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Module1. Item 6.

Le dossier médical.
L'information du malade.
Le secret médical.

F. Kohler, E. Toussaint, Septembre 2005

F. Kohler, E. Toussaint Septembre 2005 Laboratoire SPI-EAO. Fac. Médecine de Nancy. UHP 1
Module 1 : Item 6 (Objectifs)
• Le dossier médical :
– Connaître le contenu obligatoire du dossier en
établissement de santé et les règles de bonnes
pratiques y afférant.
– Connaître les règles du dossier médical personnel
– Connaître les règles du dossier en exercice libéral
– Connaître les règles d’accès au dossier médical.
– Connaître les règles de conservation du dossier

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Module 1 : Item 6 (Objectifs)
• L’information du malade
– Connaître les obligations réglementaires et la
finalité de cette obligation vis-à-vis du patient
et de ses proches.
– Connaître les obligations vis-à-vis de
l’information concernant les bénéfice et les
risques diagnostiques ou thérapeutiques.
– Connaître les éléments de preuve de la
délivrance de cette information.

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Module 1 : Item 6 (Objectifs)
• Le secret médical
– Connaître le champ d’application du secret
médical et professionnel.
– Connaître les conséquences de son respect

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Le dossier médical
• Définition :
– Ensemble des informations médicales, soignantes,
sociales et administratives qui permettent d’assurer
la prise en charge harmonieuse et coordonnée d’un
patient en termes de soins et de santé par les
professionnels qui en assurent la prise en charge.
– C’est à partir du dossier que l’on assure la
traçabilité de la démarche de prise en charge et
c’est à partir de vues différentes des données qu’il
contient que l’on élabore des bilans d’activité, la
tarification à l’activité (PMSI) et des travaux de
recherche et des cas types pour l’enseignement.

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L’information et
sa représentation
• Des données de base et des synthèses:
– Information initiale
• Données de l’interrogatoire et du discours du patient (expression du
patient)
• Données textuelles structurées (carte d’identité…)
• Données de l’examen clinique exprimées par le professionnel de
santé (langage spécialisé)
• Données quantitatives (poids,taille …)
• Données non textuelles (images statiques, dynamiques, sons)
– Les données initiales vont alimenter un raisonnement médical le
plus souvent hypothético déductif qui va permettre à un
professionnel d’élaborer une information synthétique et une
stratégie diagnostique et thérapeutique
– L’influence du temps va être importante dans la pertinence des
données.

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Représentation des données
– Les données peuvent être brutes (sexe masculin, 98 kilos, 1,50 m) :
dans ce cas cela nécessitera un travail d’interprétation et de synthèse à
chaque lecture.
• « compte tenu de sa taille et de son sexe, il a une surcharge pondérale »
• ou encore synthétisée en un diagnostic; « il est porteur d'une obésité due à
un excès calorique »
• que l'on peut coder « dans la classification internationale des maladies de
l'OMS en E66.0 ».
– Les données brutes peuvent également recouvrir différents types de
données informatiques.
– L’implantation informatique des données quel que que soit leur type va
conditionner les possibilités de les traiter automatiquement
– L’utilisation des données peut être facilitée par des liens sémantiques
– Le passage entre données brutes, données interprétées, synthèse, fait
appel à des connaissances du domaine et ne peut que très rarement
être automatisé

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Contenu réglementaire dans
les établissements de santé
• Décret 2002-637 du 29 avril 2002 : art 710-2-2
– Le dossier comporte l'identification du patient ainsi que, le cas échéant, celle de
la personne de confiance définie à l'article L. 1111-6 et celle de la personne à
prévenir.
– « Chaque pièce du dossier est datée et comporte l'identité du patient (nom,
prénom, date de naissance ou numéro d'identification) ainsi que l'identité du
professionnel de santé qui a recueilli ou produit les informations.
– Les prescriptions médicales sont datées avec indication de l'heure et signées ; le
nom du médecin signataire est mentionné en caractères lisibles. »

• 1) Les informations recueillies lors des consultations externes


dispensées dans l‘établissement, lors de l'accueil aux urgences ou au
moment de l'admission ou en cours d'hospitalisation
– La lettre du médecin qui est à l'origine de la consultation ou de l'admission ;
– Les motifs d'hospitalisation ;
– La recherche d'antécédents et de facteurs de risques;
– Les conclusions de l'évaluation clinique initiale ;
– Le type de prise en charge prévu et les prescriptions effectuées à l'entrée ;
– La nature des soins dispensés et les prescriptions établies lors de la consultation
externe ou du passage aux urgences

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Contenu réglementaire dans
les établissements de santé
• État clinique, soins reçus,
• Examens para-cliniques, notamment d'imagerie ;
• Les informations sur la démarche médicale (bénéfice/risque), adoptée
• Le consentement libre et éclairé dans les conditions prévues à l'article
L.1111-4 ;(consentement, libre et éclairé, préalable du patient à tout acte
médical ou à tout traitement)
• Le dossier d'anesthésie ;
• Le compte rendu opératoire ou d'accouchement ;
• Le consentement écrit du patient pour les situations où ce consentement est
requis sous cette forme par voie légale ou réglementaire (recherche);
• La mention des actes transfusionnels pratiqués sur le patient et, le cas
échéant, copie de la fiche d'incident transfusionnel mentionnée au deuxième
alinéa de l'article R. 666-12-24 ;
• Les éléments relatifs à la prescription médicale, à son exécution et aux
examens complémentaires ;
• Le dossier de soins infirmiers ou, à défaut, les informations relatives aux
soins infirmiers;
• Les informations relatives aux soins dispensés par les autres professionnels
de santé ;
• Les correspondances échangées entre professionnels de santé

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Contenu réglementaire dans
les établissements de santé
– 2) Les informations formalisées établies à la fin du séjour
• Le compte rendu d'hospitalisation et la lettre rédigée à l'occasion de
la sortie ;
• La prescription de sortie et les doubles d'ordonnance de sortie ;
• Les modalités de sortie (domicile, autres structures);
• La fiche de liaison infirmière.
– 3) Informations mentionnant qu'elles ont été recueillies
auprès de tiers n'intervenant pas dans la prise en charge
thérapeutique ou concernant de tels tiers (famille, proches…).
« Sont seules communicables au patient les informations
énumérées aux 1) et 2) ».

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Dossier et Haute autorité en
Santé (ANAES)
• Recommandations (synthèse)
– Retrouver rapidement et sans risque d’erreur le bon dossier
– Se remémorer les contenus des rencontres précédentes
– Disposer à tout moment d’une histoire médicale actualisée et
synthétique comportant les éléments utiles à la prise de décision
– Structurer le recueil d’information au moment des rencontres
– Expliciter les arguments qui sous-tendent les décisions
– Planifier et assurer un suivi personnalisé en tenant compte du
patient (pathologies présentes, facteurs de risques…)
– Favoriser la transmission à un autre soignant
– Minimiser le risque iatrogène
– Documenter les faits relatifs à la prise en charge
• Le dossier du patient est un point important de la
procédure d’accréditation (certification)

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Conservation des dossiers
- Article R.710-2-7
- Dans les établissements de santé publics ou privés
participant au service public hospitalier: les
informations concernant la santé des patients sont
conservées conformément à la réglementation
relative aux archives publiques hospitalières
- Dans les établissements de santé privés, ces
informations sont conservées dans l’établissement
sous la responsabilité d’un ou de plusieurs médecins
désignés à cet effet par la conférence médicale
– Dans tous les cas, le directeur de l’établissement
veille à ce que les dispositions soient prises pour
assurer la garde et la confidentialité des informations
de santé conservées dans l’établissement

