elle dépend de variables S et P (on a utilisé ∂G ∂G
V = , S=− . (16)
la conservation de l’énergie). ∂P T ∂T P
7
Il est aussi aisé de calculer la variation d’enthalpie à par- à T , P et nombre de moles des autres espèces con-
tir de la fonction G(T, P ): stants. Ainsi comme la température est liée aux échanges
d’énergie, le potentiel chimique est liée aux échanges de
∂G particules. Cette analogie résulte évidente de la com-
H = G + TS = G − T
∂T P paraison de l’équation (6) et de l’équation (18).
Ainsi comme deux systèmes échangent de l’énergie
cette dernière relation peut aussi s’écrire comme jusqu’à ce que leurs températures deviennent égales, et
c’est précisément cette égalité des températures qui car-
∂ G
H = −T 2 , (17) actérise l’état d’équilibre, deux systèmes qui échangent
∂T T P des molécules sont à l’équilibre dès que leurs potentiels
chimiques s’égalisent:
relation connue comme équation de van’t Hoff.
µi = µk , ∀i, k , (19)
F. La thermodynamique des solutions ce qui implique
L’état thermodynamique d’une solution est déterminé K
X
par des variables intensives comme la température T et nk dµk = 0 .
la pression P , extensives comme le volume V , et par le k=0
nombre de molécules de chaque substance de la solution.
Si celle-ci comporte K + 1 espèces ayant N0 , N1 , . . . , NK Un expression simple du potentiel chimique s’obtienne
molécules on a dans le cas des solutions faibles (diluées ou idéales), celles
dont on peut négliger les interactions entre les molécules
K
X du soluté. Dans ce cas le potentiel chimique de l’espèce
N= Nk k ne dépend que de la fraction molaire Xk (à T, P fixés)
k=0
sous la forme,
le nombre total de molécules. On peut introduire le
nombre de moles de la substance k comme le rapport µk = µ0k + RT ln Xk , (20)
nk = Nk /NA . Dans le cas où par exemple l’espèce “0”
où µ0k est le potentiel chimique de l’état chimique
soit prédominante, N0 ≈ N N1 , . . . , Nk , on appelle
standard (voir plus bas § III.A.1 pour un calcul ex-
l’espèce “0” le solvant, et les autres les solutés.
plicite). Le potentiel chimique standard représente
La fraction molaire est Xk = nk /n, où n est le nombre
l’énergie nécessaire pour ajouter une molécule de la sub-
total de moles n = n0 + n1 + · · · + nK . La concentration
stance k à la substance pure (Xk = 1 pour une substance
du soluté k est le rapport du nombre de molécules au
pure). On peut interpréter le terme en ln Xk de (20)
volume de la solution, Ck = Nk /V .
comme étant d’origine entropique: il est proportionnel au
changement d’entropie dû au mélange de Nk molécules de
1. Le potentiel chimique soluté k dans une solution de N molécules (voir § II.F.2).
de chaque espèce présente dans la solution (solvant et système et son état thermodynamique, est la notion de
solutés): probabilité.
Une conséquence importante de l’équation (24) est
K
X qu’elle établit un lien entre entropie et désordre. Un
G(T, P, {nk }) = µk nk (22) système ordonné, comme un cristal, où chaque molécule
k=0 occupe une position précise, possède un nombre d’états
bien plus restreint que celui du même matériau à l’état
(à T et P constants). Cette relation permet de calculer
gazeux, dans lequel les molécules sont libres d’occuper
facilement la variation d’entropie associée au mélange.
n’importe quelle place dans un volume donné, et que
Dans le cas d’une solution faible, pour laquelle le poten-
par là même doit être considéré comme étant un état
tiel chimique du soluté k est µk ∝ ln Xk , la variation
désordonné. L’entropie du cristal sera en conséquence
d’enthalpie libre lors du mélange de K solutés à une sub-
beaucoup plus petite que celle du gaz. Un raison-
stance pure 0 s’écrit simplement,
nement similaire nous permet de comprendre pourquoi
K
X l’expansion d’un gaz est spontanée: plus grand le volume
∆G = RT nk ln Xk , accessible à une molécule, plus grand le nombre d’états
k=0 (configurations spatiales) du système, le passage d’un pe-
tit volume vers un plus grand est donc compatible avec
mais comme ∆G = ∆H −T ∆S et la variation d’enthalpie la croissance de l’entropie. On dit que les états de plus
est nulle (T et P constants), cette équation donne directe- grande entropie sont des états plus probables.
ment la variation d’entropie de mélange: Bien que le calcul du nombre d’états d’un système soit
en général très compliqué, puisqu’il dépend du détail des
K
X propriétés du système, dans certains cas très simplifiés,
∆S = −R nk ln Xk . (23)
comme pour l’expansion d’un gaz parfait on peut le cal-
k=0
culer facilement. Si V0 est le volume initial et σ est le
rayon d’une molécule, le nombre de configurations (de
G. Physique statistique et distribution de Boltzmann sites où l’on peut placer la molécule) est évidemment
donné par N0 = V0 /Vσ , où Vσ = 4πσ 3 /3 est le volume
1. Le nombre d’états et l’entropie occupé par la molécule. Le nombre de configuration à
l’état final est N1 = V1 /Vσ . Si le système comporte une
Boltzmann prouva en 1877 qu’il existe un lien entre mole, le nombre de molécules est le nombre d’Avogadro,
la dynamique microscopique, celle qui décrit le mouve- le nombre d’états de NA molécules est Ω0 = N0NA à l’état
ment des particules, et la thermodynamique. Ce lien 0 et Ω1 = N1NA à l’état 1. La variation d’entropie d’une
établit une correspondance entre le nombre d’états micro- mole de gaz est donc, en utilisant la définition (24):
scopiques Ω d’un système, à l’entropie thermodynamique
S: N1NA V1
∆S = kB ln Ω1 − kB ln Ω0 = kB ln NA
= R ln ,
N0 V0
S = kB ln Ω , (24)
résultat semblable à celui obtenu par un raisonnement
la constante de proportionnalité kB (constante de Boltz- thermodynamique [voir l’équation (7)].
mann) a justement les dimensions de l’entropie, d’énergie D’une façon semblable on peut calculer la variation
par température. On remarque en (24), que la rela- d’entropie lors du mélange de k = 0, . . . , K substances
tion entre l’entropie et le nombre d’états dans lequel un dans une solution idéale. Le nombre d’états est le même
système peut se trouver, comporte un logarithme. Ceci, que celui d’arrangements de N molécules en groupes de
associé à l’additivité de l’entropie, implique N0 , N1 , . . . , NK molécules:
S = S1 + S2 = kB (ln Ω1 + ln Ω2 ) = kB ln Ω1 Ω2 , N!
∆S = kB ln
N0 !N1 ! . . . NK !
ce qui est cohérent avec la définition de Ω: si le nom-
bre d’états du sous-système 1 est Ω1 et celui du sous- (le nombre d’arrangements des N molécules d’une sub-
système 2 est Ω2 le nombre total d’états du système 1 + 2 stance pure est 1 – un seul groupe). Un calcul simple, en
est le produit Ω1 Ω2 . Cette règle de composition de Ω utilisant l’approximation ln x! ∝ x ln x − x pour x 1,
est analogue à celle des probabilités, ce qui justifie que permet d’obtenir l’expression,
parfois on appelle Ω la “probabilité thermodynamique”. K K
En fait, Omega représente le nombre de sous-états mi- X Nk X
∆S = −kB Nk ln = −R nk ln Xk , (25)
croscopiques qui correspondent au même état macro- N
k=0 k=0
scopique du système, et est donc proportionnel (à une
constante de normalisation près) à la probabilité de cet avec nk le nombre de moles de l’espèce k et Xk sa fraction
état. En conséquence, la notion fondamentale qui permet molaire; cette équation coı̈ncide avec la relation thermo-
d’établir le lien entre les propriétés microscopiques d’un dynamique (23).
9
2. La distribution des probabilités et la fonction de partition où dv est l’élément de “volume” dans l’espace des vitesse;
un calcul complet permet de trouver la fonction de par-
L’état microscopique d’un système composé de N tition en fonction des variables thermodynamiques,
molécules, dont chacune peut se trouver dans un niveau 3/2
d’énergie donné, n , est bien déterminé si l’on spécifie le 2πkB T
Z(V, T ) = V . (30)
nombre de particules qui occupent chaque état d’énergie. m
La fraction de particules ayant une énergie n est En combinant ces deux formules on obtient que la dis-
Nn gn − knT tribution de vitesses f (v) = dNv /dv d’un gaz parfait est
= e B , (26) donnée par
N Z
3/2
mv 2
où le poids statistique ou dégénérescence gn , c’est le nom- N m
f (v) = exp − , (31)
bre d’états différents ayant le même niveau d’énergie n , V 2πkB T 2kB T
et Z, la fonction
P de partition, c’est une constante de nor- cette formule fut proposée pour la première fois par
malisation ( n Nn = N ), Maxwell (1859).
