Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
C’est par ailleurs, dans le cadre d’une épicerie sociale itinérante qui est un dispositif d’aide
alimentaire porté par le Centre Communal d’Action Social de la ville de Saint-Pierre que j’ai
effectué ma formation pratique d’une durée de 16 semaines.
L’ESI a 3 missions principales :
➔ L’achat de denrées à bas coût dans le camion itinérant ;
➔ L’accompagnement social individuel ;
➔ Les ateliers collectifs.
Au sein de l’ESI, la CESF est responsable d’une équipe composée d’un chauffeur qui est
également régisseur.
Elle gère les relations partenariales auprès de la Banque Alimentaire, des financeurs ou
encore des prescripteurs. Elle est garante du cadre de l’épicerie, ainsi que du respect des
bonnes pratiques d’hygiène.
La professionnelle s’occupe des accompagnements sociaux individuels qui se déroulent au
cours de visite à domicile toujours dans une démarche de proximité et d’aller vers.
La situation que je vais aborder maintenant est celle du premier bénéficiaire de l’épicerie.
I/ La situation rencontrée
a) Contexte
Monsieur a été orienté vers l’épicerie par un travailleur social du CCAS, qu’il avait rencontré
par rapport à ses impayés des factures d’eau et d’électricité.
1
J’ai accompagné cette personne pendant 6 mois avec en moyenne une visite à domicile par
mois.
b) Recueil de données
Monsieur N est un homme célibataire de 50 ans. Il a deux enfants qu’il voit
occasionnellement. Concernant sa famille proche, son frère est décédé il y a 10 ans de façon
brutale et sa mère un an plus tard.
Monsieur vit dans la maison familiale située dans les hauteurs de Saint-Pierre depuis le décès
de sa mère. Cependant, le statut de propriétaire de Monsieur n’est pas finalisé car le logement
est en indivision.
Préparateur en pharmacie de profession, Monsieur est au chômage depuis 5 ans, suite à une
rupture conventionnelle. À ce jour, Monsieur dit envisager de reprendre une activité, il se
montre encore très hésitant. Il est occasionnellement bénévole dans une association, il aide à
la distribution de colis alimentaires.
Ses ressources se composent de l’allocation de solidarité spécifique (ASS) d’un montant de
535 € par mois.
Il a plusieurs dettes d’un montant d’environ 4 600 € :
● 3 années consécutives de taxes foncières pour lesquels une SATD par les impôt ;
● Assurance voiture avec huissier qui a été mandaté ;
● Eau et électricité en impayé depuis avril 2022 et mai 2022
En outre, Monsieur paye deux postes de charges fixes : 105 € sont dédiés à la télévision,
internet et téléphone et 15 € pour la participation financière à la CSS.
2
qu’il priorise le paiement de certaines charges (TV et internet) au détriment d’autres
(paiement des factures d’eau et d’électricité par exemple).
J’analyse que les deuils successifs auxquels Monsieur a dû faire face a entraîné une
souffrance psychosociale qui se manifeste par un trouble de l'adaptation sociale en lien avec
processus de marginalisation et de désaffiliation sociale.
Selon les dires de Monsieur qui a exprimé les raisons de sa demande de rupture
conventionnelle en 2018 : il éprouvait un besoin de “souffler”, de ne plus dépendre d’un
employeur et de prendre du recul sur sa vie. Actuellement, ces raisons le freinent encore dans
la recherche d’un emploi, il verbalise de l’inquiétude et de l'appréhension.
Au cours des visites à domicile échelonnées sur une durée de 6 mois, j’ai proposé un
accompagnement éducatif budgétaire, un point sur l’accès au droit (chèque énergie) et une
orientation vers un partenaire pour effectuer un diagnostic énergétique afin de le sensibiliser à
la réduction de ses consommations dans un but financier et de transition énergétique.
Concernant l’AEB :
3
➔ J’ai cherché à comprendre l’origine du non-paiement ; => selon les dires de Monsieur
cela est dû au passage d’ARE à l’ASS, car il a eu une baisse significative de
ressources.
➔ C’est pourquoi, j’ai refait un point sur son budget. La finalité étant de poser le budget
réel avec le paiement des factures régularisées du mois en cours et non le budget
supposé.
➔ Nous avons négocié un plan d’apurement par téléphone pendant lequel, j’assistais
Monsieur lors de cet appel, toujours dans une démarche de faire avec. Au moment
opportun, j’ai apporté mon soutien pour négocier la suppression des pénalités de
retard au vu du CAP énergie qui avait été octroyé par le CCAS. J’ai constamment
recherché son adhésion, en lui donnant la parole en lui demandant s’il avait des
questions et s’il était d’accord avec les propositions.
Le contrat étant au nom de sa défunte mère, j’ai sensibilisé Monsieur que, pour qu'il puisse en
bénéficier, il devait mettre le contrat à son nom. J’ai fait preuve d’empathie, en effet enlever
le nom d’une facture peut être une étape difficile pour personne endeuillée même des années
après.
4
Orientation auprès d’SPL Horizon, dispositif gratuit de diagnostic énergétique. Monsieur a
reçu des conseils pour mettre en place des éco-gestes et des informations concernant le
dispositif agir + d’EDF, cependant Monsieur n’est pas éligible tant que sa situation foncière
n’est pas régularisée.
J’en arrive à mon avant dernière partie, à savoir comment la personne s’est saisie de
l’accompagnement social que je vous ai présenté.
Au niveau budgétaire :
Monsieur a montré des ambivalences entre ses propos et ses actes. Dans ses dires, il était
proactif pour la régularisation de sa dette et dans les faits il ne respectait pas les échéances du
plan d’apurement.
Cette situation me questionnait concernant son adhésion à l'accompagnement, son projet de
vie ou encore par rapport à ma posture et mon positionnement professionnelle.
5
V) Analyse de mon positionnement professionnel
Pour terminer, mon positionnement a été de faire preuve de plus de fermeté afin de mettre
Monsieur face à ses responsabilités, cependant je laissais toujours une fenêtre avec une main
tendue. J’ai constamment fait preuve de bienveillance en prenant en compte sa temporalité.
Conclusion :
- Comment rebondir lorsque la personne dit ne pas avoir assez de ressources pour payer
ce qu’elle doit ?
6
Pour conclure, voici une phrase que Monsieur a déclaré au cours de ma première visite à
domicile : “Madame, que voulez-vous que je paye avec 500 € par mois ? ”.
Il est vrai, 500 € par mois c’est peu pour vivre, c’est une réalité.
Au temps de l’État providence, je me suis alors demandée si le travail était un devoir ou bien
un droit ?