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Conservation des dossiers
• Conservation du Dossier Médical : Loi n°79-18 du 3 janvier 1979 sur les
archives qui précise leur définition, deux niveaux :
– l’organisation du contenu : tri par les services des documents pertinents à
conserver
– archivage du contenant :
• indexation des dossiers
• un service central des archives
• Conservation du Dossier Médical dans le temps
– Arrêté interministériel du 11 mars 1968
• 20 ans en règle générale
• 70 ans pour les affections de pédiatrie, de neurologie,de stomatologie et les maladies
chroniques
• indéfiniment pour les maladies héréditaires pouvant avoir un retentissement sur la
descendance
• 40 ans pour les documents liés à la transfusion et à la traçabilité sanguine
– mais aussi:
• 5 ans pour les autorisations d’opérer un mineur
• 5 ans pour les autorisations d’autopsie et de prélèvements d’organes
• 20 ans pour les PV d’autopsie
• 10 ans pour les bons de médicaments, produits chimiques et toxiques
• ...

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Conservation du dossier et
responsabilités
• Face à l’utilisation médico-légale des dossiers, nécessité de prendre en
compte une législation hétérogène en matière de prescription avant la Loi
du 4 mars 2002
– responsabilité civile : prescription 30 ans (article 2262 du code civil)
– responsabilité pénale
– responsabilité administrative
• La loi du 4 mars 2002 instaure une prescription spécifique à la
responsabilité médicale: « les actions tendant à mettre en œuvre la
responsabilité des professionnels de santé ou des établissements de santé
publics ou privés à l’occasion d’actes de prévention, de diagnostic, ou de
soins se prescrivent par dix ans à compter de la consolidation du dommage
»
• En 2004 un projet de décret (non paru en septembre 2005):
– Une durée de conservation fixée à 20 ans à compter du dernier passage du
patient dans l’établissement
• 10 à compter du décès du patient lorsque ce délai expire moins de 20 ans après son
dernier passage dans l’établissement
• à l’inverse, les informations de santé concernant des mineurs seraient conservées au
moins jusqu’au 28ème anniversaire des intéressés
– Les délais de conservation seraient suspendus en cas d’introduction d’un
recours gracieux ou contentieux
– Les personnes concernées peuvent demander à ce que l’original de leur dossier
médical (support papier) leur soit remis avant élimination
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Dossier médical en libéral
• Le code de déontologie médicale (décret 95 - 1000 du 6
septembre 1995) prévoit dans l’article 45 que le médecin
doit tenir pour chaque patient une fiche d’observation qui
lui est personnelle ; cette fiche est confidentielle et
comporte les éléments actualisés, nécessaires aux
décisions diagnostiques et thérapeutiques.
• Le professionnel de santé doit assurer la sécurité en
particulier en terme d’intégrité et de confidentialité des
informations ainsi détenues mais les moyens à mettre en
œuvre pour garantir cette sécurité ne sont pas précisés
• Le médecin doit transférer le dossier :
– à un autre médecin sur demande du patient
– au médecin désigné par le patient en cas de cessation d’activité

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Dossier Médical Personnel: DMP
• La loi n°2004-810 du 13 août 2004 5 (Article L161-36-1 et suivant(s) )
relative à l’assurance maladie a prévu, dans ses articles 3 à 5, la création
du dossier médical personnel. Cette création s’inscrit en outre dans le cadre
législatif sur l’hébergement des données de santé, fixé par la loi n°2002-
303 du 4 mars 2002 relative aux droits des malades et à la qualité du
système de santé.
• Le dossier médical personnel a pour objet de :
– favoriser la coordination, la qualité et la continuité des soins (loi du 13 août
2004) ;
– améliorer la communication des informations de santé, sous le contrôle du
patient concerné notamment pour ce qui concerne la confidentialité et
conformément aux droits des patients dans le domaine des données
personnelles de santé (Loi du 4 mars 2002: Article L1111-7 du Code de la santé
publique) ;
– par l’implication dans cette démarche des acteurs de soins que sont les
professionnels de santé et les patients eux-mêmes, réduire les accidents
iatrogènes et les examens redondants et de diminuer les coûts inutiles.
• Le dossier médical personnel est un nouvel outil qui doit constituer, pour
l’ensemble des professionnels de santé et de soins, un support
d'information fédérateur autour et au service du patient.

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DMP
• LE PATIENT
– Le patient doit pouvoir être associé à son dossier
sans ambiguïté ni erreur de façon à garantir la
confidentialité des informations et à éviter les risques
d’erreur médicale liée à une erreur d’identification du
patient.
– Le patient a, seul, le contrôle d'accès à son dossier.
– Le patient accède à son dossier, aux traces des
accès à son dossier et aux autorisations d' accès à
son dossier.
– Le patient peut aussi alimenter lui- même l’espace
privé de son dossier.

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DMP
• LES PROFESSIONNELS DE SANTÉ ET
LES ÉTABLISSEMENTS DE SANTÉ
– Lorsque le patient rencontre un professionnel
de santé en consultation, il donne
éventuellement l'accès de son dossier à cette
personne.
– Lorsqu'il entre en admission dans un
établissement de santé, il donne
éventuellement l'accès de son dossier à une
équipe de soins.

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DMP
• HÉBERGEURS Article L1111-8 du CODE DE LA SANTÉ
PUBLIQUE
– Les professionnels de santé ou les établissements de santé ou la
personne concernée peuvent déposer des données de santé à
caractère personnel, recueillies ou produites à l'occasion des activités
de prévention, de diagnostic ou de soins, auprès de personnes
physiques ou morales agréées à cet effet. Cet hébergement de
données ne peut avoir lieu qu'avec le consentement exprès de la
personne concernée.

– Les traitements de données de santé à caractère personnel que


nécessite l'hébergement prévu doivent être réalisés dans le respect des
dispositions de la loi nº 78-17 du 6 janvier 1978 relative à l'informatique,
aux fichiers et aux libertés. La prestation d'hébergement fait l'objet d'un
contrat. Lorsque cet hébergement est à l'initiative d'un professionnel de
santé ou d'un établissement de santé, le contrat prévoit que
l'hébergement des données, les modalités d'accès à celles-ci et leurs
modalités de transmission sont subordonnées à l'accord de la personne
concernée.

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Condition d’agrément
– Les conditions d'agrément des hébergeurs sont fixées par décret
en Conseil d'Etat pris après avis de la Commission nationale de
l'informatique et des libertés et des conseils de l'ordre des
professions de santé ainsi que du conseil des professions
paramédicales.
– L'agrément peut être retiré, dans les conditions prévues par
l'article 24 de la loi nº 2000-321 du 12 avril 2000 relative aux
droits des citoyens dans leurs relations avec les administrations,
en cas de violation des prescriptions législatives ou
réglementaires relatives à cette activité ou des prescriptions
fixées par l'agrément.
– Les hébergeurs tiennent les données de santé à caractère
personnel qui ont été déposées auprès d'eux à la disposition de
ceux qui les leur ont confiées. Ils ne peuvent les utiliser à
d'autres fins. Ils ne peuvent les transmettre à d'autres personnes
que les professionnels de santé ou établissements de santé
désignés dans le contrat prévu au deuxième alinéa.