Un autre exemple de distribution de Boltzmann est
X n celui de la densité d’un gaz parfait dans le champ de la
Z= gn exp − , (27)
n
kB T pesanteur. Le nombre de particules par unité de volume
(la densité) n = N/V est selon l’équation (26) une fonc-
elle ne dépend que des variables thermodynamiques. tion de l’énergie des particules. Si cette énergie dépend
L’équation (26) fut proposée par L. Boltzmann en 1868, de la position des particules, comme c’est le cas de la
elle décrit la distribution des molécules d’un système pesanteur, la densité devient aussi une fonction de la po-
selon leurs énergies. Cette distribution est un cas par- sition. Une particule de masse m qui se trouve à une
ticulier de la distribution de Gibbs, qui donne pour un hauteur z possède, dans le champ de la pesanteur g une
système macroscopique la probabilité pour qu’un de ses énergie potentielle mgz, on obtient donc,
sous-systèmes (dans le cas de Boltzmann le sous-système
est une molécule) se trouve dans l’état d’énergie E: n(z) = n0 e−mgz/kB T , (32)
où n0 est la densité de référence à z = 0. Cette équation
1 E prédit une décroissance exponentielle de la densité en
Prob(E) = exp − . (28)
Z kB T fonction de la hauteur. On a implicitement supposé
que la température est la même à toute hauteur, “at-
ici l’énergie doit être considérée comme étant une fonc-
mosphère” isotherme, ce qui permet de simplifier les ter-
tion de l’état (microscopique) du système, les vitesses et
mes d’énergie cinétique (elles sont identiques pour n(z) et
les positions des molécules dans le cas d’un système clas-
n0 ). Le même résultat aurait pu être obtenu en utilisant
sique, les états des atomes dans le cas quantique, etc.;
la condition d’équilibre pour les potentiels chimiques à la
comme pour (26), Z assure la normalisation de la prob-
hauteur 0 et z, µ0 = µz pour une mole de gaz parfait
abilité. La fonction de partition joue un rôle important
puisqu’on peut la relier à l’énergie libre du système par µ00 + RT ln P0 /P 0 = µ0z + RT ln P (z)/P 0 ,
la formule:
où on a utilisé une expression similaire à (20) pour le
F (T, V ) = −kB T ln Z . (29) potentiel chimique d’un gaz parfait (en pratique on rem-
place la fraction molaire par la pression P par rapport à
Ce lien entre la fonction de partition et l’énergie li- une pression de référence P 0 ), on déduit
bre permet en principe, une fois calculé Z, d’obtenir 0 0
n(z) = n0 e−(µz −µ0 )/RT ,
les différentes grandeurs thermodynamiques qui car-
actérisent l’état macroscopique du système. puisque P (z)/P0 = n(z)/n0 pour un gaz parfait. En
Pour un gaz parfait l’énergie de chaque molécule se utilisant pour le potentiel chimique standard de NA
réduit à l’énergie cinétique = mv 2 /2, où m est la molécules soumises à la seule action de la gravité
masse et v la vitesse de la molécule. Les variables d’état (l’interaction des molécules d’un gaz parfait est con-
sont les vitesses et les positions des molécules du gaz. sidérée nulle) µ0z − µ00 = NA mgz, on aboutit à la formule
La distribution de Boltzmann est donc proportionnelle (32).
à exp(−mv 2 /2kB T ), elle ne dépend que des vitesses et
non des positions de molécules. En conséquence, le nom-
bre de molécules N par unité de volume V est constant III. FORCES INTERMOLÉCULAIRES
(la densité du gaz parfait à l’équilibre est uniforme). Le
nombre de molécules dNv ayant des vitesses entre v et A. Introduction
v + dv (dans chaque direction de l’espace) est:
Les forces électrostatiques sont à l’origine de la plu-
mv 2
N part de forces faibles qui interviennent dans la confor-
dNv = dv exp − ,
Z 2kB T mation de macromolécules. Ces forces sont décrites par
10
0.4
0.3
∼ r−12
0.2
U(r)/U0
0.1
σ r
0
0 3. Forces de valence
−0.1 ∼ −r−6
La structure primaire de biomolécules est déterminée
−0.2 par les forces de valence qui assurent les liaisons en-
tre les résidus ou bases. Les interactions de valence
0.8 1 1.2 1.4 1.6 1.8 2 sont très énergétiques: Uv = 200 − −800 kJ mol−1 , ce
r/σ qui donne aux biomolécules une structure primaire en
chaı̂ne, dont la distance r entre deux monomères suc-
FIG. 4 Potentiel de Lennard-Jones. A courte distance
cessifs est pratiquement constante r ≈ r0 ; une valeur
l’interaction est répulsive et décroı̂t en r−12 ; à grande distance
l’interaction est attractive et croı̂t en −r−6 . Pour r = σ l’énergie typique de la distance entre deux atome dans une liai-
d’interaction s’annule; à r0 la force s’annule (r0 /2 est le rayon son covalente est r0 ≈ 0.1–0.2 nm. Dans le tableau II on
de van der Waals). montre quelques énergies caractéristique de liaisons co-
valentes ainsi que l’indice d’électronégativité des atomes
Les forces d’attraction entre molécules ont une expres- importants pour les biomolécules. Le nuage électronique
sion générale du type de l’exemple (35) n’est symétrique que lors de la liaison de deux atomes
identiques. Lorsque deux atomes d’espèces différentes
U (r) = −U0 (σ/r)n , (39) partagent un électron dans une liaison covalente, le nu-
age électronique est généralement asymétrique. L’indice
où le paramètre n peut selon les cas prendre différentes d’électronégativité permet de décrire cette asymétrie,
valeurs; pour les interactions de van der Waals (entre en donnant une mesure de l’affinité des atomes pour
molécules apolaires) n = 6. En combinant (38) et (39) les électrons: plus grand l’indice plus grande l’affinité
on obtient le potentiel de Lennard-Jones qui décrit cor- et donc plus proche l’électron partagé de l’atome plus
rectement les gaz et liquides non-polaires (figure 4), électronégatif.
où d’habitude on écrit U0 = 4; les rayons σ ont typique- 1 Pour passer des unités d’énergie thermique aux unités d’énergie
ment des valeurs entre 0.12 et 0.22 nm pour les éléments mécanique on utilise que 1 kB T /molécule = 2.48 kJ mol−1
12
10 U = U0 cos(nφ) ,
9
où le paramètre n détermine le nombre de minima. Dans
8 la figure 6b on à dessiné le potentiel en cos(3φ + π), qui
possède trois minima à φ = 2kπ/3 avec k = 0, 1, 2.
7
Potentiel de valence
6
B. Forces électrostatiques
5
1. Forces de Coulomb
(a)
La force entre deux molécules chargées (ions) est la
force de Coulomb. L’énergie d’interaction de Coulomb
est:
1 z1 z2 e2
U (r) = (41)
4π0 r
où z1,2 sont les valences des ions 1 et 2, r est la dis-
tance entre les deux ions, et est la constante diélectrique
u=0
du milieux. La formule (41) montre que l’interaction (b)
entre deux charges est proportionnelle au produit des
charges, et elles est inversement proportionnelle à la dis- - +
tance entre les charges. Si les deux charges sont du même
signe la force est répulsive, et si elles sont de signes op-
-q +q
posés la forces est attractive. La constante diélectrique
tient compte des propriétés électriques du milieux dans
lequel se trouvent les deux charges, dans le vide = 1 l
et dans l’eau = 78. La grande valeur de la constante
diélectrique de l’eau joue un rôle important dans les pro-
cessus de solvatation d’ions: c’est elle qui va déterminer
u=ql
la valeur de la variation d’enthalpie.
FIG. 7 Schéma d’une molécule non-polaire, moment dipolaire
nul (u = 0) (a), et d’une molécule polaire (b): dipôle composé
2. Interaction Charge-Dipôle de deux charges q de signe opposé séparées d’une distance l,
moment dipolaire u = ql (vecteur qui va de la charge négative
Les molécules dont la distribution de charge électrique vers la charge positive).
n’est pas isotrope (la même sur toutes les directions)
possèdent un moment dipolaire. Celui-ci tient compte du
fait que les charges négatives et positives sont séparées
d’une certaine distance l; cette distance est une mesure
de la déformation de la distribution de charge. Le mo-
q u +
q
ment dipolaire est simplement le produit de la séparation
de charges par la valeur de la charge u = ql, comme on r _
le montre dans la figure 7.
L’énergie d’interaction d’une charge ze (une molécule FIG. 8 Interaction d’un dipôle de moment u et d’ion de charge
ionique, cation z > 0, ou anion z < 0) avec une molécule q, séparés d’une distance r; le dipôle est incliné d’un angle θ par
polaire de moment dipolaire u est (voir figure 8): rapport à la direction qui va de la charge au dipôle.
zeu cos θ
U (r, θ) = − . (42)
4π0 r2
TABLEAU III Moments dipolaires (en Debye) et constante
Si l’on suppose que la charge est positive q > 0, selon
diélectrique des liquides.
l’orientation du dipôle, la force sera attractive pour
cos θ > 0, ou répulsive pour cos θ < 0. Liquide Molécule uD
eau H2 O 1.85 78.5
méthane CH4 0 1.7
3. Charge-dipôle mobile
méthanol CH3 OH 1.7 33.6
L’énergie d’interaction d’une charge avec un dipôle
dépend de la distance et de l’orientation du dipôle (an-
gle θ). En général la molécule polaire suit un mouve-
ment désordonné, et son orientation change rapidement. 4. Dipôles mobiles
Il est donc nécessaire de faire une moyenne de l’énergie
d’interaction sur les différentes orientations du dipôle: L’énergie moyenne d’interaction de deux dipôles de
q 2 u2 1 moments u1 et u2 est:
U (r) = − . (43)
6(4π0 ) kB T r4
2
U (r) est donc attractive est dépend de la température. u21 u22 1 3 u21 u22
U (r) = , r ' (44)
La portée de cette interaction est r2 ≈ qu/4π0 KB T . 3(4π0 )2 kB T r6 4π0
14
IV. MACROMOLÉCULES
FIG. 12 Molécule d’hémoglobine. On visualise la structure primaire en branches avec le groupe hème en détail, et la structure
secondaire en ruban; les hélices se replient en une structure tertiaire (gauche). L’association des quatre polypeptides constitue sa
structure quaternaire (droite).
