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N O T I O N DE M E T A L L O G E N I E

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INTRODUCTION

Depuis les temps immémoriaux, l’homme n’a cessé d’utiliser davantage les matières minérales pour la
satisfaction de ses besoins et l’amélioration de son mode de vie. Ces matières minérales sont toujours
extraites, soit par méthodes traditionnelles (cas du silex des primitifs, de l’or par nos ancêtres, etc..),
soit par méthodes technologiques avancées (cas du plutonium de l’uranium, de l’europium des
carbonatites, etc..) de certaines formations dans lesquelles elles étaient concentrées.

Au départ une petite quantité d’éléments chimiques était utilisées en raison des besoins limités de
l’humanité d’une part, et du faible niveau scientifique et technologique de l’homme, d’autre part. Avec
l’augmentation rapide de la population du monde, combinée avec l’amélioration du standard de vie
de l’homme à travers le monde et l’évolution des connaissances scientifiques et technologiques,
beaucoup d’éléments furent découverts et diversement utilisés. Aujourd’hui tous les éléments du
tableau de Mendelev sont utilisés dans le cadre de la satisfaction des besoins de l’humanité.

Face à l’accroissement sans cesse des besoins de l’homme, la nécessité de découvrir un grand nombre
de concentrations minérales économiques et de perfectionner leur technique d’exploitation s’impose.
Ainsi naissent de nouvelles disciplines géologiques dont la gîtologie et la métallogénie.

La gîtologie est l’étude du gîte minéral et surtout de son milieu géologique. Elle présente surtout un
aspect descriptif avec la recherche de relations spatiales entre les concentrations minérales et le
contexte géologique. Les moyens d’approche sont naturalistes (observations), avec recherches des
métallotectes ou des relations spatiales entre la concentration minérale et le contexte géologique.

La métallogénie selon le dictionnaire de géologie est la science qui s’occupe de l’analyse des
paragenèses minérales, leurs successions et leurs évolutions chronologiques en liaison avec l’histoire
géologique des secteurs où sont situées les concentrations minérales exploitables. Ainsi la
métallogénie se définit étymologiquement comme la science qui étudie la genèse des minerais et des
gisements de minéraux utiles exploitables. Les moyens d’approche sont essentiellement physico –
chimiques, accessoirement naturalistes avec la recherche de buts génétiques.

La géologie minière rejoint la notion de gîtologie, mais avec un but pratique notamment économique.
Ainsi, ses moyens d’approches sont en premier lieu gîtologiques puis métallogéniques

L’objet de ces trois disciplines de la géologie est:

1. de préciser la localisation des concentrations des minéraux utiles;


2. de déterminer la relation des concentrations minérales avec le contexte géologique;
3. de déterminer le processus d’évolution des gisements et leurs conditions d’exploitabilité;
4. de préconiser des techniques d’exploitation appropriées pour la recherche des gisements
similaires.

Se fondant sur la complexité de la composition de la Terre et la non observation des processus


impliqués dans les concentrations minérales, la métallogénie ne peut être une science exacte. Elle
s’appuie sur les disciplines classiques ou fondamentales: stratigraphie, altération, magmatisme,
tectonique, mathématique, physique, chimie supportées de nos jours par la technologie informatique.

L’étude des concentrations minérales se réalise à différentes échelles d’observations à l’aide de


moyens de perception divers: niveaux sensoriels et instrumentaux qui s’adaptent aux différents
niveaux d’organisation de la nature. Tout niveau d’organisation de la matière ne peut être analysé et

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compris qu’au moyen d’une approche méthodologique appropriée. «Nul ne peut penser utiliser le seul
œil humain pour analyser un réseau cristallin; de même personne ne songera dépouiller une structure
méga-tectonique aux rayons X. En géologie, cette adaptation de l’analyse aux dimensions des objets
étudiés conduit à distinguer cinq (5) échelles d’observations fondamentales correspondant à 5 niveaux
d’organisation essentiels de la matière, à savoir:

1. échelle de l’élément chimique: c’est à ce niveau que se situe la recherche des propriétés
intrinsèques des atomes, leurs particularités de comportement en fonction des milieux
physiques dans lesquels ils peuvent se trouver: solutions diluées, saumures chlorurées,
magmas,..;
2. échelle des minéraux: à ce niveau se situent l’analyse des structures cristallines et la démarche
de compréhension portant sur leur germination, leur croissance et leur stabilité en fonction de
divers facteurs d’action thermodynamique;
3. échelle des roches et des minéraux: à ce niveau il convient de décrire les associations
minéralogiques en termes d’espèce, de structures et de texture avant d’aborder la genèse et le
devenir dans l’écorce terrestre en perpétuelle évolution;
4. échelle des formations rocheuses ou du gisement: ici on doit définir les modes de gisement
régional et leur histoire géologique énoncée en terme de tectonique et de géochronologie
relative ou absolue;
5. échelle régionale ou de province métallogénique: à ce niveau on doit envisager la
géodynamique et particulariser les polarités géotectoniques: sédimentologie, volcanisme,
métamorphisme, tectonique, plutonisme et dans le cas de la province: la métallogénie.

OBJECTIFS DU COURS

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OBJECTIF GENERAL
Familiariser les étudiants avec les caractéristiques géologiques et les modes de formations des
principaux types de gîtes minéraux et en relation avec l’évolution des roches encaissantes

OBJECTIFS SPECIFIQUES
1. connaitre et être capable d’utiliser les méthodes géologiques et géochimiques dans l’étude des
gîtes minéraux

2. pouvoir identifier les divers types de gîtes à partir des caractéristiques géologiques et
géochimiques du gîte et de son environnement

3.être en mesure d’expliquer le processus géologique ayant formé les principaux types de gîtes

4. pouvoir faire l’analyse métallogénique d’une région.

CHAPITRE 1: RAPPEL DES NOTIONS PRELIMINAIRES

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Les notions de métallogénie et de gîtologie ne peuvent être bien comprises sans une tentative de
définition et d’éclaircissement des termes de minéraux utiles, minerais et gisements.

1.1. MINERAUX UTILES

Un minéral selon le dictionnaire de géologie est une espèce chimique homogène se présentant le plus
souvent sous solide. Les minéraux se classent suivant leurs caractères physiques et cristallographiques
en: éléments natifs, sulfures, oxydes, hydroxydes, halogénures (chlorures, fluorures, bromures, etc..),
carbonates, phosphates, sulfates et silicates, ces derniers sont les plus nombreux.
Les minéraux utiles sont des composés naturels pouvant être utilisés dans le circuit économique
national ou mondial, à l’état naturel ou après traitement.
Parmi les minéraux utiles on distingue:

- les minéraux métalliques,


- les minéraux non métalliques,
- les combustibles, et
- l’eau.

Dans beaucoup de milieux, les minéraux se rapportent aux minéraux métallifères ou porteurs de métal,
mais plusieurs minéraux non métalliques tels que les sulfures et fluorites sont inclus dans l’usage
moderne de ce terme. Les pierres de construction, les matériaux industriels tels que les abrasifs, les
argiles, les matériaux réfractaires, les agrégats légers et les sels sont aussi des minéraux, mais sont
séparément classifiés comme minéraux non métalliques, industriels et roches.

Tous les minéraux contenant un élément déterminé ne sont pas classés comme minerais; Exemple: la
plupart des silicates de fer comme la biotite (K (Mg, Fe)3 [Si3AlO10(OH,F)2] et la fayalite (Fe2SiO4) ne sont
pas exploités pour leur contenu en fer et donc ne sont pas des minerais métalliques tandis que
l’hématite (Fe2O3) et la magnétite ((Fe, Fe2)O4) le sont. Cependant tout minéral d’un métal précieux est
probablement un minerai métallique.

1.2. MINERAIS

Un minerai est un agrégat naturel (ou un ensemble rocheux) contenant un ou plusieurs minéraux utiles
qui, en un temps et en un endroit déterminé, peut être exploité, concentré et vendu avec profit.
Cependant l’utilisation du terme fait l’objet de nombre de définitions et de spécifications. Ainsi selon
les minéralogistes et pétrographes, le minerai est une roche particulière que l’on ne rencontre que très
rarement dans les roches banales. La pratique en métallogénie (ou en géologie minière) a limité
l’utilisation de ce terme comme un ensemble rocheux renfermant une teneur suffisante en substance
utile permettant son exploitation avec profit.
La notion de minerai est à la fois d’ordre chimique et d’ordre économique; elle est donc une notion
très mouvante selon les fluctuations économiques dans l’espace et dans le temps.
La plupart des minerais sont associés à des matériaux sans valeur appelés gangue et plusieurs minerais
de teneur (ou qualité) latérale ou vers le bas dans le protore – roche minéralisée qui s’appuie sur les
minerais métalliques pour rapporter un profit.

1.3. CONCENTRATIONS DE MINERAUX UTILES

Les termes de gîtes et gisements sont difficilement différenciés; leur usage conduit en général à
beaucoup d’abus et est surtout tributaire des auteurs.

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Les gîtes sont des formations de l’écorce terrestre contenant des concentrations minérales dont les
connaissances se situent essentiellement dans l’axe géologique avec délimitation des dimensions et
détermination de la quantité et de la qualité de ces concentrations. Cette notion de gîte ne fait pas
référence aux paramètres d’ingénierie et économiques.

Les gisements des minéraux utiles sont des gîtes comportant un ou plusieurs minéraux utiles
susceptibles d’être exploités avec profit. Ainsi à la notion de gisement est liée non seulement un aspect
géologique, géochimique, mais également un aspect économique.

Dans la pratique et chez les organismes de réglementation, les définitions des termes minerais et
gisements ont une connotation économique, ce qui réduit leur utilisation avant l’étude de faisabilité
et la décision positive d’exploitation.

En plus des termes gîte et gisement, il est nécessaire de définir en métallogénie les concepts: masse
minéralisée, gîte de minerai (ou gîte minéral, gîte de minéral métallique) et mineral occurrences (ou
ore mineral occurrences).

Masse minéralisée (orebody) indique (signifie) la distribution d’un volume spécifique de matériau(x)
ou matériel(s) quelconque(s) à partir duquel (desquels) un (des) minéral (aux) de valeur économique
peut (vent) être extrait(s) avec un profit raisonnable ou acceptable.

Aussi cela dépend de la localisation, du coût de l’énergie, du type et du degré de dilution, de la teneur
et du volume du minerai, de la profondeur du minerai dans la croûte terrestre et de plusieurs autres
variables.

Gîte de minerai (Mineral deposit) ne porte pas sur des implications nécessairement profitables, mais
habituellement signifie une masse minéralisée métallique sub - économique ou qui n’est pas
complètement évaluée.

Mineral occurrences ou Ore mineral occurrences sont des concentrations anomales de minerai
ordinaires dont la valeur économique n’a pas été déterminée.

1.4. FACTEURS CONDITIONNANT L’EXPLOITABILITE D’UN GISEMENT

Les facteurs agissant sur l’exploitabilité d’un gisement sont de deux (2) grandes catégories:

a. Facteurs naturels non modifiables: on y distingue quatre (4) facteurs principaux, à savoir:

• la teneur de coupure (ou teneur de rentabilité) est la teneur qui fournit le profit minimum
requis par la tonne extraite. A cette teneur de rentabilité est rattachée la teneur marginale qui
est la teneur à partir de laquelle la valeur de la tonne de minerai extraite est égale aux coûts
directs des opérations. Les coûts directs des opérations sont estimés: 1.soit à partir des études
de faisabilité basées sur les méthodes d’estimation des réserves; 2.soit par comparaison avec les
coûts constatés sur les chantiers miniers localisés dans les conditions similaires.
La teneur de coupure économique est dépendante du prix de la substance utile, des conditions
économiques mondiales et nationales, des caractéristiques du minerai, du tonnage et de la
localisation du gisement.

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• le tonnage ou les réserves: Le tonnage se définit par la quantité de minerai disponible
susceptible d’être exploitée. Le terme réserve s’applique à des zones minéralisées pour
lesquelles sont disponibles des connaissances suffisantes dans les axes de la géologie, de
l’ingénierie et de l’économie permettant d’établir la faisabilité d’exploitation et la rentabilité.
Ainsi la notion de tonnage influe fortement sur la teneur de coupure économique. Il est à
signaler que la teneur limite d’exploitabilité varie fortement ou en fonction du tonnage
disponible.

• la teneur et la composition du minerai: La présence de certains éléments pénalisent


l’exploitabilité des gisements alors qu’en revanche celle d’autres éléments revalorisent
l’exploitabilité des gisements
Exemples d’effets pénalisants: présence de phosphore dans les gisements de fer; présence de
silice et de soufre dans les gisements de bauxite
Exemples d’effets revalorisants: présence d’or dans les gisements de cuivre; présence de
diamant dans les gisements d’or. La composition minéralogique, la texture et la structure des
minerais ont une grande influence sur les conditions de traitement et donc d’exploitabilité des
gisements.

• la localisation géographique du gisement par rapport aux infrastructures de base (routes, voie
ferrée, aéroport, télécommunication, énergie, eau, etc..) influe largement sur le transport, le
traitement du minerai et l’écoulement des produits finis; elle ainsi sur l’exploitabilité des
gisements.

b. Les facteurs variables avec le temps: ils comprennent:

• facteurs technologiques et scientifiques: ils interviennent tout le long de la chaine


d’exploitation: extraction de minerai → valorisation de minerai → traitement métallurgique →
destination industrielle.

L’amélioration des techniques d’extraction a permis l’exploitation de gros gisements de faible


teneur; exemple: porphyre cuprifère de l’Ouest américain (Birmingham) où la teneur limite
d’exploitabilité est de l’ordre de 0,7% (≤ à 1%).

L’amélioration des techniques de valorisation telles que la flottation et la lixiviation par cyanure
a permis l’exploitation d’un nombre croissant de gisements de métaux de base et d’or.
Le perfectionnement de traitement métallurgique permet la mise en valeur d’une gamme
variée d’espèces minérales utiles; exemple: extraction de l’Al de la leucite en Italie et en ex-
URSS, de la sillimanite en ex – URSS.

En matière de destination industrielle, les besoins de l’industrie et leurs fluctuations modifient


constamment la notion de gisement; exemple: accroissement de la production de Ni par son
utilisation dans la fabrication des plaques de blindage, augmentation de la recherche des Terres
Rares à cause de leur utilisation dans la technologie de pointe.

• les facteurs économiques: En principe le cours des métaux et des substances minérales utiles
sont régulés par la loi de l’offre et de la demande. La demande de l’accroissement de
l’utilisation de la substance donc des besoins industriels et artisanaux. Quand ces besoins
augmentent, les prix des substances s’élèvent avec pour conséquence l’ouverture de nouvelles
exploitations minières ou la réouverture d’anciennes mines. L’ouverture des grands gisements a
une influence considérable sur les limites d’exploitabilité des autres gisements; ces grands

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gisements constituent des facteurs de régulation des marchés et ont ainsi une influence notoire
sur le prix des substances.

• les facteurs politiques: Les facteurs politiques jouent également un rôle appréciable dans
l’exploitation des gisements. En période de crise, des minerais de mauvaise qualité peuvent être
exploités pour faire face aux besoins des industries se rapportant aux phénomènes de la crise;
exemple: pendant la 2ème guerre mondiale, les américains ont exploité des gisements de Mn de
Californie et de Ni de Cuba, tous de mauvaise qualité pour satisfaire les besoins de leur industrie
de guerre. Des pays peuvent également décider de s’associer pour fixer des quotas de
production pour une substance donnée, régulariser les stocks et agir ainsi sur le prix de la
substance ; cas de l’OPEP.

1.5. PROBLEME DES RESSOURCES MINIERES

Plusieurs influences démographiques et économiques se combinent pour dicter le prix des métaux et
en conséquence le niveau de l’activité d’exploration, du développement des mines et même de
l’exploitation.

Bien que les prix soient couramment bas sur le marché mondial et que les modèles d’utilisation aient
changé, les prix ont sans doute accru vers 1980 en raison de l’augmentation des besoins et de la
consommation des nations sous développées, de la croissance globale de la population mondiale et
de la tendance historique humaine de traduire les succès et le bien – être économique dans la
consommation du matériel.

Finalement et progressivement, le monde s’adaptera aux pénuries occasionnées par la consommation


des ressources naturelles non renouvelables. Les priorités et les besoins économiques, politiques et
humains et les caractéristiques géologiques déterminent la localisation et le volume de la production
minière.

Une distinction est aussi faite entre les termes réserves et ressources

Les réserves comprennent les masses minéralisées en production, minerais connus par sondages ou
autres mesures spécifiques en minerais inférés fiables localisés (qui existent) en un lieu bien indiqué;

Les ressources comprennent les réserves et tout autre dépôt de minerai potentiellement viable qui
est, soit non connu, soit non économique du moment, mais auquel on peut raisonnablement attendre
une rentabilité dans le futur.

1.6. ROLE DE LA GEOLOGIE ECONOMIQUE

Bien que la compréhension de la genèse des gîtes de minerai ait conduit à un énorme succès
d’exploration de diverses substances vers 1970 afin de fixer un peu le taux de consommation des
métaux, il a été établi que la position sécurisée des réserves mondiales n’est assurée jusqu’au 21è siècle
que pour le fer seulement (n’est assurée sur une période déterminée pour certains métaux).

En dépit des vicissitudes cycliques des prix de l’offre et de la demande, il est clair que les activités
d’exploration des sociétés et des gouvernements doivent continuer et elles le seront et pour cela les
géologues doivent se préparer pour être de plus en plus capables, professionnels et minutieux dans la
recherche.

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La forte croissance de la population mondiale combinée à l’amélioration du cadre de vie à travers le
monde a fortement augmenté la demande des produits miniers de toute sorte. En même temps, la
recherche devient de plus en plus complexe, le minerai étant caché sous une couverture à une
profondeur de plus en plus grande.

Pour obtenir des fournisseurs suffisants à l’avenir, des nouvelles idées et techniques d’exploration
géologiques, géochimiques et géophysiques doivent être imaginées et combinées pour s’ajouter aux
anciennes. Les techniques de récupération, de recyclage ou d’extraction ont besoin d’être améliorées
puisque de nombreuses masses minéralisées de sub - surface non économiques doivent être
développées au regard des contraintes environnementales et écologiques.

Ainsi les géologues ont de plus en plus besoin d’être capables d’interpréter les significations
(informations) de terrain et de laboratoire sur les relations géologiques observées et avoir des
connaissances géologiques, géochimiques, géophysiques et informatiques pour s’appuyer dessus.

Sous quelles conditions et par quels processus les minerais se sont formés? Quels sont les facteurs qui
conduisent à la concentration d’un élément dans un environnement plutôt que dans un autre? Quelles
sont les causes de localisation d’un minerai? Le meilleur moyen de répondre à ces questions et par
conséquent le meilleur moyen de recherche de nouveaux gîtes minéralisés est d’étudier les structures
et genèses des concentrations minéralisées connues et ensuite d’explorer les zones géologiques
analogues favorables.

En raison de la complexité de la nature de la Terre et du fait que plusieurs processus impliqués dans le
dépôt des minerais ne peuvent pas être observés, l’étude des gisements et la genèse des minerais ne
peuvent être une science exacte.

CHAPITRE 2: STRUCTURES ET TEXTURES DES MINERAIS

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Les notions de structures et de textures sont assez voisines et ne diffèrent surtout que par les échelles
d’observations. On utilise le plus souvent ces deux termes sans les différencier, ce qui entraine des
ambigüités énormes.

La texture détermine la relation spatiale entre les minéraux des roches. Elle caractérise ainsi la forme,
les dimensions, la répartition et le mode de combinaison entre les minéraux et parfois le verre qui les
entoure à l’échelle microscopique.

En revanche la structure désigne l’architecture des roches à l’échelle macroscopique.

Pour dissiper toute confusion, il est toujours souhaitable, lorsqu’on parle de ces deux termes, de
préciser à quelle échelle on se réfère et quels sont les composants intéressés.

La structure et la texture présentent un double intérêt:

1. pratique par la détermination du type de broyage que devra subir un minerai avant d’être
envoyé aux usines de valorisation;
2. théorique par les informations qu’elles fournissent sur l’histoire géologique et génétique et sur
le mode de formation des corps minéralisés.

2.1. PRINCIPAUX TYPES DE TEXTURES DE MINERAIS

Les principaux types de textures sont:

a.la texture massive: Elle se caractérise par un édifice homogène où les grains de minéraux sont
étroitement serrés les uns contre les autres; elle est isogranulaire si les grains sont de même taille et
hétérogranulaire si la granulométrie est de taille différente.
b.la texture porphyrique (figure:1): Elle se caractérise par des cristaux relativement bien développés
enrobés dans une matrice vitreuse ou microcristalline.
c.la texture réticulée: Elle caractérise une association minérale dans laquelle le minéral enrobé est
orienté suivant un réseau (clivage ou plan de macle) du minéral enrobant. Le minéral enrobé se
présente alors sous la forme des aiguilles ou de lamelles orientées dans l’enrobant.
d.la texture fibreuse (figure 2): Elle se caractérise par la présence de minéraux de forme fibreuse dans
le minerai.
e.la texture tachetée (figure 3): Elle se caractérise par la présence de petites inclusions arrondies ou
de forme irrégulière d’un minéral donné dans une autre masse abondante. Selon les dimensions des
inclusions on parle de texture tachetée s.l. (inclusions de grande taille), de texture en inclusion ou en
pointillé (inclusions de petite taille) et de texture en émulsion (inclusions très fines).
f.la texture myrmékétique ou graphique: elle est due à des phénomènes d’exsolution ou de
remplacement orientés suivant les directions cristallographiques du minéral remplacé. Du point de vue
métallogénique, les myrmékites n’ont pas la même signification qu’en pétrographie où elles indiquent
les réactions interminérales à disposition buissonnante dans un autre minéral.
g.la texture concentrique, zonée ou en cocarde (figure 4): Elle se caractérise par la formation d’une
succession de dépôts mis en place tout autour d’un noyau central ou nucléus.
h.la texture rubanée ou zébrée (figure 5): elle se caractérise par l’alternance de bandes parallèles de
nature différente, caractérisée chacune par une minéralogie précise.

2.2. PRINCIPAUX TYPES DE STRUCTURES

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On retrouve à ce niveau, les mêmes types qui ont été énumérés au niveau des textures; la seule
différence étant que l’échelle d’observation est beaucoup plus grande. A ce niveau, on s’intéresse à
l’architecture des minerais à l’échelle de l’affleurement et même de la région.

2.3. LA NOTION DE PARAGENESE

Le terme de paragenèse minérale correspond à toute association minérale (ou de minerai) résultant
des mêmes processus géologiques ou géochimiques. Ainsi la paragenèse minérale désigne une
association minéralogique dont la communauté d’origine a été prouvée. Lorsque cette communauté
d’origine n’est pas démontrée, on parle d’association minérale.

Le terme de succession est utilisé pour désigner l’ordre dans lequel les différents minéraux d’une
paragenèse se sont mis en place.

La minéralogie et surtout la paragenèse minérale constituent chez les métallogénistes des arguments
en faveur des interprétations génétiques; leur étude peut donc aider à comprendre l’histoire des
minéralisations.

CHAPITRE 3. MORPHOLOGIE DES GITES MINERAUX

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Les connaissances des formes des gîtes minéraux est indispensable tant pour les études scientifiques
que pour les travaux de recherche et d’exploitation des minerais.

3.1. CLASSIFICATION MORPHOLOGIQUE DES CORPS MINERALISES

Les corps minéralisés présentent des formes propres extrêmement variables qui peuvent être rangés
en quatre (4) grands groupes:

- les corps isométriques;


- les corps allongés;
- les corps aplatis;
- les corps composés.

a. Les corps isométriques: Ils correspondent à des corps métallifères ayant approximativement les
mêmes dimensions dans les trois (3) directions: longueur, largeur et épaisseur. Ils ont ainsi des formes
presque arrondies avec des contours irréguliers; on y distingue les types suivants:

* les amas: qui sont des corps métallifères formés d’un minerai homogène; les amas de petite
taille sont appelés des nids (figure 1).
* les stockwerks: qui sont des corps métallifères isotropes formés d’un réseau très dense de
filonnets et veines orientés dans toutes les directions et interconnectés (figure 2).
* les disséminations: qui sont des corps métallifères formés de minéraux disséminés dans toute la
roche. Lorsque les disséminations ont tendance à se connecter dans certaines portions de la
roche, on parle de Schlieren. Les Schlieren correspondent en fait à des corps minéralisés plus ou
moins lenticulaires dans lesquels la teneur du minerai varie beaucoup sous forme d’alternance
de bande riches et pauvres (figure 3).
* les lentilles: elles constituent les formes intermédiaires entre les corps isométriques et les corps
allongés

b. Les corps allongés: Ils correspondent à des corps métallifères allongés suivant une direction donnée
avec des sections subcirculaires ou ovales. On y distingue: les cheminées ou pipes (figure 4.1 et 4.2.),
les gîtes tabulaires (figure 4.3.) et les filons en selle ou en gouttières (figure 4.4.). Les filons en selle
ou en gouttière apparaissent dans les bâillements (ouvertures des anticlinaux ou des synclinaux), leur
allongement est parallèle à la charnière des structures plissées. Les cheminées ou pipes apparaissent
au voisinage des fractures importantes ou dans la zone de croisement des fractures importantes de
directions différentes.

c. Les corps aplatis: ces corps sont très répandus et de forme variable. Ils sont représentés par les
filons, les groupements filoniens, les champs et les zones filoniennes et sont en général sécants aux
roches encaissantes. Ils ont des dimensions très variables dans les trois (3) directions et présentent des
alternances de zones de gonflement et de resserrement et des zones de ramification avec parfois des
terminaisons en queue de serpent.

d. Les corps composés: Ils sont les plus répandus dans la nature, et comme leur nom l’indique, ils
correspondent à différentes combinaison des formes précédemment citées.

TYPES DE GITES MINERAUX

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MORPHOLOGIE Post-
magmatiques magmatique métamorphique d’altération sédimentaire
et pegmatite
Disséminations, Disséminations,
Isométriques lentilles, amas lentilles, Amas, lentilles Amas, lentilles Lentilles
stockwerks
Allongés Pipes ou Cheminées, - Corps tabulaires -
cheminées filons en selle
Aplatis Gîtes Filons simples ou Filons couches Corps Lits couches,
stratiformes composés stratiformes corps
stratiformes
Composés ou Corps composés Groupements Corps composés Corps Série de couches
irréguliers champs filoniens irréguliers

3.2. COLONNES MINERALISEES DES GISEMENTS ET LEURS CONDITIONS DE FORMATION

Les colonnes minéralisées désignent des secteurs du gisement caractérisés par des teneurs très
élevées par rapport aux autres secteurs du gisement.
La formation de ces secteurs plus enrichis, comme celle des gisements dont ils dérivent, dépend de
plusieurs paramètres géologiques localisés du gisement qui sont:

1. les propriétés physiques, mécaniques et chimiques des terrains encaissants;


2. les propriétés physico – chimiques des fluides minéralisateurs;
3. les particularités géomorphologiques et structurales des secteurs.

En prenant en compte uniquement le troisième paramètre, nous remarquons que la formation des
corps minéralisés se déroule dans les cas suivants:

a. Intersection de deux accidents importants de direction différente: La formation de la colonne


minéralisée serait due au mélange de solution de nature et de composition différentes provenant des
deux fractures principales. Ce mélange provoque très souvent des sursaturations pour certains
éléments chimiques et leur précipitation directe dans l’environnement.
b. Les secteurs de courbure des accidents importants: Ils correspondent à des zones d’ouverture ou
de broyage des failles faites par suite des rejeux ultérieur de celles – ci lors des différentes phases
orogéniques. Ces ouvertures jouent le rôle de couloir de drainage important où les solutions
métallifères peuvent déposer leurs minéraux. Elles provoquent aussi une chute de pression au niveau
de ces solutions hydrothermales et en conséquence la précipitation massive de leur stock métal.
c. Les fissures latérales accompagnant les accidents importants: Elles se situent alors à l’intersection
des fractures secondaires avec l’accident principal.
d. Les secteurs de dykes conjugués: Ces secteurs jouent le rôle d’écran vis-à-vis des solutions
métallifères et provoquent la précipitation massive des minéraux à leur contact.
e. Les secteurs des roches à faible perméabilité déposés au dessus des fractures: Lorsque les terrains
imperméables recouvrent une fracture où une zone fracturée qui sont quelquefois le siège de
circulation de solutions hydrothermales; ils constituent un écran à la circulation de ces solutions et
provoquent à son mur le dépôt d’une bonne partie du stock métal que véhicule ces solutions.
f. Les structures en voûte des plis anticlinaux: Ces secteurs constituent très souvent des zones
d’ouverture dans lesquelles peuvent circuler les solutions hydrothermales. Ces solutions
hydrothermales déposent alors par suite de réaction s topominérales ou d’une chute de pression leur
stock métal dans les ouvertures en question.

CHAPITRE 4: CLASSIFICATION DES GISEMENTS DE MINERAUX UTILES

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Les classifications des gisements de minerais ont été proposés par les différents géologues dans le but
de réduire la diversité des gisements et de ramener ainsi une pluralité à l’unité. Cette démarche
permet une meilleure connaissance des gisements et facilite surtout la recherche et la prospection de
ceux – ci.

La différence entre la notion de métallogénie et la notion de gîtologie se reflète dans les classifications
des gisements de minéraux: classification génétique dans le cas de métallogénie et classification de
type dans le cas de gîtologie.

Les classifications génétiques (ou esprit de synthèse) sont essentiellement basées sur des expériences
de laboratoires et les hypothèses qui en résultent alors que les classifications par type (esprit
analytique) font intervenir des critères d’observations naturalistes.

La méthode de classification consiste à regrouper ensemble les objets dont l’identité a été reconnue.
Ainsi elle se limite aux caractères pris en considération et non à la totalité des caractères que
présentent l’objet; ceci soulève deux problèmes majeurs, à savoir:

1. un problème de collection des informations: Par les différentes campagnes des travaux de
recherche (géochimie, cartographie, géophysique, travaux de subsurface et de profondeur, travaux
miniers, etc..), les géologues disposent de beaucoup de moyens d’information et des résultats
correspondants. Cependant ils n’ont ni le loisir, ni l’autorisation de les faire connaître. Par ailleurs les
sociétés minières sont des sociétés d’exploitation qui ne s’intéressent en général qu’à la minéralisation
et non à l’environnement stérile qui conditionne directement la mise en place de la minéralisation. En
conséquence, l’information sur les gisements est déséquilibrée. Tous les paramètres qui ont une
incidence économique directe (volume, teneur et leur distribution, associations minérales et leur
structure) sont bien décrits et bien quantifiés; en revanche l’environnement géologique n’est décrit
que sommairement.

2. un problème de présentation des informations: Diverses fiches de gisements ont été proposées
pour tenter de ranger les nombreuses informations que fournit une étude de concentration minérale.

J. Bernard de l’université de Nancy a proposé la fiche de gisement qui suit et qui permet de classer les
informations factuelles quelle que soit leur échelle d’observations.

A. Le Gisement:

I. Composition chimique et teneurs moyennes de minerais;


II. Tonnage de minéralisation, importance sur la distribution des teneurs dans le gisement;
III. Associations (ou paragenèse) minéralogiques des minerais primaires et essentiellement leur
succession;
IV. Altération superficielle et minéraux secondaires en résultant.

B. Son Environnement:

V. Nature lithologique de l’environnement;


VI. Morphologie du gisement en liaison avec la structure des roches encaissantes;
VII. Histoire géologique (chronologie) de l’environnement proche et lointain du gisement;
VIII. Chronologie composée des phénomènes géochimiques et métallogéniques de l’environ-
nement du gisement

14
A ce problème de présentation des informations est lié le problème d’hiérarchisation de ces
informations.

L’objectif de la classification des gîtes minéraux est de les regrouper en un certain type ayant des
caractères communs, afin de faciliter leurs descriptions et de permettre leurs généralisations en ce qui
concerne leur origine et localisation. Une classification doit être aussi simple que possible et être
utilisable sur le terrain.

Dans la pratique les différentes classifications des gisements de minerais ont été proposées par les
géologues. Depuis le temps d’Agricola, des tentatives de classification ont été faites; elles étaient
toutes abandonnées par ce qu’elles étaient pour la plupart très complexes, conçues dans les bureaux
et difficilement utilisables sur le terrain. Les premières tentatives de classification (19è et 20è siècle)
proposées sont appuyées sur la forme, la texture et la teneur des minerais, alors que les classifications
récentes font intervenir les théories génétiques et environnementales des gisements de minerais.

Aujourd’hui aucune classification universelle des gîtes minéraux n’est retenue. Les européens
penchent sur la classification volcano – plutonique de Niggli et celle d’association minérale de
Schneiderhöhn. La plupart des auteurs américains utilisent la classification de Lindgren basée sur la
genèse des minerais et l’environnement de dépôt.

Niggli (1929) groupe les minerais épigénétiques en minerais volcaniques (mis en place près de la
surface) et en minerais plutoniques (mis en place en profondeur); cette classification est donnée dans
le tableau 4.1 suivant;

Différents types de classification des gîtes

4.1. Classification des gîtes de minerais de Niggli


I. Plutoniques et intrusifs:

A. Orthomagmatiques: 1.Diamant, platine, chrome; 2. Titane, fer, nickel, cuivre

B. Pneumatolitiques à pegmatitiques: 1. Métaux lourds, Terres rares (Nb,Ta), phosphore et titane


2. Silice, alcalin, fluorine, bore, étain, molybdène, tungstène
3. Association tourmaline quartz

C. Hydrothermaux: 1.Fer, cuivre, arsenic; 2. Plomb, zinc, argent; 3. Nickel, cobalt, arsenic, argent;
4. Carbonates, oxydes, sulfates, fluorite

II. Volcaniques ou extrusifs

A: Etain, argent, bismuth; B. Métaux lourds; C. Or, argent; D. Antimoine, mercure; E. cuivre natif;
F. volcaniques subaquatiques et dépôt biochimique.

4.2. Classification des gîtes de minerai de Schneiderhöhn:


Schneiderhöhn (1941) classifie les gîtes de minerais selon: 1. La nature du fluide du niveau; 2. Les
associations minérales; 3. La cristallisation; 4. Le type de dépôt de l’encaissant ou gangue.
Schneiderhöhn distingue quatre (4) grands groupes dans le tableau 4.2. qui suit:

15
I. Gîtes intrusifs;

II. Gîtes pneumatolitiques: A: Filons ou veines pegmatitiques; B. Veines et imprégnations;


C. Remplacement de contact pneumatolitique (métasomatique).
III. Gîtes hydrothermaux: A. Association Or – argent; B. Association pyrite – cuivre; C. Association
Plomb – zinc – argent; D. Association argent – cobalt – nickel – bismuth-
uranium; E. Association étain – argent – tungstène – bismuth; F. Association
antimoine – mercure – arsenic – sélénium; G. Associations non sulfurés;
H. Associations non métalliques.

IV. Gîtes d’exhalaison:

Ce système de classification des gîtes minéraux est très populaire en Europe et aussi défendu par
plusieurs américains.

4.3. Classification des gîtes minéraux de V. Smirnov (1965)


I. Gisements endogènes: a. magmatiques; b. pegmatitiques; c. carbonatites; d. skarns;
e. hydrothermaux;

II. Gisements exogènes: a. d’altération; b. sédimentaires; c. placers;

III. Gisements métamorphogènes.

4.4. Classification des gîtes minéraux de P. Routier (1963)


I. Concentrations formées à la surface de la lithosphère:

1. Concentrations résiduelles (Fe, Ni, CO, Mn, Al);


2. Chapeaux oxydés et enrichissements supergènes (Cu, Pb, Zn);
3. Dépôts détritiques (placers U, Au, diamant);
4. Dépôts chimiques et biochimiques (Fe, Mn);
5. Dépôts sulfurés de couverture (Pb, Zn);
6. Minéralisations d’origine chimique et biologique (U, V, Cu, Pb, Zn, Ba, Fluorine);

II. Concentrations formées dans la lithosphère

1. minéralisations pyrométasomatiques: Sn, W, Mo, Fe, Cu, Zn, PB;


2. minéralisations de départ acide: Zn, W, Mo, Bi, Au;
3. minéralisations hydrothermales plutoniques: la plupart des éléments;
4. minéralisations dans les pegmatitiques granitiques: Li, Be, Nb, Ta, Th, terres rares, micas, quartz
piézo - électrique;
5. minéralisations associées au volcanisme et au subvolcanisme Cu, Fe, Mn, Pb, Zn;
6. minéralisations liées aux riches basiques et ultrabasiques grenues: Cr, Fe, Ti, Pt, Ni, Co;
7. minéralisations associées au métamorphisme général: Fe, Mn, Cu, Eu, Pb, Au;
En conclusion, les problèmes de classification des gîtes minéraux sont loin d’être faciles ou résolus; on
note qu’un même gisement a la possibilité d’appartenir à différents groupes dans une classification.
Des compréhensions ou éclaircissements d’un gisement issu d’études ultérieures plus approfondies,
peuvent conduire à déclasser un gisement d’un groupe à un autre.

16
CHAPITRE 5: NOTIONS DE TENEURS DE COUPURE, DE RESSOURCES
ET RESERVES
5.1. TENEUR DE COUPURE (cutoff grade)

17
Lors de l’exploration géologique, des analyses chimiques sont effectuées pour déterminer les teneurs
des substances minérales recherchées; il en ait de même lors de la découverte d’un gisement.

Une teneur de coupure est une teneur quelconque utilisée pour démarquer un gîte minéral d’un
stérile, un gisement à exploiter ou à laisser sur place, un minerai à traiter ou à jeter. Elle peut être
considérée comme suite de teneurs utilisées pour tronquer une distribution de teneurs ou pour
séparer un minerai en différentes fractions graduées.

La teneur de coupure est aussi considérée comme la teneur minimale au-dessus de laquelle, le
gisement est économiquement exploitable en fonction des coûts d’extraction spécifiques aux
gisements et à des prix actuels et estimés de la substance extraite.

On distingue plusieurs types de teneurs de coupures:

Teneur de coupure optimale: est une teneur de coupure qui par son choix permet de maximiser le
bénéfice.

Teneur de coupure limite (breakeven grade): est la teneur à laquelle le revenu récupérable du minerai
est égal aux coûts d’exploitation.

Les teneurs de coupures sont également utilisées pour définir les portions de minerai (matériel) qui
sera considéré au niveau de la mine, du moulin et parfois de la fonderie.

Teneur de coupure de planification: c’est la teneur utilisée au cours de l’exploration et des différentes
étapes de planification de l’exploitation d’un gisement pour définir géographiquement et
quantitativement les limites du minerai potentiel. Elle définira la partie du minerai broyé devant aller
sur le moulin et celle qui sera conservée temporairement.

Teneur de coupure d’opérations: teneur utilisée au début de l’exploitation pour déterminer à court
terme la portion de minerai à acheminer pour le traitement et celle à garder; on y distingue:

- la teneur de coupure à la mine (lieu d’extraction): teneur au dessus de laquelle le minerai est
extrait, et celui en dessous est laissé sur place;
- la teneur de coupure au concentrateur: teneur au dessus de laquelle le minerai rentre dans le
circuit de traitement pour être concentré; le minerai dont la teneur est en dessous est stocké
pour utilisation ou non ultérieure;
- le teneur de coupure à la fonderie: très rarement utilisée, le concentré au dessus au dessus de
cette teneur est raffiné et vendu.

Les facteurs qui affectent le choix des teneurs de coupure d’opération sont:

a. les coûts et les prix: Une hausse de ce facteur peut faire baisser la teneur de coupure pour
exploiter avec profit le minerai non rentable ou élever temporairement la teneur de coupure
pour profiter de la hausse des prix et avoir plus d’argent.

b. la méthode d’exploitation: La méthode d’abattage peut rendre difficile l’application de la


teneur de coupure au niveau de l’extraction.
c. Les développements technologiques: Cela permet de diminuer le coût d’exploitation ou de
concentration (traitement),

18
d. l’évolution de l’exploitation: A cause de l’actualisation dans les critères d’évaluation, on
débute le plus souvent une exploitation avec une teneur de coupure plus élevée en exploitant
les zones plus riches et produire plus de métal plus rapidement et de rajuster cette teneur à
un niveau plus bas par la suite

e. la politique interne et le stockpiling: la possibilité d’emmagasiner du minerai permet de


sélectionner à la mine du minerai de basse teneur qui sera éventuellement exploité suivant
une hausse du prix du métal

f. la dimension des installations en opération: Des capacités de production plus grande


permettent un coût de production à la tonne plus faible donc d’abaisser la teneur de coupure.

g. les besoins du concentrateur: Pour maximiser la récupération au concentrateur, il est


important de fournir un minerai le plus homogène possible; ceci peut nécessiter la dilution de
minerai à fortes teneurs ou au contraire l’ajout de minerai à forte teneur à du minerai de faible
teneur.

5.2. RESSOURCES ET RESERVES

a. RESSOURCES MINERALES

Les ressources minérales sont des concentrations ou indices minéralisés d’une substance minérale
naturelle solide présente dans au sein de la croûte terrestre ou sur celle – ci, qu’il s’agisse d’une
substance inorganique ou organique fossilisée, dont la forme, la quantité et la qualité ou teneur sont
telles qu’elles présentent des perspectives raisonnables d’extraction rentable. Les ressources
minérales constituent donc un inventaire de la minéralisation dont l’extraction pourrait s’avérer
rentable dans l’hypothèse des conditions techniques et économiques réalistes et justifiables à définir.

Elles sont divisées en trois (3) catégories: présumées, indiquées et mesurées suivant l’ordre croissant
de confiance.

Les ressources minérales présumées constituent la partie des ressources minérales dont on peut
estimer la quantité et la qualité ou teneur sur la base de preuves géologiques et d’un échantillonnage
restreint, dont on peut, raisonnablement présumer, sans toutefois le vérifier, de la continuité de la
géologie et des teneurs. Au regard de leur degré de confiance, les ressources minérales présumées
doivent être exclues des estimations formant la base des études de faisabilité ou autres études
économiques. L’estimation est basée sur des renseignements et un échantillonnage restreints.

Les ressources minérales indiquées constituent la partie des ressources minérales dont on peut estimer
la quantité et la qualité ou teneur, la densité, la forme et les caractéristiques physiques avec un niveau
de confiance suffisant pour permettre la mise en place appropriée des paramètres techniques et
économiques en vue de justifier la planification minière et l’évaluation de la viabilité économique du
gîte. L’estimation est basée sur des renseignements détaillés et fiables relativement à l’exploration et
aux essais faits. La qualité d’une estimation de ressources minérales indiquées est suffisante pour
justifier une étude préliminaire de faisabilité pouvant servir de base à la prise de décision majeure
d’aménagement.
Les ressources mesurées sont la partie des ressources minérales dont la quantité et la qualité ou teneur,
la densité, la forme et les caractéristiques physiques sont si bien établies que l’on peut les estimer avec
suffisamment de confiance pour permettre une considération adéquate des paramètres techniques et
économiques en vue de justifier la planification de la production et l’évaluation de la viabilité
économique du gîte. L’estimation es t fondée sur des renseignements détaillés et fiables relativement

19
à l’exploration et aux essais. Cette catégorie nécessite un niveau élevé de confiance et de
compréhension de la géologie et des contrôles du gîte minéral.

b. RESERVES MINERALES

Les réserves minérales désignent la partie économiquement exploitable des ressources minérales
mesurées ou indiquées, démontrée au moins par une étude de faisabilité. L’étude de faisabilité doit
inclure les renseignements adéquats sur l’extraction minière, le traitement, la métallurgie, les aspects
économiques, les aspects environnementaux et autres facteurs pertinents démontant qu’il est
possible, au moment de la rédaction du rapport, de justifier l’extraction rentable. Les réserves
minérales comprennent tous les matériaux de dilution qui seront exploités conjointement avec les
réserves et transportés à l’usine de traitement ou aux installations équivalentes.

Elles sont subdivisées en réserves minérales probables et en réserves minérales prouvées suivant
l’ordre croissant de confiance géologique.

Les réserves minérales probables constituent la partie économiquement exploitable des ressources
minérales indiquées et, dans certains cas, des ressources minérales mesurées, démontrée par au
moins une étude préliminaire de faisabilité. L’étude doit inclure les renseignements adéquats sur
l’extraction minière, le traitement, la métallurgie, les aspects économiques et environnementaux et
autres aspects pertinents démontrant, s’il est possible, au moment de la rédaction du rapport de
faisabilité de justifier l’extraction rentable.

Les réserves minérales prouvées constituent la partie économiquement exploitable des ressources
minérales mesurées, démontrée par une étude préliminaire de faisabilité. L’étude doit inclure les
renseignements adéquats sur l’extraction minière, le traitement, la métallurgie, les aspects
économiques et environnementaux et autres aspects pertinents justifiant l’extraction rentable au
moment de la rédaction du rapport de faisabilité.

