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FICHES DE GRAMMAIRE

Définitions

Sujets d’oraux*

Plans d’exposés

Présentation par chapitre


selon le sommaire de la « Grammaire méthodique du français »

* colligés d’après les rapports des jurys des concours d’agrégation 2004, 2005 et 2006,
sauf ceux en italique, non posés ces années-là, mais qui pourraient l’être à l’avenir.
Chapitre IV
La ponctuation
SUJETS D’ORAL : La ponctuation - Ponctuation et signes typographiques - Italiques,
guillemets, tirets, parenthèses - Phrase et ponctuation - Syntaxe et ponctuation
Définition : La ponctuation est le système des signes graphiques qui contribuent à
l’organisation d’un texte écrit, qui apportent des indications prosodiques, marquent des
rapports syntaxiques ou véhiculent des informations sémantiques.
PLANS D’EXPOSES :
Fonctions des signes de ponctuation :
Fonction prosodique : pauses (signes pausaux), intonation et rythme
Fonction syntaxique :
. séparation des mots (blanc, apostrophe, trait d’union);
. délimitations inter-phrastiques (virgule/point-virgule, guillemets/parenthèses/
crochets/ tirets doubles, deux-points)
. délimitations intra-phrastiques : majuscules (début de phrase) et point simple, -virgule,
d’interrogation, d’exclamation, de suspension (fin de phrase).
Fonction sémantique :
. indication modale (ponctuation finale),
. apport d’une analyse sémantique de la phrase,
. structuration en plans d’énonciation distincts.
Signes marquant des pauses
Point : pause forte en fin de phrase simple/complexe
Point-virgule : pause intermédiaire
Virgule : pause faible, utilisation complexe déterminée par des raisons
stylistiques, emploi pour séparer des termes :
. de même fonction (coordination : virgules et conjonctions et/ou/ni, mais)
. de fonctions différentes (isolement de groupes fonctionnels : apostrophe, incidente, incise,
apposition, termes détachés, ellipse, mots/groupes de mots détachés).
Points de suspension :
. pause prosodique et syntaxique comme un point simple, mais ouverture d’un
prolongement sémantique (fragmentation d’un monologue, marquage expressif du rythme
de la parole du locuteur,…)
. citation tronquée : (…) ou […]
Signes à valeur sémantique et énonciative
Deux-points : introduction d’un terme en rapport logique et sémantique avec ce
qui précède (rôle démarcatif et énonciatif) (citation, discours rapporté, énumération, exemple,
séparation thème/prédicat)
Points d’interrogation et d’exclamation
Guillemets, parenthèses, crochets, tirets : encadrement (citation, discours
rapporté) ou isolement (mot, groupe de mots), avec changement de niveau énonciatif (se
concurrencent ou s’opposent pour distinguer des éléments de nature différente ou marquer un degré de mise en
valeur)
Autres signes de ponctuation :
Trait d’union : liaison (mots-composés, décomposition en syllabes), division (à
la ligne).
Astérisque : renvoi (commentaires, précisions, références, variantes,… idem
chiffres/lettres)
Signes typographiques :
Alinéa (à la ligne et retrait) : mise en page notamment en poésie
Variations typographiques : mise en valeur( italique, caractères gras, lettres
capitales/taille, police de caractères)

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Chapitre V
Les structures de la phrase
SUJETS D’ORAL : Les structures de la phrase - La phrase – Etude syntaxique d’une phrase -
La fonction sujet - Sujet et agent – Les compléments circonstanciels.
Définitions/Repères :
. Phrase : d’abord une séquence de mots que tout sujet parlant est capable non seulement de
produire et d’interpréter, mais dont il sent intuitivement l’unité et les limites.
. Syntaxe : établit les règles qui gouvernent les relations de combinaison et de dépendance
entre mots et groupes de mots au sein de la phrase.
. Syntagme (ou groupe syntaxique) : séquence de mots formant une unité syntaxique.
PLANS D’EXPOSES :
LA PHRASE : CADRE DE L’ANALYSE SYNTAXIQUE
Définition syntaxique de la phrase :
La phrase est l’unité supérieure, à la fois complète et autonome, susceptible d’être
décrite au moyen d’un ensemble de règles morphosyntaxiques; ainsi, elle n’entre pas dans
une construction syntaxique d’ordre supérieur et n’a pas de fonction grammaticale au sens
ordinaire du terme. Cette double propriété fait de la phrase le cadre à l’intérieur duquel se
déploient et se décrivent le réseau de relations (fonctions grammaticales) et les classes
d’unités simples (parties du discours) qui constituent l’architecture syntaxique des énoncés.
Fonctions syntaxiques
La fonction d’un mot ou groupe de mots (= rôle que cet élément joue dans l’ensemble
de la phrase) se définit en termes relationnels (épithète d’un nom, apposé à,…) selon
différents critères (et en pratique se caractérisent souvent par une conjonction de critères) :
positionnels (identifient une fonction donnée à une place donnée), morphologiques (tels que
l’accord avec un élément régisseur : le sujet régit l’accord du verbe en personne, nombre et, le
cas échéant, genre,…), catégoriels (spécifient la nature des éléments pouvant remplir une
fonction donnée : p.ex. attribut remplie par un adjectif/nom.pronom,…), transformationnels
( associent certaines fonctions à des changements structurels dans la phrase : le c.o.d. de la
phrase active devient le sujet de la phrase passive) et interprétatifs (rôle sémantique associé à
une fonction syntaxique : sujet = rôle d’agent, de patient ou de siège d’un état,…).
Selon les niveaux d’organisation de la phrase, on distingue : fonctions primaires qui déterminent
la structure fondamentale de la phrase (sujet, verbe, compléments du verbe et circonstanciels), et
fonctions secondaires (à l’intérieur des éléments qui assurent les fonctions primaires.
STRUCTURE SYNTAXIQUE DE LA PHRASE SIMPLE
La structure ou forme canonique de la phrase de base est celle d’une phrase assertive,
simple (une seule structure phrastique) et neutre (ni négative, ni emphatique, ni passive, ni
exclamative), où l’ordre des mots correspond à la formule :
(CC) – sujet - (CC) – verbe - complément(s)/attribut - (CC) (CC) = complément circonstanciel)
Les phrases observables peuvent ne pas correspondre directement à ce modèle prototypique
et théorique, mais s’avérer néanmoins descriptibles à partir de la phrase canonique
moyennant des regroupements syntaxiques sous la forme de syntagmes identifiables par des
tests de substitution, effacement/addition et déplacement (voir livre, pp.110-111).
Analyse en constituants immédiats (voir livre, pp.112-118) :
Cette procédure consiste à décomposer une unité syntaxique non pas d’emblée en ses plus
petites unités grammaticales, mais d’abord en ses plus grands constituants, puis à répéter l’opération
sur ceux-ci, et ainsi de suite jusqu’à ce que l’analyse atteigne les éléments grammaticaux ultimes que
sont les mots. Cette analyse révèle la structure hiérarchique de la phrase, qui peut se représenter sous
la forme : (a) d’un schéma en arbre qui montre les mots, regroupements en syntagmes et
emboîtements successifs de ces derniers) ou (b) d’une suite de symboles catégoriels établie selon des
règles de réécriture partant du symbole P de la phrase pour aboutir aux symboles terminaux des

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parties du discours (N, V, Dét,…). Ces représentations illustrent le caractère doublement relationnel
de tout rapport syntaxique : tout constituant indépendant (CI) de la phrase a son statut syntaxique
définit par deux types de relations solidaires : intégrative (le CI participe directement à la constitution
d’un syntagme d’ordre supérieur) et distributionnelle (le CI est directement lié au(x) constituant(s) de
même niveau avec le(s)quel(s) il forme une syntagme d’ordre supérieur). Selon ces deux relations, les
différentes fonctions dans la phrase s’identifient de façon univoque et sans recours au sens, grâce à
une lecture strictement positionnelle des relations syntaxiques. Les règles de réécriture ci-dessus sont
complétées par d’autres règles qui prévoient (a) la possibilité qu’un symbole catégoriel ait plus d’une
réécriture (p. ex. le groupe verbal peut se réécrire : V = verbe intransitif, V+GN = construction
transitive directe, V+GP = construction transitive indirecte, V+Adj = construction attributive) et (b)
l’inclusion de tous les éléments facultatifs régis par les constituants dont ils dépendent, comme les
circonstants susceptibles de plusieurs réalisations catégorielles (GN et modificateurs facultatifs et
cumulables comme Adj, GP,…). Cet ensemble de règles constitue une grammaire syntagmatique qui
rend aussi compte de l’ambiguïté de phrases comme la petite brise la glace.
Définition de classes syntaxiques (voir livre, pp.118-123)
La grammaire traditionnelle répartit les constituants de l’analyse syntaxique en neuf parties
du discours (nom, article, adjectif, pronom, verbe, adverbe, préposition, conjonction, interjection)
dont chacune est une classe de mots ou un type de mots selon qu’on l’envisage en extension ou en
compréhension. Cette classification selon des critères notionnels est dépourvue de tout pouvoir
discriminant. Les critères morphologiques quant à eux sont presque exclusivement d’ordre flexionnel
(conjugaison des verbes) .
Du point de vue syntaxique, la définition syntagmatique des parties du discours, qui est
distributionnelle (classe de mots = ensemble de mots pouvant occuper les mêmes positions dans des
structures phrastiques), présente le double avantage d’unifier la définition de toutes les unités
syntaxiques de la phrase (mots et syntagmes) et d’affiner l’inventaire catégoriel de la grammaire
traditionnelle (p.ex. regroupement dans la même catégorie des déterminants, des articles et des
adjectifs démonstratifs, possessifs, indéfinis,.. qui n’ont d’adjectifs que le nom).
Afin d’améliorer encore la spécificité de la classification, essentiellement en ce qui concerne les
verbes, les parties du discours sont sous-catégorisées, selon deux types de critères qui introduisent
des restrictions syntaxiques et des spécifications sémantiques :
- la sous-catégorisation syntaxique (dite stricte) introduit dans la formulation syntagmatique de la
phrase un trait de sous–catégorisation distributionnelle ([V], GV[ GN] = verbe construit avec un
groupe nominal objet direct : verbe transitif direct)
- la sous-catégorisation sémantique (dite de sélection contextuelle) spécifie la nature sémantique du
nom-tête de son complément ([+humain], [+liquide],…).
Ainsi par exemple : boire est un verbe [V] (partie du discours), transitif direct GV[ GN] (= sous-cat.
syntagmatique), qui réclame un sujet et un objet présentant respectivement les traits animés et
liquide P[GN[Dét+N[animé]] + GV[ GN[(Dét+N[+liquide])] (= sous-cat. sémantique).
INTERPRETATION DES RELATIONS SYNTAXIQUES
Notion de valence et d’analyse actancielle :
La valence est l’aptitude générale de certaines catégories grammaticales, principalement le
verbe, à imposer à leur entourage des configurations syntaxiques bien déterminées.
La valence d’un verbe correspond au nombre d’actants qu’il requiert, c’est-à-dire au nombre
de constituants participants syntaxiquement au procès spécifique que ce verbe dénote
(donner : trivalent, résoudre : bivalent, récidiver : monovalent); on parle de prime actant,
second actant et de tiers actant selon leur ordre d’apparition dans la phrase canonique. Les
termes de valence et d’actant sont employés solidairement.
Par exemple, dans l’enfant offre un cadeau à son père, offrir, verbe trivalent a trois actants,
respectivement le prime actant l’enfant (sujet), le second actant un cadeau (objet direct et le tiers actant
à son père (objet indirect introduite par à). Chacun des actant est soumis à des restrictions
sémantiques : le premier et le troisième ont le tait humain, tandis que le second doit pouvoir être
conçu comme objet d’un transfert entre les deux premiers.
Les aptitudes combinatoires des adjectifs et de noms morphologiquement et syntaxiquement
reliés à des verbes ou adjectifs se décrivent aussi au moyen de schèmes valenciels.

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Relations syntaxiques et rôles sémantiques :
A la distribution syntaxique des actants correspond un assortiment de rôles
sémantiques qui reflètent nos intuitions les plus immédiates sur les configurations
prédicatives sous-jacentes à l’organisation syntaxique des phrases autour du pivot verbal
central : l’agent (acteur) = être animé instigateur et contrôleur du procès, l’objet (patient) =
entité, animée ou non, sur laquelle s’exerce le procès, le bénéficiaire (datif) = être animé
affecté par les retombées du procès, le siège, l’instrument, le locatif, le but, le résultatif, la
source,.... C’est la place des formes grammaticales dans un schéma actanciel spécifique qui
leur confère un rôle sémantique. Par exemple, le groupe nominal le couteau est successivement
siège, objet, résultat, instrument, cause,…au gré des fonctions que lui assigne le verbe dans
respectivement Le couteau est propre – Elle nettoie le couteau Il a fabriqué ce couteau – Le couteau coupe bien
– Le couteau l’a terrorisé.
STRUCTURES FONDAMENTALES DE LA PHRASE SIMPLE
La phrase minimale, obtenue par effacement de tous ses éléments facultatifs, correspond au
schéma structural de la phrase canonique de base réduite à la séquence ordonnée GN-GV : la
structure de la phrase de base est ainsi fondamentalement bipartite.
La phrase étendue résulte de l’addition successive à la phrase minimale d’éléments facultatifs
(expansions), les ajouts se situant au niveau des fonctions primaires à côté du GN sujet (modifieurs
du nom) et du GV (compléments circonstanciels).
La fonction sujet
Identification syntaxique : le sujet de la phrase canonique de base se caractérise
par cinq propriétés : (1) premier des deux éléments nécessaires à la constitution d’une phrase,
(2) régit l’accord du verbe en personne et en nombre (aussi en genre si le verbe au participe
passé est conjugué avec être), (3) seul élément qui puisse être extrait de la phrase au moyen
de c’est…qui (ou répondre à une interrogation partielle en qui/qu’est-ce qui ?), (4) appartient à
la catégorie des constituants nominaux (groupes nominaux et leurs substituts pronominaux),
(5) sujet de la phrase active = complément d’agent de la phrase passive correspondante.
Interprétation sémantique :
- le sujet se prête à un large éventail d’interprétations déterminées par le rôle sémantique que
le verbe assigne à son premier actant : agent, bénéficiaire, instrumental, locatif, cause,…
- le sujet représente l’argument unique ou initial d’une relation prédicative, mais la fonction
sujet et les rôles qu’elle recouvre sont très indépendants puisque chaque verbe opère sa
propre « subjectivisation » actancielle en couplant la fonction sujet avec un rôle sémantique
spécifique.
Fonction communicative : le sujet grammatical occupe normalement la fonction
de thème dans la dichotomie thème-propos de l’analyse communicative, mais la bipartition
syntaxique en GN-GV ne coïncide pas toujours avec la distribution en thème-propos
dislocation, focalisation au moyen de tournures extractives c’est…qui,…) et d’autre part le
passif thématise l’objet du verbe actif en le déplaçant en position de sujet.
Syntaxe du sujet : La notion grammaticale de sujet intervient crucialement dans
l’identification et dans les procédures d’analyse de ses propres paramètres définitoires
(analyse bipartite de la phrase minimale, accord du verbe, formes de la dislocation et du
clivage, mécanismes de la passivation), et aussi dans la définition d’autres phénomènes :
formes spécifiques des pronoms réservées à la fonction sujet (trois personnes du singulier et
3è personne du pluriel, et pronom relatif), réflexivité pronominale (formes spécifiques se/soi
opposées aux formes non réfléchies le/la/les/lui).
L’ellipse du sujet : Le sujet peut ne pas être exprimé si le contexte
linguistique ou la situation de communication permettent de le restituer : sujet
référentiellement vide et contraint de certaines locutions impersonnelles (Fallait-il le dire),
phrase impérative - structurellement dépourvue de sujet (Faisons un rêve), sujets
coréférentiels d’une suite de phrases juxtaposées ou coordonnées au sujet d’un verbe
(Aurélien ramassa ses livres, (il) mit sa veste et (il ) sortit), ellipses discursives (Où vas-tu ?-A

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Paris), sujet non exprimé restituable à partir du co-texte (Excellent !) ou de la situation de
discours (Vaut le détour – Que faire ?).
L’inversion du sujet : le sujet est déplacé dans une position autre que dans la
phrase canonique GN-GV : (a) thématisation opérée par des phrases emphatiques et (b)
inversion proprement dite sous l’une des formes : pronominale (pronoms personnels
postposés), nominale (sujets proprement nominaux postposés tels quels à la forme verbale
simple ou complexe), complexe (sujet à sa place canonique, mais repris après le verbe par le
pronom personnel sujet de le 3è personne). Ces trois formes peuvent se rencontrer dans les :
- phrases assertives : inversion facultative, favorisée par (a) certains adverbes en tête de phrase
(commandent l’inversion pronominale), (b) des verbes qui signalent l’existence ou le mode
d’existence du référent de leur sujet nominal (venir, arriver, suivre,…), (c) les tendances générales à
postposer au verbe les sujets volumineux et la possibilité corollaire de rapprocher de son antécédent
un complément anaphorique ;
- phrases interrogatives : inversion pronominale toujours possible en interrogation directe (partielle et
totale), inversion nominale exclue dans l’interrogation totale, directe et indirecte, interrogation
indirecte totale incompatible avec toute forme d’inversion (voir tableau livre, p. 135).
- autres types de phrase : phrases exclamatives (inversion jamais obligatoire, mais les trois types
possibles s’il y a un mot exclamatif), périphrases verbales optatives limitées à des verbes au subjectif
sans que (Vive la France), soi(en)t suivi d’une groupe nominal dans le discours argumentatif.
- propositions subordonnées : inversion nominale seule possible (verbe sans objet postposé).
- propositions incises et incidentes : inversion = décrochage syntaxique et énonciatif, sujet nominal ou
pronominal postposé dans les incises (discours rapporté), inversion rare dans les incidentes.
- proposition juxtaposées :
L’inversion du sujet peut, soit affecter le statut grammatical et l’interprétation de la phrase (conditionnement
syntaxique), soit représenter une variante stylistique exploitée à des fins communicatives.
Les compléments circonstanciels
La phrase étendue à partir de la phrase minimale comporte des expansions par ajouts de
constituants mobiles dont les propriétés formelles et interprétatives justifient l’appellation de
compléments circonstanciels.
Identification syntaxique :
Troisième constituant majeur de la phrase de base, le complément circonstanciel ou
circonstant se distingue des deux premiers, le GN et le GV, par trois propriétés : il est
facultatif, démultipliable librement et mobile dans les limites de la phrase entière.
Le plus souvent, le circonstant est un groupe prépositionnel, dont la préposition
spécifie le type de rapport qui l’unit au reste de la phrase : temporel, spatial, causal,
concessif,… Les prépositions à et de instaurent une relation indéterminée, mais spécifiée par
le sens des unités lexicales en jeu (à la maison = lieu. Certains circonstants qui assurent un
repérage temporel ou spatial se passent de préposition (ce matin).
Les circonstants fonctionnent également comme circonstants des adverbes de temps, de lieu et
en –ment, et aussi des subordonnées dites circonstancielles : conjonctives ou réduites à une infinitive,
participiales, et par assimilation (mobiles mais pas toujours facultatifs) : les gérondifs introduits par
en, les participes apposés et certaines constructions absolues.
Interprétation sémantique.
Constituant non prévu par la structure actancielle du verbe, le circonstant joue un rôle
sémantique par rapport à la prédication formée par le reste de la phrase :
- les circonstants de temps et de lieu assurent l’ancrage spatio-temporel des procès
et des états, les premiers opérant toutes sortes de repérages par rapport à un moment ou une
période, les seconds localisant le reste de la phrase dans un cadre spatial ou précisant un
élément de ce cadre. Ce sont essentiellement des adverbes et des groupes nominaux
introduits par des prépositions ou des locutions prépositionnelles. Placés en tête de phrase,
ils entraînent souvent l’inversion du GN sujet si le verbe est transitif.
- les circonstants dénotant cause, but, moyen, instrument, manière,… et
condition, opposition, accompagnement, point de vue,…
⇒ Certains circonstants expriment plus d’un rapport avec le reste de la phrase.