Cette succession de monomères constitue la structure (liaisons hydrogène et d’origine électrostatique) en-
primaire de la macromolécule. La forme générale tre monomères.
dont les monomères s’arrangent, comme les hélice de
l’ADN ou des protéines (comme par exemple dans Tertiaire, repliement de la structure secondaire. Cette
l’hémoglobine de la figure 12), donne lieu à la structure structure concerne la forme globale de la macro-
secondaire. Souvent cette structure secondaire (en hélice molécule, sa topologie. Souvent la structure sec-
ou en feuillet, par exemple) se replie elle même en une ondaire en hélice se replie pour donner à la molécule
structure tertiaire. Au-dessus de la structure tertiaire une forme globulaire. C’est justement cette forme
on trouve une association de plusieurs polymères, ou globulaire qui stabilise la structure secondaire de
sous-unités, comme dans le cas de l’hémoglobine qui la molécule. La structure tertiaire fait intervenir
résulte de l’association de quatre polypeptides, qu’on des interactions entre groupes très séparés (struc-
appelle structure quaternaire. Cette association permet ture primaire ou secondaire) mais proches dans
à la molécule de remplir sa fonction biologique, dans le l’espace. Ce sont encore des forces faibles, par rap-
cas de l’hémoglobine le transport de O2 . On a donc une port aux forces de valence, qui sont responsables
succession de structures d’une macromolécule biologique: des repliements tertiaires.
C. Macromolécules en solution
thermique U0 ≈ kB T , où T est la température et kB est
la constante de Boltzmann (kB = 1.38 10−23 J/K),
La conformation d’une macromolécule est bien
Les molécules chargées (les ions), ainsi que les dipôles, évidemment déterminée par les forces intramoléculaires,
interagissent par les forces de Coulomb. L’énergie poten- mais elle dépend aussi de l’environnement dans lequel
tielle d’interaction de deux ions varie en ∼ 1/r, où r est elle se trouve. Naturellement, les macromolécules bi-
la distance à l’ion. Celle d’un ion avec un dipôle varie ologiques se trouvent souvent en solution aqueuse, et leur
comme 1/r2 . Le signe de l’interaction peut être positif interaction avec l’eau peut introduire de changements im-
ou négatif selon les charges des ions et de l’orientation du portants de conformation. Les parties chargées, polaires
dipôle. Les liaisons physiques entre particules chargées et non-polaires, interagissent chacune différemment avec
ont une intensité bien supérieure à l’énergie thermique, l’eau et déterminent le caractère hydrophile, hydrophobe
et possèdent une très longue portée. ou amphiphiles de la macromolécule. Un exemple im-
L’interaction entre dipôles dépend en général de
leur orientation respective s’il sont fixes. L’énergie
d’interaction est de longue portée, en ±1/r3 . Si au con-
traire, ils sont mobiles, leur mouvement thermique étant
très rapide, leur interaction moyenne (pondérée statis-
tiquement par un facteur de Boltzmann) est à plus courte
portée et attractive (énergie de Keesom en −1/r6 ) et
d’intensité plus faible.
La présence de molécules environnantes altère la dis-
tribution de charges des molécules non-polaires, et par
un mécanisme de polarisation le champ électrique de
ces molécules va induire un moment dipolaire. Le mo-
ment dipolaire induit interagit avec des ions, la portée de
cette interaction varie en −1/r4 . L’interaction et d’autres FIG. 14 Lipide amphiphile de la famille des phosphoglycérides.
dipôles (interaction de Debye, en −1/r6 , d’une molécule La tête polaire est hydrophile, la queue formée par une chaı̂ne
non-polaire avec un dipôle en rotation thermique). hydrocarbonée, non-polaire est hydrophobe.
D’autres forces attractives existent, même dans le cas
des molécules non-polaires, où il n’y a pas de contri- portant de molécule amphiphile, qui participe à la con-
bution d’origine électrostatique à l’énergie. Ces forces, struction des membranes, est donné par les phospho-
appelées forces de dispersion ont une origine quan- glycérides (figure 14). Ces molécules de la famille de
tique, et dépendent des corrélations de fluctuations de lipides possèdent une tête polaire, comportant notam-
charges (interactions de London, en −1/r6 ). L’ensemble ment un groupe d’acide phosphorique associé au glycérol,
d’interactions dont l’énergie varie comme −1/r6 sont re- et de deux chaı̂nes hydrocarbonées (souvent saturées),
groupées sous le nom des interactions de van der Waals. non-polaires hydrophobes. Les protéines (formées par
19
des acides aminés non-polaires, et d’acides nucléiques po- l’influence de l’environnement dans lequel se trouvent ces
laires) sont souvent amphiphiles, et leur interaction avec macromolécules, les mécanismes d’organisation en mi-
l’eau est à l’origine de leur repliement et de la forme glob- celles ou membranes, ou le comportement des solutions
ulaire qu’elles adoptent dans l’eau. de macromolécules soulèvent un certain nombre de ques-
La nature du solvant où se trouvent les macromolécules tions du domaine de la physique, et qui peuvent être
est aussi essentielle vis-à-vis des interactions inter- étudiées par une approche physique:
moléculaires, et déterminent la façon dont les molécules
s’associent pour former des structures plus complexes. • Les liaisons intermoléculaires: calcul des in-
Les lipides forment en solution aqueuse des micelles, teractions moléculaires à partir des lois de
vésicules ou double couches (bicouches) selon leur forme l’électrostatique en tenant compte des mouvements
(en particulier la longueur des chaı̂nes carbonées) et leur thermiques. Nature de la polarisation induite. Na-
concentration (voir figure 15, voir aussi le site web Sam- ture de la liaison hydrogène.
son Group2 )
• Conformation et transconformation de macro-
micelles, les lipides s’associent pour former une sphère molécules: modèles statistiques et de dynamique
ou un cylindre, la partie apolaire au centre où l’eau moléculaire.
n’a pas accès;
• Macromolécules en solution: propriétés physiques
vésicules, les lipides se groupent en une bicouche qui de l’eau. Interactions amphiphiles et formation
se renferme pour isoler un compartiment aqueux de micelles. Propriétés thermodynamiques des
intérieur; comme pour les micelles la forme est solutions. Électrolytes et équilibre de Donnan.
sphérique ou tubulaire; Colloı̈des.
FIG. 15 Simulation numérique moléculaire de la formation d’une micelle (à gauche) et d’une bicouche (à droite) lipidiques dans
l’eau. On constate que les parties polaires hydrophiles des phospholipides sont en contact avec l’eau, tandis que les queues carbonées
hydrophobes évitent l’eau.
peut se trouver dans E1 , E2 , · · · , En , · · · états différents, de la macromolécule. Ce changement peut être favor-
la probabilité de l’état avec une énergie E = En est: able ou défavorable selon qu’il augmente ou diminue re-
spectivement la probabilité de la conformation. En re-
1 fusant les cas défavorables et en répétant la procédure
Prob(En ) = exp(−En /kB T ) , (49)
Z on approche statistiquement l’état de conformation de la
macromolécule le plus probable.
où la constante Z, la fonction de partition (qui dépend En général toute transformation de conformation com-
de la température T et du volume V du système), assure porte deux aspects différents. Un aspect “énergétique”,
la normalisation de la probabilité: le changement de forme implique une variation de
X l’énergie d’interaction entre les molécules qui constituent
Z(T, V ) = exp(−En /kB T ) . (50) la macromolécule, et un aspect “entropique” qui reflète
n le degré d’ordre ou d’organisation de la macromolécule.
