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SÉQUENCE 1 : LA COORDINATION PAR LE MARCHÉ

CHAPITRE 2

Comment les marchés imparfaitement concurrentiels


fonctionnent-ils ?

Introduction

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La plupart des pays vivent aujourd’hui à l’heure de l’économie de marché. De la compétition économique
qui est ainsi érigée en règle de vie des activités de production d’échange ou de consommation, on
attend des avantages essentiels : pousser à l’adoption des techniques de production efficaces et à
l’innovation, faire baisser les coûts de revient et les prix de vente, améliorer le service rendu, harmoniser
des attentes contradictoires des acheteurs et des vendeurs... De manière plus précise, le mécanisme
du marché et la loi de l’offre et de la demande permettent à la société d’obtenir un fonctionnement
efficient de son système économique. En effet, aucun producteur ne peut se maintenir sur le marché s’il
n’est pas capable d’abaisser son coût de revient par l’emploi des meilleures techniques de production
et d’organisation. Lorsqu’un secteur tarde à adopter les innovations ou à répercuter les gains de
productivité dans les prix de vente, de nouveaux concurrents vont apparaître et obliger les entreprises
installées à faire mieux ou à perdre leurs clients. Les ressources productives sont alors employées par
des producteurs efficaces.
Dans le système des marchés concurrentiels, aucun agent économique ne dispose du pouvoir
d’influencer le marché. Personne ne dicte leur comportement aux consommateurs, personne ne fixe
le prix en fonction de ses propres intérêts, personne ne limite abusivement la quantité des biens et des
services produits. Il n’est donc pas nécessaire que les pouvoirs publics interviennent de manière directe
dans le jeu du marché.
Mais, ces avantages ne peuvent survenir si le marché n’est pas parfaitement concurrentiel et si la loi de
l’offre et de la demande est entravée. Cependant, dans la réalité, les marchés ont plutôt tendance à être
imparfaitement concurrentiels. C’est pourquoi il convient de s’interroger sur la façon dont sont organisés
les échanges sur un marché ne respectant pas les règles de la concurrence.
Comment les marchés imparfaitement concurrentiels fonctionnent-ils ?

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1. Sensibilisation – Un exemple de marché imparfaitement
concurrentiel
Exercice 1 - Entente dans la téléphonie mobile

• Objectif : Découvrir une situation de marché non concurrentiel.


• Consigne : Après avoir visionne la vidéo Téléphonie : amende record (2’26), répondez aux questions
posées.

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Saisissez dans votre moteur de recherche les termes suivants : ina téléphonie amende record ; il s’agit
d’un reportage diffusé par France 3 le 1er décembre 2005 et conservé dans les archives de l’INA (Institut
National de l’Audiovisuel).
1. Comment caractériser la structure de marché pour la téléphonie mobile ?
2. Pourquoi les trois opérateurs doivent-ils payer une amende ?
3. Quels sont les effets pervers d’une telle pratique ?
4. Quels en sont les effets pour les consommateurs ?
5. Quelles solutions s’offrent alors aux consommateurs ?
6. Quel peut être l’effet attendu de l’entrée sur ce marché de Télé 2 ?
7. Quel problème Télé 2 a-t-il rencontré ?
8. Quelles peuvent être les limites de la régulation par les pouvoirs publics du marché ?

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A. Les principales sources du pouvoir de marché
1. Un nombre limité d’offreurs

Exercice 2 - Avec le rachat d’Opel, PSA devient un géant européen

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• Objectif : Comprendre comment certaines entreprises peuvent réduire la concurrence sur le marché
• Consigne : Après étude du document, répondez aux questions posées.