5.3. DEFINITIONS ET REGLES A SUIVRE

Ressources Réserves

Mesurées Prouvées

Indiquées Probables

Présumées

Toute information publiée sur les ressources et les réserves doit faire l’objet d’un rapport technique
rédigé par une personne qualifiée indépendante dans une norme bien déterminée.
Est déclarée personne qualifiée selon la norme canadienne 43 -101, un ingénieur ou géoscientifique,
qui est membre d’une association professionnelle comptant au moins cinq (5) ans d’expérience dans
le domaine de l’exploration minérale, de la mise en valeur, de l’exploitation ou de l’évaluation des
projets miniers. Elle possède aussi une expérience pertinente par rapport à l’objet du rapport
technique

20
-

CHAPITRE 6: PROCESSUS D’ALTERATION DES ROCHES


Deux types d’altération affectent les formations géologiques déjà formées; il s’agit de l’altération
superficielle et de l’altération deutérique ou endogène.

I. ALTERATION SUPERFICIELLE

21
Plusieurs minerais, spécialement les sulfides et les sulfosels, sont formés dans des environnements
réducteurs à des températures et pressions supérieures à celles de l’atmosphère. Quand ces minéraux
sont exposés aux conditions d’altération et d’érosion superficielles, ils ont tendance à se décomposer
chimiquement, formant de nouveaux composés ou entrant totalement ou partiellement en solution.
De la même façon, se comportent beaucoup des roches courantes formant des minéraux stables à la
surface terrestre; ils subissent des changements chimiques pour que l’équilibre s’établisse avec le
nouvel environnement. Plusieurs géologues considèrent l’altération superficielle comme un processus
inorganique se rapportant principalement aux réactions d’hydrolyse, d’hydratation et d’oxydation
entre les constituants atmosphériques et lithosphériques; presque toutes les études sur l’altération
ont conduit à cette prémisse. Cependant, Ehrlich (1964) avait attiré l’attention sur les activités des
bactéries dans les processus d’altération superficielle. Il a signalé que l’oxydation de l’arsénopyrite et
l’énargite augmente remarquablement avec la présence des bactéries du type thiobacilles et
ferrobacilles. Plusieurs chercheurs ont depuis inclus l’activité bactérienne dans leurs approches (Bohn,
McNeal, et O’Conner , 1979), mais les variations de Eh-pH et la compositions des gaz et solutions des
sols sont encore considérés comme de plus grande importance.

Selon le dictionnaire Larousse «l’altération superficielle est la modification chimique superficielle des
roches provoquées essentiellement par l’eau plus ou moins chargée en CO2 et dont l’intensité est
liée à la nature des roche et au milieu climatique». Ainsi l’altération superficielle ou météorique est
donc l’ensemble des actions des eaux météoriques chargées d’O2 et de CO2 de l’atmosphère sur les
roches affleurantes ou subaffleurantes. Elle a lieu de la surface vers les profondeurs de la Terre et
consiste donc en une transformation de l’ensemble des minéraux primaires en un ensemble de
minéraux nouveaux. Elle comprend l’hydrolyse, l’oxydation, la dissolution et l’hydratation.

L’altération superficielle est un processus capital pour la vie comme nous le savons si pour toute autre
raison il produit le sol qui est à la fois la base de nos céréales, de nos légumes et des chaines de
nourriture pour notre chair (Keller, 1956) et un réservoir de gaz, de moisissure, et toute forme de vie
pour les microbes et les insectes qui sont une partie de notre environnement biologique.

Mais l’objet de ce chapitre est de considérer comment l’altération superficielle est impliquée plus
spécifiquement dans les dépôts de minerais.

Si nous considérons l’évolution d’un simple dépôt qui est exposé aux processus d’altération
superficielle et d’érosion, il devient apparent que selon les matériels, les environnements, les
dynamiques et les produits impliqués, l’altération superficielle peut:

1. lessiver complètement le dépôt en le pénéplanisant;


2. lessiver un ou plusieurs de ses éléments utiles, le rendant ainsi sub –économique;
3. redistribuer un ou plusieurs de ses constituants pour enrichir ou augmenter sa valeur;
4. modifier la minéralogie pour soit augmenter ou diminuer la valeur en créant de nouveaux
produits valeureux ou dégradés.

Si nous considérons tout le processus, l’organisation de ce chapitre pourra se résumer:

1. l’altération superficielle peut dissoudre, transporter, et concentrer par dépôt d’un ou plusieurs
éléments,
2. elle peut transformer un mauvais matériel en un produit utile et valeureux, normalement avec un
changement de composition et de minéralogie, ou
3. elle peut simplement libérer un minéral accessoire résistant par désintégration de la roche – hôte
qui l’entoure.

22
Des exemples de redistribution et d’enrichissement comprennent: la production de nickel des latérites,
l’enrichissement supergène des dépôts de porphyres cuprifères et l’enrichissement de manganèse à
partir du bedrock. Un exemple de la seconde fonction de l’altération superficielle est la transformation
des feldspaths et feldspathoïdes en de bons minerais de bauxites; le processus inclut à la fois la
concentration et l’amélioration. Un exemple du 3ème cas ou du mode de libération est: la libération de
la cassitérite à partir des granites d’étain dans les profils de sol et les placers ou libération de l’or, des
minéraux de gemme, et même de la magnétite ou ilménite pour des concentrations naturelles ou
mécaniques.

Lelong et al (1976) donne un excellent résumé de l’altération superficielle, de la genèse du sol et de


l’enrichissement supergène. Il fait remarquer que les effets chimiques des eaux météoriques sur les
roches varient selon la nature de la roche et aussi des minéraux devant être attaqués. Même l’eau pur
dissoudra et modifiera la plupart des minéraux des roches à un degré limité, mais les eaux météoriques
contiennent du dioxyde de carbone et sont légèrement acides. En outre, l’eau dans le sol contient de
quantités appréciables d’acides humiques ainsi que d’acide carbonique, et son pH peut facilement être
faible jusqu’à 4.0 et 5.0. Ces eaux acides, oxydées percolent lentement à travers la zone d’aération en
direction du niveau hydrostatique. En transit, ou après avoir atteint la zone de saturation, elles peuvent
réagir avec les roches carbonatées ou les feldspaths ou autres minéraux silicatés pour devenir neutres
ou légèrement alcalines, typiquement avec des réactions d’hydrolyse qui consument les ions H+ et
donc élèvent ainsi le pH dans la phase fluide. Les roches réagissent ainsi comme un tampon ou coulent
l’ion H+. Tous les minéraux sont solubles sous des conditions favorables, et ils se décomposent
éventuellement ou sont mécaniquement retirés de la surface terrestre. La solubilité des minéraux varie
largement à des températures et pressions ordinaires (standards), et puisque les vitesses des réactions
chimiques des minéraux varient indépendamment, il y’a une large gamme de stabilités et de
métastabilités des minéraux.

Les eaux météoriques chargées de dioxyde de carbone et d’oxygène à partir de l’atmosphère peuvent
oxyder, hydrater et carbonater les roches silicatées. Les sulfures se transforment en sulfates, la plupart
d’entre eux sont solubles. Le fer et l’aluminium forment des oxydes et hydroxydes qui sont
relativement insolubles en surface; le plomb forme un sulfate stable; le plomb, le zinc et le cuivre sont
conservés comme carbonates dans certains environnements; le cuivre, le zinc, le nickel et le chrome
peuvent être retenus comme silicates et oxydes; l’or natif, le cuivre natif et l’argent natif peuvent rester
stables dans la zone d’altération superficielle. Ces éléments peuvent être récupérés comme des
concentrations résiduelles et comme des produits d’oxydation simple près des affleurements de
roches altérées qui les renferment (Emmons, 1917).

La profondeur à laquelle l’altération superficielle prend place varie largement et dépend du climat, de
la porosité et de la perméabilité des roches, de l’évolution structurale, tectonique et
géomorphologique.

L’hématitisation: C’est le processus de formation de l’hématite suite à l’oxydation du fer libéré par les
minéraux (tels que la pyrite, la chalcopyrite, la biotite, etc.) au contact des eaux météoriques. Elle
confère à la roche une couleur rouge d’oxyde de fer. (Formule de l’hématite: Fe2O3)
15
Equation: 2𝐹𝑒𝑆2 + 4𝐻2 + 𝑂2 𝐹𝑒2 𝑂3 + 8𝐻 + 4𝑆𝑂42−
2

Pyrite Hématite

La limonitisation: La limonite est l’oxyde fer hydraté, elle est du degré inférieur de l’hématitisation.
Elle résulte de l’altération des gisements métallifères sulfurés dits «chapeaux oxydés». Ces formations

23
proviennent de la dissolution des sulfates et des carbonates dans la zone comprise entre la surface et
le niveau hydrostatique. Formule de la limonite: FeO (OH)n H2O)
Argilisation: Les argiles d’altération et des sols sont issues de l’hydrolyse des silicates. La
transformation des feldspaths en minéraux argileux est l’un des phénomènes le plus important de
l’altération superficielle. Elle correspond à une perte importante de sodium (Na), de potassium (K) et
de calcium (Ca) se traduisant par une perte de densité des minéraux ainsi transformés. La Kaolinisation
est la forme ultime de l’argilisation et provient de l’altération des feldspaths, de la muscovite et des
aluminosilicates des roches ignées.

II. ALTERATION ENDOGENE

C’est un processus provoqué par l’ascension des fluides post – magmatiques à travers les structures,
ce qui conduit à la modification de l’état initial des formations traversées. Les principaux processus de
cette altération rencontrés sont:

L’albitisation: c’est le processus d’intégration des ions sodium dans les plagioclases des roches,
notamment magmatiques ou métamorphiques, conduisant à la formation de l’albite devenant le seul
feldspath
La tourmalinisation: Elle conduit à la formation de la tourmaline à partir des fluides hydrothermaux
riches en bore.
La séricitisation: elle provient de l’altération des autres silicates. La séricite est muscovite finement
fibreuse de couleur jaune verdâtre.
La carbonatation: c’est la transformation au cours de laquelle la calcite se forme à la surface de la
roche lui conférant une coloration blanchâtre. Ce phénomène peut s’observer également dans les
joints et failles tardives.
La sulfuration: C’est le processus d’imprégnation des roches par les sulfures tels que: la pyrite FeS2), la
pyrrhotine (Fe1-xS), l’arsénopyrite (FeAsS2), la chalcopyrite (CuFeS2), etc.
La chloritisation: C’est un processus dû au métamorphisme donnant lieu à des minéraux de faciès
schistes verts. Elle confère à la roche une coloration verte.
La silicification: C’est le processus par lequel la silice imprègne la roche précédente, la rendant plus
dure et lui donnant un éclat luisant. Sa manifestation se fait sous forme diffuse ou de veines ou veinules
de quartz.

Equation:
2 𝐶𝑎𝐶𝑂3 + 𝑆𝑖𝑂2 (𝑎𝑞) + 4𝐻 + (𝑎𝑞) 2𝐶𝑎2 + (𝑎𝑞) + 2𝐶𝑂2 (𝑔) + 𝑆𝑖𝑂2 + 2𝐻2 𝑂
Calcite Quartz

L’ouralitisation: est le processus de transformation de certains pyroxènes en amphibole,


principalement en un mélange d’amphibole vert pâle d’actinote et d’hornblende
La propylitisation: est un type d’altération hydrothermale des roches magmatiques surtout
volcaniques (andésite, dacite, latite) qui deviennent vertes et friables, avec développement de séricite,
chlorite, calcite, sulfures et épidote, souvent accompagné de certaines minéralisations
La greisinisation: processus d’altération pneumatolitique des roches magmatiques plutoniques
grenues qui ne sont constituées que du quartz, du mica souvent verdâtre issu de l’altération des
feldspaths et enrichies en lithium.
La saussuritisation: processus d’altération hydrothermale par lequel les plagioclases basiques des
roches magmatiques se transforment en épidote et parfois en lawsonite.

24
25
DIFFERENCIATION PEDOLOGIQUE

INTRODUCTION
En métallogénie de surface, la différenciation pédologique est l’un des mécanismes le plus important
de la concentration métallifère. Elle peut directement induire la formation des gisements (gisements
résiduels par départ des stériles) ou créer des conditions permettant à la différenciation sédimentaire
de jouer un rôle crucial dans le mécanisme de formation des concentrations métallifères.

26
Une différenciation pédologique est une différenciation résultant de l’action de l’altération
superficielle et créant le développement des sols. L’altération sur le plan géologique est une
modification des propriétés physico – chimiques des roches ou des minéraux par les agents
atmosphériques, les eaux souterraines et les eaux thermales; donc elle correspond à l’ensemble des
processus conduisant à la désagrégation des roches.

L’importance de la différenciation pédologique en métallogénie fut soulignée par H. Erhart (1955) qui
présenta pour la première fois la théorie de la bio-rhexistasie qui repose sur la formation des sols
(pédogénèse) et de leur destruction en relation avec les variations du couvert végétal des continents.
Selon Erhart, les phénomènes de bio-rhexistasie se développent sur des paysages évolués, en général
structurellement stables et localisés sous des climats chauds et humides favorisant le développement
d’une forêt tropicale. Erhart distingue deux (2) phases dans les phénomènes de la bio-rhexistasie:

- une phase de biostasie (ou période de biostasie) caractérisée par une longue stabilité favorisant
le développement d’un couvert végétal;
- une phase (période) de rhexistasie correspondant à la destruction du couvert végétal pour
plusieurs raisons qui peuvent être d’ordre climatique, tectonique et/ou anthropique.

Lors de la phase biostasique (période d’équilibre de la sédimentation), la forêt joue un rôle de filtre
qui contrôle la formation du sol et sépare:

a: les éléments d’une phase migratrice (appelés aussi éléments solubles) emportés sous forme de
solution et composés notamment de biocarbonates de Na, K, Ca, Mg et de silice hydratée (SiO2),
d’une part,
b: les éléments d’une phase résiduelle constitués d’hydroxydes de Fe, d’Al et d’argile (surtout de
la kaolinite)

En revanche, lors de la période de rhexistasie (phase de rupture de l’équilibre biologique entre la forêt,
le sol et le profil d’altération), avec la destruction de la forêt l’érosion attaque d’abord le sol, le déblaye,
puis les roches du sous – sol provoquant ainsi le départ des hydroxydes et des produits résiduels qui
vont alimenter les bassins. Ainsi la sédimentation correspondante à cette phase rhéxistasique est
composée d’éléments de la phase résiduelle remaniés, des débris végétaux, de la matière organique
et des dépôts sableux et/ou calcareux plus ou moins grossiers.

La différenciation géochimique des éléments majeurs ci – dessus énoncés s’accompagne d’une


différenciation géochimique des éléments traces provoquant souvent dans les environnements
sédimentaires la formation de plusieurs gisements de minéraux utiles comme: gisements de type red-
beds, des black shales (ou kupperschieffer), des gisements sur «inconformity» dans les milieux
carbonatés.

En exemple de gisements issus de ces phénomènes bio – rhéxistasiques, citons:

- les gisements de bauxite de l’Arkansas au Canada formés au dépens d’un massif de syénite/
néphélénique. Les études ont montré que sur une surface de 1km2, la formation de 5m de
bauxite avec un aluminium totalement résiduel a nécessité une exportation de 107 tonnes de
SiO2, 1,5 x 106 tonnes de FeO, 0,14 x 106 tonnes de CaO + MgO, 0,28 x 106 tonnes de Na2O, 0,27 x
106 tonnes de K2O et l’accumulation de 106 tonnes de Al2O3 sur place;
- les gisements de bauxite de Weipa en Australie, développés sur un grès kaolinique avec 93% de
SiO2, 3,9% d’Al2O3 contre une teneur de 9,9% de SiO2 Et 4,7% d’Al2O3 dans la bauxite qui y
résulte (Loughman et Baylin 1961).

27
En 1969, Yves Tardy proposa un modèle exhaustif sur le comportement différentiel de certains
éléments chimiques au niveau de la différenciation pédologique. Il élabora alors un schéma simplifié
de paysages chimiques allant de la zone équatoriale ferralitique aux zones arides et désertiques qui se
résume comme suit:

a. Zone à bauxite: Localisée sous des climats trop humides et agressifs provoquant le lessivage
de tous les éléments chimiques à l’exception de l’Al, le Ga et dans une moindre mesure le Fe
et tous les minéraux résistants. Ces éléments forment les gisements de bauxite constitués
d’hydroxydes d’Al, de minéraux résiduels comme le zircon, l’ilménite, etc.
b. Zone à kaolinite: Localisée sous des climats de type tropical humide avec des drainages
importants qui provoquent le lessivage complet des bases et partiel de la silice qui se
combinera avec l’Al pour former la kaolinite
c. Zone à cuirasse et concrétions ferrugineuses: apparait sous un climat tropical relativement
sec avec des saisons sèches bien marquées provoquant des concrétions et cuirasses
ferrugineuses en abondance et également des concentrations de vanadium, molybdène titane
et cobalt
d. Zone à concrétions manganésifères: Elle apparait juste à l’aval des concrétions ferrugineuses
dans les paysages géochimiques; elle renferme en général des minéralisations de Pb, Sn, Cu,
Ni et Ba
e. Zone à montmorillonite: apparait sous des climats tropicaux assez secs avec des saisons sèches
très marquées. Les bases y sont partiellement lessivées, par contre l’Al et la silice se
concentrent et se combinent avec les éléments alcalins et alcalino – terreux pour former la
montmorillonite en néoformation
f. Zone à concrétions ou nodules carbonatés: apparait sous des climats arides proches des
climats désertiques. Sous ces milieux, seuls les éléments trop solubles (alcalins, K, Na, Rb, Li
etc..) continuent à migrer. Le Mg, Ca, Ba et Sr se concentrent dans le profil pour former les
concentrations carbonatées à giobertite (MgCO3), dolomite, calcite, etc.
g. Zone à concrétions sulfatées (gypse) et concentrations salines: Elle apparait sous des climats
très arides de type désertique et renferme des fortes concentrations de nitrates ou chlorures
de Ca, Na, K, Rb, Li.

Ainsi lorsqu’on évolue d’une zone de climat équatorial vers une zone de climat désertique, on observe
une succession de paysages géochimiques allant du domaine des éléments insolubles (bauxites) vers
le domaine des éléments solubles qui précipitent sous forme de chlorures, nitrates et sulfates
(évaporites).

Le piégeage des éléments solubles dans les paysages géochimiques peut être comparé à une course
de franchissement d’obstacles de plus en plus sévère lorsque le climat évolue du type tropical vers le
type désertique aride. Ces obstacles retiennent les éléments chimiques à différents niveaux selon leur
degré de mobilité; les plus mobiles franchissent tous les obstacles dans les régions non désertiques
pour se trouver évacués vers les bassins sédimentaires par le biais des eaux de ruissellement et / ou
d’infiltration.
CHAPITRE 1: ACTIONS DES PHENOMENES DE SURFACE SUR LES GÎTES
OU GISEMENTS DEJA FORMES
EXEMPLE: CEMENTATION DES GISEMENTS DE CUIVRE
Les phénomènes d’altération superficielle jouent un rôle remarquable dans la formation de plusieurs
gisements de métaux. L’altération superficielle affecte les dépôts de minéraux de différentes façons:
1. elle lessive continuellement les anciens gisements (gisements alluvionnaires);
2. elle oxyde les matériaux sur place sans changer la teneur de minerai;

28
3. elle crée un gisement par concentration de matériaux qui sont préalablement dispersés à
travers la roche saine (gisements de Ni de Nouvelle Calédonie)
Exemples:
• cas des gisements alluvionnaires et éluvionnaires d’or, de diamant, d’étain, de niobium – tantale
• cas des gisements de graphite des gneiss de Madagascar rendus productifs en raison de la
suppression des frais de broyage dus à la désagrégation de la roche par altération météorique
• cas des minéralisations sulfurées plombo – zincifères stratiformes liées aux sédiments carbonatés.

En effet, l’altération par les agents atmosphériques (ou altération météorique) a pour effet de rendre
les roches moins cohérentes et aussi de faciliter leur désintégration partielle ou complète. Elle dépend
du climat, de la température des eaux, de la nature des roches et de leur degré de fracturation.

L’altération météorique provoque la libération de tous les minéraux résistants à l’altération chimique
et mécanique qui peuvent, d’une part, s’accumuler dans le profil d’altération sur place (placer ou
gisement éluvionnaire) et, d’autre part, être transportés par les eaux de ruissèlement et se déposer
par suite de différenciation gravimétrique dans les milieux sédimentaires (placers ou gisements
alluvionnaires, gisements détritiques).

Egalement ces phénomènes d’altération de surface jouent un rôle important dans la formation des
gisements cémentés. La cémentation est la précipitation des sels dissouts à la limite supérieure de la
nappe phréatique. La zone de cémentation est ainsi située au sommet de la zone de saturation (ou
d’imbibition), là où la circulation de l’eau est importante et les éléments qui précipitent ont été
empruntés dans les zones plus superficielles, altérées atmosphériquement, donc ils proviennent de la
zone la plus superficielle d’aération. En métallogénie, la zone de cémentation présente un intérêt
capital: elle permet, en effet, d’expliquer le développement des minéralisations secondaires souvent
sulfurés, aux dépens des concentrations primaires; en effet, les eaux courantes en lessivant les
horizons situés dans la zone d’oxydation, oxydent les sulfures et se chargent en sulfates.
Ultérieurement ces eaux sulfatées attaquent les sulfures dans la zone de cémentation suivant le
schéma: RSO4 + MS = MSO4 + RS. Les nouveaux sulfures se précipitent suivant le schéma de Schurmann
qui classe les métaux dans l’ordre suivant: Hg, Ag, Cu, Bi, Cd, Pb, Zn, Ni, Co, Fe, Mn, de telle sorte que
la solution d’un sel d’un de ces métaux soit décomposée par le sulfure solide d’un des métaux suivants.

LA CEMENTATION DES GISEMENTS DE CUIVRE

Ces gisements cémentés sont issus de l’oxydation par les eaux de surface des gisements sulfurés de
métaux très chalcophiles (c’est-à-dire les éléments chimiques qui se combinent très aisément avec le
soufre: Cu, Zn, Cd, Hg etc..) qui se traduit par un accroissement de la teneur des horizons inférieurs
réducteurs en ces métaux au dépens des horizons supérieurs oxydants dans lesquels les sulfures sont
mis en solution. Ces phénomènes de cémentation conduisent à l’exploitation de plusieurs gisements
cuprifères à faible teneur.

1. LES DIFFERENTES ZONES D’UN GISEMENT CEMENTE

Les observations géologiques de nombreux auteurs sur les gisements cémentés ont montré une
régularité verticale typique pour ces gisements correspondants au profil suivant de haut en bas (voir
figure n°1):

• un chapeau de fer ou gossan: correspond à une roche complexe formée de la limonite et de


minéraux divers. Le chapeau de fer présente un aspect plus ou moins alvéolaire et des teintes
jaunâtres à brun- rouges. Il renferme en général de nombreux « boxwerk » de sulfures
remplacés par la limonite. En géologie, les « boxwerk ou boxwork en singulier» sont des

29
structures alvéolaires de limonites qui restent dans les cavités après dissolution des minéraux
sulfurés. Le boxwork peut être de forme spongieuse, triangulaire, pyramidal, losangique ou
irrégulière. Ses teintes peuvent varier d’une couleur ocre à orange en passant par le brun – noir.
La couleur et la forme des boxwerk peuvent être utilisées pour identifier les minéraux des
sulfures dissouts.
• une zone lessivée stérile: Elle ne renferme que les empreintes de la minéralisation sulfurée
initiale
• une zone à minerais oxydés: Elle est formée d’oxydes, de sulfates et de carbonates divers sur
épaisseur variable localisée juste au-dessus de la limite de la nappe phréatique. Cette limite
détermine la limite entre le domaine oxydant correspondant aux horizons supérieurs et le
domaine réducteur correspondant aux horizons inférieurs. Dans cette zone, le minerai primaire
subit une forte altération sous l’action de la circulation des eaux météoriques ou superficielles,
aboutissant à la formation d’enrichissements secondaires en oxydes, hydroxydes, carbonates,
sulfates, arséniates, métaux natifs, etc. pouvant être économiquement rentables.
• une zone de cémentation: Elle est dite aussi zone d’enrichissement secondaire. Elle est la zone
de précipitation des sulfures secondaires des métaux chalcophiles (chalcocite Cu2S, covellite
CuS) en remplacement des métaux moins chalcophiles (pyrite, pyrrhotine, chalcopyrite, blende,
galène). Elle est sise sous la limite de la nappe phréatique et est caractérisée par sa qualité
réductrice
• une minéralisation primaire ou protore: Elle correspond aux horizons profonds du gisement
caractérisés par la précipitation des métaux moins chalcophiles et l’absence des éléments
chalcophiles.
Surface

Chapeau de fer/Gossan

Zone lessivée stérile

Zone oxydée Zone oxydée: minéraux secondaires oxydés

Zone cémentée: sulfures secondaires: chalcocite,


covellite

Zone réductrice Protore à minéralisation primaire

FIG: 1: Répartition théorique des zones d’un gîte


en voie d’oxydation/ cémentation (d’après Park et
Marc Diarmid, 1979)

a. Le Chapeau de fer:

En principe deux types de solutions interviennent au niveau de l’oxydation des sulfures de métaux
divalents: le sulfate ferrique et l’acide sulfurique. Leur proportion dans un milieu dépend du rapport
Stotal / Mtotal ou encore du rapport Pyrite / Autres sulfures. La pyrite étant l’un des sulfures qui présente
le maximum de soufre dans sa formule chimique, plus ce rapport est élevé, plus les quantités de sulfate
ferrique et acide sulfurique seront abondantes et plus les réactions d’oxydation seront intenses.

On dira que la pyrite par son altération pilote l’oxydation des parties supérieures du gisement.

30
Les sulfures des métaux divalents présentent des proportions variables de soufre dans leur formule
chimique:

® certains métaux comme la chalcocite (Cu2S), la bornite (Cu5FeS4) ne contiennent pas assez de
soufre permettant leur oxydation complète; leur oxydation ou dissolution ne peut être que
partielle s’il n’y a pas apport de soufre du milieu extérieur;
® d’autres comme la covellite (CuS), la sphalérite (ZnS sans fer), la molybdénite (MoS2) etc..
renferment juste assez de soufre pour conduire à leur oxydation et à leur mise en solution
complète;
® d’autres enfin, comme la pyrite (FeS2) ou dans une moindre mesure la chalcopyrite (CuFeS2),
la pyrrhotine (Fe(1-x)S) contiennent plus de soufre qu’il n’en faut pour provoquer leur oxydation
et mise en solution définitive.

Par ailleurs certains sulfures de métaux divalents comme la galène (PbS) restent longtemps conservés
dans la zone d’oxydation même dans les environnements qui comportent un excès de soufre. En effet,
la galène dans ces milieux s’oxyde partiellement sous forme de minces couches d’anglésite ou cérusite
(PbCO3) qui forme une gaine la protégeant de l’action des oxydants énergiques.

Les minéraux comme l’or, les wolframites, les zircons etc. résistent à l’altération et restent longtemps
retenus dans la zone d’oxydation où ils présentent un enrichissement relativement important par suite
du départ des éléments mobiles.

Le lessivage des espèces sulfurées dans la partie supérieure oxydante conduit à la précipitation de la
limonite dans un environnement suite à des phénomènes très complexes.
La limonite est formée:

- d’une part, de composés ferrifères: goethite, lépidocrocite, hématite et rarement


magnétite, jarosite (sulfate de fer) et de sidérite (carbonate de fer)
- d’autre part, d’impuretés composées de silice (jaspe), de carbonates variés, de minéraux
de Mn, de gypse, etc.

Elle constitue le composant essentiel des chapeaux de fer dans lesquels elle présente des structures
caractéristiques correspondant à des figures de remplacement des sulfures primaires par la limonite
(cas de boxwork de pyrite)

La limonite est dite indigène quand elle se précipite sur place et est accompagnée de nombreuses
figures de boxwork; elle a une importance considérable dans le domaine de la prospection. En effet,
durant les 19e et 20e siècles, les gossans étaient utilisés comme des importants guides pour les dépôts
de minerais enfouis utilisés par les prospecteurs dans leur quête de minerais de métaux. Un
prospecteur expérimenté lit les indices dans la structure des gossans pour déterminer le type de
minéralisation qui se trouve en dessous du chapeau de fer (gossan).
La limonite qui est précipitée loin de son milieu d’origine est dite transportée et ne présente aucune
signification en prospection.

b. La zone d’oxydation:

Les horizons inférieurs sont surtout enrichis en oxydes de minéraux divers (zone oxydée sens strict),
formés de carbonates (malachite, azurite, cérusite, smithsonite, etc..), de silicates, des oxydes
(ténorite, cuprite, etc..) et de métaux natifs (Cu, Ag, Au, etc..).

31
La zone d’oxydation est limitée en profondeur par la surface hydrostatique qui constitue le niveau
tampon entre les eaux d’infiltration riches en oxygène et les eaux de la nappe relativement stagnantes
pauvres en oxygène dissout qui parfois renferme des bactéries sulfo – réductrices caractérisant les
milieux réducteurs. Le passage entre la zone d’oxydation et la zone de cémentation est généralement
assez brutal; il peut être irrégulier en raison de l’enracinement de l’oxydation suivant certaines
directions dans la zone cémentée, par exemple la zone des failles.
Le minerai oxydé peut se trouver en dessous de la limite de la nappe phréatique suite à des
évènements tectoniques ou climatiques.

L’importance de la zone d’oxydation dépend surtout des environnements climatiques ou


morphologiques; ainsi les régions humides à relief plat et les régions glaciaires se caractérisent par une
faible zone d’oxydation, alors que les régions semi – arides se caractérisent par une zone d’oxydation
bien développée.

La zone d’oxydation s’identifie par un certains nombres de caractères dont:

• la présence de carbonates, de silicates, de sulfates de métaux divalents (Cu, Pb, Zn, etc..),
d’oxydes divers (Cu, Ce, Sb, Mo, Bi, etc..), de chlorures, de bromures et d’iodures;
• la présence d’encroutements oxydés dans les cavités nodulaires ou concrétionnées;
• la présence de « boxwerk » (structure de dissolution) accompagnés d’argile de décomposition.

c. La zone de cémentation:

Les solutions issues de la zone d’oxydation vont réagir dans la zone située en dessous de la surface
hydrostatique sur les sulfures primaires de la minéralisation hypogène pour former des sulfures
secondaires dans la zone de cémentation.

Cette zone de cémentation sise en dessous de la nappe phréatique (milieu réducteur) présente une
base irrégulière ou des enracinements profonds correspondant aux zones de faille. Elle peut se
terminer brutalement, soit par contact d’une faille, soit par l’absence de minéralisation primaire.

Le passage de la zone de cémentation à la minéralisation primaire se fait, en général, par


appauvrissement progressif et continu de la minéralisation. Le développement de la zone de
cémentation peut être favorisé par la présence d’un certain nombre de paramètres dont:

1. L’absence d’un encaissant carbonaté: Le carbonate de calcium (CaCO3) est très réactif et
provoque facilement la précipitation des ions métalliques contenus dans les eaux d’infiltration
sous forme de carbonates divers dans la zone d’oxydation.
2. La continuité de la minéralisation en profondeur: cette continuité permet la néoformation
directe des sulfures secondaires à partir des sulfures de la minéralisation hypogène (ou
primaire), elle s’accompagne d’une augmentation du rapport Métal / Soufre

La zone de cémentation peut être déterminée par la reconnaissance d’un certains nombres de
caractères, à savoir:

1. La présence d’un riche minerai sulfuré formé d’une association de minéraux comme la
chalcocite, la covellite, l’argentite, la pyrargyrite, le cuivre natif, l’argent natif, etc.. localisé
juste en dessous d’une zone d’oxydation;
2. La diminution rapide de la proportion de chalcocite et de covellite avec la profondeur;
3. La présence de texture de remplacement des sulfures primaires par les sulfures secondaires
avec augmentation du rapport Métal / Soufre.

32
-

Zone oxydée
Surface
hydrostatique
FF
FF FF

Zone réductrice

FIG2: Relation spatiale entre la surface


hydrostatique et les zones de
cémentation et d’oxydation

La zonalité supergène:

L’évolution géochimique de la zone d’oxydation comporte une zonalité supergène différente de la


zonalité hypogène. Les exemples de zonalité supergène étudiés en ex- URSS montrent qu’on rencontre
successivement de haut en bas:

- les oxydes et les carbonates;


- les sulfates, les métaux natifs;
- les sulfures supergènes.

La position des métaux natifs dans la zonalité supergène est tout à fait ordinaire et s’explique par le
fait que leur domaine de stabilité se situe à la limite de la zone d’oxydation et de la zone de
cémentation.

2. Modèle électrique de l’oxydation – cémentation

Si nous envisageons la cémentation sous l’angle des phénomènes électriques (Figure 3), on constate
que dans un gisement sulfuré en voie d’oxydation ayant son sommet au dessus de la nappe phréatique
et sa partie inférieure en dessous de celle – ci, il se déroule des phénomènes électriques comparables
à ceux d’une pile électrique: la partie supérieure jouant le rôle de cathode (zone d’oxydation) et la
partie inférieure celui de l’anode (zone de réduction).

La précipitation des sulfures secondaires est contrôlée par la valeur du potentiel anode (potentiel
redox de la zone de cémentation) qui varie de 0,4 volt à 0,65 volt.

A partir des études menées, on constate que seuls les minéraux tels que la chalcocite (Cu2S), l’argentite
(Ag2S), le métacinabre (Hg2S), la covellite (CuS) qui ont leur potentiel redox respectivement de 0,65
volt, 0,49 volt, 0,46 volt, 0,45 volt sont thermodynamiquement stables dans la zone de cémentation.

surface

Gossan et zone
lessivée

Zone oxydée 33
Ces phénomènes électriques servent souvent en prospection géophysique, notamment en polarisation
spontanée (PS); toutefois il n’existe pas de corrélation directe entre l’intensité de la polarisation
spontanée et l’importance des phénomènes de cémentation, car de nombreux gisements de
cémentation sont fossilisés et les réactions d’oxydation – cémentation sont complètement bloquées.

3. Conditions favorisant la formation des gisements cémentés:

Le développement de la cémentation est favorisé par la présence dans un même environnement


géologique les paramètres suivants:

-la température;
-les associations de sulfures et en particulier le rapport pyrite/autres sulfures;
-la réactivité de la gangue;
-la pluviométrie;
-les conditions morphologiques et la perméabilité des terrains;
-l’évolution de la surface hydrostatique de la nappe phréatique.

La température: Le rôle de la température en tant que catalyseur est bien connu depuis longtemps
dans l’accélération des réactions biochimiques aussi bien dans le domaine expérimental que dans le
milieu naturel.

Les associations de sulfures et la réactivité de la gangue: Leur rôle a été bien traité dans les
paragraphes ci – dessus.

La pluviométrie: L’eau est indispensable au développement de la cémentation. Sans eau il ne peut y


avoir de réactions d’oxydation ou de cémentation. En revanche lorsque les précipitations sont
importantes, les solutions deviennent très diluées, les circulations rapides et les phénomènes
d’oxydation – cémentation deviennent nulles. Selon les études menées, les meilleures conditions
climatiques pour les phénomènes d’oxydation – cémentation sont celles des climats semi – arides avec
une pluviométrie moyenne de 600 à 1200 mm d’eau par an.

34
Les conditions morphologiques et la perméabilité des terrains: En plus de l’eau pour le
développement de la cémentation, il faut:

•que l’environnement et la nature des terrains permettent une circulation de cette eau sur une grande
profondeur. Cette circulation des eaux en profondeur favorise le lessivage d’une quantité importante
de la minéralisation primaire au niveau des horizons supérieurs, condition indispensable à un
développement des phénomènes de cémentation à l’aval c'est-à-dire dans les horizons inférieurs sis
en dessous de la surface hydrostatique:

•que l’environnement ou les terrains soient de relief (ou morphologie) accentué dans lesquels le
niveau de nappe aquifère est très profond permettant ainsi un lessivage d’une grande épaisseur de
terrains. En revanche dans les zones pénéplanisées, la nappe aquifère est subaffleurante et aussi le
stock métal mis en solution est très faible, en conséquence il ne peut y avoir des phénomènes de
cémentation ; on dit alors que les dépôts minéralisés sont noyés par la nappe aquifère.

Evolution de la surface hydrostatique de la nappe phréatique: Les conditions optima de


développement des gisements cémentés se réaliseront lorsqu’il se produit un abaissement lent et
régulier de la surface hydrostatique, accompagné d’un lessivage progressif des niveaux supérieurs.

Ce processus provoque une oxydation et une mise en solution des minéraux du secteur de plus en plus
riche et favorise ainsi le développement de la cémentation dans les horizons profonds situés en
dessous de la nappe phréatique. La répétition de tel processus peut conduire à des enrichissements
importants pourvu que les racines de la minéralisation primaire ne fassent défaut.

Si nous avons une élévation brutale de la surface hydrostatique suite à des phénomènes quelconques,
ou un recouvrement du secteur par des terrains importants, les phénomènes d’oxydation –
cémentation seront bloqués par arrêt de l’oxydation en raison respectivement de la remontée de la
surface hydrostatique ou de l’arrêt des solutions d’infiltration.
Si par ailleurs nous avons un abaissement brutal de la surface hydrostatique, on obtient une zone
d’oxydation – cémentation suspendue qui s’oxyde progressivement pour former une nouvelle zone
d’oxydation cémentation sous la nouvelle surface hydrostatique (Figure 3).
Actuellement la plupart des gisements de cémentation connus sont des dépôts fossiles dans lesquels
la position de la nappe phréatique actuelle n’a aucun rapport avec celle de la nappe ayant permis (ou
occasionné) le développement de la cémentation.

Ancienne surface topo

Zone d’oxydation
Nlle surface topo

Ancien N.H.

35
CHAPITRE 2: ACTION DES PHENOMENES DE SURFACE SUR LES
ROCHES FAIBLEMENT MINERALISEES
LES GISEMENTS RESIDUELS
L’altération superficielle affecte gîtes ou les gisements de différentes façons, elle peut:

- lessiver d’une manière continue les anciens gîtes ou gisements;


- oxyder les matériaux sur place sans changer la teneur du minerai;
- créer un gisement par la concentration de matériaux originellement dispersés dans la roche
saine.

36
La plupart des gisements de fer (latéritique), d’aluminium, de manganèse et de nickel etc. reconnus
dans le monde se sont formées de l’action du dernier processus; de tels gisements sont appelés
gisements résiduels auxquels le gisement de nickel de la Nouvelle Calédonie en fait partie.

Un gisement résiduel est un gisement formé par l’altération d’une roche préexistante qui a perdu
par dissolution une partie importante de ses constituants et qui par contre coup s’est enrichi en
certains minéraux ou certains éléments.

1. GISEMENTS DE NICKEL DE LA NOUVELLE CALEDONIE

Ce gisement à l’instar de la plupart des gisements de Ni connus dans le monde, (Afrique du Sud,
Australie, Cuba, ex – URSS, Grèce, ex - Yougoslavie, Guinée, Venezuela, Philippines, USA, etc..), semble
provenir du développement de l’altération latéritique ancienne ou récente des roches ultra- basiques.
Il est schématiquement considéré comme le résultat d’une simple latéritisation éliminant la silice
combinée, le calcium et le magnésium qui constituent 80% de la roche ultrabasique et provoque ainsi
un enrichissement en Ni dans le profil d’altération. En réalité le Ni ne présente pas un comportement
seulement résiduel, il est en partie lessivé et entrainé vers les bas – fonds par le biais des eaux
d’infiltration.

Toutes les informations qui suivent sont, en général, issus des travaux de J.J. TRESCASES (1970 – 1975)
sur le processus de concentration du Ni dans les gisements de la Nlle Calédonie.

1.1. Morphologie et évolution morphologique des massifs ultra – basiques (U.B.) de la Nlle
Calédonie.

Ces massifs, mis en place à l’Oligocène, au dessus des coulées sous marines de basaltes – andésites,
ont été érodés et aplanis au Mio – Pliocène. Sur ce modèle, s’est développée au Pliocène une altération
météorique résultant des actions d’un climat tropical humide qui a provoqué le lessivage de 80% du
poids original de ces roches extrêmement vulnérables à l’altération.

Trescases distingue deux phases essentielles lors du développement de ces phénomènes d’altération

a. Une phase de karstification: La formation de karst résulte d’une grande solubilité de la roche
entrainant la formation de dolines (dépression circulaire dont le fond est occupé par un dépôt
argileux rouge de la dissolution des calcaires), des poches de dissolution avec soutirage de
particules fines du manteau d’altération. Les zones les plus vulnérables à l’altération sont
celles des brêches tectoniques au-dessus desquelles se forment les dolines et les poches de
dissolution
b. Une phase de démantèlement: Ce phénomène, en relation avec la surrection tectonique qui
s’est poursuivie jusqu’au quaternaire se traduit par un abaissement du niveau de base de la
nappe phréatique et une incision de plus en plus profonde de la pénéplaine par les cours d’eau.
Il a provoqué un dessèchement des zones marécageuses, leur cuirassement et une
accélération de la karstification par soutirage sous cuirasse.

1.2. Profil d’altération.

La plupart des descriptions des gisements de la Nlle Calédonie ont montré que le Ni était concentré au
cours de la latérisation de la serpentine ou de la péridotite (Glasser, 1904; Berthelot, 1933; Chételat,
1947; Routhier, 1952 et 1963; Trescases, 1973; Troly et al, 1979). La serpentine s’altère en latérite
rouge sombre, donnant des profils de sol similaires à ceux des régions tropicales (Figure ).

37
Là où la latéritisation est complète, les silicates primaires des roches ultramafiques ont été détruites,
et la silice, le calcium et le magnésium sont déplacés. La garniérite, une serpentine nickélifère, est le
principal minéral en Nlle Calédonie. La garniérite dans laquelle le Ni a remplacé le Mg est brune et est
appelée nouméite; elle est appelée népouite si le Ni remplace le Fe et saponite (localement pimelite)
pour le Ni portant la montmorillonite.

L’analyse géomorphologique a permis de mettre en évidence quatre (4) zones très distinctes
caractérisées par un profil d’altération caractéristique: 1. le plateau; 2. le versant ; 3. le piedmont et
glacis; 4. le bas fond.

1.2.1. Profil d’altération sur plateau. On rencontre de haut en bas les horizons suivants:

• une cuirasse ferrugineuse;


• une terre rouge plus ou moins riche en gravillons;
• une saprolite fine correspondant à la roche U.B. totalement altérée et ferrugineuse à structures
souvent reconnaissables;
• une saprolite grossière correspondant à la roche U.B. légèrement altérée à structure conservée;
• une roche U.B. peu ou pas altérée.

Le terme saprolite vient du mot grec « sapros » qui signifie « pourri »; la saprolite désigne donc une
roche plus ou moins complètement altérée ; « elle est dite grossière lorsqu’elle renferme des
fragments de roches légèrement altérés de taille supérieure à la maille de libération des cristaux et
fine dans le cas contraire.

Les caractéristiques de ces différents horizons du profil d’altération sont les suivantes:

-la roche mère du profil est constituée par des péridots très fracturés formés d’olivine, d’antigorite, de
chromite et d’enstatite. Dans la partie supérieure du massif, le nickel se présente essentiellement dans
les silicates avec des teneurs de l’ordre de 4000ppm dans les péridots et 1000ppm dans
l’orthopyroxène (enstatite); en revanche dans la partie inférieure le nickel apparait aussi bien dans les
silicates (péridot = 1500ppm, enstatite = 400ppm) que sous forme de sulfures.

-la saprolite grossière constitue l’essentiel des minerais du plateau. Elle dérive de l’altération de la
roche mère avec conservation des structures et présence de fragments de roche plus ou moins altérée.
Dans ces roches l’orthopyroxène s’altère en talc et chlorite, l’olivine s’altère en gels ferriques et siliceux
(oxydes hydratés amorphes), l’antigorite primaire se désagrège partiellement. La goethite et
l’asbolane (roche formée d’un mélange d’oxydes de Co, Mn, et de Fe accompagnés de silice et
d’alumine) cristallisent quelquefois dans le profil. Le Co sous forme d’asbolane se concentre
préférentiellement avec les oxydes de Fe au niveau des latérites, alors que le Ni se concentre sur le
bedrock au niveau du front d’altération. Le Ni est aussi fixé dans le maillage serpentineux sur les
antigorites primaires légèrement altérés formant ainsi les antigorites nickélifères appelés
« garniérite ». Selon Trescases les garniérites, de couleur vert pomme, seraient: soit des mélanges
d’antigorites Ni-Mg interstratifiés avec du talc – montmorillonite; soit des mélanges d’espèces
magnésiennes à Ni, de silice amorphe et d’hydroxydes de Ni.

-la saprolite fine est formée essentiellement d’hydroxydes de Fe, de talc hérité de la saprolite grossière,
de quartz, d’opale, de chromite et des minéraux de la série des psilomélanes; la structure initiale de la
roche mère y est souvent reconnaissable.

-les terres rouges et les cuirasses ferrugineuses sont formées essentiellement d’oxydes et
d’hydroxydes de fer (goethite); les structures originales des roches n’y sont pas reconnaissables.