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Les hébergeurs
– Les hébergeurs de données de santé à
caractère personnel et les personnes placées
sous leur autorité qui ont accès aux données
déposées sont astreintes au secret
professionnel dans les conditions et sous les
peines prévues à l'article 226-13 du code
pénal.

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Fonctions des hébergeurs
– L’hébergeur exerce des activités de consultation, de mise à jour et/ou
d’exploitation du DMP et il s’agit en particulier :
• d’initialiser l’environnement qui permettra l’inscription des patients
(alimenter la base patients, créer les adresses …)
• de gérer les contrats avec les patients
• gérer les contrats avec PS et ES ou avec une structure relais qui éviterait à
chaque ES et PS d’avoir à signer un contrat avec chaque hébergeur
• d’ouvrir les DMP
• de gérer les doublons éventuels
• de gérer les droits d’accès aux DMP (consultations, dépôts de documents)
aux personnes autorisées
• de garantir une exploitation sécurisée et confidentielle des informations du
DMP
• d’archiver les dossiers
• de fournir des traces de toutes les actions ou tentatives d’actions sur un
DMP
• de transférer les dossiers vers un autre hébergeur,
• de restituer le dossier au patient sur un media,
• de gérer un centre d’appel téléphonique offrant une voie d’accès
complémentaire à Internet,
• de fournir au GIP DMP des indicateurs de fonctionnement.

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L’accès au dossier et le partage
d’informations relatives au patient
• Le droit d’accès du patient au dossier…avant 2002
– La loi du 31 décembre 1970 prévoyait que : «la communication de ce qui relève du secret
médical ne peut être faite que par l’intermédiaire d’un médecin »
• La loi du 4 mars 2002 dans son art L.1111-7 instaure l’accès direct:
– Toute personne a accès à l’ensemble des informations concernant sa santé :
• détenues par des professionnels et établissements de santé,
• qui sont formalisées et ont contribué à l’élaboration et au suivi du diagnostic et du traitement ou d’une
action de prévention,
– ou :
• ont fait l’objet d’échanges écrits entre professionnels de santé… : résultats d’examen, comptes rendus
de consultation, d’intervention, d’exploration ou d’hospitalisation, protocoles et prescriptions
thérapeutiques mis en œuvre, feuilles de surveillance, correspondances entre professionnels de
santé….
– à l’exception des informations mentionnant qu’elles ont été recueillies auprès de tiers
n’intervenant pas dans la prise en charge thérapeutique ou concernant un tel tiers.
• Donc depuis 2002, la personne peut accéder à ces informations directement ou par
l’intermédiaire d’un praticien qu’elle désigne et en obtenir communication, dans des
conditions définies par le décret 2002-636 du 29 avril 2002
– les modalités d’accès aux informations concernant la santé d’une personne, et notamment
l’accompagnement de cet accès, ont fait l’objet d’un guide de bonnes pratiques (février 2004)
établies par l’ANAES (Haute Autorité en Santé) et homologuées par arrêté du 5 mars 2004
du ministre de la santé
– concerne les informations détenues par un professionnel de santé, un établissement de
santé, un hébergeur agréé

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Les modalités de l’accès
• La demande doit être adressée
• au professionnel,
• à l’hébergeur,
• dans le cas d’un établissement de santé au responsable de l’établissement ou à la personne
désignée par lui (soit un système privilégiant une centralisation des demandes). L’organisation
mise en place fait l’objet d’une information dans le livret d’accueil
• Avec la double obligation pour l’établissement de :
• contrôler l’identité du demandeur
• s’assurer de la qualité du demandeur (dans le cas d’un médecin désigné ou d’un ayant droit…)
• Avec un délai de réponse de 8 jours à réception de la demande, 2 mois si les
informations ont été établies depuis plus de 5 ans ou nécessitant avis de la
commission départementale de psychiatrie
• Avec le choix pour le patient demandeur :
• d’une consultation sur place avec éventuellement délivrance de copies (l’établissement reste le
gardien de l’original du dossier avec une obligation d’intégrité du dossier)
• de se faire transmettre copie des documents
• Avec l’obligation pour l’établissement de proposer un accompagnement médical
(art 14) lors des demandes d’accès direct mais dont le refus par le malade ne fait
pas obstacle au droit d’accès direct
• Avec la possibilité pour le médecin les ayant établies ou en étant dépositaire de
recommander la présence d’une tierce personne lors de la consultation de
certaines informations. Le refus du malade de suivre cette recommandation,
même implicite, ne fait pas obstacle à la consultation

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La loi du 4 mars 2002 a modifié l’art. 40 de
la Loi « informatique et libertés »

• Lorsque l’exercice du droit d’accès s’applique à des


données de santé à caractère personnel, celles - ci
peuvent être communiquées à la personne concernée,
selon son choix, directement ou par l’intermédiaire d’un
médecin qu’elle désigne à cet effet
• La possibilité ainsi ouverte d’un accès direct pour le
patient à ses informations médicales informatisées
nominatives ou indirectement nominatives concerne :
– les informations de cette nature détenues par le système
d’information central d’un établissement de santé
– les informations de cette nature détenues au travers d’applicatifs
mis en place ou développés dans les services d’un
établissement de santé et/ou par des professionnels de santé

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Le droit d’accès du patient au
dossier les ayants droit
• La loi du 4 mars 2002 dans son art L.1111-7
instaure :
– En cas de décès, droit transmis aux ayants droit,
dans la mesure où les informations leur sont
nécessaires pour :
– leur permettre de connaître les causes de la mort,
– défendre la mémoire du défunt
– faire valoir leurs droits,
– => Demande motivée par les ayants droit
– sauf volonté express contraire exprimée par la
personne avant son décès
– Le refus d’accès doit être motivé ; il ne fait pas
obstacle, le cas échéant, à la délivrance d’un certificat
médical

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Le droit d’accès du patient au
dossier cas du mineur
• La Loi du 4 mars 2002 dans son art L.1111-7
instaurant l’accès direct du patient à l’ensemble
des informations concernant sa santé:
– Dans le cas d’une personne mineure le droit d’accès est exercé
par le ou les titulaires de l’autorité parentale. A la demande du
mineur, cet accès a lieu par l’intermédiaire d’un médecin soit par
envoi de copies soit par consultation sur place pour le titulaire de
l’autorité parentale et le médecin désigné
– L’opposition prévue par la Loi permettant au mineur de
s’opposer à la consultation du titulaire de l’autorité parentale afin
de garder le secret son état de santé s’oppose au droit d’accès
parental

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Le droit d’accès du patient au
dossier : cas du patient sous tutelle
– Dans le cas d’une personne adulte mise sous
tutelle, le droit d’accès est exercé par le tuteur

– Dans le cas d’une personne adulte sous


curatelle, le droit d’accès est exercé
directement par le patient. Le statut de
curatelle est sans conséquence sur
l’application de ce droit.