Les négociations ont été rondement menées. Ce lundi 6 mars, une conférence est prévue au siège
parisien du groupe PSA afin d’officialiser le rachat d’Opel, vendu par l’américain Général Motors.
[…] Les contours exacts de l’opération seront révélés ce lundi. Une chose est sûre : il s’agit de la reprise
d’Opel par PSA, et pas d’un partenariat avec GM. Cette acquisition d’Opel - et de sa marque sœur
Vauxhall qui commercialise les mêmes modèles au Royaume-Uni - est importante pour le constructeur
français. Elle va lui apporter près 40 % de volumes de véhicules en plus, lui permettant d’atteindre
4,3 millions d’unités sur l’année 2016. Une progression qui aurait nécessité de nombreuses années
d’investissement dans des pays nouveaux avant de devenir réalité sans une acquisition.
Avec cette opération, le constructeur originaire de Sochaux devient l’incontestable numéro deux en
Europe. Le nouvel ensemble détiendra 16,3 % de part de marché dans l’Union européenne, restant
toutefois à distance respectable du groupe Volkswagen, qui vend 24 % des véhicules dans cette zone. PSA
récupère cette place, quelques mois après l’avoir perdue au profit de son concurrent hexagonal Renault.
L’alliance formée par la marque au losange avec ses partenaires japonais Nissan et Mitsubishi ne détient
que 14,6 % de parts de marché en Europe.
Pour autant, PSA ne grimpera pas dans le classement mondial des constructeurs automobiles. Le
groupe français était 8e. Il le reste, même s’il se rapproche du numéro 7, FCA (Fiat Chrysler), qui a écoulé
4,72 millions de véhicules l’an dernier. Ce qui montre bien le retard pris par PSA dans la course mondiale
aux volumes. L’acquisition d’Opel lui permet toutefois de recoller au deuxième peloton, constitué de
constructeurs fabriquant entre 4,7 et près de 8 millions de véhicules par an.
lefigaro.fr, le 05/03/2017

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1. Quelle est l’information principale présentée par cet article ?
2. En quoi cette opération est-elle importante pour PSA ?
3. Le pouvoir de marché de PSA est-il renforcé par cette opération ?
4. Selon vous, quelle est la structure du marché automobile en Europe ?

Certaines opérations financières permettent aux entreprises d’augmenter leur pouvoir de marché, c’est-
à-dire leur capacité à influencer les prix, en augmentant leur taille. Différentes stratégies de rachats
peuvent être appliquées (achat d’un concurrent, d’un fournisseur ou d’un distributeur, diversification
des activités…) afin de renforcer son pouvoir de marché. Ainsi, le nombre d’offreurs sur le marché
diminue. En France, le marché de la téléphonie mobile est un cas concret d’oligopole où la faiblesse de la
concurrence limite les baisses de prix. La situation la plus favorable pour une entreprise est la situation
de monopole car son pouvoir de marché est total (à condition qu’il existe une demande) dans la mesure
où elle est la seule à fournir un bien ou un service. Dans ces cas, la condition d’atomicité n’est pas
respectée du côté de l’offre, puisque l’on observe la présence d’un ou quelques offreurs seulement. En
situation de monopole, une entreprise est alors « faiseur de prix » car elle est en situation d’exercer une
influence sur le niveau des prix du marché. Les consommateurs seront donc contraints de payer un prix
plus cher qu’en situation de concurrence s’ils veulent obtenir ce bien ou ce service.

2. Les ententes entre entreprises

Exercice 3 - Les oligopoles en paix

• Objectif : Comprendre la formation d’une entente.


• Consigne : Après étude du document, répondez aux questions posées.
Les ententes entre firmes constituent une pratique fréquente du monde des affaires […]. La
détermination en commun d’un prix constitue la forme la plus immédiate du cartel : les firmes se
réunissent pour fixer un prix supérieur au prix de la concurrence, et ce, sur chaque marché […].
Une seconde modalité d’organisation d’un cartel consiste à se répartir les marchés sur une base
géographique de telle sorte que chaque firme se retrouve en situation de monopole à l’intérieur
d’un territoire donné […]. En troisième lieu, une entente peut avoir comme objectif l’élimination d’un
concurrent […]. En dernier lieu, les membres de l’entente peuvent définir des quotas de production.
Emmanuel Combe, Cartels et ententes, PUF, Collection Que sais-je, 2004.

1. Qu’est-ce qu’une entente (ou cartel)?


2. Quels sont les objectifs d’un cartel ?
3. Quels sont les moyens employés pour atteindre cet objectif ?
4. Les ententes sont-elles légales ?
5. Recherchez des exemples de cartels.