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⇒ Des théories récentes, énonciatives et textuelles, identifient des circonstants qui (a) délimitent
l’univers de discours, (b) marquent l’attribution du propos ou la source de l’information véhiculée
par le reste de la phrase ou (c) signalent des progressions et des enchaînements textuels.
⇒ Les commentaires énonciatifs, par lesquels le locuteur exprime ses engagements à
l’égard de ce qu’il est entrain de dire, ne sont pas considérés comme circonstants mais rangés
dans la catégorie générale de la modalisation (⇒ XX, « Modalités d’énonciation »).
Fonction communicative. Selon leurs positions dans la phrase et le rôle
communicatif qui leur est associé, on distingue :
- les circonstants à fonction scénique : participent à la mise en place préalable du
cadre de circonstances, conçu comme un ensemble de dimensions ouvertes qui, selon les
besoins de la communication, demeurent implicites ou sont saturées par des circonstants;
- les circonstants à fonction rhématique : jouent le rôle de propos par rapport au
thème qui constitue le reste de la phrase.
⇒ Les grammaires traditionnelles ne définissent le complément circonstanciel que sur des bases exclusivement
sémantiques et, à l’origine, rhétoriques.

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Chapitre VI
Le groupe nominal

STRUCTURE DU GROUPE NOMINAL (GN)


SUJETS D’ORAL :
. Structure et emploi des groupes nominaux. Marques et mécanismes de l’accord.
Définitions/Repères :
. Le groupe nominal (GN) est le premier constituant obligatoire de la phrase de base (P = GN
+ GV), articulé autour d’un mot-tête : le nom.
. Le GN minimal correspond au couple [Déterminant + nom], constituants largement
solidaires et interdépendants.
. Le GN étendu est une expansion du GN minimal par addition, autour du noyau nominal,
d’éléments facultatifs qui forment avec le nom un syntagme intermédiaire appelé nom
expansé (Nexp).
. Le GN se caractérise d’un point de vue interne (De quoi peut-il être constitué ?) ou externe
(ou distributionnel) (de quoi peut-il être constituant ? quelles sont ses fonctions ?)
. Un GN à tête nominale est une expression à la fois référentielle et descriptive, c.-à-d. une
séquence construite d’unités dont les sens codés se combinent pour évoquer un type d’entité.
PLANS D’EXPOSES :
Interprétation sémantique et usages communicatifs du GN
Modes de référenciation au moyen d’un groupe nominal (voir chap.XIX)
Modificateurs à fonction déterminative ou appositive ou descriptive
Accord dans le groupe nominal (selon genre et nombre)
DETERMINANTS
SUJETS D’ORAL SIMPLES :
. Les déterminants - Les déterminants du substantif - Déterminants définis et indéfinis -
. L’article - Article et absence d’article.
. Les démonstratifs - Les indéfinis.
. Le déterminant du nom et son absence - L’absence de déterminant
. Termes nominaux hors syntaxe : apostrophes… - Apostrophes et appositions - L’(es)
apposition(s) - Apposition et attribut.
SUJETS D’ORAL TRANSVERSAUX :
. Pronoms et déterminants indéfinis (voir § Pronoms indéfinis).
Définitions/Repères :
. Mot qui doit nécessairement précéder un nom commun pour constituer un groupe nominal
bien formé dans la phrase de base (GN = Dét+nom). Il permet le transfert du terme simple ou
complexe qui le suit (Un tiens vaut mieux que deux tu l’auras).
. Les déterminants portent les marques de genre et de nombre du GN, participent à
l’actualisation du nom, assurant ainsi son passage de la langue dans le discours tout en
formant avec lui des expressions référentielles.
PLANS D’EXPOSES (morphologie et syntaxe) :
Déterminants définis :
Article défini (le, la, les)
Déterminants démonstratifs (ce/cet, cette, ces)
Déterminants possessifs (mon/ton/son,… notre/votre/leur).
Groupes déterminants définis :
(+ même = identité / +quelques,deux…= quantité / +tout/tous = totalité)

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Déterminants indéfinis :
Article indéfini
Déterminants indéfinis de quantité dénombrée (numéraux)
Déterminants indéfinis de quantité imprécise
Déterminants indéfinis de totalité distributive
Autres déterminants :
(tel, négatifs : aucun/nul/pas un, interrogatifs et exclamatifs : quel, relatifs : lequel)
Absence de déterminant :
En toutes positions syntaxiques : noms propres, emplois autonymiques,
coordinations totalisantes, coordinations identifiantes, énoncés abrégés.
Liée à des positions syntaxiques particulières : apostrophes, étiquetages,
constituants de locutions verbales, attributs et appositions, groupes prépositionnels.
NOMS
SUJETS D’ORAL : Nom propre et nom commun - Les noms abstraits - Genre et nombre - Le
genre : morphologie et sémantique - Le pluriel : morphologie et sémantique - Marque et
valeur du pluriel.
Définitions/Repères :
. Nom : mot-tête du GN, présente des propriétés morphosyntaxiques : (1) assume des
fonctions essentielles dans la phrase (sujet, complément, attribut) ; (2) nécessite pour désigner
êtres et objets et s’inscrire dans la phrase, la présence d’un déterminant (sauf le nom propre
qui à lui seul désigne directement un être déterminé); (3) ne tient que de lui-même son genre
et porte la marque du nombre précisée par le déterminant.
. Nom commun : désigne tout objet de pensée, quelle que soit sa catégorie ontologique : êtres,
choses, propriétés/états/sentiments/procès/relations/quantités,…
PLANS D’EXPOSES
Noms communs :
Catégorie des noms communs (définition ci-dessus)
Sous-catégorisation des noms communs :
. comptables/massifs
. animés/animés
. concrets/abstraits,
. relationnels (d’agent, de statut, de propriété, collectifs, à complément préposition)
Morphologie des noms communs :
. genre et nombre
. noms composés
Noms propres :
Catégorie des noms propres (ni déterminant ou article défini contraint, ni de sens lexical)
Morphologie : genre et nombre
Noms propres non modifiés (pas de déterminant sauf article défini)
Noms propres modifiés (emploi dénominatif, partitif, métonymique/métaphorique)
GROUPE NOMINAL ETENDU ( = NOMS et MODIFICATEURS DU NOM)
SUJETS D’ORAL : Les expansions du groupe nominal - Les expansions du nom – Les
modificateurs du nom - Le syntagme nominal (voir aussi déterminants).
Définitions/Repères :
. Modificateurs du nom :
- fonctionnent comme de véritables compléments de nom (étiquette que la grammaires
traditionnelle réserve pourtant aux seuls groupes prépositionnels);
- entretiennent deux types de relations avec le nom : déterminatives (restrictives,
sélectives) lorsqu’ils restreignent l’extension du nom et sont nécessaires à l’identification du référent
du GN, ou explicatives (descriptives) lorsqu’ils ne restreignent pas l’extension du nom.

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PLANS D’EXPOSES
Adjectif épithète (fonction, place –antéposé/postposé-, accord) (voir aussi VIII)
Participes épithètes (présents et passés)
Noms épithètes (Une tarte maison)
Groupes prépositionnels (compléments du nom au sens traditionnel)
Modificateurs propositionnels (subordonnées relatives, complétives, infinitives)
Modificateurs en position détachée (attributives, constructions absolues)
PRONOMS (ou SUBSTITUTS DU GROUPE NOMINAL)
SUJETS D’ORAL SIMPLES :
. Les pronoms - Le(s) pronom(s) personnel(s) – Formes conjointes, disjointes et réfléchies
des pronoms personnels - Les pronoms relatifs - Les pronoms relatifs : formes et emplois -
Les pronoms compléments.
SUJETS D’ORAL TRANSVERSAUX :
. Pronoms et déterminants indéfinis.
Définitions :
. Pronom : au sens étymologique, « mot qui remplace un nom » est doublement malheureux :
les pronoms fonctionnent rarement comme l’équivalent d’un nom isolé (Cette êche est mûre.
Elle doit être mangée = elle = cette pêche et non pas pêche), beaucoup de pronoms ne
« remplacent » strictement rien mais désignent directement leur référent en vertu de leur sens
codé (je = personne qui dit « je »). Les pronoms ont des propriétés sémantiques et des
fonctionnements référentiels diversifiés.
PLANS D’EXPOSES :
Catégorie des pronoms
Classe syntaxique : substituts du groupe nominal ou d’autres catégories
grammaticales.
Sémantique : références anaphorique, déictique, par défaut (voir XIX-XX).
Pronoms personnels (je, tu , nous, vous, on, il) :
Morphologie (tableau, livre p.199)
Formes conjointes et disjointes
Formes réfléchies
Place des formes conjointes (tableau, livre p.203)
Pronoms possessifs (tableau, livre p.205) :
Morphologie : article défini + adjectif mien,…
Pronoms démonstratifs (tableau, livre p.205) :
Formes simples masculines/féminines (celui…) et neutres (ce/ça)
Formes composées variables (celui-ci…) et neutres (ça)
Pronoms interrogatifs (tableau, livre p.207) :
Formes simples (qui/quoi/que… ?), renforcées (+ est-ce… ?) ou non
Formes composées (article défini + quel)
Pronoms relatifs (tableau, livre p.209) :
Formes simples (qui, que, prép+qui/quoi, dont)
Formes composées (=pronoms interrogatifs) (lequel…/prép.+lequel…, auquel)
Pronoms indéfinis :
Quantificateurs :
Déterminants numéraux cardinaux = quantité dénombrée
Indicateurs de quantification nulle (nul/personne, rien)
Indicateurs renvoyant à des totalités globalisante ou distributive ( (tout/tous; chacun;
quelqu’un/quelque chose/n’importe qui/quoi); certains/quelques-uns/la plupart/plusieurs)
Identificateurs (article défini+même, article déf/indéf+autre, tel)
Genre, nombre et accord des pronoms

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Chapitre VII
Le groupe verbal

SYNTAXE DU GROUPE VERBAL


SUJETS D’ORAL SIMPLES :
. Constructions verbales - Constructions des verbes - La transitivité du verbe - Verbes
transitifs et verbes intransitifs - Les verbes transitifs directs et leurs compléments - Les
périphrases verbales - Syntaxe des verbes de parole.
. La fonction « objet » - Les compléments d’objet - Les compléments du verbe - La
complémentation verbale - Compléments de phrase et compléments de verbe –
Pronominalisation du complément d’objet indirect – Formes datives de la double
complémentation – Constructions causatives –Verbes supports.
. Les attributs - Constructions attributives - Attributs du sujet et de l’objet
SUJETS D’ORAL TRANSVERSAUX :
. Epithètes et attributs (voir.VI § GN étendu et VIII)
. Apposition et attribut (voir VI § Déterminants).
Définitions/Repères :
. Groupe verbal (GV) : second constituant obligatoire de la phrase de base (P = GN + GV),
articulé autour d’un mot-tête : le verbe.
. Constituants du GV : GN sous toutes ses formes et ses équivalents pronominaux ou
propositionnels, adjectif et groupe adjectival, groupe prépositionnel, adverbe.
. Constructions verbales : intransitives (sans complément) et transitives (un ou plusieurs
compléments) directes (complément d’objet direct) et indirectes (complément d’objet indirect
introduit par une préposition).
. Compléments du verbe : syntagme de type nominal ou prépositionnel qui fait partie du
groupe verbal (alors que le complément circonstanciel lui est extérieur) et dépend du verbe.
. Double complémentation : verbes construits avec un objet direct et un objet indirect dit
objet second (= complément d’attribution), notamment les constructions dites datives dont
l’objet second introduit par à se pronominalise en lui/leur.
. Complément d’ « objet interne » : son sens reproduit l’essentiel du procès encodé dans le
sémantisme du verbe (vivre sa vie, aller son chemin).
. Constructions causatives (ou factitives) : structure phrastique [N0 + faire (ou laisser) []] où
(a) le référent du sujet N0 représente la cause ou l’agent du procès décrit par la phrase
originale et (b) le sujet nominal est postposé au verbe à l’infinitif (Ce film fait pleurer les gens).
. Verbes supports : verbes comme faire, donner, mettre,… qui, à côté de leurs emplois
ordinaires, se combinent avec un nom, un adjectif ou un groupe prépositionnel pour
construire une forme complexe fonctionnellement équivalente à un verbe.
. Attribut du sujet : 2è constituant du GV, introduit par être ou un verbe d’état susceptible de
lui être substitué (Aurélien est travailleur). Attribut du complément d’objet : 3è constituant du
GV introduit par certains verbes transitifs (Christine trouve Aurélien gentil). Les attributs
s’interprètent comme des prédicats.
. Constructions attributives : le verbe instaure entre l’élément dit attribut – qu’il régit
directement – et son sujet ou son complément d’objet, une relation morphosyntaxique et
sémantique particulière marquée par le phénomène de l’accord.
PLANS D’EXPOSES :
Structures du groupe verbal
Le verbe et ses compléments
Constructions des verbes
Constructions transitives, intransitives et attributives
Emploi absolu des verbes transitifs directs et indirects

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L’objet interne complément
Différents types de compléments
Verbes intransitifs et emplois intransitifs
Complément d’objet direct
Complément d’objet indirect et sa pronominalisation (selon trois modèles)
Verbes à double complémentation et constructions datives
Verbes à triple complémentation
Verbes à retournement (verbes réversibles, verbes symétriques)
Constructions causatives
Verbes supports
Constructions attributives
Attributs du sujet et verbes attributifs (être et paradigme de verbes d’état)
Attributs du complément d’objet
L’accord dans le syntagme attributif
LE VERBE
SUJETS D’ORAL SIMPLES :
. Groupes verbaux.
. Les modes personnels (indicatif, subjonctif) - Les modes impersonnels (infinitif, participe
et gérondif) - Modes personnels et impersonnels (voir XI.7).
. Auxiliaires verbaux - Les verbes auxiliaires - Les auxiliaires - Auxiliaires et semi-
auxiliaires - Semi-auxiliaires ( = Auxiliaires aspectuels et modaux) - Périphrases verbales.
. La forme pronominale - constructions pronominales – constructions pronominales
réfléchies et passives -Les verbes pronominaux.
. Les temps (ou tiroirs) verbaux – L’emploi des temps verbaux - Les formes verbales
composées - Deixis et temps des verbes.
. Le mode indicatif - Valeurs modales de l’indicatif - Les temps de l’indicatif - Le présent
de l’indicatif - Le présent de l’indicatif - Les tiroirs verbaux de l’indicatif
. Le présent.
. Les temps du passé
. Le conditionnel
. Le subjonctif - Les emplois du subjonctif et de la forme en –rais
. L’impératif - Impératif et subjonctif
. L’(es) infinitifs - Formes et emplois de l’infinitif - Infinitif et « proposition infinitive »
. Les participes - Le participe passé – Les formes en –ant - L’accord du participe passé.
SUJETS D’ORAL TRANSVERSAUX :
. Les voix (actif, passif, pronominal) (voir XI.7)
. Présent verbal, deixis et narration (voir XX.4).
. Tiroirs verbaux de l’indicatif et du subjonctif
. Le subjonctif et le conditionnel
. Temps verbaux et circonstants de temps
. Emploi et valeurs du présent et du passé composé
. Présent, passé composé et imparfait
. Les adjectifs et les participes (voir VIII)
Définitions/Repères :
. Le verbe : élément fondamental du groupe verbal (qui peut se réduire à ce seul constituant),
est généralement accompagné d’un ou plusieurs éléments, soit des adverbes modificateurs
directs ou des expressions équivalentes, soit des compléments (ou des attributs si le verbe est
être ou un verbe fonctionnellement équivalent.
. Morphologie du verbe : mot variable qui se conjugue, c.-à-d. est affecté par plusieurs
catégories morphologiques en recevant les marques spécifiques ou désinences correspondant