Dans le figure 16 on illustre la surface d’énergie d’une
La probabilité pour que le système se trouve dans un macromolécule en fonction des paramètres de conforma-
état d’énergie En est donc proportionnelle à une fonc- tion. Chaque conformation possible correspond dans ce
tion exponentielle qui décroı̂t avec En , elle est maximale diagramme à un minimum local. Les paramètres qui
pour En minimale. Cette observation est à la base de définissent l’état de la macromolécule sont par exemple
la méthode de Monte Carlo3 du calcul des conformations l’ensemble des positions de leurs atomes. L’état naturel
des macromolécules. de la macromolécule, celui dont la probabilité est maxi-
L’énergie totale d’une macromolécule dépend des po- male, correspond au minimum absolu E0 , d’autres états
sitions relatives des molécules qui forment la macro- ayant une énergie plus grande, comme En , peuvent cor-
molécule. Supposons que la macromolécule est con- respondre à des conformations dénaturées de la macro-
stituée par N molécules ou atomes. On obtient une molécule (par exemple des formes où la structure tertiaire
conformation donnée, disons la conformation n−ième, a disparu). Pour passer de l’état naturel à l’état dénaturé
en spécifiant les positions de N molécules. A partir de il faut fournir un travail, ou augmenter la température du
ces positions on calcule les énergies d’interaction entre bain. Du point de vue énergétique l’état naturel est donc
toutes les molécules (ou atomes), et on déduit la valeur plus favorable. D’autre part, les états pour lesquels la
de l’énergie En correspondant à la n−ième conformation. macromolécule est dénaturée sont plus nombreux, l’état
De cette façon on peut associer à chaque conformation dénaturé étant un état sans organisation particulière.
une énergie, et par (49) connaı̂tre la probabilité de cette En conséquence, du point de vue entropique c’est l’état
conformation. Un changement de position par exem- dénaturé qui est le plus favorable.
ple d’une molécule, entraı̂ne une variation de l’énergie Pour une température donnée on peut calculer la prob-
abilité pour une molécule de se trouver à l’état naturel
ou dénaturé à l’aide de la formule (49). L’état 0 a une
probabilité proportionnelle à N0 exp(−E0 /kB T ), et l’état
3 http://www.studyweb.com/links/4010.html n, Nn exp(−En /kB T ), où N0 est le nombre d’états ayant
21
1
Energie
U(x)
En 0.5
n0 ~ exp(-E0 /k BT) 0
E0 B ∆U A
−0.5
Paramètres d'état
FIG. 16 Surface d’énergie en fonction des paramètres de con- −1 −0.5 0 0.5 1 1.5
formation. Le nombre de molécules dans un état d’énergie En x
est proportionnel à exp(−En /kB T ). L’état le plus probable est
celui d’énergie minimale E0 . L’état de haute énergie représente FIG. 17 Particule dans un potentiel U (x) ayant deux minima
la macromolécule dénaturé. L’état de basse énergie la macro- A et B. Pour passer du minimum A au B il faut remonter la
molécule dans son état naturel. barrière de potentiel ∆U .
l’énergie E0 , et Nn le nombre d’états (conformations) entropique ∆S l’emporte sur l’effet énergétique ∆H:
ayant l’énergie En . Soit par exemple une solution ayant la configuration dénaturée (désordonnée) est favorisée.
un grand nombre de macromolécules, le rapport du nom- Dans le cas contraire où nn < n0 , ce sont les effets
bre de molécules dénaturées nn et normales n0 est donc: énergétiques, dus aux interactions intramoléculaires, qui
prédominent, ce qui favorise l’état ordonné.
nn Nn E n − E0
= exp − . (51)
n0 N0 kB T 1. Bain thermique et mouvement brownien
On peut récrire (51) comme suit, Les très grosses macromolécules, ou les agrégats des
nn
En − E0 − kB T ln(Nn /N0 )
molécules en solution, forment un colloı̈de. Elles subis-
= exp − sent les collisions des petites molécules du solvant, dont
n0 kB T l’énergie cinétique moyenne est proportionnelle à la
∆E − T ∆S température. Ces collisions provoquent un mouvement
= exp − ,
RT désordonné, dit aléatoire, observable au microscope (voir
l’applet4 sur le site web de l’université de Virginia.) Ce
où on est passé des grandeurs par molécule à des mouvement fut observé pour la première fois en 1827
grandeurs par mole en utilisant la constante de gaz par Robert Brown sur des grains de pollen en suspension
parfaits R = kB NA (NA = 6.022 1023 est le nombre dans l’eau, et expliqué au début du XXème siècle par A.
d’Avogadro), on a aussi utilisé que ∆S = R ln(Nn /N0 ), Einstein.
puisque Nn,0 représentent le nombre de configurations Soit une particule colloı̈dale soumise d’une part à
ayant une énergie donnée En,0 . En général Nn >> 1 une force dont le potentiel U (x) est de la forme de la
puisque n correspond à un état dénaturé de la molécule, figure 17, et d’autre part collisions des particules du
et donc désordonné. On reconnaı̂t dans l’exposant la solvant. Le bain thermique se trouve à une température
différence d’enthalpie libre ∆G = ∆H −T ∆S entre l’état T . L’équation de mouvement de cette particule est
naturel et dénature des macromolécules (on peut ici iden-
tifier ∆E à la variation d’enthalpie ∆H), dU
mẍ + γ ẋ = − + F (t) , (53)
dx
nn
∆G = −RT ln . (52) où m est la masse de la particule, γ un coefficient de
n0
Si le nombre de macromolécules dénaturées est plus
grand que celui de macromolécules à l’état naturel nn >
n0 [voir (51)], on a par (52) que ∆G < 0, et l’effet 4 http://www.phys.virginia.edu/classes/109N/home.html
22
friction (γ = 6πηR pour une sphère de rayon R dans un pour chaque atome i,
liquide de viscosité η), et F (t) est la force aléatoire due
N
aux collisions avec les particules du milieu. En moyenne X ∂U (xi − xj )
hF i = 0 les collisions résultent en une force nette nulle sur mi ẍi = − (56)
j
∂x
la particule colloı̈dale; l’écart quadratique type est par
contre non nul hF 2 /γ 2 i = γD/m, où D est le coefficient
où le membre de droite est la force exercée sur la partic-
de diffusion. Une des conséquence de (53) est que à des
ule i par toutes les autres particules. Cette dynamique
temps longs (plus grands que m/γ) la particule atteint
conduit naturellement la macromolécule d’un quelconque
un état d’équilibre caractérisé par une distribution de
état initial vers un état d’équilibre, compatible avec
probabilité
l’énergie total initiale. Pour connaı̂tre la conformation
d’une macromolécule on doit donc intégrer les équations
U (x)
Prob(x) = N exp − , (54) (56), jusqu’à ce que un état d’équilibre soit atteint.
kB T
A la différence des méthodes statistiques comme la
où N est une constante de normalisation, et où on a méthode de Monte Carlo où la température est fixée mais
utilisé la relation d’Einstein, l’énergie peut fluctuer, en dynamique moléculaire (56) la
température est reliée à l’énergie cinétique moyenne, tan-
γD = kB T (55) dis que l’énergie est fixée. L’état initial est déterminé par
l’ensemble de positions des atomes, ce qui fixe l’énergie
qui relie le coefficient de diffusion à la température de potentielle, et par une distribution des vitesses telle
la solution. L’équation (54) implique que la particule que l’énergie cinétique moyenne soit compatible avec la
cherche un état d’énergie d’interaction minimale. température du système.
On peut donc utiliser la dynamique de Langevin de Cette méthode peut s’appliquer aussi bien au calcul de
l’équation (53) (où l’on néglige parfois le terme d’inertie la conformation de macromolécules, qu’aux systèmes en
mẍ), pour calculer les conformations d’une macro- principe plus simples comme les gaz ou les liquides, ou
molécule. aux systèmes plus complexes comme ceux qui comportent
des interaction entre les macromolécules et le solvant (par
exemple la formation de bicouches, ou la structure de
B. Dynamique moléculaire par simulation numérique
protéines de membranes).
Une autre approche est possible pour le calcul de
la forme des macromolécules. Elle est basée sur le
fait qu’à partir de la connaissance des interactions VI. LES BIOMOLÉCULES COMME POLYMÈRES
intramoléculaires (de valence, de van der Waals, de
répulsion et de dispersion, des liaison hydrogène, etc.), et Le plus simple des polymères est l’homopolymère (fig-
de la connaissance de l’état initial d’énergie totale (po- ure 18), dont les monomères de la chaı̂ne sont iden-
tentielle et cinétique) donnée, les lois de la dynamique tiques. Bien que les biomolécules aient une structure
permettent de calculer l’évolution du système. Cette dy- chimique plus complexe, l’ADN (ou l’ARN) est con-
namique conduit naturellement la macromolécule d’un stitué des quatre acides nucléiques, les protéines des
quelconque état initial vers un état d’équilibre, compati- vingt acides aminés, les homopolymères partagent d’une
ble avec l’énergie total initiale. part un certain nombre de propriétés communes avec
L’énergie potentielle d’une macromolécule formée par les molécules biologiques, et d’autre part, constituent
N atomes (ou molécules), est en général de la forme, un excellent point de départ pour l’étude des propriétés
physiques des macromolécules.