Un cartel de producteurs désigne une entente entre entreprises dont l’objectif est de porter atteinte à
la concurrence. Ce type d’entente peut prendre différentes formes, comme l’échange d’informations, la
fixation de prix communs, la répartition des marchés...

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3. Les barrières à l’entrée

Exercice 4 - Une entrave à l’entrée de nouvelles entreprises sur le marché

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• Objectif : Découvrir l’existence de barrières à l’entrée.


• Consigne : Après étude du document, répondez aux questions posées.
Les barrières à l’entrée correspondent en gros aux facteurs pouvant entraver l’entrée de nouvelles
entreprises sur le marché pertinent. Il est important d’évaluer l’ampleur des barrières à l’entrée pour
mesurer le degré de concurrence auquel les entreprises en place sont susceptibles d’être confrontées.
Par exemple, lorsque les barrières à l’entrée sont élevées, les entreprises en place peuvent recourir
à des pratiques anticoncurrentielles, faire monter les prix et réaliser des bénéfices substantiels
qu’elles ne craindront pas de voir éroder par de nouvelles entrées. En d’autres termes, des barrières à
l’entrée peu élevées favorisent une plus vive concurrence potentielle et ont pour effet de discipliner les
entreprises en place sur le marché, ce qui limite la possibilité d’exercer un pouvoir de marché.
Les barrières à l’entrée peuvent prendre de nombreuses formes, que nous décrirons ci-après. […]
• Barrières naturelles : les barrières à l’entrée peuvent résulter de facteurs naturels comme les
économies d’échelle qui découlent de coûts fixes élevés. Par exemple :
— L
 es usines de traitement des eaux ont des coûts fixes élevés. C’est pourquoi il est généralement
préférable d’exploiter une seule usine de traitement des eaux dans une zone géographique donnée.
— L
 e niveau élevé des coûts de Recherche et Développement et des coûts fixes rend difficile l’entrée
dans le secteur de la construction de moteurs d’avions commerciaux gros porteurs.
• Barrières liées aux coûts irrécupérables : il existe parfois des barrières à l’entrée sur les marchés
où les coûts d’entrée irrécupérables sont élevés. Autrement dit, l’entreprise qui décide de sortir d’un
secteur particulier ne pourra pas les récupérer. Les coûts irrécupérables tiennent essentiellement
au fait que certains facteurs de production sont très spécialisés et que leurs autres usages possibles
sont limités. Ils peuvent découler notamment de la faible valeur de revente de l’équipement ou de
l’importance des dépenses de publicité ou de R et D.
— D
 ans l’industrie pharmaceutique, les entreprises doivent effectuer des essais cliniques intensifs
pour démontrer l’innocuité et l’efficacité d’un médicament avant d’être autorisées à l’introduire sur
le marché. Si l’innocuité et l’efficacité ne sont pas démontrées, le médicament n’est pas autorisé. Les
coûts supportés pour l’obtention des autorisations réglementaires sont des coûts irrécupérables. […]