12
au nombre, à la personne, au temps et au mode qui peuvent aussi déterminer des variations
de radical.
. Syntaxe du verbe : terme central de la proposition, pivot autour duquel s’organise la
phrase, mot-tête du groupe verbal.
. Sémantique du verbe : les verbes dénotent des phénomènes (dynamiques) alors que les
substances (statiques) sont dénotées par les noms ou substantifs) (« les noms estans pour
signifier ce qui demeure, et les verbes ce qui passe », Grammaire raisonnée, 1660); depuis Aristote
(« vox significans cum tempore »), le verbe associé au temps (verbe = Zeitwort en allemand).
. Voix ou diathèse : définie suivant la façon dont le verbe distribue les rôles sémantiques de
ses actants, le passage de l’actif au passif provoquant la permutation des actants (sujet et
objet actifs deviennent respectivement complément d’agent et sujet passifs) et la voix passive
étant marquée par l’emploi de l’auxiliaire être associé au participe passé.
. Forme verbale : deux constituants, le radical et la désinence (ou terminaison) (chant-ait). Les
bases sont les différentes formes que peut prendre le radical d’un même verbe.
. Formes verbales pronominales : définies par une double caractéristique formelle : (1)
construction avec un pronom personnel conjoint (objet direct ou indirect datif) réfléchi
(coréférentiel au sujet) (Je me lave), (2) formation des temps composés à l’aide de l’auxiliaire
être (caractéristique partagée avec des verbes perfectifs comme aller, venir, sortir, naître,…)
. Construction réfléchie d’un verbe : se distingue de sa construction non réfléchie par le fait
que le pronom complément y est coréférentiel au sujet.
. Verbes défectifs : conjugaison incomplète ou manquent de certains temps, certains modes
ou certaines personnes.
. Modes du verbe : cinq cadres de classement des verbes répartis en deux groupes : (a) les
modes personnels qui distinguent les personnes par des désinences spécifiques (indicatif -
conditionnel inclus -, subjonctif et impératif) et situent le procès dans le temps, et (b) les
modes impersonnels dépourvus de désinences pour distinguer les personnes (infinitif,
participe et gérondif) et inaptes à situer le procès dans le temps.
. Temps du verbe : procès exprimé par le verbe situé chronologiquement dans l’une des trois
époques (passé, présent, avenir) selon le rapport entre deux repères temporels : le point de
l’énonciation et le point de l’événement.
. Aspect verbal : procès exprimé par le verbe envisagé sous l’angle de son déroulement
interne, saisi dans sa globalité (passé simple) ou dans ses phases successives (début, fin).
PLANS D’EXPOSES :
La catégorie du verbe (voir définitions)
Catégories morphologiques associées au verbe :
Personne et nombre
Mode, temps et aspect
Voix (ou diathèse)
Morphologie verbale : la conjugaison
Radical verbal et désinences
Variations du radical verbal : groupes verbaux (selon le nombre de bases)
Variations des désinences : marques temporelles / de personne et de nombre
Formes (ou temps) simples (radical et désinence soudés)
Formes courantes : indicatif présent et imparfait, subjonctif et impératif présent
Formes en –rai(s) : indicatif futur, conditionnel présent
Formes littéraires : indicatif passé simple (ou défini), subjonctif imparfait
Infinitif et participe (modes impersonnels) (voir XI.8)
Formes composées : radical précédé d’un auxiliaire (être ou avoir) + participe passé
Auxiliaires aspectuels et modaux (ou semi-auxiliaires) :
Auxiliaires d’aspect (voir ci-après § Oppositions aspectuelles)
Auxiliaires modaux : pouvoir, devoir, savoir, paraître, sembler
Formes actives et passives (voir XI.7)

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Constructions pronominales et verbes pronominaux
Constructions pronominales réfléchies (interprétations réflexive : Aurélien s’était
vêtu d’un kimono/interprétation réciproque : mon chien et mon chat s’entendent à merveille)
Constructions pronominales passives (Les feuilles mortes se ramassent à la pelle)
Verbes essentiellement pronominaux : intransitifs (s’évanouir) – transitifs directs
(s’arroger un droit) et intransitifs indirects (se souvenir de quelqu’un/quelque chose)
Verbes pronominaux autonomes (se plier à une volonté/plier un drap)
Classement des verbes – TABLEAUX DE CONJUGAISON (pp.265-284) :
Quatre groupes verbaux : selon les désinences d’infinitif (-er, -ir, -oir, -re) et
dans chaque groupe selon leur nombre de bases (orales et écrites)
Verbes défectifs
Verbes restreints en personnes : impersonnels (ou unipersonnels).
Verbes restreints en temps (locutions ou expressions toutes faites).
Mode, temps et aspect
Modes du verbe (indicatif, subjonctif, impératif, infinitif, participe+gérondif)
Modes personnels
Modes impersonnels
Temps du verbe (= tiroirs verbaux) : procès envisagé d’un point de vue externe
Aspect verbal et oppositions aspectuelles :
Accompli/Inaccompli : se manifeste par l’opposition entre formes verbales
composées (procès achevé) et formes verbales simples (procès en cours)
Perfectif/ Imperfectif : véhiculée par le sens des verbes, le perfectif
envisageant le terme du procès (verbes perfectifs : entrer) et l’imperfectif le procès dans son
déroulement sans visée d’un terme final (verbes imperfectifs : aimer)
Sécant/Non-sécant : véhiculés par les temps des verbes, le passé simple
manifestant l’aspect non-sécant (procès situé de façon globale par rapport au repère temporel et
enfermé dans limites) et l’imparfait l’aspect sécant (procès non délimité par des bornes précises).
Inchoatif/Terminatif : aspects situés à l’intérieur des limites du procès,
l’inchoatif saisissant le procès à son début, le terminatif juste avant sa fin.
Sémelfactif/Itératif : selon que le procès est unique ou se répète de façon
discontinue ou régulière (aspect itératif véhiculé surtout par les circonstants de temps).
Progressif : aspect limité (aller+participe présent archaïque : le mal va croissant,
plutôt être en train de…
Emploi des modes et des temps du verbe
⇒ préciser valeurs temporelles et valeurs modales du temps
Indicatif
- Morphologie : mode personnel le plus riche avec les six personnes du verbe et dix
temps, dont cinq formes simples (présent : il chante, imparfait : il chantait, passé simple : il chanta,
futur simple : il chantera, conditionnel présent : il chanterait) et cinq formes composées (passé
composé : il a chanté, plus-que-parfait : il avait chanté, passé antérieur : il eut chanté, futur antérieur : il
aura chanté, conditionnel passé : il aurait chanté)
Présent : présent étendu/permanent/historique ou narratif/prophétique
Passé composé : accompli du présent, antériorité du présent, temps du passé.
Passé simple : procès envisagé de l’extérieur globalement (A minuit, il observa
les étoiles) = aspect non-sécant = temps du passé narratif
Imparfait : procès perçu de l’intérieur en séparant ce qui est accompli de ce qui
ne l’est pas encore (à minuit, il observait les étoiles) = temps du passé descriptif, mais aussi narratif/de
perspective/d’habitude/hypocoristique(enfantin), et à valeur modale (système conditionnel,…).
Plus-que-parfait : forme composée de l’imparfait, il exprime l’accompli dans le
passé et marque l’antériorité par rapport à un repère passé.
Passé antérieur : emploi restreint, à l’écrit.
Futur simple : procès situé dans l’avenir, après le moment de l’énonciation
(valeur temporelle) /futurs injonctif, de promesse, prédictif, d’atténuation, d’indignation, de
conjecture ou supposition(valeurs modales).

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Futur antérieur : exprime accompli ou antériorité par rapport au futur simple.
Conditionnel présent et passé : le conditionnel présent situe le procès dans
l’avenir ou dans le présent selon le contexte, et exprime le potentiel ou l’irréel du présent selon que le
procès est situé dans l’avenir ou dans le présent – le conditionnel passé situe le procès dans le passé et
exprime l’irréel du passé.
Subjonctif
Morphologie : annoncé en tête de phrase par que – qui permet de
l’opposer à l’indicatif – le subjectif est un mode personnel, avec les six personnes du verbe et
quatre temps, dont deux formes simples courantes (présent : qu’il chante et imparfait : qu’il
chantât) et deux formes composées (passé : qu’il ait chanté et plus-que-parfait : qu’il eût chanté),
ces dernières n’étant employées que dans un registre soutenu (littéraire) à la 3è personne.
Syntaxe : mode de la dépendance, employé le plus souvent dans une
proposition subordonnée (complétive, relative ou circonstancielle), plus rarement en
proposition indépendante (phrases injonctive ou exprimant un souhait, une supposition, une
affirmation polémique.
Sémantique : inapte à saisir l’idée verbale dans sa complète actualisation,
le subjonctif est employé chaque fois que l’interprétation l’emporte sur la prise en compte de
l’actualisation du procès.
Impératif
Morphologie : mode personnel et non temporel, restreint en personnes
(première du pluriel : chantons, et deuxième du singulier : chante et du pluriel : chantez), il
comporte une forme simple : l’impératif présent (chante) et une forme composée : l’impératif
passé (aie chanté).
Syntaxe : deux propriétés remarquables : (a) emploi sans groupe nominal
sujet, (b) pronoms personnels compléments tous placés après le verbe à l’impératif positif. Le
présent situe le procès à un moment postérieur au point d’énonciation, dans un avenir plus
ou moins immédiat, tandis que le passé exprime un procès achevé à un moment futur.
Sémantique : valeur fondamentalement directive, exprimant ordre,
exhortation, conseil, suggestion, prière,… selon la situation.
Infinitif
Morphologie : mode dont la forme ne marque ni le temps, ni la personne,
ni le nombre, il comporte une forme simple, l’infinitif présent (chanter) et une forme
composée, l’infinitif passé (avoir chanté) qui s’opposent uniquement sur le plan aspectuel, le
présent exprimant l’inaccompli et le passé l’accompli.
Syntaxe : l’infinitif est soit le nœud verbal d’une phrase indépendante,
principale (infinitifs de narration/délibératif/exclamatif/injonctif, subordonnées infinitives)
ou subordonnée (subordonnées infinitives, interrogatives directes et relatives), soit le centre
d’un groupe ayant une fonction nominale et peut alors exercer toutes les fonctions du GN,
soit être précédé d’un déterminant et fonctionner alors comme un nom véritable.
Sémantique : l’infinitif ne présente que l’idée verbale en soi et doit
s’appuyer sur un contexte linguistique ou situationnel pour prendre sa valeur temporelle.
Participe
Morphologie : mode impersonnel, avec présent (chantant) et passé
(chanté, ayant chanté)
Participe présent et adjectif verbal : représentant deux degrés de
l’adjectivisation du verbe, ils se différencient par la forme (participe présent : invariable,
terminaison toujours en –ant, adjectif verbal : accord avec le nom, terminaison parfois en -ent
Participe présent et gérondif (formes en –ant) : invariables et de même
valeurs aspectuelle et temporelle, ils se différencient sur le plan formel et syntaxique :
participe présent : employé seul, = forme adjective du verbe, /gérondif : toujours précédé de
la préposition en, équivaut à un adverbe (forme adverbiale du verbe) et assume la fonction
d’un circonstant.

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Participe passé : (a) forme simple (chanté) à valeur verbale (formation des
temps composés avec les auxiliaires être – passif des verbes transitifs – et avoir) ou adjectivale
(emploi sans auxiliaire = adjectif qualificatif) et (b) forme composée (ayant chanté/étant allé).

Accord du verbe
Accord des formes personnelles du verbe avec le sujet
Le verbe s’accorde en personne et en nombre avec le sujet (règle générale) : renforce la
cohésion de la phrase en manifestant la solidarité du GN et du GV.
Accord avec un seul sujet / cas particuliers
Accord avec plusieurs sujets / cas particuliers
Accord du participe passé conditionné par les cadres syntaxiques ou il figure :
Participe passé épithète ou apposé : accord avec le nom (= adjectif)
Participe passé précédé de être ou autre verbe attributif : accord avec le
sujet voire l’objet.
Participe passé précédé du verbe avoir : accord avec le c.o.d. antéposé au
verbe, sauf dans onze cas particuliers (à voir)
Participe passé des formes pronominales composées : accord avec le sujet
sa10.uf lorsque le pronom réfléchi ne s’analyse manifestement pas comme un complément d’objet
direc11t (toutes les formes pronominales se conjuguent avec être aux temps composés).
Participe passé d’un verbe impersonnel : toujours invariable
Participe passé dans une proposition participiale : accord avec le sujet.
Participes passés employés seuls avec une valeur adverbiale : invariables.
Participe passé fini détaché en tête de phrase exclamative : accord ou non.

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Chapitre VIII
Adjectif et groupe adjectival
SUJETS D’ORAL : Emplois et fonctions des adjectifs- L’(es) adjectif(s) qualificatif(s) -
L’adjectif qualificatif, formes et emplois - Syntaxe de l’adjectif qualificatif - - Degrés de
signification des adjectifs - Expression du degré - Expression du haut degré
SUJETS TRANSVERSAUX : Les adjectifs et les participes (voir VII.2 Participe et gérondif).
Définitions/Repères :
. Adjectif : mot de forme variable en genre et en nombre, mais - contrairement au nom - ne
possède pas de genre, celui-ci étant déterminé par le terme auquel il se rapporte.
PLANS D’EXPOSES :
ADJECTIFS QUALIFICATIFS ET RELATIONNELS
La fonction de l’adjectif est définie selon la manière dont l’adjectif est mis en relation
avec son élément régisseur, généralement nominal ou pronominal :
Adjectifs qualificatifs :
Renvoient à des propriétés – c’est-à-dire à des concepts exclusivement descriptifs
dépourvus d’autonomie référentielle -, sont gradables, et peuvent être :
- attributs (du sujet/de l’objet) : séparés du terme recteur par un verbe intermédiaire,
- épithètes : modificateurs à l’intérieur d’un GN,
- apposés ou détachés : séparés d’un GN par une pause et surtout par l’intonation.
Adjectifs relationnels :
Indiquent une relation, non gradable, avec le référent du nom dont ils sont dérivés.
CLASSES MORPHOSYNTAXIQUES
Adjectifs à forme simple ou complexe :
Formes simples : adjectif simple (bon), formes dérivés par suffixation d’un
radical adjectival (triste/tristounet), nominal (sport/sportif) ou verbal (flatter/flatteur) et majorité
des adjectifs en –able et –ible, ou par préfixation d’un radical adjectival (impur, non-violent).
Adjectifs composés : deux adjectifs variables (sourd-muet) ou un adjectif
invariable à valeur adverbiale et un adjectif variable (nouveau-né).
Adjectifs par conversion (voir XVII.3) :
Formes variables : adjectifs verbaux (brillant) et participes (vieilli), noms réduits
métaphoriquement à leur propriété saillante (produit bon marché ;
Formes invariables : expressions prépositionnelles (sur ses gardes), adverbes et
constructions équivalentes (il est comme il faut), emprunts (cool)
VARIATIONS EN GENRE ET EN NOMBRE
Marques du genre :
Opposition des genres marquée à l’écrit par plus de la moitié des adjectifs , à l’oral par
seulement la moitié.
Règle traditionnelle d’ajout du –e au féminin non absolue : uniquement après une
consonne prononcée au masculin (loyale) ou une voyelle à l’oral (jolie), autre marque
(vieux/vieille), adjectifs épicènes (même forme aux deux genres) (immuable), -e écrit
correspond à la prononciation de la consonne graphique qui précède (fort/forte)
Adjectifs à forme unique (oral et écrit) : -e au masculin après une consonne (utile),
issus de noms (veste marron) ou d’adverbes (une femme bien), associés à un seul nom ou une série
limitée de noms (hareng saur)
Adjectifs variant en genre à l’écrit seulement
Adjectifs variant en genre à l’écrit et à l’oral
Marques du nombre :
Mêmes règles que pour les noms, sauf masculins en –eau (pluriel en –x), en –al (pluriel en –
aux), adjectifs de couleur (-s ou non : usage indécis), adjectifs terminée par –s ou –x au singulier
(invariables)

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DEGRES DE SIGNIFICATION (EXPRESSIONS DU DEGRÉ)
Les adjectifs qualificatifs sont variables en degrés, selon deux échelles : d’intensité
(variation considérée en elle-même) et de comparaison avec un élément extérieur étalon).
En emploi absolu, l’adjectif n’est pas marqué relativement au degré de la qualité qu’il
dénote (degré dit positif = degré zéro d’évaluation).
Les adjectifs dont le contenu ne peut être évalué sur une échelle orientée n’admettent pas la
variation en degré : adjectifs relationnels (voir plus haut), exprimant une qualité non soumise à
variation (carré, enceinte), dont le sens intègre déjà une notion d’intensité (cadet, excessif) ou de
comparaison (premier, ultime).
Degrés d’intensité
Intensité faible : intégrée sans le sens de l’adjectif (infime) ou marquée par les préfixes
sous-, hypo- ou des adverbes (à peine, un peu, des adverbes en –ment : faiblement)
Intensité moyenne : marquée par quelques adverbes (assez, moyennement), et
quasi/quasiment, presque, plutôt, pas mal (substituts familiers de assez).
Intensité élevée (correspond au « superlatif absolu » traditionnel, elle utilise les
moyens linguistiques les plus nombreux) :
Adverbes : très, que peuvent remplacer tout, fort, bien, tout à fait.
Préfixes et suffixes : intensité forte (archi-, extra-, super-) ou excessive
(hyper-, ultra-), et–issime (« très/au plus haut degré »)
Sens même des adjectifs (excellent) et superlatifs issus du latin (suprême)
Expressions idiomatiques compléments de l’adjectif (fou à lier)
Répétition sans pause de l’adjectif (un monde fou fou fou – c’est pas joli joli)
Degré de comparaison
Le comparatif :
Propriété simplement mise en rapport avec un ou plusieurs éléments de
référence, selon trois modalités :
- comparatif de supériorité : adverbe plus antéposé à l’adjectif
- comparatif d’égalité : adverbe aussi antéposé, remplaçable par si dans les phrases interrogatives
ou négatives (Est-il vraiment si méchant que ça ?)
- comparatif d’infériorité : adverbe moins antéposé, ou négation du comparatif d’égalité (n’est
pas aussi habile… que = est moins habile … que).
Complément du comparatif (point de référence de la comparaison) : introduit par la
conjonction que (GN, adjectif, GP, adverbe, ou proposition qui évoque l’instance d’évaluation de
second élément de la comparaison (Le bonheur est moins rare qu’on ne le pense).
Le superlatif relatif (« haut degré ») : propriété également mise en rapport avec
d’autres éléments présentant la même propriété, mais le référent du nom qualifié est présenté
comme possédant :
- soit le plus haut degré (superlatif relatif de supériorité) : le plus + adjectif,
- soit le plus bas degré (superlatif relatif d’infériorité) : le moins + adjectif.
Complément du superlatif : introduit par de à valeur partitive, plus rarement
par parmi et d’entre (contexte et situation permettent souvent d’en faire l’économie).
Accord de l’article défini le : reste invariable ou s’accorde en genre et nombre selon que
l’on compare les degrés d’une qualité attribuée au(x) même(s) référent(s) ou à des objets différents.
GROUPE ADJECTIVAL
Adjectif relationnel : pas d’expansion, sauf s’il acquiert le statut de qualificatif.
Adjectif qualificatif : expansion par des modificateurs (adverbe qui spécifie le degré de
la propriété dénotée : air toujours triste) ou des compléments :
- prépositionnels (= compléments de l’adjectif ) : introduits par à et de, ou contre, envers,
pour, avec, en…, avec des adjectifs inaptes à cette complémentation (intelligent), la nécessitant
(apte à) ou admettant les deux constructions. Ils entretiennent avec l’adjectif une relation
actancielle qui permet de les analyser sur le modèle des verbes comme des prédicats.
- propositionnels : introduits en remplacement du GN par une complétive ou une
construction infinitive à sujet non exprimé mais coréférent au référent de l’adjectif.

