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La linguistique comparée

les néogrammairiens
Malika Bahmad
S5/2020
L’école de Leipzig
• Depuis plus de deux millénaires, les hommes
construisent une réflexion sans cesse
renouvelée sur leur langage. La diversité et la
variation linguistiques ont depuis toujours
suscité leur intérêt et aiguisé leur curiosité. Ne
sont-elles pas à l’origine de la plus belle
invention humaine : l’écriture alphabétique ?
• Le contact que les Phéniciens avaient avec
d’autres civilisations, par le biais de leur activité
de commerçants, les a sensibilisés à la diversité
linguistique. La comparaison des langues en
contact les a incités à élaborer un système
d’écriture alphabétique différent du système
hiéroglyphique des Egyptiens et du système
idéogrammatique des Chinois. Ils ont conçu, au
XIIème siècle av. J.C, le premier alphabet
phonétique à base consonantique, ou plutôt
syllabaire, qui consistait à représenter les sons de
la parole par un ensemble fini de symboles
univoques (22 lettres - consonnes).
• On peut les considérer comme les pionniers
de la linguistique appliquée, essentiellement
de la phonétique. Les Phéniciens ont ouvert
ainsi la voix aux premières réflexions
phonétiques développées par les Grecs qui
ont complété l’alphabet phénicien en y
ajoutant des symboles représentant les
voyelles.
• La tradition gréco-romaine va persister
jusqu’au Moyen-âge, qui était marqué par de
grandes réformes de l’orthographe grâce à
l’invention de l’imprimerie.
• La Renaissance marque un tournant décisif
dans l’histoire des recherches sur les langues.
La rupture avec des idées préconçues sur
l’humanité et sur le langage était déclenchée.
Les Occidentaux entrent en contact avec
l’arabe et l’hébreu et avec des traditions
grammaticales non gréco-latines. A cette
époque, la linguistique arabe avait atteint son
apogée avec Sibawaih. En phonétique, il a
proposé une description des sons
indépendante de l’orthographe. Il a identifié
les consonnes emphatiques et noté leur
influence sur les voyelles.
• En raison de la montée du nationalisme et du patriotisme, les
Occidentaux montrent de plus en plus un intérêt pour leurs
langues vernaculaires qu’ils érigent au statut de langues
officielles. Le Latin n’est plus conçu comme langue unique. Il
devient une langue seconde apprise à l’école.
• Les études en linguistique se sont organisées autour de deux
tendances.
• La tendance empirique : elle s’est développée en Angleterre à
partir de la philosophie de Locke qui considère que toute
connaissance dérive des sens, autrement dit, c’est
l’observation qui est à l’origine de toute connaissance.
L’empirisme a favorisé la phonétique descriptive et s’est
intéressé aux variations grammaticales spécifiques aux
langues.
• La tendance rationaliste : elle émane de la philosophie de
Descartes. Elle s’est développée en France à travers les
études de Port-Royal qui soulignent l’impact de la logique sur
la grammaire. Elle défend l’idée d’une grammaire universelle
puisque toutes les grammaires ont un lien commun : la
perception, le jugement et le raisonnement.
• Les rationalistes cherchent ce qui est commun
et constant alors que les empiristes cherchent
ce qui distingue les langues les unes par
rapport aux autres. Cette divergence de points
de vue prévaut actuellement, plusieurs siècles
après, et continue à animer le débat entre les
structuralistes et les générativistes.
• Les années qui ont suivi la Renaissance ont servi à
collecter les données pour le développement de la
linguistique comparative connue pour sa référence
constante à l’histoire.
• L’historicisme atteint son apogée avec les travaux de
l’école de Leipzig, dite aussi école des Néogrammairiens.
• Il développe une théorie idéologique explicative qui
tente d’analyser et d’expliquer tous les phénomènes
linguistique et même psychologiques, sociologiques,
politiques,… par référence à l’histoire.
• Etudier une langue au XIXème siècle, c’est se référer
obligatoirement à son histoire pour tenter de trouver sa
forme primitive et pour la rattacher à une famille.
• L’école de Leipzig développe la thèse de la
génétique: les langues étaient étudiées comme
des organismes vivants. L’objectif recherché
par les Néogrammairiens était de trouver un
ancêtre commun à un ensemble de langues
connues. Ils s’appuient sur les langues
attestées pour prédire le fonctionnement des
langues non attestées, en essayant de
reconstituer un état antérieur de ces langues.
C’est ainsi que plusieurs familles de langues
ont été reconstituées.
• La linguistique comparée va connaitre son âge d’or
grâce, essentiellement, à la découverte du
sanscrit, à travers le contact de l’Europe et de
l’Inde. A partir de la reconstitution de l’hypothèse
indo-européenne, le langage devient un objet
d’observation pour lui-même. Louis Ferdinand de
Saussure, lui-même initié à cette démarche dans sa
jeunesse à l’école des Néogrammairiens, a fait ses
premières recherches sur l’indo-européen. Il a
essayé de reconstituer le système phonétique de
l’indo-européen dans un ouvrage intitulé
« Mémoire sur le système primitif des voyelles dans
les langues en indo-européennes », publié à Leipzig
en 1879.
• Dans cet ouvrage, il a adopté un raisonnement structural
à propos d’une étude historique, en rapprochant les
systèmes phonologiques arien et européen, nord-
européen et sud-européen, grec et latin. Ce travail
constitue la transition entre la démarche historique et le
nouveau raisonnement structural.
• Cette reconstruction ne pourra se faire, selon Saussure,
qu’en dépassant le raisonnement historique et en
adoptant un raisonnement structural. Dans le titre de ce
travail, il introduit d’emblée la notion de système. Il
établit deux types de comparaisons :
• la correspondance des systèmes d’une langue à l’autre ;
• la correspondance des unités à l’intérieur d’une même
langue.

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