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Le droit d’accès du patient au dossier :
cas du malade psychiatrique
• Application du droit commun dans le cas d’un patient
hospitalisé librement
• Accès avec présence d’un médecin (l’exception prévue à
l’art L.1111- 7) 2 conditions:
– En cas d’hospitalisation sous contrainte (HO; HDT)
– Si existence de risques d’une gravité particulière estimés comme
tels par le médecin détenteur des informations
– Le choix du médecin est à la charge du demandeur d’accès
– Si refus d’accompagnement médical opposé par le demandeur
d’accès, saisine de la Commission Départementale des
Hospitalisations Psychiatriques (saisine possible par le
demandeur)
– L’avis de la Commission s’impose

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En cas de contestation : la
CADA
• Droit d’accès du patient au dossier médical:
– en cas de litige entre un patient et un établissement, relatif à la
communication du dossier médical, la saisine de la Commission
d’accès aux documents administratifs (CADA).
– l’avis de la CADA est un préalable obligatoire à l’ouverture d’un
contentieux
– mise en place par la loi du 17 juillet 1978
• La mise en place de la CRCI:
– Les Commissions régionales de conciliation et d'indemnisation
des accidents médicaux des affections iatrogènes et des
infections nosocomiales (CRCI) ont été créées par un décret du
3 mai 2002 en application des articles L. 1142-6 et L. 1143-1 du
code de la santé publique Elle peut être saisie par le patient et
peuvent accéder au dossier

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L’accès au dossier par d’autres
personnes que le patient
• Secret médical et secret professionnel
– La Loi du 4 mars 2002, dans son art. L.1110-4, pose comme
principe que :
• toute personne prise en charge par un professionnel, un
établissement, un réseau de santé ou tout autre organisme
participant à la prévention et aux soins a droit au respect de sa vie
privée et des informations la concernant
• exceptés les cas de dérogations légales,
– Ce secret couvre l’ensemble des informations concernant la
personne venues à la connaissance du professionnel de santé,
de tout membre du personnel de ces établissements ou
organismes et de toute autre personne en relation, de par ses
activités, avec ces établissements ou organismes. Il s’impose à
tout professionnel de santé, ainsi qu’à tous les professionnels
intervenant dans le système de santé.
– Le dossier médical et les informations médicales qui y sont
contenues sont confidentielles et relèvent du secret
professionnel.

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La notion et les limites du
secret partagé:
• La Loi du 4 mars 2002, dans son art. L.1110-4:
– Deux ou plusieurs professionnels de santé peuvent
toutefois, sauf opposition de la personne dûment
avertie, échanger des informations relatives à une même
personne prise en charge, afin d’assurer la continuité des
soins ou de déterminer la meilleure prise en charge
sanitaire possible.
– Lorsque la personne est prise en charge par une équipe
de soins dans un établissement de santé, les
informations la concernant sont réputées confiées par
le malade à l’ensemble de l’équipe

F. Kohler, E. Toussaint Septembre 2005 Laboratoire SPI-EAO. Fac. Médecine de Nancy. UHP 32
Secret médical et secret professionnel:
en cas de non respect…

• La violation du secret professionnel


constitue :
– Une faute déontologique de nature à
entraîner une sanction disciplinaire (art 4
code de déontologie)
– Une infraction pénale (article 226-13 du code
pénal)

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Les échanges prévus par la loi

• Deux ou plusieurs professionnels de santé


peuvent toutefois, sauf opposition de la
personne dûment avertie,
• Échanger des informations relatives à une
même personne prise en charge, afin:
– d’assurer la continuité des soins
– ou de déterminer la meilleure prise en charge
sanitaire possible

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Les échanges intra
établissement

• Lorsque la personne est prise en charge


par une équipe de soins dans un
établissement de santé, les informations la
concernant sont réputées confiées par le
malade à l’ensemble de l’équipe

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Les réseaux

- Le dossier de financement à présenter au


guichet unique prévoit un volet sur

- les modalités par lesquelles les patients


manifestent leur volonté d’être pris en charge
dans le réseau

F. Kohler, E. Toussaint Septembre 2005 Laboratoire SPI-EAO. Fac. Médecine de Nancy. UHP 36
L’information au médecin
désigné par le patient
• Un droit d’accès au dossier médical dans le
cadre de la finalité du dossier patient (assurer la
coordination et la continuité des soins)
– le décret du 29 avril 2002 fait obligation aux
établissements de santé :
• D’informer le médecin désigné par le patient, de
l’hospitalisation du patient (date, heure, service),
• De transmettre copie des informations nécessaires à la
continuité des soins, au choix du patient:
– soit au patient directement
– soit au médecin désigné par le patient dans les 8 jours

F. Kohler, E. Toussaint Septembre 2005 Laboratoire SPI-EAO. Fac. Médecine de Nancy. UHP 37
Les communications à des
tiers autorisés
• Les autorités judiciaires: flagrant délit ou commission
rogatoire
• Les experts désignés par une juridiction civile ou
administrative mais avec accord du patient
• Les agents de l’administration fiscale face aux membres
des professions de santé mais sans accès aux noms
des personnes soignées
• Ne sont pas autorisés: médecins des compagnies
d’assurance, employeur
• A noter: le recueil du consentement du patient ne suffit
pas à exonérer de l’obligation de secret professionnel
telle que définie par le code pénal

F. Kohler, E. Toussaint Septembre 2005 Laboratoire SPI-EAO. Fac. Médecine de Nancy. UHP 38
Droit d’accès au dossier médical : des
cas d’autorisation d’accès sans
autorisation préalable du patient
• La « saisie » judiciaire du dossier médical
(loi 93-2 du 4 janvier 1993 et loi 2000-516
du 15 juin 2000)
– art 81 du code de procédure pénale
• sur commission rogatoire
• Ou en cas d’enquête de crime et délit flagrant
• Pas d’opposabilité du secret médical ou
professionnel

F. Kohler, E. Toussaint Septembre 2005 Laboratoire SPI-EAO. Fac. Médecine de Nancy. UHP 39
Droit d’accès au dossier médical : des cas
d’autorisation d’accès sans autorisation
préalable du patient
• Le contrôle médical de l’Assurance maladie :
– Le décret du 28 novembre 1984 donnait accès aux praticiens
conseils aux informations médicales des dossiers. La loi du 4
janvier 1993 reprise par l’ordonnance n°96-345 a confirmé cette
disposition assortie de l’obligation de secret professionnel. La loi
du 4 mars 2002 prévoit que : les praticiens-conseils du service
du contrôle médical et les personnes placées sous leur autorité
n’ont accès aux données de santé à caractère personnel que si
elles sont strictement nécessaires à l’exercice de leur mission,
dans le respect du secret médical
• L’accès des médecins experts de l’HAS (ANAES):
– La Loi du 4 mars 2002 prévoit que les médecins experts de
l’agence n’ont accès aux données à caractère personnel que si
elle sont strictement nécessaires à l’exercice de leur mission
d’accréditation lors de leur visite sur les lieux, dans le respect du
secret médical

F. Kohler, E. Toussaint Septembre 2005 Laboratoire SPI-EAO. Fac. Médecine de Nancy. UHP 40
Droit d’accès au dossier médical : des cas
d’autorisation d’accès sans autorisation
préalable du patient
• L’accès des médecins de l’Inspection générale des affaires sociales :
– La Loi du 4 mars 2002 prévoit que les membres de l’Inspection générale des
affaires sociales titulaires d’un diplôme, certificat ou autre titre permettant
l’exercice en France de la profession de médecin n’ont accès aux données à
caractère personnel que si elle sont strictement nécessaires à l’exercice de leur
mission lors de leur visite sur les lieux, dans le respect du secret médical
• Le médecin responsable de l’information médicale :
– La circulaire 303 du 24 juillet 1989 relative à la généralisation du PMSI et à
l’organisation de l’information médicale
– La loi du 27 juillet 1993 portant diverses mesures d’ordre social évoquant dans
son art. L710-5 le partage de l’information et du secret médical, permet au
médecin responsable de l’information médicale d’accéder à des informations
médicales nominatives
• La commission régionale de conciliation et d’indemnisation (CRCI)
peut être saisie par toute personne s’estimant victime d’un dommage
imputable à une activité de prévention, de diagnostic ou de soins
– La commission a la charge d’émettre un avis sur les circonstances, les causes,
la nature et l’étendue des dommages, ainsi que su le régime d’indemnisation
applicable. Pour ce faire, la Loi a prévu que la commission régionale peut
obtenir communication de tout document, y compris d’ordre médical.

