Vous êtes sur la page 1sur 2

Publicité en ligne : comment mieux réguler

ce marché ?
Publié le 18 décembre 2020

Temps de lecture 3 minutes

Par : La Rédaction

Un rapport de novembre 2020 sur la publicité en ligne soulève les risques de


"duopole" liés à la domination dans le secteur de la publicité digitale des groupes
Google et Facebook. Ce rapport remis au ministère de la culture livre une analyse de
la situation actuelle et émet certaines préconisations.

75% du marché français de la publicité digitale est capté par Google et Facebook.
Cette situation de domination dans un secteur qui représente, en 2018, 40% des
investissements publicitaires (contre 27% pour la télévision) remet en question
l'équilibre concurrentiel du secteur.

C'est ainsi que ce rapport sur la publicité en ligne rédigé conjointement par des
membres de la Cour des comptes et de l'Inspection générale des finances étudie les
moyens de faire évoluer les règles du marché pour créer les conditions d'un "terrain
de jeu équitable".

Un duopole qui bouleverse les règles de concurrence


La première partie du rapport porte sur un constat : alors que la publicité dans les
médias traditionnels (journaux, télévision, affichage...) est basée sur une logique de
masse, la publicité en ligne repose, elle, sur un ciblage individualisé grâce à la collecte
et l'exploitation des données dont les acteurs principaux, Google et Facebook, ont la
maîtrise.

Achat, vente d'espaces, mise en place des campagnes de diffusion... le circuit


traditionnel est remplacé, dans le cas de la publicité en ligne, par un système basé sur
des algorithmes calculés en temps réel qui évoluent selon des critères complexes.

Le rapport observe les mécanismes dans les deux segments principaux de la publicité
en ligne :

- la publicité liée aux recherches "search", dominée à 90% par Google ;


- la publicité d'affichage "display" (bannières, inserts vidéo...) présente sur les sites
visités avec, en premier lieu, Facebook sur les réseaux sociaux.

Les accords de gré à gré qui ont cours dans la publicité traditionnelle sont remplacés
par des règles unilatérales édictées par les deux acteurs dominants qui captent sur
leur sites le plus grand nombre d'internautes.

Le rapport pointe ainsi certaines pratiques liées à cette situation de duopole :

- l'auto-mesure de la performance publicitaire faisant des plateformes "à la fois des


juges et des parties" ;

- les pratiques d'offres groupées de Google, voire d'auto-référencement ;

- la vente exclusive de l'inventaire propriétaire Youtube sur la plateforme d'achat et


d'optimisation publicitaire de Google.

Fixer des conditions équitables


Les rapporteurs proposent quelques pistes pour lutter contre les effets d'un duopole,
au-delà des mesures fiscales qui selon eux ne sont que "palliatives". Parmi ces
mesures :

- une harmonisation du cadre juridique régissant la publicité sur les médias


audiovisuels et la publicité sur internet ;

- de meilleures pratiques sur la publicité ciblée et le recueil du consentement des


internautes ;

- la demande d'avis croisés entre l'Autorité de la concurrence et les autres


régulateurs sectoriels (CRE dans le secteur de l'énergie, Arcep dans celui des
télécommunications, CSA pour l'audiovisuel).

Par ailleurs, en matière de régulation concurrentielle, les rapporteurs proposent en


particulier de :

- faciliter le recours aux mesures conservatoires de la Commission européenne en cas


d'abus de position dominante ;

- introduire des outils permettant à la Direction générale de la concurrence de la


Commission européenne d'agir en amont avant qu'une position de marché
dominante ne soit constatée ;

- renforcer le pouvoir de cette même Direction générale de la concurrence pour


mener à l'échelle européenne cette régulation.

Vous aimerez peut-être aussi