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Chapitre IX
Préposition et groupe prépositionnel
SUJETS D’ORAL : Les prépositions - Les groupes prépositionnels - Les groupes
prépositionnels en tête de proposition - Les syntagmes (ou groupes) prépositionnels) –
Prépositions à, de, en - de : valeurs et emplois.
SUJETS TRANSVERSAUX : Le mot en (voir VI. 5. Pronoms personnels).
Définitions/Repères :
. Préposition : partie du discours invariable qui appartient à la catégorie des mots de relation
(mots qui servent de lien entre l’élément qui les suit et un autre élément de la phrase : le chat
de la voisine).
. Prépositions : paradigme synchroniquement clos à l’intérieur duquel s’opposent des formes
simples ou complexes (les locutions prépositionnelles), primaires ou empruntées à d’autres
catégories grammaticales.
PLANS D’EXPOSES :
CLASSE MORPHOLOGIQUE DE PREPOSITIONS
Prépositions simples :
Formes héritées du fonds latin (à, de, pour, sans, vers, outre,…)
Formes issues d’autres catégories par conversion :
Participes présents (suivant, durant,…) ou passés (vu, excepté,…), et
adverbes (devant,…), adjectifs (sauf), noms (côté cour).
Locutions prépositionnelles :
Lexicalisation par figement d’anciens groupes prépositionnels (au lieu de,
par rapport à ,…), d’adverbes à complément prépositionnel (conformément à, loin de, …), de
propositions participiales ( compte tenu de,…).
SYNTAXE DU GROUPE (OU SYNTAGME) PREPOSITIONNEL
Forme du groupe prépositionnel :
La préposition forme avec le terme qu’elle introduit un groupe syntaxique dit groupe
prépositionnel : GP = Prép. (mot-tête) + GN (ou équivalent).
Fonction du groupe prépositionnel :
Variable selon le type de relation syntaxique qu’il entretient avec un ou plusieurs
autres constituants de la phrase : complément circonstanciel, attribut, complément d’objet
indirect, du nom, de l’adverbe, de l’adjectif, ou modificateur du nom en position détachée.
SEMANTIQUE DES CONSTRUCTIONS PREPOSITIONNELLES
Les prépositions ont un sens fondamentalement relationnel, mais aussi une charge
sémantique propre qui se combine avec celle des constituants qu’elle met en relation.
Prépositions de sens stable et aisément identifiable :
Sens spatial (dans, sur, sous,…), instrumental (grâce à,…), causal (à cause de,…)
Prépositions d’interprétation très diversifiée à, de, en :
Les plus fréquentes du français, elles sont dites « vides » ou « incolores » car
elles ne marquent qu’un simple rapport de dépendance orienté entre deux constituants (Le
directeur de l’usine/L’usine du directeur).
Leur emploi - et aussi celui de par et pour difficilement réductibles à un sens de
base stable - dépend essentiellement des rapports inférables à partir des sémantismes
respectifs de l’élément recteur du GP et de son nom tête.
Emploi simultané de à et de : dans une même construction, cet emploi révèle
une opposition entre de (marque d’un éloignement à partir d’une origine) et à (marque de la direction
vers un aboutissement), dans des trajectoires spatio-temporelles (ce train va de Paris à Lille) ou des
parcours quantitatifs et qualitatifs (de l’amour à la haine).
Usages indépendants de à, de, en : à dénote une situation locale ou
temporelle; de marque l’origine, la matière, la cause, le rapport du contenant au contenu, de l’élément
à l’ensemble; en (jamais suivi de l’article défini) introduit nombre de compléments de manière.

19
Chapitre X
Adverbe
SUJETS D’ORAL : Les adverbes – Constructions syntaxiques des adverbes – Interprétation
sémantique des adverbes.
Définitions/Repères :
. Les adverbes : catégorie résiduelle où l’on range les termes invariables qui ne sont ni des
prépositions, ni des conjonctions, ni des interjections.
PLANS D’EXPOSES :
CATEGORIE GRAMMATICALE HETEROGÈNE
Le classement des adverbes est fondé sur leurs propriétés de construction qui en font :
- soit des éléments dépendant d’un constituant de la phrase ou de la phrase elle-même,
- soit des marqueurs orientant l’interprétation de l’énoncé.
Chaque adverbe est caractérisé par le(s) type(s) de constructions où il figure et par les
spécificités interprétatives liées à ces positions.
CONSTRUCTIONS SYNTAXIQUES
Adverbes équivalents d’une phrase ou d’une proposition :
Marqueurs des actes illocutoires d’acquiescement et de dénégation (oui, non)
Adverbes se prêtant à cet emploi illocutoire, grâce à l’ellipse totale ou partielle
du reste de la phrase, surtout dans des réponses : certainement, peut-être, certes, volontiers…
Adverbes fonctionnant comme un complément circonstanciel :
En tête de phrase (hier, c’était fermé) ou en fin de phrase (Il s’est levé tôt)
Adverbe élément introducteur d’une phrase, dont il peut marquer le type :
Adverbes introducteur d’une phrase interrogative (où, quand, comment…)
Locutions adverbiales de négation formées avec ne (ne pas/plus/jamais)
Adverbe dépendant d’un autre constituant de la phrase par rapport auquel se
déterminent sa place, ses compatibilités sémantiques et sa mobilité, avec trois types de
dépendance selon la place de l’adverbe par rapport à l’élément qu’il modifie : (1) devant
l’adjectif ou l’adverbe (Il est plutôt prudent), (2) devant le pronom, le groupe nominal ou
prépositionnel ou la proposition subordonnée (elle a mangé presque tout le gâteau), (3) mobile
dans les limites du groupe verbal (Il relit soigneusement sa copie/sa copie soigneusement)
INTERPRETATION SEMANTIQUE
Le classement sémantique des adverbes concerne leurs emplois :
Indication du degré de la propriété dénotée par un adjectif/adverbe/participe, par un
adverbe antéposé (Il est très courageux)
Modification d’une expression quantifiée (presque à l’heure)
Modification d’un procès-verbal (Il a répondu sèchement)
Modification d’un rapport de caractérisation (Il est toujours de bonne humeur)
Modification globale de la phrase ou de l’énoncé :
Adverbes scéniques (cadre spatio-temporel : ici, là-bas, …/ le lendemain, bientôt…)
Adverbes de commentaire phrastique (ou prédicats de phrase) : probablement,…
Adverbe de commentaire énonciatif : franchement, sérieusement)
Marque d’une propriété globale de la phrase :
Adverbes marqueurs du type de phrase : ne…pas, comme, pourvu, absolument…
Adverbes de liaison : en effet, ainsi, aussi, alors…
Adverbes d’orientation argumentative : déjà, même
Adverbes de balisage textuel : d’abord, ensuite, puis, finalement…
MORPHOLOGIE DES ADVERBES
Formes et formations des adverbes :
L’adverbe est invariable, à l‘exception de tout marquant l’intensité, seul antéposé au
sujet, adjectifs adverbialisées (fenêtres grand(es) ouvertes)

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Adverbes suffixés en –ment :
Ce suffixe, seul productif en français moderne, forme des adverbes de manière en
s‘ajoutant au féminin des adjectifs (cas général : vive/vivement, gracieuse/gracieusement) ou à
une base nominale (bougre/bougrement, diable/diablement…)
Emploi adverbial des adjectifs :
Beaucoup d’adjectifs forment des adverbes par conversion lorsqu’ils sont placés après
un verbe : manger léger/gras/salé - voir double/clair rouge - écrire serré/grand/petit.
Adverbes et autres catégories grammaticales :
Fonctionnement d’adverbes comme des adjectifs : le siège avant, un type bien…
Emploi nominal d’adverbes de lieu et de temps : les gens d’ici, cela date d’hier…
GROUPE ADVERBIAL
Le groupe adverbial associe l’adverbe à :
- des marques de degrés d’intensité (comme pour les adjectifs) : plus/moins/aussi/le plus
rapidement, pour les adverbes gradables : de temps (tôt, tard), de lieu (près, loin), de manière
(en –ment) et les adjectifs employés comme adverbes.
- des compléments prépositionnels introduit par à ou de : conformément à, indépendamment de,
constructions qui s’analysent aussi comme des locutions prépositionnelles.

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Chapitre XI
Les types de phrase
SUJETS D’ORAL SIMPLES :
. Les types de phrase - Les types de phrase dans le dialogue - La phrase non canonique
. L’interrogation - La modalité interrogative – Syntaxe des phrases interrogatives
. La phrase exclamative - Interrogation et exclamation - Exclamation et interrogation
. L’injonction
. La négation - L’expression de la négation – Emplois des mots négatifs
. Emphase et présentatifs - Les structures de mise en relief – Dislocation et extraction - La
dislocation - Les syntagmes détachés/en position détachée
. Le passif - Le complément d’agent
. L’impersonnel - Les constructions impersonnelles
. Phrases à présentatifs – Présentatifs
. Phrases nominales - Phrase averbale
. Propositions incises – Incises et incidentes – Propositions incidentes.
. Le vocatif - L’apostrophe –
SUJETS D’ORAL TRANSVERSAUX :
. L’impersonnel et le passif
. Modes personnels et impersonnels (voir VII.2.3)
. Incises et discours rapporté (voir XX.5)
TYPES DE PHRASES OBLIGATOIRES ET FACULTATIFS
Structures fondamentales des phrases
La notion de types de phrase, qui rend compte des différences structurelles des phrases, se
situe à la rencontre entre :
- l’approche énonciative des énoncés qui, reposant sur la notion d’actes de langage (voir XX.3), isole
trois types de phrases fondamentaux : assertif, interrogatif et impératif, et
- l’approche syntaxique qui apporte une caractérisation morphosyntaxique qui hiérarchise les phrases
entre types obligatoires fondamentaux (assertif ou déclaratif, interrogatif, impératif ou injonctif,
exclamatif) et types facultatifs (passif, négatif, emphatique, impersonnel). Cependant, un type de
chaque sorte met en cause la distinction entre types obligatoires et types facultatifs : L’exclamatif est-il
obligatoire ? Le type négatif est-il facultatif ?
Les quatre groupes de types de phrases suivants sont un classement plus adéquat :
Types énonciatifs : assertif/déclaratif, interrogatif, injonctif/impératif) (= types
obligatoires associés aux trois actes de langage fondamentaux);
Type logique négatif/positif (impliqué par les trois types précédents)
Types réarrangement communicatif : passif, emphatique, impersonnel
Type exclamatif
L’INTERROGATION
Définition :
. La phrase interrogative est un type de phrase énonciatif, obligatoire, qui exprime une
demande d’information à un interlocuteur en appelant une réponse.
L’interrogation totale porte sur l’ensemble du matériau de la phrase et appelle une
réponse globale avec reprise affirmative ou négative de la question posée :
Interrogation par la seule intonation
Interrogation avec inversion du sujet, simple ou complexe
Interrogation avec est-ce que
L’interrogation partielle porte sur une partie de la phrase, sur un de ses constituants
qu’elle appelle en réponse :
Interrogation portant sur le sujet, l’attribut, l’objet ou un complément non
circonstanciel, avec un terme interrogatif simple (pronoms interrogatifs qui, que quoi, lequel ?)
ou complexe (qui/qu’est-ce qui/que ?)

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Interrogation sur les circonstants, avec un terme simple (adverbes interrogatifs
comment, où, quand, pourquoi ?), éventuellement renforcé par est-ce que postposé.
Interrogation à l’infinitif : question sur l’objet ou les circonstants mais jamais
sur le sujet qui est absent : que dire ?)
Formes familières : avec un terme interrogatif occupant la place du constituant
concerné (tu attends qui ?), avec c’est qui/que ?(Où c’est que tu vas ?), avec extraction du terme
interrogatif (C’est quand que tu pars ?), avec un terme interrogatif suivi de que (Où que tu vas ?).
L’interrogation alternative : intermédiaire entre totale et partielle, simple (Est-ce une
vipère ou une couleuvre ?) ou polaire (termes antithétiques = positif/négatif)), elle s’analyse en
deux parties coordonnées.
⇒ Fondamentalement associée à l’acte d’interroger, la phrase interrogative peut aussi
prendre une valeur de demande ou d’ordre (Avez-vous l’heure ?) ou encore déclarative
(N’êtes-vous pas venu ? = nonne venisti ?)
L’EXCLAMATION
Définition :
. La phrase exclamative est un type de phrase énonciatif, obligatoire, qui exprime l’affectivité
du locuteur à l’égard du contenu de son énoncé (rôle important dans la communication
orale) et se caractérise d’abord par son intonation.
Structures exclamatives
Exclamation par la seule intonation (J’aime la France !)
Exclamation avec phrase incomplète, anomale (Tu m’as fait une peur !) ou
nominale (A poil l’arbitre !)
Exclamation avec inversion du sujet (Est-ce possible !)
Exclamation avec des mots exclamatifs : adverbes que, combien (Que d’eau !)
adverbe comme (Comme tu est belle !), déterminant quel (Quelle chaleur !), pronom interrogatif qui,
formes interrogatives ce que, qu’est-ce que (Ce qu’il est intelligent !)
Structures exclamatives préférentielles : emphase par extraction (C’est maintenant
que tu le dis ! ), emphase par dislocation (La grammaire, je ne m’en lasse jamais !), exclamation par
et+GN+qui+GV (Et Aurélien qui ne revient pas !) ou dire que, infinitif exclamatif (Aimer, aimer seulement,
quelle impasse !), subjonctif (Qu’elle soit heureuse !), exclamation renforcée (Ah ! quel bonheur !).
⇒ Sémantiquement, les énoncés exclamatifs expriment « un haut degré dans l’ordre de la
quantité ou de la qualité », mais l’emploi d’un marqueur exclamatif n’est pas obligatoire, la
phrase prenant souvent au regard du modèle canonique, une forme incomplète ou tronquée.
L’INJONCTION
Définition :
. La phrase injonctive est un type de phrase énonciatif, obligatoire, qui exprime diverses
nuances à l’intention d’un ou plusieurs interlocuteurs pour obtenir de lui/d’eux un certain
comportement : ordre strict, demande polie, conseil, souhait, prière,…
Morphosyntaxe du type injonctif :
Impératif (chante, chantez, chantons) et subjonctif (que je chante, qu’il(s) chante(nt)
Autres types de phrases : nominale (Silence !), déclarative (Vous détruirez ce
message dès que vous l’aurez lu), interrogative (Pourriez-vous m’indiquer la route pour Olympie ?)
Modulation de l’injonction :
Renforcement : GN en apostrophe (Pleurez, doux alcyonx, ô vous, oiseaux sacrés…),
interjections (Eh bien fais comme tu veux !), adverbes postposés (Viens un peu ici !).
Atténuation : phrases déclaratives ou interrogatives (Pourriez-vous…), formules
de politesse (Ayez la bonté de …)
⇒ L’énoncé injonctif que le locuteur s’adresse à lui-même, fréquent dans le discours théâtral,
est prononcé à l’intention du public : la 1ère personne du singulier du subjonctif est associée
à une idée de souhait ou d’hypothèse.