38
Le comportement du Ni dans ce profil se résume comme suit:

- lors du processus d’altération météorique, on assiste à une libération partielle du Ni des péridots, des
ortho pyroxènes et des sulfures, puis précipitation partielle soit par adsorption atomique dans les
lacunes du maillage des antigorites (serpentine en lamelles) primaires sous forme de Ni(OH)2 (piège I)
soit sur les gels silico – alumineux dérivant de l’altération des péridots ou sur les hydroxydes de fer –
cobalt (piège II);

- avec le développement du processus d’altération, le Ni qui a échappé à ces deux pièges sera entrainé
par les eaux d’infiltration dans les zones de fractures qui sont des zones de drainage préférentiel dans
lesquelles il se précipite sous forme de quartz à garniérite (piège III) formant quelquefois d’importants
gisements de Ni. Ce troisième piège, à l’instar du premier, est dû au maintien du Ni dans le maillage
serpentineux des antigorites primaires.

1.2.2. Profil d’altération sur les versants.

Dans cette zone les conditions générales de l’altération sont différentes de celles sur le plateau en
raison:
© d’une part, par sa position topographique qui implique un drainage plus rapide et violent; et,
© d’autre part, par le lessivage des plateaux par les eaux d’altération qui seront chargées en silice
et magnésium en conséquence.

Elle se caractérise par des faciès et des profils d’altération de faible puissance constitués:

- d’un horizon de surface en partie colluvial dans lequel la silice primaire est conservée;
- d’un horizon supérieur représenté par la saprolite grossière des plateaux où se néoforme
abondamment la montmorillonite.

Dans cette zone Le Ni s’accumule systématiquement au sommet du profil dans la zone silicatée; les
concentrations économiques y sont rares.

1.2.3. Profil d’altération des piedmonts et glacis.

Les piedmonts et glacis correspondent au bas du versant des plateaux quelquefois en remplissages
d’anciennes vallées. Leur profil d’altération est très semblable à celui de la zone des plateaux; toutefois
leur puissance est beaucoup plus faible, il en ait de même de l’intensité de l’altération.
Les orthopyroxènes s’altèrent très lentement en quartz et talc, l’antigorite primaire s’altère
partiellement en montmorillonite, les péridots s’altèrent directement en montmorillonite qui se
néoforme abondamment dans le milieu. Dans la saprolite fine on retrouve quelques minéraux de
silicates primaires conservés; en revanche la montmorillonite s’altère à ce niveau partiellement en
goethite et quartz. Les concentrations de Ni y sont rares.

1.2.4. Profil d’altération des bas-fonds.

L’ensemble des matériaux altérés et érodés des zones de relief se sédimentent dans les plaines intra
montagneuses qui forment les bas-fonds. Ces formations sont, en général, puissantes de 60 à 80 m et
subissent une diagenèse au niveau des sédiments les plus profonds avec une recombinaison des galets
de péridotites et des niveaux de goethite qui évoluent pour donner de la montmorillonite. Le Ni
apporté dans le milieu est fixé sur la montmorillonite (piège IV), mais ils forment rarement des

39
concentrations appréciables; leur exploitation est difficile et d’ailleurs presque impossible
actuellement en raison de l’abondance des eaux.

1.3. Le cycle supergène du Ni et la différenciation pédologique.

L’analyse des phases migratrices et résiduelles de l’altération météorique des roches U.B. de la Nlle
Calédonie par Trescases a montré le comportement géochimique complexe du Ni dans le processus de
cette altération.

Quatre (4) pièges ont été mis en évidence pour le Ni lors de ces phénomènes:

Piège I: correspond à la fixation dans les antigorites hérités et peu altérés. Avec l’évolution de
l’altération, ce piège se déplace vers le bas et fixe aussi le Ni vers le bas. Sont de ce groupe les gisements
de Grèce, ex – Yougoslavie, Ukraine, Afrique du Sud, Brésil, U.S.A., etc..; ce sont des gisements de type
silicaté qui se forment sous des climats légèrement agressifs.

Piège II: correspond à celui lié aux hydroxydes libérés au sommet de la saprolite grossière par
destruction des antigorites primaires. Ces hydroxydes (goethite, asbolane) fixent 30 à 50% du Ni qui
restera, conservé jusqu'à leur destruction totale près de la surface. Les gisements de Guinée, Australie,
Cuba, Philippines, Venezuela et les gites et indices de Madagascar sont de ce type, ce sont des
gisements de type oxydé formés sous des climats très agressifs.

Piège III: correspond à la précipitation du Ni, évacué dans la phase migratrice de l’altération et
provenant de la destruction des antigorites nickélifères, dans les filons de quartz à garniérite sous
forme d’enrichissement silicaté. Le piège III apparait dans de nombreux gisements et son importance
est fonction de la morphologie locale du gisement.

Piège IV: correspond au Ni fixé sur les montmorillonites dans les bassins sédimentaires. Suite à la
diagenèse des sédiments, les montmorillonites néoformées fixent tout le Ni disponible. Les gisements
se rapportant à ce piège sont très rares.

En conclusion les gisements silicatés ou oxydés correspondant aux pièges I et II regroupent la majorité
des gisements de Ni. Ils sont le plus souvent associés dans le même district minier, voire dans le même
gisement; le type prédominant peut être facilement mis en évidence par l’examen d’un simple profil
géochimique et minéralogique.

Les gisements du premier type (piège I) montrent à la base du profil des minéraux verts pomme
(garniérite) associés à de fortes concentrations de Ni, SiO2, MgO et des faibles teneurs en Fe2O3.
Les gisements du second type (piège II) montrent dans les niveaux intermédiaires du profil des fortes
teneurs en Ni superposées à des fortes teneurs en Fe2O3 et des faibles teneurs en SiO2 et MgO

2. LES CONCENTRATIONS RESIDUELLES D’ALUMINIUM: LES BAUXITES.

2.1. Définition:

Les bauxites sont des latérites riches en aluminium (40% au moins) et pauvres en alcalins, alcalino-
terreux, en silice et en fer. Elles proviennent de l’altération météorique de diverses roches (roches
ignées, métamorphiques et sédimentaires). Cette altération est appelée allitisation

2.2. Propriétés des bauxites:

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Les bauxites présentent des structures variables concrétionnées, massives, caverneuses, pisolithique,
aphanitique (sans structure), terreuse. Elles peuvent être très dures ou encore pulvérulentes. Leur
couleur varie selon les impuretés qu’elles renferment: rose ou rouge (à hématite), ocre ou jaunâtre (à
goethite), blanchâtre (sans fer), noire (présence de matières organiques ou de manganèse), verte (à
chlorite). Sa composition minéralogique est difficile à reconnaitre à l’œil nu, mais, elle se reconnait par
l’utilisation des techniques d’analyse de laboratoire très fines telles que la diffraction au rayons x,
l’analyse thermique différentielle, l’analyse thermo pondérale, l’analyse à l’infrarouge, la microsonde
électronique, etc..

Les principaux minéraux de bauxites sont:

a.les hydroxydes d’aluminium:

- la gibbsite: Al(OH)3 ou Al2O3-3H2O


- la boehmite: AlOOH ou Al2O3-H2O
- le diaspore: AlOOH ou Al2O3-H2O
La différence entre la boehmite et le diaspore est optique. Ces trois (3) minéraux ci – dessus se forment
dans des conditions d’oxydo – réduction différentes:

Gibbsite

Boehmite
Eh = 0

Diaspore

Ce schéma montre les paragenèses minérales possibles dans la nature entre ces trois (3) minéraux. Il
déduit qu’on ne peut jamais avoir la paragenèse gibbsite – diaspore dans un même gisement c'est-à-
dire que si par coïncidence on a la présence de la gibbsite et du diaspore dans un même gisement,
c’est que le gisement a fait l’objet de deux (2) phénomènes géologiques différents.

b.les oxydes d’aluminium:

Le corindon (Al2O3) se forme lors du métamorphisme des bauxites.

c.les oxydes et hydroxydes de fer:

- oligiste
- goethite
- lépidocrocite
- magnétite qui se forme dans les faciès métamorphisés.

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d.les minéraux argileux:

- la kaolinite
- le halloysite
- la montmorillonite
- l’illite
- la chlorite

e.les autres constituants:

- le titane sous forme de rutile ou d’anatase (TiO2): 2 à 4%;


- les minéraux de manganèse;
- le quartz sous forme d’opale;
- la pyrite très gênante à partir de 2 – 3%;
- les carbonates (sidérose, calcites) qui sont peu gênants.

2.3. Utilisation des bauxites.

Les bauxites, selon leur composition chimique, sont utilisées dans plusieurs domaines:

• dans la fabrication des produits chimiques: bauxites peu ferrifères avec 2 à 4% de Fe 2O3, riches
en silice avec 10 à 15% de SiO2 et de couleur blanchâtre.
• dans l’industrie des réfractaires: bauxites riches en fer jusqu’à 8% de Fe2O3 et en silice.
• comme minerai d’aluminium: bauxites pauvres en silice (<6%), mais pouvant contenir de forte
proportion de Fe2O3 jusqu'à 25%.

2.4. Formation de la bauxite.

La formation des bauxites est surtout fonction des conditions climatiques qui déterminent les grands
types d’altération. En 1968, Guy Pedro a identifié les grands types d’altération à la surface terrestre en
se basant sur la proportion de la silice et de l’alumine évacuée par les eaux de surface.

Al2O3 en solution < SiO2 en solution Al2O3 en solution >SiO2 en


Al est évacué par hydrolyse sous forme de AlO22- solution
Formation de complexe
Lessivage intense, évacua- Lessivage assez fort, Lessivage faible, SiO2 se Lessivage d’Al2O3 sous for-
tion totale de SiO2 et des évacua-tion partielle de SiO2 concentre dans le profil. Les me de complexes et des
cations basiques du profil et totales des cations cations basiques sont aussi catégories basiques.
d’altération basiques du profil présents dans le profil Stabilité de SiO2 dans le
d’altération d’altération profil d’altération.
Hydrolyse d’alumine Phyllosilicate 1/1 Phyllosilicate 2/1
Gibbsite, boehmite Kaolinite Montmorillonite,
Vermiculite, etc.. Silice libre
Monosiallisation Bisiallisation
(Ferr) allitisation (Fer) siallisation Podzolisation

Lorsqu’Al2O3 en solution est inférieur à SiO2 en solution, les réactions d’hydrolyse dominent dans le
milieu. En revanche, lorsque Al2O3 en solution est supérieur à SiO2 en solution, le milieu est acide, la

42
matière organique est conservée, les réactions biochimiques prédominent sur les réactions
d’hydrolyse, Al2O3 est évacué sous forme de cations Al3+ lié aux complexes organiques; en revanche, la
silice se conserve dans le profil d’altération.

2.5. Principaux types de bauxites.

Selon les modes de formation, on distingue deux (2) types de catégories de bauxites:

- les bauxites primaires issues de l’altération des roches mères variées (ferrallitisation) avec
néoformation des hydroxydes d’alumine secondaire aux dépens des minéraux primaires de la
roche mère: ces bauxites sont résiduelles et autochtones;
- les bauxites secondaires qui proviennent du démantèlement des gisements de bauxites primaires
par érosion mécanique et accumulation dans les bassins sédimentaires sous forme de dépôt
continu.

2.5.1. Bauxites primaires:

Parmi ces bauxites, on distingue:

-les bauxites sur roches éruptives, métamorphiques et sédimentaires non carbonatés;


-les bauxites sur roches sédimentaires carbonatés.

a. Bauxites sur substratum éruptif, métamorphique et sédimentaire non carbonaté:

La source de l’aluminium dans les roches cristallines et cristallophylliennes est constituée par les
feldspaths, les feldspathoïdes et parfois les minéraux argileux. Par contre, la source de l’aluminium
dans les roches sédimentaires non carbonatés est constituée par les minéraux argileux surtout; les
roches mères de ces bauxites sont, en général, pauvres en silice.

L’altération de ces roches ou de leurs minéraux constitutifs conduit, soit directement à la formation
de gibbsite, soit indirectement par la formation de la kaolinite évoluant ensuite pour former de la
gibbsite.

Premier cas: L’altération directe:

• cas des feldspaths:

NaAlSi3O8 + 7H2O +H+ Al(OH)3 + 3H4SiO4 + Na+


(Albite) Gibbsite)
CaAl2Si2O8 + 6H2O + H+ 2Al(OH)3 + 2H4Si2O4 + Ca+
(Anorthite) (Gibbsite)
KAlSi3O8 + 7H2O + H+ Al(OH)3 + H4SiO4 + K+
(Gibbsite)
• cas des mica:
2KAl3Si3O10(OH)2 + 18H2O + 2H+ 6Al(OH)3 + 6H4SiO4 +2K+
(Gibbsite)
Deuxième cas: l’altération indirecte provoque la formation de la kaolinite évoluant pour former la
gibbsite

43
• cas des feldspaths
2NaAlSi3O8 + 9H2O +2H+ H4Al2Si2O9 + 4H4SiO4 + 2Na+
(Albite) (Kaolinite)
CaAl2Si2O8 + H2O + 2H+ H4Al2Si2O9 + Ca2+
(Anorthite) (Kaolinite)
2KAlSi3O8 + 9H2O + 2H+ H4Al2Si2O9 + 4H4SiO4 + 2K+
(Microcline) (Kaolinite)
• cas des micas
2KAl3Si3O10(OH)2 + 3H2O + 2H+ 3H4Al2Si2O9 + 2K+
(Kaolinite)
• cas de la kaolinite
H4Al2Si2O9 + 5H2O 2Al(OH)2 + 2H4SiO4
(Gibbsite)

Dans les conditions du climat tropical humide, très peu de minéraux résistent à l’altération. La plupart
des minéraux s’altèrent d’abord en kaolinite qui évolue ensuite pour former la gibbsite. Selon la nature
de la roche mère, on distingue:

- les bauxites formées sur syénites néphéléniques: bauxites de l’Arkansas (Canada); bauxites du
Brésil, bauxite de l’Ile de Los (Guinée), etc..;
- les bauxites formées sur les dolérites: bauxites des trappes du Deccan (Inde), bauxites de
l’Allemagne, d’Ecosse, du Cameroun, de Guinée et du Mali, etc..;
- les bauxites formées sur les schistes sédimentaires ou métamorphiques: bauxites des 3
Guyannes, bauxites de Cote d’Ivoire, du Ghana, de Guinée (région de Kindia), et du Mali, etc..;
- les bauxites formées sur les grès: bauxites d’Australie (Weppia), du Nigéria, etc..

Ces bauxites reposent, en général, sur des pénéplaines des pays tropicaux actuels; elles sont donc
d’âge récent, mais la plupart d’entre elles résulteraient d’une longue évolution qui se serait poursuivie
durant tout le tertiaire. Elles ne présentent, en général, aucun recouvrement superficiel.

b. Bauxites sur substratum sédimentaire carbonaté (ou bauxites karstiques):

Elles sont très répandues dans les régions européennes et dans les Caraïbes (Jamaïque). Elles sont
généralement disposées en un mur et un toit, et dans des rares cas (Jamaïque) présentent une base
irrégulière formée de poches de dissolution karstique qui rendent leur exploitation très délicate.

Seule partie récupérable

Bauxite non récupérable

Genèse des bauxites sur substratum carbonaté

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Ces bauxites peuvent se former soit:
- par altération directe du substratum carbonaté et en particulier des minéraux argileux que
renferme les roches carbonatées;
- par l’altération d’une roche mère différente de la roche carbonatée (roche argileuse) qui s’est
déposée au - dessus de celle – ci.

Roches carbonatées contenant des Argiles de Bauxites


impuretés argileuses décalcification

Décarbonation Désilicification

Bauxite

Bauxite parautochtone

2.5.2. Bauxites secondaires:

Les bauxites primaires formées lors de la phase biostasique vont s’éroder lors de la période
rhéxistasique et s’accumuler dans les bassins sédimentaires pour former les bauxites secondaires.
Ces bauxites présentent souvent des structures sédimentaires diverses (stratification, lamination,
figures de granoclassement, etc..) qui témoignent leurs conditions de formation.
Quelquefois on peut avoir un soutirage de bauxite dans les poches karstification des substratums
carbonatés: ce sont des bauxites de soutirage karstique.

Bauxite primaire

Bauxite secondaire

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2.6. Transformation physico – chimique que peuvent subir les bauxites:

Une fois formées, les bauxites peuvent subir plusieurs modifications physico – chimiques:

• il peut y avoir le lessivage du fer de la bauxite avec formation de la bauxite blanche qui est très
recherchée. Ce phénomène intervient lorsque des marécages ou des solutions généralement
acides se forment au – dessus de la couche bauxitique;
• lorsque l’environnement est très réducteur avec formation de sulfures abondants, il y’aura
formation de pyrite suite à une combinaison du fer et du soufre du milieu, qui constitue un
minéral très gênant pour l’exploitation de la bauxite;
• il peut y avoir des phénomènes de silicification et de carbonatation des bauxites suite à la
circulation en leur sein des solutions de nature variée; les solutions siliceuses provoquent non
seulement la silicification des bauxites, mais aussi la néoformation de la kaolinite dans son
environnement.

CHAPITRE 3: PHENOMENES DE SURFACE SUR ROCHES BANALES


FILONS « PER DESCENSUM » OU GISEMENTS D’INFILTRATION
Les études menées sur de nombreux gisements filoniens montrent que leur évolution se rattache
difficilement à un processus magmatique ou métamorphique de leur environnement immédiat. Ainsi
du point de vue de leur âge relatif, des conditions de croissance de leurs minéraux ou de leur
morphologie, ces gisements filoniens sont souvent difficiles à concevoir dans une optique
hydrothermaliste classique.

C’est en se basant sur ce constat que Moreau et Al (1966), Barbier (1974 et 1976) ont proposé un
modèle « per descensum » pour la mise en place de certains filons plombo – zincifères, uranifères
français et européens; ce modèle apporte des solutions originales à certains problèmes géologiques
rencontrés.

46
3.1. Gisements plombo – barytiques et modèle « per descensum ».

Les études menées par J. Bossi en 1972 ont prouvé que le modèle « per descensum » s’applique bien
aux filons plombo – barytiques et zincifères de Vidal sis dans le massif central français. Ces filons sont
localisés dans un antéhouiller sur des accidents mineurs presque perpendiculaires à la grande faille de
Villefranche de Rouergue. La base de socle renfermant les minéralisations forment un horst qui semble
être actif du Permien au Jurassique.

Les gisements forment des corps filoniens puissants d’environ 7 m en surface; leur puissance diminue
avec la profondeur pour atteindre 2 à 3 m dans les horizons de base. La morphologie apparait sous
forme massive en surface et évolue en profondeur sous forme de ramifications de faible puissance
individuelle ou cumulée.

Les épontes de ces filons présentent des altérations de faibles intensité et une puissance d’environ 1m
en moyenne. Les minéraux d’altération se composent de: 1. de kaolinite mal cristallisée, des chlorites
et vermiculites formées au dépens des biotites; 2. de minéraux argileux formés au dépens des
feldspaths. Il s’agit donc d’une altération ménagée sans aucun développement de nature typiquement
hydrothermale.

Le remplissage filonien se compose d’une succession de rubans baryto –sulfurés formée de la séquence
suivante:

- dépôt de la barytine;
- dépôt de la silice avec silicification de la barytine;
- dépôt de la blende (ZnS) ou de la galène (PbS).

Les silicifications de la barytine se traduisent surtout par la présence des reliques de la barytine dans
le quartz et de liséré d’inclusions qui soulignent les contours des cristaux de barytine. Le dépôt des
sulfures est donc toujours postérieur aux phénomènes de la silicification de la barytine; les sulfures se
déposent sur les contours des agrégats silicifiés.

Dans le remplissage des filons, on constate une rapide diminution de la taille des cristaux de barytine
et le pourcentage de la barytine silicifiée avec la profondeur.

L’étude des inclusions fluides montre:

- d’une part, une augmentation du pourcentage des inclusions avec la profondeur; et,
- d’autre part, une augmentation rapide de la salinité à l’échelle des rubans élémentaires

Barytine: 8 +/- 2% équivalent poids NaCl


Quartz: 13 +/- 3% équivalent poids NaCl
Blende: 3 à 4 % équivalent poids NaCl

Les études thermodynamiques réalisées par plusieurs géologues dont Strubel (1967),Uchameshvili et
Al (1966) et Holland (1967) ont montré que:

-la solubilité de la barytine BaSO4 augmente avec l’accroissement de la salinité du milieu;


-la solubilité de la silice diminue avec l’augmentation de la salinité.

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Ce processus explique non seulement le remplacement de la barytine par la silice dans le cas du filon
de Vidal, mais aussi les phénomènes de silicification en bordure continentale dans les environnements
évaporitiques caractérisés par des degrés de salinité élevée. Ce remplacement se fait comme suit:

• dans un premier temps lors du remplissage filonien de la Vidale, la barytine se dépose le premier
sur les épontes à partir des solutions d’infiltration;
• en deuxième phase, lorsque la salinité des solutions augmente et passe de 6 à 12%, équivalent
du poids NaCl (milieu assez confiné de type évaporitique), la barytine déposée antérieurement
passe en solution, pendant que la silice se dépose dans le milieu en remplacement de la barytine
primaire; c’est la pseudomorphose de la barytine par la silice.
• la précipitation des sulfures n’interviendra que tardivement lorsque le milieu confiné deviendra
réducteur. En effet, à partir de Eh = 0,2 volt la solubilité de Pb2+ et Zn 2+ en solution diminue
brutalement, alors que celle de Ba2+ augmente rapidement. Dans ces conditions toute la
barytine peut ainsi passer en solution si elle n’est pas bloquée par une gaine protectrice et les
sulfures précipitent massivement

A la lumière des données ci – dessus, on constate que le modèle « per descensum » s’applique bien
aux filons plombo – barytiques et zincifères de la Vidale. Il suffirait simplement que les solutions
d’infiltration puissent contenir des éléments utiles en quantité suffisante pour induire la formation de
ces minéralisations. La source des principaux éléments (Pb, Zn, Ba, S) pourrait se trouver dans le socle
qui présente des teneurs en ces éléments nettement supérieures au Clarke et une dissémination de la
pyrite. Lorsque de tels environnements de socle sont livrés aux conditions d’altération superficielle
(météorique) de type albitisation ou monosiallisation avec rubéfaction intense, les éléments en trace
comme Pb, Zn, Ba sont libérés et passent en solution; le fer et le cobalt se bloquent au niveau du front
d’altération sous forme d’oxydes ou d’hydroxydes, le soufre de la pyrite passe en solution sous forme
de sulfate. Ces différents éléments en solution seront véhiculés par les eaux d’infiltration vers les zones
de fractures qui constituent des zones de drainage (entrainement vers le bas des substances solubles
du sol par les eaux d’infiltration pour donner l’horizon éluvial A) préférentiel. Ces solutions provoquent
l’altération partielle des épontes des horizons supérieurs et déposent ses éléments lors du remplissage
filonien selon les variations des conditions du milieu comme suit:

• les ions sulfates se combinent avec le baryum Ba2+ déposent la barytine dans les horizons
supérieurs oxydants;
• le niveau de base de la nappe aquifère remontant avec le comblement de la fracture, le milieu
devient plus confiné, sa salinité augmente et la silice précipite en remplacement de la
barytine qui passe en solution sous de nouvelles conditions;
• le milieu confiné devient réducteur et provoque la précipitation des sulfures, ainsi se forme une
séquence élémentaire;
• lorsque les mouvements tectoniques successifs provoquent un abaissement de base régional de
la nappe, les sulfures sont également mis en solution partiellement et se retrouvent à la base du
profil, tandis que de nouveaux rubans barytiques se déposent et seront progressivement
silicifiés.
Ainsi se construit progressivement la caisse filonienne de la Vidale.
Par ce processus J. Bossi (1972) faisait remarquer qu’au cours d’une altération superficielle, un bassin
comme celui de Korhogo (Côte d’Ivoire) étudié par Yves Tardy (1969) peut fournir pour une superficie
très petite de 5,6 km2 une tonne de plomb /an en ne supposant qu’une infiltration de 50 mm d’eau
contenant 5 ppm de plomb environ; à imaginer le résultat lorsque ce processus se déroule sur un
million d’années représentant une unité géologique. Avec un bon rendement un gisement de bonne
dimension peut ainsi être formé.

3.2. Gisements filoniens uranifères et le modèle « per descensum »

48
La genèse des filons uranifères européens et surtout français a fait couler beaucoup d’encre au sein de
la communauté géologique.
Au début, c'est-à-dire vers les années 1970 avec la découverte et l’utilisation des techniques d’études
des inclusions fluides, ces gisements (filons uranifères) furent considérés comme de nature (origine)
hydrothermale de basse température (M. Cuney 1974).
Actuellement, à la suite de différents travaux dont ceux de M. Arnold et J.J. Guillou sur les filons de
quartz à pseudomorphose (phénomène de métamorphisme ou d’altération par lequel un minéral
original identifiable à sa forme est remplacé par un minéral ou agrégat de minéraux) d’anhydrite et de
Mohamed Tayeb Dicko (1983) sur les filons uranifères à anhydrite pseudomorphosé par le quartz des
Bois Noirs – Limouzat, ces filons sont considérés comme d’origine supergène.

En 1966, M. Moreau et ses collaborateurs constatèrent un certain nombre de régularité dans la


distribution des filons uranifères français liés aux massifs granitiques hercyniens dont:

1. les secteurs minéralisés correspondent à des zones de détente et de cisaillement localisés à


proximité des zones de compression génératrices de mylonites;
2. la localisation des minéralisations dans des roches granitiques à forte teneur géochimique en
uranium (7 - 30 ppm) appelé granites fertiles;
3. les granites minéralisés sont d’âge carbonifère et semblent avoir émergé au Permo – Trias;
4. la majorité des indices sont superficielles et se stérilisent vers 40 m de profondeur, en général;
5. les gisements d’une même région se stérilisent sensiblement à la même profondeur entre 100 -
200 m. Cette stérilisation se fait avec une accumulation importante en forme de bulbe à la
base, exception faite au gisement de Bois Noirs – Limouzat stérilisé à 400 m.
6. faible ou absence de développement de la gangue de la minéralisation qui est, en général,
formée d’oxydes de fer et de sulfures de fer divers.

Par ailleurs, J. Barbier (1974) et R. Coppens et A.J. Bernard ont montré que les massifs de granites
fertiles qui résultent d’une évolution tardi-magmatique provoquent un enrichissement remarquable
en uranium et éléments alcalins. L’uranium y apparait sous deux formes essentielles:

1. sous une forme fixe: c'est-à-dire fortement lié et faisant partie intégrante du réseau des minéraux;
cet uranium ne pourra être libéré que par la destruction des différents minéraux qui le
renferment, à savoir:
- les minéraux d’uranium dans lesquels l’uranium est un constituant majeur (uraninite, urano-
thorite, autunite, carnotite, coffinite, etc.. ; ces minéraux constituent jusqu’à 65% de l’uranium
des granites fertiles (Barbier et Ranchin 1967);
- les minéraux uranifères dans lesquels l’uranium est en remplacement diodochique (substitution
plus ou moins par un autre ion) de certains ions Ca2+, Ti3+ dans les structures des minéraux tels
que: Le zircon (ZrSiO4), allanite (épidote avec TR), xénotine, apatite, monazite (phosphate avec
TR), sphène (Ca,Ti(O,OH,F) avec Na, Fe, TR), etc..
- l’uranium retenu dans les défauts des structures des minéraux, cette forme ne peut être libérée
que par la destruction des minéraux hôtes; sa proportion est très réduite.

2. sous forme mobile: c'est-à-dire faiblement lié et retenu par des simples liaisons de Van de Walls
ou en adsorption sur les faciès des cristaux ou des produits d’altération; ce sont:

- l’uranium adsorbé sur les faciès des cristaux des minéraux essentiels ou sur les surfaces des
fissures; la liaison est donc très faible et permet une mobilisation rapide;

49
- l’uranium adsorbé sur les produits d’altération qui tapissent les fissures ou les limites des
cristaux (minéraux argileux, oxydes et hydroxydes de fer, les gels de silice ou de titane, etc..); la
liaison est ici aussi très faible et permet une mobilisation rapide;
- l’uranium dissout dans les inclusions liquides et dans les solutions intragranulaires; sa proportion
est négligeable.

Lorsque de tels massifs granitiques sont soumis aux conditions d’altération météorique, l’uranium fixé
sous forme d’uraninite qui constitue 50 à 60% de l’uranium des granites est progressivement altéré et
détruit par l’oxydation de l’uranium tétravalent (U4+) en uranium hexavalent (U6+) à solubilité très
grande. L’uranium hexavalent formera d’abord des minéraux secondaires d’uranium (autunite,
carnotite, gummite, etc..) dans les conditions de faible altération. Ces minéraux seront par la suite
progressivement détruits et mis en solution sous forme d’uranium hexavalent (U6+) qui sera évacué à
travers les eaux d’infiltration vers les zones de drainage (zones de fracture ou des failles). Ce processus
s’accompagne d’une mise en solution partielle ou totale des alcalins, alcalino – terreux et de la silice
combinée des granites, mais aussi de l’oxydation du fer ferreux en fer ferrique provoquant une
diminution remarquable du rapport Fe(II) / Fe (III) dans les horizons supérieurs oxydants du profil
d’altération.

Les conditions de transport de l’uranium dans les eaux de surface ou le comportement physico –
chimique de l’uranium dans ces environnements ont été parfaitement définies dans les travaux de D.
Langmuir (1978). De ces études, il ressort un diagramme Eh – Ph qui détermine le comportement de
l’uranium dans les différents milieux en présence d’ions divers de nature carbonatée, phosphatés, etc..

L’observation de ces diagrammes montre que l’uranium (U6+) peut être massivement mis en solution
sous forme d’uranyle carbonaté dans les milieux basiques et d’uranyle phosphaté dans les milieux
acides avec des teneurs pouvant atteindre 24ppb, même pour des Eh légèrement négatif. Toutefois,
pour des Eh de l’ordre de 0,21 V, la solubilité de l’uranium diminue rapidement pour atteindre des
valeurs inférieures à 1ppb. Cette diminution du potentiel (Eh) peut être due à des causes diverses
comme l’une quelconque de ces réactions d’oxydo – réduction suivantes:

CH4/CO2 = - 0,32 V; HS-/SO42- = - 0,28 V; FeS2/Fe2+ + SO42- = - 0,23 V et Fe2+ / Fe(OH)3 = - 0,21 V

La réaction d’oxydation du fer ferreux en fer ferrique Fe(OH)3 qui provoque la réduction des uranyles
carbonatés et la précipitation de la pechblende s’écrit comme suit:

UO2(CO3)34- + 2Fe2+ + 3H2O UO2 + 2Fe(OH)3 + 3CO2

L’uranium (U6+) des uranyles carbonatés est réduit en uranium (U4+) qui précipite sous forme UO2
cristallisé (uraninite) ou de UO2 amorphe. L’UO2 amorphe se déshydratant partiellement donne
naissance aux dépôts de pechblende caractérisés par des textures colloformes avec des fissures de
retrait concentriques et radiales. Cette réduction conduit à la précipitation de la plupart de l’uranium
des environnements géologiques favorables et provoque ainsi la formation des gisements filoniens de
basse température.

Les conditions d’altération intense favorisant la mise en solution de l’uranium des granites se sont
réalisées en Europe au Permo – Trias et particulièrement au Saxonien (240 – 250 MA) où les massifs
granitiques hercyniens étaient émergés et se trouvaient soumis à des climats de type intertropical
relativement humide avec des saisons sèches bien marquées; ce climat aurait provoqué l’altération
des massifs granitiques et la libération de l’uranium de ceux – ci. Cet uranium libéré est évacué à
travers les eaux d’infiltration vers les zones de fractures ou de failles (zone de drainage préférentiel);

50
il se précipitera alors dans ces ouvertures lorsque les conditions du milieu (Eh) le permettent et
constitue aussi les gisements filoniens d’uranium de l’Europe hercynienne.
Cette origine supergène des filons uranifères est par ailleurs approuvée par la découverte récente dans
les filons de quartz uranifères ou non, de pseudomorphose d’anhydrite par le quartz formant des
figures de quartz barré ou quartz trabéculaire (travaux de M. Arnold et J. J. Guillou (1979, 1980 et 1982)
et de M.T. Dicko (1982)).

En 1971 Geffroy proposait une succession minéralogique typique pour le remplissage des filons
uranifères ouest – européens et particulièrement français. Dans cette succession, l’auteur faisait
remarquer la présence fréquente dans l’aire des remplissages filoniens des dépôts de quartz barré, qui
dans certains cas est antérieur au dépôt de la pechblende. Ces quartz barrés considérés initialement
des pseudomorphoses de la barytine par la silice sont actuellement prouvés comme étant le résultat
d’une pseudomorphose de l’anhydrite par le quartz grâce de M. Arnold et J.J. Guillou; ces auteurs
proposèrent une origine supergène péri – évaporitique à ces dépôts. Pour ces auteurs les dépôts de
l’anhydrite et sa pseudomorphose quartzeuse résultent d’un simple battement de nappe en climat
chaud et aride de type désertique.

- En régime transgressif les fractures du substratum sont noyées par les eaux de la saumure de la
lagune qui précipitent l’anhydrite dès que l’activité atteint une valeur critique autorisant la
cristallisation de celle – ci. L’anhydrite se dépose dans les vides de la formation sédimentaire et dans
les fractures sous – jacentes du substratum
- En régime régressif, la nappe d’eau continentale progresse graduellement vers l’aval. Elle s’installe
au dessus des fractures précédentes partiellement ou totalement remplies par le dépôt de l’anhydrite.
Lors de sa progression, l’eau de la nappe continentale sursaturée en silice, dissout l’anhydrite des
formations sédimentaires et devient légèrement saturée en sulfate et calcium. Elle acquiert ainsi
progressivement les caractères physico – chimiques permettant la pseudomorphose de l’anhydrite
filonienne par le quartz.

Par ailleurs les données thermodynamiques sur la solubilité de l’anhydrite nous renseignent que celle
– ci diminue quand la température des solutions augmente. Au contraire la solubilité de la silice
augmente avec l’accroissement de la température. En conséquence les dépôts filoniens d’anhydrite
reconnus dans tous les massifs hercyniens d’Europe ne pourraient provenir que des solutions
supergènes issues de milieu évaporitique. Le dépôt de l’anhydrite et sa pseudomorphose quartzeuse
résulteraient d’un simple affrontement d’une nappe d’eau continentale saturée en silice et d’une
nappe de saumure de sebka située à l’aval comme indiqué antérieurement.

Ces dépôts sont tout à fait comparables aux silicifications marginales des dépôts évaporitiques des
environnements arides à semi – arides actuels anciens. En effet, en 1890 Munier et Chalmas citent des
pseudomorphoses de mines évaporitiques par différentes formes de silice sur les bordures du bassin
de Paris. Des pseudomorphoses de dépôts évaporitiques par la silice sont également observés à l’heure
actuelle dans les environnements arides comme la bordure du golfe persique. Des ces conditions les
gisements filoniens d’uranium d’Europe occidentale et particulièrement ceux renfermant les dépôts
de quartz barré se conçoivent aisément dans l’optique d’une origine supergène.

51
52
DIFFERENCIATION SEDIMENTAIRE

La différenciation sédimentaire, c'est-à-dire la séparation des différentes phases au cours des


processus de transport et de sédimentation est une notion qui est constamment perçue par tout
géologue au moins en ce qui concerne les éléments majeurs. L’image la plus concrète est représentée
par le cycle « sédimentaire » d’une série marine épicontinentale où s’individualisent les termes
détritiques, ultradétritiques et chimiques (ou organo-chimiques) dont la composition chimique et
minéralogique sont très différentes. Cette dispersion traduit la différenciation sédimentaire ou plutôt
le couple différenciation pédologique – différenciation sédimentaire.

La notion de différenciation sédimentaire est directement fonction de l’influence de l’environnement


tectonique. Ces phénomènes tectoniques sont utilisés depuis de longue date pour expliquer et
analyser les formations sédimentaires.

De ce fait les développements qui vont suivre se rapportent essentiellement à des zones
intracratoniques ou à des marges continentales de stabilité faible à moyen qui sont des
environnements où la différenciation sédimentaire est généralement proximale. Les sédiments
différenciés ne se disposent pas au hasard, mais obéissent un certain nombre de régularités générales

53
ou régionales dont une première image cohérente est donnée par M. Goldschmidt en 1937. La
classification des groupes géochimiques sédimentaires importants donne une optique moins
géochimiste et plus sédimentologue. A. Lombard (1956) systématisait la régularité verticale des
distributions sédimentaires semi – virtuelle et proposait l’analyse des séries sédimentaires par rapport
à la série virtuelle générale.

On peut distinguer deux ensembles importants au cours de la différenciation géochimique liés au


processus sédimentaire comme l’avait proposé Lombard.

-un ensemble mécanique ou gravifique lié à une caractéristique détritique granulométrique des
matériaux;
-un ensemble chimique ou organo – chimique.

Ces deux ensembles ont tendance à se relayer dans l’espace et le temps comme la série virtuelle
générale d’A. Lombard (1963).

Si Al, Si, (K) Fe, (Al) Ca, (Mg) (Ca), Na


(K), (Mg)

Résistats SiO2 Oxydats


Fe(OH)3
Hydrolysats Carbonates
Minéraux argileux CaCO3, Ca Mg(CO3)2 Evaporites: NaCl,
CaSO4, MgSO4

FIG 1: Groupes géochimiques sédimentaires d’après Goldschmidt, 1937

54
1 2 3 4 5 6 7
d
c
b
a

a
b

FIG 2: La série virtuelle générale de A. LOMBARD (1956): 1. Détritiques grossiers; 2. Détritiques fins:
arénites (a) et arénites phylliteuses (b); 3. Colloïdes: argiles détritiques (a) et matières organiques,
argiles de néoformation (b) présentant éventuellement des lentilles du terme suivant; 4. Dépôts de
Fe, Mn et phosphates; 5. Précipités carbonaté; 6. Précipités carbonatés magnésiens; 7. Précipités
salins: sulfates (gypse et anhydrite)(a), dolomies (b), chlorures (c), mêlés à des argiles souvent
bariolées (d).

CHAPITRE 1: DIFFERENCIATION MECANIQUE: LES PLACERS


Le terme « placer » viendrait du mot espagnol « placel » qui signifie banc de sable. Ainsi les placers
correspondent comme leur nom l’indique à des gisements en milieu détritique dans lesquels la
concentration s’est réalisée sous l’effet de l’action de la gravité. Cette définition implique:

- d’une part, que les espèces minérales économiques soient de densité nettement différente de
celle des autres espèces minérales (en fait la densité est généralement plus élevée);
- d’autre part, que ces espèces soient chimiquement stables et mécaniquement résistants dans les
conditions de l’altération, du transport et de la sédimentation du milieu à l’époque de leur
formation.
Les placers ont eu, depuis la haute antiquité, et ont encore une importance économique considérable
pour certains minéraux et certains métaux: 2/3 de la production de l’étain (Sn); 30% de la production
de platine; 30 à 40% de la production mondiale de titane; une production importante d’or, de diamant,
de gemmes et de pierres semi – précieuses, de niobo – tantalites, de magnétite, de chromite,
monazite, de zircon, etc…

55
La liaison fréquente des placers aux sédiments meubles avait amené les différents géologues à
considérer les placers comme des formations récentes (Tertiaire ou Quaternaire). Toutefois cette idée
se trouve mise en cause par la présence de placers de titane, de monazite, de zircon dans l’Ordovicien
de Bretagne, de placers d’or dans le Précambrien moyen (Tarkwaien) du Ghana et surtout des placers
d’or et d’uranium du Witwatersrand (ou rand) d’Afrique du Sud d’âge supérieur à 2 200 millions
d’années.

Comme les gisements éluvionnaires, les placers sont, en général, exploitables non pas à cause de leur
teneur élevée, mais surtout à cause des faibles coûts d’exploitation (roches meubles) et de traitement
de minerai (sédiments détritiques classés qui autorisent des teneurs limites d’exploitabilité
particulièrement faibles.

Les sédiments détritiques anciens (placers anciens) étant généralement considérés, une bonne partie
d’entre eux ne sont pas économiquement exploitables. Ainsi la plupart des placers stannifères
malaisiens antérieurs au Pléistocène ne sont généralement pas exploitables à l’heure actuelle.

I.LES MECANISMES DE CONCENTRATION

1.1. Conditions de libération des espèces minérales

Comme dans toutes les usines de concentration des minerais, il est indispensable que les espèces
minérales économiques soient libérées de leur roche support. Ce processus ne serait que par l’action
de l’altération météorique essentiellement chimique. Cette libération des espèces minérales
économiques devra être complète pour éviter les dilutions provoquées par un long transport le long
des cours d’eau. Ce fait une faible altération chimique ou une simple mécanique d’un bassin versant
est insuffisante pour libérer les minéraux de petite taille sans transport important pouvant provoquer
des dilutions remarquables. La meilleure libération a lieu lorsque l’altération météorique provoque
une désagrégation profonde et complète de la roche minéralisée. Ce qui implique des paysages
géochimiques très agressifs: climat, relief, etc.. (Hocquart 1975, Varlamaff, 1975). Ce caractère du
paysage géochimique est essentiel pour la formation des gîtes éluvionnaires, mais également de celle
des gîtes alluvionnaires comme les gisements de placers.

.2. L’évolution des minéraux (cas des minéraux aurifères)

Pour que les mécanismes de concentration faisant intervenir la densité apparente d’un minéral,
puissent jouer un rôle, il faudra une taille minimale de grain au-delà de laquelle le poids apparent
devient négligeable devant les autres facteurs.
Ce paramètre joue un rôle important dans la concentration de l’or contrairement au comportement
de nombreuses gemmes. En effet, l’or des roches mères est souvent trop fin pour être concentré par
l’effet de la gravité. Il est concentré dans de nombreux minéraux sous forme inframicroscopique,
comme par exemple dans l’arsénopyrite. Selon les travaux de Hocquart (1975) l’or contenu dans les
minéraux d’arsénopyrite peut être mis en solution lors de l’altération de la roche par suite de l’attaque
de celle – ci par les oxydants énergiques tels que H2SO4 et Fe2(SO4)3. Il sera alors véhiculé sous forme
de solutions vraies ou colloïdales avec les oxydes de fer. Lorsque les conditions du milieu le permettent,
l’or précipite avec les oxydes de fer qui forment de la limonite. Ces cristallisations d’or sont de tailles
supérieures à 1 mm et présentent généralement des formes arborescentes (Hocquart, 1975). Cette
idée du transport de l’or sous forme de solution vraie ou colloïdale est confirmée en partie par
l’observation des teneurs anomales en or dans les cendres des végétaux des régions aurifères et par

56
l’accumulation de l’or en petites nodules sur les racines des végétaux des mêmes régions aurifères. On
sait d’autre part, que les eaux acides (eaux humiques dans les régions de tourbières) provoquent très
faiblement la mise en solution de l’or surtout en présence du chlore et du bioxyde de manganèse.

FIG 3: Schéma des interactions conduisant à l’or secondaire cristallisé à partir de l’or primaire
inframicroscopique des cristaux d’arsénopyrite (HOCQUART, 1972)

Migration de l’or en
Or cristallisé, particules Précipitation et cristallisation
solution avec les
sup. à 1mm de l’or les limonites
oxydes de Fe

Libération de l’or

Augmentation de
la perméabilité

Altération: désagréga-
Or inframicroscopique Filons et Drainage tion du quartzite et
disséminé dans épontes préférentielle des décomposition de
l’arsénopyrite d’une fracturée épontes minéralisées l’arsénopyrite aurifère
quartzite s

Libération de puissants
oxydants agressifs:
H2SO4 - Fe2(SO4)3

1.3. Le mode de transport et les conditions de fixation des minéraux

La cause de la concentration des minéraux lourds dans les placers étant la gravité, les deux moteurs
essentiels de cette concentration sont les mouvements de l’air et de l’eau.

L’action de l’air est limitée et se réduit à l’enlèvement des particules légères par le vent et
principalement au niveau des produits de désagrégation des bas de pente.

En revanche, l’action de l’eau est beaucoup plus importante (rivières, lacs). Elle s’explique par les lois
déterminant les vitesses de sédimentation des particules dans les milieux fluides comme la loi de
Stocke et la loi d’Impact.

La loi de Stocke s’applique aux particules de diamètre (Ø) inférieur à 0,1 mm et s’énonce comme suit:
un mélange de particules sphériques denses et légères placé dans un fluide se sédimente selon des
vitesses appropriées définies par la formule suivante:

57
V = K d2 (D-D’) où V = vitesse de chute de la particule; d = diamètre de la particule; D = densité de la
particule; D’ = densité du fluide (pour l’eau D’ = 1); K = g / 18 c (dans lequel g = accélération de la
pesanteur, c = coefficient de viscosité du fluide (pour l’eau c = 1)).

