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LA LINGUISTIQUE HISTORIQUE ET COMPARÉE

1 Méthodes et domaines
DE LA LINGUISTIQUE HISTORIQUE
A Histoire et comparaison des langues
► Telle qu’elle est apparue au XIXe siècle*, la linguistique historique s’est fondée sur la
constatation, à partir de la découverte du sanscrit, qu'il existait entre certaines langues des
ressemblances, et que les différences entre les langues présentant ces similitudes pouvaient
être expliquées de façon systématique. De là est née l’idée que des groupes de langues
descendaient d’une même source et présentaient donc une filiation. Le résultat premier de la
linguistique historique et comparée fut de répartir les langues en familles.
► Dans un second temps, mais très rapidement après cette inspiration première, la
linguistique historique s’est intéressée à la diachronie* d’une seule et même langue (Jacob
Grimm sur l’allemand, par exemple). La linguistique historique s’est aussi attelée à la
reconstruction, soit de langues disparues, soit d'états anciens d’une langue existante sur
laquelle nous n’avons plus beaucoup de témoignages. La difficulté est alors de se procurer un
matériau sûr. Dans beaucoup de langues, nous n’avons aucune trace écrite des états anciens.
B Domaines de la linguistique historique
► La perspective historique peut s’appliquer à la phonétique, pour expliquer comment
certains sons se transforment en d’autres d’une manière régulière (comment sont nées les
voyelles nasales en français, par exemple). Cette transformation est indépendante aussi bien
de la signification du mot que de son statut grammatical. La phonétique* historique s’efforce
de dater aussi précisément que possible ces diverses mutations et de montrer comment elles
s’organisent entre elles. La morphologie* historique explique selon quelles règles précises
les mots se construisent, par la somme d’une flexion et d’un radical, par exemple. La
sémantique* historique étudie le changement du sens des mots.
► Dans son développement, la linguistique historique a parfois été en relation avec
Y étymologie, d’abord recherche de l’origine des mots, puis description de leur histoire.
L'histoire des noms propres fait partie d’une discipline qu’on nomme onomastique, et qui
regroupe l’étude des noms de lieux, ou toponymie, et celle des noms de personnes, ou
anthroponymie.
► Depuis l’apparition en linguistique, au début du x x e siècle, de la perspective
synchronique*, la linguistique historique a changé d’inspiration. Elle se consacre moins aux
facteurs externes intervenant dans l’histoire de la langue (facteurs politiques, sociaux, etc.) et
se concentre sur son histoire interne. On parle alors parfois de linguistique diachronique. La
linguistique diachronique s’efforce de suivre le système d’une langue au fil de son histoire.
2 Le changement linguistique et ses causes
A Les caractères du changement
► C’est un fait que les langues changent. À quoi est dû le changement linguistique?
Si, au xix e siècle, on considérait volontiers que ce changement était une sorte de« vie », qui
avait ses lois et sa régularité, on s’aperçoit aujourd’hui qu’en réalité il peut être lié à des
facteurs très complexes : géographiques, politiques, sociologiques, esthétiques, etc. La
manière dont les enfants acquièrent leur langue maternelle est déterminante, de même que la
manière dont un fait nouveau peut se répandre entre les locuteurs. Trois tendances peuvent
entrer en jeu : une tendance à une certaine analogie entre des formes voisines, une tendance à
la simplification et une tendance à la complexification. De plus, à l’échelle d ’une langue, rien
ne change soudainement, tout évolue progressivement. Ainsi, certains phénomènes sont
longtemps en variation* avant de changer vraiment.
► L’étude du changement linguistique permet de faire la différence entre ce qui relève de
l’héritage et ce qui relève de l’emprunt. Ainsi, certains mots du français ont subi une
évolution progressive sur la même base de départ ; d’autres ont été soit empruntés, soit
consciemment moulés sur d’anciens mots latins. Ainsi trouve-t-on en français de nombreux
doublets, écouter et ausculter, par exemple, la seconde forme ayant été moulée sur le latin au
XVIIe siècle. Cette étude révèle aussi le caractère composite de bien des langues, faites de
nombreux emprunts à des langues étrangères, et de nombreux croisements d’influences.
B Quel sens donner au changement linguistique?
► Bien souvent, on est tenté de voir dans le changement linguistique soit un progrès, soit une
dégénérescence. C’est ainsi que Franz Bopp et August Schleicher, par exemple, au XIXe
siècle, considéraient que les formes que nous utilisons aujourd’hui sont le produit d ’une
érosion de formes plus anciennes, érosion qui serait due au fait que la langue fait l’objet d’une
utilisation par l’homme, qu’elle est un instrument dans ses mains et qu’elle subit donc sa
tendance au moindre effort.
► Aujourd’hui, les recherches font apparaître la complexité des facteurs qui interviennent
dans le changement linguistique. Bien souvent, ce changement ne peut être attribué à une
seule cause, mais à un mélange de plusieurs causes.

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