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LA NEGATION
Définitions :
. Type logique impliqué par les trois types énonciatifs, la négation a deux emplois
(assignation d’une valeur négative à un contenu propositionnel ou rejet d’une assertion).
. La négation s’exprime selon deux dimensions : (a) lexicale (par la relation d’antonymie
fondée sur l’opposition de mots de sens contraire : petit/grand, possible/impossible, cher/pas cher)
et (b) grammaticale (par des termes négatifs appartenant à différentes catégories
grammaticales, notamment les « marqueurs de négation ne et pas).
⇒ Dans l’interprétation des énoncés, il faut s’interroger sur la portée de la négation.
Portée de la négation
Négation totale : porte globalement sur la proposition entière, s’exprime au
moyen de pas ou point associé à ne et correspond à la négation logique qui s’oppose à la
phrase positive (Christine n’est pas rentrée)
Négation partielle : porte sur une partie seulement de la proposition, s’exprime
au moyen de mots négatifs associés à ne qui identifient le constituant visé et l’opposent au
constituant positif correspondant (Personne n’est venu vs quelqu’un est venu)
Négation exceptive (ou restrictive) : exclut de son champ tout terme autre que
celui qu’elle introduit, ce que l’on peut expliciter en ajoutant et rien d’autre (Elle ne boit que de
l’eau [et rien d’autre] = …ne boit rien, sinon/sauf de l’eau) et affecte différents postposés au verbe.
Négation « à double détente » : forme discontinue qui s’exprime à l’aide de ne –
souvent omis à l’oral - associé à un autre élément négatif (adverbe, pronom ou déterminant :
Ne…pas/plus/jamais, rien, personne, aucun, nul, nulle part.
Emploi des mots négatifs
Non : mot-phrase, employé seul ou renforcé par un adverbe (non vraiment), il
peut exprimer la négation d’une phrase entière par opposition à oui ou si, ou l’opposition
entre deux constituants antithétiques (c’est…, et non…), jouer le rôle d’un préfixe (non-
violence), former diverses locutions (non plus, non seulement).
Pas et point : expressions principales de la négation totale, surtout en
corrélation avec ne, ils s’emploient aussi sans ne (pas/point du tout, pas de chance).
Guère et plus : variantes aspectuelles de pas et point, guère indique une quantité
très minime (= pas beaucoup : il n’a guère d’argent), plus indique la rupture d’une continuité
temporelle (Elle ne vient plus vs elle venait avant).
Ne : emploi en corrélation avec un autre élément négatif séparé ou soudé
devant un infinitif (je crains de ne pas comprendre) et peut s’effacer (je peux pas venir), emploi
seul pour un usage recherché (je ne saurais dire, si le grain ne meurt), emploi « explétif »
indiquant un niveau de langue recherché dans des subordonnées complétives (Elle craint qu’il
ne vienne) et circonstancielles introduites par avant/à moins/de peur que (avant qu’il ne soit trop
tard), ou dans des comparaisons d’inégalité (Elle est plus intelligente qu’elle ne le paraît).
Adverbes/pronoms/déterminants de la négation partielle : jamais, nulle
part/personne, nul, rien/aucun, nul - ces derniers servant à former un groupe nominal pour
indiquer qu’il n’y a pas d’occurrence d’un référent pertinent qui vérifie le prédicat (Aucun
souffle n’agitait l’air) -, ils s’emploient avec ne, parfois seuls (Rien à déclarer ?).
Que (conjonction) associé à ne marque la négation exceptive.
Ni (conjonction) associé à ne sert à coordonner des constituants négatifs
(syntagmes, propositions entières ou groupes verbaux) : Je ne parle ni ne lis le chinois.
Auxiliaires de la négation (pour la renforcer) : locutions adverbiales (de
sitôt/longtemps - du tout, le moins du monde, pour un sou – si/tant/tellement que ça) et
pronominales (grand chose/monde – âme qui vive, qui/quoi que ce soit).
Négation cumulée : le cumul des négations peut correspondre à une affirmation
atténuée (Je ne dis pas non = j’accepte) ou renforcée (Vous n’êtes pas sans savoir = vous savez), ou
bien conserver e sens négatif, les deux termes négatifs combinant leurs sens spécifiques (Elle
ne dit jamais rien).

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Négation et quantification
L’interaction de la négation avec les quantificateurs peut poser de délicats problèmes
d’interprétation, leur ordre relatif induisant des lectures préférentielles :
- quantificateur hors de portée de la négation quant il la précède : la phrase Cinq flèches n’ont
pas atteint la cible (= ont raté) nie le prédicat verbal (exception faite de tout en tête d’un GN :
Tous les étudiants n’ont pas lu les textes au programme = Pas tous les étudiants ont lu …)
- quantificateur nié par la négation s’il la suit : la phrase Il n’aime pas tous les livres de
Marguerite Duras nie que le prédicat verbal concerne l’ensemble des livres et laisse ouverte
d’autres possibilités.
Négation et modalisation
Les verbes modaux exprimant possibilité, obligation ou permission sont différemment
affectés par la négation selon la place occupée par les termes négatifs : Vous ne pouvez
pas/Vous pouvez ne pas répondre à cette lettre indiquent respectivement impossibilité du procès
vs possibilité d’un procès négatif.
⇒ La négation peut être descriptive/informative (porter seulement sur le contenu de
l’énoncé : elle n’est pas venue) ou polémique (affecter la relation entre les interlocuteurs : Je
n’ai pas oublié les chanson que tu me chantais dans la yourte).
L’EMPHASE : DISLOCATION ET EXTRACTION
Définitions :
. L’emphase regroupe tous les procédés d’insistance et de mise en relief.
Dislocation de la phrase : constituant détaché en prolepse ou en fin de phrase et
repris ou annoncé par un pronom (Les pièces de Giraudoux, Louis Jouvet les a créées). Le
constituant détaché devient le thème et le reste de la phrase le propos. La dislocation prend
plusieurs formes selon la nature du constituant détaché et le pronom utilisé.
Détachement d’un groupe nominal : reprise par un pronom personnel
anaphorique (sujet, c.o.d…) ou clitique (Les vacances, l’écolier en rêve - Moi, je veux tout, tout de
suite), ou des pronoms démonstratifs concurrents (cela, ça, ce).
Détachement de groupes infinitifs et de subordonnées complétives : pronoms
démonstratifs seuls possibles pour infinitifs et complétives sujets (Manquer le train, cela(ça) me
gêne/c’est gênant), aussi la forme invariable le s’ils exercent d’autres fonctions (Je le sais/je sais
enfin cela – Elle y tient/elle tient à cela)
Formes particulières de détachement : en ce qui concerne, quant à, pour moi,…
Extraction :
Phrases clivées : constituant extrait de la phrase et placé au début de celle-ci,
encadré par c’est et le pronom relatif qui ou que (Papa aime le chocolat → C’est Papa qui aime le
chocolat). Sémantiquement, l’information se dissocie en posé (l’élément extrait : C’est Papa) et
présupposé (séquence qui suit le relatif : aime le chocolat). L’extraction peut affecter des
constituants divers qui exercent différentes fonctions : sujet, objet (C’est lui que j’ai rencontré),
complément circonstanciel (C’est bientôt que l’oral aura lieu).
Phrases pseudo- ou semi-clivées : combinent extraction et détachement en tête
de phrase (Ce que je désire, c’est qu’Aurélien réussisse et soit heureux)
LE PASSIF
Définitions :
. Le passif est une catégorie du verbe, et la voix passive regroupe les formes verbales
composées obtenues par adjonction aux formes de base dites actives, du morphème
discontinu [auxiliaire être + participe passé], cette passivation opérant une diathèse verbale.
. L’immense majorité des phrases dont le verbe se construit avec un complément d’objet
direct (construction active), admet une construction passive définie par les quatre
caractéristiques : (1) l’objet de la phrase active est devenu sujet,
(2) le verbe au participe passé conjugué avec être se met au même temps
et au même mode que la forme conjuguée du verbe actif,

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(3) le sujet de la phrase active peut se réaliser sous la forme d’un
complément prépositionnel dit complément d’agent introduit par les prépositions par ou de,
(4) sujet et objet de la phrase active permutent mais conservent leur rôle
sémantique par rapport au procès verbal.
. La passivation est limitée par de nombreuses restrictions lexicales et peut s’accompagner de
notables différences interprétatives.
Verbes passivables
Règle : seules les phrases répondant au schéma syntaxique [sujet-verbe-c.o.d.] se
prêtent à la passivation; en outre, celle-ci n’est pas possible pour quelques verbes transitifs
directs (dont avoir, sauf comme synonyme familier de tromper), des verbes d’évaluation
quantitative et des verbes formant une locution verbale avec un GN subséquent (prendre l’air)
Complément d’agent
Le complément d’agent introduit par les prépositions par et de réalise la fonction du
sujet actif et son rôle sémantique (Henri IV a été assassiné par Ravaillac [agent]).
Alternance par/de : l’emploi de par - toujours substituable à de - tend à se
généraliser. De est aujourd’hui plutôt réservée aux cas où le complément introduit n’est pas
interprété comme un véritable agent et où corollairement le sujet passif n’est pas affecté par le procès-
verbal (verbes statifs dénotant des sentiments, des opérations intellectuelles et des localisations).
Phrases passives sans complément d’agent : formes inachevées ou incomplètes
parce que le locuteur ne peut pas ou ne veut pas identifier le sujet de la phrase active (Le
Président est demandé au téléphone), avec deux cas possibles : (a) verbe perfectif et si être à une
forme non composée : lecture résultative du passif (Les copies sont/ont été corrigées); (b) verbe
imperfectif : interprétation processive de la phrase passive partagée avec la phrase active
correspondante (Le coupable est activement recherché vs On recherche activement le coupable).
Emploi du passif dans le discours
⇒ La double possibilité qu’offre le passif de permuter sujet et objet actifs et de ne pas réaliser
le sujet permuté sous la forme d’un complément d’agent, est exploitée à des fins
communicatives et aussi stylistiques.
Passifs incomplets : la majorité des phrases passives employées sont
dépourvues de complément d’agent (Votre candidature a été retenue)
Passivation et thématisation : le complément d’objet actif, installé dans la
position initiale du sujet passif, devient apte à jouer le rôle de thème discursif ;
simultanément, le sujet actif, devenu complément d’agent à l’intérieur du groupe verbal, fait
partie du propos. Le passif est ainsi mis à profit pour : (a) thématiser l’objet animé d’une
construction active (surtout si le sujet est inanimé) ou (b) maintenir l’isotopie référentielle des sujets
de phrases consécutives pour substituer une progression à thème constant (voir XXI.2).
Autres facteurs de passivation : comme ressource stylistique, le passif permet
différentes opérations comme l’allègement de la structure des phrases complexes ou le rétablissement
de l’ordre préférentiel sujet court/complément long lorsque le volume du sujet est jugé excessif (voir
fiches pp.112-123) :
Autres formes du passif
D’autres constructions phrastiques partagent un ou plusieurs des traits définitoires de la
notion de passif élargie associant schéma syntaxique prototypique, propriétés interprétatives et
usages communicatifs (voir fiches pp.112-123)
L’IMPERSONNEL
Définitions :
. Verbes impersonnels : verbes qui ne s’emploient qu’à la 3è personne du singulier (à ne pas
confondre avec les modes impersonnels (infinitif, participe et gérondif).
. Les verbes précédés d’un pronom il impersonnel (dits unipersonnels) se répartissent en
deux classes :
- les verbes impersonnels (il neige) et les locutions verbales impersonnelles (il y a de
l’orage dans l’air), toutes formes qui ne s’emploient qu’avec un sujet impersonnel ;

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- les constructions impersonnelles avec des verbes personnels susceptibles de fonctionner
comme pivots verbaux et obligatoirement suivis d’une séquence nominale ou phrastique
appelée suite ou séquence impersonnelle (Il est arrivé un grand malheur vs Un grand malheur
est arrivé) .
Impersonnels ou construits impersonnellement, ces verbes unipersonnels sont toujours
précédés de la forme pronominale sujet il qui :
. est invariable, n’admet aucune substitution, ni pronominale ni nominale, et
vérifie deux propriétés formelles du sujet : (a) précède immédiatement le verbe ou n’en est
séparé que par des formes conjointes de pronoms personnels et par le premier élément de la
négation, (b) régit l’accord du verbe en personne et en nombre et régit l’accord de l’attribut.
. n’a aucune des propriétés interprétatives des sujets ordinaires, en particulier
du pronom personnel il(s), elle(s) dans ses emplois anaphoriques et déictiques. Faute de
contenu sémantique, il impersonnel ne s’interprète pas comme l’agent ni le siège du procès
exprimé.
⇒ La caractéristique syntaxique commune à toutes les formes verbales impersonnelles est
que leur sujet est l’élément référenciellement vide.
Verbes impersonnels et locutions impersonnelles (voir fiche p.124)
Constructions impersonnelles (voir fiche pp. 125-126)
La double construction, personnelle et impersonnelle :
Lorsqu’un verbe admet la double construction, l’occurrence du il impersonnel
est liée à la présence d’une séquence impersonnelle post-verbale (Il [impersonnel] court de
drôles de bruits / Il [= quelqu’un] court).
Il impersonnel présente les propriétés de position et de rection caractéristiques
de la fonction sujet, mais est dépourvu de la contrepartie référentielle associée aux sujets
canoniques. Cette dissociation entre fonctions syntaxiques et rôles sémantiques a amené à
distinguer entre il sujet grammatical (ou apparent) et la séquence du verbe impersonnel
censée représenter le sujet logique (ou réel).
La postposition du sujet d’un verbe personnel :
Après un verbe intransitif, la position canonique du c.o.d., par définition libre,
peut être occupée par le sujet : Plusieurs accidents sont arrivés → Il est arrivé plusieurs accidents.
Nombreux sont les verbes intransitifs qui admettent ce type de construction. La
séquence impersonnelle peut prendre diverses formes : pronom, groupe nominal, complétive
ou infinitive (Il est nécessaire que nous partions/de partir).
Les formes impersonnelles du passif :
Forme de phrase passive où le complément d’objet actif n ‘a pas changé de
position : En une semaine, il a été publié plus de dix grammaires françaises (par le même éditeur).
Si la forme du verbe est bien passive, la diathèse de la phrase ne l’est pas
puisque l’argument final du verbe conserve sa position de c.o.d. et que l’argument initial est
relégué au rand de c.o .i. voire évacué du schéma actanciel .
Usage, variations et tendances (voir fiche p.126)
PHRASES ATYPIQUES
Phrases à présentatif
Définition :
. Les présentatifs servent à présenter un groupe nominal ou un constituant équivalent qui
fonctionne comme leur complément.
Structures à présentatif :
L’ensemble présentatif + GN forme une phrase irréductible au modèle canonique.
La structure à présentatif est fréquemment employée à l’oral car elle sert à désigner un
référent dans la situation d’énonciation.
Les présentatifs forment une phrase avec un GN ou un pronom (Voici/Voilà/Il y a/C’est
le professeur de lettres/quelqu’un) ou une subordonnée complétive (Voici/Voilà comment faire).

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Emplois spécifiques des présentatifs :
- Voici, voilà : invariables, peuvent s’employer seuls dans une réponse exclamative ou non,
être suivis d’un comparatif (Voici/Voilà le plus beau de l’histoire), présenter une circonstance
nouvelle quand ils sont suivis d’une complétive (Voilà qu’il neige).
- Il y a : varie en temps et en mode, ne peut s’employer seul, peut être nié (il n’y a pas),
exprime l’existence du référent du groupe nominal qu’il introduit.
- Il est : pose l’existence du référent du groupe nominal (comme il y a), figure à l’ouverture
des contes (Il était une fois), dans des expressions figées (Il est temps/tard/minuit).
- C’est : varie en temps, mode et nombre (ce sont est exclu devant nous et vous), s’emploie
sans restrictions mais pas seul.
Autres emplois des présentatifs :
Expression de l’emphase (emploi systématique de c’est pour l’extraction
d’un constituant : C’est l’occasion qui fait le larron ; emploi plus restreint de voici/voilà et de il y
a (Voilà le train qui arrive – Il y a un verre de cassé).
Expression du temps (Il a déménagé voici/voilà/il y a cinq ans)
Phrases nominales (phrases averbales)
Définition :
. Une phrase nominale est une phrase sans verbe (ou averbale, par opposition à une phrase
verbale), particulièrement utilisée dans les énoncés exclamatifs : elle peut être déclarative (Fin
de l’épisode.), interrogative (Les toilettes ?) ou impérative (Vos papiers !)
La phrase nominale :
L’absence de verbe prive la phrase nominale du terme qui normalement assure
la prédication et l’ancrage situationnel. Elle est ainsi sensible aux variations de la situation
d’énonciation particulière, celle-ci étant le plus souvent indispensable pour donner à la
phrase sa valeur référentielle spécifique, générale ou au contraire particulière.
Enoncés à un seul terme : Bon voyage !
Enoncés à deux termes (« constructions binaires ») : Génial, ce livre !
Ces types de construction s’analysent suivant la distinction thème-propos. Dans
l’énoncé à un seul terme, c’est le plus souvent le thème qui est absent et fournit par la
situation immédiate ou le contexte antérieur. Dans les énoncés à deux termes, la construction
binaire réalise de manière parataxique l’association d’un argument et de son prédicat.
Propositions insérées : incises et incidentes
Définitions :
. L’insertion est un processus qui consiste à intercaler dans le cours d’un phrase, sans terme
de liaison, une proposition, un groupe de mots ou un mot.
. Incises et incidentes sont des propositions insérées à l’intérieur ou placées à la fin d’une
phrase.
. L’incise, liée au discours rapporté direct ou de style indirect libre (voir XX.5), sert à
rapporter les paroles ou les pensées de quelqu’un.
. L’incidente sert à insérer un commentaire sur un discours à l’intérieur de ce discours.
Propositions incises : Comprends-moi bien, dit-il, je ne refuse pas de te rendre
service. A l’intérieur d’une phrase, l’incise en suspend le cours et la courbe intonative.
Généralement courtes, les incises sont formées d’un verbe signifiant dire ou penser et d’un
sujet, souvent pronominal, qui suit le verbe sauf dans l’usage familier (introduction par que
évitant l’inversion du sujet : Va-t-en ! qu’il lui dit comme ça).
Propositions incidentes : Les mythes, je l’ai constaté/il est vrai/c’est bien connu, ont
la vie dure. Le commentaire est détaché par une pause (intonation suspendue/virgules, tiret,
parenthèses), très souvent lié au discours par un terme anaphorique (pronom personnel ou
démonstratif) et emploie souvent des termes qui expriment des modalités affectives,
évaluatives ou explicatives.