La loi d’Impact en revanche s’applique à des particules plus grandes supérieures à 0,3 mm. Cette loi
est donnée par la formule suivante:

V = C2 d (D – D’) où V =vitesse de chute de la particule, C2 = constante dans laquelle intervient surtout


la pesanteur g, le facteur de viscosité étant négligeable.

Il apparait ainsi suivant ces formules que les particules sphériques de même densité doivent avoir le
même comportement dans les différents milieux de sédimentation. Les espèces minérales denses se
retrouveront toujours avec des grains de minéraux moins denses, mais de dimensions plus grandes.
Toutefois, on n’observe pas de compensation exacte suivant les formules précédentes entre les
différences de densité et les différences granulométriques des espèces minérales mises en jeu. Cet
écart par rapport aux formules théoriques serait dû aux conditions de transport des éléments
détritiques dans les rivières qui obéissent à trois (3) modes différents de transport. La traction, la
saltation et la suspension selon les tranches granulométriques considérées et la vitesse des cours
d’eau. Ces trois (3) modes de transport conditionnent le piégeage des éléments au cours de leur
déplacement.

Suspension Silt – argile: < 0,5 mm

Saltation Sable: de 0,5 à 2 mm

Traction
Galets: > 2 mm
Rotation Glissement

FIGURE 4: Processus de transport des particules détritiques en milieu


fluviatile (KRUMBEIN ET SLOSS)

Le transport de traction: c’est le mode de transport des galets. Dans les minéraux lourds et les galets
de taille supérieure à 2 mm progressent sur le fond du lit des cours d’eau par rotation et glissement.
Ils se sédimentent très rapidement dans le voisinage immédiat des zones de sources. De ce fait il
apparait une relation entre la granulométrie des grains stériles, la granulométrie et la teneur des
minéraux lourds. Les grains stériles de grandes dimensions sont généralement associés à de fortes
teneurs de minéraux lourds sous forme de particules de taille plus réduite. En revanche, il n’y a pas de
relation entre la teneur et la granulométrie des minéraux lourds et la granulométrie de la phase stérile
plus fine qui forme la matrice sableuse ou argileuse du sédiment. Ces deux matériaux résultent en effet
des modes de transport et de précipitation différents, ce qui explique ainsi le manque de relation.

Le transport par saltation: c’est le mode de transport des grains de sable; il consiste à un
déplacement des particules sur le fond des lits des cours d’eau par des séries de bonds (saut)
successifs. Toutefois, les fonds des lits vifs des cours d’eau sont généralement pavés de galets
abondants ou des niveaux de roches dures en saillie qui provoquent des perturbations locales de la
vitesse des cours d’eau en profondeur (sur le fond). Les particules denses ou lourdes comme l’or sont
transportées par saltation avec les sables et se déplacent sur le fond du lit. Les variations verticales

58
de la vitesse des cours d’eau dues aux irrégularités du fond du lit provoquent le piégeage de l’or et ce
d’autant plus remarquable que la couche d’eau morte sera plus marquée, c'est-à-dire que les galets
et irrégularités du fond seront plus grossiers et nettement marqués. Dans ce cas une relation très
lâche sera apparaît entre la teneur en minéraux lourds et la taille des galets ou des irrégularités du
fond, et une relation très stricte entre la teneur en minéraux lourds et la granulométrie de la matrice
sablo – argileuse.

courant

FIGURE 5: Schéma de la répartition de la vitesse des courants dans un torrent (AMBULH, 1966)

Le transport en suspension: c’est le mode de transport des particules très fines et des poussières des
minéraux lourds. Il conduit à la formation des sédiments très fins formés de silts et argilites à teneurs
anomales en minéraux lourds. Ce phénomène est très mal connu (états très fins et subcolloïdaux),
mais explique surement la présence de certaines teneurs anomales en minéraux lourds et or des
gisements de shales noirs ou des roches carbonatées.

L’observation sommaire des processus de transport et de piégeage précédemment évoqués permet


de constater une certaine régularité dans la concentration des minéraux lourds des vallées alluviales.

Ces concentrations de minéraux appelées « pay streaks » par les prospecteurs anglo – saxons ou
trainées payantes des francophones peuvent apparaître dans les différents secteurs suivants:
1. au voisinage du confluent d’une petite rivière à circulation rapide avec un cours d’eau plus
important à circulation lente;
2. dans les secteurs où le lit du cours d’eau est recoupé par des systèmes de failles;
3. en amont des seuils locaux disposés le long du lit d’un cours d’eau; ces seuils provoquent la
formation d’une nappe d’eau relativement calme où se déposent les matériaux détritiques et les
minéraux lourds;
4. à l’embouchure des cours d’eau dans les lacs intérieurs où apparaissent fréquemment des barres
de sable qui résultent de la chute de la vitesse des cours d’eau;
5. dans les zones d’élargissement des vallées fluviales où la vitesse des cours d’eau diminue
rapidement;
6. dans les parties concaves des méandres des cours d’eau où s’accumulent les sédiments
détritiques, contrairement aux parties convexes des méandres où l’érosion est maximale
provoquant la formation des falaises.

59
1
2
FIGURE 6: Exemples de «Pay streaks»: 1. Jonction d’un affluent et d’un cours plus important
2. Méandres d’un cours d’eau.

Par ailleurs un autre phénomène peut conduire à la formation des placers alluvionnaires assez riches;
il s’agit de la reprise par l’érosion d’anciennes alluvions à minéraux lourds. Les minéraux resteront
pratiquement sur place ou migreront très faiblement vers l’aval, alors que le matériel stérile assez léger
sera évacué sur des grandes distances, c’est le cas des terrasses étagées qui résultent de la reprise par
l’érosion des alluvions d’anciennes terrasses par suite d’un rejet tectonique positif de la région. Ce
rajeunissement tectonique provoque un surcreusement de l’ancien lit du cours d’eau par ce dernier
jusqu’à la réalisation d’un nouveau profil d’équilibre. Les différentes alluvions s’encastrent ainsi les
unes dans les autres avec les plus anciennes au sommet et les plus récentes vers le bas. Ces alluvions
récentes remaniant les alluvions anciennes peuvent subir des concentrations telles qu’elles deviennent
exploitables à partir des concentrations initiales non économiques.

a1 a1

a2 a2

a3

FIGURE 7: Terrasses étagées dans l’ordre des âges décroissants a1, a2, a3, mais de teneurs
croissantes
1.4. Les reconcentrations in situ

Une fois les dépôts mis en place, ils subissent le plus souvent des effets mécaniques (variation de la
pression de l’eau) et des effets chimiques qui dans la plupart des cas jouent un rôle important dans la
reconcentration des minéraux lourds.

Ces effets mécaniques qui sont essentiels dans le processus de reconcentration in situ sont connus
sous le nom d’ « effet Jig ». Ils sont dus à des variations de pression du fluide interstitiel qui tend à
soulever les minéraux d’autant plus facilement qu’ils sont légers. Ils facilitent ainsi la descente des
grains de minéraux lourds et ce, jusqu’au niveau d’un écran de base qui constitue le bedrock. Le faux
bedrock est généralement représenté par un niveau de sable à matrice argileuses. Si nous analysons
l’effet Jig tel qu’il est connu par les utilisateurs des appareils de concentration de minerais, on constate
que le mouvement du fluide se décompose en deux (2) phases:

- une phase de pulsion se traduisant par la formation des courants ascendants, et,
- une phase de succion provoquant la formation de courants descendants.

60
Lors de la phase de pulsion les particules grossières et denses descendent vers le bas alors que les
particules légères remontent vers le haut. Lors de la phase de succion les particules fines et les
particules denses se déposent vers le bas par effet de tassement et filtration. Le résultat combiné des
pulsions et succions successifs dans un Jig conduit à une concentration de toutes les particules denses
quelque soit leur granulométrie vers la base. Le phénomène naturel est tout à fait identique à celui du
Jig. En effet, un grain de minéral dense soumis à des fluctuations de niveau hydrostatique est bien
soumis à des phénomènes de pulsion accompagnés de la montée du niveau de l’eau et à des succions
accompagnées d’un abaissement de ce niveau. Toutefois, le rythme et l’intensité de ces cycles de
pulsions et de succions naturels sont nettement plus faibles que ceux des Jigs, mais le phénomène se
déroule sur un laps de temps relativement long permettant ainsi à l’action mécanique de jouer
pleinement son rôle.

2. Exemple de placer: le RAND de l’Afrique du Sud


Le bassin du Rand est un bassin intracratonique dissymétrique qui occupe le centre du craton de
Kaapvaal daté de 3 200 millions d’années environ. Il est de forme elliptique de 300 km de long dont la
partie NW forme un arc subsident. La sédimentation détritique est très puissante (supérieure à 1 000m
dans les zones subsidentes). Elle est à peu près homogène et constante pendant près de 400 millions
d’années. Le bassin est de type continental c'est-à-dire sans ouverture sur la mer. Il est alimenté par
des apports terrigènes provenant à la fois des zones surélevées qui forment la bordure épirogénique
et les zones plus lointaines difficiles à identifier avec certitude.
Le schéma des « bordures actives » que présentent Brock et Pretorins (1966) comporte les unités
physiographiques suivantes:

-La zone des reliefs de bordure (vieux granites et synclinaux de schistes archéens surmontés d’un
placage de quartzites du Orange groove (base de la série correspondant au premier terme de la série
d’Hospital Hill). L’extension de ces placages est généralement plus grande que celle des termes
supérieurs. Ils sont appelés « regressive overlaps » par les géologues sud – africains.
-Les couloirs d’alimentation du bassin sont entaillés dans les reliefs de bordure et les placages de
quartzites. Ils correspondent à des vallées morphologiquement mûres comme les vallées fluviatiles
alimentant de grands dépôts deltaïques et à des vallées torrentielles alimentant des cônes de déjection
des épandages continentaux. Les vallées fluviatiles sont peu nombreuses, mais semblent avoir
fonctionnées pendant de longue période, alors que les secondes sont plus nombreuses et ont eu des
périodes d’existence relativement courtes.
-Les zones de bordures du bassin forment un lieu de stockage des matériaux grossiers qui subissent
une maturation morphologique accentuée. Elles sont constamment soumises au contre coup de
l’épirogenèse entrainant de nombreuses discordances qui s’atténuent dès que l’on se déplace vers les
zones les plus internes du bassin. Les bordures du bassin sont marquées par leur granulométrie plus
grossière et par l’amincissement des séries, mais surtout par les rapports conglomérats / autres roches
et quartzites / schistes.
-La zone des courants de bordure ou courant de dérive est caractérisée par une distribution des galets
stockés auparavant dans les secteurs deltaïques à la bordure du bassin sous l’effet de ces courants
tangentiels. Ils forment des niveaux très réguliers de galets très bien striés et bien façonnés dénommés
« bankets ».
-Les zones internes du bassin sont alimentées par du matériel très fin dû à des remises en mouvement
de matériel bordière sous l’effet des effondrements et de la gravité.

Afrique du Sud
Age absolu systèmes séries Puissance Minéralisation
approximative Nombre de mines
1650/1700 Intr. de Buscheveld

61
1800/2000 (1950 +/-50 MA Série de Pretoria
Série de
dolomite
Série du Black
Reef 17
Syst. de
2120 +/- 10 Ventersdeep 8
S. de Kimberley –
Système Supérieur Elsburg 3 100 m 28
S. de Main Bird 130
du S. de Jeppestown 3
Inférieur S.de 4 300 m
Witwatersrand Government 7
Reef
S.de Hospital Hill
2500/2650
Syst. Dominion Reef (très localisé) 1 000 m 3
Syst. du Swaziland: craton de Kaapvaal et la Rhodésie (Granite Au non
de 3200 */- 65) économique

Entre ces épisodes de sédimentation grossière le milieu chimique propre au bassin développe avec
formation de niveaux riches en carbone à reliques d’algues. Trois (3) faciès lithologiques bien
particuliers apparaissent dans le bassin. Ils sont représentés par:

-des conglomérats de type « banket » contenant des galets de 10 cm de dimensions pour les plus gros
dans une matrice sableuse. Ces galets représentent quelquefois 70% de la roche. Ils correspondent à
de grands épandages de courants qui dans le milieu à dynamisme élevé présentent des variations de
faciès et des galets très évolués et bien classés. Ce faciès à dynamisme élevé se distribue en bandes
étroites en général parallèles aux bordures du bassin qui divergent à partir des zones de delta. Ces
bandes sont aussi déterminées par leur contenu métallique et sont dénommées « pay streaks » ou
trainées payantes. Leur existence se réduit à des lignes ou lits à galets vers l’intérieur du bassin.
-des niveaux carbonés de richesse en carbone et de puissance variables. Ils appariassent dans les
discontinuités de la sédimentation avec seulement des galets épars. Ces niveaux passent souvent
latéralement aux précédentes, mais généralement ils se forment dans les bassins marginaux isolés.
-le troisième faciès est représenté par des niveaux de quartzite pyriteux qui se forment dans les
structures chenalisantes atteignant 25 mètres de profondeur. Ils correspondent à des remplissages de
chenaux d’extension développés sous des grands épisodes de conglomérats aurifères. La roche est
assez finement litée et la pyrite s’individualise en lits d’épaisseur variable en association avec l’or.

L’histoire épirogénique sédimentaire semble remarquablement constante au cours de la vie active du


bassin: zone d’entrée des grandes vallées dans le bassin, courant de sédimentation, géochimie, etc..,
mais cette stabilité exceptionnelle ne cache pas certaines variations de conditions au cours du temps,
comme l’accentuation de l’évolution épirogénique du bassin après le Witwatersrand inférieur,
provoquant une réduction de l’intensité des dépôts et la reprise ultérieure de la série du
Witwatersrand inférieur. Ainsi si la base de la sédimentation est formée de sédiments de premier cycle,
le reste de celle – ci comprend en plus des matériaux de premier cycle, des matériaux de deuxième
cycle.

Par ailleurs, l’évolution ultérieure du remplissage sédimentaire est pratiquement nulle, toutefois on
observe des émissions volcaniques essentiellement représentées dans le système de Ventersdorf et
une phase de compression surtout sensible sur les bordures. Le métamorphisme épizonal ne joue
qu’un rôle discret dans la région.
Nous allons examiner successivement les différentes caractéristiques de ce placer à or – uranium, à
savoir:

62
- la répartition horizontale de la minéralisation;
- la répartition verticale de la minéralisation;
- la minéralisation et l’épirogénèse;
- le problème de la stabilité des espèces.

La répartition horizontale de la minéralisation:

L’époque principale de la minéralisation se situe au Witwatersrand supérieur dont la sédimentation


couvre la totalité du bassin. Les minéralisations aurifères et uranifères apparaissent à cette période
sur toute l’étendue du bassin, mais les concentrations économiques apparaissent au niveau des
bordures. Parmi –elles, seules celles bordant l’arc de surrection épirogénique sont productifs. Elles
constituent des champs aurifères aux débouchés des grandes vallées fluviatiles et sont appelés
« segments » par les géologues sud – africains. Ces segments correspondent aux aires où les courants
de dérive reprennent les matériaux stockés dans les deltas pour les redistribuer en épandages
conglomératiques « bankets ». Lors de ce processus, les matériaux qui forment le « front » c'est-à-dire
les sables riches en minéraux lourds, comblent les dépressions antérieures et fournissent les matériaux
de quartzite pyriteux minéralisés qui seront recouverts par les formations conglomératiques de même
épisode.
Latéralement, dans les zones d’amortissement des courants où la vie se développe assez intensément,
on passe à des minéralisations de « centre » de Vendersfort sur le flanc duquel les minéralisations
n’apparaissent qu’au milieu de la série de Kimberley – Elsburg, c'est-à-dire au moment où l’activité de
cette structure se manifeste en créant de véritable faciès de bordure.
Il apparait dans cette étude que les minéralisations à or – uranium constituent des faciès de bordure
situées à moins de 60 km des aires deltaïques.

La répartition verticale de la minéralisation:

La minéralisation principale se retrouve dans le système de Witwatersrand supérieur et en particulier


dans la série de Main Bird, toutefois les occurrences de niveau économique apparaissent dans toutes
les séries sédimentaires depuis le système de Dominion Reef jusqu’à celui du Transvaal.

Cette minéralisation apparaît dans les niveaux conglomératiques particuliers (ou Reef); elle n’existe
pas dans les autres conglomérats qui sont stériles à teneur non économique). Il semble toutefois que
ces Reefs ou conglomérats minéralisés correspondent plus à des conditions particulières de stockage
au niveau des deltas et de l’épandage postérieur qu’à des apports particuliers dans le bassin.

Le problème de l’origine et du cycle des minéraux lourds a fait de grands progrès grâce aux travaux de
R.P. VILJOEN et al (1970) dans lesquels fut présentée une approche globale de l’origine des minéraux
en considérant non plus seulement l’or et l’uraninite, mais l’ensemble des minéraux lourds en se
référant aux quatre horizons principaux compris entre le système du Dominion Reef et la série de
Kimberley – Elsburg, soit une colonne d’environ 8 000 m de puissance. Ces auteurs observent une
variation très importante de la paragenèse se traduisant par la présence dans les conglomérats de base
d’une paragenèse à grenat, monazite, cassitérite, uraninite, soit une paragenèse de roche acide et dans
les conglomérats du sommet par une paragenèse riche en platinoïdes, chromites et or, soit une
paragenèse de roche basique.

Les variations du rapport or / uraninite auraient pu s’expliquer par les reprises successives du même
stock initial comme celui du Witwatersrand inférieur avec enrichissement progressif en or plus
résistant et disparition progressive de l’uraninite plus fragile. Cependant le remplacement progressif
de la monazite et cassitérite par la chromite et les platinoïdes suggèrent plutôt une évolution de la

63
composition des roches mères des minéraux détritiques. La reprise érosive des sédiments primaires
dans l’évolution verticale n’aurait joué qu’un rôle très limité.

En étudiant la structure de la région de Barberton à 150 km à l’Est de Rand, Viljoen et al ont établi la
composition minéralogique des niveaux de l’édifice orogénique depuis la zone profonde de tendance
basique (Unité1) jusqu’à la zone superficielle formée de granites et pegmatites (unité 4). L’évolution
de l’apport en minéraux lourds est en conséquence fonction du niveau d’érosion de l’édifice
orogénique du craton du Kaapvaal autour du Rand. Aux zones profondes de l’édifice correspond
l’apport basique du sommet de la série.
On peut ainsi supposer une richesse en uranium des niveaux supérieurs érodés à l’édifice orogénique
pour rendre compte de l’apport en minéraux lourds initial, de même que l’on observe actuellement
dans les niveaux les plus bas de l’édifice du socle (Unité 1) de nombreuses concentrations
subéconomiques en or.

Le rôle de l’épirogenèse:

Le modèle proposé suppose l’érosion du socle, l’alimentation du bassin et la distribution sur une
soixantaine de kilomètres du stock de minéraux lourds. A l’opposé les zones où l’érosion du socle est
négligeable (c'est-à-dire les zones de surrection tectonique faible ou nulle) sont caractérisées par
l’absence de concentrations économiques. La bordure Sud - Est du bassin du Rand où l’on observe une
absence générale de minéralisation, même dans les sondages profonds suite à la faiblesse de
l’épirogenèse, confirme cette hypothèse.

Par ailleurs le centre de Vendrefort dont la bordure ne présente de concentration que dans le
Kimberley – Reef, terme médian du Kimberley – Elsburg pendant laquelle a commencé la surrection
du dôme en question, reflète le rôle de cette épirogénie. Le Kimberley – Reef est alimenté dans ce cas
en minéraux lourds non pas par l’érosion du socle, mais par celle des séries anciennes déjà déposées
contenant les minéralisations diffuses du centre du bassin (placers du 2ème type).

La stabilité des espèces: le facteur atmosphérique

Les arguments décisifs permettant de ranger ce gisement parmi le type placer ont été apportés grâce
aux travaux de RAMDHOR (1955)et COETZE (1965) sur la morphologie et la classification des grains de
minéraux lourds dans les différentes unités stratigraphiques.
Les caractères détritiques des grains de pyrite et de l’uraninite sont parfaitement déterminés en 1955
par RAMDHOR. Par ailleurs COETZE a mis en évidence en 1965:

-l’identité de distribution des grains de même densité (chromite, zircon, leucoxène) pour une même
unité stratigraphique;
-une distribution sensiblement équivalente dans une unité stratigraphique des minéraux de densités
différentes;
-une distribution parallèle des minéraux lourds dès que l’on passe d’une unité stratigraphique à une
autre.

Un examen attentif de ces couches granulométriques montre toutefois une anomalie importante au
niveau de la courbe de distribution de la pyrite qui, malgré sa densité légèrement plus forte que celle
du groupe de chromite, présente une médiane toujours supérieure à celle du groupe chromite. Cette
anomalie s’expliquerait par un nourrissage de la majorité des grains de pyrite, provoquant un
déplacement de la courbe granulométrique vers les valeurs élevées. Ce nourrissage fut décelé lors de
l’examen microscopique des grains de pyrite par RAMDHOR.

64
En dehors des problèmes d’ordre minéralogique que pose la présence d’uraninite et pyrite détritique
dans ces environnements et qui, de surcroît sont des minéraux instables dans les conditions
atmosphériques normales, le district du Rand apparaît bien comme un placer ancien. Pour expliquer
la stabilité de ces deux minéraux dans ces environnements, certains auteurs ont fait appel à la présence
d’un climat glacier marqué par la présence de tillites (conglomérats mal classés) dans la région. Cette
hypothèse a pu attirer l’attention des différents géologues du fait:
-d’une part, des incertitudes qui règnent sur l’existence et l’ampleur de tillites reconnues dans la région
et en conséquence sur l’existence et l’ampleur du climat glaciaire;
-d’autre part, les climats tempérés et froids malgré leur rôle favorable à la conservation de l’uraninite
paraissent insuffisant pour permettre la stabilité de ce minéral.

Ces concentrations ont amené la plupart des géologues à émettre l’hypothèse d’une atmosphère non
oxydante à cette période, c'est-à-dire sans oxygène libre. Cette même hypothèse sert en plus à
expliquer la formation de gisements de fer précambriens composés de fer et silice associés (quartz à
hématite-magnétite-ou itabirites). Les premiers gisements d’uranium d’origine chimique connus qui
supposent la mobilité de cet élément sont ceux du Francevellien du Gabon datés de 1740 millions
d’années, époque où les gisements de fer à silice ont disparu.

CHAPITRE II: LA DIFFERENCIATION CHIMIQUE


Si la différenciation mécanique relevait d’un seul processus de base la gravité, la différenciation
chimique par contre implique des processus plus complexes comme la précipitation directe,
l’absorption atomique, l’adsorption chimique et physique, etc.., processus dont la mise en œuvre a
fortiori le poids relatif est difficile à préciser.

Par ailleurs dans les environnements chimiques ou ultradétritiques l’origine des éléments peut être
très diverse: continentale (lessivage des socles), marin (concentration à partir de l’eau de mer comme
les dépôts évaporitiques), et encore exhalative, contrairement au placer où l’origine des métaux et des
minéraux ne pose guère de problèmes théoriques. Ces nombreuses difficultés rendent impossible d’un
modèle cohérent de différenciation chimique et d’une identification des processus majeurs de
transport des éléments concernés.

65
Dans ce chapitre , nous étudierons trois (3) types de gisements de nature très différentes liés à ces
processus; il s’agit des gisements liés aux environnements carbonatés, des gisements liés aux shales
noirs ou kupferschiefers comme ceux reconnus en Allemagne et enfin des gisements liés aux roches
détritiques comme les Red – beds.

I. LES GISEMENTS LIES AUX MILIEUX CARBONATES


Les environnements carbonatés renferment des minéralisations variées (Pb, Zn, Cu, Ba, CaF2, Fe, etc..)
souvent très nettement concordantes et liés à des variations sédimentologiques des niveaux hôtes.
Cette constatation conduit certains géologues à leur attribuer une mise en place syngénétique ou
diagénétique précoces. Par ailleurs la plupart de ces districts minéralisés comme celui du Missouri, de
Tri-state, de Haute Silicie (Pologne) révèlent une grande complexité géologique.

Les travaux de G. Dagallier (1973, 1976) sur le gisement plombo – barytique de Mibladen (Maroc)
viennent apporter une précieuse lumière sur le problème de la nature réelle des minéralisations
sulfurées en milieu carbonaté.

Les minéralisations plombo – barytiques de Mibladen apparaissent au sein d’une série de bordure
mobile d’âge Lias moyen, transgressive sur le socle ancien. Du Trias au Dogger, la sédimentation
littorale est marquée par des émersions sporadiques et des remaniements souvent liés à des accidents
synsédimentaires. Ce phénomène d’émersion atteint un maximum au Jurassique supérieur et conduit
localement à une superposition du Crétacé sur le Lias moyen.

Les minéralisations à caractère stratiforme de l’échelle hectométrique à décimétrique s’organisent en


niveaux élémentaires superposés sous les zones de flexures sédimentaires (faille Henry, flexure
Ahmrou) et forment des secteurs de forme elliptique de 100 à 600 m de dimensions. L’analyse
pétrographique et sédimentologique du milieu support conduit G. Dagallier à définir ce milieu comme
un haut fond développé en inter et supra tidal et parcouru de chenaux. Ces hauts fonds émergent
localement à plusieurs reprises et évoluent vers des marécages maritimes qui se développent de
manière remarquable au niveau des zones de flexure.

G. Dagallier individualisa en 1973 trois (3) types lithologiques dans l’environnement de bas en haut:

1. un type calcaire avec un terme micritique parfois riche en concrétions calcaires, oolithes, fragments
d’algues vertes et foraminifères, il est surmonté de marnes noires de 10 à 30 cm;
2. un type dolomitique ou calcaro – dolomitique, souvent argileux et azoïques qui s’achève par les
marnes jaunes ou vertes;
3. le type dolomitique à stromatolithes laminaires; il s’agit de 0,2 à 1 m de dolobiomicrites finement
rubanés à « bird eyes » et structures de dissécation; sa base est parfois constituée par les termes 1 et
2 et son sommet par des argilites grises, vertes ou rouges.

Les passages latéraux entre ces trois (3) types sont très nets et rapides au niveau des zones de flexure
où l’on observe souvent superposés au type 3 des dolomites saccharoïdes qui se développent
brutalement du sommet des strates à la base. Le sommet des bancs de dolomie saccharoïde prend
souvent une allure de pseudo brèche intraformationnelle à éléments centimétriques rubéfiés,
partiellement dissouts et englobés dans une matrice de kaolinite. Par ailleurs les constructions
stromatolithiques présentent des structures de tassement qui conduisent à des brêchifications
spectaculaires pouvant affecter plusieurs bancs.

La minéralisation plombo – barytique de ces couches de Mibladen est constituée de grandes galènes
partiellement oxydées en cérusite, de grains de quartz et des minéraux argileux dans la matrice de la

66
brêche ou à la base des niveaux marneux. Les granules de galène sont dispersées au toit des bancs
dolomitiques ou concentrées avec de la barytine compacte.

A partir de l’ensemble de ces observations G. Dagallier envisage un ensemble de processus


minéralisateurs qui commencerait par une fixation initiale (syngénétique) des métaux par le biais de
la matière organique des stromatolithes. Les dolomitisations, dissolutions et brêchifications connexes
apparaissent comme particulièrement favorables à l’enrichissement local, étape par étape du stock
syngénétique initial (l’enrichissement en Pb semble aller de pair avec la déstabilisation et la
recristallisation des carbonates). Les émersions temporaires au niveau des zones de flexure jouent un
rôle remarquable dans la dissolution des carbonates qui est d’autant plus intense que l’émersion est
longue. Les métaux primaires se piègent avec les argiles de dissolution et migrent jusqu’à la nappe
phréatique où ils se précipitent à la faveur de milieux réducteurs.

Des minéralisations non stratiformes généralement superposées aux précédentes et modifiant


localement la morphologie sont représentées par les structures suivantes:

1. les grandes structures de dissolution – tassement (I sur la figure III)


A la base, la structure est complètement désorganisée (brêche monogénique, dolomie pulvérulente,
etc..). Au sommet les bancs sont simplement déformés. Les bancs du toit ne montrent par contre
aucune modification. La minéralisation de galène se concentre essentiellement dans les vides ou dans
les zones de tassement maximum de la roche.

2. les grandes structures de slumping – dissolution (II sur la figure III) implantées sur les accidents
synsédimentaires importants se développent surtout verticalement avec formation de brêches
monogéniques ou polygéniques. Elles se combinent à de nombreuses flexures et slumps. Ces
structures semblent résulter du jeu combiné de la tectonique précoce et du drainage. Elles sont
antérieures au Lias moyen. La minéralisation apparait dans le ciment de ces brêches.

3. les réseaux de cavités horizontales (III sur la figure III) qui forment des chenaux de 1 à 2 m de
profondeur disposés à proximité ou juste sur la discordance du Crétacé. Ces structures semblent être
liées à l’émersion jurassique.

L’ensemble de ces caractères observés sur le gisement de Mibladen se retrouve sur toutes les
minéralisations de Pb, Zn, Cu, Fe des environnements carbonatés. A une phase de fixation
syngénétique des métaux surtout liée à l’activité organique se succède une phase d’émersion qui
marque le sommet des bancs et provoque des processus de remaniement et de concentration
(recristallisation, dissolution, dolomitisation et dédolomitisation, etc..) qui conservent néanmoins aux
accumulations métallifères leur caractère stratiforme primaire. A ces phases parfois répétées se
superposent d’autres phases de dissolution, brêchification plus tardives qui affectent tout un
ensemble de bancs et tout site de dissolution.

II.LES GISEMENTS LIES AUX SHALES NOIRS – LES KUPFERSCHIEFERS


De nombreux environnements sédimentaires des shales noirs dont la couleur est due essentiellement
à de la matière organique bitumineuse, humique, saprolitique ou graphitique contiennent des
éléments lourds variés en teneurs souvent anormales exceptionnellement économique (Cu, Pb, Zn, U).
Le meilleur exemple de ce type de gisement est fourni par les Kupferschiefers d’Europe (Allemagne et
Pologne) en raison, d’une part de leur importance historique et économique, et d’autre part des études
extrêmement minutieuses réalisées dans ces deux pays d’Europe à leur sujet. Ces études ont permis
de discerner les caractéristiques de la minéralisation et de son environnement depuis l’échelle du
continent jusqu’à celle du microscope.

67
2.1. Les Kupferschiefers d’Europe: définition et stratigraphie

Le terme « kupferschiefers » désigne d’abord une unité stratigraphique caractérisant un niveau marin
bitumineux du Permien supérieur d’Europe centrale et occidentale. A cette définition stratigraphique
s’est superposée une définition chimique de « schistes cuprifères » en raison de la liaison extrêmement
stricte entre la répartition du Cu et celle du niveau de shales noirs de base du Zechstein. Toutefois
comme le fait remarquer WEDEPOHL (1971) ce terme de « schiste cuprifère » parait assez mal propre
dans la mesure où des éléments comme le Pb, Zn sont dix (10) fois plus concentrés que le Cu dans ce
milieu. Cette définition géochimique est essentiellement due à l’importance historique du Cu contenu
dans ces formations.

AGE ABSOLU NOM RUSSE NOM GENERAL NOM D’ALLEMAGNE


230 M.A Scythien
Tartarien Thuringien Zechstein
Kazanien
Kungurien Saxonien supérieur
Artinskien Rothliegendes: inférieur
270 M.A. Sakmarien Autunien basal
Figure 1: Subdivision stratigraphique du Permien

Les Kupferschiefers s’étendent sur plus de 1 500 km et sur une surface d’environ 6 x 105 km2 réunissant
l’Angleterre, la Hollande, l’Allemagne et la Pologne. Cette extension est très remarquable surtout pour
l’épaisseur extrêmement faible de ce faciès, moins de 0,5 m dans les exploitations d’Allemagne et au
maximum 2 m en Pologne. La minéralisation est beaucoup plus discrète par rapport à son niveau
support. La surface exploitée ou exploitable est en effet d’environ 0,2% de la surface totale
(WEDEPOHL, 1971). Les surfaces minéralisées à au moins 0,3% Cu représentent environ 1% de la
surface totale, celles minéralisées à au moins 0,3% Zn représentent environ 5% de la surface totale.

Actuellement les exploitations sont restreintes et se situent dans le district de Mansfeld –


Sangerhausen en ex - R.D.A. et dans celui du monoclinal Présude en Pologne. Le tonnage du Cu des
seules zones économiques est de l’ordre de 3 x 107 à 108 tonnes, ce qui en fait une province de même
ordre que la ceinture cuprifère du Zaïre – Zambie (WEDEPOHL, 1971). Le Zechstein se prête à des
subdivisions stratigraphiques (ou parfois lithostratigraphiques) très fines en Allemagne où
s’individualisent quatre (4) cycles sédimentaires:

Z4 - Cellezyklus
Z3 - Niedersuchsen
Z2 – Stanfurt - Zyklus
A1(0) – Oberer Werra anhydrit
Na: - Werrasteinsalz
ZECHSTEIN Z1: Werra - Zyklus A1(4) – Unterer Werra anhydrit
Ca1: - Werrasteinkalk
T1: - Kupferschiefers
Z1s/Z1c:Weissliegende:grès /conglomérat
Figure 2: Subdivision du Zechstein: Le Z1 –Werra-Zyklus peu épais (85 m) est composé d’un terme détritique de
base de quelques mètres, de kupferschiefers de quelques décimètres, de calcaires Ca1 de 3 à 5 m et d’évaporites
de quelques dizaines de mètres

Par ailleurs les Kupferschiefers d’Allemagne sont, malgré leur faible puissance, subdivisés par les
mineurs dans le district de Sangerhausen – Mansfield selon les termes suivants:

68
TERMES PUISSANCE LITHOLOGIE
MOYENNE EN CM
Schawarge Berge (T12) 12 - 17 Marnes +/- argileuse peu ou modérément
bitumeuses
Schiefarkopf (Tδ) 10 -12 Argilite calcaire et sableuse, un peu plus
riche en carbone
Kammschale (T18) 2,5 - 4 Argilite calcaire et sableuse, très bitumeuse
Grabe Lette (T1β) 6-9 Argilite calcaire et sableuse, très bitumeuse
Feine Lette (T1α) 1-4 Argilite impure et sableuse, très bitumeuse
Figure 3: Subdivision lithostratigraphique des Kupferschiefers du district du Sangerhausen – Mansfield

Ces faciès principaux se retrouvent sur des vastes étendues, en particulier dans le bassin du Mansfield,
avec au sommet un terme carbonaté, un terme intermédiaire au niveau moyen et un terme détritique
à la base.

2.2. La paléogéographie à l’échelle du continent, de la région du site

La sédimentation permienne apparaissant sur le socle hercynien est constituée à la base de sédiments
détritiques, localement à caractères continentaux (Rothliegende) évoluant ensuite vers les grès et
conglomérats du Weisliegende (base du cycle Z1 du Zechstein) qui assurera le passage à la
sédimentation des Kupferschiefers, puis à des carbonates (Werrastein kalk) pour atteindre les
premiers dépôts évaporitiques (unterer Werra anhydrit)

Verticalement cette série correspond à une séquence positive de LOMBARD allant du détritique à
l’évaporite. Par ailleurs au sein des kupferschiefers eux – mêmes, à une échelle plus petite, on observe
une séquence élémentaire positive de LOMBARD, comme les trois termes élémentaires des
Kupferschiefers de Mansfield.

La paléogéographie de l’Europe au début du Zechstein est caractérisée par la présence de deux bras
de mer affectant l’Europe centrale et occidentale et qui se rejoignent au nord du bouclier scandinave:

-à l’Est, le bras de mer russe qui borde l’Oural,


-à l’Ouest, le bassin des Kupferschiefers qui fera l’objet de notre étude.

Ce bassin est caractérisé par la faiblesse de ses communications avec la mer libre, ce qui lui confère un
caractère évaporitique (présence d’anhydrite et de sel de potasse). Ses limites d’extension ne sont pas
connues avec certitude dans la majorité des cas, il s’agit plutôt de limite d’érosion au lieu de limite
paléogéographique pure. Les dépôts se sont formés, selon WEDEPOHL (1971), sous une faible bande
d’eau avec présence d’île (ou Rote Faüle) et bassins marginaux. Par contre d’autres auteurs comme
SCHMALZ (1969) avaient milité en faveur d’un bassin évaporitique avec des grandes profondeurs
(plusieurs centaines de mètres). Ce modèle compare les Kupferschiefers aux dépôts de la mer noire.

Les arguments en faveur de l’une ou l’autre hypothèse sont les suivants.

Pour les faibles profondeurs nous avons:

• l’étalement de la mer du Zechstein sur une plateforme continentale sans graben de grande
extension;
• présence d’île (ou Rote Faüle);
• présence de faune de faible profondeur comme les coralliaires.

69
Pour les grandes profondeurs nous enregistrons:

• puissance considérable de la série évaporitique surrincombante (plus de 1000m au Zechstein);


• absence de traces d’émersion comme les traces de dessiccation;
• caractère réducteur incompatible avec la proximité de la surface.

Selon certains auteurs, le dernier paramètre des grandes profondeurs n’a pas de grande valeur puisque
l’on connait actuellement dans la baie de Californie au Mexique des sédiments réducteurs formés sous
une faible profondeur d’eau. L’argument essentiel en faveur des grandes profondeurs semble être le
caractère réducteur, car de tels environnements à grande profondeur n’existent que dans des sites
structuraux bien définis comme le Rift de Mer Rouge. Toutefois il existe dans les domaines
épicontinentaux de plateforme des bassins réducteurs de faible bathymétrie. L’absence de forme de
dessication indique une grande stabilité du bassin et l’érosion des zones les plus marginales de la
bordure du bassin. La puissance de la série évaporitique surrincombante pourrait quant à elle
s’expliquer par la subsidence d’une aire stabilisée.

En conclusion, il apparait à partir de ces différentes observations que les Kupferschiefers d’Europe se
sont formés sous des nappes d’eau de quelques mètres à quelques dizaines de mètres de profondeur.

2.3. Pétrographie et géochimie

2.3.1. Minéraux et éléments majeurs

Selon certains auteurs, les Kupferschiefers d’ Allemagne et de Pologne ont une composition très
particulière et variable. K. H. Eisenhuth et E. Kautsch (1954) ont donné la composition suivante:

Calcite, dolomite, gypse, anhydrite 41%; Quartz 5%


Feldspath 7%; Kaolin 5%
Séricite 1%; Substances carbonées 9%
Gels siliceux 29%; Sulfures métalliques 2%

Cette composition minéralogique est caractérisée par une très faible proportion de minéraux
terrigènes (quartz, feldspath, kaolin, séricite) qui indiquerait une très faible érosion continentale et par
la même un paysage géochimique très mûr où les phénomènes de lessivage l’emportent largement
sur les phénomènes mécaniques. Les fortes proportions de gels siliceux ne sont citées que par ces deux
auteurs parmi tous ceux qui ont étudié ces formations.
KNITZSCHRE (1961) donne pour les kupferschiefers la composition chimique suivante, semblable à
celle des faciès de Grote Lette du champ sud de Sangerhausen:

SiO2 33,4% CO2 11,57%


Al2O3 15,91% C 13,26%
CaO 9,10% SO3 0,49%
MgO 3,97% S 3,38%

De ces données il ressort que le gypse et l’anhydrite sont en faible proportion, SO3 en très faible
proportion, Al2O3 est par contre très élevé comparativement aux limites fournies parles précédents
auteurs.

2.3.2. La zonation des principaux éléments métalliques

70
Les éléments métalliques majeurs des kupferschiefers de l’ex RDA et de Pologne sont constitués de
Cu, Pb, Zn et Ag. Ces éléments sont parfaitement distribués dans les secteurs minéralisés selon des
zonations horizontale et verticale caractéristiques. Les minéraux essentiels sont représentés par la
bornite, chalcocite, blende, pyrite, argent natif, galène, chalcopyrite, cuivre gris.
Dans ces kupferschiefers on observe fréquemment une zonation horizontale par rapport aux zones
définies comme des Rote Faüle (ou île) qui constituent des shales oxydés indiquant un caractère de
zones émergées. Les minéralisations économiques se rencontrent généralement dans la frange
comprise entre les « Rote Faüle » généralement stériles et le bassin réducteur (shale noir à teneur
géochimiquement anormale).
Si l’on considère une surface minéralisée bien déterminée et les teneurs moyennes des différents
éléments des différents niveaux lithostratigraphiques, on constate que le maximum de Cu se trouve
dans les niveaux inférieurs, le Pb dans les niveaux intermédiaires et le Zn dans les niveaux supérieurs
correspondant aux termes franchement marins à carbonates et traces d’évaporite.
Le fait de retrouver verticalement la zonalité horizontale observée entre « Rote Faüle » et le bassin
euxinique (bassin réducteur) confirme que les minéralisations forment un faciès de bordure de bassin
à caractère transgressif. Une zonalité comparable se traduisant par une succession de chalcocite,
bornite, chalcopyrite, a été décrite par SARLICK (1961) dans le Copper Belt de Zambie.

2.3.3. Les éléments métalliques et les corrélations inter-éléments

A côté des éléments métalliques principaux (Cu, Pb, Zn, Ag), on rencontre de nombreux éléments dont
certains sont récupérés industriellement comme sous – produits; ils sont représentés par l’Au, Pt, Pd,
Se, Tl, V, Cd, Ni, Re. Aux derniers éléments peuvent s’ajouter des éléments à teneur significative
comme l’U, Ce, As, T.R., Bi, Cr, Mo. On rencontre également dans certains shales noirs des éléments
comme Sn, W, Hg et Ge. Ces ensembles d’éléments constituent la paragenèse normale des shales
noirs. Selon les cas certains éléments sont particulièrement bien représentés (Pb, Zn, Cu V, U) , les
autres apparaissent à peine à teneur anormale et peuvent même être absents.
Dans les kupferschiefers de l’ex-RDA, les études statistiques ont permis de distinguer trois groupes
d’éléments:
1. le groupe des éléments liés au Cu (corrélation positive): Ag, Ce, Ni,
2. le groupe des éléments évoluant en sens inverse du Cu (corrélation négative): Pb, Zn,
3. le groupe des éléments indifférents par rapport au Cu: Mo, V, Re.

Par ailleurs les droites de corrélation Cu – Ag montrent pour une même teneur en Cu, une diminution
de la teneur en Ag de la base au sommet des kupferschiefers.

2.4. Le milieu de diagenèse et d’épigenèse

Les sulfures présents dans les kupferschiefers se distribuent selon Schmiderholn (1921) de la manière
suivante:
- en « points » de chalcopyrite de taille inférieure à 0,1 µ
- en dissémination dans la roche sous forme de « grains » aplatis constitués d’agrégats de points de
chalcopyrite
- en grains de bornite et chalcopyrite de mêmes dimensions sans structure interne.
Cette minéralisation semble être très précoce. Les remobilisations diagénétiques ont été très réduites
et n’ont pas dépassé l’échelle du cm (WEDEPOHL, 1971). Les remobilisations épigénétiques, malgré
leur ancienne importance économique sont très limitées. Elles correspondent à des « rückens » qui
sont des fractions minéralisées à leurs intersections avec des niveaux eux – mêmes minéralisés. La
minéralogie et la géochimie de ces concentrations sont classiquement divisées en trois (3) groupes:

- minéralisation à Cu, Pb, Zn, Ag

71
- minéralisation à Bi, nickéline, manchérite (Ni4As3), rammeslbergite (NiAs2), safflorite et cobaltite
avec une paragenèse U, Mo, Ce
- minéralisation à galène, blende, betechtinite (Pb, Fe, Ce)S.

Cette minéralisation des « ruckens » est assez différente du point de vue minéralogie de celle des
kupferschiefers proprement dits. Toutefois l’identité géochimique qualitative des deux paragenèses et
leur association géométrique constante font que les « ruckens » sont considérés comme des
remobilisations locales au niveau des accidents tectoniques cassants de la minéralisation stratiforme
des kupferschiefers sens strict.

2.5. Le modèle de mise en place: origine et mise en place des minéraux lourds

Les kupferschiefers sont considérés comme le prototype de concentrations syngénétiques des métaux
lourds dans les sédiments (WEDEPOHL, 1971). On note trois hypothèses possibles de mise en place et
de mode de piégeage syngénétiques des éléments lourds:

- une origine exhalative contemporaine de la sédimentation


- une origine marine (ou thalassagène) à partir d’une eau marine normale ou légèrement
anormale
- une origine continentale à partir du lessivage des roches normales (ou anormale) existantes et
émergées avant le dépôt de la série minéralisée.