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• Barrières créées par le comportement des entreprises en place : les initiatives des entreprises en
place sur un marché peuvent avoir des incidences négatives sur la concurrence. Par exemple :
— D
 ans les télécommunications, l’électricité et le gaz naturel, les clients sont liés aux fournisseurs par
des contrats non résiliables pendant une certaine période et doivent supporter des coûts de change-
ment de fournisseur. Ces pratiques sont préjudiciables aux concurrents et aux nouveaux entrants
parce qu’elles augmentent les coûts que les clients doivent supporter lorsqu’ils changent de fournis-
seur.
— A
 ux États -Unis, les opérateurs de télécommunications ont fait tout leur possible pour restreindre ou
empêcher l’accès de leurs concurrents à leurs réseaux.
Dans le secteur pharmaceutique, il est fréquent que les laboratoires s’efforcent d’obtenir une
« prolongation » de brevets et entraînent les fabricants potentiels de produits génériques dans de
coûteuses actions en justice afin de bloquer leur entrée sur le marché.
— L
 ors de l’ouverture à la concurrence des marchés postaux, les entreprises postales en place ont tenté
d’ériger des barrières à l’encontre de leurs nouveaux concurrents en concluant avec des entreprises
postales étrangères des accords prévoyant un traitement préférentiel en matière de levée, de tri et de
distribution du courrier, au détriment des opérateurs privés.
• Barrières induites par la réglementation : la réglementation imposée par les pouvoirs publics et les
organismes professionnels peut créer des barrières à l’entrée. Par exemple :
— D
 ans de nombreux pays, la législation restreint les nouvelles entrées dans le secteur du commerce
de détail, en particulier pour les grandes chaînes de distribution.
— D
 ans de nombreux pays, les procédures longues et coûteuses associées à la création d’entreprises
dissuadent l’entrée sur le marché.
— D
 ans les aéroports, les droits acquis sur les créneaux d’atterrissage ou les portes d’embarquement
bénéficient aux compagnies aériennes en place et constituent des barrières pour les nouveaux
transporteurs.
— D
 ans de nombreux pays, l’autorisation d’exercer la profession d’avocat ou de médecin dans un État
ou une région est subordonnée à la réussite d’un examen d’agrément exigé par l’ordre professionnel
local, ce qui constitue une barrière à l’entrée de professionnels dans un État ou une région et à la
mobilité entre les États ou régions.
Manuel pour l’évaluation de la concurrence, OCDE, 2011
1. Classez les différents types de barrières à l’entrée selon qu’elles soient liées à la structure du marché
(barrières structurelles) ou aux stratégies des entreprises (barrières stratégiques).

Barrières structurelles Barrières stratégiques

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2. En quoi l’existence de barrières à l’entrée augmente-t-elle le pouvoir de marché des entreprises déjà
présentes sur le marché ?
3. Quelle condition de la concurrence pure et parfaite l’existence de barrières à l’entrée remet-elle en
cause ?

Sur certains marchés, la condition de fluidité (liberté d’entrée et de sortie du marché) est remise en
cause par l’existence de barrières à l’entrée. On distingue deux principaux types de barrières à l’entrée.
Les barrières structurelles sont principalement liées aux caractéristiques du marché. En effet, certains
investissements ou coûts fixes sont tellement importants pour entrer sur le marché qu’ils dissuadent
l’entrée de nouveaux concurrents. Les économies d’échelle réalisées par les entreprises déjà présentes
rendent impossible la rentabilité d’une introduction sur un marché de ce type. C’est par exemple le cas
des industries de réseaux (électricité, télécommunications…). La réglementation, en édictant des normes
(sanitaires, environnementales…) peut aussi jouer le rôle de barrière structurelle.
Les barrières stratégiques correspondent aux stratégies délibérément mises en place par les
entreprises déjà présentes sur le marché. Leur objectif est de dissuader la concurrence d’entrer sur le
marché. Parmi les barrières stratégiques mises en place par les entreprises, on peut citer la stratégie de
prix prédateur (prix tellement faible qu’aucune autre entreprise concurrente ne pourrait être rentable),
les dépôts de brevets et l’innovation, voire des cartels qui correspondent à des ententes entre entreprises
déjà présentes sur le marché (même si ce procédé est interdit en Union européenne).
Ces barrières à l’entrée renforcent le pouvoir de marché des entreprises déjà présentes dans la mesure
où elles limitent l’entrée de concurrents sur le marché.

B. Des structures de marché peu concurrentielles


1. Le monopole

a. Les différents types de monopoles

Exercice 5 - Qu’est-ce qu’un monopole ?

• Objectif : Découvrir l’intérêt d’une situation de monopole pour une entreprise.


• Consigne : Après étude du document, répondez aux questions posées.
Par définition, l’entreprise en situation de monopole fournit la totalité de la production de la branche
considérée ; il s’agit bien du cas ou le produit fabriqué par l’entreprise considérée est différent de tous
les autres ; ainsi le monopole peut être caractérisé comme la situation dans laquelle un seul offreur
est en présence d’une multitude d’acheteurs. [...] Le monopole peut être temporaire : quand une
entreprise met en vente un produit nouveau (ordinateurs, vidéodisque, Polaroid, navette spatiale), elle
dispose provisoirement d’une situation de monopole qui ne sera mise en cause que lorsque d’autres
entreprises auront réussi à mettre au point des produits similaires, substituables du premier.
Gilbert Abraham-Frois, Economie politique, Economica, 1992.