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Enoncés marginaux
L’interjection :
L’interjection, qui manifeste l’affectivité, est souvent liée aux phrases
exclamatives auxquelles elle sert de renforcement, et suivie à l’écrit d’un point d’exclamation.
Formes généralement figées et invariables, elles possède une grande autonomie
syntaxique : former un énoncé à elle seule (valeur expressive ou injonctive), s’associer à
l’apostrophe (Holà, porteurs !), s’insérer dans une phrase à différentes places ;
Les termes reconnus comme interjections sont très diversifiés :
- cris et bruits : cris codifiés de forme simple souvent issus d’onomatopées (oh !, hep !),
onomatopées imitatives de cris d’animaux (miaou !) ou reproductives de bruits (boum !).
- mots ou groupes de mots : noms (Silence !, Diable ! Morbleu !), adjectifs (Chic !), adverbes
(Comment !) verbes (Tiens !), phrases figées (Sauve qui peut !).
L’apostrophe :
L’apostrophe, liée à l’énonciation, désigne la personne à qui s’adresse le
locuteur : elle correspond au vocatif des langues casuelles comme le latin.
Sur le plan syntaxique, l’apostrophe peut représenter à elle seule un énoncé.
Elle est compatible avec tous les types de phrases, placée en début (Garçon, une bière !) ou en
fin de phrase (Au revoir, les enfants), ou insérée (Ce sont les Erinnyes, Oreste, les déesses du
remords).
Divers termes peuvent exercer la fonction d’apostrophe : noms propres, noms
communs, pronom personnel (disjoint). Dans une langue soutenue ou dans un style lyrique
d’invocation, elle peut être renforcée par l’interjection ô (Pleure, ô pays bien aimé)
Les mots-phrases

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Chapitre XII
La phrase complexe : juxtaposition, coordination et subordination
SUJETS D’ORAL SIMPLES :
. Les phrases complexes - La subordination - Les (propositions) subordonnées – Marques
de la subordination - Mots subordonnants - Les mots subordonnants en « qu- » - Les
conjonctions de subordination et locutions conjonctives - Les conjonctions.
Définitions/Repères :
. Phrases complexes : phrases qui comprennent un ou plusieurs constituants, appelé
propositions, qui ont eux-mêmes la structure d’une phrase et se trouvent ainsi en relation
d’association ou de dépendance avec une autre structure de phrase appelée matrice.
. Les phrases complexes se distinguent selon leur mode de composition, c’est-à-dire la façon
dont une ou plusieurs phrases constituantes appelées propositions s’insèrent dans la
structure globale d’une phrase constituée dite matrice :
- juxtaposition (voir XVI.1) : phrase complexe formée d’une suite de deux ou plusieurs
propositions qui peuvent être considérées chacune comme une phrase autonome et sont
séparées par une pause : Les chiens aboient, la caravane passe.
- coordination (voir XVI.2) : phrase complexe formée d’une séquence de propositions
juxtaposées dont la dernière au moins est reliée aux autres par un mot de liaison (conjonction
de coordination, adverbe conjonctif : Les chiens aboient, mais la caravane passe.
- subordination : phrase complexe construite sur le rapport de dépendance orientée
entre une proposition subordonnée (ou enchâssée) et une proposition principale (ou
régissante), la subordonnée dépendant le plus souvent d’un constituant de la principale) :
Bien que les chiens aboient, la caravane passe.
- insertion : phrases incises et incidentes (voir XI.9.3).
. La juxtaposition et la coordination opèrent sur le mode de l’enchaînement parataxique (les
propositions juxtaposées et coordonnées gardent leur indépendance syntaxique) alors que la
subordination opère par emboîtement hypotaxique de propositions (les subordonnées sont
soumises à des contraintes syntaxiques temporelles et modales imposées par l’élément dont
elles dépendent).
. L’analyse grammaticale de la phrase complexe distingue entre phrases simples (ou
élémentaires) et phrases complexes selon qu’elles contiennent une ou plusieurs propositions,
et entre propositions principales et propositions subordonnées unies par un lien de
dépendance orientée. La proposition indépendante n’est pas subordonnée à une autre
proposition et n’inclut pas elle-même une subordonnée (cas des propositions juxtaposées et
des coordonnées).
LA SUBORDINATION
Marques de la subordination
Formellement, le caractère subordonné d’une proposition est indiqué par la présence
d’un terme introducteur : conjonctions de subordination, termes relatifs (indiquent une
fonction à l’intérieur de la subordonnée : le livre qui [sujet]/que [objet]/dont [complément
prépositionnel], termes interrogatifs (signalent le début de la proposition : Je me demande où va
Christine).
Cependant, les propositions participiales (Le chat parti, les souris dansent) et infinitives
(J’entends les oiseaux chanter) sont par contre dépourvues de terme introducteur.
Conjonctions de subordination (ou subordonnants)
Du point de vue morphologique, on distingue :
. formes simples : que, si, quand, comme,… :
- Que apparaît comme la conjonction de base (formation de locutions conjonctives,
introduction de propositions complétives [XIV.1)]…);

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- Si (équivalent interrogatif de que) cumule marquage de la subordination et indication du
caractère interrogatif de la phrase (Je sais qu’il viendra/Je me demande s’il viendra)
. formes composées ou locutions conjonctives : adverbes suivis de que
(alors/bien/aussitôt…que) prépositions suivies de que (pour que, lorsque = éléments soudés) ou
de ce que (à/de/en/sur…ce que );
. formes complexes issues de la lexicalisation de groupes prépositionnels (à la
condition que…), de constructions participiales (vu que…) ou de gérondives (en attendant
que…) qui toutes intègrent la conjonction que.
Du point de vue syntaxique, les conjonctions de subordination :
- marquent le seuil du constituant propositionnel qu’elles introduisent et sa dépendance par
rapport à un autre terme de la phrase,
- déterminent le mode des subordonnées circonstancielles en fonction de leur sémantisme
(parce que, puisque, quand, si.. suivies de l’indicatif ; quoique, bien que, avant que… suivies du
subjonctif).

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Chapitre XIII
Les subordonnées relatives
SUJETS D’ORAL SIMPLES : Les (propositions) relatives - Relatifs et relatives – Le pronom
relatif que et les subordonnées relatives.
SUJETS TRANSVERSAUX : Le mot QUE : pronom relatif ou conjonction (voir XIV).
Définitions/Repères :
. Propositions relatives : propositions introduites par un pronom relatif (ou plus rarement
par un déterminant relatif).
. Termes relatifs : (a) relatifs simples, invariables : qui, que, quoi, dont, où, et (b) relatifs
composés, qui s’accordent en genre et en nombre avec leur antécédent : lequel qui
s’amalgame avec à et de pour former auquel et duquel
. Rôles du pronom relatif : (a) subordonnant : introduction de la relative, et (b) coréférent à
son antécédent, sauf dans les relatives substantives : cette dernière fonction conditionne la
forme du relatif : qui (sujet), que (complément direct du verbe), quoi et lequel après
préposition, dont et où groupes prépositionnels, et les pronoms invariables qui et que
commandent les mêmes accords que le ferait leur antécédent.
RELATIVES ADJECTIVES
Ainsi dénommées car elles fonctionnent comme des adjectifs épithètes.
Relativisation du groupe nominal sujet : QUI
Il est venu vers nous qui sommes ses amis
Relativisation du groupe nominal complément direct : QUE
Je lis un livre que m’a offert ma sœur
Relativisation d’un groupe prépositionnel
Règle générale de pronominalisation : [GP = Prép + GN → Prép + lequel], que le
GP soit complément de phrase, de verbe, de nom ou d’adjectif (attribut) : Dans cette école, j’ai
appris à lire et à écrire → Cette école dans laquelle j’ai appris à …)
Règle générale d’ordre : autorise l’inversion du sujet lorsque celui-ci est nu GN
plein et que le verbe est intransitif ou employé intransitivement : Il a revu les personnes
auxquelles a parlé/Pierre/a parlé.
Règles particulières obligatoires et facultatives : voir p.138.
Relatives du second degré (ou imbriquées)
Relativisation d’un GN (sujet ou complément) qui fait partie d’une proposition
subordonnée complétive : dans ce cas, c’est le bloc constitué par la complétive et sa principale
qui est enchâssé dans la phrase matrice : Voici la personne à qui je sais que vous vous intéressez –
C’est un livre dont je sais qu’il aura du succès.
Sémantique des relatives
Le problème du sens référentiel de la relative se pose par rapport au GN dont la
relative est l’expansion :
- si l’antécédent est une expression définie (nom propre ou commun précédé d’un
déterminant défini), la relative est déterminative (ou restrictive) ou bien explicative (ou
appositive) selon qu’elle est respectivement nécessaire à l’identification référentielle de
l’antécédent (Le roman que je viens de finir me plaît beaucoup) ou non (Ce roman, que je viens de
finir, me plaît beaucoup);
- si l’antécédent est une expression non définie (nom commun précédé d’un déterminant
indéfini), on ne peut plus tirer argument de l’identification référentielle, mais néanmoins
distinguer entre relatives essentielles et relatives accidentelles (ou accessoires) selon que
leur suppression remet en cause la pertinence de l’énoncé (Il y a des moments dans l’histoire où
tout bascule) ou non (Un livre, qui se trouvait sur la table, attira mes regards).

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Les relatives prédicatives (ou attributives) sont attribut du complément d’objet des
verbes voir, regarder, entendre, écouter, sentir, sont introduites par qui et constituent le propos
de la phrase : J’ai entendu un oiseau qui chantait.
Le mode dans les relatives
Le mode ordinaire du verbe dans la relative est l’indicatif, mais l’on peut rencontrer le
subjonctif (C’est la seule explication qui convienne – Je ne connais personne qui puisse t’aider) ou
l’infinitif (Je n’ai pas de quoi payer).
RELATIVES SUBSTANTIVES
Ainsi dénommées parce que le pronom qui les introduit n’est pas anaphorique (pas
d’antécédent) : c’est la relative elle-même qui donne au pronom un contenu référentiel.
Relatives indéfinies
Représentant un être humain : introduites par qui sans antécédent
(éventuellement précédé du déterminant fictif tel) ou sa variante quiconque, ces relatives ont
notamment fourni beaucoup de proverbes : Qui veut voyager loin ménage sa monture.
Représentant un non animé : introduites par quoi obligatoirement précédé de à
ou de, elles sont à l’indicatif ou l’infinitif après voici/voilà/c’est (C’est à quoi je pensais), à
l’infinitif après il y a et certains verbes transitifs (Apportez-moi de quoi manger).
Introduites par où : Je n’ai pas où passer la nuit.
Relatives périphrastiques
Représentant un être humain : introduites par celui - variable en genre et en
nombre – suivi d’un pronom relatif (qui, que, dont ou lequel précédé d’une préposition (Je ne
suis pas celle que vous croyez).
Représentant un non animé : introduites par ce invariable suivi d’un pronom
relatif qui, que, dont ou quoi précédé d’une préposition (Voilà ce que j’avais à vous dire).
RELATIVES COMME EXPRESSIONS CIRCONSTANCIELLES
Certaines relatives ont toutes les caractéristiques formelles et sémantiques des
propositions circonstancielles et apparaissent comme compléments circonstanciels :
- de lieu (introduites par là où : Là où je suis, le soleil brille);
- de concession (introduites par qui que, quoi que, où que suivis du subjonctif (Quoi qu’il fasse,
on l’aime bien) ou par quelque (invariable)…que ou quel (variable)…que (Quelle que soit ma
patience, ne me pousse pas à bout).

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Chapitre XIV
Les subordonnées complétives (ou conjonctives)
SUJETS D’ORAL SIMPLES : Les (propositions) complétives - Subordonnées complétives et
« interrogations indirectes » - Conjonction que et subordonnées complétives.
SUJETS TRANSVERSAUX : Le mot QUE : conjonction et pronom relatif (voir XIII).
Définitions/Repères :
. Propositions complétives : propositions subordonnées qui se substituent, dans certains cas
et selon certaines règles, à des groupes nominaux constituants du GV ou, plus rarement au
GN sujet, voire à des GN compléments de noms et d’adjectifs.
. Les complétives sont conjonctives (introduites par que), infinitives (Je vois Paul marcher vers
nous), interrogatives ou exclamatives, selon le mécanisme syntaxique mis en jeu pour leur
formation.
. L’unité de la classe des complétives est attestée par (a) les possibilités de substitution ci-
dessus et (b) la possibilité de coordination à l’aide de et ou ni entre complétives des
différentes sous-classes.
COMPLETIVES INTRODUITES PAR QUE
Complétives compléments directs du verbe
Complétives les plus fréquentes et les plus typiques (Je vois que Paul est arrivé), elles se
construisent avec des verbes (ou locutions verbales) qui se réfèrent à des actes
psychologiques et ont pour sujet des êtres animés, généralement humains (dire, penser, sentir,
vouloir…) : il peut s’agir de déclarations, jugements, sentiments, volontés.
L’ordre des mots : canonique, car le propre de la conjonction que (à la différence du
pronom relatif que) est d’être un pur coordonnant sans fonction dans la subordonnée;
cependant, l’inversion du sujet est possible.
Le problème du mode : délicat, mais le choix entre indicatif et subjonctif est le plus
souvent contraint, parfois libre. Certains verbes normalement construits avec l’indicatif
admettent le subjonctif à la forme négative ou interrogative : Je ne crois pas qu’il viendra/vienne
– Crois-tu qu’il viendra/vienne ?
Complétives suivant des formes impersonnelles
Trois types de constructions apparentées : (a) avec des verbes ou locutions verbales
impersonnelles (il arrive que cet enfant fasse des bêtises = toujours subjonctif), (b) avec une construction
verbale attributive il est + adj. : Il est possible qu’il vienne, subjonctif le plus fréquent), (c) introduction
par un présentatif (Il y a que je suis en colère).
Complétives en position de sujets
Toujours au subjonctif : Qu’il vienne m’étonnerait beaucoup.
Complétives compléments indirects
Introduites par ce que précédée de à, de, voire en, le mode variant selon le verbe : subjonctif
(J’ai travaillé à ce qu’il reçoive une récompense) ou indicatif (Je me réjouis de ce qu’il a réussi).
Complétives compléments de noms et d’adjectifs
Introduites par que (ou de ce que) : J’ai retrouvé l’espoir que tout va s’arrange.
A ce tour, on peut rattacher le fait que, véritable locution conjonctive substitutive de que : Il faut
prendre en considération le fait qu’il a présenté ses excuses.
Complétives détachées
Introduites par que en position détachée, c’est-à-dire annoncée ou reprises par un pronom
neutre (cela ou le) ou un GN (cette chose…) et placées en tête de phrase ou postposées : Que cet individu
soit un espion, nous le savions – J’en suis sûr, que c’est un espion.
CONSTRUCTIONS INFINITIVES
La construction infinitive fait apparaître le contenu propositionnel de la subordonnée
comme directement dans le champ du verbe régissant ou plus particulièrement de son sujet,
alors que la construction conjonctive disjoint plus nettement les deux propositions. Elle peut
avoir pour intérêt de réduire une ambiguïté (Jean est rentré de vacances, Paul pense /qu’il ira le
voir → aller le voir) et de réaliser une économie (Je pense que je viendrai → Je pense venir).

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Ce parallélisme entre constructions conjonctives et infinitives n’est pourtant pas
systématique car il dépend du sémantisme du verbe principal.
⇒ voir p.144-145 :
Infinitifs à sujet identique à celui du verbe principal (sujets coréférentiels)
J’espère que je réussirai /réussir – Il achève son repas/de dîner
Infinitifs à sujet différent de celui du verbe principal
J’entends le tonnerre gronder – Il habitue son fils à vivre à la dure
Infinitifs dépendant d’un tour impersonnel
Il lui faut gagner sa vie – Il serait dommage de ne pas en profiter.
Infinitifs sujets
(De) crier ainsi toute la journée finissait par les rendre aphones.
Alternance entre constructions conjonctives et infinitives
Constructions en distribution complémentaire (Je veux que tu viennes – Je veux venir)
ou simples variantes l’une de l’autre (J’espère que je n’ai rien perdu/n’avoir rien perdu)
CONSTRUCTIONS INTERROGATIVES (voir XI.2.2/3)
Cette classe de complétives est communément interrogation indirecte.
La phrase interrogative peut être transposée en compléments de verbe ou
exceptionnellement en sujet. D’une façon générale, un sens assertif et positif favorise la
construction avec que tandis qu’un sens négatif, interrogatif, injonctif, volitif rend possible ou
probable l’interrogation indirecte (je ne sais pas si… va savoir si…).
Interrogation totale
Introduction de la subordonnée complétive par la conjonction si (seule structure
possible) : Dis-moi s’il est là.
Interrogation partielle
L’interrogation utilise pour introduire la subordonnée complétive : (a) sur le
sujet/objet/attribut animé, le pronom qui (comme dans l’interrogation directe) : Dis-moi qui
est venu, (b) sur le sujet/objet/attribut non animé, le pronom démonstratif ce suivi des relatifs
qui (sujet) ou que (objet, attribut) : Sais-tu ce qui s’est passé après ?, (c) sur les circonstances les
mêmes adverbes que l’interrogation directe : Dis-moi quand tu pars.
CONSTRUCTIONS EXCLAMATIVES
La phrase exclamative peut être transposée pour prendre la forme d’une subordonnée
complément d’un verbe principal : Regarde ce qu’elle est belle.
Tous les termes exclamatifs sauf que peuvent introduire une subordonnée exclamative.
Les verbes acceptant une subordonnée exclamative, très peu nombreux, sont ceux qui
peuvent être suivis d’une complétive en que ou d’une interrogative indirecte ; s’y ajoutent des
expressions comme c’est curieux/effrayant… (C’est curieux comme il est malin).

