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DC3 

: Ecrits professionnels CESF 20/21

Association
Service d’accompagnement à la vie sociale
Conseiller en economie sociale et familiale

Fait à St Denis, le 30/05/2021

Note de synthèse à l’attention du Président de l’association

en vue de l’assemblée générale annuelle

à destination des parents des bénéficiaires du SAVS

Objet : Bilan des 10 années de la loi du 11 février 2005 pour « l’égalité des droits et des chances, la
participation et la citoyenneté des personnes handicapées ».

Références :

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Longtemps négligées, les associations et les pouvoirs publics ont pu collaborer afin de rédiger
un texte de loi fondateur de la politique du handicap. Fort de 101 articles, la loi du 11 février
2005, actualise et enrichit la loi d’orientation en faveur des personnes handicapées du 30 juin
1975. Si jusqu’alors, le handicap était défini par “les seuils de dépendance et en fonction des
capacités de la personne”, cette réforme permet de conceptualiser le handicap de façon plus
global, et à travers différents facteurs tels que les fonctions organiques (les changement lié au
handicap), les “structures anatomique” (difficultés à effectuer seule une tâche du fait du
handicap), “les activités et la participation” (insertion social et professionnelle notamment) et
les “facteurs environnementaux”. Ainsi la loi du 11 février 2005 portant sur “l’égalité des
droits et des chances, la participation et la situation des personnes handicapées”, met au centre
des dispositifs les personnes handicapées afin qu’elle puisse être acteur de leur parcours. 

Dix ans se sont écoulés, quel bilan est-il possible de dresser ?  Pour y répondre, un rappel des
principes et orientations de loi sera exposé dans un premier temps, puis dans un second temps,
les avancées et les limites en termes d’accessibilité.

I. Principes et orientation de la loi du 11 février 2005

Le concept de handicap était jusqu’à cette loi fortement influencé par un imaginaire collectif,
des représentations et des préjugés qui excluaient les personnes handicapées de la société. 

La loi du 11 février 2005 impulse une volonté d’inclusion des personnes souffrant de
handicap en mettant en avant les leviers de leur insertion au lieu de pointer du doigts les freins
qui pourraient exister. Ainsi les personnes porteuses de handicap ne sont plus observées
comme des personnes assistées mais comme des personnes ayant des droits et des devoirs. De
par ce texte de loi, ce n’est plus à la personne de s'adapter systématiquement à la société, mais
c’est à la société (aux pouvoirs publics) de créer les conditions de leur intégration.” Cette loi
leur redonne ainsi leur place de citoyen au sein de la République.

C’est en ce sens que la loi met en place plusieurs dispositifs et droits. Parmi eux, il y a
notamment le droit à la compensation des conséquences du handicap et à l’allocation adulte
handicapé, le droit à la scolarité, le droit à l’emploi, le droit à l’accessibilité ainsi que la
création des maisons départementales des personnes handicapées (MDPH).

Concernant le droit à la compensation, elle est accordée suite à l’évaluation des déficiences de
la personne par une équipe pluridisciplinaire. Ce droit permet de financer des aides humaines,
techniques ou animalières ainsi que des aménagements de l’habitat ou du véhicule. Cette
prestation est soumise à un plan personnalisé de compensation et n’est attribuée qu’aux
personnes âgées de 18 à 59 ans inclus. Cette tranche d’âge soulève des difficultés pour une
majorité de personnes exclues, car pour les mineurs, cette prestation est minorée et pour les 60
ans et plus, cette prestation n’existe plus, dans la mesure où les personnes ne sont plus
considérées comme porteuses de handicap mais comme personnes âgées relevant alors d’un
autre dispositif. De plus, les critères d'éligibilité sont extrêmement restreints et de ce fait, ne
couvre pas l’ensemble des besoins limitant de facto les impacts positifs que cette prestation
pourrait représenter. A ce dispositif et grâce à la loi de 2005, les personnes peuvent bénéficier
et cumuler l’allocation retour à l’emploi qui est accordé par la MDPH et un revenu d’activité.
Il est a souligné que si les personnes porteuses de handicap disposent de cette allocation,

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celle-ci reste inférieure au seuil de pauvreté et doit être réétudiée tous les deux à trois ans pour
les personnes souffrant de handicap psychique (avec un taux d’incapacité entre 50 et 80%).
Cette situation les précarise davantage car dès lors que le dossier est réétudié, il y a une
suspension des allocations ce qui peut engendrer des difficultés budgétaires. 

“Tout enfant porteur de handicap a désormais le droit d’être inscrit en milieu ordinaire, dans
l’école la plus proche de son domicile.” Ainsi la loi de 2005 favorise l'accès à la scolarité et
mobilise des ressources humaines pour développer l’inclusion sociale des enfants en milieu
ordinaire. Pour pallier aux besoins spécifiques, les enfants peuvent bénéficier d’un
accompagnement adapté (Assistant de vie scolaire par exemple). De plus, il est mis en place
un projet personnalisé de scolarité afin de favoriser la notion de parcours de vie au sein du
système scolaire. Cet aspect de la loi a permis la scolarisation de beaucoup d’enfants porteurs
de handicap, pour la rentrée 2014 260 000 enfants porteur de handicap étaient scolarisés ce
qui représentent le double des enfants inscrits en 2006. Cependant cette observation reste à
relativiser au regard de plusieurs éléments dont le temps effectif de scolarisation (parfois
l’enfant n’est à l’école que deux heures par semaine), l’accompagnement des élèves est fait
par des professionnels peu ou pas formés, ce qui limite la qualité de l’accompagnement enfin
la coopération entre le système scolaire et les établissements médico-sociaux restent très
limitée. Ce manque de communication peut en partie s’expliquer par l’appartenance
ministérielle et la tarification des prestations (un élève mangeant à la cantine ne pourra pas
bénéficier du forfait journalier de son établissement médico-social.

