Vous êtes sur la page 1sur 3

Daphné Lefevre

Anais Rogulski
Koralyne Bilhaut
Jeanne Nicolas

LES GAFAS

Lorsqu’il s’agit de faire des recherches sur Internet, de faire un achat en ligne, de se distraire
sur des applications ou de s’offrir le dernier iPhone, ce sont les GAFA, acronyme désignant
Google-Amazon-Facebook-Apple, qui entrent en jeu. En effet, ces géants du numérique sont
toujours plus présents dans nos vies quotidiennes et sont en position dominante dans une
économie mondialisée. En 2020, le chiffre d’affaires, soit le revenu obtenu par la vente de
production, des GAFA était de 929 milliards de dollars, soit l’équivalent du PIB d’un pays
comme les Pays-Bas, qui occupe la 17 ème place du classement des pays les plus riches du
monde (document 1). Cependant, le comportement des GAFA, parfois qualifié d’abusif,
menace la concurrence sur les marchés. Ainsi, pour s’assurer qu’il n’y ait pas d’abus de la
part de ces acteurs économiques, les pouvoirs publics, c’est-à-dire les autorités qui
déterminent et conduisent l'action politique, donc celle de l'État, cherchent à imposer un cadre
de régulation des GAFA. Autrement dit, il s’agit en particulier de permettre au consommateur
continuer à bénéficier des nombreux avantages que procurent les GAFA tout en s’assurant
que la vie privée des utilisateurs est bien respectée et en permettant à d’autres entreprises de
pouvoir les concurrencer.
Pourquoi les GAFA doivent-ils être régulés par les pouvoir publics ?
Tout d’abord, nous verrons comment les GAFA sont susceptibles d’être, par leurs
comportements, néfastes pour le bien-être de leurs utilisateurs. Ensuite, nous analyserons
comment ils empêchent, par leurs pratiques, l’émergence de concurrents. De plus, nous
étudierons les mesures mises en place par les pouvoirs publics pour réguler les GAFA. Enfin,
nous verrons comment, grâce au lobbying, les GAFA défendent leurs intérêts face aux
pouvoirs publics.

Premièrement, la puissance des GAFA repose sur l’accès à, le contrôle et l’utilisation des
données laissées par leurs utilisateurs. Ce sont elles qui permettent de consolider notamment
la position dominante de Google et Facebook dans la publicité en ligne (document 6).
Cependant, parfois ces grandes plateformes ne parviennent pas à protéger les données
confidentielles de leurs utilisateurs. Par exemple, Facebook a reçu en 2020 une amende de 5
milliards de dollars car elle n’a pas « su protéger les informations confidentielles de ses
utilisateurs » (document 6). De plus, dans un monde qui se numérise de plus en plus et qui est
dominé par les GAFA, il n’est jamais explicitement indiqué ce qui est concrètement fait des
données personnelles, si elles sont vraiment protégées, si elles sont utilisées et, si oui, par qui
et à quelles fins, etc. Par exemple, le bandeau « Google utilise des cookies » qui s’affiche dès
que l’on ouvre YouTube semble ne pas laisser d’autre choix que de cliquer « J’accepte » pour
accéder aux services de l’application. Si ces innombrables données ne sont pas protégées, cela
peut avoir des conséquences négatives sur la vie privée des utilisateurs (fuite de données,
revente non autorisée de données, non-respect de la vie privée des enfants, etc.). Ainsi, les
GAFA sont susceptibles d’êtres néfastes pour le bien-être des utilisateurs.
De plus, par certaines pratiques, les GAFA parviennent à empêcher l’émergence de
concurrents. En effet, ils doivent leur succès grâce à la stratégie des effets de réseau, soit une
situation dans laquelle l’utilité d’un bien ou d’un service dépend du nombre d’utilisateurs de
ce bien ou de ce service (document 3). C’est-à-dire que les GAFA font des acquisitions (ils
achètent d’autres entreprises) afin d’attirer plus de fournisseurs, qui attirent eux-mêmes les
utilisateurs, sur leurs propres plateformes (document 3). Par exemple, Amazon a racheté la
plateforme de diffusion Twitch (document 3). Ainsi, ces géants du numérique éliminent la
concurrence en achetant ces entreprises avant que celles-ci ne parviennent à vraiment les
concurrencer, ce qui renforce leur position de leader sur leur(s) marché(s). Mais, sans
concurrents, ce sont donc des quasi-monopoles, soit une situation de marché dans laquelle il
n’y a qu’un offreur. Aussi, les GAFA empêchent des concurrents d’émerger, ce qui peut
conduire à des abus de position dominante, comme le self-preferencing¸ soit « le fait pour une
plate-forme d’avantager ses propres produits ou services sur le marché », comme Amazon par
exemple (document 7). Donc, à travers diverses stratégies et méthodes, les GAFA peuvent
empêcher l’émergence de concurrents.