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Chapitre XV
Les subordonnées circonstancielles
SUJETS D’ORAL SIMPLES : Les (propositions) circonstancielles - La subordination
circonstancielle – Circonstancielles conjonctives et non conjonctives – Systèmes corrélatifs
circonstanciels.
Définitions/Repères :
. Subordonnées circonstancielles : toutes les propositions qui ne sont ni des relatives ni des
complétives, à première vue assimilables aux compléments circonstanciels de la phrase simple;
. Les circonstancielles conjonctives (construites avec que seule ou dans une locution) et les
circonstancielles non conjonctives (propositions participiales, formes gérondives, groupes
infinitifs prépositionnels partagent nombre de propriétés syntaxiques et sémantiques.
. Place : mobilité variable selon le type de circonstancielle et la conjonction introductive
(certaines sont mobiles : temporelles/quand, causales/parce que, finales/pour que et
concessives/bien que, d’autres pas du tout : consécutives et des comparatives).
. Sens : notion de « circonstance » peu claire, et parallélisme est très imparfait entre les
compléments circonstanciels de la phrase simple dont les nuances sont indéfiniment variées
(V.4.5) et les subordonnées circonstancielles dont la répartition est relativement structurée :
temporelles, causales, finales, consécutives, conditionnelles, concessives, comparatives (et
d’addition et d’exception).
CIRCONSTANCIELLES DECRIVANT UNE SITUATION
Ces subordonnées conjonctives mobiles, toujours à l’indicatif, regroupent une partie
des temporelles, les causales et les conditionnelles et décrivent ce qui, précédant ou
accompagnant le fait principal, doit être compris comme en conditionnant la réalisation,
c’est-à-dire la situation dans laquelle s’est produit, se produit ou se produira le fait principal
(voir circonstanciels scéniques, V.4.5.4).
Circonstancielles introduites par une conjonction
Type QUAND ou LORSQUE (sous-types PENDANT QUE, APRES QUE)
Le jeu des temps précise le rapport chronologique entre principale et
subordonnée. Les conjonctions sont spécialisées dans le rapport de simultanéité (pendant/
tandis/comme/tant/aussi longtemps/chaque fois/toutes les fois que) ou le rapport de
succession (après/dès/aussitôt/depuis que).
Type PARCE QUE, PUISQUE
Expressions des causes du fait principal (puisque) ou justification de
l’énonciation ou affirmation de la validité de la proposition principale (parce que). Puisque et
ses variantes (dès lors/du moment/vu/attendu/étant donné que) introduisent obligatoirement le
thème.
Type SI
Conjonction dont la syntaxe est la plus singulière : emplois hypothétiques (S’il
venait, il nous ferait plaisir) opposés aux emplois itératifs (S’il venait, on lui faisait la fête) ou
adversatifs (S’il était généreux avec les uns, il était mesquin avec les autres).
Emploi constant de l’indicatif dans la proposition introduite par si.
Spécification des temps dans subordonnée et principale et signification :
- SI + présent/présent (phrase générique) : Si l’on chauffe l’eau à 100°, elle bout.
- SI + imparfait/imparfait (répétition dans le passé : Si elle se sentait mal, elle demandait sa tisane.
- SI + présent/futur ou présent à valeur de futur (hypothèse probable) : S’il vient, nous irons nous promener ;
- SI + imparfait/conditionnel présent (hypothèse contraire à l’état de choses actuel) : Si j’étais riche, je
construirais une maison.
- SI + passé composé/passé composé (hypothèse portant sur un fait passé impossible à vérifier) : S’il est passé
ici hier, il est déjà loin.
- SI + plus-que-parfait/conditionnel passé ou présent (hypothèse portant sus un fait passé qui s’est révélé faux
= irréel du passé des langues anciennes) : S’il était venu, nous serions bien ennuyés.
- SI = temps quelconque/temps quelconque de l’indicatif (valeur d’opposition, seul cas où si peut être suivi
d’un passé simple /futur/conditionne) : S’il revint sur les lieux de crime, il ne laissa néanmoins aucune trace.

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Alternance avec constructions infinitives et participiales
Constructions infinitives :
Rares : concernent exclusivement après que/parce que, respectivement sous les
formes [après/pour + infinitif composé] : Il est revenu après avoir dîné – Il a été condamné pour
avoir volé un pain. En revanche, le gérondif (variante conditionnée de l’infinitif après en) se
rencontre avec presque toutes les valeurs circonstancielles de situation (temps, cause,
condition) : En venant, (=s’il venait) il nous ferait plaisir.
Constructions participiales :
La proposition participiale (participe présent ou passé + sujet, exprimé et
distinct de celui du verbe principal = tour littéraire) et les participes apposés, peuvent avoir
toutes les valeurs temporelles, causales ou conditionnelles : L’onde tiède, on lava les pieds des
voyageurs (= l’onde étant/quand l’onde fut tiède) – Le père mort, les fils vous retournent le champ.
CIRCONSTANCIELLES DECRIVANT UNE PERSPECTIVE
Ces subordonnées conjonctives mobiles, normalement au subjonctif et qui ne peuvent
se voir substituer des gérondifs ou des participiales, ouvrent une perspective, une « vue à
distance » souvent subjective à partir du fait principal, en décrivant : (a) ce qui est à venir,
soit par anticipation purement chronologique (avant que), soit en y ajoutant l’idée d’une
intention (afin que) ou d’un souhait (pourvu que), ou (b) un fait dont le lien situationnel voire
causal qui pourrait l’attacher au fait principal est repoussé, nié (non que) ou dénié (bien que).
Par anticipation
Type AVANT QUE
Finis tes devoirs avant que ton père (ne) revienne (trace du ne explétif , voir XI.5).
Finis tes devoirs avant d’aller jouer (construction infinitive : sujets coréférentiels).
Il réclame jusqu’à ce qu ’on lui cède (seul variante conjonctive).
Type POUR QUE/DE PEUR QUE
Pour que et afin que expriment le but positif (Cette famille d’ouvriers s’est
saignée aux quatre veines pour que leurs enfants fassent des études), et De peur que ou de
crainte que le but négatif (Je lui ai téléphoné, de peur qu’il(n)ait oublié mon invitation) ;
Type POURVU QUE, A MOINS QUE
Conjonctions généralement associées à la famille des conditionnelles car si peut
toujours leur être substituée en ajustant les formes verbales : Pourvu que mon voleur me rende
mes papiers, je lui abandonne le reste (= si mon voleur me rend…)
Par élimination
Type SANS QUE, NON QUE
Orientation négative de sans/non/au lieu que qui relèvent d’une orientation
négative, argumentative voire polémique, opposant la réalité des faits à une perspective
attendue : Au lieu qu’il aille de mieux en mieux, le traitement médical l’affaiblissait de plus en plus.
Sans et au lieu de suivis de l’infinitif si les sujets sont coréférentiels
Type BIEN QUE
Les propositions concessives, introduites par bien/encore/malgré que, quoique,
manifestent la polyphonie du discours, car leur emploi suppose que quelqu’un, quelque part
(« on-dit ») asserte le lien causal que pour sa propre part le locuteur refuse : Bien qu’il ait passé
des années dans ce pays, il ne sait pas en parler la langue.
Une concessive attributive peut être réduite par effacement du verbe (Quoique
intelligent…) ou utiliser les tours quelque …que ou si…que au subjectif et avec des attributs adjectifs
(Quelque/si intelligent qu’il soit…).
SYSTEMES CORRELATIFS
Structures considérées comme circonstancielles, non mobiles (ou très peu) :
- propositions introduites par comme (apparence de subordonnées compléments de phrase),
- propositions en état d’interdépendance (système corrélatif au sens strict),
- proposition subordonnée dépendant d’un adverbe.

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Systèmes comparatifs
Subordonnées circonstancielle en relation avec la principale pour formuler des
jugements de conformité ou des comparaisons quantitatives ou qualitatives.
Comparaison qualitative et conformité :
Constructions intégrées : Circonstancielles peu mobiles, introduites par
comme, ainsi que, de même que, dans des constructions complètes (Il ment comme il respire :
équivalence entre deux faits) ou elliptiques (Elle est belle comme une déesse : rapprochement de
deux GN sur la base d’un prédicat commun).
Constructions parallèles : expression de la comparaison globale par de
même que…de même (poésie épique) et de la conformité par tel…tel (adverbes).
Comparaisons quantitatives : proposition comparative introduite par que,
formellement dépendante d’un adverbe quantificateur (plus, davantage, moins, aussi,
autant) ou d’un déterminant complexe à valeur quantificatrice (plus/moins/autant de),
fréquemment sous une forme elliptique : Il a autant mangé que bu.
Systèmes consécutifs
Propositions consécutives qui expriment la conséquence, comme les propositions
coordonnées par donc et alors mais ici effective ou envisagée, par des :
- propositions formellement dépendantes d’un élément de la principale (adverbes : trop, assez,
si, tant, tellement ; déterminants : assez/trop/tant/tellement de) : Elle a tant d’amoureux qu’elle ne
sait lequel prendre.
- propositions introduites par au point de, de manière à ce que, de telle sorte que, sans corrélatif
dans la principale, toujours postposées au subjonctif (conséquence seulement envisagée : Il
est arrivé à la gare en avance, de manière à faire enregistrer ses bagages) ou à l’indicatif
(conséquence effective.
Variantes des circonstancielles de situation et de perspective
Sémantiquement équivalentes, mais de nature grammaticale différente :
- temporelles : (Il n’avait pas fait trois pas qu’il s’arrêta (faits qui se succèdent rapidement);
- causales : Il est d’autant plus méritant qu’il a peu de facilités (idée de proportionnalité appliquée
à une cause
- conditionnelles : Les enfants étaient-ils tristes (qu’)aussitôt leur mère les consolait / Aide-toi, le ciel
t’aidera (première proposition exprimant la cause conditionnelle de forme respectivement
interrogative avec inversion/injonctive au mode impératif ou subjonctif) ;
- finales : Lève la tête, que je puisse voir tes yeux.

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Chapitre XVI
Juxtaposition et coordination
SUJETS D’ORAL SIMPLES : La coordination - Coordination et juxtaposition - Juxtaposition
et coordination – Mots coordonnants (voir XII.1-3).
Définitions/Repères :
. Juxtaposition et coordination établissent entre des propositions ou des constituants de
propositions une jonction fondamentalement parataxique (parataxe = disposition côte à côte
de deux propositions)
. La coordination se distingue de la juxtaposition par la présence entre les éléments conjoints
d’un ou plusieurs outils de jonction, les conjonctions de coordination. La juxtaposition est
considérée comme une coordination asyndétique (par effacement de la marque de relation).
. Juxtaposées ou coordonnées, deux propositions demeurent sur un pied d’égalité
syntaxique, gardent leur autonomie catégorielle et forment une unité complexe de même
catégorie qu’elles (L’un rit [et ] l’autre pleure). Il en est de même pour les syntagmes ou les
mots, juxtaposées ou coordonnés (Ils sont affreux, sales [et] méchants).
JUXTAPOSITION
Juxtaposition : procédé séquentiel qui combine, sans recours à un terme relateur, des
propositions et aussi des syntagmes et des mots ayant même fonction. En l’absence d’élément
relateur, la démarcation entre éléments conjoints est marquée à l’oral par une pause et
surtout l’intonation, et à l’écrit par la virgule, voire dans des certaines conditions par le point-
virgule et les deux points.
Des propositions juxtaposées peuvent entretenir un rapport de dépendance
syntaxique conditionné par la présence dans la première proposition d’un indice formel : type
de phrase ou mode verbal (Chauffe un marron, ça le fait éclater), inversion du sujet (Lui demanait-on un
service, il était toujours disponible), verbe ou locution modalisatrice (Il aura beau sonner, je ne lui ouvrirai
pas), adverbe repris dans le deuxième terme juxtaposé (Plus on est de fous, plus on rigole).
Ce type de construction corrélative, s’il est formellement parataxique, relève pourtant de la
subordination car la première proposition est dépourvue d’autonomie syntaxique et
équivaut sémantiquement à une subordonnée dont la principale serait le deuxième terme
juxtaposé (phénomène de la subordination implicite)..
COORDINATION
Constructions coordonnées
Coordination : procédé séquentiel qui relie par une conjonction de coordination deux
unités de même niveau et assurant la même fonction syntaxique. C’est l’absence de
dépendance syntaxique entre les éléments reliés qui distingue la coordination de la
subordination, laquelle utilise aussi des termes relateurs.
Ne peuvent être coordonnés que des éléments sinon de même nature, du moins de
même rang, c’est-à-dire jouant le même rôle syntaxique (Un souriceau tout jeune et qui n’avait
rien vu).
Coordination de propositions et de phrases
Coordination possible à une double condition : (a) propositions au même mode (Je
veux et j’espère qu’il réussisse/réussira agrammatical (vouloir réclame le subjectif et espérer
l’indicatif), mais coordination possible d’une complétive et de sa forme réduit infinitive; (b)
propositions interprétables comme un apport cohérent par rapport aux contenus explicites
ou implicites de ce qui précède.
Un constituant commun peut être effacé : cas notamment du verbe dont la première
occurrence contrôle l’ellipse de la seconde (Jean a vendu sa maison et Paul [a vendu] sa voiture. Type de
réduction caractéristique de et et ni, plus contraint pour ou, mais et donc, impossible pour car et or.
Et, ou et mais peuvent relier des phrases de type différent (succession d’actes énonciatifs), le
premier terme d’une coordination par et ou ou pouvant être réduite à un groupe nominal : Un pas de
plus et tu es un homme mort

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Coordination de mots et de groupes de mots
La conjonction de constituants ne connaît pas d’autres contraintes que l’identité de la
fonction syntaxique des termes conjoints et l’homogénéité de leur rôles sémantiques :
- deux groupes nominaux (Pierre et Paul arrivent : unité syntaxique est attestée par l’accord au pluriel)
- deux participes passés après un auxiliaire commun (Combien de fois ai-je lu et relu ce poème ?),
- deux préfixes (la sur- et le sous alimentation) ou deux prépositions (Venez avec ou sans enfants)…
Termes coordonnants
Conjonctions de coordination et adverbes de liaison :
- conjonctions dont c’est le rôle quasi exclusif : mais, ou, et, donc, or, ni car;
- adverbes (ou locutions adverbiales) dits de liaison, conjonctifs ou coordinatifs (X.3, p.99 –
XXI.4, p.198), qui marquent divers rapports argumentatifs ou balisent la progression textuelle
Emplois des conjonctions de coordination (voir pp. 156-158) :
Les termes coordonnants ont chacun des emplois spécifiques selon le type de
jonction qu’ils servent à marquer : copulatifs (et, ni puis,…), disjonctifs (ou, ou bien,
soit…soit…) adversatifs (mais, en revanche, cependant…), causals (car, en effet…) et consécutifs
(donc, aussi, alors).

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Chapitre XIX
La référence
SUJETS D’ORAL SIMPLES :
. Références anaphoriques - Les termes anaphoriques - L’anaphore : procédés et relations
(voir L’anaphore : XXI.3.1)
. Références déictiques (voir Les déictiques : XX.2.1)
. La sémantique des groupes nominaux définis dans le passage (la référence)
SUJETS D’ORAL TRANSVERSAUX : Anaphoriques et déictiques.
Définitions/Repères :
. L’acte de référence consiste à utiliser des formes linguistiques (mots, syntagmes, phrases)
pour évoquer des entités (objets, personnes, propriétés, évènements, idées,…) appartenant à
des univers réels ou fictifs, extérieurs ou intérieurs. Les entités ainsi appréhendées au moyen
de formes linguistiques et glosées par d’autres formes constituent leurs référents.
. Référenciation : mécanisme interprétatif qu’une forme linguistique active pour donner
accès à sa contrepartie référentielle.
. Sens et référence : les formes linguistiques sont mises en correspondance, en vertu de leur
sens, avec ce qu’elles servent à désigner, à deux niveaux et de façon complémentaire : (1)
référence actuelle, désignée dans l’instance de discours (être, événement,…), (2) référence
virtuelle par le signifié (contenu sémantique précodé des formes linguistiques)
. Expressions référentielles et expressions prédicatives : opposition fonctionnelle entre
référentielles (complètes : désignation autonome des référents en tant que tels) et prédicatives
(incomplètes : intègrent un lien prédicatif qui appelle un sujet) = opposition grammaticale
asymétrique entre GN sujet et GV prédicatif.
TYPOLOGIE DES EXPRESSIONS REFERENTIELLES
Extension et mode d’existence du référent :
. référence générique : contrepartie référentielle de l’expression linguistique
envisagée dans son extension maximale
. référence particulière : référent = entité particulière d’un certain type dont
l’existence est posée, présupposée ou envisagée dans une situation donnée (elle peut être
spécifique = référent existant et identifiable/non-spécifique = référent vérifiant les propriétés descriptives de
l’expression, mais pas de garantie quant à son existence)
Type grammatical (point de vue lexico-syntaxique) : l’expression référentielle est :
dénominative (référent = nom propre), définie (article défini + nom), démonstrative (déterminant
démonstratif+GN), pronominale (pronom, y compris démonstratifs), indéfinie (déterminant indéf+GN).
Localisation du référent. L’expression linguistique localise son référent :
. référence déictique (ou situationnelle) : dans la situation de communication =
. référence anaphorique : à travers d’autres segments du texte.
Interprétation des expressions référentielles par l’interlocuteur :
. référent connu (ou du moins identifiable) à partir de l’antécédent
. référent connu, mais réactivé (occurrences successives d’un même nom propre)
. référent nouveau introduit par un déterminant défini (article,…)
. référent qui s’impose par sa forte saillance dans la situation d’énonciation
NB. Classification selon ce critère variable selon les perspectives d’analyse textuelle
Mode de donation du référent. Du point de vue de la référenciation :
. référence indexicale : terme dont le sens codé désigne un participant ou une
composante immédiate de l’acte énonciatif : cas des embrayeurs (déictiques) (le locuteur
s’autodésigne (je), identifie son interlocuteur (tu), évoque le moment de son énonciation (maintenant,…).
. référence descriptive : groupe nominal → caractéristiques du référent visé
(descriptions définies → identification univoque/indéfinies = une occurrence du référent parmi d’autres)
. référence dénominative : désignation rigide par un nom propre pour lever les
ambiguïtés (lecture référentielle ou attributive ?, transparente ou opaque ? : Jocaste voulait épouser sa mère)
. référence pronominale

