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Marian Blocquet

Méthodologie - Introduction dissertation : la discipline

“La philosophie est la compréhension de tout ce qui est intelligible” écrit Johann
Alsted. Cet encyclopédiste du XVIIe siècle s’était donné pour ambition de réunir en un
ouvrage tous les savoirs des hommes. Pour cela il divise la science en différentes
disciplines, la philosophie, la théologie, les mathématiques,... Cette division est méthodique
et a pour finalité d’exposer afin de permettre sa transmission et son apprentissage. On
retrouve dans l’encyclopédie d’Alsted les deux sens du mot discipline. Ce terme peut en
premier lieu se référer à une certaine branche de la science qui se différencie des autres par
l’objet qu’elle étudie et la méthode employée dans sa recherche. Cette démarche est
l’occasion de simplifier la recherche, l’invention et l’organisation de la connaissance.
Néanmoins, elle remet en cause l’unité de la science et oppose deux conceptions
épistémologiques dans l’histoire de la philosophie : d’un côté des savants qui soutiennent
que la science n’est que l’étude de la cause des choses et que celle-ci doit demeurer une,
de l’autre des penseurs pour qui la science n’est que la somme des pratiques intellectuelles
de la culture humaine et qu’elle doit être communiquée par des méthodes formalisées. On
oppose alors deux propositions dans le sens épistémologique de discipline qui peut être soit
une sous-division de la science qui étudie d’une certaine façon la cause des choses soit une
science à part entière qui étudie un objet avec une méthode spécifique. Ensuite, le terme
discipline peut avoir le sens de la relation entre le maître et le disciple. Le maître transmet
au disciple un certain nombre de connaissances organisées en lui conférant une méthode et
en lui partageant des valeurs morales. Le disciple se nourrit de l’enseignement du maître par
lequel il se cultive, acquiert des principes, découvre des affinités pour telle ou telle pratique,
… De cette façon, la discipline apparaît comme un fondement de la transmission du savoir.
De plus, suivre une discipline permet de s’en construire une propre à soi-même, à savoir un
ensemble de connaissances et de valeurs qui visent à mener un bien notre existence.
Cependant, cette relation entre une personne qui sait et une autre qui apprend peut freiner
le développement de la science puisque l’inculcation de connaissances sélectionnées par le
maître, le partage d’une certaine morale et l’imposition d’une méthode précise peut diriger
arbitrairement le disciple. Ainsi, quel que soit le sens qu’on donne au mot discipline, le terme
semble aussi bien être un principe fondateur de la recherche et de la transmission du savoir
qu’une source de problématique dans l’unité et l’invention de la science. Par ailleurs, il est
possible de s'interroger sur l’origine de ces dérives qui semble non pas provenir de la
discipline elle-même mais bien de son utilisation qui vise aussi à exposer et à imposer une
doctrine scientifique. Dans quelle mesure la discipline permet-elle la transmission et la
recherche du savoir malgré qu’elle impose des règles morales et une méthode dans le but
d’exposer une doctrine ? Tout d’abord, nous verrons que la discipline est un fondement de la
transmission et de la recherche du savoir, puis qu’elle peut néanmoins en freiner son
apprentissage et son invention par l’inculcation de valeurs morales et d’une méthode, et
enfin que la discipline présente des dérives possibles en raison de la doctrine qu’elle vise à
exposer.

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