N X
X N
U= U (xi − xj ) ,
i j A. Le polymère idéal
et dépend de l’ensemble de positions xi avec i = En général la conformation d’un polymère dépend des
1, 2, · · · , N occupées par les N atomes. Comme les propriétés du solvant dans lequel il se trouve, et des in-
énergies d’interaction sont fonction de la distance xi − xj teractions entre les monomères. Si l’on néglige les in-
entre les particules, l’énergie d’interaction totale résulte teractions faibles (entre les monomères et le solvant),
de la somme sur toutes les interactions entre les N et on ne garde que les interactions de valence qui as-
atomes. L’énergie cinétique est surent la continuité de la chaı̂ne, on se retrouve dans
N
une position analogue à celle du gaz parfait, on dit que
K=
X
mi vi2 /2 le polymère est idéal ou gaussien. Les propriétés d’un
polymère idéal résultent de sa connectivité, il faut donc
i
repérer les monomères dans l’espace comme on montre
ou mi est la masse de l’atome i et vi sa vitesse. La dans la figure 19. La chaı̂ne polymère, composée de N
dynamique se calcule à partir des équations de Newton monomères, est représentée par des points successifs ri ,
23
Il est facile de démontrer que si θ(s) est l’angle entre 2. Élacticité du polymère idéal
deux monomères séparés d’un nombre s de monomères,
on aura À partir de l’énergie libre on peut étudier les propriétés
élastique de la chaı̂ne polymère. Si l’on applique une
hcos θ(s)i = 0 , (58) force extérieur aux extrémités du polymère, la chaı̂ne
s’équilibre par le développement d’une tension f ,
ce qui implique,
√ ∂F
R0 = a N (59) f= ,
∂R
la taille moyenne d’une chaı̂ne libre ou gaussienne, ou autrement dit f dR est le travail dF réalisé par le
est proportionnelle à la racine carrée du nombre de système pour changer sa longueur en dR:
monomères N . Cette loi est très différente de celle qui
décrirait un polymère étiré, puisque dans un tel cas on 3kB T R
f (N, R) = , (62)
aurait plutôt R0 ∝ aN , une taille proportionnelle à N . a2 N
0.9 où l’on a souligné la dépendance de la force sur le nombre
de monomères. La loi (62) rappelle celle de l’étirement
0.8 d’un ressort de constante k (loi de Hooke), dont la force
est aussi proportionnelle à l’étirement. On peut en
0.7
conséquence identifier le coefficient de l’équation (62) à
0.6 la constante d’élasticité
0.5 3kB T
k= .
f(R)
a2 N
0.4
On s’aperçoit que k est inversement proportionnelle à N ,
0.3 ce qui signifie que plu grand est le nombre de monomères
plus petite la constante d’élasticité: il suffit d’une faible
0.2
force pour produire une forte élongation de la chaı̂ne, le
0.1 polymère est donc fortement élastique. Ce simple fait ex-
R0 plique l’extraordinaire élasticité des matériaux à base de
0
0 0.5 1 1.5 2 2.5 3
longues molécules de polymères. Évidemment, cette loi
R n’est plus valable si R(f ) devient de l’ordre de la longueur
aN , d’une chaı̂ne fortement étirée, à ce moment là il y
FIG. 20 Distribution de probabilité de la taille d’une chaı̂ne
aura une saturation de la relation force-élongation.
gaussienne 4πR2 f (R). La taille caractéristique R0 = aN 1/2
correspond à l’écart type.
Lp = a/| ln(cos θ0 )| .
0.1
(a) (b)
FIG. 22 Polymères simples formés d’une suite de monomères identiques: (a) polyéthylène CH3 -(CH2 )n -CH3 , et (b) leucine (Leu)n .
La surface autour représente le potentiel électrostatique de la molécule. Il s’agit de deux composées hydrophobes. La succession de
monomères se fait à des angles de valence qui réduisent les interactions stériques.
1.5
est parcouru dans le sens qui va de la source chaude
vers la source froide).
b. Forces
0
0 0.5 1 1.5 2 2.5
L/Lp
1. Calculer l’énergie d’interaction coulombienne de
deux ions Cl− et Na+ en contact, sachant que le
FIG. 23 Effet de la longueur de persistance Lp sur la taille R0
d’un polymère. Pour L Lp le polymère se comporte comme
rayon ionique est r = 0.276nm. Comparer cette
une chaı̂ne gaussienne (droite hachurée). énergie à l’énergie thermique.
b. Exercice 5: 1. Questions
Le coefficient de proportionnalité α est appelé la polaris- 3. La plus courte distance (instantanée) entre le pro-
abilité de la molécule. ton et l’électron d’un atome d’hydrogène est le
La polarisabilité d’une molécule est liée à la modi- rayon de Bohr:
fication de la distribution des charges électriques sous
l’action d’un champ électrique. On peut la décomposer a0 = e2 /2(4π0 )~ω = 0.053 nm ,
en trois composantes : la polarisation d’orientation qui
met en jeu la réorganisation moléculaire, la polarisation calculer le moment dipolaire instantané de H.
de librations qui met en jeu l’orientation des liaisons co- L’énergie ~ω = I est ici, l’énergie d’ionisation
valentes et la polarisation électronique qui met en jeu la de l’atome. C’est ce moment dipolaire instantané
modification du nuage électronique. (quantique) qui est à l’origine des forces de disper-
sion.
2. Interaction entre deux dipôles permanents représentation statistique est pertinente lorsque l’énergie
d’interaction U est du même ordre de grandeur que
l’énergie thermique kB T .
molécule 1 molécule 2
y a. Exercice 2:
Lorsque l’on moyenne l’expression obtenue dans 2. Si l’on augmente la température l’ADN passe de
l’exercice 3 sur tous les angles θ1 possibles, on obtient son état natif vers un état dénaturé, dans lequel
l’expression du terme de Debye des forces de van der les doubles brins des hélices sont rompus. Mon-
Waals. trez, à l’aide d’un dessin, le comportement de la
taille d’un segment de la molécule en fonction de la
u21 α température.
U (r) = −
(4π0 r3 )2
3. Le processus de renaturation de l’ADN est un pro-
On constate que ce terme varie également en 1/r6 . cessus cinétique d’ordre deux, dont la constante de
vitesse est k2 . La vitesse de diminution de c est
proportionnelle au carré de la concentration c des
6. Terme de London brins simples. Calculez c = c(t) en sachant que
c(0) = c0 et faites un graphe de c(t)/c0 . (Aide:
dx/x2 = −1/x).
R
Le terme de London des forces de van der Waals a
une origine quantique. Il exprime l’interaction entre
deux molécules apolaires mais polarisables. On peut s’en
faire une idée en considérant qu’une molécule apolaire b. Polymère idéal, chaı̂ne de Gauss
possède un moment dipolaire moyen nul mais que, du
fait des fluctuations quantiques du nuage électronique, 1. L’énergie libre d’un polymère de Gauss est
elle possède un moment dipolaire instantané non nul.
3R2
Si la molécule 1 possède un moment dipolaire instan- F (R)/kB T = .
tané et que la molécule 2 est polarisable, on retrouve 2a2 N
un cas similaire à l’interaction molécule polaire/molécule Discutez la relation force-extension f (R) =
polarisable. L’expression du terme de London est dF/dR = −fex (fex est la force extérieure qui main-
tient la chaı̂ne étirée) en la comparant à la loi de
3 α1 α2 I1 I2
U (r) = − , Hooke de l’élasticité (Rappel: la tension f d’un
3 2
2 (4πε0 r ) I1 + I2 ressort soumis à une force fex est proportionnelle
à son extension x f = −fex = kx, où k est la con-
avec α1 et α2 les polarisabilités des molécules 1 et 2 et
stante du ressort, loi de Hooke).
I1 , I2 l’énergie d’ionisation des molécules.
2. La longueur caractéristique d’une chaı̂ne de Gauss
est proportionnelle à la racine du nombre de
7. Forces de van der Waals monomères R0 ∼ N 1/2 . Cette loi néglige les ef-
fets de volume exclu, une chaı̂ne de Gauss peut
Les forces de van der Waals se composent de la somme se recouper elle même, ce qui est impossible. Si
des termes de Keesom, Debye et London. En général l’on tient compte des interactions de répulsion des
et contrairement à l’intuition, le terme de London est monomères quand ils sont très proches, l’énergie
prépondérant. Le tableau suivant donne une mesure libre dévient:
de l’importance de chacun des termes pour quelques
molécules courantes. On voit que l’eau est un liquide 3R2 BN 2
F (R)/kB T = +
extraordinaire. 2a2 N R3
où B est le coefficient qui décrit la répulsion en-
tre monomères. Démontrez qu’à l’état d’équilibre
APPENDIX C: TD3: Flexibilité de Macromolécules
(minimum de l’énergie libre), la longueur de la
chaı̂ne est proportionnelle à
On étudie les caractéristiques géométriques des macro-
molécules. On introduit le modèle aléatoire de Gauss R ∼ N 3/5 .
pour une chaı̂ne souple, et un autre modèle pour car-
actériser la flexion des chaı̂nes semi-rigides. Discutez le résultat (vous pouvez supposer que
B/a3 ≈ 1).
1. Questions
2. Géométrie d’une macromolécule
a. Stabilité de l’ADN
On considère une macromolécule comme étant une
1. Expliquez la stabilité de la double hélice de l’ADN suite de N segments (atomes de carbone dans
en utilisant des arguments sur les interactions un polymère, acides aminés d’une protéine, ou les
faibles (rôle des liaisons hydrogène, rôle des charges nucléotides des acides nucléiques). Ces segments,
négatives des groupes phosphates). numérotés par i = 1, . . . , N , comme dans la figure sont
31
repérés par une suite de vecteurs Ii , de telle sorte que la Une amélioration possible du modèle de Gauss est de
distance entre les deux extrémités de la macromolécule donner une probabilité nulle aux intersections, pour ne
est garder que les conformations pour lesquelles la macro-
molécule se “auto-évite”.