F. Kohler, E. Toussaint Septembre 2005 Laboratoire SPI-EAO. Fac. Médecine de Nancy. UHP 41
Information du patient
• Une exigence légale avant la Loi de 2002 développée de
manière constante par la jurisprudence
• Sans information réelle et adaptée du patient, il est
dérisoire d’évoquer l’obligation légale d’obtenir un
consentement éclairé du patient, préalable à la
réalisation de tout acte diagnostic
• Le droit à l’information est un préalable indispensable à
l’application effective d’autres droits attribués au patient
et relatifs au traitement des informations le concernant
tels que droit à rectification, droit à la sécurité de
données

F. Kohler, E. Toussaint Septembre 2005 Laboratoire SPI-EAO. Fac. Médecine de Nancy. UHP 42
L’information due au patient
• L’information due par l’établissement de santé :
– la législation jusqu’en 2002 :
– L.78-753 du 17 juillet 1978 relative aux améliorations des
relations entre l’administration et le public et
– L.2000-321 du 12 avril 2000 relative aux droits des citoyens
dans leurs relations avec les administrations
– L.2002-303 du 4 mars 2002 relative aux droits des malades
• Quelles Informations ?
– Les réponses au public et la notion de secret professionnel
– Le livret d’accueil et l’information claire compréhensible et
adaptée sur les conditions de séjour
– Les informations d’ordre financier et d’ordre social
– L’identification des acteurs hospitaliers
– ….

F. Kohler, E. Toussaint Septembre 2005 Laboratoire SPI-EAO. Fac. Médecine de Nancy. UHP 43
Une origine légale de l’information du
au patient par les équipes médicales

• La Loi 91-748 du 31 juillet 1991 reprise par


l’article L.710-2 du Code de la Santé Publique
– a légalisé le droit à l’information du patient et a
précisé que l’obligation de communiquer les
informations existantes dans le dossier médical devait
être réalisée dans les limites des règles
déontologiques

F. Kohler, E. Toussaint Septembre 2005 Laboratoire SPI-EAO. Fac. Médecine de Nancy. UHP 44
Le Code de Déontologie Médicale
• Dans sa version actuelle décret n°95-1000 du 6 septembre 1995
indique :

– Art. 34 :« le médecin doit formuler ses prescriptions avec toute la clarté


indispensable, veiller à leur compréhension par le patient et son
entourage et s’efforcer d’en obtenir la bonne exécution. »
– Art. 35 :
• « le médecin doit à la personne qu’il examine, qu’il soigne ou qu’il
conseille une information loyale, claire et appropriée sur son état, les
investigations et les soins qu’il lui propose. Tout au long de la maladie, il
tient compte de la personnalité du patient dans ses explications et veille à
leur compréhension.
• la clause de réserve
– Toutefois, dans l’intérêt du malade et pour des raisons légitimes que le
praticien apprécie en conscience, un malade peut être tenu dans l’ignorance
d’un diagnostic ou d’un pronostic graves, sauf dans les cas où l’affection dont
il est atteint expose les tiers à un risque de contamination
– Un pronostic fatal ne doit être révélé qu’avec circonspection, mais les
proches doivent en être prévenus, sauf exception ou si le malade a
préalablement interdit cette révélation ou désigné les tiers auxquels elle doit
être faite. »

F. Kohler, E. Toussaint Septembre 2005 Laboratoire SPI-EAO. Fac. Médecine de Nancy. UHP 45
Le code de Déontologie
– Art. 36 :
• «le consentement de la personne examinée ou soignée doit
être recherché dans tous les cas. Lorsque le malade, en état
d’exprimer sa volonté, refuse les investigations ou le
traitement proposés, le médecin doit respecter ce refus après
avoir informé le malade de ses conséquences.
• Si le malade est hors d’état d’exprimer sa volonté, le médecin
ne peut intervenir sans que ses proches aient été prévenus et
informés, sauf urgence ou impossibilité. »
– Art. 64 :
• « lorsque plusieurs médecins collaborent à l’examen ou au
traitement du malade, ils doivent se tenir mutuellement
informés ; chacun des praticiens assume sa responsabilité
personnelle et veille à l’information du malade. »

F. Kohler, E. Toussaint Septembre 2005 Laboratoire SPI-EAO. Fac. Médecine de Nancy. UHP 46
La charte du patient hospitalisé
(circulaire 95-22 du 6 mai 1995)
• les établissements de santé doivent veiller à ce que l’information médicale et
sociale des patients soit assurée et que les moyens mis en œuvre soient
adaptés aux éventuelles difficultés de communication ou de compréhension
des patients, afin de garantir à tous l’égalité d’accès à l’information.
• Le secret médical n’est pas opposable au patient.
• Le médecin doit donner une information simple, accessible, intelligible et
loyale à tous ses patients. Il répond avec tact et de façon adaptée aux
questions de ceux-ci.
• Afin que le patient puisse participer pleinement aux choix thérapeutiques qui
le concernent et à leur mise en œuvre quotidienne, les médecins et le
personnel paramédical participent à l’information du malade, chacun
dans son domaine de compétences.

• Pour des raisons légitimes et qui doivent demeurer exceptionnelles, un


malade peut être laissé dans l’ignorance d’un pronostic ou d’un
diagnostic graves… de même la volonté du patient de ne pas être informé
sur son état de santé doit être respectée… »
F. Kohler, E. Toussaint Septembre 2005 Laboratoire SPI-EAO. Fac. Médecine de Nancy. UHP 47
La Loi 2002- 303 du 4 mars 2002 relative aux droits
des malades et à la qualité du système de santé :
– Art. L.1111-12 :
• « toute personne a le droit d’être informée sur son état de santé. Cette
information porte sur les différentes investigations, traitements ou actions de
prévention qui lui sont proposés, leur utilité, leur urgence éventuelle, leurs
conséquences, les risques fréquents ou graves normalement prévisibles
qu’ils comportent ainsi que sur les autres solutions possibles et sur les
conséquences prévisibles en cas de refus.
– Note : Cette information « Bénéfice/risque » doit figurer dans le dossier
• Lorsque postérieurement à l’exécution des investigations, traitements ou
actions de prévention, des risques nouveaux sont identifiés, la personne
concernée doit en être informée, sauf en cas d’impossibilité de la retrouver.
– Art. L.1111-2 :
• Cette information incombe à tout professionnel de santé dans le cadre de ses
compétences et dans le respect des règles professionnelles qui lui sont
applicables. Seules l’urgence ou l’impossibilité d’informer peuvent l’en
dispenser.Cette information est délivrée au cours d’un entretien individuel
• La volonté d’une personne d’être tenue dans l’ignorance d’un diagnostic ou d’un
pronostic doit être respectée, sauf lorsque des tiers sont exposés à un risque
de transmission.