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Chapitre XX
L’énonciation
SUJETS D’ORAL SIMPLES :
. Les marques de l’énonciation - Les modalités d’énonciation - Les modalités de la phrase
dans le discours direct et leur marquage syntaxique –
. Les personnes du discours – Valeurs narratives et énonciatives des temps - Les temps du
discours et les temps du récit.
. Le(s) discours rapporté(s) - Les marques du discours rapporté.
SUJETS D’ORAL TRANSVERSAUX :
. Présent verbal, deixis et narration (voir VII).
Définitions/Repères :
. Enonciation : acte de production d’un énoncé par un locuteur dans une situation de
communication (circonstances spatio-temporelles).
. Enoncé : produit oral ou écrit de l’acte d’énonciation.
. L’approche linguistique de l’énonciation peut être globalement orientée vers l’étude des
indices de l’énonciation (afin de relier formes linguistiques et situations d’énonciation), ou
des actes de langage (utilisation de la langue comme moyen d’agir).
. Deixis : notion linguistique qui signifie « action de montrer » (du grec deiktikos) et est l’un
des façons de conférer son référent à une séquence linguistique.
. Déictiques : unités linguistiques dont le sens implique obligatoirement un renvoi à la
situation d’énonciation pour trouver le référent visé
. Acte de langage : accompli par tout locuteur quand il énonce une phrase dans une situation
de communication donnée, instaurant ainsi une certaine relation avec l’allocutaire.
. Discours rapporté : discours tenu par un locuteur de base contient un discours attribué à un
autre locuteur (parfois le locuteur de base lui-même) qui est rapporté par le locuteur premier
qui se fait ainsi porte-parole de l’autre locuteur. Il représente un dédoublement de
l’énonciation :
INDICES (OU MARQUES OU TRACES) DE L’ENONCIATION
Déictiques ou expressions déictiques (s’opposent aux anaphoriques). Unités
linguistiques dont le sens implique obligatoirement un renvoi à la situation d’énonciation
pour trouver le référent visé : pronoms personnels de 1ère et 2è personnes, déterminants et
pronoms démonstratifs, indications de lieu et de temps (adverbes, adjectifs, prépositions,
verbes), temps du verbe (repérés par rapport au moment au moment de l’énonciation).
Modalités d’énonciation (distinction entre dictum – contenu propositionnel - et modus –
position du locuteur par rapport à la réalité du contenu exprimé) : marquent l’attitude énonciative
du locuteur dans sa relation à son allocutaire.
Modalités d’énoncé : marquent l’attitude (subjective) du locuteur vis-à-vis du contenu
de l’énoncé : différentes appréciations du locuteur sont possibles, de l’ordre de l’affectif
(expression d’un sentiment) ou de l’évaluatif (jugement ou évaluation en termes de type
axiologique – bon/mauvais – ou épistémique – vrai/faux/incertain-). L’évaluation de la subjectivité
se fonde sur les catégories grammaticales : noms et adjectifs affectifs ou évaluatifs, verbes (en
particulier employés à la 1ère personne), adverbes, interjections, temps du verbe, intonation à
l’oral (en particulier dans une phrase exclamative) ou ponctuation à l’écrit.
⇒ voir aussi chap.V, Compléments circonstanciels.
ACTES DE LANGAGE
L’acte de langage (a) repose sur une convention sociale implicite qui associe telle expression
linguistique à la réalisation de tel acte de langage particulier, (b) définit des droits et des devoirs pour le
locuteur et l’allocutaire, (c) possède une force illocutoire qui s’applique à un contenu propositionnel et (d) se
décompose en trois sortes d’actes : locutionnaire (production d’un énoncé), illocutionnaire (acte de langage
proprement dit : ce que le locuteur fait en parlant) et perlocutionnaire (effet produit sur l’allocutaire)

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Actes de langage directs.
Accomplis au moyen d’une forme linguistique associée par convention à un acte de
langage spécifique (Fermez la fenêtre !) dans les :
- énoncés performatifs explicites, par l’emploi de verbes performatifs
correspondant chacun à un acte de langage spécifique (demander, promettre, affirmer,…);
- énoncés performatifs primaires, par l’emploi même d’un type de phrase,
assertif, interrogatif ou impératif, associé par convention à un type d’acte spécifique.
Actes de langage indirects.
Accomplis au moyen d’un énoncé contenant une forme associée conventionnellement
à un acte autre que celui qu’ils visent à accomplir (Il fait froid ici ! → Fermez la fenêtre !), ils
s’interprètent à partir de la situation d’énonciation :
. la « dérivation illocutoire » : Il se fait tard (sens littéral) = Rentrez chez vous (sous-
entendu déterminé par la situation);
. le « trope illocutoire » : Avez-vous l’heure ? (valeur littérale directe) → Il est midi
(valeur dérivée indirecte).
ATTITUDE ET PERSPECTIVE D’ENONCIATION
Le rapport du locuteur à l’énoncé peut-être décrit en s’appuyant essentiellement sur :
- l’emploi des personnes (concept de Benveniste qui précise l’attitude d’énonciation :
distance maximale ou minimale du locuteur par rapport à son énoncé),
- l’organisation des temps du verbe (concept de Weinrich qui précise non seulement
l’attitude d’énonciation mais aussi la perspective d’énonciation : adhésion plus ou moins forte du
locuteur à son énoncé).
Les personnes du discours :
Dichotomie dans l’emploi des personnes dans :
. l’énonciation de discours : l’énoncé est formellement relié à la situation
d’énonciation (distance locuteur-énoncé minimale); toutes les personnes s’emploient
(pronoms désignant les acteurs de la communication –je, tu, nous, vous- et représentant l’objet
de celle-ci (3è personne); la temporalité de l’énoncé, repérée par rapport au moment de l’acte
d’énonciation, comporte tous les temps à l’exception du passé simple et du passé antérieur.
= majorité des discours oraux, tous les genres où quelqu’un s’adresse à quelqu’un, s’énonce comme
locuteur et organise ce qu’il dit dans la catégorie de la personne (oral, mémoires, théâtre,…)
. l’énonciation historique (récit) : toute trace d’énonciation éliminé, déictiques
exclus, seule la 3è personne est possible ; distance maximale du locuteur par rapport à son
énoncé qui relate des évènements passés; temps du verbe coupés du moment de
l’énonciation, orientés vers le passé, organisés par rapport au repère passé au centre le passé
simple (« aoriste ») qui s’oppose à l’imparfait (même repère passé) (plus-que-parfait et passé
antérieur marquent respectivement l’accompli et l’antériorité dans le passé, et le conditionnel
présent= »futur vu du passé » un procès postérieur au repère passé.
= livres d’histoire, contes, romans, nouvelles,…)
Les temps du discours :
Dichotomie dans l’organisation des temps du verbe :
. discours narratif : regroupe les temps associés au système du présent (passé
composé, présent, futur catégorique=futurs simple et antérieur);
. discours commentatif : regroupe les temps centrés sur le passé (plus-que-
parfait, passé antérieur, imparfait, passé simple, futur hypothétique=conditionnel).
L’opposition entre ces deux formes de discours correspond à celle de Benveniste entre
énonciation de discours et énonciation historique. Weinrich y ajoute la notion de perspective
d’énonciation qui, dans chaque type de discours, différencie passé simple et imparfait par la
notion de mise en relief qui hiérarchise les procès : passé simple=évènements de premier
plan, imparfait=faits d’arrière-plan.

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LE DISCOURS RAPPORTE
Discours (rapporté) direct :
Discours d’autrui rapporté tel quel, comme une citation, mais seulement quant à sa
teneur seule, les caractéristiques du discours oral étant neutralisées.
Marques explicites du décalage énonciatif :
- introduction par une phrase (indication de l’énonciateur, conditions de son discours
précisées ou non), placée soit avant le discours rapporté et suivie de deux points, soit à
l’intérieur ou après sous forme d’incise;
- encadrement par des guillemets ou – dans un récit – réplique(s) introduite(s) par un tiret.
Caractéristiques énonciatives (comme dans le discours) : pronoms et
déterminants de 1ère personne renvoient à l’énonciateur dont le discours est rapporté ; temps repérés
par rapport au moment de sa parole : présent=moment de l’énonciation même si le discours est
rapporté dans un contexte passé ; tous types de phrase de l’énonciation directe possibles.
Discours (rapporté) indirect :
Le discours rapporté perd l’indépendance syntaxique et énonciative caractéristique du
discours direct car il est :
- construit comme une subordonnée, introduite comme complément d’un verbe principal
signifiant « dire » ou « penser »;
- intégré au discours dans lequel il s’insère, sans marque de rupture énonciative mais indiqué
par un mot subordonnant (que, si,…) ou un démarcatif;
La mise en subordination peut provoquer dans la subordonnée « rapportée » :
- des transpositions de personnes selon les rapports entre le locuteur de base, son allocutaire
et le locuteur dont il rapporte le discours : pas de transposition quand le locuteur rapporte
son propre discours; 3è personne quand le locuteur rapporte à son allocutaire le discours
d’une tierce personne; emploi des personnes plus complexe si l’allocutaire est concerné par le
discours rapporté (Elle a dit que tu…)
- des transpositions de temps si le verbe introducteur est à un temps passé : le verbe
subordonné est décalé au passé selon les règles de concordance des temps suivant les rapports
chronologiques du fait subordonné au verbe principal : antériorité (passé composé → plus-que-
parfait), simultanéité (présent → imparfait), postériorité (futur → conditionnel)
- des changements qui affectent les déictiques et les types de phrases.
Verbes introducteurs : différents (apprendre, démontrer, se figurer, prétendre,
révéler, supposer,…), plus variés que ceux du discours direct.
Style (ou discours rapporté) indirect libre
Procédé essentiellement littéraire, il combine :
- les particularités du discours direct : phrases indépendantes sans mise en subordination
(mais souvent sans démarcation : ni phrase introductive, ni guillemets), exclamations et
procédés expressifs conservés;
- les particularités du discours indirect : temps et personnes transposées (mais non les temps
si le discours de bas est au présent); transposition des temps permettant dans un récit au
passé d’intégrer parfaitement le discours rapporté à la narration.
⇒ Délicats problèmes d’identification, de lecture et d’interprétation du fait de l’absence de
démarcation formelle du discours rapporté qui se fond dans le texte narratif (voir chap.XX, p.601).

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Chapitre XXI
La structuration du texte
SUJETS D’ORAL : Thème-propos - La progression thématique –L’anaphore - Références
anaphoriques et références déictiques [voir chap. XX : énonciation (a)] – Les connecteurs –
Connecteurs et signes de ponctuation.
Avant-propos :
La grammaire de texte élargit la perspective de l’analyse grammaticale en se plaçant dans le cadre du
texte - considéré comme un ensemble organisé de phrases -, et non plus dans celui de la phrase.
La cohérence du texte, qui dépend de facteurs syntaxiques et sémantiques, repose sur l’équilibre entre
deux règles complémentaires : la règle de répétition (présence d’éléments récurrents) et la règle de
progression (apport d’informations nouvelles).
Différents phénomènes répondent à ces règles : la progression thématique assure la
progression des phrases, l’anaphore constitue des chaînes d’expressions référentielles, les
connecteurs marquent des relations sémantico-logiques entre les propositions ou les séquences.
PROGRESSION THEMATIQUE SELON THEME ET PROPOS
Thème et propos :
L’analyse de la phrase peut s’opérer au niveau syntaxique (GN, GV) ou au
niveau sémantique (deux actants : agent et procès), mais aussi au niveau communicatif en
fonction de l’information qu’elle véhicule, en distinguant :
- le thème – ce dont parle le locuteur, support de la communication et de la phrase, et
- le propos – ce qu’on dit du thème, l’apport d’information sur le thème.
⇒ La dichotomie thème-propos, qui vient de la logique classique, connaît plusieurs variantes terminologiques
(thème-prédicat, thème-rhème, topique-commentaire/focus de l’anglo-saxon : topic/comment), qui reflètent la
multiplicité des points de vue (logique, syntaxique, sémantique, pragmatique,… On assimile parfois le thème
au présupposé et le propos au posé.
L’analyse d’une phrase en thème et propos – qui assurent respectivement la continuité et la
progression du texte - s’effectue en tenant compte du contexte, linguistique et situationnel.
Généralement, l’ordre linéaire de la phrase reflète l’ordre de l’information : thème placé en tête, suivi
par le propos, mais cet ordre peut être inversé. Par exemple, quand un adverbe ou un GN ajoutent un
commentaire incident à une phrase, ils jouent le rôle du propos quelle que soit leur place avant ou
après la phrase qui est le thème.
L’identification du thème et du propos s’effectue au moyen de deux tests
linguistiques : (1) la négation qui porte sur le propos - jamais sur le thème -, et (2) la
question : le thème est une sorte de question dont le propos est la réponse
(Le bateau partira demain : le bateau ne partira pas/demain (= propos) ; Quand part le bateau ? Demain(= propos)
Progression thématique : comme c’est le rapport du thème au contexte antérieur qui
assure fondamentalement la cohérence d’un texte, on distingue ;
. Progression à thème constant : même thème repris d’un phrase à l’autre,
associés des propos différents (usage privilégié : textes narratifs);
. Progression linéaire simple : le thème reprend totalement ou partiellement les
informations apportées par le propos précédent, le passage du propos au thème n’étant pas
toujours réalisé terme à terme (usage privilégié : textes de type argumentatif);
. Progression à thèmes dérivés : organisée à partir d’un « hyperthème » dont les
thèmes de chaque phrase représentent un élément particulier, cet hyperthème n’étant pas
toujours exprimé et alors reconstitué par le lecteur (à la base des textes descriptifs).
Un texte, même court, peut mêler plusieurs sortes de progression, selon le type de séquence
textuelle (narrative, descriptive,…), le référent évoqué, l’effet stylistique visé,…
La progression peut connaître des ruptures, le thème d’une phrase n’étant pas toujours
présent dans une phrase antérieure, notamment quand un thème totalement nouveau est introduit.
ANAPHORE ET EXPRESSIONS ANAPHORIQUES
Définition : L’anaphore se définit traditionnellement comme toute reprise d’un élément
antérieur dans un texte; elle contribue à la cohérence et à la structuration d’un texte (s’oppose
à cataphore = renvoi à un élément postérieur dans le texte : Je t ‘annonce ceci :…)

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Une expression est anaphorique si son interprétation référentielle dépend d’une autre
expression figurant dans le texte : dans le cas prototypique, il y a coréférence entre une
expression anaphorique et un terme antérieur, ce qui garantit la continuité thématique.
Mais une anaphore n’est pas nécessairement coréférentielle, et le référent d’une expression
anaphorique n’est pas toujours dénoté explicitement par un terme antérieur :
- l’anaphore indirecte ou in absentia ne s’appuie sur le contexte qui précède et non pas directement sur
une mention antérieure du référent
- l’anaphore lexicale : cas du pronom en qui reprend la matière notionnelle d’un nom pour construire
un référent différent de celui du GN antérieur, le lien n’étant alors plus référentiel mais lexical.
Lorsque plusieurs GN peuvent jouer le rôle d’antécédent d’un même pronom, ou a fortiori
que plusieurs pronoms renvoient à des GN différents, des ambiguïtés surgissent, qui peuvent être
levées par l’existence d’un GN dominant (notion de hiérarchie de « saillance topicale » des GN qui les
caractérise du point de vue thématique).
Expressions anaphoriques
Anaphores pronominales (cas privilégié d’anaphore puisque l’emploi d’un
pronom permet d’éviter la répétition d’un GN ou d’un nom), avec deux types de
représentation :
- totale, le pronom représentant totalement le GN antécédent (pronoms personnels de 3è
personne autres que en, relatifs et certains démonstratifs
- partielle, le pronom représentant seulement une partie du GN, seul le nom étant affecté par
l’anaphorisation (pronom en, possessifs, certains démonstratifs, et les indéfinis et les
numéraux employés de façon pronominale) ?
Anaphores nominales : les GN anaphoriques, qui comportent des déterminants
définis (articles définis, déterminants possessifs ou démonstratifs), peuvent prendre
plusieurs formes et entretenir plusieurs type de relations avec leur antécédent :
. anaphore fidèle : reprise du nom avec simple changement d’article.
. anaphore infidèle : reprise avec changements lexicaux (un nom propre par
un GN descriptif, un synonyme ou équivalent ou hypéronyme du nom précédent).
. anaphore conceptuelle (ou « résomptive » ou « résumante ») : pas de
reprise d’un GN ou d’un segment antérieur, mais condensation et résumé du contenu d’une
phrase, d’un paragraphe ou de tout fragment de texte antérieur.
Anaphores adverbiales : reprise d’expression nominale ou de fragment de texte.
Anaphores verbales : au moyen du verbe faire, «proverbe», dénote un processus.
Anaphores adjectivales : l’adjectif tel résume le contenu de ce que précède.
CONNECTEURS
Définition : les connecteurs sont des unités linguistiques (conjonctions, adverbes, groupes
prépositionnels, présentatifs,…) qui assurent la liaison et organisent les relations des
propositions, mais n’en font pas partie intégrante. Ce ne sont pas des expressions
anaphoriques.
Connecteurs qui ordonnent la réalité référentielle :
Connecteurs temporels : marquent une succession chronologique (alors, après,
ensuite, puis, et), explicitent différents stades (d’abord, puis, ensuite, enfin), annoncent un
évènement (soudain, tout à coup), le plus souvent dans des textes narratifs voire des
énumérations.
Connecteurs spatiaux : indiquent, le plus souvent dans une description, la
localisation spatiale (ici, là, en haut, à gauche, derrière, en-dessous,…), ou encore mettent en
parallèle dans une énumération ou une argumentation (couples d’un/de l’autre côté,
d’une/d’autre part).
Connecteurs qui marquent les articulations du raisonnement :
Connecteurs argumentatifs : marquent entre les parties d’un texte diverses
relations, d’opposition-concession (mais/pourtant, néanmoins, cependant, toutefois,…),
d’explication et justification (car, parce que, puisque), de complémentation (or, d’ailleurs, de plus,

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non seulement…mais encore,…), ou de conclusion (donc, aussi, ainsi, en tout cas, enfin, en
résumé,…).
Connecteurs énumératifs : structurent une énumération en marquant
l’ouverture (d’abord, d’emblée, tout de suite), en assurant des relais (alors, après, ensuite) et en
indiquant la clôture de la série (enfin, bref, voilà).
Connecteurs de reformulation : indiquent la reprise de ce qui précède de façon
métalinguistique (autrement dit, en un mot, en d’autres termes, c’est-à-dire).
Les connecteurs contribuent comme la ponctuation à la linéarisation du texte, qui est
une opération langagière fondamentale.

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