N
X
R= Ii . (C1)
i=1 4. Flexion des macromolécules
On suppose que longueur a de tous les segments est iden-
tique (on a par définition a2 = Ii · Ii ). Pour beaucoup de macromolécules les angles θ et φ
ne peuvent pas prendre toutes les orientations mais sont
confinés à des intervalles plus ou moins étroits selon la
a. Exercice 1: nature de liaisons de valence. L’angle θ décrit le cône
de valence autour de l’axe du segment, et on peut le
Si l’on suppose pour simplifier, que la molécule est con- considérer comme étant fixe. L’angle φ donne la rotation
tenue dans un plan, montrer que le carré de la distance R2 du segment par rapport au précédent dans ce cône de
peut s’écrire comme valence, et peut par conséquent prendre n’importe quelle
valeur dans l’intervalle [0, 2π].
X X
|R|2 = N a2 + 2a2 Ii · Ij = N a2 + 2a2 cos(φi − φj ) ,
i<j i<j
a. Exercice 3:
(C2)
où φi est l’angle polaire du segment i.
Dans le cas général d’une molécule dans l’espace à On considère une macromolécule dont l’angle de valence
trois dimensions on introduit les coordonnées sphériques θ est le même pour tous les monomères. Si on appelle
I = (a, θ, φ), où la pair d’angles (θ, φ) décrit toutes les x = cos θ, montrer que la projection R de R sur la direction
orientations du vecteur I dans l’espace. Dans ce cas, la de la droite qui joigne le premier avec le dernier segment est:
distance bout à bout de la chaı̂ne s’écrit:
X 1 − xN
|R|2 = N a2 +2a2
cos θi cos θj +cos(φi −φj ) sin θi sin θj , R=a . (C5)
1−x
i<j
(C3) (On choisit θ0 = 0 dans cette même direction.) R
le cas plan se retrouve en posant θ = π/2. représente la moyenne statistique de la longueur bout à bout
du polymère.
On s’intéresse à la limite où θ est petit et le nombre
3. La chaı̂ne aléatoire de segments N est grand (limite continue). La longueur
totale de la macromolécule L = N a reste finie, c’est-à-
Le modèle le plus simple de la conformation d’une dire que dans cette limite on doit avoir a ≈ L/N → 0.
macromolécule est de considérer que chaque segment La longueur de persistance Lp définie par:
dans la chaı̂ne possède une orientation aléatoire. Ce
modèle décrit, comme une première approximation, l’état 2a
Lp = lim
initial d’une protéine avant son repliement, ou l’état N →∞ θ2
dénaturé des brins d’ADN.
est finie√ pourvu que θ2 ≈ 2a/Lp ≈ 2L/N Lp , et donc
θ ∼ 1/ N . Dans cette approximation on suppose une
a. Exercice 2: courbure continue et constante de la macromolécule.
p
Montrer que la taille typique, définie par R0 ≡ h|R|2 i,
d’une chaı̂ne polymère dont les orientations de différents b. Exercice 4:
monomères sont indépendantes et aléatoires est:
Montrer que l’on peut remplacer xN ≈ (1 − θ2 /2)N par
R0 = aN 1/2 , (C4) exp(−N θ2 /2). Montrer ensuite que dans cette approxima-
tion, la longueur moyenne de la chaı̂ne est donnée par
où les crochets h· · · i représentent une moyenne sur toutes
hRi = Lp 1 − e−L/Lp .
les orientations possibles. (C6)
Le modèle aléatoire ou de Gauss décrit donc les
chaı̂nes souples où chaque monomère peut tourner libre- Étudier les limites L Lp et L Lp .
ment. Une limitation évidente de ce modèle est qu’il On peut vérifier que le résultat de l’exercise C.4.b peut
n’empêche pas les intersections: la chaı̂ne polymère peut, être facilement obtenu si l’on introduit la longueur de
en principe, se couper elle même. Cette limitation vient persistence comme étant la longueur de décorrélation des
du fait d’avoir négligé les interactions entre monomères. angles. Soit s = |k − i|a la distance le long de la chaine
32
entre deux monomères i et k, et θ(s) l’angle entre ces ADN - double hélice
deux monomères, on définit la longueur de persistence
comme
lim (1 − x/N )N = e−x . 3. Faı̂tes une estimation des effets de volume exclu
N →∞
sur la longueur de l’ADN (N = 200, 2000). Posez
Série géométrique: B = (1.3a)3 .
référence H = hhhhh · · · (N segments); dans le cas où 3. Modèles de changement de structure de biopolymères
tous les monomères sont dans l’état d, la macromolécule
D = ddddd · · · est dénaturée. a. Transconformation en un seul pas
Le passage d’un état à l’autre D ↔ H se caractérise
par la constante d’équilibre chimique K = [H]/[D], elle Un forme possible de passage de l’état chaı̂ne à l’état
représente la probabilité de trouver une macromolécule hélice (ou vice versa) est que celui-ci se déroule spon-
dans l’état H par rapport à la probabilité de la trouver tanément sur tous les éléments de la macromolécule.
dans l’état D:
∆G0
K = exp − , (D1) b. Exercice 2:
RT
Considérez une macromolécule formée par N monomères,
où ∆G0 est la variation d’enthalpie libre du passage de
qui passe de l’état D = ddd · · · d (N termes), à l’état H =
D → H. On désigne par s la probabilité de passage d’un
hhh · · · h en un seul pas. Calculez K en fonction de s.
monomère de l’état d à l’état h; s = [h]/[d] peut aussi
Calculez la fraction de molécules θ dans l’état H.
être interprétée comme étant la constante d’équilibre du
passage entre deux états de la macromolécule qui ne
diffèrent que par l’état d’un seul monomère (que l’on
désigne comme un microétat): c. Transconformation aléatoire
∆G0dh
On peut imaginer qu’à un moment donné
s = exp − , (D2) n’importe quel monomère peut basculer vers l’état
RT
h, indépendamment des autres, et tous avec la même
où ∆G0dh est la variation d’enthalpie libre de la transition probabilité s. A chaque pas n la fraction de h s’accroı̂t,
d → h. de telle sorte que au pas n on trouve n monomères dans
La transformation de la chaı̂ne en hélice s’effectue l’état h.
généralement en plusieurs étapes, chacune ayant un nom-
bre croissant de monomères h. Le poids statistique ωn
d’un microétat d’équilibre ayant n monomères h est: d. Exercice 3:
n∆G0dh
ωn = exp − = sn , (D3) On considère le modèle aléatoire de la transition chaı̂ne-
RT hélice d’une biomolécule de N résidus. Calculez le nombre
d’états différents ayant n monomères h sur les N de la
parce que la somme d’enthalpies libres correspond au macromolécule. Calculez le poids statistique du pas n et la
produit des constantes d’équilibre. Le nombre de mi- fonction de partition. Montrez que la fraction de molécules
croétats avec n segments h et de même énergie, est la en hélice est
“dégénérescence” gn de ce microétat. Le produit gn ωn
donne donc la probabilité pn de l’état à une constante s
θ=
de normalisation près: pn = gn ωn /Z. La constante de 1+s
normalisation Z est la fonction de partition,
N N
n∆G0
X X
Z= gn exp − =1+ gn sn , (D4)
n=0
RT n=1 e. Transconformation séquentielle
elle est une mesure de la répartition de l’énergie sur Le modèle aléatoire prédit un taux de conversion
les différents états du système. Sa connaissance permet chaı̂ne hélice qui est très loin des valeurs observées.
également de calculer les propriétés thermodynamiques Sa faiblesse réside dans le fait que les transitions ne
du système. s’effectuent pas au hasard, mais plutôt suivant une
séquence. En effet, une fois qu’un monomère se trans-
forme, le changement de son voisin est largement fa-
a. Exercice 1: cilité. Une fois que le premier monomère bascule (étape
de nucléation), il est suivi des autres monomères voisins
Montrer que la fraction θ de monomères dans l’état (étapes de propagation). L’étape de nucléation deman-
d’hélice h, peut s’écrire comme dant d’avantage d’énergie que les étapes de propagation,
on introduit un paramètre de nucléation σ 1, tel que
s ∂Z
Nθ = (D5) σs est la constante de micro-équilibre associée à cette
Z ∂s première transformation. Les pas suivants ont tous la
même constante s.
34
Souvent, dans le cas où la molécule réceptrice où N est le nombre maximum de monomères dans le
possède plusieurs sites de fixation, l’association d’une polymère. Le degré moyen de polymérisation est défini
molécule sur un site ne se fait pas indépendamment des par
autres sites. En effet, généralement la fixation d’une PN
molécule (par exemple un O2 sur un de quatre sites de i ci
N θ = hii = Pi=0
N
, (E9)
l’hémoglobine) s’accompagne d’un changement de con- i=0 ci
formation qui modifie les conditions de réception de la
molécule suivante.
a. Exercice 4:
Nθ (E12) sont
8 dM0
= −ν+ M0 + ν− R0 (E13)
dt
6 dR0
= ν+ M0 − ν− R0 + k− R1 − 2k+ R0 s (E14)
dt
4 dR1
= −k− R1 + 2k+ R0 s + 2k− R2 − k+ R1 s(E15)
dt
2 dR2
= −2k− R2 + k+ R1 s (E16)
dt
ds
0.5 1 1.5 2 2.5 3 = −2k+ R0 s + k− R1 + 2k− R2 − k+ R1 s(E17)
c dt
(b) Montrer par un argument simple que la frac- Les bicouches ne sont pas les seules formes
tion de résidus à l’état “hélice” θ = θ(T ) d’organisation des lipides amphiphiles. La structure
(0 ≤ θ ≤ 1), s’écrit qu’ils adoptent en solution aqueuse sont très diverses, on
peut notamment distinguer les formes sphériques (comme
σsN0 les micelles), cylindriques (liposomes), ou en vésicules
θ= . (F3)
1 + σsN0 (bicouches). L’organisation sous une forme particulière
dépend entre autres facteurs, de la géométrie même des
d ∆G
(c) En utilisant (F2) et la formule dT T = molécules.