1. Rappelez ce qu’est un monopole ?


2. Une situation de monopole est-elle définitive ?
3. Quel est l’impact d’une situation de monopole sur les prix pratiqués par l’unique
entreprise du marché ?
4. Quels sont les avantages pour l’entreprise en situation de monopole ?
5. Quels sont les inconvénients pour les consommateurs ?

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Exercice 6 - Pourquoi des monopoles ?

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• Objectif : Identifier les causes de l’existence d’un monopole.


• Consigne : Après étude du document, répondez aux questions posées.
Situation ou une seule entreprise approvisionne un marché. Ainsi, je suis obligé d’en passer [...] par La
Poste pour acheter un timbre. On peut citer comme autres exemples de monopole le médicament de la
marque Viagra ou le fromage de Beaufort. Une entreprise monopolise une branche dans trois cas :
— si l’État en interdit l’accès aux autres (c’est le cas [...]en partie pour La Poste) ;
— si un brevet d’invention en protège l’accès (Viagra) ;
— si la nature n’en permet pas la concurrence (beaufort).
Il arrive que des raisons techniques justifient qu’une seule entreprise accapare une branche appelée
alors « monopole naturel ». Le transport de l’électricité en est un exemple : il est absurde de multiplier
les poteaux et les fils électriques sur le territoire, ce qui justifie qu’EDF soit un monopole public. Mais
on a objecté que la concurrence pourrait rendre la production plus efficiente. On cherche alors, comme
pour la SNCF, le transport aérien, les télécommunications, à attribuer les réseaux à des monopoles,
mais à en garantir l’accès à d’autres entreprises, sous certaines conditions de tarifs et d’agréments
techniques.
Archives Larousse larousse.fr

1. Cherchez sur internet les définitions de « monopole naturel » et de « monopole institutionnel ».


2. Illustrez à l’aide d’exemples le monopole institutionnel, le monopole naturel et le monopole
technologique.
3. Comment justifier l’existence de monopoles naturels?
4. Précisez à quel type de monopole correspondent les citations suivantes?
« Les découvertes accompagnées de brevets protégés peuvent aussi être un facteur important ».
« Le gouvernement a accordé à une entreprise le droit exclusif de produire un bien ».
« Mais il n’y a qu’un seul puits en ville, et aucun autre moyen de se procurer de l’eau ».

En situation de monopole, un offreur peut exercer un fort pouvoir de marché sur la concurrence dans
la mesure où il est le seul à produire un bien ou un service. On dit alors qu’il est « faiseur de prix »,

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puisqu’il a une capacité à influencer le prix sur le marché, à l’inverse d’une situation de concurrence pure
et parfaite où la condition d’atomicité fait de chaque producteur un « preneur de prix » qui doit s’adapter
au prix fixé sur le marché. On peut distinguer trois types de monopoles :
• le monopole institutionnel est décrété par une décision de l’État qui, au nom de l’intérêt général, a
concédé à une entreprise le monopole de production ou de distribution d’un bien ou d’un service.
• le monopole naturel correspond à une situation de monopole où les coûts fixes sont trop importants
pour être supportés par une entreprise de taille insuffisante car le coût serait trop élevé pour entrer
sur le marché.
• le monopole technologique correspond à un marché sur lequel une entreprise se retrouve seule suite à
une innovation qui est protégée par un brevet.