L’hypothèse de l’origine exhalative (Ekiert, 1960) ne repose sur aucune base solide, malgré la présence
douteuse des gels siliceux signalée uniquement par EISENHUTH ET KAUTSCH. Des obstacles sérieux
s’opposent à cette hypothèse comme l’absence de preuve d’exhalaison, la grande répartition
géographique des minéraux lourds.
Les deux hypothèses continentale et marine se sont au contraire constamment opposées au cours de
ces dix dernières années; analysons-les brièvement:

2.5.1. Hypothèse de l’origine marine des éléments lourds

Cette hypothèse est défendue par M.BRONGERINA - SANDERS (1968). Il compara dans ce cadre les
mécanismes de dépôt des kupferschiefers aux circulations d’eau de mer dans les estuaires actuels. En
effet dans ces estuaires neutres ou inverses (évaporation égale ou supérieure à l’apport d’eau douce),
un système de vent dominant dirigé du continent vers le bassin provoque une circulation dite de type
« estuaire » favorisant une accumulation des matières organiques surtout planctoniques dans l’eau et
en conséquence la combustion complète de l’oxygène (O2) sur le fond et l’apparition de SH2. Les
éléments lourds concentrés dans le plancton vivant (Fe, Zn, Mn, Y, Cu, Ni, Pb, Mo, Co, Ag, etc..
s’accumulent dans l’eau jusqu’à des teneurs appréciables, lorsque des traces de SH2 font leur
apparition, les métaux à sulfures insolubles (en particulier les métaux les plus chalcophiles) précipitent
les premiers (Cu, Ag) et disparaissent de l’eau. Ensuite les éléments dont les sulfures ont une grande
solubilité commencent à précipiter dans l’ordre Pb, Zn, etc.. Ainsi s’expliquerait la zonalité verticale
(Cu, Pb, Zn) observée particulièrement dans les zones les plus externes du bassin. Cependant, la
zonalité horizontale constatée ne peut être expliquée par ce modèle. Il suppose par ailleurs que tout
le stock métal était présent dans l’eau au début de la précipitation des différents sulfures. L’épuration
des éléments les moins solubles (Cu, Ag) a permis leurs relais par des éléments plus solubles (Pb) et
enfin très solubles (Zn). Ce modèle conduit à une bonne corrélation entre le carbone organique et tous
les éléments; cette relation en fait n’est observée qu’avec les éléments suivants: V, Mo, Ce

72
2.5.2. L’hypothèse de l’origine continentale des éléments lourds

A l’opposé du modèle proposé par M. BRONGERSMA – SANDER de nombreux auteurs se sont tournés
vers l’hypothèse d’une origine continentale des métaux en raison de la liaison apparente entre les
zones émergées et les minéralisations. La 1ère approche dans ce sens faisait appel aux unités
hercyniennes qui étaient émergées et cernées par un liséré de minéralisation localisée dans les
kupferschiefers. Toutefois, la taille relativement faible de ces formations ne suffisait pas pour expliquer
la mise en place de tout le stock métal accumulé dans les kupferschiefers. Ainsi certains géologues font
remarquer que les kupferschiefers sont transgressifs sur les grès permiens (Rothliegende) qui
renferment de très nombreuses occurrences, voir même des concentrations économiques de métaux
lourds tels que le Cu, le Pb, etc.. Deux variantes de modèle sont possibles selon que:

1. l’on considère un lessivage continental par oxydation des grès et décharge des métaux lourds dans
le bassin;
2. l’on admette une reprise des métaux lourds des grès par le front de transgression des
kupferschiefers et leur précipitation plus au large dans les premiers faciès euxiniques (WEDEPOHL,
1971). Cette variante est comparable au modèle proposé par YEN LIEN TSUN (1903) pour les gisements
chinois dans lesquels il estime que les éléments lourds du manteau d’altération sont dissouts par la
transgression marine et précipitent à l’aval.

Les arguments décisifs relatifs à l’origine continentale des métaux lourds et leurs conditions de mise
en place furent apportées par A.M. LUR’YE et I.P. GABLINA (1972) dans le cadre de leurs travaux sur le
district polonais de Lubin. Pour ces auteurs ce district localisé sur le flanc occidental de l’Oural est
formé au Kazanien (Zechstein inférieur) d’un golfe (golfe de Yayra) semblable à celui des
kupferschiefers d’Allemagne et de Pologne et s’ouvrant sur la mer boréale. Sur les bords de ce golfe
apparait une ceinture cuprifère de 10 à 80 km de large subparallèle à la côte. A l’échelle régionale les
minéralisations cuprifères des shales noirs du Kazanien n’existent qu’à l’aplomb des faciès détritiques
rouges immédiatement sous – jacentes à la formation d’Ufa; ces faciès rouges soulignent la bordure
du golfe de Yayra.

A l’échelle locale les différents champs qui marquent cette bordure présente des caractéristiques
analogues. Les occurrences à teneurs importantes (≥ 0,2%) n’apparaissent qu’à l’aplomb des chenaux
fluviatiles de grès brun – rouge de la formation d’Ufa. En effet, on distingue au niveau de la formation
d’Ufa les unités sédimentologiques suivantes:

- au nord, une formation continentale composée d’argilites et siltites d’une plaine continentale
parcourues par un réseau fluviatile (grès rouge) formant des couloirs chenalisants de 2 à 3 km de
large
- au sud, cette formation est relayée par celle d’un lagon saumâtre, d’un cordon littoral, puis d’un
bassin à caractères évaporitiques (dolomie et gypse). Les sondages minéralisés du secteur sont
tous localisés à l’aplomb ou presque des chenaux fluviatiles et plus particulièrement dans la
partie aval.

Ainsi, les minéralisations des kupferschiefers de cette bordure orientale du Kazanien du golfe de Yayra
sont directement contrôlées par une paléogéographie ancienne. La seule solution possible pouvant
expliquer les faits observés est d’admettre que le Cu disséminé dans les roches détritiques et
ultradétritiques de la formation d’Ufa a été mobilisée par une nappe d’eau oxydante, imprégnant les
sédiments drainés à travers des cordons sableux perméables qui constituent le système fluviatile
venant enfin enrichir localement l’eau de mer du bassin Kazanien, qui devient un milieu réducteur et
provoque immédiatement la précipitation du Cu.

73
2.5.3. L’analyse des deux modèles à partir des faits observés

Les éléments majeurs Ag, Cu, Pb, Zn observés dans ces formations suivent une distribution horizontale
et verticale qui correspond à l’ordre de solubilité croissante.

Ag ------- 7 x 10-21 mole/l; Cu ------- 3 x 10-20 mole/l;


Pb ------- 7 x 10-19 mole/l; Zn ------- 4,5 x 10-14 mole/l;
Fe ------- 4 x 10-8 mole/l.

Si on considère un apport métallifère venant du continent (milieu oxydant), le 1er milieu réducteur
(contact Rote Faüle – bassin euxinique par exemple) provoquera la précipitation des métaux dont les
sulfures sont les plus insolubles (Cu, Ag) dans la zone externe en utilisant toute la capacité de
précipitation du milieu, et ensuite plus à l’aval précipitera dans l’ordre le Pb et le Zn. La zonation
verticale sera alors le reflet de la zonation horizontale se décalant dans le temps en raison du caractère
transgressif du milieu. C’est dans ce même esprit que GARLICK (1961) propose un schéma de
chromatographie des éléments (Cu, Fe, Co) pour les gisements zambiens.

Le modèle général d’apport marin de BRONGRESMA SANDERS explique plus difficilement cette
zonation horizontale. En effet, si on applique le schéma précédent de chromatographie en fonction de
la solubilité des sulfures, on obtiendra une zonation horizontale inverse. Le 1er élément déposé en
allant du bassin vers le continent devra être le Cu, ce qui est contraire au phénomène observé.
Si par ailleurs on observe les corrélations entre les éléments lourds des kupferschiefers on constate
que:

1. les éléments liés au Cu (Ag, Ni, Co) sont ceux qui précipitent au niveau des 1ers milieux réducteurs et
disparaissent rapidement des solutions;
2. les éléments évoluant en sens inverse du Cu (Pb, Zn) précipitent par l’action du même phénomène
précédent, mais de manière beaucoup plus tardive et très loin de ceux du 1er groupe;
3. les éléments indifférents par rapport au Cu, mais corrélés avec le carbone organique (V, Mo, Ga, Re)
répondent à des conditions de précipitation différentes. Ils semblent qu’ils se soient fixés à la matière
organique planctonique avant le dépôt de celle – ci confirmant ainsi le piégeage planctonique du
modèle de BRONGERSMA SANDERS.

A partir de ces éléments, il apparait pour les kupferschiefers d’Europe centrale un schéma génétique
précis basé sur un modèle mixte d’une origine continentale et marine des éléments lourds.
Les caractères particuliers de l’environnement des kupferschiefers dont la réalisation simultanée a
permis leur formation se résument ci – dessous:

- géotectonique: plateforme stable sans lien avec un cycle orogénique;


- épirogénique et morphologique: bassin très plat entouré d’une zone morphologiquement très
mûre (s’il y’avait un relief, il y’aura un apport de détritique et la dilution de phénomène de
concentration métallifère). La subsidence du bassin est régulière et ne perturbe pas la
morphologie continentale;
- lithologique et géochimique: la présence des red –beds continentaux minéralisés semble
nécessaire (WEDPOHL cite le cas de la mer noire du Lias inférieur d’Allemagne sans red – beds
et sans minéralisations notables)
- climatique: le caractère confiné du bassin n’est possible que dans un environnement où
l’évaporation l’emporte sur l’apport d’eau douce, c'est-à-dire un environnement semi – aride à
aride.

74
III.RED - BEDS OU GISEMENTS LIES AUX FORMATIONS GRESEUSES
Le terme red – beds en métallogénie s’applique à des concentrations chimiques en milieu détritique.
A l’origine, il désignerait uniquement des concentrations de Cu liées à des niveaux de silt, de grès et
de conglomérats au sein de séries rouges. A l’heure actuelle ce terme s’applique à des concentrations
de Pb, Zn, U, fluorine etc.. en milieu détritique.

3.1. Le gisement plombo – zincifère de Largentière

Ce gisement est situé sur la bordure sud du massif central français au niveau de la bordure orientale
des Cévennes. La minéralisation formée de Pb, Zn, barytine est située dans des termes détritiques de
base du Trias.

3.1.1. Géologie du gisement

Les reconstitutions paléogéographiques du site de Largentière au Trias inférieur ont permis de définir
quatre (4) environnements d’Ouest en Est: un glacis ou arrière pays, un domaine pédimentaire, un
domaine de bordure et enfin un domaine lagunaire situé en aval.

Le faciès pédimentaire forme un ensemble grossier à stratification non identifiable, avec des blocs de
quartz anguleux atteignant 15 cm qui sont enrobés dans une masse conglomératique d’ordre
centimétrique à quartz et feldspath pouvant atteindre une proportion de 30%. La matrice est
essentiellement formée d’illite et accessoirement de silice authigène. L’indice d’émoussé des grains de
quartz est très faible et incompatible avec un transport fluviatile ou un épandage de plage. La
classification des grains de minéraux est par ailleurs très mauvaise. Ils proviennent du démantèlement
des glacis ou arrière pays cristallin et cristallophyllien

Le faciès de bordure apparait entre le faciès pédimentaire précédent et le faciès de lagune. Il se


caractérise par l’abondance de la cimentation siliceuse qui remplit tous les espaces intergranulaires de
la roche et par la présence massive de la minéralisation sulfurée des minéraux lourds, c’est dans ce
domaine qu’apparaissent tous les gisements importants comme celui de Largentière.

Le bassin lagunaire forme un milieu très particulier de type sebka à caractère évaporitique marqué
(sédimentation à anhydrite – dolomie) perturbé par des décharges continentales des produits
détritiques de l’aire pédimentaire formant le bassin versant occidental. Il est constitué soit de grès
conglomératiques à ciment d’évaporite (gypse), soit de niveaux argilo – carbonatés bien stratifiés à
nodules de gypse , soit d’association stratifiée de sphalérite – anhydrite soit enfin de lentilles
carbonatées (sidérite ou ankérite) situées dans des flaques allongées en chenaux. Il forme ainsi un site
d’interférence de sédimentation détritique et chimique. La puissance du terme détritique est plus
faible vers la zone de bordure. La granulométrie est plus faible que dans le faciès pédimentaire et le
degré d’émoussé et le classement des grains sont plus élevés que dans le cas de la formation
pédimentaire.

Le glacis ou arrière pays est constitué de socle cristallin et cristallophyllien présentant des teneurs
élevées nettement plus importantes que le clarke) en Pb, Zn, Ba (SAMAMA, 1969 ET BERNARD ET
SAMAMA, 1970). Les anomalies majeures du terme détritique de base ne sont jamais éloignées de plus
de 20 km du domaine géochimique anormal du socle. Il est en conséquence évident que l’abondance
des métaux dans le socle a pu jouer un rôle important dans la géochimie de la couverture sédimentaire.

Dans la série triasique de Largentière la minéralisation métallifère est essentiellement localisée dans
les termes détritiques de base. Les différents termes sont les suivants de bas en haut:

75
1. un terme détritique de base de 45 m de puissance, composé de bas en haut des trois ensembles
suivants:
- un ensemble gréso – conglomératique de 15 à 25 m, qui débute par un niveau de 0,3 m d’argilite
grise à grains détritiques surmonté de conglomérat, à composition chimique, mal classé, à matrice
localement argileuse et à ciment quartzeux, parfois barytique ou sulfuré et rarement gypseux. Les
bancs sont souvent mal délimités avec quelques stratifications obliques apparaissant dans les zones à
matrice argileuse.
- un ensemble de grès moyen de 10 à 20 m d’épaisseur, formé d’arkose à grès arkosique localement
conglomératique; le ciment est argileux à siliceux et localement sulfuré. On y observe par ailleurs des
formes de chenalisation, de mouvements intraformationnels liés à un jeu d’accidents mineurs.
- un ensemble gréso – argileux de 20 à 27 m d’épaisseur, beaucoup plus différencié et constitué soit
de grès grossiers arkosiques, soit de grès fins (silt et argilite), soit de carbonates (sidérite, ankérite)
dispersés au centre de petites dépressions (chenaux). Les mouvements intraformationnels y sont
importants, de même la chenalisation y est bien marquée. On y observe également de nombreux
indicateurs paléogéographiques comme les empreintes de reptiles, les fentes de dessication, les rides
de courant, les empreintes de trémie de sel.

Cet ensemble est surmonté par un niveau repère important et continu formé d’un banc régulier de
marne verte de 2 à 4 m de puissance.

2. un terme argilo – carbonaté constitué également de trois ensembles très réguliers qui sont de bas
en haut:
- un ensemble argileux noir constitué de shales (illite dominante) carbonatés où apparaissent de
fines laminations gréseuses dont la base présente des empreintes de trémie de sel (cristaux de sel). Le
secteur amont renferme des nodules siliceux qui sont relayés par des nodules carbonatés et enfin des
nodules sulfatés sous forme de gypse et d’anhydrite.
- un ensemble de dolomie massive ou dolomie calcaire à grains fins, de puissance variant de 0 à 16
m. Au sommet apparaissent des recristallisations spectaculaires avec développement de quartz
géodique. Ces cristaux de quartz correspondent quelquefois à des pseudomorphoses de cristaux de
gypse ou anhydrite, ils apparaissent au voisinage du domaine continental. Dans le domaine
franchement lagunaire, la dolomie se charge de plus en plus en nodules de gypse et anhydrite
- un ensemble argileux de couleur noire comparable au premier faciès. Il renferme des lentilles
plates de dolomie et de nombreux indices métallifères surtout au voisinage du domaine continental
qui semblent liés à des silicifications du sommet de cet ensemble. La puissance varie de 10 à 20 m à
l’ouest et atteint 50 m à l’est dans les zones subsidentes.

3. un terme gréso – argileux et dolomitique bariolé. Il forme un ensemble complexe et puissant de 30


à 180 m, constitué de conglomérats, arkoses, grès, argilites bariolés et de dolomies qui forment une
succession de séquences positives résultant des décharges de matériaux terrigènes grossiers sous une
faible tranche d’eau. Le ciment des matériaux terrigènes est soit siliceux, soit dolomitique avec souvent
une pigmentation de fer ferreux ou fer ferrique. Les relations entre les différents faciès sont soit
progressives (sédimentation continue), soit brutales (sédimentation discontinue) surtout au niveau
des bancs dolomitiques avec des surfaces d’érosion irrégulières au dessus desquelles se développent
des brêches intraformationnelles remaniant les bancs érodés. Ce terme supérieur du Trias, comme les
termes précédents, montre une augmentation d’épaisseur de l’ouest formé surtout de terme
détritique vers l’est contenant essentiellement des sédiments ultradétritiques et chimiques.

3.1.2. La minéralisation métallifère:

Elle apparait sous deux formes essentielles: une forme stratiforme, ou une forme filonienne en
remplissage des fractures ou failles

76
La minéralisation stratiforme est constituée de deux horizons bien distincts: un horizon supérieur
localisé dans la partie nord du gisement et un horizon inférieur dans la partie sud du gisement.

L’horizon inférieur est supporté par deux massifs de 2 à 3 m de grès arkosique gris, très grossier et
localement conglomératique. La minéralisation est disséminée dans le ciment de grès arkosique de
manière très irrégulière. Elle se situe préférentiellement au dessus des chenaux d’alimentation
dessinant des formes de croissance. A l’échelle de détail la minéralisation s’organise sous forme de
dissémination de galène et accessoirement de blende en ciment dans les grès arkosique. Dans les
zones minéralisées et à l’intérieur de celle – ci, il y’a nourrissage des grains de quartz. La galène remplit
les vides résiduels et corrode essentiellement les feldspaths. On retrouve également la galène en
inclusions dans la frange de nourrissage de certains grains de quartz néoformés. L’association minérale
liée à cet horizon est formée de quartz, galène, sphalérite et accessoirement barytine, chalcopyrite,
freibergite et pyrite.

L’horizon supérieur est formé de deux faciès principaux de minéralisation avec des transitions d’un
faciès à l’autre. Le 1er faciès localisé dans les grès arkosiques moyens à fins forme une imprégnation
diffuse de faible teneur constituée soit de galène à ciment siliceux, soit de sphalérite et galène à ciment
siliceux et carbonaté, soit enfin de sphalérite, galène, chalcopyrite et bournonite à ciment carbonaté
et sulfaté. Cette minéralisation est liée à des niveaux lithologiques particuliers d’assez grande
extension. Elle forme des nuages, tâches ou nids dans les différents niveaux. Ce faciès passe
latéralement à un deuxième faciès formant des concentrations sulfurées assez riches sous forme de
pseudo – amas ou lentilles stratiformes. Ils présentent un aspect lité dans lequel s’observe une trame
de sédimentation à dominante gréseuse. Comme dans le 1er faciès la galène est associée à au ciment
siliceux, la sphalérite et accessoirement la galène au ciment carbonaté et la sphalérite seule avec
accessoirement la galène, bournonite, chalcopyrite au ciment sulfaté (sulfate de calcium). Au
microscope, la minéralisation apparait formée de sulfures contenus dans le ciment de la roche
détritique. Ces sulfures provoquent des corrosions du quartz, mais surtout des grains de feldspaths
altérés. L’association anormale est formée de quartz, sphalérite, pyrite et accessoirement barytine,
chalcopyrite, jamesonite, bournonite et freibergite.

Le faciès filonien est lié à des accidents tectoniques cassants sous forme de remplissage de failles ou
fractures. La minéralisation en forme de filon est géométriquement contrôlée par les accidents
cassants. Elle recouvre deux phénomènes très distincts généralement superposés, à savoir:

1. les entraînements mécaniques dans les failles;


2. les mobilisations avec migration des métaux ou nourrissage

Les phénomènes d’entraînement mécanique se manifestent surtout au niveau des lentilles


minéralisées stratoïdes de l’horizon supérieur. Ils provoquent un basculement de blocs de grès
minéralisés dans les ouvertures de failles. Ces blocs gréseux basculés présentent une allure rubanée
due à la stratification originelle des blocs disloqués. Ces entraînements mécaniques provoquent
quelquefois la formation de véritables brêches dont les éléments peuvent conserver leur structure
originelle de couche.

A ces phénomènes d’entraînement mécaniques se superposent un enrichissement par nourrissage très


important de galène, bournonite et accessoirement sphalérite.

3.1.3. Le modèle génétique

77
Les observations précédentes sur le site paléogéographique de détail (bordure de bassin sulfaté)
conduisent à un modèle hydrogéologique par l’affrontement d’une eau continentale saturée en silice
et contenant divers éléments lourds en teneur anormale avec une eau de lagune sursaturée située en
aval.

L’interface ou plus exactement la frange de contact entre les eaux du domaine continental et celle du
bassin lagunaire forme un niveau de précipitation et d’échanges qui affecte leurs éléments véhiculés
par les eaux continentales et en particulier la silice, le Pb, le Zn et le Ba.

Les eaux continentales qui sont très largement saturées en silice pendant leur trajet libèrent
brutalement au niveau de la frange de contact une partie notable de la silice en raison de la salinité du
milieu. Les grains de quartz des sédiments de bordure sont ainsi nourris par cette précipitation siliceuse
qui contribue à la cimentation des alluvions des pédiments.

La précipitation du Pb, Zn, et Ba à partir des eaux continentales est surtout liée à l’importance des
phénomènes d’oxydo – réduction. En effet, la nappe lagunaire riche en sulfates imprègne les
sédiments meubles et pédiments, milieu où la matière organique végétale est abondante. Cette
matière organique est consommée par les bactéries sulfo – réducteurs qui réduisent les sulfates des
eaux de la nappe du bassin et libèrent des quantités variables d’hydrogène sulfuré.

Trois types de milieu apparaissent selon le degré d’oxydo – réduction de l’environnement:

1. lorsque la réduction des ions sulfatés de la nappe est complète, seul l’ion S2- sera en solution;
2. lorsque la réduction des ions sulfatés de la nappe est incomplète, il y’a coexistence des ions SO42-
et S2- dans la solution;
3. lorsque la réduction des ions sulfatés est nulle, seul l’ion SO42- sera en solution.
Ces trois types de milieux vont se comporter vis-à-vis du Pb Zn et Ba comme des barrières
géochimiques en raison de la très faible solubilité des sulfures de Pb, Zn et de sulfate de Ba. Ils se
précipitent selon les conditions du milieu dans la frange de contact et d’échanges entre les eaux
continentales et les eaux de la nappe du bassin.

Si la réduction est complète (seul S2- est présent en solution), le Pb et le Zn se précipitent sous forme
de sulfures avec d’abord précipitation des sulfures de Pb, puis ensuite celle du sulfure de Zn dans
l’ordre de leur solubilité croissante. Le Ba ne précipitera pas dans cette frange de contact, il sera
totalement évacué vers le bassin où il précipitera sous forme de barytine du fait de l’abondance des
ions sulfates SO42- trop nombreux pour être réduit en totalité; on observe ainsi vers l’aval une zonalité
Pb, Zn, Ba.

Si la réduction est incomplète (coexistence de SO42- et S2-), le Pb, le Zn et le Ba se précipiteront mais en


raison de la faible production d’hydrogène sulfuré, le sulfure de Zn sera très mal représenté. Le Zn sera
surtout évacué vers le bassin et se diluera dans les eaux de la lagune. En revanche le Pb et le Ba
précipiteront massivement au niveau de cette frange de contact sous forme de sulfures de Pb (PbS) et
de sulfate de baryum (barytine).

Si la réduction est nulle (seul SO42- est présent en solution) le Ba sera le seul élément à précipiter au
niveau de cette frange de contact. Il forme les arkoses à ciment barytique. En revanche le Pb et Zn
seront évacués jusqu’au bassin où ils seront dilués dans les eaux de la lagune.

La réduction des sulfates de la nappe phréatique liés au bassin explique le phénomène de


concentration géochimique dans cette bordure entre le bord lagunaire et le domaine pédimentaire.
Les sites de réduction maximale sont généralement superposés à des zones déprimées qui constituent

78
non seulement des zones d’accumulation de la matière organique végétale, mais également des
facteurs d’accumulation des eaux continentales véhiculant les éléments lourds. Ce double rôle permet
de ‘expliquer les fortes concentrations de sulfures de Pb, Zn associées à ces secteurs comme le
gisement de Largentière.
A l’opposé de ces dépressions, les secteurs en relief les dépressions sont caractérisées par une faible
réduction avec coexistence ses ions SO42- et S2- dans le milieu.

Un autre facteur de concentration des éléments correspond à l’oscillation du front d’échange autour
d’une position moyenne, oscillations qui facilitent très largement le brassage et la précipitation des
éléments lourds. C’est pour ce même phénomène que s’explique la puissance des passées minéralisées
élémentaires.

La bordure du bassin apparait ainsi comme un milieu très réactif de précipitation du Pb, Zn, Ba et silice
des pédiments pendant de très long épisode d’arrêt de la sédimentation mécanique. C’est tout au long
de cette bordure du bassin qu’apparaissent les concentrations de certains de ces éléments, mais le
plus souvent à faible teneur (quelques centaines à quelques milliers de ppm). Les fortes proportions
apparaissent surtout dans les zones où les pédiments présentent à l’origine une teneur anormale en
Pb, provenant du socle avoisinant. Les teneurs minières économiques apparaissent surtout au dessus
des zones de dépression localisées dans les formations pédimentaires à teneur anormale en éléments
lourds.

D I F F E R E N C I A T I O N M A G M A T I Q U E

79
Les fluides magmatiques furent considérés pendant très longtemps comme la source de tous les
gisements métallifères connus dans le monde. Cette théorie initiale s’explique aisément par l’histoire
des exploitations minières. En effet, pendant de longue période les mineurs ne s’intéressent, en plus
des concentrations alluvionnaires, qu’aux seuls gisements très riches de métaux qui, généralement
disposés sous forme de filons ou d’amas massifs d’oxydes ou de sulfures présentent fréquemment des
relations géométriques avec les roches magmatiques.

A partir de ce constat fut élaborée la théorie selon laquelle le magma constituait la source universelle
de tous les métaux et cette théorie devient un dogme en dehors duquel il n’y avait point de vérité.
Selon cette théorie les magmas et mêmes les métaux proviennent uniformément de la profondeur
mantélique d’une couche basaltique unique, et seules les vicissitudes de la différenciation de ce
magma et de la cristallisation de ces termes conduisent à une certaines diversité des gisements
métallifères.

Les gîtes minéraux d’assimilation magmatique peuvent être formés par deux types de processus
magmatiques:

a. par cristallisation fractionnée: accumulation des cristaux par différence de densité et séparation
des minéraux des liquides résiduels. Cette différenciation peut former des gîtes riches en un seul
minéral (chromite, magnétite vanadifère). La cristallisation fractionnée forme ultimement des magmas
très différenciés qui peuvent former des pegmatites en éléments incompatibles.

b. par ségrégation du liquide immiscible: changement de la composition du magma par assimilation


ou contamination de l’encaissant; on assiste à un changement de magma avec un changement de
température ou de pression qui peut provoquer l’immiscibilité d’un liquide sulfuré ou oxydé dans le
magma silicaté. Ce liquide sulfuré ou oxydé est plus dense que le magma silicaté et il s’enfonce dans

80
la chambre magmatique. Les métaux très chalcophiles (Ni, Cu, Fe, Au, EGP) se concentrent dans le
liquide sulfuré et les métaux lithophiles (Fe, Ti) sont accaparés par le liquide oxydé.

Toutefois, les recherches géochimiques entreprises durant ces dernières années et faisant l’inventaire
de la distribution des teneurs des éléments traces dans les différents environnements lithologiques
montrent que les roches sédimentaires ou volcano – sédimentaires contiennent autant et parfois
d’avantage d’oligo – éléments que les roches magmatiques. En général la teneur moyenne des roches
sédimentaires (surtout argiles et pélites) est peu différente de celle des roches magmatiques. En
conséquence la fréquente apparition des gisements dans ces environnements est plutôt liée au
processus déterminant la concentration.

DISTRIBUTION DES ELEMENTS TRACES DANS LES MAGMAS ANHYDRES

1. Considérations générales sur les liquides magmatiques

Si nous réduisons l’image d’un magma à celle d’un bassin silicaté fondu, c'est-à-dire d’un liquide
présentant une proportion variable mais le plus souvent prédominante de silice, on peut en s’inspirant
de la structure des verres, considérer celui – ci comme un assemblage instantané, tridimensionnel de
tétraèdres [SiO4]4- désordonné et lacunaire, avec toutefois des ruptures périodiques de liaison Si-O qui
se reforment dans le même temps et assurent ainsi une certaine viscosité au magma.
Cette viscosité diminue fortement lorsqu’on ajoute au liquide magmatique (ou liquide silicaté) certains
éléments tel Na2O, par exemple. Cela s’explique par la création de rupture de liaison dans l’assemblage
des tétraèdres comme suit:

O O O O
O – Si – O – Si – O + Na2O → O – Si – Na + Na – Si – O + O2
O O O O

Cette libération d’oxygène (O2) résultant de la réaction favorise également la libération des tétraèdres
les uns par rapport aux autres; pour le comprendre il suffit d’examiner le nombre d’atomes d’oxygène
associé à chaque atome de silice dans les structures cristallines pour s’apercevoir que plus les
tétraèdres sont séparés, plus il faut une grande quantité d’oxygène dans le magma (tableau 1 qui suit):

Types de silicates Formule structurale N (O) / N (Si)


Néso [SiO4]4- 4, 00
Soro [Si2O7]6- 3, 50
Cyclo [Si6O14]12- 3, 00

81
Ino [SiO3]2- 3, 00
[Si4O11]6- 2, 75
Phyllo [Si4O10]4- 2, 50
Tecto [SiO2] 2, 00
Tableau 1: rapport N(O) / N(Si) suivant les différentes structures silicatées

Remarque: le rôle de H2O qui diminue la viscosité s’explique de la même manière, H tenant le rôle de
Na. En revanche, les halogènes comme le F et Cl joueraient un rôle analogue à celui de l’oxygène.
Ces deux catégories d’éléments, appelés minéralisateurs, diminuent le degré de polymérisation de
la silice.

La cristallisation magmatique consiste en une mise en ordre de l’assemblage désordonné de tétraèdres


constitutifs du magma. Les éléments ordonnés de la charpente silicatée les plus stables en fonction de
la pression, de la température et de la composition chimique du bain magmatique constitueront les
germes des cristaux de la roche magmatique. Ces germes peuvent par la suite réagir avec le bain
magmatique résiduel lorsqu’ils ne sont pas soustraits de ce dernier pour former de nouvelles espèces
plus stables. Par contre, lorsque ces germes sont progressivement soustraits au fur et à mesure de la
cristallisation magmatique, on obtient une différenciation du magma appelée alors fractionnement
magmatique.

2. Comportement général des éléments chimiques dans les magmas

Les éléments majeurs présentent deux comportements différents au cours de la cristallisation


magmatique:

- les uns comme Si et Al participent directement à l’édification des charpentes silicatées;


-les autres comme les alcalins, alcalino – terreux, les ferromagnésiens établissent des liaisons entre les
éléments de la charpente.

Ces deux groupes sont appelés respectivement formateurs (Si, Al) et modificateurs (alcalins, alcalino
– terreux et ferromagnésiens) de réseau.

La prise en considération des éléments traces par A. E. RINGWOOD (1955), amena celui – ci à adopter
une conception plus nuancée de ce modèle; cet auteur distingue ainsi:

a. les éléments complexants tels que Si, B, S, P, etc.. qui, dans le liquide magmatique forment des
associations [SiO4]4-, [BO3]3-, [SO4]2-, [PO4]3-, etc. qui se comportent comme des entités stables pendant
la cristallisation magmatique. La stabilité de ces complexes est fonction de l’énergie des liaisons de ces
éléments avec les atomes d’oxygène:

• SVI, PV, BIII, CIV forment des complexes stables;


• SiIV, TaV, VV, des complexes stables autorisant malgré tout une certaine fluidité des verres par
rupture statistique des liaisons;
• SnIV, TiIV, ZrIV, enfin, forment des complexes instables et libérant souvent par dissociation des
ions Sn4+, Ti4+,Zr4+ dans le liquide magmatique.

b. les éléments non complexants qui se comportent comme des ions libres c'est-à-dire des
modificateurs de réseau. Le sort de ces éléments, notamment des éléments – traces, est généralement

82
envisagé suivant les règles de substitution diadochiques de GOLDSCHMIDT. Toutefois, lorsque deux
éléments présentent les mêmes possibilités de diadochie dans un cristal, c’est celui qui présente la
plus faible électronégativité (c'est-à-dire la plus forte tendance à former un (ou des) liaison ioniques)
qui sera incorporé.

Les éléments complexants peuvent:

- soit, en tant que complexes, se substituer à [SiO4]4- dans un réseau silicaté, mais cette substitution
sera généralement beaucoup plus facile dans l’assemblage désordonné du liquide, que dans le réseau
strictement ordonné d’un cristal. Cette substitution ne pourrait se réaliser aisément que lorsque les
complexes sont coordonnés en tétraèdres. Parmi ces complexes:

a. Plus la charge de l’ion central est forte, moins le complexe aura tendance à substituer [SiO4]4-. C’est
le cas notamment de [PO4]3-, [VO4]3-, [TaO4]3-, [NbO4]3-, [WO4]2-, [MoO4]2-, [SO4]2- ..Ces complexes
auront tendance à demeurer dans le liquide magmatique et à s’y concentrer.
b. Plus la taille de l’ion central est grande, moins le complexe aura tendance à substituer [SiO4]4-. C’est
le cas notamment de [GeO4]4-, [TiO4]4-, [SnO4]4-, [ZrO4]4- et [HfO4]4-. Ils ne peuvent se substituer que
difficilement à [SiO4]4-. Ces complexes ont tendance à se concentrer dans le liquide magmatique
résiduel.
- soit ne pas se substituer en tétraèdres [SiO4]4- dans le réseau silicaté par ce que le complexe n’est pas
coordonné en tétraèdre. C’est le cas de [CO3]2-, [BO3]3-. Ils s’accumuleront également dans le liquide
magmatique résiduel.

3. Transport en masse des solutions – l’effet thermogravitationnel

Le transport en masse de grande quantité de matière dans le liquide magmatique peut s’expliquer en
grande partie par le rôle de l’effet thermogravitationnel et de l’effet Soret qui sont permanents dans
le domaine magmatique.

L’effet Soret se résume ainsi: lorsque qu’une solution ionique initialement homogène et isotherme est
soumise à un gradient thermique vertical ascendant (froid en bas), elle tendra à se concentrer à sa
base. Lorsque l’état stationnaire est atteint, c'est-à-dire que le flux de matière est nul, la variation
relative de concentration ΔC / C entre deux plans horizontaux soumis à une différence de température
ΔT ne dépend que du coefficient de Soret S du sel dissout et de la différence de température ΔT: ΔC
/ C = S x ΔT

Si ce gradient thermique n’était pas vertical ascendant, mais plutôt horizontal, l’effet Soret pourrait
être amplifié par l’effet de la pesanteur. Les accroissements de densité ainsi provoqués créent des
courants laminaires dans le liquide descendant le long de la paroi froide et ascendant le long de la
paroi chaude, la migration ionique par thermo – diffusion se faisant généralement vers le côté froid.
Il s’ensuit une augmentation de la concentration à la base du circuit; c’est le phénomène d’effet
thermogravitationnel.

Schott, 1976

L’une des grandes originalités de ce phénomène résulte de la mise en évidence d’un effet
thermogravitationnel en milieu poreux sous gradient vertical descendant (paroi chaude en bas) à
l’image des gradients thermiques que l’on rencontre souvent dans la nature. Ce phénomène
thermogravitationnel en milieu finement poreux peut conduire à une migration tellement importante
des éléments que l’on obtienne des cristallisations massives des minéraux à partir de solution très peu

83
concentrée. Des cristaux de sulfates de Cu ont pu être obtenus à la base des colonnes de thermo –
diffusion grâce à l’intervention de ce phénomène.

4. Coefficient global de répartition des éléments

Le coefficient global de répartition des éléments entre différentes phases en présence dans les liquides
magmatiques permet d’expliquer le taux de concentration élevé des éléments dans les gisements
résultant de la différenciation magmatique. En effet, l’incorporation d’un élément complexant ou non
dans un réseau cristallin dépend d’un coefficient de distribution ou coefficient de répartition globale
de l’élément entre la phase liquide et la phase solide.
Soit (i) un élément se répartissant entre une phase liquide et une phase solide au cours de la
différenciation magmatique. A l’équilibre le potentiel chimique de l’élément (i) dans la phase solide,
sera égal à un potentiel chimique dans la phase liquide.

Le potentiel chimique de l’élément (i) dans le solide est:

µis = µis° + RT logϒis - Cis

Le potentiel chimique de l’élément (i) dans le liquide est

µil = µil° + RT logϒil - Cil

µis et µil sont les potentiels chimiques standards dans le solide et le liquide de l’élément (i). Ce sont des
constantes qui figurent dans des tableaux spéciaux, ϒis et ϒil sont respectivement les coefficients
d’activités de l’élément (i) dans la phase solide et la phase liquide.
Cis et Cil sont respectivement les concentrations de l’élément (i) dans la phase solide et liquide.

A l’équilibre on a donc :

µis = µil d’où µis° + RT logϒis – Cis = µil° + RT logϒil – Cil → Cis / Cil = ϒil / ϒis x exp [(µil - µis) / RT = Kis,l = D
appelé coefficient global de l’élément (i) entre la phase solide et la phase liquide.

Ce coefficient de répartition global solide / liquide (D) est généralement faible pour les éléments
solubles dans le liquide magmatique (D ≤≤ 1). Il en résultera un enrichissement successif important au
cours des phénomènes de genèse et différenciation des liquides magmatiques. En effet, si nous
désignons par Co la concentration d’un élément dans un solide initial, par Cl la concentration de
l’élément dans le liquide obtenu par la fusion partielle du solide et par f la fraction de masse de la
phase liquide par rapport à la masse totale du système initial, on observera la relation suivante:

Ci = Co x (1 / D + f (1 – D))

Lorsque D ≤≤ 1 la relation précédente peut se simplifier et devenir

Ci = Co x 1 / f

Il découle de cette relation que dans un liquide correspondant à 1% de fusion partielle (f = 0,01) cas
des séries volcaniques alcalins on a Ci = 100% C0 (Ci sera 100 fois plus concentré que Co). Ainsi on peut
obtenir une 1ère concentration des éléments à faible coefficient de répartition solide / liquide dans les
liquides magmatiques correspondant à des taux de fusion faibles des solides du manteau de l’écorce.

84
Si par ailleurs nous désignons par C la concentration des éléments dans ce liquide au cours de la
différenciation, la variation de C provoquée par la cristallisation fractionnée du liquide initial obtenu
par la fusion précédente est donnée par la loi de fractionnement de RAYLEIGH:

C = Ci x f(D-1)

Lorsque D ≤≤ 1, la formule précédente se ramène à: C = Ci x (1 / f)

On obtient ainsi une deuxième concentration importante de ces éléments par cristallisation
fractionnée au cours de la différenciation magmatique. Il découle de la relation précédente que dans
un liquide résiduel correspondant à 1% du liquide initial (f = 0,01) on a C = 100% Ci

Par rapport au solide initial on obtient une concentration C = 10 000 Co. Ce processus pourrait ainsi
expliquer les fortes concentrations des éléments - traces dans les liquides magmatiques résiduels des
séries très alcalines comme les rhyolites hyperalcalines et carbonatites etc.

Les calculs précédents montrent qu’à partir d’une concentration de 1 ppm dans le solide primaire, il
est possible d’atteindre par le jeu successif des mécanismes décrits ci – dessus des concentrations de
l’ordre de 1% dans les termes les plus différenciés. Cet enrichissement peut être interrompu ou
complété par la cristallisation des phases capables de piéger ces éléments: apatite, zircon, etc..

Cet ensemble d’éléments qui présentent une tendance à s’enrichir dans ces termes volcaniques les
plus différenciés comprend les alcalins rares (Rb, Cs), le Ba et un certain nombre d’éléments de
transition caractérisés par des rayons ioniques et surtout des potentiels ioniques élevés tels que les
lanthanides, le zirconium, le hafnium, le niobium, le tantale, le molybdène, le wolfram, l’uranium et le
thorium. Ces éléments sont qualifiés d’ « incompatibles » car l’explication de leur comportement réside
dans les difficultés d’incorporation de leurs ions dans les phases minérales essentielles. Leur
comportement au cours des processus magmatiques implique surtout une grande solubilité et en
conséquence une grande stabilité dans les liquides magmatiques. Ils sont ainsi qualifiés d’éléments
hygromagmatophiles (Treuil et Varet, 1973).

Certains éléments présentent un comportement opposé à celui des éléments hygromagmatophiles;


c’est le cas du Ni, et du Cr qui se concentrent dans la phase solide résiduelle au cours de la fusion. Ils
sont fixés très tôt dès le début de la différenciation par la cristallisation des olivines, des spinelles et
des sulfures. Ils se concentrent en conséquence préférentiellement au sein de la phase solide initiale.

En outre, le groupe d’éléments: Cu, Ti, Fe manifestent un comportement légèrement différent de celui
des éléments précédents. En effet, au début de la différenciation on constate une légère augmentation
de leur concentration dans le liquide, puis brutalement à un moment donné de cette évolution, ces
éléments se cristallisent massivement sous forme de magnétite, de titano - magnétite et de sulfures
avec parallèlement une diminution considérable de leur concentration dans le liquide magmatique.

Par ailleurs cette cristallisation est généralement précédée d’une légère augmentation de la fugacité
de l’oxygène, suivie d’une brutale diminution de celle – ci. Cette évolution de la fugacité de l’oxygène
est confirmée par l’évolution d’un apport Fe2+ / Fe3+. Ainsi deux mécanismes apparaissent dans la
concentration de ces éléments, le 1erprovoque leur préconcentration dans le liquide, le second
entraine la précipitation de tout le stock de ces éléments contenu dans le liquide magmatique.

5. Conditions de détermination du degré d’oxydo – réduction des magmas

85
La détermination des systèmes magmatiques favorables à la genèse des gisements sulfurés comme les
gîtes sulfurés de Ni et de Cu par exemple peut être facilitée par la connaissance des conditions d’oxydo
– réduction des magmas c'est-à-dire la connaissance de la fugacité de l’oxygène.

L’apparition des sulfures semble en effet, étroitement corrélée à ce paramètre. L’évolution des
conditions d’oxydo – réduction des magmas peut être facilement estimée à partir du comportement
de l’europium. Cet élément de la série des lanthanes constitue avec le cérium les seuls éléments du
groupe susceptibles d’avoir deux degrés d’oxydation différents suivants les conditions du milieu alors
que tous les autres éléments de la série est un degré d’oxydation unique (+III). Le degré d’oxydation
de l’europium varie suivant le milieu Eu2+ à Eu3+. Lorsqu’il est réduit sous forme de Eu2+, il se concentre
préférentiellement dans le milieu par rapport aux autres éléments de la série des lanthanes ayant un
degré d’oxydation fixes (+III). Cette concentration préférentielle d’Eu2+ dans les milieux réducteurs se
traduit par une anomalie positive de cet élément dans les roches issues des milieux réducteurs et en
conséquence permet de déterminer les environnements favorables à la précipitation des sulfures.
L’anomalie positive par rapport aux autres lanthanes indique en revanche un milieu largement
oxydant.

CAS DES MAGMAS ANHYDRES BASIQUES ET ULTRABASIQUES


Ces magmas se rangent, en général, dans la catégorie des magmas anhydres. Si on envisage le cas
simple de la souche basaltique unique de BOWEN, en supposant un état initial complètement liquide,
on constate qu’au cours de la cristallisation le Cr et le Ni ont tendance à être fixés dans le réseau des
péridots et des pyroxènes. La fixation intervient de manière très précoce et le bain magmatique
s’appauvrit ainsi rapidement en ces deux éléments. Toutefois, on constate une légère remontée des
micro – teneurs aux stades ultimes de la différenciation (granophyre). Ce fait s’explique de manière
suivante: les deux éléments de Ni et de Cr ainsi que le vanadium (III) et le scandium (III) peuvent
occuper deux positions structurales de formateurs et de modificateurs de réseau selon les conditions
du milieu. Il s’établit généralement un équilibre entre ces deux formes et c’est essentiellement en
fonction de la composition des magmas qu’ils interviennent comme modificateurs (cas général) ou
comme formateurs de réseaux (formation de complexes). Selon RINGWOOD, ce comportement
dépend du degré de polymérisation et notamment du rapport [O2- + (OH)-, F- + Cl-] / [Si4+ + Al3+]. Lorsque
ce rapport est élevé, Ni et Cr rentrent en compétition avec Si et Al pour former leurs propres
complexes. En revanche lorsque ce rapport est faible, la polymérisation est forte, tous les anions sont
incorporés à la charpente silicatée et Ni et Cr se comporteront comme des ions libres c'est-à-dire des
modificateurs de réseau.