− ∆H
T 2 , montrer la formule de van t’Hoff
d ln s ∆H a. Exercice 1:
= . (F4)
dT RT 2
Le nombre de molécules dans une structure donnée est
(d) Les mesures expérimentales montrent que la de l’ordre du volume de la structure par rapport au volume
largeur δ en température de la transition est d’une molécule de lipide, v;
donnée par l
dθ
δ= = −0.18 K−1 , (F5)
dT θ=1/2
p0 Phase 0 ln
pv
p0
=
2vl σ
RT r
, ou pv = p0 e2vl σ/RT r , (F10)
p1 − p0 = 2σ/r , (F7)
c. Exercice 3:
on suppose que le volume total du système est constant,
ce qui implique dV1 = −dV0 . Même question pour une Déterminer le maximum de ∆F (r), et montrer qu’il cor-
bulle (cavité sphérique) au sein d’un liquide et pour une respond à la relation de Kelvin. Calculer le rayon critique du
bulle dans l’air. Application numérique: tension superficielle germe de nucléation (le rayon pour lequel l’énergie libre est
de l’interface eau–air σ =72.75 mN/m, rayons de la cavité maximale), pour le rapport pv /p0 = 4.2, σ = 70 mN/m et
r =1 et 10−2 µm, calculez la différence de pressions. T = 273 K. (Le volume molaire de l’eau est 18 10−6 m3 .)
La formule (F7) est la loi de Laplace de la tension Un processus de nucléation spontanée se produit quand
superficielle, elle relie le saut de pression à la courbure on augmente lentement la concentration de lipides (à
de l’interface. chaı̂ne unique relativement courte, comme pour les
détergents), au-dessus d’une concentration critique on
observe la formation de micelles: agrégat sphérique des
b. Pression de vapeur et nucléation
molécules, avec les têtes hydrophiles tapissant la surface,
et les chaı̂nes hydrophobes à l’intérieur. L’enthalpie de
L’équation de Laplace avec la condition d’égalité µ1 =
formation des micelles est positive (de l’ordre de 1 à 2 kJ
µ0 des potentiels chimiques des phases 1 et 0, décrit un
par mole de surfactant). On observe simultanément une
état d’équilibre. Une perturbation de cet équilibre satis-
augmentation de l’entropie (de l’ordre de 80 JK−1 ), ceci
fait:
malgré la condensation des molécule dans une structure
2σ plus ordonnée. Ce phénomène montre que le solvent joue
dp1 − dp0 = d , dµ1 = dµ0 . (F8)
r un rôle important dans la formation des micelles, et est
une caractéristique des interactions hydrophobes.
Si le processus se fait à température constante, en util-
isant la relation de Gibbs-Duhem, on démontre que
v1 dp1 = v0 dp0 (v1 , v0 sont des volumes molaires), d’où d. Exercice 4:
l’on déduit:
2σ v0 − v1 v0 − v1 Formation d’un pore circulaire de rayon r sur une mem-
d = dp0 = dp1 . (F9) brane (voir la figure 27). Avant la fusion de deux vésicules
r v1 v0
il est nécessaire qu’un pore apparaisse sur la surface mem-
Si la phase 1 représente un liquide “l” et la phase 0 sa branaire. La formation du pore est accompagnée d’une part,
vapeur “v”, on a v1 v0 ≈ RT /p0 et, après intégration par une diminution de la surface a, et donc de l’énergie
40
• Concentration: c = moles de soluté/volume de so- En présence d’un champ de force extérieur (comme la
lution; pesanteur) le potentiel chimique total est la somme du
potentiel chimique de la substance plus l’énergie poten-
• Fraction molaire: X = moles de soluté/moles de tielle du champ extérieur. Par exemple pour une sub-
solution; stance pure en équilibre avec la gravité on a
• Flux: J = moles/(temps et surface), nombre de
particules qui traversent par unité de temps l’unité dµ + M g dz = 0 . (F12)
de surface;
Ici µ est le potentiel chimique, M est la masse molaire
• Loi de Fick: le flux de masse est proportionnel au de la substance, g l’accélération de la gravité et z la co-
gradient de concentration, J = −D dc/dx, avec ordonnée verticale. La variation du potentiel chimique
D = bRT le coefficient de diffusion en unités de total µ + M gz s’annule à l’équilibre. Comme pour une
longueur2 /temps, et b la “mobilité” (par mole) des substance pure on a dµ = vdP (v est le volume molaire,
particules qui diffusent; et P la pression), on obtient:
• Loi de Darcy: le flux de masse au travers d’un mi- P = −ρgz + const. , (F13)
lieux poreux, ou d’une membrane, est proportion-
nel au gradient de pression, J = −κ dp/dx (κ c’est où ρ = M/v est la densité, supposée ici une constante.
la perméabilité hydraulique); La constante additive est la pression à z = 0 (la pression
de l’atmosphère, par exemple).
• Pression osmotique: π = RT cS (loi de van’t Hoff),
avec cS la concentration de soluté;
• Flux osmotique: J = −κ d(p − π)/dx; à l’équilibre b. Exercice 5:
hydraulique p = const. on a J = κ dπ/dx;
On considère une solution diluée dans le champ de la pe-
• Potentiel chimique d’une solution aqueuse: µA i = santeur. Comme la pression est une fonction de la hauteur,
µA0
i + RT ln X A
i + π A
vi , pour le soluté i dans le la concentration du soluté sera aussi une fonction de la hau-
compartiment A, et avec vi le volume partiel de i. teur c = c(z). Déterminer la distribution de concentration
41
Un système peut être mis hors équilibre par la présence • Établir les conditions d’équilibre en présence de la
d’une membrane perméable au solvant mais imperméable gravité et d’une pression extérieure constante (la
au soluté (membrane hémiperméable). Les différences pression atmosphérique). Déduire une expression
de concentration de deux côtés de la membrane vont fa- pour la pression osmotique π. Faire une estimation
voriser le flux du solvant à travers la membrane. numérique de π.
42
Si la membrane qui sépare deux électrolytes, comme La membrane cellulaire est bien plus perméable aux
dans la figure 30, laisse passer certains solutés ioniques ions (transport actif) qu’aux macromolécules. Si dans
mais est imperméable à d’autres, une différence de po- le cytoplasme se trouvent des macromolécules chargées
tentiel s’établit entre les deux côtés de la membrane. (polyélectrolytes) des flux de concentration des ions vont
apparaı̂tre. L’état stationnaire qui s’établit est car-
actérisé par un potentiel de membrane et une pression
a. Exercice 9: osmotique. Cet état est l’équilibre de Donnan.
Soit une membrane séparant deux solutions d’un sel
Déduire le potentiel de Nernst à partir de l’équilibre des complètement dissocié, dans le compartiment intérieur
flux électrique et de masse. Faire une estimation numérique se trouve un polyélectrolyte chargé négativement de con-
du potentiel de membrane. centration cP , voir la figure 31. En négligeant les effets
On étudie le potentiel de membrane dû à la différence non idéaux des solutions, l’égalité des potentiels chim-
de concentration d’ions entre le milieu intérieur et le mi- iques d’ions positifs s’écrit:
lieux extérieur. RT cB v+
A
∆ψ+ = ψ+ B
− ψ+ = ln + + π (F23)
F cA
+ F
b. Exercice 10: on a une équation similaire pour les potentiels chimiques
d’ions négatifs; ici v+ est le volume molaire (d’équilibre)
Une membrane possède une perméabilité 50 fois d’ions plus, et π la pression osmotique. En additionnant
supérieure au chlore (−) qu’au sodium (+) (les mobilités les contributions d’ions positifs et négatifs on obtient:
satisfont b− = 50b+ ). Calculer la différence de poten- vπ
tiel si la concentration de sel (complètement dissocié) dans cB B A A
+ c− = c+ c− exp (F24)
le compartiment intérieur est c0 et celle du compartiment RT
extérieur est c1 . (Considérez les flux diffusif et électrique ou v = v− + v+ est le volume d’une mole de sel (à
pour chaque ion et écrivez l’équation de bilan J− = J+ .) l’équilibre). Le facteur exponentiel est souvent de l’ordre
Application numérique: c0 = 150 et c1 = 10 (en mol/m3 ), de l’unité, dans ce cas on a simplement
calculer les potentiels du sodium et du chlore et les comparer
à celui de l’équilibre. Quelle conclusion en tirez vous? cB B A A
+ c− = c+ c− . (F25)
Si à cette condition on ajoute la condition de neutralité
dans chaque compartiment:
+
cB B
+ = c− , cA A
+ = c− + cP (F26)
- + -
on aboutit à l’équation d’équilibre de Donnan,
Na Cl +
- 2
- - cB A A
− = c− (c− + cP ) . (F27)
+
+ - -
+
+ -
+
d. Exercice 11:
P- ( )
+
-
+ -
On considère une membrane qui sépare deux solutions de
- NaCl complètement dissocié. Du côté intérieur A il y a aussi
+
-
un polyélectrolyte chargé négativement, et dont la concen-
+ tration est bien plus grande que celle des ions extracellulaires
+
+
(compartiment B, que nous supposons assez grand pour que
- Na Cl
- la concentration du sel y reste invariable). Faire une estima-
tion numérique des concentrations, à l’état stationnaire, de
Na+ et Cl − , pour cB− = 10
−2
mol et cP = 1 mol. Déduire la
valeur du potentiel électrique du Cl − (on néglige la pression
FIG. 31 Schéma d’une membrane qui sépare deux électrolytes, osmotique).