F. Kohler, E. Toussaint Septembre 2005 Laboratoire SPI-EAO. Fac. Médecine de Nancy. UHP 48
La charge de la preuve
– Art. L.1111-2 :
• Des recommandations de bonnes pratiques sur la
délivrance de l’information sont établies par l’Agence
Nationale de l’Accréditation et de l’Évaluation en Santé
et homologuées par arrêté du ministre chargé de la
santé.
• En cas de litige, il appartient au professionnel de
santé d’apporter la preuve que l’information a été
donnée à la personne dans les conditions prévues
au présent article. Cette preuve peut être apportée
par tout moyen.

F. Kohler, E. Toussaint Septembre 2005 Laboratoire SPI-EAO. Fac. Médecine de Nancy. UHP 49
Une décision : c’est le patient
– Art. L.1111-4 :
• « toute personne prend, avec le professionnel de santé
et compte tenu des informations et préconisations qu’il
lui fournit, les décisions concernant sa santé. »
• Le médecin doit respecter la volonté de la personne après
l’avoir informée des conséquences de ses choix; Si la
volonté de la personne de refuser ou d’interrompre un
traitement met sa vie en danger, le médecin doit tout mettre
en œuvre pour la convaincre d’accepter les soins
indispensables.
– Aucun acte médical, aucun traitement ne peut être
pratiqué sans le consentement libre et éclairé de la
personne et ce consentement peut être retiré à tout
moment.

F. Kohler, E. Toussaint Septembre 2005 Laboratoire SPI-EAO. Fac. Médecine de Nancy. UHP 50
La personne de confiance

– Art. L.1111-6 :
• « toute personne majeure peut désigner une
personne de confiance qui peut être un parent,
un proche ou le médecin traitant, et qui sera
consultée au cas où elle-même serait hors d’état
d’exprimer sa volonté et de recevoir l’information
nécessaire à cette fin. Cette désignation est faite par
écrit. Elle est révocable à tout moment.
• Si le malade le souhaite, la personne de confiance
l’accompagne dans ses démarches et assiste aux
entretiens médicaux afin de l’aider dans ses
décisions. »
• Lors de toute hospitalisation dans un établissement de
santé, il est proposé au malade de désigner une
personne de confiance.

F. Kohler, E. Toussaint Septembre 2005 Laboratoire SPI-EAO. Fac. Médecine de Nancy. UHP 51
En cas d’incapacité du patient
– Art. L.1111-4 :
• Lorsque la personne est hors d’état d’exprimer sa
volonté, aucune intervention ou investigation ne
peut être réalisée, sauf urgence ou impossibilité,
sans que la personne de confiance prévue à
l’article L.1111
- 6, ou la famille, ou à défaut, un des
proches ait été consulté.
• Le consentement du mineur ou du majeur sous
tutelle doit systématiquement être recherché
s’il est apte à exprimer sa volonté et à participer à
la décision. »

F. Kohler, E. Toussaint Septembre 2005 Laboratoire SPI-EAO. Fac. Médecine de Nancy. UHP 52
En cas de diagnostic ou de
pronostic grave
• art. L.1110-4
– Le secret médical ne s’oppose pas à ce que
la famille, les proches de la personne malade
ou la personne de confiance reçoivent les
informations nécessaires destinées à leur
permettre d’apporter un soutien direct à celle-
ci, sauf opposition de sa part

F. Kohler, E. Toussaint Septembre 2005 Laboratoire SPI-EAO. Fac. Médecine de Nancy. UHP 53
L’enseignement clinique
– Art. L.1111-4 :
• L’examen d’une personne malade dans le cadre
d’un enseignement clinique requiert son
consentement préalable. Les étudiants qui
reçoivent cet enseignement doivent être au
préalable informés de la nécessité de respecter les
droits des malades

F. Kohler, E. Toussaint Septembre 2005 Laboratoire SPI-EAO. Fac. Médecine de Nancy. UHP 54
Cas particuliers
• Des cas nécessitant une forme précisée de l’information
et/ou du consentement :
– La recherche biomédicale (Loi du 6 août 2004 relative à la
santé publique) nécessitant un support écrit ou en cas
d’impossibilité attestation d’un tiers, tant pour l’information
transmise que pour le consentement donné. Par ailleurs la Loi
du 4 mars 2002 prévoit qu’à l’issue de la recherche, la personne
qui s’y est prêtée est informée des résultats globaux de cette
recherche.
– Le prélèvement d’organe sur un donneur vivant; (Loi
bioéthique du 6 août 2004): le contenu de l’information est
précisé et doit porter sur les risques encourus, les
conséquences éventuelles du prélèvement, d’ordre physique et
psychologique, les répercussions éventuelles sur la vie
personnelle, familiale et professionnelle ainsi que sur les
résultats attendus pour le receveur. Le consentement doit être
reçu par le président du Tribunal de Grande Instance.

F. Kohler, E. Toussaint Septembre 2005 Laboratoire SPI-EAO. Fac. Médecine de Nancy. UHP 55
Cas particuliers
– L’interruption volontaire de grossesse (art. L2212-3 du CSP)
« informer celle ci des risques médicaux encourus pour elle
même et pour ses maternités futures, et de la gravité biologique
de l’intervention qu’elle sollicite …. lui remettre un dossier guide,
mis à jour au moins une fois par an. »
– Les actes médicaux et chirurgicaux à visée esthétique
(arrêté du 17 octobre 1996) : devis initial, informations écrites
relatives à la nature de l’acte prévu, de l’anesthésie nécessaire,
des examens préopératoires indispensables ainsi que des
informations relatives aux dispositifs médicaux implantés ou aux
produits injectés
– La transfusion sanguine avec
• Une information à priori sous forme écrite avec remise d’une
fiche d’information (circulaire 98/231 du 9 avril 1998)
• Une information à posteriori (art. R.710-2-7-1 du CSP)

F. Kohler, E. Toussaint Septembre 2005 Laboratoire SPI-EAO. Fac. Médecine de Nancy. UHP 56
Cas particuliers
– L’assistance médicale à la procréation: (art. L152-1 et
suivants du CSP) exige une information préalable au
consentement avec la remise d’un dossier guide et une forme
écrite de la demande
– Le diagnostic prénatal (art.L162-17 du CSP): un diagnostic
biologique effectué à partir de prélèvements sur l’embryon ne
peut être autorisé qu’à titre exceptionnel et après
consentement écrit des deux membres du couple. Le
consentement de la femme enceinte doit être recueilli sur un
formulaire défini par le ministre de la santé
– En cas de risques pour la santé publique ou pour la santé d’une
personne dus à une anomalie survenue lors d’investigations, de
traitements ou d’actions de prévention, l’autorité administrative
peut mettre en demeure les professionnels, organismes ou
établissements qui ont effectué ces investigations, traitements
ou actions de prévention de procéder à l’information des
personnes concernées s’il apparaît que cette information n’a pas
été délivrée conformément à l’art. L. 1111-2