b. L’équilibre du monopole

Exercice 7 - La maximisation du profit en situation de monopole

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• Objectif : Comprendre comment se fixe le prix dans le cadre d’une situation de monopole
• Consigne : Après étude du document, répondez aux questions posées.
Soit une ville avec un seul fournisseur d’eau. […] S’il fournit seulement un litre d’eau, il peut le vendre
1 euro. S’il fournit deux litres, il doit baisser le prix à 0,80 euro de façon à pouvoir les écouler. S’il
produit trois litres, il doit baisser son prix à 0,60 euro et ainsi de suite.
[...]Le tableau […] montre de quelle façon les recettes d’un monopole peuvent dépendre du montant d’eau
fourni. […] La dernière colonne du tableau […] présente la recette marginale de la firme, c’est-à-dire la
valeur de la recette perçue par la firme pour chaque unité supplémentaire produite. Nous calculons la
recette marginale en prenant les modifications de la recette totale quand la production augmente d’une
unité. Par exemple, lorsque la firme fournit trois litres d’eau, elle perçoit une recette totale de 2,40 euros.
En augmentant la distribution à quatre litres, la recette totale s’établit à 2,80 euros. Ainsi, la recette
marginale est égale à 2,80 moins 2,40 euros, soit 0,40 euro.
[…] Lorsqu’un monopole augmente la production d’une unité, il doit réduire le prix qu’il fait payer pour
toutes les unités vendues et cette baisse des prix conduit à une contraction de la recette sur les unités
déjà produites. Finalement, la recette marginale du monopole est inférieur au prix.

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Quantité d’eau Prix Recette totale Recette moyenne Recette marginale
(en litres) ( en euros) ( en euros) ( en euros) ( en euros)
0 litres 1,1 0 - -
1 1,0 1,0 1 1
2 0,9 1,8 0,9 0,8
3 0,8 2,4 0,8 0,6
4 0,7 2,8 0,7 0,4
5 0,6 3,0 0,6 0,2
6 0,5 3,0 0,5 0
7 0,4 2,8 0,4 -0,2
8 0,3 2,4 0,3 -0,4

G.N. Mankiw, M.P.Taylor, Principes de l’économie,


De Boeck, 2006 (édition 2010)

1. Comment expliquer que l’entreprise soit obligée de baisser le prix d’un litre d’eau pour en vendre
davantage ?
2. Quelle est la conséquence d’une telle décision ?
3. Quelle quantité l’entreprise doit-elle vendre si elle veut maximiser son profit ?

Exercice 8 - Une situation sous-optimale pour la collectivité

• Objectif : Comprendre que la situation du monopole ne permet pas une maximisation du surplus du
consommateur
• Consigne : Après étude du document, répondez aux questions posées.
Le monopole vend plus cher et produit moins que l’entreprise en concurrence pure et parfaite. Protégé
de la concurrence, il n’est pas incité à innover et à réduire ses coûts. Le prix de vente risque de rester
durablement élevé, alors qu’en concurrence pure et parfaite, il baisse jusqu’au minimum du coût moyen.
En vendant plus cher et en produisant moins, le monopole réduit le surplus de la collectivité et, par
conséquent, le bien-être collectif. […] La stratégie de maximisation du profit par le monopole conduit, par
conséquent, à un équilibre sous optimal pour la collectivité.
M.Montoussé, I.Waquet, 100 fiches de micro et macroéconomie, Bréal, 2009

1. Pourquoi le monopole ne favorise-t-il pas la baisse des prix ?


2. En quoi la situation de monopole n’est-elle pas satisfaisante pour la collectivité ?

Une situation de monopole n’est pas une situation optimale dans la mesure où, pour augmenter la
demande, l’offreur est obligé de diminuer son prix de vente, ce qui peut entraîner une diminution de son
profit. De plus, le consommateur est soumis à la production unique de l’offreur en situation de monopole,
et ne peut donc se tourner vers la concurrence pour obtenir un bien moins cher ou plus innovant.

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2. L’oligopole

a. Une situation plus réaliste que la concurrence pure et parfaite

Exercice 9 - Le marché de l’automobile : un oligopole ?

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• Objectif : Illustrer la notion d’oligopole.


• Consigne : Après étude du document, répondez aux questions posées.
Immatriculations de voitures particulières en Europe par groupe février 2019

GROUPE PART DE MARCHE VENTES


Volkswagen 24,4 280 639
PSA 17,3 198 321
Renault 10,6 121 726
Fiat Chrysler Automobile 7,0 80 213
Hyundai Kia 6,5 74 896
Ford 6,2 70 971
Daimler 5,9 68 340
BMW 5,7 65 633
Toyota 4,7 53 908
Nissan 2,6 29 679
Volvo Car Corp 2,0 22 847
Mazda 1,5 16 734
Mitsubishi 1 11 866
Honda 0,8 8 966
ccfa.fr, 2019

1. Faites une phrase interprétant la donnée soulignée.


2. Calculez la part que représentent les 10 producteurs d’automobiles les plus importants dans les
ventes automobiles en Europe.
3. Justifiez le fait que le marché automobile soit un marché oligopolistique.