Afin que les GAFA ne profitent d’une position dominante ou ne respectent l’usage des
données personnelles de leurs utilisateurs, les pouvoirs publics prennent des mesures de
régulation des GAFA. Ainsi, la Commission européenne prévoit en 2022 deux projets de
règlement européen portant sur la mise en œuvre d’un double cadre réglementaire : le Digital
Services Act (DSA) et le Digital Market Act (DMA). Ce dernier projet change la manière de
réguler les GAFA car, plutôt que de chercher à corriger les pratiques anti-concurrentielles ex
post (une fois celles-ci réalisées), ce projet souhaite limiter leur pouvoir de marché (« aptitude
d’une entreprise (ou d’un groupe d’entreprises) à relever et maintenir ses prix au-dessus du
niveau de concurrence ») tout en préservant la concurrence entre les géants du numérique au
moyen d’une méthode ex ante (document 7). De plus, la mise en place du RGPD
(Réglementation Générale sur la Protection des Données) par l’Union Européenne est une
solution envisageable afin de réguler les pratiques des GAFA sur l’Internet et de leur
utilisation des données personnelles.
En réaction à ces nouveaux cadres réglementaires, les GAFA adoptent des stratégies pour les
contourner ou, du moins, en atténuer les effets sur leurs coûts de production. En effet, toute
réglementation entraîne des coûts supplémentaires pour les entreprises qui doivent la
respecter. Par exemple, le lobbying est une stratégie majeure menée les géants du numérique,
qui forment ainsi un groupe de pression composé d’acteurs économiques partageant les
mêmes idées et cherchant à défendre leurs propres intérêts auprès des pouvoirs publics. Cette
méthode consiste d’abord à viser une cible (par exemple, le projet de législation européenne
d’un commissaire), ensuite à déployer un message à faire passer (par exemple, le projet en
question aurait un impact négatif sur l’économie européenne), puis à mobiliser des outils (par
exemple solliciter les réseaux d’ambassades ou les réseaux de contacts ou académiques), et
enfin à utiliser des ressources financières importants (par exemple, le financement de think
tanks, de recherches et d’événements dont les résultats convergeront avec les objectifs des
GAFA) (document 8). Ainsi, grâce au lobbying, les GAFA défendent leurs intérêts face aux
décisions des pouvoirs publics qui s’y opposent.

En conclusion, les pouvoirs publics doivent réguler les GAFA dans un double objectif :
s’assurer que la vie privée des citoyens est respectée et protégée et que la concurrence sur les
marchés est préservée au profit des consommateurs (des prix suffisamment bas et une qualité
des produits permis grâce à des entreprises en nombre suffisant qui se font concurrence).
Avec les GAFA qui, par certains de leurs comportements, peuvent menacer la vie privée de
leurs utilisateurs et aussi éliminer la concurrence sur les marchés de leurs services, les
pouvoirs publics ont un rôle à jouer, au moyen de réglementations adaptées.

Vous aimerez peut-être aussi