F. Kohler, E. Toussaint Septembre 2005 Laboratoire SPI-EAO. Fac. Médecine de Nancy. UHP 57
Le patient mineur
• L’information est due aux titulaires de l’autorité parentale mais la Loi
de 2002 légalise le droit du mineur à recevoir les informations
nécessaires, dès qu’il est apte à exprimer sa volonté et à participer à la
décision, dans la finalité d’obtenir son consentement
• Le droit du mineur prime sur les droits d’information liés à l’autorité
parentale:
– La Loi de 2002 prévoit que le médecin peut se dispenser d’obtenir le
consentement du ou des titulaires de l’autorité parentale sur les décisions
médicales à prendre lorsque le traitement ou l’intervention s’impose pour
sauvegarder la santé d’une personne mineure, dans le cas où cette dernière
s’oppose expressément à la consultation du ou des titulaires de l’autorité
parentale afin de garder le secret sur son état de santé.
– Toutefois le médecin doit dans un premier temps s’efforcer d’obtenir le
consentement du mineur à cette consultation.
– Dans le cas où le mineur maintient son opposition, le médecin peut mettre en
œuvre le traitement ou l’intervention. Dans ce cas, le mineur se fait
accompagner d’une personne majeure de son choix.
– le médecin peut se dispenser d’obtenir le consentement du ou des titulaires de
l’autorité parentale sur les décisions médicales à prendre lorsqu’une personne
mineure, dont les liens de famille sont rompus, bénéficie à titre personnel du
remboursement des prestations en nature de l’assurance maladie et maternité
….son seul consentement est requis

F. Kohler, E. Toussaint Septembre 2005 Laboratoire SPI-EAO. Fac. Médecine de Nancy. UHP 58
Les mineurs : Cas particuliers

• Les consultations des centres de planification ou d’éducation


parentale : la Loi de 2002 confirme la Loi du 4 décembre 1974
permettant de faire échec au droit d’information parental
• Les demandes d’interruption volontaire de grossesse :
la loi 2001-588 du 4 juillet 2001 dans son article 5 permet à la mineure
de garder le secret à l’égard des titulaires de l’autorité parentale en
étant accompagnée dans sa démarche par une personne majeure. La
volonté de la mineure fait échec au refus du titulaire de l’autorité
parentale.
• Les prélèvements d’organes sur mineurs vivants sont interdits
(art. L.671-4) sauf dans les cas de prélèvements de moelle
osseuse au profit du frère ou de la sœur du mineur. Dans ce cas
l’information donnée au mineur doit être appropriée et donnée
également aux titulaires de l’autorité parentale mais un refus du mineur
fait échec à l’autorisation donnée par les parents et fait obstacle au
prélèvement.

F. Kohler, E. Toussaint Septembre 2005 Laboratoire SPI-EAO. Fac. Médecine de Nancy. UHP 59
Le patient sous tutelle
- les droits sont exercés par le tuteur
- le majeur sous tutelle peut recevoir une
information et participer à la prise de
décision le concernant, d’une manière
adaptée à sa faculté de discernement.

F. Kohler, E. Toussaint Septembre 2005 Laboratoire SPI-EAO. Fac. Médecine de Nancy. UHP 60
L’apport de la jurisprudence
• Elle est à l’origine de l’importante évolution législative
de 2002 dédiant la charge de la preuve de la réalisation
effective de l’obligation d’information au professionnel de
santé
• La jurisprudence civile et la jurisprudence administrative
se sont accordées à reconnaître l’existence de cette
obligation en ce qui concerne les risques graves et
connus même si ces risques sont exceptionnels
• La jurisprudence a toujours jugée de la qualité de
l’information donnée au travers de sa finalité : permettre
au patient de manifester un consentement « libre »,
« éclairé » et « conscient ».

F. Kohler, E. Toussaint Septembre 2005 Laboratoire SPI-EAO. Fac. Médecine de Nancy. UHP 61
Comment ?
• Références : Recommandations destinées aux
médecins rédigées par l’ANAES en mars 2000 et le
rapport du Professeur D. Thouvenin
• Modalités :
– La primauté de l’information orale (dialogue)
– Un complément possible avec un document écrit (n’a pas
vocation à recevoir la signature du patient)
• Recommande que le dossier porte la trace des
informations données au patient (continuité des soins);
légalisé par la Loi du 4 mars 2002.
• Obligation de faire figurer dans le dossier :
– L’information concernant les bénéfices/risques des actions
envisagées
– L’information de consentement écrit quand celui-ci est
requis

F. Kohler, E. Toussaint Septembre 2005 Laboratoire SPI-EAO. Fac. Médecine de Nancy. UHP 62
Le secret médical
• Le secret médical se justifie par l'obligation de discrétion et de respect de la
personne d'autrui. Il s'agit par là de créer et d'assurer une relation de
confiance entre le médecin et le patient qui se confie à lui.
• Ainsi le secret médical est posé dans les textes :
– La loi du 4 mars 2002 : Art. L. 1110-4. du CSP :" Toute personne prise en charge
par un professionnel, un établissement, un réseau de santé ou tout autre
organisme participant à la prévention et aux soins a droit au respect de sa vie
privée et du secret des informations la concernant."
– Le code de déontologie médicale
• Art. 4 al 1 : "Le secret professionnel, institué dans l'intérêt des malades, s'impose à tout
médecin dans les conditions établies par la loi"
• Art. 72 al 1 : "Le médecin doit veiller à ce que les personnes qui l'assistent dans son
exercice soient instruites de leurs obligations en matière de secret professionnel et s'y
conforment."
• Art. 73 al 1 : "Le médecin doit protéger doit protéger contre toute indiscrétion les
documents médicaux concernant les personnes qu'il a soignées ou examinées, quels
que soient le contenu et le support de ces documents."

– Le code pénal, quant à lui, prévoit à l'art. 226-13 : "La révélation d'une
information à caractère secret par une personne qui en est dépositaire soit par
son état ou sa profession, soit en raison d'une fonction ou d'une mission
temporaire, est punie d'un an d'emprisonnement et de 100.000 F d'amende."

F. Kohler, E. Toussaint Septembre 2005 Laboratoire SPI-EAO. Fac. Médecine de Nancy. UHP 63
Le secret médical pour qui ?
• Le secret médical s'applique à tous les
professionnels de la santé : médecins,
internes, externes, étudiants en médecine,
psychologues, infirmiers, aides
soignants..., ainsi qu'à tous les
professionnels intervenant dans le
système de santé (services sociaux,
maintenance informatique...).
• Par contre, il ne s'applique pas à celui qui
exerce illégalement la médecine.

F. Kohler, E. Toussaint Septembre 2005 Laboratoire SPI-EAO. Fac. Médecine de Nancy. UHP 64
Peut-on partager le secret médical
en cas de médecine collégiale ?
• En principe, le secret appartient au patient et en conséquence, les
médecins entre eux ne peuvent pas en disposer librement.
• Toutefois, il existe des dérogations au secret médical dans le cas de la
médecine collégiale :
– Ainsi l'article L1110-4 CSP dispose : "Deux ou plusieurs professionnels de santé
peuvent toutefois, sauf opposition de la personne dûment avertie, échanger des
informations relatives à une même personne prise en charge, afin d'assurer la
continuité des soins ou de déterminer la meilleure prise en charge sanitaire
possible. Lorsque la personne est prise en charge par une équipe de soins dans
un établissement de santé, les informations la concernant sont réputées confiées
par le malade à l'ensemble de l'équipe."
– dans le cas où un malade recourt à un dispensaire, un hôpital public, et un
groupe mutualiste, il a toujours été admis que les informations circulent au sein
de l'équipe et de l'organisme, sauf les notes confidentielles du médecin