1. Cumulats chromifères
Dans le cas des magmas ultra – basiques, le degré de polymérisation est faible et le CrIII forme
facilement ses complexes stables, particulièrement réfractaires, la chromite. Il pourra en être de même
avec les magmas basaltiques riches en péridots normatifs avant ou pendant la cristallisation de ces
derniers. Par la suite, avec la cristallisation des pyroxènes, l’oxygène se raréfie et la silice se polymérise,
le Cr prend un comportement d’élément formateur de réseau. En bref, tôt formée dans un magma
fluide, la chromite pourra participer, avec les péridots, à la sédimentation intra – magmatique
conduisant à la formation des cumulats.
Les dépôts de chromites s’observent fréquemment associés aux massifs ophiolitiques qui selon Claude
Allègre seraient des ensembles rocheux constitués de haut en bas:

86
1. une succession de laves en coussins, parfois altérées ou non dont la composition est basaltique. Ces
laves en coussin sont caractéristiques des épanchements sous – marins.
2. un complexe d’intrusions en filon + ou – parallèles (dykes) très étroitement associés. Ces dykes sont
de composition basaltique et ont une structure microgrenue.
3. un massif de gabbro, de composition basaltique, mais à texture largement grenue. La composition
minéralogique de ces gabbros évolue vers le bas en donnant des termes riches en olivines qui portent
en leur sein des lentilles de chromites. Ces termes de base riche en olivine et en lentilles de chromite
semblent provenir d’une sédimentation de cristaux dans une chambre magmatique.
4. un massif de hartzburgite formé essentiellement d’olivine (70% environ) et d’orthopyroxènes qui
constituent des minéraux particulièrement réfractaires à la fusion. Ce massif est, en général,
profondément transformé serpentinite.

Ces ensembles ophiolitiques résultent de la fusion partielle d’une roche particulière appelée pyrolite
formée en moyenne, selon RINGWOOD, d’un mélange de trois (3) dunites pour un (1) basalte. Ce
modèle de fusion pyrolitique partielle et fractionnée, rend parfaitement compte de certains faits
observés comme les textures primaires des chromites, leur association sélective aux cumulats de
dunite et surtout le caractère extrêmement réfractaire de la chromite. Sa température de fusion est
en effet de 3722oC. Une grande partie des chromites des cumulats basaltiques proviendraient
d’entrainement mécanique de chromite pyrolitique réfractaire.
Ces ophiolites correspondent à des reliques de manteau supérieur et de la croûte océanique formée
au niveau des dorsales océaniques par la fusion partielle du manteau supérieur. Lorsque ces deux
unités superposées se trouvent engager dans une zone de subduction, elles peuvent être en partie
charriées sur la croûte continentale des plaques chevauchantes ou plongeant au cours des différentes
phases des collisions inter – plaques. Elles apparaissent ainsi fréquemment dans les chaines de
montagnes récentes résultant de ces phénomènes (chaines alpine essentiellement. Leur localisation
dans ces chaines permet de situer approximativement la position de la zone de subduction fossile.

2. Cumulats sulfurés

C’est par la présence d’un élément complexant particulièrement actif qui est le soufre que l’on peut
expliquer la formation des ségrégations magmatiques précoces du Ni. Le soufre forme, en effet, un
complexe très stable avec le Fe sous forme de pyrrhotite. A 800oC et 2kbars, l’olivine est instable en
présence de soufre même en faible proportion selon la réaction:

4[Fe Mg SiO4] + S → FeS + Fe3O4 + 2Mg2Si2O6


olivine pyrrhotine magnétite enstatite

C’est ainsi qu’une troctolite de 50% d’olivine et de 50% de plagioclase se transformerait en une norite
à pyrrhotine et magnétite lorsqu’elle se trouve en présence de 2,3% de soufre selon les proportions
suivantes: 6,5% de FeS, 16,5% de Fe3O4 et 2,9% de Mg2Si2O6; la proportion de plagioclase restant
inchangée.
Le Ni se substituant plus facilement au Mg dans les structures des péridots (la substitution de Mg dans
les structures d’orthopyroxènes est beaucoup moins active), notamment dans les roches ultrabasiques
aura tendance à former lors de cette transformation en sulfure de Ni Ni(1-x)S qui se mélangera avec la
pyrrhotine, la solution liquide et solide (Ni,Fe)(1-x)S étant complète au dessus de 300oC.

Au dessus de 100oC, ce sont ces liquides sulfurés ferrifères qui s’individualiseront hors du magma
silicaté sous de mattes susceptibles de dissoudre sans immiscibilité d’autres liquides sulfurés de Ni, Cu,
etc.., voire des oxydes de Fe (10% de Fe3O4:magnétite). La silice et les silicates y sont beaucoup moins
solubles (moins de 1%).
On comprend ainsi que le soufre des magmas basiques qui fixe à la fois le fer, le nickel et certains
éléments chalcophiles, notamment les moins volatiles, (Cu, Au, Ag, Hg, etc..) sous forme de liquide

87
sulfuré immiscible avec le magma silicaté, dans lequel il formera des gouttelettes , plus denses que le
liquide silicaté, qui auront tendance à se sédimenter et former des mattes sulfurées qui cristallisent
indépendamment du liquide silicaté.

Ainsi s’explique la nature noritique du lopolite de Sudbury (Ontario, Canada) et de Bushweld (RSA) et
surtout l’importance des minerais sulfurés de pyrrhotine nickélifère, chalcopyrite qui se développent
à la base de la structure, avec parfois des aspects de brêche noritique à ciment sulfuré massif.
Ces lopolites correspondraient selon French (1971) à des points d’impacts de météorites sur les vieux
cratons qui provoquent la formation de cratères et favorisent en même temps une remontée du
magma basique dans ces dépressions.

Cette théorie de l’impact des météorites se fonde essentiellement sur la présence fréquente dans ces
environnements de faciès caractéristiques des conditions de haute pression: « métamorphisme de
choc ». Ces faciès sont les suivants:

1. présence de polymorphe de silice caractéristique de haute pression: coésite, stihoiste


2. apparition de formations intracristallines telles que les feldspaths isotopes et les structures planaires
du quartz qui ne sont obtenues en laboratoire qu’à des pressions de l’ordre de 80 à 100 kbars, voire
300 kbars.
3. apparition des réactions chimiques caractéristiques des hautes températures qui sont inexistantes
dans les environnements géologiques ordinaires telles que la transformation du zircon en baddeleyite
(ZrO2 monoclinique).

Ce métamorphisme de choc nécessite, en effet, des pressions assez grandes au moins de l’ordre de 75
à 100 kbars, valeurs qui sont largement supérieures à celles créées par les phénomènes internes
comme le volcanisme pour lequel Roody (1968) a calculé des pressions maximales de l’ordre de 3 à 5
kbars.

3. les cumulats titanifères.

Dans les liquides magmatiques la substitution de [SiO4]4- par [TiO4]4- dans les réseaux silicatés est inhibé
par le fort rayon ionique de Ti4+ (0,68Å). Le Ti se concentre alors dans le liquide magmatique résiduel
où il formera les complexes octaédriques rapidement insolubles qui se différencient par gravité des
aux plagioclases qui cristallisent à peu près dans le même temps. Les ségrégations des minéraux de Ti
(ilménite et magnétite titanifère) associés aux anorthosites et aux gabbros ferrifères relèvent
vraisemblablement de tels processus de cristallisation + ou – fractionnée suivant l’intensité de la
différenciation gravifique. Cette différenciation gravifique est fonction de la fluidité du magma qui
dépend elle – même du degré de polymérisation c'est-à-dire de la composition chimique du magma.

LES KIMBERLITES ET LEURS MINERALISATIONS DIAMANTIFERES


Les districts kimberlitiques se développent généralement en bordure des plateformes cratoniques
stables. Leurs intrusions se mettent en place surtout durant les phases orogéniques (ou d’expansion)
qui affectent ces plateformes. Toutefois, on connait quelques rares districts comme celui de Bornéo et
des Iles Malta (archipel des îles Solomon) ou d’Australie dans lesquels les kimberlites sont disposées
dans une ceinture orogénique fortement tectonisée.

On distingue couramment les kimberlites massives, les brêches kimberlitiques et les kimberlites
lamprophyriques. Leurs caractéristiques sont les suivantes:

88
Les kimberlites massives correspondent à des roches porphyriques, massives renfermant des
phénocristaux d’olivine (surtout forstérite) plus ou moins serpentinisés, mais généralement frais, de
l’enstatite, du diopside chromifère, de l’ilménite magnésienne (ou picro-ilménite), grenats constitués
essentiellement de pyrope, et de quelques rares fois de micas (surtout phlogopite).

Les brêches kimberlitiques constituent le type le plus répandu; elles sont intrusives, généralement
polygénétiques et formées de xénolites des roches encaissantes ou de la kimberlite elle – même dans
un ciment constitué de kimberlite massive. Ces xénolites forment 15 à 60% de la roche, elles peuvent
être fines (dimension ≤ 1 cm) ou grossières (dimension ≥ 5 cm).

Les kimberlites lamprophyriques sont à texture très fine et extrêmement riches en micas
(phlogopite). Elle contiennent en plus de l’olivine, de l’apatite, de la magnétite, de la chromite et des
minéraux du Pt, du Zr, du corindon et du disthène, etc..

Les conditions de mise en place des appareils kimberlitiques peuvent se résumer comme suit:

a. le fluide ou « bouillie kimberlitique » se met en place d’abord en profondeur par intrusion lente
profitant de l’existence de fracture d’extension profonde; elle se stabilise ensuite sous forme de dyke;
b. par la suite une accumulation gazeuse importante se met en place et provoque une série d’explosion
à la surface du système kimberlitique. La chute de pression résultant de ce phénomène provoque une
serpentinisation des olivines des diatrêmes ou des cheminées;

c. le cratère d’explosion s’élargit progressivement par effet de corrosion de la suspension fluide le long
des fissures en entonnoir. Des blocs de roches encaissantes s’affaissent directement dans la pulpe
ascendante pour former des massifs flottants qui constituent des xénolites dans les intrusions.

Les récurrences des émissions gazeuses + ou - chargées en métaux solides conduisent aux remplissages
des cavités par les kimberlites massives ou brêchiques.

En ce qui concerne les conditions de germination du diamant, des expériences de synthèse minérale à
partir du graphite réalisées au laboratoire en donnent les caractéristiques. Selon ces travaux le diamant
se forme dans des conditions de HP et HT de 500 à 1300oC et 15 kbars correspondant à une profondeur
minimale de 50 km. Cependant les diamants naturels semblent se former plutôt à des profondeurs
encore plus grandes à partir du carbone gazeux (CO2, CO, CH4) que du graphite. Les minéraux de
graphite associés au diamant semblent plutôt provenir d’une déstabilisation partielle de ces diamants.

La germination des diamants naturels semble s’être produite à une profondeur très grande supérieure
à 100 km, mais leur croissance a pu se réaliser à une profondeur nettement moins importante. En
effet, s’il existe les germes de diamant, il suffirait de la présence d’une atmosphère riche en carbone
et d’un milieu fortement réducteur conduisant à une production abondante de méthane (CH4) pour
obtenir une grande croissance des germes initiales du diamant.

L’accumulation gazeuse déclenche par la suite l’émission par fluidisation de la kimberlite et de ses
diamants et explique ainsi les fortes corrélations entre la teneur en diamant et le taux de brêchification
des kimberlites.

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ETUDES DESCRIPTIVES DE QUELQUES GISEMENTS LIES AUX ROCHES BASIQUES
ET ULTRABASIQUES

I. LES CHEMINEES DIAMANTIFERES D’AFRIQUE DU SUD

Elles se répartissent dans une bande d’environ 500 – 600 km de long sur 200 km de large en R.S.A.;
on les retrouve également au Zimbabwe, en Namibie, au Zaïre, en Angola. Plus de 250 pipes réparties
en plusieurs groupes sont reconnues en Afrique australe et du sud.

Le groupe de Kimberley en R.S.A. est constitué de 15 pipes situés dans un rayon de 10 km environ.
Elles traversent des terrains précambriens et les formations continentales du Karoo qui sont d’âge
Paléozoïque – Mésozoïque et permettent ainsi de leur attribués un âge Crétacé. Ces pipes forment
des cheminées verticales avec des sections ovales quelquefois semi – régulières de 30 – 200 m de
diamètre. La plus grande pipe de la région a un diamètre de 760 m et correspond à la mine
« premier » localisée dans la région de Prétoria. Elle est uniquement intrusive dans les terrains
précambriens et son âge mesuré par la géochronologie est Précambrien Terminal.

Ces cheminées se rétrécissent généralement en profondeur pour former des simples dykes ou filons
d’épaisseur réduite. Une bonne partie est stérile; sur 150 pipes reconnues en Afrique du Sud, une
vingtaine (20) seulement sont diamantifères et parmi lesquelles douze (12) sont économiquement
rentables.

Le diamant se présente sous forme de très petites inclusions à teneur inférieure à un (1) carat /
tonne. Cette teneur est en général de l’ordre de quelques dixièmes de carat / tonne soit 0,2 à 0,3
carat/tonne pour quelques riches gisements de l’Afrique du Sud. Elle peut atteindre 0,05 carat/tonne
dans certains gisement d’Afrique Australe et du Sud (1 carat = 0,2g, mais un carat d’or signifie un
alliage d’or contenant 1g d’or pour 24 g d’alliage).

Le plus gros diamant reconnu dans le monde provient de la « mine première » d’Afrique du Sud et
faisait 3 100 carats; ces gros cristaux sont extrêmement rares. La plus grosse réserve des gisements
de diamant est constituée par les cristaux de très petites tailles utilisées dans l’industrie d’où le nom
de diamant industriel par opposition aux diamants de joaillerie ou gemme. Ces diamants sont

90
localisés dans une roche ultrabasique de composition particulière appelée kimberlite qui constitue le
remplissage de ces cheminées ou pipes verticales. Leur composition a été indiquée ci – dessus.

Au Mali plus d’une vingtaine de pipes de kimberlite ont été mises en évidence dans le cercle de
Kéniéba; mais jusqu’à ce jour leur rentabilité économique n’a pas été démontrée. Des diamants sont
toujours trouvés par les orpailleurs dans les gîtes alluvionnaires dans les différents cours d’eau de la
zone. Le plus gros cristal trouvé est de 331 carats, il a été ramassé par un orpailleur de Kéniéba en
1981.

II.GISEMENTS DE PLATINE LIES AUX ROCHES BASIQUES ET ULTRABASIQUES:


LE LOPOLITE DE BUSHWELD

Ce complexe se situe en RSA, plus particulièrement au Transwal. Il forme un grand complexe de roches
s’étendant sur 400 km de long (Est – Ouest), 200 km de large (N – S) et une épaisseur minimale de
1 200 m. Il présente un aspect stratifié, ployé en synclinal et intercalé entre deux formations
précambriennes: le système de Transwal à la base et celui de Waterberg au sommet. La stratification
semble être en concordance avec la stratification du substratum (série de Prétoria) et un
métamorphisme de contact semble apparaitre dans la série de Prétoria selon certains auteurs.
Ce lopolite est constitué par:
- une série basique formée essentiellement par des norites et située à la base du complexe;
- un ensemble de roches acides connu sous le nom de granite rouge du Bushweld;
- des formations volcano - sédimentaires formées de schistes, quartzites, tufs volcaniques de laves
acides et connues sous le nom de série de Rooiberg. La position de cette formation (série de
Rooiberg) est discutée, il semble qu’une partie soit localisée au - dessus des granites rouges de
Bushweld et qu’une autre partie soit intercalée entre les granites rouges et les formations de
roches basiques avec éventuellement présence de leur encaissant aussi bien dans la série
basique que dans les granites rouges.

On retrouve également

- des roches alcalines (syénite) à structure annulaire qui recoupe le complexe dans sa partie ouest;
- des roches ultrabasiques (dunite) sous forme de pipes qui recoupent la série basique précédente.

Les épaisseurs de ces différentes formations sont les suivantes:


- 4000 – 5000 m pour les roches basiques,
- 3000 -4000 m pour les granites rouges du Bushweld,
- 2000 – 3000 m pour la série de Rooiberg intercalés entre les granites rouges et les roches
basiques
- 2000 – 3000 m pour le Rooiberg situé au dessus des granites rouges du Bushweld.

La succession stratigraphique affleurante est la suivante:

• système de Karoo: formation continentale d’âge Carbonifère - Trias


------------------------------------------ discordance
• système de Waterberg: série détritique d’âge Protérozoïque moyen
--volcano – sédimentaire acide
-série de Rooiberg --granite du Bushweld
--volcano –sédimentaire acide
--série basique
• système de Transwal
-série de Prétoria

91
-série dolomitique
• système du Witwatersrand: conglomérats d’âge Protérozoïque inférieur
• système du Swaziland constitué de gneiss de granites anciens d’âge Protérozoïque inférieur

La série basique et ses minéralisations: Cette série est remarquable par son aspect stratifié qui
détermine en outre la mise en place de la minéralisation.

Série de Rooiberg (quartzites)

Zone sup: Norite leucocrate–diorite à texture fine et sans minéralisation (700 m)


Zone principale: Norite à bronzite, anorthosite à labradite (2000 à 3000 cm). Elle
présente un ou plusieurs niveaux de magnétite, Ti et parfois V (différenciation faible)
Zone critique: Norites, gabbros, anorthosites, rares dunites, pyroxénites
(bronzitites), serpentinites (1000 m); différenciation critique
Zone de transition: Norite à bronzites avec des micas et bandes de bronzites
(700m); peu différencié.
Gabbro basal (dolérites)

- Ségrégations des chromites platinifères: Elle se rencontre dans la zone de transition sous forme de
rares lentilles à faible teneur et d’extension réduite et surtout dans la zone critique où elle forme de
véritables roches disposées en couches. Vingt (21) lits de chromitites groupés en deux ou trois
faisceaux ou en horizons ont pu être reconnus dans le secteur. Ces lits ont des épaisseurs variables
pouvant atteindre 3 à 4 m. D’autres lits de chromites, mais de moindre importance, se retrouvent
également dans l’horizon du Merensky; ces lits ont une grande extension et peuvent être suivis sur
plus de 50 km de long.

En ce qui concerne les horizons de chromites (regroupement des lits de chromites), ils apparaissent
dans le secteur occidental (région de Rustenburg) sur plus de 160 km de longueur et dans le secteur
oriental (région de Lydenburg) sur plus 110 km de longueur.

A l’intérieur de ces horizons, les différents lits de chromites sont séparés par des lits de gabbros, de
norites et d’anorthosites; toutefois, la roche formant le mur et le toit de ces horizons est fréquemment
constituée de bronzitite. A ces lits de chromitites concordantes avec la stratification s »ajoutent des
filonnets de chromites discordants à cristallisation tardive. Le minerai provenant de ces gisements est
constitué de chromite, de chromite à bronzitite, à labrador et plus rarement à augite et olivine. La
teneur moyenne en oxyde de chrome (Cr2O3) est comprise entre 40 -46%. On y reconnait par ailleurs
plusieurs types de textures correspondant à différents stades de la cristallisation magmatique.
- un 1er type montre de nombreux cristaux automorphes de chromites enrobés dans des plages de
bronzite. Cette texture indique une cristallisation simultanée de la bronzite et de la chromite, mais la
croissance plus rapide de la bronzite permet son développement maximum et l’enrobage des cristaux
de chromite initiale;
- un second type correspond à une texture interstitielle qui indique une cristallisation plus tardive de
la chromite;
- un 3ème type correspond à des cristaux de chromite xénomorphe corrodée par des golfes de corrosion
remplis de plagioclase (labrador) qui le corrode d’abord et finit par l’enrober complètement;
- un 4ème type correspond à un grain de chromite sub-automorphe en contact avec des grains d’augite
et d’olivine également sub-automorphes. Cette texture indique une cristallisation simultanée de la
chromite, de l’augite et de l’olivine.

92
Ces gisements de chromite de Bushweld constituent une partie des gisements de chromite les plus
riches et les plus importantes (en réserves) du monde. La chromite de ces gisements est très riche en
fer, mais très pauvre en aluminium. Le rapport Cr/Fe est faible, voisin de 1 et fait de ces minerais un
matériau de l’industrie chimique. Par ailleurs, certains lits de chromite contiennent du platine (Pt) natif
(jusqu’à 5g/t) surtout dans la ceinture occidentale de Rustenburg et peuvent être exploités de manière
rentable comme source du Pt.

-ségrégations sulfurées platinifères: Elles se situent dans l’horizon de Merensky (ou Merensky -
Horizon) dont l’épaisseur peut atteindre une dizaine de mètres; on les retrouve sur toute la bordure
du lopolite:
- dans le district de Rustenburg sur 200 km;
- dans le district de Lydenburg sur 160 km;
- dans le district de Pietursburg sur 60 km.

La formation de Merensky –Reef est constituée de norite mélanocrate et d’une pyroxénolite


feldspathique. La texture est grossière très souvent pegmatitique avec des cristaux pouvant atteindre
15 cm. La paragenèse est formée de diallage, bronzite, labrador, un peu d’olivine et divers sulfures de
Fe, Ni, Cu, un peu de chromite et de magnétite. Les roches du mur et du toit sont assez leucocrates.
Elles renferment des ferromagnésiens qui forment des regroupements donnant un aspect tacheté à la
roche qui avait constitué un excellent guide de recherche de Merensky – Horizon. L’association
minérale des corps minéralisés est formée d’une paragenèse essentiellement sulfurée (paragenèse I)
et d’une paragenèse formée surtout d’arséniures et sulfo-arséniures (paragenèse II).

La paragenèse I est constituée par l’association de pyrrhotine (FeS), de pentlandite (NiS), de pyrite
nickélifère, d’un peu de chalcopyrite et enfin de Pt ; Pd et même Au apparaissent sous forme
d’inclusions (minéraux camouflés) dans le réseau des sulfures. La pentlandite de cette association
apparait surtout sous forme d’exsolution dans la pyrrhotite.

La paragenèse II est formée par des arséniures et sulfo – arséniures de Pt, Pd à sperrylite (PtAs2),
coopérite (Pt As S), etc..; le Pt natif apparait également dans cette association.

Le Merensky – reef constitue un gisement de Pt et de Pd ayant une teneur moyenne de 10 à 20g/t. La


teneur moyenne en sulfures est de 8 à 10% avec un rapport Ni/Fe variant de 1 à 1/3.et horizon est
exploité surtout dans le district de Rustenburg.

-Ségrégations de magnétite titanifère: Elle forme un horizon qui se subdivise en plusieurs couches de
1,5 à 3,5 m d’épaisseur avec des extensions pouvant atteindre 15 km. La roche encaissante est
identique à la roche principale (norite à bronzite et anorthosite). La paragenèse générale est constituée
de bronzite, diallage, labrador, magnétite titanifère qui forme des exsolutions dans une série de
minéraux: ulvite (Fe2+Ti4+O4), ilménite (Fe2+Ti4+O3), etc.. avec des teneurs de TiO2 de 20 à 30% dans la
magnétite. Les réserves de fer titané sont estimées à 2 millions de tonnes.

-Ségrégations de magnétite vanadifère: Elles forment des lentilles dans l’horizon de magnétite
titanifère, toutefois on observe une corrélation négative entre le vanadium et le titane. La paragenèse
métallique est formée de magnétite, hématite, un peu de chromite et du vanadium camouflés dans le
réseau des minéraux de fer, surtout sous forme de coalsonite (Fe2+ (Fe,V)3+O4). Certaines lentilles de
cette ségrégation de magnétite sont exploitées uniquement pour le vanadium.

93
-Les pipes de dunites: ségrégation de Pt natif: On reconnait 60 pipes de dunite qui recoupent la série
basique et affleurent au niveau de la zone à chromite. Trois (3) de ces pipes forment de véritables
gisements de Pt dans lesquels on reconnait un type à platine dans dunite à hortonolite (péridots 75 à
95% Fe). Deux (2) pipes importants de ce type sont reconnus dans le district de Rustenburg; elles
forment des colonnes de dimensions très réduites constituées surtout de dunite à olivine ou de dunite
à hyalosidérite (péridot de 60 à 70% Fe). La minéralisation se rencontre dans une cheminée centrale
formée de dunite à hortonalite. Tout autour de la cheminée centrale apparait une dunite à olivine et
une pyroxénite assurant la liaison avec les roches encaissantes formées de norite et de bronzite et
renfermant des niveaux de chromite. Ces niveaux de chromite tendent le plus souvent à se poursuivre
à l’intérieur des pipes, mais sont + ou – disloqués par le remplissage du pipe et présentent en outre du
Pt natif comme minerai exploitable. La paragenèse minérale est formée de hortonolite dominante
largement cristallisé, de la hornblende, de la lépidomélane largement cristallisée avec une distribution
irrégulière dans la roche, du diallage, de la phlogopite fluorée, de la magnétite, de la chromite et
surtout du Pt natif éventuellement silicaté. La teneur moyenne est de l’ordre de 10 à 20g/t et peut
atteindre localement 200 à 300g/t de Pt surtout dans les zones enrichies. Cet enrichissement est
fonction de trois (3) paramètres, à savoir:

-1er: l’accroissement de la concentration d’hortonolite de la périphérie vers le centre;


-2ème: la structure de la roche devenant de + en + pegmatitique;
-3ème: la proximité des lambeaux de lits de chromite.

94
CAS DES MAGMAS ACIDES ET INTERMEDIAIRES
Les développements précédents sur le comportement des éléments hygromagmatophiles dans les
magmas anhydres nous montrent que la plupart des éléments formateurs du réseau n’entrent pas
dans les réseaux des minéraux silicatés. Ils s’accumulent dans le liquide magmatique résiduel lorsque
leur concentration atteigne une valeur suffisamment élevée; ils cristallisent sous forme de minéraux
séparés représentés dans les roches acides par les types suivants: zircon, apatite, sphène, ilménite,
monazite, rutile, magnétite ; allanite, xénotine, etc.. où se rencontrent la quasi – totalité des éléments
hygromagmatophiles.

En réalité, la solubilité d’un minéral dans un magma est surtout contrôlée par la différence entre
l’énergie du réseau du cristal et la somme des énergies que possède chacun de ses constituants en
fonction de leur position dans l’assemblage magmatique appelé énergie de solution du minéral. Plus
cette énergie de solution est garantie (grande), plus la solubilité du minéral dans le magma ou le liquide
en question sera grande.

Si nous considérons le comportement de Zr4+ dans un magma fortement polymérisé(réaction qui


enchaine les molécules de faible masse moléculaire pour en faire des composés de masse moléculaire
plus élevée), on constate que Zr4+ forme des complexes tétraédriques en partageant les ions d’oxygène
avec les tétraèdres [SiO4]4- voisins. Son énergie de solution sera alors plus faible que dans le cas où il
formerait des complexes [ZrO4]4- ou [Zr(OH)6]2- indépendant dans lesquels il n’existe aucun partage
d’ions. L’élément central Zr4+ sera beaucoup plus stable et contribuera de façon importante à l’énergie
de la solution. En revanche dans le cas contraire les éléments Zr4+et Si4+ fortement chargés se trouvent
rapprochés et par suite des forces de répulsions qui apparaissent entre eux, la part énergétique prise
par Zr4+ dans la solution sera faible (A.J. Bernard, 1978). Il apparait ainsi que:

- lorsque Zr4+ forme des complexes libres, son énergie de solution sera grande et en conséquence sa
solubilité sera élevée; c’est le cas des magmas faiblement polymérisés;
- lorsque Zr4+ forme des complexes liés à d’autres complexes de nature différente, en particulier aux
complexes [SiO4]4-, son énergie de solution sera faible, de même que sa solubilité; c’est le cas des
magmas fortement polymérisés.

95
En conséquence nous pouvons dire que la solubilité des éléments multivalents dans le magma
augmente lorsque le degré de polymérisation de celui – ci diminue (A.J. Bernard, 1978).

Cette théorie se vérifie dans le cas des magmas acides où les minéraux accessoires très peu solubles
cristallisent très tôt, mais également dans le cas des magmas agpaïtiques de FRESMAN: Na + K ≥ Al,
riche en alcalins et formant des magmas de composition de syénite néphélénique très peu polymérisée
où les éléments hygromagmatophiles et partant les minéraux accessoires cristallisent les derniers.

Il apparait ainsi que dans les magmas acides, la place de la cristallisation des minéraux accessoires dans
la séquence de cristallisation des minéraux peut être totalement modifiée selon le degré de
polymérisation du magma. La diminution de ce paramètre est fonction de l’abondance relative des
éléments alcalins, mais surtout de l’importance des volatiles (O2-, OH-, F-, Cl-, etc..).

Dans ce cadre certains granites contenant de fortes quantités d’eau et de volatiles montrent une
séquence de cristallisation où les niveaux accessoires apparaissent très tard et provoquent un
enrichissement notable des pegmatites résultant de la cristallisation d’une composition d’eutectique
(mélange de deux solides dont la fusion se fait à t° constante). En revanche les magmas granitiques
fortement polymérisés présentent une cristallisation précoce des minéraux accessoires. Les dernières
phases de cristallisation de nature pegmatitique n’ont pas alors d’éléments hygromagmatophiles qui
sont déjà piégés par les minéraux accessoires des phases précoces de la cristallisation magmatique
précédente.

Le rôle métallogénique de la différenciation magmatique des roches acides dépend ainsi


directement de la proportion des volatiles et de leur comportement.

96
GISEMENTS LIES AUX ROCHES ALCALINES ET AUX CARBONATITES
Les appareils alcalins forment souvent une structure d’ensemble annulaire (ou ring structure des anglo
– saxons) dans laquelle les différents types de roches apparaissent en zone concentrique (ou cone
sheet) avec des contacts francs. Les roches les plus basiques sont généralement plus internes et peut
être les plus récentes. Des dykes de roches variées plus ou moins radiaux recoupent souvent le
dispositif annulaire. Les carbonatites sous forme de culot, de neck, de cone sheet ou encore de dykes
radiaux occupent presque toujours la partie centrale des structures.

Les dimensions de ces appareils sont généralement réduites: quelques dizaines de km2, toutefois ceux
de la presqu’île de Kola (ex - URSS) et du Brésil dépassent 1 500 km2. Ils forment souvent des
groupements linéaires ou forme d’arc qui jalonnent les zones actuelles ou anciens des rifs
continentaux. C’est dans ce cadre qu’un grand nombre de complexes alcalins et de carbonatites
généralement cratoniques fut découvert le long du « Rift Valley » de l’Est africain, allant d’Afrique du
Sud à l’Ethiopie en passant par la Tanzanie, le Rwanda – Burundi et l’Ouganda; mais également dans
le massif central saharien (Adrar des Ifoghas) où Rossi avait décelé un rift avorté. Ils apparaissent
également dans le grand fossé permien d’Oslo et dans la presqu’île de Kola, etc.

Les roches encadrant ces appareils sont profondément transformées en roches feldspathiques
formées d’orthose sodique et d’anorthose, d’aegyrine, d’amphibole sodique souvent brêchique et
parfois de néphéline qui pseudomorphose les feldspaths; cette transformation s’appelle fénétisation
du nom du complexe de « Fen » où le phénomène s’est singulièrement développé. Il s’accompagne
d’un apport de K, Na, CO2, H2O, F, P, Ti, et d’un départ de SiO2 qui transforme les roches en syénites
alcalines (fénites) et commence généralement par une phase de brêchification.

Ces appareils alcalins à carbonatite, comme les kimberlites qui leurs sont généralement associés
semblent être les phénomènes avant – coureurs de la fragmentation continentale qui commence par
le rifting.

Pour expliquer la genèse de ces complexes plusieurs hypothèses s’affrontent dont la théorie de
l’assimilation granitique par un magma carbonaté de Dawson (1967), celle de l’assimilation des roches
carbonatées par un magma granitique de Daly reprise par Shand.

97
Si nous considérons l’évolution des magmas de type agpaïtique où K2O + Na2O ≥ Al2O3 et K2O + Na2O ≥
1/6 SiO2. On constate que l’ordre de cristallisation des minéraux correspond à l’ordre inverse de la
cristallisation des minéraux des magmas granitiques; cette succession est la suivante: néphéline,
feldspaths alcalins, silicates de Zr et de Ti, pyroxène, amphibole à sodium et fer, apatite, etc.. La
néphéline et les feldspaths alcalins très légers auront tendance à s’accumuler vers le haut du réservoir
magmatique et formeront des syénites néphéléniques et des ijolites; le magma résiduel plus lourd,
riche en ferromagnésiens et sodium s’enrichirait alors en Zr, Ti, P, Fe et éléments volatiles qui
diminuent sa viscosité. Il formerait par la suite des minerais de fer titané avec apatite liés à des roches
ferromagnésiennes – pyroxénites, jacupirangite, etc..

Mais d’autre part la pression des substances volatiles pourrait perforer la carapace supérieure
leucocrate et conduire à la mise en place de certains complexes annulaires. Les résidus de la
cristallisation tardive enrichis en matières volatiles peuvent former des filons de pegmatites liés aux
roches alcalines en particulier aux syénites néphéléniques. Ils se caractérisent par l’absence de quartz,
l’abondance des minéraux colorés en particulier l’aegyrine et de nombreux minéraux rares comme les
minéraux des Terres Rares cériques du Ti et du Th. Quelquefois l’apatite, la phlogopite et la magnétite
apparaissent à la périphérie des roches basiques et ultrabasiques des complexes alcalins.
Si les pegmatites sont fréquentes, les filons pneumatolytiques et hydrothermaux (filons de quartz
minéralisés) le sont apparemment. En effet, les volatiles de cette lignée hydrothermale –
pneumatolytique (CO2, F, etc..) se fixent au sein des minéraux à cristallisation intramagmatitique et
pegmatitique comme l’apatite (Ca5(FO4)3F), la fluorine (CaF2), la bastnacrite [(Ce La)CO3F], etc..

Les types de minéralisation connexes dans ces formations de roches alcalines et de carbonatites sont
surtout constitués de phosphate sous forme d’apatite utilisé pour la fabrication des engrais, de
minerais de niobium et de tantale: pyrochlore (Na Ca Nb2O5) avec des réserves illimitées; des minéraux
de Zr, de Ti, Th et d’U.

98
COMPORTEMENT DES ELEMENTS TRACES DANS LES MAGMAS HYDRATES
ACIDES
Le rôle de l’eau sur les équilibres des minéraux a été envisagé par les différents pétrographes dans de
nombreux systèmes et notamment le système NaAlSi3O8 – KAlSi3O8 – SiO2 – H2O. Ces études ont révélé
que lorsque la quantité d’eau dans les liquides magmatiques acides augmente, les températures de
fusion des différents composés minéralisés qui forment le magma diminue de manière remarquable
mais également la viscosité de ces magmas granitiques. Les fluides à faible viscosité et à faible
température de fusion possèdent un grand pouvoir d’assimilation des roches encaissantes et une
grande capacité d’intrusion mécanique.

La théorie magmatique interprète la formation de nombreux gîtes métallifères comme résultant de la


séparation d’une phase fluide essentiellement aqueuse à la fin du processus de cristallisation
fractionnée du magma. En effet, au fur et à mesure que la cristallisation progresse produisant des
phases anhydres (feldspaths, pyroxènes) ou légèrement hydratés (amphiboles, biotites), la teneur en
eau des magmas augmente jusqu’au moment où la pression partielle de l’eau dans le magma atteint
une valeur égale à celle de la pression imposée au système. A partir de ce moment l’eau commence à
se séparer du magma et elle s’enrichit en de nombreux éléments volatiles ou minéralisateurs.

Lorsque la pression de la phase fluide tend à dépasser la pression solide, des fractures ouvertes
apparaissent, la phase fluide se dégage à partir de ces fractures et les variations de pression et de
température sur son parcours, ainsi que les réactions chimiques conduisent à la précipitation d’une
partie des éléments véhiculés par la solution. Ainsi pourrait se former les filons et veines minéralisées
et les gîtes pyrométasomatiques.

Par ailleurs ces fluides aqueux mis en place dans les partie apicales des coupoles des roches acides
peuvent être affectés de mouvements convectifs provoquent leur enrichissement notable en éléments
traces. Selon M. Fonteilles (1972), on peut constater une relation stricte entre la richesse
métallogénique des massifs granitiques et leur degré d’hydratation lié lui - même à leur profondeur de
mise en place. Ces relations expliquent:

- d’une part, la forte corrélation entre les magmas hydratés et les faciès épizonaux et mésozonaux
renfermant des quantités d’eau relativement grande, et

99
- d’autre part, l’association des phénomènes hydrothermaux péribatholitiques et intrabatholitiques à
ces massifs. C’est aussi dans ce même cadre que s’explique le fait que l’activité métallogénique au
cours d’une orogénèse donnée, se développe essentiellement dans les terrains non
métamorphiques ou épizonaux.

Les terrains mésozonaux de haut degré et les terrains catazonaux sont généralement stériles, même
lorsqu’ils sont fortement anatectiques ou palingénétiques. Dans le même sens les socles anciens déjà
très métamorphisés au cours des orogenèses antérieures sont très peu favorables à une nouvelle
activité métallogénique M. Fonteilles (1972). Dans ces conditions, seuls les secteurs qui au cours des
orogenèses ayant affecté le socle se trouvaient dans un domaine relativement peu profond, non
métamorphiques ou métamorphisés dans le faciès épizonal ont des chances appréciables de contenir
des gîtes métallifères hydrothermaux. Ces terrains relativement peu profonds ne sont généralement
conservés dans les boucliers anciens que dans les sillons synclinaux relativement étroits en particulier
le long des limites des chaînes successives.

LES PEGMATITES ET LEURS GISEMENTS ASSOCIES


Depuis les travaux de FERSMAN et NIGGLI, et pendant longtemps les géologues considèrent les
pegmatites avec leurs cristaux géants et leurs minéraux à éléments rares comme dérivant de magma
pegmatitique caractérisé par une composition chimique (acidité et richesse en volatiles) et par un
comportement mécanique (grande fluidité) propres. Ce magma serait susceptible d’évoluer de
manière propre dans des chambres magmatiques séparées. Cependant sous la double pression des
thermodynamiciens et des géologues ce concept de magma pegmatitique fut abandonné.

Les observations des géologues ont trait aux relations qui existent entre certains différenciats
magmatiques tardifs, à composition d’eutectique que sont les aplites et les pegmatites.

La mise en place fréquemment filonienne, la granulométrie fine, l’homogénéité structurale des aplites,
leur contenu en oligo – éléments très voisin de celui des pegmatites, montrent sans équivoque le
caractère tardi – magmatique de ces différenciats à cristallisation rapide dans un environnement igné
déjà consolidé.

L’association fréquente de ces deux faciès formés de cristaux de taille très différente, donc de
conditions de formation différentes avec des passages latéraux fréquents d’un faciès à l’autre sans
trace d’intrusion mécanique, attestant ainsi une surface d’arrêt de croissance de l’association
pegmatitique; prouvait que les pegmatites résultent d’une recristallisation d’un magma aplititique
dont la croissance des minéraux est beaucoup plus lente que celle des aplites. Pour les auteurs
soviétiques la cristallisation des pegmatites relèvent de la circulation de la phase aqueuse riche en
éléments volatiles et hygromagmatophiles dans les différenciats magmatiques vrais que sont les
aplites.

Dans une définition générale, les pegmatites sont considérées justes comme des roches filoniennes à
granulométrie grossière, essentiellement ignées ou métamorphiques.

La position des pegmatites par rapport aux plutons granitiques générateurs dépend toujours de la
profondeur de mise en place de ceux – ci. Si la mise en place du massif granitique est profonde, les
essaims pegmatitiques péribatholitiques s’éloignent; si la mise en place est superficielle, les essaims

10
0
pegmatitiques deviennent intrabatholitiques et sont alors fréquemment associés aux gisements de
greisens ou gisements de départ acide.

Les pegmatites métamorphiques sont formées quand les particules plus mobiles des constituants
quartzo – feldspathiques d’une roche se concentrent dans les ouvertures lors de la différenciation
métamorphique; ils sont de minéralogie en général simple et virtuellement sans intérêt économique.

Les pegmatites mafiques (lentilles d’olivine, de pyroxène, etc..) dans les péridots, gabbros et autres
roches mafiques sont fréquentes, mais elles contiennent rarement des minéraux de valeur, exception
faite du Merensky – Reef du complexe de Bushweld en Afrique du Sud.

Ainsi dans ce chapitre nous nous focalisons essentiellement sur les pegmatites granitiques qui se
composent en général de quartz, perthite, albite avec accessoirement de la muscovite et/ou de la
biotite. Elles peuvent être de composition complexe avec la présence des éléments traces tels que: le
lithium, le rubidium, le béryllium, etc.. Ces pegmatites sont considérées comme issues d’une coulée
résiduelle finale riche en silice, aluminium, eau halogènes alcalins et éléments lithophiles. Elles
constituent ainsi des sources importantes des minéralisations de béryllium, de lithium, de rubidium,
de césium, de tantale, de niobium, moins d’uranium, de thorium, des éléments des Terres Rares, du
molybdène, de l’étain, du tungstène. Egalement elles sont les sources majeures de muscovite, quartz,
perthite pour la verrerie, de la silice de haute qualité et des variétés de pierres fines ou semi –
précieuses (gemmes) comprenant entre autre l’émeraude, les autres béryls, le topaze, la tourmaline,
etc..

1. LES TYPES DE PEGMATITES ET LEUR RELATION PAR RAPPORT AUX GRANITES DU CENTRE ET DE
L’OUEST AFRICAIN (N. YARMALOFF, 1972)

Selon M. Varlamoff (1972), les auteurs soviétiques A. I. Guinsbourg, I. V. Davidenko et G. G. Radianov


(1964) distinguent quatre (4) catégories de granitoïde correspondant à des profondeurs et des
conditions de mise en place différentes auxquelles seront associés divers types de pegmatites en
successions caractéristiques; ce sont:

- des granitoïdes de très grande profondeur (plus de 8 km) de nature syntectique mis en place dans les
roches ayant atteint le stade de l’ultra métamorphisme (faciès granulitique). Ils sont accompagnés de
pegmatites dont certains sont caractérisées par l’abondance des minéraux de Terres Rares;
- des granitoïdes de grande profondeur (6 à 7 km) de nature syntectonique mis en place dans des
roches ayant atteint le stade de métamorphisme régional conduisant au faciès staurotide –
andalousite; ils sont accompagnés de pegmatites à muscovite industrielle;
- des granitoïdes de profondeur moyenne (4 à 6 km) généralement post – tectonique; ils sont intrusifs
dans des roches subissant un métamorphisme régional conduisant au faciès cassitérite – anthophyllite
– schistes tachetés. Autour de ces granites se disposent des pegmatites dont certains types présentent
des minéraux des métaux rares tels que: tantalite, colombite, cassitérite, wolframite, béryl,
spodumène, amblygonite, lépidolite, etc..;
- des granitoïdes de faible profondeur (2 à 4 km) de nature post – tectonique; ils sont intrusifs dans
des roches ayant subi un métamorphisme présentant le faciès chlorite – séricite. Ces granitoïdes sont
accompagnés de pegmatites à géodes (ou cavités) contenant de beaux cristaux de quartz, fluorine, de
quartz optique, etc..

1.1. Caractères généraux des granitoïdes auxquels sont associés les pegmatites du Centre et
l’Ouest africain

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1
C’est au Zaïre (Maniema, Kivu, Katanga), au Rwanda, Burundi et Ouganda que l’on rencontre les
successions les plus complètes de pegmatites et les types économiquement intéressants qui sont
largement exploitées pour la cassitérite, la colombo – tantalite et parfois le béryl et les minéraux
lithiques. Dans ces pays, on observe également des transitions entre pegmatites et filons de quartz.
Les granites auxquels se rapportent les pegmatites se sont mis en place pendant l’orogenèse
burundienne (éburnéenne) surtout dans la moitié supérieure des profondeurs moyennes ci – dessus
ou dans la partie supérieure et moyenne de l’épizone et peut être même dans la partie inférieure de
l’épizone du Katanga.

Dans l’orogenèse burundienne (Maniema, Kivu, Rwanda et Ouganda), les granites sont post –
tectoniques et se présentent en massifs circonscrits. Dans l’orogenèse kibarienne (Katanga), les
granites sont post – tectoniques ou syntectoniques tardifs et se présentent également en massifs
circonscrits.

Dans l’Ouest africain les pegmatites associées aux granites birrimiens sont les mieux connues et les
plus étudiées. Ces granites se sont mis en place pendant l’orogenèse éburnéenne dans le domaine de
l’épizone et de la mésozone. Les filons de quartz et les pegmatites de cette région sont de dimensions
plus réduites, de même que leur minéralisation.

Dans la partie centrale du Nigéria, les pegmatites sont associées aux vieux granites du socle
précambrien. Une partie de la série est à l’intérieur des granitoïdes et l’autre partie à l’extérieur dans
les roches encaissantes et très éloignées des contacts granitiques. EIles sont fortement minéralisées
en cassitérite.

En République centrafricaine, dans le N.W. du Cameroun et dans le S.W. et le S.E. du Tchad, R. Giraudon
a observé des pegmatites et filons de quartz associés à des massifs granitiques circonscrits mis en place
dans le socle précambrien; ces massifs ont été si profondément érodés que leurs parties apicales ont
complètement disparu.

Une autre catégorie de pegmatites et filons d quartz liés à des granites fissuraux de profondeur et
surtout d’âges variables allant du Précambrien terminal au Paléozoïque et même au Mésozoïque se
retrouve au Nigéria, au Cameroun, au Niger (Aïr), au Hoggar (Algérie), et en Egypte. Ces pegmatites et
filons de quartz liés aux granites d’âge jeune sont généralement de faibles dimensions et faiblement
minéralisés en cassitérite et wolframite; ils sont généralement localisés à l’intérieur des massifs
granitiques.