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La concurrence pure et parfaite est un modèle théorique. Dans la réalité, les marchés ne respectent
pas toujours la condition d’atomicité, et on observe l’existence de monopoles ou d’oligopoles,
entreprises pouvant exercer un pouvoir de marché, c’est-à-dire influencer la fixation des prix,
contrairement à une situation de concurrence pure et parfaite où les offreurs sont preneurs de prix.

b. L’intérêt d’une entente pour les entreprises en situation d’oligopole

Exercice 10 - Le dilemme du prisonnier

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• Objectif : Comprendre pourquoi les entreprises en situation d’oligopole ont intérêt à former des
ententes
• Consigne : Après étude du document, répondez aux questions posées.
L’exemple le plus célèbre de la théorie des jeux est celui du « dilemme du prisonnier ». Deux individus
suspectés d’avoir commis un vol sont interrogés séparément ; ils vont se dénoncer mutuellement. Leur
comportement quoique rationnel est sous-optimal car la stratégie consistant à ne pas s’accuser aurait
été la meilleure. La recherche individuelle ne permet pas toujours d’atteindre l’optimum collectif.
Le dilemme du prisonnier peut être appliqué à l’économie et permet de comprendre pourquoi certaines
stratégies conduisent à des situations contraires à l’intérêt général.
[…] Deux entreprises se partagent le marché […]. Les prix et les profits dépendent du niveau de la
production sur le marché. Pour écouler une production plus importante, les entreprises doivent baisser les
prix, ce qui érode les profits. Considérons que chaque entreprise doive choisir entre un niveau élevé et un
niveau faible de production et que chacune d’entre elles prenne sa décision sans se concerter avec l’autre.

Entreprise B

Production faible Production forte

Production faible 10/10 2/12


Entreprise A
Production forte 12/2 5/5

La stratégie « production forte » est une stratégie dominante, car quel que soit le choix de l’entreprise B
(production forte ou production faible), l’entreprise A a intérêt à opter pour une production forte, et il en va
de même pour B. Les deux duopoles choisissant une production forte, leur profit respectif est de cinq, ce
qui est une solution sous optimale. Une entente leur aurait permis d’opter toutes les deux pour un faible
niveau de production et de réaliser chacune une profit de 10.
M.Montoussé, I.Waquet, 100 fiches de micro et macroéconomie, Bréal, 2009

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1. Dans le dilemme du prisonnier, comment expliquer que les deux individus suspectés de vol se
dénoncent mutuellement ?
2. Ce comportement est-il optimal ? Auraient-ils pris la même décision s’ils avaient pu se concerter ?
3. Comment expliquer qu’une production forte des deux entreprises entraîne des profits inférieurs à une
production faible ?
4. En l’absence de concertation, les entreprises en situation de duopole prennent-elles une décision
optimale ? Pourquoi ?
5. En quoi une entente entre les deux entreprises permettrait-elle de maximiser leur profit ?

En situation d’oligopole, les entreprises, ne connaissant pas les décisions de leurs concurrents,
peuvent prendre des décisions rationnelles, mais qui ne sont pas optimales dans la mesure où elles
ne permettent pas forcément de maximiser leur profit. Les entreprises en situation d’oligopole
peuvent donc avoir intérêt à former des ententes afin de se mettre d’accord sur une stratégie
commune visant à optimiser leurs situations. Ce type de pratiques se fait cependant au détriment du
consommateur, qui sera obligé de payer les biens ou les services qu’il consomme à un prix supérieur
au prix résultant d’une situation concurrentielle.