le milieu intérieur comporte outre le sel dilué une macromolécule
chargée (un polyélectrolyte). Des flux de concentration vont ap-
paraı̂tre jusqu’à l’établissement d’un état stationnaire. L’état e. Exercice 12:
final, l’équilibre de Donnan, est caractérisé par la neutralité
électrique de deux côtés de la membrane, par une pression os- On s’intéresse au transport à travers une membrane en
motique, et enfin par une différence de potentiel électrique.
présence de polyélectrolytes: équilibre de Donnan. La mem-
brane dialysante sépare deux milieux, l’un contient une
44
protéine, que l’on suppose pour le moment non dissociée, Le flux d’ions à travers la membrane résulte de la
de concentration cP , l’autre de l’eau pure. Quelle est la diffusion, due à la différence de concentrations c entre
pression osmotique? l’extérieur et l’intérieur de la cellule, et du potentiel
électrique ψ, dû à la différence de charge:
f. Exercice 13: dc zF c dψ
J = −D − D . (F28)
dx RT dx
On considère maintenant le cas d’une protéine dis-
Si on suppose que le potentiel varie linéairement dans la
sociée en un polyélectrolyte de charge −ze et de con-
membrane, on obtient:
centration cP , plus des cations de concentration c+ . Le
deuxième compartiment est toujours rempli d’eau pure. On zF ∆ψ
zF ∆ψ cB − cA exp RT
néglige la diffusion du cation parce que, même si la mem- J =P . (F29)
1 − exp zFRT
∆ψ
brane est perméable au cation, cette diffusion créerait une RT
différence de charge entre les deux compartiments, et la
faible différence de potentiel suffirait à annuler les flux Le flux net d’ions est nul à l’état stationnaire, ce qui
transmembranaires. En utilisant la condition de neutralité implique un potentiel de membrane
électrique, calculer la pression osmotique. P B B
RT P c
∆ψ = ln Pi iA iA , (F30)
F i Pi ci
g. Pompes ioniques et transport actif
équation de Goldman.
La diffusion passive ne peut rendre compte du poten-
tiel de membrane et des concentrations d’ions observés
dans les cellules. La faible perméabilité des bicouches li- h. Exercice 14:
pidiques vis à vis des ions est compensée par les pompes
ioniques qui contrôlent (transport actif) les flux d’ions et Une pompe électrogène fait sortir n ions sodium Na+
permettent l’établissement d’un état hors équilibre avec pour chaque ion potassium K+ entrant dans la cellule.
un potentiel électrique (voir la figure 32).
1. Écrire les flux diffusifs J D des ions, dus aux gradients
de concentration et de potentiel. Justifiez.
Milieu intérieur
2. En utilisant le fait que les flux actifs de pompe J P
P P
satisfont JNa = −n JK , montrer que la condition
Protéines (ATPase) d’équilibre (flux total, diffusif et de pompe, nul) im-
D D
plique que les flux diffusifs satisfont n JK + JNa = 0.
5. Calculer le potentiel de membrane pour les rap- Michaelis, est telle que J∞ /Km donne la perméabilité
ports des perméabilités et des concentrations suivants: effective (pour S → 0, J∞ /Km est la pente de la courbe
PNa /nPK = 1/30, ceK /ciK = 0.1, ceNa /ciK = 1. et J = J(S)). Quand Km = S le flux vaux la moitié du flux
ciNa /ciK = 0.1. Comparer le résultat au potentiel de maximal J = J∞ /2.
Nernst du potassium. La formule (F33) décrit, en termes de réaction en-
zymatique, la formation du “complexe” ST soluté-
6. Que se passe-t-il si brusquement le rapport des transporteur à partir du soluté S et du transporteur T.
perméabilités devient PNa /nPK = 30, avec les rap- Une fois le complexe formé, un changement de conforma-
ports des concentrations demeurant inchangés? Com- tion du transporteur permet de traverser la membrane,
parer le résultat au potentiel de Nernst du sodium. pour enfin donner un produit, le soluté dans le milieux
Discuter. extérieur. L’ensemble du processus est représenté dans
la figure 33.
i. Exercice 15:
L’activité d’une enzyme est contrôlée par les “inhibi- Comme dans l’Exercice F.6.e précédent, calculer la vitesse
teurs”, des molécules qui, en se fixant sur l’enzyme, mod- de réaction
ifient leur capacité à réagir avec le substrat. Cette inhibi- Vmax [S]
tion peut être compétitive, quand l’inhibiteur empêche la V = , (F38)
fixation du substrat, ou non compétitive, quand il modifie Km (1 + [I]/KI ) + (1 + [I]/KI0 )[S]
la vitesse de réaction de l’enzyme. et faire le diagramme de deux inverses. Discuter les cas
KI = KI0 et KI 6= KI0 .
d. Inhibition compétitive
h. Formules du flux de transport facilité
Une enzyme E réagit avec un substrat S pour donner
un produit P par une réaction du type: Dans le cas général on doit tenir compte de constantes
k+ k de vitesse de translocation du site de fixation du trans-
porteur dans son état libre ou complexé, ainsi que de
E + S ES → E + P , (F34)
la différence qui peut exister entre les constantes de
k− Michaelis de dissociation du complexe sur les faces in-
où k± et k sont les vitesses de réaction; l’inhibiteur I peut ternes et externes de la membrane. La notation est ex-
remplacer le substrat et se fixer sur l’enzyme pliquée sur la figure 34.
ν+
E + I EI , (F35)
ν−
avec ν± les vitesses de la réaction, mais en ne donnant
pas un produit P.
e. Exercice 17:
KI KI0 V Tt k4 (k1 K1 + k3 S1 )
E + I ↔ EI , ES + I ↔ ESI , (F37) J0 = ,
A (k1 + k4 )K0 + (k3 + k4 )S1
où KI et KI0 sont les constantes d’équilibre de dissocia- (k1 + k2 )K0 K1 + (k1 + k4 )K1 S0
Km1 = ,
tion. (k2 + k3 )K0 + (k3 + k4 )S0
47
8. Dynamique moléculaire. Calcul du canal ionique [1] Bruce Alberts, Dennis Bray, Julien Lewis, Martin
de transport du potassium. Raff, Keith Roberts, and James D. Watson. Biologie
Moléculaire de la Cellule. Médecine-Science. Flammarion,
9. STING. Calcul du diagramme de Ramachandran à Paris, troisième edition, 1995.
partir des données du Protein Data Bank. [2] Reginald H. Garrett and Charles M. Grisham. Biochimie.
DeBoeck Université, Paris, seconde edition, 2000.
(1) http://gened.emc.maricopa.edu/bio/bio181/BIOBK/BioBookTOC.html [3] Alain Gerschel. Liaisons Intermoléculaires. InterÉditions,
(2) http://perch.cimr.cam.ac.uk/Course/other.html Paris, 1995.
(3) http://bmbiris.bmb.uga.edu/wampler/tutorial/prot0.html [4] Jacob N. Israelachvili. Intermolecular and surface forces.
(4) http://www.cytochemistry.net/Cell-biology/membrane intro.htm Academic Press, London, second edition, 1992.
(5) http://esg-www.mit.edu:8001/esgbio/7001main.html
[5] Jan Koolman and Klaus-Heinrich Röhm. Atlas de Poche
(6) http://www.rcsb.org/pdb/molecules/pdb18 1.html
de Biochimie. Médecine-Sciences. Flamarion, Paris, sec-
onde edition, 1999.
(7) http://www.ultranet.com/ jkimball/BiologyPages/W/Welcome.html
[6] Kensal E. van Holde, W. Curtis Johnson, and P. Sing Ho.
(8) http://biop.ox.ac.uk/www/lj2000/sansom/sansom.html
Principles of Physical Biochemistry. Prentice Hall, New
(9) http://www.cbi.cnptia.embrapa.br/SMS/STINGm/index.html
Jersey, 1998.
Index
48
49
concentration, 7 unités, 2
diluées, 7 Debye, 3
état d’équilibre, 7 masse atomique, 3
fraction molaire, 7
nombre de moles, 7
potentiel chimique, 7 van der Waals
équation d’état, 4
température, 5 van’t Hoff, 7