1.2. Types de pegmatites et leur répartition spatiale au Maniema, au Kivu (Zaïre) et au Rwanda –
liaison avec l’orogenèse burundienne

1.2.1. Caractéristiques des granites et du métamorphisme

Les pegmatites du Maniema, du Kivu et du Rwanda sont associés aux granites intrusifs post –
tectoniques qui se sont mis en place probablement au cours de l’orogenèse burundienne à des
périodes et à des profondeurs différentes.

Au Maniema, les granites sont intrusifs dans des schistes et des quartzites à peine touchés par le
métamorphisme régional peu ou pas plissés. Au voisinage du contact les couches sont redressées
indiquant un certain « diapirisme » des intrusions. Le métamorphisme de contact se manifeste sur une
épaisseur de 200 à 300 m. Le granite présente de haut en bas les différents faciès suivants:
- granites à gros grains à muscovite abondante;
- granites à deux micas à grains moyens;

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- granites à biotite à grains fins avec une transition progressive vers un granite porphyrique à
grains arrondis de microcline;
- granites à biotite à très gros cristaux de microcline (plusieurs cm de longueur en général).

Au Kivu, les roches dans lesquelles les granites sont intrusifs avaient déjà subi un métamorphisme
caractérisé par le développement de la séricite. Ces roches avaient déjà été plissées et ces plissements
sont réactivés au voisinage du contact des intrusions. Le métamorphisme de contact a produit de la
staurotide, de l’andalousite, parfois des grenats et de la muscovite. Il s’étend sur des centaines de
mètres d’épaisseur. Les granites sont moins différenciés. Les faciès à muscovite sont souvent absents
des coupoles où se présentent en dimensions très réduites. Il en est de même des granites à deux
micas. En revanche les faciès à biotite et à biotite – microcline sont bien représentés.

Au Rwanda, les roches encaissantes sont quelquefois fortement métamorphisées; elles sont formées
au niveau du contact des gneiss et des micaschistes. Les microplissements et les dislocations sont
abondants. Les granites sont encore moins différenciés qu’au Kivu. Les faciès à deux micas ou à biotite
seule sont bien représentés et en revanche les faciès à muscovite seule sont totalement absents.

Ces trois régions correspondent à des parties différentes du géosynclinal burundien. Le Maniema serait
une zone de bordure, le Kivu une zone intermédiaire et le Rwanda une zone interne plus profonde.

1.2.2. Les types de pegmatites (N. Verlamoff, 1972)

Les types de pegmatites qui accompagnent ces granites sont généralement identiques et peuvent se
définir de manière suivante:

Type 1: Pegmatites à biotite, plagioclase et microcline avec un peu de quartz;


Type 2: Pegmatites à biotite et à tourmaline noire avec un grand développement des textures
graphiques de quartz – feldspath, de quartz – tourmaline. La muscovite est rare et n’apparait que dans
les noyaux de quartz avec des figures d’associations graphiques par rapport au quartz;
Type 3: Pegmatites à deux micas avec tourmaline noire et muscovite largement dominante. Les
textures graphiques diminuent progressivement vers le haut;
Type 4: Pegmatites à muscovite et à tourmaline noire largement répandue;
Type 5: Pegmatites à muscovite abondante, à microcline, à quartz en forte proportion et à petits
prismes de béryl; elles présentent souvent un début de phénomènes d’albitisation;
Type 6: Pegmatites à béryl en gros prisme, à amblygonite, spodumène, lépidolite, columbo – tantalite.
Au Zaïre et au Rwanda, on remarque fréquemment un zonage interne avec un noyau de quartz;
Type 7. Pegmatites pouvant être totalement albitisées avec quartz et muscovite. Elles contiennent du
spodumène, de la cassitérite, de la columbo – tantalite, du lépidolite, des petits prismes
centimétriques de béryl vert ou blanc au Zaïre ou au Rwanda;
Type 7 – 8: Filons de quartz à grands cristaux de microcline frais ou oblitéré avec muscovite et
cassitérite;
Type 8: Filons de quartz à muscovite et cassitérite passant vers le haut à des filons à wolframite ou
forbérite;
Type 9: Filons de quartz à cassitérite passant vers le haut à des filons de quartz avec ou sans cassitérite
et avec parfois du wolframite ou forbérite; ils peuvent devenir quelquefois stériles.

1.2.3. Distribution spatiale des types de pegmatites par rapport au contact des roches granitiques
et leurs caractéristiques

D’une région à l’autre les pegmatites se distribuent à l’intérieur et à la périphérie des massifs
granitiques de manière différente.

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Au Maniema, les pegmatites ont des longueurs de quelques dizaines de mètres au maximum, les filons
de quartz peuvent exceptionnellement atteindre des centaines de mètres. Les épaisseurs des
pegmatites et des filons de quartz sont de l’ordre du cm et peuvent quelquefois dépasser le mètre. Ces
pegmatites sont surtout localisées dans les granites. En revanche, les filons de quartz sont en partie
situés dans les granites et en partie dans les roches encaissantes.
Parallèlement aux filons de quartz et de pegmatites, des filons d’aplites de même composition
minéralogique sont localisés dans les granites. On observe des transitions entre aplites et pegmatites,
et entre pegmatite et filons de quartz (N. Varlamoff, 1954, 1956)
Ces pegmatites du Maniema sont de faible dimension et ne présentent pas d’intérêt économique. En
revanche, combinés aux filons de quartz, elles participent à la formation des placers riches en
cassitérite, en columbo – tantalite et en wolframite.
Les phénomènes d’albitisation et de greisinisation affectent intensément les coupoles des massifs
granitiques et ne semblent pas liés aux pegmatites.

Au Kivu, les dimensions des pegmatites augmentent avec des épaisseurs pouvant être de 10 cm et des
longueurs pouvant dépasser 100 m. Les pegmatites de type 1 à 3 sont localisés dans les granites alors
que les types 4 à 9 pénètrent dans les roches encaissantes sur des distances de 200 à 400 m à partie
du contact. Parallèlement les dimensions des pegmatites croissent du type 5 au type 7. Dans les
pegmatites du type 6 comme celles du Rwanda, Burundi et Ouganda, apparaissent une zonation
interne avec un noyau de quartz plus ou moins individualisé. Des transitions de filons de quartz –
pegmatites sont souvent observés (N. Vardamoff, 1957, 1960), mais les aplites sont rares.

Ces minéralisations ont donné lieu à d’importants placers stannifères qui ont fourni la plus grande
partie de la production de cassitérite du Kivu. Par ailleurs les pegmatites de type 6 furent exploitées à
Kobokobo pour la columbo – tantalite et le béryl dans de nombreuses localités pour la columbo –
tantalite et la cassitérite. En outre des filons de quartz à cassitérite furent exploités à N’Zombé.

Au Rwanda, les dimensions des pegmatites de type 5 à 7 sont considérables avec des longueurs de
plusieurs centaines de mètres et des épaisseurs pouvant dépasser 10 cm. De façon générale les
dimensions des pegmatites augmentent depuis le type 1 jusqu’au type 7. Les pegmatites du type 6
présentent une nette zonation interne avec un noyau de quartz bien développé. Ce noyau de quartz
est entouré par une zone à cristaux d’amblygonite géant pouvant occuper des volumes de plusieurs
mètres cubes. On retrouve aussi des spodumènes de dimensions semblables, des cristaux de béryl ou
des nids de cristaux de béryl de plusieurs dizaines ou centaines de tonnes. Il y existe de très belle
transition entre pegmatites et filons de quartz surtout dans la région de Musha - N’Tunga. Les aplites
y sont également absentes comme au Kivu.
De même les phénomènes d’albitisation, de germination et de tourmalinisation n’affectent plus le
granite sa coupole et, mais plutôt les pegmatites et les filons de quartz. L’albitisation et la greisinisation
sont intenses dans les pegmatites de type 6 et surtout du type 7 où l’albitisation fait disparaitre
totalement les autres minéraux. En revanche la tourmalinisation affecte surtout les épontes des filons
de quartz. Les pegmatites de type 7 et les filons de quartz ont été largement exploitées pour la
cassitérite et la columbo – tantalite dans tout le Rwanda. Ces formations ont permis la mise en place
de placers alluvionnaires et éluvionnaires d’importance plus réduite que ceux de Kivu et du Maniema.

1.3. Types de pegmatites et leur répartition au Katanga (orogenèse kibarienne)

Les granites et les pegmatites du Katanga appartiennent aux différentes phases de l’orogenèse
kibarienne très voisine de l’orogenèse burundienne. Ainsi les granites et les pegmatites de ces deux
orogenèses montrent plusieurs caractéristiques communes dont la même succession de faciès dans
les zones bordières du synclinorium kibarien. Les pegmatites de la région présentent des successions
et des distributions spatiales identiques à celles décrites au Maniema, au Kivu et au Rwanda.

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Dans la région de Mitwaba située en bordure du synclinorium kibarien, les filons de pegmatites sont
localisés entièrement dans le granite, les filons de quartz à cassitérite sont situés à cheval sur le granite
et les roches encaissantes (B. Aderea, 1950). Les pegmatites sont de faibles dimensions et sans intérêt
économique, mais elles ont enrichi les alluvions et éluvions qui ont pu alimenter les exploitations de
cassitérite du secteur.
Dans la région de Monono – Kitotolo apparaissent de puissantes pegmatites et filons de quartz
représentés surtout par le type 7 de la classification. Elles forment des pegmatites fortement albitisées
à spodumène de diverses générations, cassitérite et accessoirement columbo – tantalite. Elles forment
des lentilles géantes subverticales comme au Rwanda qui s’étendent sur 5 000 m de longueur avec des
épaisseurs variant entre 200 à 300 m. Elles sont faiblement inclinées sur l’horizontale avec des
longueurs d’affleurement pouvant atteindre 2 800 m. Ces pegmatites sont souvent recouvertes de 5 à
8 m d’éluvions et sont complètement désagrégés sur des épaisseurs de 30 à 80 m facilitant ainsi leurs
exploitations. Elles représentent certainement les pegmatites stannifères les plus importantes du
monde par leurs réserves de cassitérite et de columbo – tantalite. Elles renferment en outre des
réserves considérables de spodumène qui n’a pas encore fait l’objet d’exploitation.

1.4. Types de pegmatites et leur distribution spatiale au Sénégal et au Mali

Les pegmatites de la région de Kéniéba se trouvent de part et d’autre de la rivière Falémé servant de
frontière entre le Mali et le Sénégal. Elles sont décrites par D. Soulé de Lafont; elles sont localisées
dans les sédiments birrimiens constitués de schistes, des arkoses, de quartzites et de quelques lentilles
de cipolins plissés et métamorphisés dans les faciès épizonal avant l’intrusion des granites.
Les types de pegmatites décrits par D. Soulé de Lafont (1958) dans le secteur sont les suivants:

- filons de quartz avec cassitérite;


- pegmatite, avec spodumène, amblygonite, muscovite, tourmaline, albite, traces de columbo –
tantalite et de cassitérite;
- pegmatite à muscovite et tourmaline;
- pegmatite à muscovite, biotite et tourmaline;
- pegmatite à biotite.

Ces pegmatites et filons de quartz sont de faibles dimensions, rarement les épaisseurs atteignent 1 m
et les longueurs 100 m. Des greisens apparaissent dans les parties apicales des granites et dans les
filons de quartz. En revanche la tourmalinisation se produit surtout dans les roches encaissantes.

Les pegmatites de la région de Bougouni au Mali sont constituées de muscovite et spodumène (Y.
Peronne, 1958; j. Meloux, 1960), leur épaisseur varie de 1 à 2 m et leur longueur de 160 à 200 m. Les
proportions de spodumène peuvent atteindre 18% avec des teneurs en oxydes de lithium (LiO 2) de
1,2%. Ces pegmatites apparaissent en partie dans les roches encaissantes et quelquefois dans les
massifs granitiques.

1.5. Types de pegmatites et leur distribution spatiale en Côte d’Ivoire

Dans cette région, l’orogenèse éburnéenne a affecté non seulement les sédiments et les roches
volcaniques du Birrimien, mais aussi des formations plus anciennes créant ainsi des structures
compliquées qui ont été étudiées en détail par M. Arnauld, B. Tagins et H. Adam. Ils ont signalé la
présence de granites orientés syntectoniques et des granites non orientés post – tectoniques qui sont
généralement accompagnés de pegmatites. Ces granites se sont mis en place à des profondeurs
variables caractérisés par différents degrés de métamorphisme régional.
La répartition des pegmatites dépend comme au Zaïre et au Rwanda de la profondeur de mise en place
des granites. Dans les massifs granitiques de faible profondeur, les pegmatites sont entièrement

10
5
localisées dans les granites. Au fur et à mesure que la profondeur de mise en place des granites
augmente, les pegmatites deviennent plus puissantes, et pénètrent d’avantage au sein des roches
encaissantes. Les dimensions des pegmatites augmentent dans cette région comme au Zaïre des types
superficiels aux types profonds; les différents types reconnus par H. Adam sont les suivants:

- filons de quartz à muscovite;


- filons de quartz à muscovite et à grands cristaux de microcline;
- type J: pegmatites à spodumène, lépidolite, albite;
- type I: pegmatites à muscovite et spodumène;
- type H: pegmatites à muscovite et albite;
- type G: pegmatites à muscovite et béryl
- type F: pegmatites à muscovite;
- type E: pegmatites à muscovite et tourmaline;
- type D: pegmatites à biotite, tourmaline et muscovite;
- type C: pegmatites à biotite et muscovite;
- type B: pegmatites à biotite et magnétite;
- type A: pegmatites feldspathiques.

1.6. Types de pegmatites associés « aux vieux granites » du Nigéria et leur distribution spatiale
(orogenèse panafricaine)

Les pegmatites associées aux « vieux granites » du socle précambrien apparaissent dans de
nombreuses provinces du Nigéria; ce sont des pegmatites à cassitérite, columbo – tantalite et béryl
exploitées dans la partie centrale du pays. Les pegmatites stannifères peuvent atteindre de grandes
dimensions, de dizaines de mètres d’épaisseur et des centaines de mètres de longueur comme au Zaïre
et au Rwanda. Elles peuvent être classées en trois (3) groupes selon les travaux de R. Jacobson et de I.
S. Webb:
- pegmatites extérieures à microcline, quartz et muscovite. Elles peuvent contenir du spodumène, de
l’amblygonite et d’autres phosphates à lithium ou non et de la lépidolite. Les minéralisations
essentielles sont formées de cassitérite et de columbo – tantalite qui apparaissent dans les parties
apicales fortement albitisées.
- pegmatites marginales à muscovite dominante, microcline, quartz et biotite. L’albite, le béryl et la
tourmaline sont bien représentés.
- pegmatites intérieure à quartz dominant, microcline, biotite accessoire et grenat. L’albite
secondaire apparait en faible quantité.

L’importance des minéralisations de cassitérite et de columbo – tantalite de ces pegmatites et celles


des placers dérivant est faible comparée à celle des gisements associés aux « granites jeunes ».

1.7. Types de pegmatites et filons de quartz accompagnant les granites de type fissural des
plateformes africaines

Il existe en Afrique un autre groupe granites et d’intrusions subvolcaniques d’âges plus jeunes
« younger granites »variant du Paléozoïque au Mésozoïque, localisés le long des zones de dislocations
produits lors des rajeunissements ou des réactivations tectoniques successives de la plateforme
africaine. Ils sont signalés au Hoggar algérien, dans l’Aïr dans la région de Zinder, dans l’Adrar des
Ifoghas au Mali, au Nigéria, au Cameroun, au Tibesti au NW du Tchad, en Egypte et probablement au
Congo. Ces granites sont partout accompagnés de minéralisations de cassitérite et de wolframite,
parfois de la colombite. Toutefois, c’est uniquement au Nigéria que ces granites ont provoqué la
formation d’importants gisements détritiques de cassitérite dont la mise en place a bénéficié de

10
6
conditions orographiques et climatiques particulières favorisant l’altération sur place des granites. Ces
granites se subdivisent en deux (2) groupes:
a. les granites du Hoggar, du Tibesti, du Cameroun (Mayo Darlé), de l’Adrar des Ifoghas, de l’Egypte et
probablement ceux du Congo ne sont pas directement associés à des activités subvolcaniques. Ils sont
bien différenciés et porteurs de faibles minéralisations en cassitérite et wolframite localisées dans les
coupoles souvent fortement gréisinisées de ces massifs. Les filons de quartz et de pegmatites se
disposent comme à Maniema (Zaïre) à l’intérieur des massifs granitiques. Seuls les filons de quartz à
wolframite pénètrent quelquefois dans les roches encaissantes. Au dessous des filons de quartz des
types 9, 8 et 7-8 de la classification de N. Varlamoff apparait les pegmatites de types 7, 6 et 5. Les
autres types de pegmatites 4, 3, 2 et 1 plus profonds ne sont pas visibles probablement par suite du
faible niveau d’érosion. Les dimensions des filons de quartz et de pegmatites ne dépassent
généralement pas un mètre d’épaisseur et quelques dizaines de mètres de longueur.
b. Les granites de l’Aïr, de la région de Zinder, du Nigéria sont mis en place dans des conditions de
faible profondeur et sont précédés et suivis par des manifestations subvolcaniques et volcaniques avec
quelquefois des phénomènes de « ring structure ». Ils sont constitués de granites à riebeckite et
aegyrine beaucoup plus alcalins avec des secteurs albitisés et minéralisés en colombite. La
tourmalinisation qui est caractéristique des granites stannifères du Zaïre et du Rwanda semble être
absente.

2. Caractères des pegmatites du Centre et de l’Ouest africain

Les différentes études réalisées sur les pegmatites du centre et de l’ouest africain montrent les
caractéristiques suivantes:

1. les types de pegmatites présentent une même tendance de composition chimique d’une région à
l’autre et d’une orogénie à une autre;
2. les types de pegmatites se succèdent dans un ordre déterminé de bas en haut à l’intérieur ou à la
périphérie des massifs granitiques avec une croissance des dimensions des types de base vers les types
du sommet;
3. les filons de pegmatites sont généralement associés à des filons de quartz et présentent souvent
des transitions de l’un vers l’autre.
4. les aplites et leurs types de transition vers les pegmatites se développent principalement dans les
granites de faible profondeur avec une correspondance entre leur composition minéralogique et celle
des types de pegmatites de leur zone de mise en place.
5. la distribution spatiale des pegmatites et des filons de quartz à l’intérieur ou à la périphérie des
massifs granitiques varient selon leur profondeur de mise en place.
6. les types de pegmatites, les filons de quartz et leur minéralisation semblent généralement
indépendants des roches encaissantes et sont de nature post – tectoniques. Des phénomènes de
greisinisation, d’albitisation, de tourmalinisation ainsi que d’autres phénomènes connexes se
produisent fréquemment soit dans les coupoles des massifs granitiques, soit dans les pegmatites elles
– mêmes, comme les pegmatites de type 7, les filons de quartz de types 7-8, 8 et rarement 9.
Ces études montrent également qu’une pegmatite n’est jamais isolée; elles forment une succession
de types parmi lesquels le type 6 a une grande importance économique. Il contient des minéraux de
béryl en prisme de taille plus ou moins grande, de la columbo – tantalite, du lithium et des quantités
variables d’amblygonite.

Selon N. Varlamoff (1972) les pegmatites, les filons de quartz et les fluides qui forment les
greisinisations, albitisations et tourmalinisations s’accumulent dans les chambres de la différenciation
magmatique à partir desquels ils sont progressivement injectés dans les roches surrincombantes qui
peuvent être déjà consolidées ou encore dans des roches encaissantes de nature quelconque.

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Dans les granites mis en place à faible profondeur dans des roches relativement froides, il se forme
d’abord une croûte de granite qui cristallise assez vite; c’est alors qu’en dessous de cette croûte
commence une lente cristallisation et une différenciation. Cette croûte granitique subit dans certaines
circonstances des phénomènes de microclinisation, d’albitisation et de greisinisation. Elle se fracture
généralement sous la pression de la remontée du granite vers le haut et conduit à la formation des
pegmatites, des filons de quartz et leurs minéralisations associées. Ces faciès et leurs minéralisations
se localisent ainsi généralement dans les croûtes granitiques et ne pénètrent que très faiblement dans
les roches encaissantes.
Dans le cas d’une mise en place granitique de profondeur moyenne dans les roches relativement
chaudes, l’épaisseur de la croûte sera faible et les produits de la différenciation pénètrent davantage
au sein des roches encaissantes qu’ils transforment profondément.

Dans le cas d’une mise en place à très grande profondeur dans des roches très chaudes, la
différenciation magmatique commence immédiatement sous les roches encaissantes qui contiennent
alors tous les filons de quartz et de pegmatites et présentent des phénomènes métasomatiques
intenses à leur contact avec les massifs granitiques.

LES GISEMENTS VOLCANO – SEDIMENTAIRES


En dehors de quelques gisements classiques d’or et d’argent liés aux volcanismes post – orogéniques
des chaines tertiaires et des gisements de cuivre du Lac Supérieur, la plupart des gisements du monde
étaient considérés comme d’origine autre que volcano – sédimentaire. Actuellement la plupart des
gisements stratiformes plus ou moins liés aux faciès volcaniques sont considérés comme de nature
volcano – sédimentaire.

L’analyse géotectonique de la Terre montre que les phénomènes volcaniques et leurs différentes
manifestations n’apparaissent pas d’une manière aléatoire et isolée à la surface du globe. Ils se
présentent essentiellement dans les zones de divergence et de convergence des plaques
lithosphériques où se néoforment respectivement la croûte océanique et la croûte continentale. La
néoformation de la croûte continentale s’accompagne de la destruction de croûte océanique au niveau
des zones de subduction; il n’en n’est pas de même lors de la néoformation de la croûte océanique.

Ces deux limites de plaques lithosphériques sont caractérisées chacune par des volcanismes différents.
Les zones de divergence présentent un volcanisme de type, tholéïtique et alcalin conduisant à la
formation de croûte océanique et en conséquence de nappes ophiolitiques lorsque cette croûte se
trouve charriée sur la croûte continentale au cours des différentes phases orogéniques; les amas
sulfurés liés à ce type de formation sont essentiellement cuprifères. Ils apparaissent au dessus des
appareils volcaniques ou à l’intérieur de ceux – ci sous forme de stocks minéralisés. Généralement une
sédimentation chimique apparait juste au dessus de ces amas minéralisés ; elle peut être de nature
siliceuse, carbonatée ou silicatée (séricite, chlorite, etc..) et renferment souvent des oxydes de fer et
de manganèse. Les complexes d’ophiolites sont constitués de roches basiques et ultrabasiques
formées de péridotites, gabbros lités, gabbros, basaltes en pillow lavas et intrudés par des dykes de
dolérite et de diabase. Les basaltes de ces séries subissent généralement des phénomènes de
spilitisation se traduisant par l’albitisation des plagioclases, la chloritisation complète des péridots et
quelquefois des pyroxènes et la cristallisation abondante de l’épidote et de la calcite.

En revanche dans les zones de convergence des plaques lithosphériques, le volcanisme est de nature
calco – alcaline. Il se traduit par la mise en place des basaltes à la base, des andésites, dacites et
rhyodacites dans les niveaux intermédiaires et des rhyolites au sommet. Les termes intermédiaires:
andésites, dacites, rhyodacites prédominent nettement dans cette série qui présente en outre

10
8
généralement des transformations à tendance spilitique et se traduit par la présence abondante de
kératophyres et de quartz – kératophyres et de spilites en quantité subordonnée provenant de la
dégradation des basaltes. Les kératophyres et quartz – kératophyres proviennent au contraire de la
dégradation des andésites, dacites et rhyodacites.

Les amas sulfurés associés à ce type de volcanisme sont de nature polymétallique riche en métaux de
base (Cu, Pb, Zn) et en métaux précieux (Au, Ag). Leur teneur en cuivre est nettement plus élevée que
celle des amas sulfurés liés aux ophiolites. Ils apparaissent sous forme d’amas massifs ou de lentilles
minéralisées au dessus des coulées laviques et juste en dessous d’une sédimentation chimique de
nature variée siliceuse, carbonatée ou silicatée (chlorite, séricite) avec souvent des oxydes de fer ou
de manganèse. Dans les coulées laviques localisées au voisinage des lentilles ou amas sulfurés
apparaissent des sulfures ou stockwerks dans des zones de griffons de forme cylindrique qui ont servi
de voie d’accès aux solutions métallifères au cours de longues périodes de repos magmatiques. Ces
longues périodes de repos magmatiques séparent de brèves périodes d’explosions volcaniques
pendant lesquelles se mettent en place les coulées laviques, les brêches volcaniques abondantes de
ces environnements, les brêches tuffacées et les tufs volcaniques.
Les minéralisations sulfurées sont constituées de pyrite de pyrrhotite dominante et des proportions
variables de sulfures et sulfosels de métaux de base et précieux et quelquefois des tellures de métaux
précieux. La prédominance de la pyrite par rapport à la pyrrhotite indique les amas sulfurés riches en
soufre. Du point de vue morphologique le caractère «amas» de ces minéralisations est souligné par la
valeur relativement élevée du rapport épaisseur / longueur des minéralisations. Leur épaisseur varie
de quelques mètres à quelques dizaines de mètres et leur longueur de quelques centaines de mètres
à quelques kilomètres.

Ce type de volcanisme calco - alcalin se manifeste dans les bassins d’arrière avec des arcs insulaires et
des marges continentales actives. Ces bassins résultent de la combinaison des mouvements de
surrection au niveau du front volcanique et de subduction provenant de l’accumulation des sédiments
de l’érosion du front volcanique dans le voisinage.

QUELQUES EXEMPLES DE GISEMENTS VOLCANO – SEDIMENTAIRES

I. LES GISEMENTS DE KUROKO (JAPON)

Exploités depuis très longtemps, ce sont des gîtes très célèbres au Japon à cause des teneurs des
minerais. Il s’agit aussi du premier type de gîtes de sulfures massifs dont l’origine syngénétique par
exhalation des fluides hydrothermaux sur fond marin a été démontrée. Ils sont récents et non pas été
déformés et ont conservé les textures primaires.

1.1. Contexte géologique:

La province des Kuroko est localisée dans la partie NW de l’île de Honshu d’âge Miopliocène. Les gîtes
de Kuroko se trouvent dans la ceinture des Tufs Verts qui a une longueur de 1 500 km, une largeur de
100 km et représente l’accumulation d’environ 3 000 m de roches volcano - sédimentaires sur une
période d’environ 60 millions d’années. Cette ceinture de tuf résulte de l’ouverture de la mer du Japon
du continent asiatique qui est le résultat d’un environnement de tension qui produit une dorsale
d’arrière arc du cycle orogénique himalayen selon certains auteurs. Toutefois, le caractère discordant
des structures néogènes par rapport aux structures orogéniques antérieures, la liaison de cette
structure néogène de Honshu avec l’arc des Mariannes d’une part, et l’arc de Ryükyü d’autre part,
confirme la conception d’une orogénèse cénozoïque. En tout état de cause, la province des Kuroko se
superpose à la bordure de l’aire géanticlinale émergée et coïncide ainsi avec l’importante zone de
flexure qui amorce la fosse subsidente externe (Mer du Japon). Elle est intensément volcanisée et

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marquée par de très importantes lacunes de sédimentation; le volcanisme est essentiellement acide
de nature sous marine et sans doute calco – alcalin.

1.2. Pétrographie:

Les roches effusives de Nishikurozowa, Onugawa, Funakawa comportent des types variés: basaltes à
augite et olivine, andésites à deux pyroxènes, andésites à hornblende et pyroxène, dacites, rhyolites
généralement très pauvres en ferro – magnésiens. Certaines en sont totalement dépourvues et
constituent des plagio – rhyolites.
Les roches dacitiques comme la dacite de Motoyama sont décrites comme des faciès plus ou moins
brêchiques, complètement dévitrifiés en agrégats très fins de quartz – séricite, parfois albite et/ou de
la calcite. Il s’agit des métadacites ou de métarhyolites considérablement dégradées et qui
correspondent aux kératophyres et quartz – kératophyres.
Par ailleurs, M. Shimazu (1972) reconnait dans les basaltes de la province des Kuroko des
transformations de type spilitique. Aussi, selon la position des extrusions de quartz – kératophyres par
rapport au fond sous – marin, on aura à faire soit à des coulées, soit à des dômes de lave, soit à des
corps intrusifs (necks, dykes, culots). Des brêches d’explosion qualifiées de phréato – magmatiques
sont reconnues en quantité remarquable dans ces faciès. Ces brêches résultent d’explosions
successives et rapprochées libérant de grandes quantités d’éjectas pyroclastiques, qui peu consolidés
s’écoulent sur le flanc de la coulée ou sur le fond à la manière d’une coulée boueuse et plus
précisément forme en milieu sous – marin des coulées tuffacées brêchiques.
Il est possible que les produits ponceux aient été plus importants lors des explosions phréatiques, mais
ils peuvent être entrainés sur des sols internes par suite de leur faible densité. Dans ce cadre le passage
latéral des laves brêchiques aux tufs brêchiques se conçoit normalement. Ces coulées brêchiques
contiennent quelquefois des blocs du substratum. En général, les phases explosives se terminent par
une dernière émission gazeuse qui conduit à la mise en place d’une formation unique de tufs
brêchiques granoclassée correspondant aux retombées de l’ultime explosion de la masse lavique; c’est
alors qu’apparait l’activité exhalative hydrothermale qui sédimente sur les flancs de la structure les
minéralisations sulfurées et sulfatées du district des Kuroko. L’ensemble de ces phénomènes: coulées
brêchiques, protrusions, brêches et tufs d’explosion, exhalaison constitue un cycle éruptif.

1.3. Minéralisations:

Si l’on fait abstraction des minerais gypsifères qui passent latéralement aux minerais sulfurés, on
observe cinq (5) types principaux de minerais mis en évidence par la plupart des géologues japonais et
Sato (1968). Ces différents types sont les suivants de haut en bas:

Zone 5: quartz et hématite formant l’horizon ferrugineux et siliceux dits « Tetsusekiei » qui recouvre
uniformément les formations minéralisées et termine le cycle;
Zone 4: barytine (et apatite), sables meubles barytiques des mineurs;
Zone 3: barytine, blende, galène, tétraèdrite, pyrite et chalcopyrite (Kuroko);
Zone 2: Pyrite et chalcopyrite (Oko);
Zone 1: quartz – pyrite et chalcopyrite (Keiko).

La plupart des corps minéralisés massifs de Kuroko, Oko et Ryukato se présentent de manière
stratoïde. Les variations systématiques de la succession stratigraphique des types de minerais
impliquent des variations graduelles des conditions physico – chimiques de l’émission exhalative
durant un même cycle.

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Les minerais Keiko qui forment la base des séquences se présentent dans les brêches volcaniques sur
les flancs des dômes dans les parties brêchiques des dômes laviques, dans les brêches tuffacées ou en
stockwerk dans la lave elle – même.

Les minerais Koroko qui se présentent en amas sulfurés massifs apparaissent très souvent sous forme
de brêche de glissement. Le phénomène est particulièrement bien développé dans la mine de
Skakanai.

Selon les auteurs japonais les exhalaisons sulfurées métallifères se mettent en place après la dernière
explosion gazeuse qui débute les longues périodes de repos magmatiques séparant des périodes très
brèves pendant lesquelles l’activité volcanique se déroule intensément. Ces exhalaisons métallifères
utilisent alors les zones sulfurées (ou zones brêchiques en griffon) crées lors des dernières phases
d’explosion gazeuses. Les exhalaisons se sédimentent en milieu dynamiquement très calme et
conduisent à la mise en place d’une sédimentation très lente de vase euxinique bitumineuse où
l’horizon de « Tetsusekiei ». Toutefois, cet environnement n’est pas dépourvu de secousses telluriques
entrainant des glissements des masses sulfurées en voie de consolidation.

2. GISEMENT AURIFERE DE LOULO

2.1. Contexte régional

La zone du permis d’exploitation de Loulo se trouve dans la fenêtre de Kéniéba à environ 40 km au NW


de la ville de même nom et à 250 km au sud de Kayes. Cette fenêtre de Kéniéba contient plusieurs
gisements aurifères significatifs qui sont en train d’être exploités ou développés tels que les gisements
en exploitation de Sadiola, de Yatéla, de Loulo, de Tabakoto, de Ségala et de Goungoto.
Le contexte géologique de chacun des gisements est caractérisé par:

- la proximité des structures principales: le gisement de Loulo 0, de Sadiola et de Yatéla sont situés
sur des branchements structuraux qui sont associés avec la zone de cisaillement sénégalo – malienne;
le gisement de Yaléa est situé sur la zone de cisaillement de même nom; les gisements de Ségala et de
Tabakoto sont situés sur des embranchements structuraux en relation avec la zone de cisaillement de
Kéniéba – Médinandi
- la localisation de la minéralisation à proximité des corps intrusifs: le granite de Moussala pour
Loulo 0 et Yaléa, le granite de Yatia pour Ségala et Tabakoto et un corps dioritique pour le gisement de
Sadiola

2.2. Géologie du gisement

Sur le plan géologique, il faut distinguer dans le gisement de Loulo actuellement cubé le gisement de
Loulo 0 et le gisement de Yaléa

a. Gisement de Loulo 0:

a.1.Géologie: Comme dit plus haut, la géométrie du corps minéralisé est liée à la zone de cisaillement
sénégalo – malienne et au développement de ses embranchements structuraux. Ce cisaillement a
produit un plissement, une brêchification, la formation de fissures et le développement d’un stockwerk
de veines de quartz à l’intérieur des grès à tourmaline.

La stratigraphie comprend d’Ouest en Est (c'est-à-dire de la lèvre supérieure à la lèvre inférieure): des
calcaires schisteux, des grès schisteux, des quartzites roses, des grès quartzeux à tourmaline (QT) et

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des grès verts intrudés de granites ou granodiorites soit avant, soit en même temps que le plissement
et la formation régionale des failles.

a.2.Minéralisations: La minéralisation aurifère est liée à l’ensemble quartzeux à tourmaline (QT) qui
est développé à l’intérieur des grauwackes de la lèvre inférieure et des grès schisteux de la lèvre
supérieure. Le QT a une épaisseur moyenne de 12 m et apparait en surface en quartzite noire formant
de petites élévations topographiques. La minéralisation aurifère est liée à la pyrite et associée avec le
stockwerk de quartz. La teneur moyenne en or est de 3,9g/t avec une teneur maximale pouvant
atteindre 30g/t. L’or est fin et se trouve en général en bordure des cristaux de pyrite

a.3.Ressources de Loulo 0: les ressources de Loulo 0 évaluées en 1997 et toutes catégories confondues
s’élèvent à 1 739 000 onces soit 53,9 tonnes d’or métal dont 1 349 000onces en ressources indiquées.

b. Gisement de Yaléa:

b.1. Géologie: Le gisement de Yaléa se situe à 6 km au SSE de Loulo. La géologie de ce gisement est
différente de celle de Loulo.
Stratigraphiquement le gisement de Yaléa est composé d’une séquence de métasédiments
représentés par des calcaires, des grès feldspathiques, des grès silteux et des brêches polygéniques.
Ces ensembles ont été pénétrés par des dykes granitoïdes minces. De fortes altérations associées avec
un cisaillement et une brêchification ont supprimé les métasédiments à l’intérieur du corps minéralisé
et dans ses proximités. Les principales roches primaires favorables à la minéralisation sont des
métasédiments epiclastiques représentés par des calcaires, des pélites, des grauwackes, des arkoses
et des brêches graveleuses très fortement altérés et déformés.
Structurellement le gisement de Yaléa est un gisement hôte de cisaillement et la minéralisation se
trouve dans des ensembles cisaillés, fortement brêchiques. Au site de Yaléa, on observe des structures
transversales entrecroisées dont la structure de Doundé d’orientation N1400 qui entrecoupe la zone
de cisaillement. A la surface, cette structure contient des affleurements de chapeaux de fer dans
lesquels les valeurs des échantillons de roche se situent entre 1,2 et 154g/t Au avec neuf (9)
échantillons de plus de 8g/t Au.
L’altération à l’intérieur du corps minéralisé et des roches encaissantes est intense et se manifeste par
des phénomènes d’albitisation, de silicification, de séricitisation et de carbonatation. Localement la
minéralisation est associée à une chloritisation et avec la biotite. Les carbonates sont représentés par
la calcite et l’ankérite.

b.2.Minéralisations: la minéralisation de Yaléa est contrôlée par la zone de cisaillement de Yaléa ayant
une orientation N-S et un pendage N600 vers l’Est. Le corps minéralisé a une épaisseur moyenne de 11
m. Une corrélation directe semble exister entre l’or, les sulfures et l’intensification de la brêchification.
Le corps minéralisé de Yaléa est polymétallique et renferme en plus de l’or, de la pyrite, de
l’arsénopyrite, de la chalcopyrite, de la goethite, de la magnétite, de l’hématite et accessoirement de
la sphalérite, de la pyrrhotite, de la chalcosite, de la covellite, de la galène et du rutile. L’or se trouve
principalement à l’intérieur des fissures dans la pyrite ou le long des limites de grains entre la pyrite et
l’arsénopyrite.

b.3. Ressources: Les ressources du gisement de Yaléa sont évaluées en 1997 dans la catégorie des
« ressources indiquées »à 1 200 000 onces soit 37,2 tonnes d’or métal.

A ces deux gisements principaux il faut ajouter les gisements des corps périphériques pour estimer
tout le potentiel du permis de Loulo actuellement détenu par la société d’exploitation SOMILO – SA.

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GISEMENTS DE GREISEN (GISEMENT DEPART ACIDE)
Ces gisements qualifiés en France de départ acide à la suite des travaux de De Launay (1913) et par la
suite de la présence de deux caractères réguliers, à savoir:

1. Ils sont souvent enracinés dans les coupoles élevés, subvolcaniques des massifs granitiques acides
ou dans leur voisinage immédiat;
2. Ils correspondent à des filons minéralisés à gangue quartzeuse.

Cette dénomination de «départ acide» constitue un terme imagé qui ne propage pas des conditions
de formation, toutefois ces filons sont considérés par les géologues français comme une partie des
gisements «pneumatolitiques au sens strict». Ils correspondent à des conditions de mise en place assez
superficielle qui ne provoque pas l’expulsion des fluides dans les roches encaissantes.
La concentration minérale de ces gisements est généralement constituée de Sn, W, auxquels s’ajoutent
quelquefois Mo et plus rarement Bi. Cette minéralisation est souvent accompagnée de transformation
importante des épontes granitiques ou métamorphiques conduisant à des phénomènes de
greisinisation, de tourmalinisation et de kaolinisation. Ces greisens forment en fait des roches
particulières constituées de quartz et micas souvent lithiques aux dépens de feldspaths du granite. Ils
sont très souvent chargés en cassitérite, tourmaline, plus rarement de topaze et quelquefois de la
fluorine. Dans les secteurs formés de stockwerk, la greisinisation affecte toute la roche encaissante.
Ces roches sont par ailleurs affectées de phénomènes de tourmalinisation provoquant la formation de
quartz – fluorine, surtout aux dépens des micas et des feldspaths, mais aussi des phénomènes de
kaolinisation se traduisant par la formation d’abondante kaolinite aux dépens des feldspaths, le quartz
et quelquefois le mica ne subissent alors aucune modification.

I. LE MASSIF GRANITIQUE D’OULMES (MAROC)

Ce massif est situé dans la chaîne varisque, plus particulièrement dans l’anticlinorium de Kourigba –
Oulmès, légèrement au sud de l’axe de cette unité structurale. Le granite d’Oulmès est un granite
circonscrit, logé dans les terrains ordoviciens. Il s’est mis en place sous une couverture de 3 000 à 4 000
m d’épaisseur environ. Son auréole métamorphique est variable de 300 m dans sa partie nord à 3,2
km dans sa partie SW avec une pointe de 4,2 km au NE. Le massif est constitué en grande partie d’un
granite à deux micas, riche en orthose microperthite avec des plagioclases acides souvent zonés. Il est
pauvre en apatite et zircon. Les variétés locales de granite ont toutefois être reconnus:
-soit d’ après la composition minéralogique (à biotite dominante, à muscovite, à tourmaline);
-soit d’après leur texture (à grain fin, porphyroïde, orientée).
Chimiquement le granite d’Oulmès est un granite calco – alcalin et hololeucocrate.
La minéralisation apparait sous deux formes essentielles:

1. sous forme de cassitérite localisée dans les filons de quartz massif, situés dans la partie occidentale
du massif ou de filon de cassitérite liée aux schistes métamorphiques. Dans ce dernier cas une
bande de tourmalinisation apparait aux épontes des veines de quartz des terrains schisteux;
2. sous forme de wolframite localisé dans les filons de quartz qui recoupent le granite, mais surtout
dans les filons de quartz liés à l’auréole métamorphique. Elle se présente sous forme de scheelite,
forbérite, pyrite et localement de la fluorine. Dans les parties sud et sud – est du massif, la
molybdénite apparait en très faible quantité.

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II.LE GISEMENT DE GOIS (PORTUGAL)

Il se situe à l’intérieur du grand affleurement du complexe «schisto – grauwackeux» du centre du


Portugal dont les formations sont constituées de schistes argileux fins alternant avec des schistes argilo
– gréseux et des schistes grauwackeux le tout formant un ensemble de type flysch.
La schistosité qui coïncide avec la stratification est orientée W.NW avec un pendage N.NE. Tous les
types lithologiques montrent un faible métamorphisme régional. Une auréole de métamorphisme de
contact se manifeste dans la zone du gisement et tout indique qu’elle est liée à une intrusion granitique
sous jacente encore inconnue même dans les travaux miniers.
Ces différents types de roches présentent une tourmalinisation généralisée en rapport avec la mise en
place de la minéralisation. En effet, cette tourmalinisation et tout au moins en partie la silicification et
la séricitisation qui l’accompagnent sont nettement orientées par la fracturation des roches. Elle
atteint sa plus grande intensité dans les épontes de roche et à l’intérieur des amas de substitution
métasomatique.
Le champ filonien de la région s’est formé à la faveur de deux systèmes de fracturation plus ou moins
accusés: un système parallèle à la schistosité et un autre système de direction proche de la précédente
mais de pendage variant entre 20° et 35°.
Le remplissage filonien est constitué de quartz à dominance laiteuse de wolframite, de cassitérite, de
mica blanc et de sulfures abondants. Le mica blanc apparait en faible quantité surtout localisée au
niveau des épontes. La pyrrhotite apparait comme le sulfure le plus abondant; elle se transforme en
marcassite au dessous du niveau hydrostatique. A cette dernière s’ajoute par ordre d’importance
décroissante: pyrite, arsénopyrite, chalcopyrite.
L’altération deutérique qui se manifeste au niveau des roches encaissantes semble avoir précédé le
dépôt de la minéralisation parce que la tourmaline n’apparait pas dans le remplissage. Cependant des
aiguilles de tourmaline sont quelquefois signalées dans la caisse filonienne, mais elles semblent
antérieures aux minéraux de remplissage.
Les amas de substitution paraissent être subordonnés à une bande de roches du «complexe schisto –
grauwackeux» particulièrement graphiteux et pyritisé et présentant une fracturation plus intense dans
des zones relativement restreintes. Ces roches sont constituées d’un feutrage très fin quartzo – séricito
– graphiteux dans lequel ressortent des cristaux xénomorphes de pyrite disséminés formant rarement
des agrégats.
Dans la zone d’influence de l’altération deutérique, ces cristaux sont remplacés par le quartz à grains
très fins et intimement associé à la tourmaline surtout le long des limites des fractures. Les amas
minéralisés ont une texture granulaire grossière révélant parfois une orientation peu marquée, surtout
dans les zones à reliques de roches encaissantes non totalement transformées en tourmalinite.
La cassitérite très abondante et la wolframite apparaissent finement disséminées et difficiles à
observer macroscopiquement. Ces amas sont limités par des fractures et ne présentent pas de
passages graduels aux roches encaissantes.

III.GISEMENT DE SANTA - EULALIA

Il est situé dans le massif granitique de Monforte correspondant à un massif circonscrit de dimension
moyenne, intrusif dans les formations du cambrien inférieur et des formations cristallophylliennes
précambriennes. Ce massif est constitué par un granite monzonitique à biotite; il est à grain moyen
avec parfois une texture porphyroïde. C’est un granite à biotite, avec un peu de muscovite, riche en
microcline, en microcline perthite et en plagioclases zonés formés d’albite – oligoclase. Les feldspaths
surtout potassiques sont généralement albitisés et l’intensité de ce phénomène dépend d’un système
de fracturation important subvertical et d’orientation N40° – 50°W.