C. La nécessité de restaurer la concurrence


1. La politique de la concurrence

Exercice 11 - Cartel interdit dans le secteur du chauffage urbain

• Objectif : Comprendre la nécessité d’une politique de la concurrence pour augmenter le surplus du


consommateur
• Consigne : Après étude du document, répondez aux questions posées.
En octobre 1998, la Commission européenne est intervenue pour mettre fin à un cartel entre des
producteurs de conduites de chauffage urbain qui fixaient en commun les prix et les conditions de
leur participation aux appels d’offres des autorités publiques. Ce cartel, créé au Danemark à la
fin de 1990, s’était ensuite étendu à l’Allemagne et à d’autres États membres. Dès 1994, la totalité
du marché européen était concernée. Au Danemark et en Allemagne, ces sociétés avaient mis en
œuvre un système pour fausser les procédures d’appel d’offres : un « favori » était désigné pour
remporter chaque contrat, les autres membres du cartel présentant des offres plus élevées. En
outre, les membres du cartel se partageaient les marchés nationaux et fixaient en commun les
prix des conduites de chauffage urbain. Les acheteurs des conduites, c’est-à-dire principalement
les collectivités locales, étaient donc contraintes de recourir au « même » fournisseur sans avoir
une réelle possibilité de choix entre des offres concurrentes et à un prix compétitif. La Commission
européenne a infligé aux sociétés impliquées dans ce cartel une amende totale d’environ 92 millions
d’euros. Dans ce cas de figure, la pratique anticoncurrentielle porte préjudice aux entreprises non
membres du cartel, qui étaient systématiquement exclues des marchés, ainsi qu’aux collectivités
locales, et donc aux contribuables.
La politique de concurrence en Europe et le citoyen, Commission européenne, 2000

1. Pourquoi la Commission européenne est-elle intervenue auprès de producteurs de conduites de


chauffage urbain ? Quelle a été la sanction infligée ?
2. En quoi cette pratique se faisait-elle au détriment des autres entreprises et des collectivités locales ?
3. Rappelez ce qu’est-ce qu’un « cartel » de producteurs ?

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2. Les principaux domaines d’intervention de la politique de la concurrence

Exercice 12 - Sanctionner les comportements anticoncurrentiels

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• Objectif : Connaître les comportements anticoncurrentiels sanctionnés par la politique de la


concurrence
• Consigne : Après étude du document, répondez aux questions posées.
La concurrence oblige les entreprises à chercher en permanence à offrir la meilleure gamme de
produits au meilleur prix, sous peine de voir les consommateurs se tourner vers leurs concurrents.
Dans un marché libre, le jeu concurrentiel entre les entreprises est indispensable, au profit des
consommateurs.
Or, il arrive que des entreprises tentent de limiter la concurrence. Les autorités comme la Commission
doivent prévenir ou sanctionner ces comportements anticoncurrentiels, afin d’assurer le bon
fonctionnement des marchés des produits. La Commission surveille et sanctionne, le cas échéant :
• les accords entre entreprises qui visent à restreindre la concurrence, comme les ententes ou
d’autres accords déloyaux, par lesquels les entreprises conviennent de ne pas se concurrencer et
cherchent à établir leurs propres règles;
• l’abus de position dominante, lorsqu’un acteur important tente d’évincer ses concurrents du marché;
• les fusions et les autres accords de ce type, par lesquels les entreprises décident de conjuguer
leurs efforts, de façon provisoire ou permanente; ces accords sont légitimes à condition d’élargir les
marchés et de bénéficier aux consommateurs.
Commission européenne

1. Quel est l’objectif de la politique de la concurrence mise en place par la Commission européenne ?
2. Quel est le rôle de la Commission dans cette politique de la concurrence ?
3. Précisez pour chaque situation en quoi les pratiques sont anticoncurrentielles.

Dans le cadre de la construction du marché commun européen, la Commission européenne, par sa


politique de la concurrence, impose aux agents économiques un cadre juridique contraignant afin de
limiter les pratiques anticoncurrentielles qui se feraient au détriment des consommateurs. Au-delà de la
fixation de normes, la Commission surveille et sanctionne les comportements visant à accroître le pouvoir
de marché de certains agents économiques dans le but d’augmenter le surplus du consommateur.

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