• En ce qui concerne le personnel administratif, la secrétaire médicale,


l'assistante sociale, l'éducateur spécialisé :
– l'art. 72 du Code de déontologie fait obligation au médecin de veiller à ce que les
personnes qui l'assistent soient instruites de leurs obligations en matière de
secret professionnel et s'y conforment : ce texte s'applique au personnel
administratif et à la secrétaire médicale, qui sont donc soumis au secret médical
– La loi du 4 mars 2002 ne prévoit pas de secret partagé avec les travailleurs
sociaux, par exemple.
F. Kohler, E. Toussaint Septembre 2005 Laboratoire SPI-EAO. Fac. Médecine de Nancy. UHP 65
Le secret médical et la
médecine de contrôle
• Les médecins de la sécurité sociale
• En application de l'art. 104 du Code de déontologie, ils sont soumis au secret
professionnel.
• Toutefois, il existe une difficulté puisqu'ils sont les médecins de la sécurité sociale,
indépendamment du patient qu'ils examinent. Ils ne sont donc pas totalement objectifs.
– Des violations du secret médical sont possibles :
• les prestations de la sécurité sociale ne sont versées que sur présentation des feuilles
de soins et des ordonnances, ce qui révèle la thérapeutique et par voie de
conséquence, éventuellement, le diagnostic
• en outre, les médecins conseil de la sécurité sociale peuvent demander des
renseignements complémentaires et exercer un contrôle sur le patient
– Pour autant, le médecin conseil n'est pas autoriser à dévoiler ces informations,
sauf ce qui est "strictement nécessaire" à l'exercice de sa mission ( art.315-1
Code de la sécurité sociale issu de la loi du 4/03/2002).
– L'article 1414-4 nouveau du code de la santé publique pose les mêmes
restrictions : "Les praticiens-conseils du service du contrôle médical et les
personnes placées sous leur autorité n'ont accès aux données de santé à
caractère personnel que si elles sont strictement nécessaires à l'exercice de leur
mission, dans le respect du secret médical." (c'est donc à eux de justifier l'accès
aux pièces qu'il demandent).

F. Kohler, E. Toussaint Septembre 2005 Laboratoire SPI-EAO. Fac. Médecine de Nancy. UHP 66
Le secret médical et la
médecine de contrôle
• Les médecins du travail : Dans quelle mesure doivent-ils respecter le
secret médical à l'égard de l'employeur ?
– A l'issue de la visite médicale, le médecin de travail remplit une fiche médicale
qu'il conserve et qui ne peut être communiquée qu'au médecin inspecteur du
travail. L'employeur ne reçoit qu'un simple avis sur l'aptitude ou non du salarié au
poste de travail.
– Toutefois, le médecin du travail peut travailler en relation avec le médecin
traitant, ce uniquement avec l'assentiment du malade (ce qui ne constitue donc
pas une violation du secret médical).
– Il peut également consulter le nouveau carnet de santé dans les situations
d'urgence ou lors des vaccinations.

• Les médecins des compagnies d'assurance


– Ils ne peuvent prendre connaissance du dossier médical ou interroger le
médecin traitant d'un assuré qu'avec l'accord exprès de celui-ci.
– Les médecins des compagnies d'assurance sont ainsi tenus au secret médical
même s'il s'agit de déjouer la tromperie d'un assuré.
• Le médecin responsable de l’information médicale à accès au dossiers
pour l’exercice de ses missions

F. Kohler, E. Toussaint Septembre 2005 Laboratoire SPI-EAO. Fac. Médecine de Nancy. UHP 67
Les dérogations légales
• Doivent être déclarés :
– les naissances
– les décès
– les maladies contagieuses à la DDASS
– les maladies vénériennes
– les certificats d'internement pour les malades mentaux pathologiques
– les alcooliques dangereux
– les incapables majeurs
– les accidents du travail et les maladies professionnelles : les documents doivent
être remis à la victime et aux organismes gestionnaires
– les pensions militaires et civiles
– les certificats pour usage illicite de stupéfiants
– les certificats prénuptiaux
– les certificats de vaccination
– les certificats de constatation en cas de violence
– les sévices sur des mineurs de moins de 15 ans ou sur une personne qui n'est
pas en mesure de se protéger en raison de son âge ou de son état psychique ou
physique
– les crimes qui sont en train ou sur le point d'être commis
• Pour assurer sa propre défense devant les tribunaux, le médecin peut
déroger au secret médical. Mais la divulgation doit être limitée à ce qui est
strictement nécessaire à sa défense
F. Kohler, E. Toussaint Septembre 2005 Laboratoire SPI-EAO. Fac. Médecine de Nancy. UHP 68
Peut-on déroger au secret médical en
cas de risque encouru ?
• Le médecin peut se trouver confronté à des situations qui lui posent
un cas de conscience, notamment lorsque le malade est dangereux
pour autrui : par exemple, trouble de la vue ou risque d'épilepsie
pour un conducteur de voiture, ou bien maladie contagieuse non
soumise à déclaration.
• Ce problème a été abondamment discuté en ce qui concerne le VIH
à l'égard de la famille du malade qui risque d'être contaminée si le
médecin se tait.
• La jurisprudence n'a pas tranché.
• Mais il semble que le secret médical doit prévaloir : hormis les cas
de dérogation reconnus, il s'agit de violation du secret médical
sanctionné par l'art. 216-13 du NCP.
• A noter que le médecin n'est pas tenu de dénoncer des sévices sur
des mineurs ou personnes vulnérables. Mais le devoir d'alerte est
mentionné dans le code de déontologie

F. Kohler, E. Toussaint Septembre 2005 Laboratoire SPI-EAO. Fac. Médecine de Nancy. UHP 69
Lé médecin et le juge
• Le témoignage du médecin :
– dans ce cas, le secret médical s'oppose à la recherche de la
vérité. Ainsi "chacun est tenu d'apporter son concours à la
justice en vue de la manifestation de la vérité" (art. 10 du Code
civil), sauf s'il justifie d'un motif légitime
– on peut considérer que le secret médical constitue un motif
légitime en conséquence, le médecin doit déférer à la
convocation du juge, prêter serment, et
– il peut indiquer qu'il dépose sous réserve des dispositions
protégeant le secret médical et qu'ainsi il ne révèlera pas
l'état de santé de son patient sans l'accord de celui-ci (Cour
d'Assises de la Seine, 10 avril 1877, 27 juin 1967...)
– le témoignage fourni par un médecin en violation du secret
médical est écarté par la jurisprudence (Cass. crim. 30 avril
1965)

F. Kohler, E. Toussaint Septembre 2005 Laboratoire SPI-EAO. Fac. Médecine de Nancy. UHP 70
Le médecin et le juge
• Les certificats médicaux produits en justice :
– Il en est de même que pour le témoignage : le certificat sera rejeté s'il a
été obtenu en violation du secret médical.
• L'expertise judiciaire :
– L'expert judiciaire est délié de l'obligation au secret dans le cadre de sa
mission.
• Les perquisitions et les saisies :
– Le juge d'instruction peut faire procéder à des perquisitions et à des
saisies (art. 80 CPP) dans le respect du secret professionnel (art. 96
CPP).
– Les perquisitions et saisie sur commission rogatoire doivent avoir lieu
en présence d'un membre du Conseil de l'Ordre (Cass. crim. 20 janv.
1976).
– Si le juge a besoin de consulter un dossier médical, il recourra à un
expert médical commis.
– Le médecin qui remettra un dossier médical spontanément peut
être poursuivi pour violation du secret médical, sauf dérogations.

F. Kohler, E. Toussaint Septembre 2005 Laboratoire SPI-EAO. Fac. Médecine de Nancy. UHP 71

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