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La minéralisation apparait sous forme de filons de quartz qui remplissent les fractures du système
précédent. Leur paragenèse est formée de quartz, cassitérite, wolframite (forbérite), un peu de
scheelite, pyrite, chalcopyrite, mica blanc, fluorine et apatite. Dans la partie SE, la minéralisation est
essentiellement constituée de cassitérite et pauvre en sulfures. Par contre dans la partie NW, elle est
riche en wolframite et sulfures. La succession minéralogique est constituée d’abord de cassitérite –
wolframite, ensuite de mica blanc, de quartz, d’arsénopyrite, de chalcopyrite et enfin de la fluorine.
Par ailleurs, les parois granitiques des filons subissent généralement une altération deutérique
profonde qui les transforme en greisen sur des épaisseurs pouvant atteindre 15 – 20 cm. L’altération
deutérique diminue graduellement avec l’éloignement des épontes. En effet, dans une première zone
on observe une greisinisation totale du granite qui se transforme en un agrégat de quartz très fracturé
mélangé à des lamelles de mica blanc et contenant parfois de la fluorine et de l’apatite en quantité
appréciable. Ce mica proviendrait de la transformation des feldspaths potassiques et de la biotite. Dans
la zone de passage du granite normal au greisen, on observe un lessivage intense de la biotite et une
transformation progressive et décroissante des feldspaths en agrégats flagelliformes de mica blanc.
Cette altération se manifeste même dans les zones très distantes des épontes des filons précédents;
elle se traduit par un lessivage de la biotite et une séricitisation des plagioclases.
Les amas de substitution sont de dimensions très réduites, leur extension horizontale est très faible,
par contre dans le plan vertical leur dimension peut être assez grande. Ils apparaissent dans les zones
d’intersection de plusieurs systèmes de fractures subverticales donnant lieu à une fracturation très
dense. Tous les amas connus sont localisés dans les zones d’intersection de fractures du système N40°-
50°W précédentes avec des fractures d’orientation variée localisées dans le secteur NE.
Les amas sont constitués de greisen dérivant de l’altération deutérique du granite et ont une
composition irrégulière. Ils sont formés de zones sans feldspath constituées principalement de quartz
et mica blanc en paillettes donnant lieu à des nids micacés et des zones à feldspaths quartzo –
micacées. Le feldspath de ces zones est soit profondément albitisé (cas des feldspaths potassiques),
soit séricitisé (cas des plagioclases). L’apatite apparait en quantité appréciable.
La minéralisation des amas est constituée uniquement de cassitérite et de scheelite surtout dans les
zones profondément gréisinisées de texture grossière et vacuolaire; les sulfures sont absents. La roche
encaissante présente une altération deutérique avec passage rapide des amas gréisinisées au granite
normal formé de biotite partiellement chloritisée et de feldspaths potassiques intensément albitisés.
On admet qu’au cours du processus minéralisateur l’altération deutérique de la roche encaissante s’est
déroulée avant le début du remplissage filonien. La tourmalinisation qui caractérise cette altération
deutérique dans le cas des roches plutoniques aurait également précédée le début du remplissage
filonien.
Il apparait ainsi que la substitution métasomatique et le remplissage filonien seraient dus aux mêmes
fluides, mais à des périodes différentes de leur évolution. Les substitutions se sont formées au moment
où les fluides présentaient leur maximum d’agressivité. Au fur et à mesure de l’évolution du temps ces
substitutions deviennent plus difficiles, soit par perte de l’agressivité des fluides, soit par la réalisation
d’un équilibre entre ceux – ci et la roche transformée et l’on s’achemine ainsi vers l’arrêt du
phénomène. La fixation de la minéralisation se poursuit alors le long des fractures ouvertes, canalisant
le plus grand volume de fluide et permettant un dépôt prolongé dans le temps avec beaucoup plus de
variétés minéralogiques.
A partir de cette étude il apparait de façon générale que la formation de la scheelite est influencée par
la nature des roches encaissantes. En effet, sa proportion est très faible dans le remplissage filonien.
Par contre elle constitue généralement le seul wolframite des amas de substitution; cette constatation
suggère une remobilisation du calcium des roches granitiques gréisinisées lors de la formation de la
scheelite.

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LES DIFFERENTES TRANSFORMATIONS AFFECTANT LES GRANITES
STANNIFERES A BERYLIUM DES MASSIFS ARMORICAINS
Les granites du massif armoricain forment deux grands ensembles cristallins encaissant une fosse
centrale sédimentaire et qui sont en relation avec d’importants linéaments tectoniques. Dans ces
ensembles les granites à «efficacité métallogénique» et plus particulièrement leurs épontes subissent
des transformations métasomatiques dont l’examen permet de préciser les relations génétiques entre
les minéralisations et les granites. Ces principales modifications sont: l’albitisation, la muscovitisation
et la tourmalinisation.

I. L’ALBITISATION

Les phénomènes d’albitisation apparaissent de trois (3) manières différentes:


1. une albitisation diffuse étendue à d’assez grandes masses granitiques;
2. une albitisation intense limitée à certaines zones granitiques étroites (albitites);
3. une albitisation restreinte aux épontes granitiques des filons quartzeux.

Certains massifs granitiques présentent sur leurs bordures des modifications de composition de nature
métasomatique conduisant à la formation de nouveau granite dérivé du premier appelé «apogranite».
Un exemple de ce type est fourni par le district à Be de la baie de Morlaix. Le granite de la baie de
Morlaix montre dans sa partie orientale le plus souvent des faciès à grains fins, de teinte rose à
dominante potassique avec microcline, plagioclase acide, biotite. Sur la bordure méridionale sur
environ 2 km de long sur quelques centaines de mètres de large, il fait place à un faciès blanchâtre à
microcline, albite, muscovite, tourmaline bleue et localement grenat, topaze, fluorine. Ce granite
blanchâtre présente des faciès à rare muscovite, des faciès à muscovite dominante dont la proportion
augmente aux dépens de celle du microcline, des faciès à muscovite à passées de greisens et de
tourmalinites bleues et très rarement un faciès à albite, quartz, muscovite, tourmaline et microcline.
Une légère minéralisation apparait dans ce granite sous forme de lentilles pegmatitiques à béryl, de
greisens à cassitérite, wolframite et mispickel, des filons de quartz à mispickel, blende et galène, et
enfin de la fluorine disséminée dans les granites ou dans les diaclases et associée à des filons de quartz
de basse température.

D’une manière générale les concentrations en Be augmentent avec l’accroissement de la teneur en


muscovite. Les concentrations les plus élevées: plus de 300g/t de BeO sont observées dans le granite
à muscovite passant localement aux greisens, toutefois les teneurs en béryllium des greisens
proprement dits sont faibles. Il apparait ainsi une relation entre le développement des phénomènes
d’albitisation et l’augmentation de la teneur en béryllium. La greisinisation plus tardive provoque un
lessivage du sodium et du béryllium.

Dans le massif de Villeder, l’albitisation se manifeste aux épontes quartzeuses stanno – béryllifères.
L’albite forme des cristaux limpides et remplacent le microcline qui constitue parfois des plages
résiduelles à l’intérieur de l’albite néoformée. Cette métasomatose provoque une augmentation de la
teneur en soude et parallèlement un accroissement de la teneur du Be de l’ordre de vingt (20) fois plus
élevée.

II.LA MUSCOVITISATION

Les phénomènes de muscovitisation observées dans le secteur peuvent schématiquement être classés
en trois (3) grands types:
1. une muscovitisation diffuse à l’ensemble des massifs granitiques;

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2. une muscovitisation intense limitée à certaines parties des granites (greisinisation);
3. une muscovitisation sous forme d’amas dans les filons quartzeux.

Ces phénomènes sont généralement tardifs et semblent lier à une évolution pneumatolytique. Les
deux derniers types paraissent jouer un grand rôle dans la genèse des ensembles d’étain. La
greisinisation (formation surabondante de muscovite) s’accompagne en effet, d’une apparition
fréquente de cassitérite. Parallèlement dans les filons de quartz, la cassitérite se concentre
préférentiellement dans les secteurs riches en muscovite.

Cette greisinisation s’accompagne d’un apport et d’une réorganisation minéralogique intense


provoquant la formation abondante de muscovite et de quartz. La biotite apparait parfois altérée et
en voie de muscovitisation, elle est le plus souvent absente. La tourmaline, l’apatite, la cassitérite, la
scheelite, le mispickel et la pyrite sont fréquentes. La teneur en soude diminue de manière
remarquable de 1 à 0,1% de Na2O. L’enrichissement en divers éléments rares est très sensible, en
particulier pour le bore, l’arsenic, le tungstène et l’étain. La teneur en Sn varie de quelques centaines
de g/t à plusieurs kg/t, soit un accroissement mille fois plus important que la teneur dans les granites
ordinaires.

Dans certains filons de quartz stannifères, la muscovite est surabondante et forme des masses
pratiquement monominérales.

III.LA TOURMALINISATION

Ce phénomène pneumatolytique s’est développé dans les gisements d’étain Armoricains, en


particulier dans les districts de Saint Renan et d’Abbaretz comme la greisinisation, la tourmalinisation
est le résultat d’un apport de bore dans le milieu et d’une réorganisation minéralogique
métasomatique. Les épontes des tourmalinites sont fortement blanchies en relation avec un lessivage
de la cassitérite, et les autres minéraux associés (scheelite, mispickel, etc..) sont postérieurs à la mise
en place de la tourmaline.

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LES GISEMENTS PYROMETASOMATIQUES
Lorsque la phase fluide acquise résultant de la différenciation magmatique s’échappe dans les roches
encaissantes des massifs intrusifs et y trouve un milieu favorable à la fixation du soluté sous la forme
de roches carbonatées, on obtient des gisements pyrométasomatiques de contact. Ces gisements se
différencient des gisements départ acide et des gisements de pegmatite intrabatholitique surtout par
la profondeur de mise en place de leur massif beaucoup plus grande.
Ces gisements comme les gisements de départ acide sont surtout minéralisés en W, Sn, Mo et volatiles
(B, F, P). Cependant des différences importantes existent entre ces gisements et ceux de départ acide:

1. l’environnement carbonaté change le chimisme de l’intrusion plutonique. En effet, l’assimilation des


carbonates de calcium (et/ou de magnésium) sous forme de magma alcalin acide en un magma
intermédiaire de nature dioritique ou granodioritique. La phase fluide est également modifiée par
cette assimilation, elle s’enrichit notablement en CO2.
Par ailleurs le régime thermique de l’intrusion ascendante sera profondément modifié par
l’assimilation qui provoque des réactions chimiques de «décarbonatation» extrêmement
endothermiques. Ces réactions entrainent un refroidissement brutal du magma. D’autre part le
dégagement de CO2 crée une surpression dans l’environnement déjà saturé en H2O et provoque un
départ des fluides H2O et CO2 dans les roches encaissantes. Cette perte d’eau entraine une
cristallisation rapide du magma par suite de l’élévation de la température de fusion des différents
composés.
2. l’environnement carbonaté présente au contact de l’intrusion des particularités chimiques et
physiques marquées par le développement des tactites. Ces tactites sont des roches formées
essentiellement de grenats calciques (andradite ferrifère, grossulaire alumineux), d’épidote, de quartz
et quelquefois de rare calcite. Elles contiennent en plus de la scheelite sous forme de grain fin de
couleur blanche à brun – pâle, disséminée dans la masse rocheuse avec souvent des teneurs variant
entre 1 et 1,5% de WO3, de la magnétite et le plus souvent des sulfures: pyrite, pyrrhotite, molybdénite
et quelquefois chalcopyrite. En dehors de ces tactites, il existe des portions de calcaire partiellement
remplacées renfermant de l’idiocrase, de l’actinote, de la trémolite et de la wollastonite. Le tungstène,
quelque soit son mode de transport en solution, se précipite dans ces gisements sous forme de
scheelite par réaction avec l’environnement carbonaté.

Ces gisements apparaissent dans la province à tungstène de l’ouest américain où l’on peut reconnaitre
trois (3) arcs (ou ceintures) minéralisé(e)s:

- un arc oriental et un arc central qui se rejoignent au sud du plateau du Colorado en relation avec des
plutons d’âge laramien (fin du Crétacé – début Eocène);
- un arc occidental qui présente de nombreux dépôts pyrométasomatiques en relation avec des massifs
intrusifs de taille très importante. C’est dans ce secteur occidental qu’apparait le gisement de Hill City
résultant de la mise en place de deux petits stocks de granodiorite qui recoupent les strates d’une
formation sédimentaire triasique composée de schistes calcaires. Le cortège plutonique comporte des
aplites, de des veines de quartz fréquentes dans les zones minéralisées en rapport avec la granodiorite.
La minéralisation apparait surtout sous forme de scheelite dans les strates initialement calcaires
totalement ou partiellement transformées en tactites.

1. GISEMENT DE SCHEELITE DE SALAM (PYRENEES FRANCE)

Ces gisements de type skarn à scheelite ou pyrométasomatique représentent 40 à 50% de la


production mondiale de tungstène. Le gisement de Salam assure la totalité de la production française
de tungstène de 1970 à 1980 avec un potentiel de 12 000 à 15 000 tonnes de WO3 et une teneur
moyenne de minerai supérieur à 1%. A côté de ce gisement il existe dans les Pyrénées d’autres

11
8
gisements de tungstène sous forme de scheelite au contact de formation carbonatée et de roches
granodioritiques; il s’agit de Cestabonne (Pyrénées orientales) reconnu par sondages et travaux
miniers de 1954 à 1957 avec des réserves évaluées à 1,5 millions de tonnes à 0,35% de WO3.

Géologie du gisement: Dans cette région des Pyrénées centrales s’étend un faisceau E – W de terrains
Paléozoïques carbonatés qui ont subi un métamorphisme régional de faible degré. Ils ont été
également métamorphisés par des intrusions de granodiorites à leur contact. Quatre (4) ensembles
lithologiques ont pu être reconnus du Sud vers le Nord avec des âges variant de l’Ordovicien au
Dévonien:

-une série carbonée (dite de Salam) qui constitue le support de la minéralisation de tungstène de Salam
au contact d’une granodiorite; elle se caractérise par deux (2) termes principaux:

•à la base une formation à alternance de couches calcaires d’épaisseur décimétriques et de


shales;
•au sommet une formation de calcaire rubané gris et blanc. La couleur grise de ces niveaux est
due à la présence de matières carbonées transformées en graphite dans l’auréole de
métamorphisme de contact.

-un faciès de shales bleutés comprenant des ensembles plus ou moins riches en fins lits gréseux d’âge
probablement Ordovicien supérieur ou Silurien;

-une formation calcaire dit calcaire de Carboire comprenant de fines intercalations de shales.

Cette série stratigraphique a subi quatre (4) épisodes de plissement avec schistosité et une phase de
fracturation tardive marquée par des rejeux suivant les anciens plans de schistosité pour former des
grands accidents N80° – 140° jalonnés par du quartz.

La roche intrusive est une granodiorite à texture équigranulaire (0,5 à 1,5 mm) formée de quartz en
agrégats polycristallins et xénomorphes de plagioclases zonés, de microcline en faible proportion (7%
environ), de biotite abondante et accessoirement de zircon et apatite. Cette granodiorite présente des
variétés de bordures formées de quartz, de diorite à plagioclases, mais sans feldspaths potassiques et
localement de grenat et enfin de diorite quartzifère à plagioclase, biotite, hornblende et quartz
accessoire.

Ces intrusifs granodioritiques sont mis en place avant les deux dernières phases de plissement qui ont
provoqué une fracturation et un boudinage de leurs apophyses. Ils ont provoqué le long de leur contact
la formation de skarn vert sombre qui renferme de la pyrrhotite et de la scheelite. La minéralisation
de tungstène apparait soit dans le cipolin rubané gris et blanc, soit dans les cornéennes calciques:

- dans les cipolins, elle forme des corps de pyrrhotite à scheelite associés à des skarns zonés à
hedenbergite et grenat avec des teneurs moyennes élevées de 1,6 à 2% de WO3;
- dans les cornéennes calciques, les corps minéralisés comprennent des bandes de pyrrhotite à
scheelite et des bandes de skarns rubanés à hedenbergite avec ou sans grenat (skarnoïdes) ; la
teneur moyenne en tungstène est plus faible que par les précédents 1 à 1,06% de WO3.

LES PORPHYRES CUPRIFERES

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9
Etymologiquement ils correspondent à des minéralisations cuprifères en roche support porphyrique,
donc d’origine ignée. En réalité il s’agit généralement d’imprégnations cuprifères affectant
sélectivement des petits massifs de roches porphyriques et / ou leur environnement immédiat. Leur
définition première indique également un caractère économique, c'est-à-dire des gisements de faible
teneur, mais de grosses réserves susceptibles d’être exploités en masse, de préférence en mine à ciel
ouvert. Toutefois, ce caractère diffus de la minéralisation et les faibles teneurs de ces gisements ont
conduit certains auteurs à appeler porphyrique toute minéralisation diffuse de cuivre, de molybdène,
de tungstène indépendamment de la nature de la roche support. Ces appellations constituent des
déviations par rapport à la définition première des apophyses cuprifères; elles doivent être évitées. On
distingue globalement cinq (5) grandes ceintures de porphyres cuprifères:

-Les Andes du Chili et Pérou: 110 millions de tonnes de métal;


-La Cordillière de l’Ouest américain: 75 millions de tonnes de métal;
-L’Arc médian du système alpin (des Balkanides aux Iranides):environ 10 millions de tonnes de
métal;
-Le Kazakhstan central: 5 millions de tonnes de métal;
-Les Philipines: 5 millions de tonnes de métal.

Ces gisements porphyriques fournissent non seulement la moitié de la production mondiale de métal,
mais en plus renferment la moitié des réserves de cuivre du monde.

I.DESCRIPTION DU GISEMENT TYPE (SAN MANUEL - KALAMAZOO: ARIZONA)

Les descriptions de ce gisement nous sont fournies par J.D. Lawwell et I.M. Guilbert (1970). Il constitue
un type représentatif des porphyres cuprifères de la province des Basin and Range de l’ouest américain
qui présente la plus forte densité connue des porphyres cuprifères.

1.1. Géologie régionale: La province des Basin and range est localisée dans la partie méridionale des
Etats de l’Arizona et du Nouveau Mexique est formée de bassins molassiques, graben ou bassins
nucléaires séparés par des horsts et des môles. La tectonique intense de la région enregistrée par les
terrains anté – tertiaires n’est pas incompatible avec les déformations épirogéniques tardives par
rapport à l’orogenèse laramienne des montagnes rocheuses.
Il s’agit en réalité d’une province d’arrière arc marquée par une tendance disjonctive (amincissement
sialique, volcanisme, tectonique en horst et graben) post – orogénique. Le volcanisme se manifeste
généralement à l’intersection des grandes fractures. Il est marqué par la présence des petits stocks de
roches grenues à tendance porphyrique dont la composition varie entre celle des monzonites ou celles
des granites calco – alcalins avec une dominante apparente formée de diorite quartzifère et de
granodiorite.
D’autre part il apparait de façon générale que les roches métallifères se sont mis en place à des
profondeurs minimales de 1 500 à 2 000 m à partir de magma calco – alcalin provenant sans doute du
plan de Bénioff de la plaque plongeante. Les stocks minéralisés présentent en outre d’importante
altération hydrothermale de nature propylitique, argileuse, séricitique et potassique.

1.2. Géologie du gisement: L’histoire géologique du gisement de San-manuel-Kalamazoo fut bien


décrite par J.D. Lowell (1968) dans une série de six (6) coupes de la région.

1.2.1. Pétrographie: Les roches du secteur sont constituées par une monzonite quartzifère dite
monzonite d’oracle, intrudée par des massifs porphyriques d’âges plus récents.
La monzonite quartzifère d’oracle forme une roche précambrienne, de texture porphyroïde à
phénocristaux de quartz subautomorphes (arrondis) et de plagioclases (An39-45) en plaquettes. La trame
est formée d’agrégats de quartz et d’orthoclase (microcline, orthose, microperthite); La biotite et

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0
l’hornblende apparaissent de manière subordonnée. Les minéraux accessoires sont représentés par le
zircon, l’apatite, le sphène, la magnétite et la monazite très disséminée. Les massifs de porphyres en
revanche apparaissent sous deux formes:

a. une micromonzonite quartzifère formée de phénocristaux de plagioclase, d’oligoclase – andésine en


individus zonés et maclés, de phénocristaux de biotite et d’hornblende subautomorphe. La mésostase
est constituée d’un agrégat de quartz (55%), d’orthoclase (45%) et de rares ferromagnésiens;
b. une dacite à biotite renfermant des phénocristaux de plagioclases en cristaux zonés, trapus,
rectangulaires ou trapézoïdaux, de biotite en grands cristaux plus abondants que l’amphibolite. La
mésostase est finement grenue et formée de microlites de plagioclases maclés, de quartz abondant et
d’orthoclases xénomorphes et disséminés. Cette dacite semble constituer l’enveloppe du cœur
microgrenue de l’intrusion porphyrique. Le contact entre la monzonite quartzifère d’Oracle et les
porphyres intrusifs est en général très franc, sauf dans les parties profondes où l’on observe un passage
graduel et diffus entre ces deux types de roches suggérant une remobilisation même partielle de la
monzonite quartzifère lors de la mise en place des porphyres datés de 67 millions d’années par la
méthode de K – Ar.

1.2.2. Les altérations: les différentes zones d’altérations se développent indépendamment de la nature
des roches, en raison des grandes analogies chimiques et minéralogiques entre les intrusions et leurs
encaissants. Ces zones d’altération forment une succession continue de la périphérie des stocks
minéralisés vers leur partie centrale. Cette succession est généralement formée de l’extérieur vers la
partie centrale d’une zone phylliteuse (ou zone séricitique) et enfin d’une zone potassique qui
occupent à peu près le cœur des stocks minéralisés.

La zone propylitique se caractérise par la présence de chlorite, d’épidote, de zoïsite, de carbonate, de


pyrite, de montmorillonite, de leucoxène et en plus faible proportion de kaolinite.

La zone d’altération argileuse se caractérise par la présence de quartz, de kaolinite, de chlorite, de


pyrite et en faible proportion de montmorillonite.

La zone d’altération phylliteuse (ou zone séricitique) se caractérise par la présence de quartz, de
séricite, de pyrite et quelquefois d’orthoclase.

La zone d’altération potassique se caractérise par la présence de quartz, d’orthoclase, de biotite, de


pyrite, chalcopyrite, bornite, molybdénite et quelquefois anhydrite, carbonate et séricite.

1.2.3. Les minéralisations: La minéralisation formée de zones concentriques superposées aux zones
d’altération précédentes:

a.une zone potassique entièrement enrobée par la zone d’altération potassique avec un cœur
minéralisé contenant 0,3% Cu, surtout sous forme de chalcopyrite. Le rapport pyrite/chalcopyrite est
voisin de ½. Ces sulfures sont surtout accompagnés de traces de molybdénite et magnétite et se
trouvent disséminés dans la formation altérée.
b. autour du cœur potassique apparait une enveloppe de minerai avec une teneur de coupure de 0,5%
Cu localisé à cheval sur la zone séricitique et la zone potassique. Le rapport pyrite/chalcopyrite est
voisin de 1/1. La chalcopyrite est disséminée dans la roche d’altération support et la pyrite est repartie
dans un réseau de veinules.
c.une zone argileuse et phylliteuse (séricitique) présentant un corps minéralisé à teneur en Cu
comprise entre 0,1 et 0,5% avec un rapport pyrite/chalcopyrite de ½. La minéralisation apparait surtout
dans un réseau de veinules quartzeuses.

12
1
d.une zone propylitique ou apparait une minéralisation formée de quelques rares petits filons à Au, Ag
et chalcopyrite. Elle traverse une imprégnation pyriteuse en veinules de 2 à 6% de pyrite. La limite
externe de la zone de pyritisation n’est pas définie.

En profondeur les teneurs en sulfures et en chalcopyrite de la zone séricitique diminue. Le corps de


minerai passe presque entièrement dans la zone potassique et la magnétite se substitue à la pyrite
aussi bien dans la zone centrale que vers la périphérie pyriteuse. La molybdénite au contraire s’enrichit
surtout au niveau des profondeurs moyennes.

II.GENERALISATION

Lowell et Guilbert ont essayé de définir les principales caractéristiques des gisements de porphyres
cuprifères en prenant en considération 27 gisements susceptibles d’être typiques dont 14 sont
localisés dans la province Nord – américaine des Basin and Range des états de l’Arizona et du nouveau
Mexique.

2.1. Les roches ignées support

L’étude des gisements de type porphyre cuprifère montre très rapidement que ceux – ci relèvent de
la géologie des coupoles et des stocks de roches ignées que des gisements hydrothermaux ordinaires.
La minéralisation de ces gisements apparait non seulement dans les roches ignées, mais également
dans les roches encaissantes de ces stocks porphyriques.

Pour B. Stringhan (1960) les stocks porphyriques productifs se seraient mis en place d’une manière
dite «passive», c'est-à-dire sous grand déplacement de matière, essentiellement par effondrement
magmatique de leur toit. Ils présentent en outre peu d’effet de bordure figée, d’importantes
altérations deutériques (et/ou hydrothermales) et du métamorphisme assez développé. En revanche
les stocks porphyriques stériles sont caractérisés par une mise en place active de l’intrusion
mécanique, accompagnée d’importantes déformations de l’encaissant, la présence d’importants
phénomènes de bordure figée, l’absence quasi – générale des altérations deutériques (et/ou
hydrothermales).

Ce terme d’altération deutérique a une signification différente selon les auteurs. Pour Sederholm, il
correspond à l’ensemble des transformations post – magmatiques susceptibles d’affecter une roche
magmatique: quartzification, albitisation, muscovitisation, qui sont les transformations tardives les
plus fréquentes affectant les granites et surtout les coupoles enracinés dans les grands batholites
granitiques. Ce phénomène peut schématiquement être considéré comme un transfert de silice et de
métaux alcalins des parties profondes du massif en voie de stabilisation définitive vers les parties
hautes et périphériques sous la sollicitation des gradients essentiellement thermiques.

Pour Robertson (1962) la limite supérieure de température de la cristallisation deutérique est définie
par la cristallisation massive des feldspaths potassiques (porphyroblastèse); celle – ci étant exclue du
champ deutérique, la limite inférieure de température de cristallisation deutérique est définie par le
changement des associations feldspathiques en agrégats d’altération séricitique et argileux. La
déstabilisation des feldspaths étant exclue du champ deutérique.

En France, et de façon générale en Europe, les géologues considèrent la porphyroblastèse comme un


phénomène post – magmatique généralement inclus dans le champ des phénomènes deutériques. Par
contre l’argilisation et la séricitisation des feldspaths sont considérées comme marquant le début des
phénomènes hydrothermaux. En définitive les stocks porphyriques productifs apparaissent comme
des protubérances aigües à caractère subvolcanique dont la mise en place est conditionnée en général

12
2
par une tectonique cassante dominante déterminant des ouvertures verticales (système de failles
normales d’extension) qui autorise une mise en place dans un environnement passif par effondrement
magmatique du toit. Ainsi pourrait s’expliquer la genèse des cheminées brêchiques fréquemment
associées aux intrusions productives. Les corps intrusifs sont surtout localisés aux croisements des
fractures à des profondeurs d’environ 1500 à 2000 m selon Lowell et Guilbert (1970). Les intrusions de
porphyres molybdénifères ont une tendance marquée à la mise en place active caractérisée par la
présence de dykes annulaires ou radicaux, de déformations en dômes, de roches sédimentaires
surplombant les corps intrusifs.

Ces intrusions sont généralement de nature et de forme très diverses selon les exemples considérés.
Elles sont surtout formées par des monzonites, des monzonites quartzifères, des diorites, des diorites
quartzifères et des granodiorites associées à leurs équivalents effusifs qui forment souvent d’épais
épanchements volcaniques en surface. Les études statistiques réalisées dans l’ouest de l’Amérique du
Nord et au Chili – Pérou fournissent une composition moyenne oscillant entre une granodiorite et une
quartzo – monzonite. Cette moyenne serait plus basique aux Philipines et se situe autour du pôle
«diorite». En revanche au Kazakhstan central elle est plus acide et plus alcaline. Des stocks de même
composition, mais de nature stérile sont généralement associés aux précédents.

Ces porphyres cuprifères semblent provenir du magmatisme calco – alcalin des zones de convergence
lithosphériques. Le caractère est confirmé non seulement par la nature des intrusions, mais également
par la présence d’épaisses séries andésitiques auxquelles sont associées en quantité subordonnée des
dacites, des latites et parfois des rhyolites.

Pour A.J. Bernard (1978), l’enveloppe externe des complexes intrusifs est formée de diorite et leur
cœur de monzonite quartzifère résultant probablement d’un enrichissement en feldspaths
potassiques et en silice par altération potassique. Les corps minéralisés sont surtout constitués de
stocks et/ou d’essaims de dykes, avec un rapport stock/dyke généralement élevé et une meilleure
corrélation des stocks aux minéralisations par rapport aux dykes, essaims de dykes ou masse
brêchique.

2.2. Les corps minéralisés

Ils présentent généralement une section horizontale circulaire ou ovale avec très souvent une
disposition en anneau comme à San Manuel – Kanamazoo. L’extension verticale des corps minéralisés
n’est généralement pas connue. Trois (3) types de configuration essentielle ont été établis:

1. formes cylindriques à parois verticales ou très inclinées dont certaines sont superposées à des
cheminées brêchiques;
2. formes cylindriques courts ou plats, en forme conique très ouverte vers le haut, c’est le cas de trois
porphyres molybdénifères des U.S.A.: Climax (Colorado), Questa (New Mexico) et Endako (Colombie
britannique);
3. formes tabulaires, légèrement inclinées; elle est assez rare comme configuration.

Selon Lowell et Guilbert, ces formes dépendent surtout de contrôle structural et de la profondeur de
mise en place des intrusions minéralisées. Les formes aplaties caractérisent les mises en place
superficielles, tandis que les formes cylindriques, verticalement allongées représentent des
profondeurs de mise en place relativement grande avec des gradients de température faible.
Les dimensions horizontales des gisements varient entre 80 x 400 m2 dans le cas des petites cheminées
du Colorado à 2000 x 4300 m2 à Morenci. La dimension moyenne s’établit autour de 1200 x 1900 m2.

12
3
Le tonnage de minerai varie généralement de 100 à 500 millions de tonnes. Un grand nombre de
gisements ont des tonnages supérieurs à 500 millions de tonnes. La teneur moyenne de ces gisements
y compris celle de la zone cémentée à chalcocite secondaire est d’environ 0,8%; celle du minerai
primaire est d’environ 0,45%. En outre pour les porphyres molybdénifères, la teneur moyenne en Mo
s’établit autour de 0,17%.

2.3. Les altérations hypogènes

Cinq (5) zones d’altérations hypogènes ont été mise en évidence dans les intrusions porphyriques et
leur encaissant qui constituent le support des minéralisations:

-L’enveloppe: elle apparait au-delà des corps minéralisés sur des largeurs variables de plusieurs
centaines de milliers de mètres à l’absence quasi – totale dans certains districts minéralisés. La largeur
moyenne s’établit autour de 800 à 1000 m. Cette zone se reconnait surtout par le blanchissement des
roches et par la présence de séricite. Sa limite externe n’est pas facilement reconnaissable, elle est
graduelle et diffuse notamment lorsque la zone altérée est assez développée.

-La zone d’altération externe: Elle est de nature propylitique et se caractérise par l’association:
chlorite-épidote-calcite plus essentiellement séricite. Cette zone se développe surtout au dépens des
minéraux ferromagnésiens (amphiboles, biotites) et des plagioclases. Elle est toujours extérieure au
corps minéralisé et aux zones d’altération argileuse et phylliteuses lorsque celles – ci existent.

-La zone intermédiaire appelée zone d’altération argileuse se caractérise par une altération de nature
argileuse marquée par d’importantes silicifications. L’association minérale est constituée surtout de
quartz – kaolinite – montmorillonite – séricite; elle n’apparait pas toujours dans les districts
minéralisés.

-La zone interne appelée zone d’altération phylliteuse (ou zone d’altération séricitique) selon les
auteurs correspond à une altération à «quartz – séricite – pyrite» avec parfois présence de feldspath
potassique occupant le cœur des intrusions; la présence de la kaolinite le rapproche de l’altération
argileuse. Cette zone d’altération est ainsi difficilement repérable puisqu’il suffit de la présence d’un
minéral: kaolinite ou feldspath potassique pour qu’elle puisse être classée argileuse ou potassique. Les
corps minéralisés productifs apparaissent dans cette zone d’altération.

-La zone centrale: elle est constituée par l’une des associations potassiques suivantes:

«Quartz – feldspath K – biotite»


«Quartz – feldspath K – biotite – séricite»
«Quartz – feldspath K – biotite – et en plus faible proportion chlorite, albite, fluorine, anhydrite,
et/ou tourmaline»
«Quartz – feldspath K – séricite»
«Quartz – feldspath K»

Cette division essentiellement fondée sur les paragenèses minérales conduit à reconnaitre de
l’intérieur vers l’extérieur la séquence d’altération suivante: potassique, phylliteuse (séricitique),
argileuse, propylitique. Toutefois cette séquence d’altération n’est pas toujours complète, elle peut
être tronquée ou présenter des lacunes, mais les termes qui apparaissent sont toujours disposés dans
le même ordre.

La minéralisation exploitable apparait généralement entre la zone potassique et la zone phylliteuse,


mais préférentiellement dans la zone phylliteuse. En profondeur se développe une association de

12
4
«feldspath K – biotite - séricite grossière – chlorite – albite» sans que l’on puisse préciser ces relations
avec les zones précédentes.

2.4. Les minéralisations hypogènes:

Les associations métallifères sont ici fortement corrélées avec les zones d’altération précédemment
décrites:

-L’enveloppe: Elle renferme de manière assez systématique encore que quelquefois discrète de
proportions ou parfois de petits gisements essentiellement filoniens et situés à la limite externe de la
zone d’altération propylitique. Les minéraux les plus fréquents sont entre autres: sphalérite, galène,
minéraux d’argent, chalcopyrite, or et pyrite. Rarement il apparait de l’oligiste énargite, cuivre gris,
barytine, sulfosels divers, minéraux de manganèse et de vanadium.

-la zone externe: La minéralisation est ici essentiellement pyriteuse avec des quantités subordonnées
et variables: bornite, molybdénite, magnétite, oligiste, rhodocrosite, sphalérite, galène et rhodonite.

-La zone intermédiaire: Elle présente une minéralisation surtout pyriteuse à chalcopyrite avec un
rapport pyrite / chalcopyrite de l’ordre de 23/1. La bornite, la molybdénite, le cuivre gris, la sphalérite,
la galène,, l’énargite, la chalcopyrite et l’hübnerite apparaissent en quantités subordonnées.
Quelquefois des minéralisations exploitables se développent dans cette zone.

-La zone interne: La minéralisation est également pyriteuse avec 16% en poids dans les porphyres
cuprifères productifs. Le rapport pyrite/chalcopyrite est voisin de 12,5/1. Cette zone renferme le plus
souvent les corps minéralisés exploitables avec une paragenèse constituée de pyrite dominante, de
chalcopyrite, de molybdénite et en moindre de proportion: bornite, chalcocite, sphalérite, énargite et
magnétite. La richesse particulière en pyrite et chalcopyrite de cette zone en fait lieu électif des
phénomènes de cémentation.

-La zone centrale: La métallisation de cette zone est généralement faible avec 1% de poids de pyrite et
un rapport pyrite/chalcopyrite de 3/1. Elle renferme généralement en plus de ces deux sulfures de la
molybdénite.

2.5. Habitus de la minéralisation:

D’une manière générale, la minéralisation apparait soit sous forme de veinules, soit sous forme de
grains disséminés selon le degré de fracturation des roches supports et formant un réseau de fissures
interconnectées plus ou moins denses par endroits. Les roches minéralisées semblent avoir été
imbibées par des solutions minéralisantes qui se sont servies du réseau de fractures comme voies
d’accès. On constate également une variation de l’habitus de la minéralisation comme suit de la
périphérie vers le centre:

1. filons dans la zone périphérique;


2. réseau de veinules dans la zone externe;
2. veinules et en moindre proportion grains disséminés dans la zone intermédiaire;
4. veinules et grains disséminés en proportions identiques dans la zone interne;
5. disséminations prédominante dans la zone centrale.

3. Modèle de mise en place génétique.

12
5
Les corrélations étroites qui apparaissent entre la distribution des minéralisations et la distribution des
altérations indiquent un synchronisme entre le dépôt de la minéralisation et celui des altérations.

3.1. Modèle statique. Meyer et Hemley considèrent les altérations comme la conséquence du
déséquilibre chimique existant entre les minéraux des roches et les solutions hydrothermales qui les
imbibent. Ce déséquilibre persistant serait dû au renouvellement en élément attaquant des solutions
accompagnées d’une élimination des produits de l’attaque par un processus de double diffusion en
solvant stationnaire.
Selon ce modèle la chaîne des altérations propylitique – argileuse – phylliteuse correspond à une
hydrolyse de plus en plus poussée des silicates de la roche support par apport d’ions H+ et départ
progressif des ions Na+, Ca+, Mg2+ et SiO2. La réaction d’hydrolyse d’orthosilicate illustre parfaitement
ce phénomène qui s’est bien développé à Butte (Montana).

3KAlSi3O8 + 2H+ → KAl2AlSi3O10 (OH)2 + 2K+ + 6SiO2

Dans ce modèle les gradients d’activité de l’ion H+ diminuent de la partie centrale vers la périphérie.
Toutefois la présence de l’altération potassique dans la partie centrale qui exige en outre pour une
même température un rapport K+/H+ plus élevé par rapport à l’altération phylliteuse s’oppose à ce
modèle retenue jusqu’ici.
Par ailleurs à Butte comme sur certains autres gisements, l’altération potassique semble bien être
antérieure à l’altération phylliteuse. Cette constatation amena Meyer et Hemley à considérer
l’altération potassique à magnétite, biotite, anhydrite comme caractérisant un environnement dans
lequel les solutions d’un magma en voie de cristallisation commenceront à réagir sur les premiers
minéraux déposés. Ces réactions comportent essentiellement des échanges de base alcalins entre eux
ou avec le calcium des plagioclases. Dans ces environnements se développe facilement une
métasomatose H+ provoquant la chloritisation des biotites, l’altération des chlorites, des amphiboles,
etc.. et la formation des carbonates. Il apparait ainsi en définitive que l’altération potassique est de
nature tardi - magmatique (ou deutérique) alors que les altérations phylliteuse, argileuse et
propylitique sont de nature hydrothermale.
La stabilité des paragenèses sulfurées dans ces domaines d’altération dépend surtout pour une
température de la fugacité en oxygène et de la fugacité en soufre du milieu.

3.2. Modèle dynamique: Les études géologiques menées par les différents auteurs qui se sont
intéressés aux porphyres cuprifères montrent que les constituants majeurs des solutions
hydrothermales participant aux réactions d’échanges avec les épontes n’apparaissent pas en dehors
de la silice, dans la caisse filonienne elle – même. Cette constatation avait conduit les auteurs
précédents à proposer l’idée d’une solution circulante fournissant des ions H+ aux épontes afin que
progressent les altérations et recevant les cations basiques dont elle est susceptible d’éliminer les
effets par génération d’ions H+. Les causes d’une telle régénération sont peu nombreuses et dépendent
surtout de deux (2) paramètres essentiels selon les théoriciens de la chimie hydrothermale. Ce sont:
1. la diminution de la température qui favorise l’augmentation de la dissociation ionique de l’eau, mais
surtout celle des acides minéraux notamment HCl contenue dans la solution hydrothermale.
2. L’oxydation des acides faibles en acides forts, notamment l’oxydation de H2S, HS- et S2-. Cette
oxydation n’est théoriquement envisageable que dans le cas d’un mélange des solutions
hydrothermales avec les eaux météoriques. Cette idée est confirmée par l’analyse des systèmes
thermiques probables dans les gisements porphyriques comme celui de Butte et explique le
refroidissement des solutions minéralisantes par un mélange de ces solutions avec les eaux
météoriques. Ainsi pourrait s’expliquer les forts gradients géothermiques (50 à 70°C/km) nécessaires
pour provoquer la régénération des ions H+ et la distribution corollaire des altérations et des
minéralisations.

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Les modifications subies par les solutions minéralisantes lors des échanges avec les parois déterminent
la précipitation des éléments mineurs (métaux etc..) et du soufre dans le milieu.
Par ailleurs les études menées par Sheppard, Nielson et Taylor (1969 -1971) sur les isotopes stables de
l’oxygène (O18/O16) et de l’hydrogène (O/H) à partir des minéraux argileux après élimination soigneuse
de l’eau adsorbée et à partir de quartz des différentes zones d’altérations argileuse, phylliteuse (ou
séricitique) contiennent un grand pourcentage d’eaux météoriques. C’est le cas notamment à Butte
où les solutions sont responsables des altérations comportant les minéraux argileux, contiennent entre
50 à 90% d’eau d’origine météorique.
D’autre part les études d’inclusions fluides des gisements porphyriques conduites par les différents
géologues, en l’occurrence l’équipe de Roedder (1971) montre que:

1. la composition des fluides hydrothermaux responsables des altérations varie depuis l’eau
pratiquement pure jusqu’à des saumures contenant plus de 60% de sels, soit des bains aqueux de sels
fondus, notamment dans certaines veinules à «quartz – molybdénite – chalcopyrite» et de la partie
centrale. Les inclusions fluides des zones périphériques présentent au contraire une faible salinité.
2. les températures enregistrées dans la zone centrale sont toutes supérieures à 400°C, avec un
maximum de 640° à 725°C. En revanche les zones périphériques présentent des températures
inférieures à 293° – 330°C. Ainsi il apparait que de nombreux porphyres cuprifères présentent des
inclusions à forte salinité et des inclusions à faible salinité. Cette dualité semble être caractéristique
des intrusions métallifères. Les fluides à faible salinité semblent correspondre à des eaux d’origine
météorique comme l’indique l’analyse isotopique. En revanche les inclusions à forte salinité peuvent
être considérées soit comme des fluides deutériques provenant de l’immiscibilité d’un bain silicaté et
d’un bain hydrosalin comme le proposèrent White et al (1971), soit comme des saumures provenant
de l’ébullition d’eau déjà très salées à la base des systèmes géothermiques à vapeur dominante.
De l’ensemble de ces observations, il ressort le modèle métallogénique suivant:
-des eaux météoriques percolent en profondeur et participent au circuit convectif qui s’installe tout
autour des intrusions porphyriques. Ces eaux se saturent en sels et s’échauffent en profondeur, elles
remontent dans les stocks vers leur partie centrale et produisent par réactions avec les feldspaths, de
la montmorillonite et de la kaolinite. Les quantités d’eaux météoriques impliquées dans les altérations
des porphyres cuprifères classiques (climax, Ely, santa – Rita) semblent moins importantes que celles
impliquées dans l’altération des porphyres cuprifères de type filonien (gisement de Butte). Par ailleurs
deux faits essentiels apparaissent de l’étude de ces gisements:

- d’une part, la limite entre la zone d’altération potassique et la zone d’altération phylliteuse (ou
séricitique) correspond au dépôt des corps minéralisés plus riches;
- d’autre part cette même limite correspond à l’interface entre les eaux à dominance magmatique
et les eaux à dominance météoriques.

En conséquence on doit rechercher les causes du dépôt de la minéralisation dans les variations de
température, ph, salinité, etc.. qui apparaissent à proximité de cette frontière.

4. Localisation géotectonique des porphyres cuprifères

La plupart des gisements de porphyres cuprifères connus dans le monde sont localisés dans des zones
mobiles. Elles correspondent soit à des zones de subduction actuelle comme la plupart des gisements
liés à des arcs insulaires où à des marges continentales actives (bordure du continent américain), soit
à des zones de subduction fossiles comme la plupart des gisements du Kazakhstan central de l’arc
médian du système alpin (Balkanides aux Iranides).

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Actuellement un grand nombre de gisements porphyriques sont connus sur la bordure ouest du
continent américain où se déroule la subduction de la plaque pacifique sous la plaque américaine. Ces
gisements apparaissent dans la province des Basin and Range de l’ouest de l’Amérique du nord, en
Amérique centrale et Amérique du sud au niveau de la grande province cuprifère du Pérou – Chili.

Les gisements de porphyres cuprifères sont associés au magmatisme calcoalcalin qui résulte de la
fusion partielle des éclogites quartzites de la croûte de la plaque plongeante au cours de la
déshydratation des serpentinites, à des intervalles de profondeurs compris entre 100 – 150 km. Le
magma ainsi formé remonte en surface par diapirisme. Il s’appauvrit en fer et s’enrichit en K2O, Al2O3
et TiO2 par cristallisation fractionnée pour former au voisinage de la surface la série calcoalcaline à
minéralisation cuprifère.

La remontée du magma calcoalcalin est aussi favorisée par la présence de mouvements de distension
à l’arrière du front volcanique pouvant conduire à la formation des bassins marginaux à plancher
océanique constituée exclusivement de croûte océanique. Ces mouvements de distension résultent de
la combinaison des mouvements de surrection qui se manifestent au niveau du front volcanique et des
mouvements d’affaissement dus à l’accumulation des sédiments provenant de l’érosion du front
volcanique.

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