La loi du 11 février 2005 consolide la non-discrimination du seul fait d’un handicap dans le
secteur professionnel. De plus, elle durcit les sanctions dès lors qu’une entreprise ne respecte
pas l’obligation d’employer au minimum 6% de personnes handicapées et développe les fonds
pour permettre un aménagement des postes de travail pour l’employabilité des personnes en
situation de handicap. Malgré ces dispositifs, le taux de chômage de cette catégorie de
travailleurs a doublé en sept ans. Cette constatation peut être en lien avec un manque
d’information et de formation. Il est à souligner la complexité pour un travailleur handicapé
de sortir d’un emploi en milieu protégé vers le milieu ordinaire. En effet, les entreprises
restent réticentes dans leur recrutement, de plus, les fonds qui pourraient être alloués à
l’aménagement de poste de travail est souvent utilisé à d'autres fins.

La création des Maisons départementales des personnes handicapées a pour mission


d’accueillir, d’informer, d’accompagner, de conseiller les personnes handicapées et leur
proches, d'attribuer des droits et de sensibiliser au handicap . Elles sont présentes dans chaque
département. et sont composées d’équipe pluridisciplinaire chargée d’évaluer les besoins de
compensation et l’incapacité permanente afin de proposer un plan personnalisé. C’est ensuite
la commission des droits et de l’autonomie des personnes handicapées qui prendra les
décisions quant aux droits des personnes. La mission des MDPH était donc en premier lieu et
selon la loi 2005, d’accueillir et de représenter un lieu ressource permettant de répondre aux
différentes questions. Cependant, le constat est que la MDPH est débordée par la gestion
administrative devenue trop prégnante. Cette situation peut ainsi mettre en difficulté les
personnes qui s'adressent à elle, dans la mesure où les délais de traitement des dossiers
peuvent aller jusqu’à 1 an d’attente.

La loi du 11 février 2005 reconnaît « le principe d’accessibilité généralisé comme une


condition essentielle pour permettre aux personnes handicapées, …, d’accomplir les actes de
la vie quotidienne et de participer à la vie sociale. La mise en accessibilité de tous les
bâtiments recevant du public et des transports est obligatoire dans un délai maximal de dix ans

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pour permettre à la personne handicapée d'évoluer sans rupture.” Cette obligation de mise en
conformité est relative dans la mesure où une ordonnance du 26 septembre 2014 a accordé un
délai supplémentaire allant de trois à neuf ans pour effectuer ses travaux. L’accessibilité pour
les personnes en situation de handicap représente un enjeu essentiel dans l’inclusion sociale et
leur place en qualité de citoyen. 

II. Avancées et limites en termes d’accessibilité

Le principe d’accessibilité figurant dans la loi du 11 février 2005 avait pour objectif de
recentrer les personnes atteintes de handicap comme citoyen à part entière au sein de la
République afin de favoriser leur inclusion. De ce fait, il était nécessaire de mettre en
conformité l’ensemble des accès aux différents lieux recevant du public mais aussi au sein de
l’habitat, des transports en commun, des voiries, commerces et entreprises, en vue de leur
permettre une plus grande autonomie dans les déplacements, l’accès et l’utilisation des
équipements et des services. Pour ce faire, l’ensemble des bâtiments disposaient d’un délai de
6 ans afin d’effectuer les travaux de conformité. 

Cependant, neuf ans après force et de constater que bon nombre d'établissements n’avait
toujours pas effectué la mise aux normes de leur espaces. Une ordonnance a rallongé le délai
légal de trois à neuf ans selon les situations et l’agenda d’accessibilité programmée. Puis en
2015, un décret et un arrêté ont allégé les obligations concernant l’habitat, afin notamment de
réduire les coûts. Ainsi, les nouveaux logements ne devaient plus être accessibles mais
aménageables pour une accession facilement.

L’accessibilité est pilotée par les différents élus (communal, régional, départemental…) et
représente donc un enjeu politique majeur. En effet, rendre accessible les mairies, les écoles,
les transports, la voirie véhicule une volonté de vivre ensemble dans un cadre adapté aux
besoins de chacun, garantissant ainsi la liberté de circuler. Cette démarche favorise
l’autonomie des personnes en situation de handicap, et facilitant l’autonomie et en
rentabilisant les déplacements cependant pour des raisons d’ordre financier beaucoup de
travaux ne sont pas effectués.

Le ministère de la Culture s’est appuyé sur ce texte de loi pour rendre accessible la culture
pour tous. Une attention a été portée dans l’accessibilité au sens de la mobilité, mais aussi et
surtout, plus largement dans la compréhension, la consommation et la sensibilisation à la
culture, l’art. Concernant l’accès au lieu culturel, des diagnostics et des travaux ont été
entrepris depuis 2007 afin de rendre les lieux accessibles à tous. Afin de favoriser la
compréhension, l’utilisation d'outils de communication innovants et adaptés aux besoins ont
été adoptés comme par exemple l'utilisation de support en tactile, ou encore de pictogrammes
pour les non lisant. Afin de répondre aux besoins des personnes porteurs de handicap et pour
aller au-delà des préjugés, et du manque de connaissance, l’accent a été mis sur la formation
des professionnels.

De cette loi, en a découlé, le développement de l’accès des jeunes en situation de handicap à


l’éducation artistique et culturelle. Ce sont des espaces permettant aux jeunes de pouvoir
favoriser leur développement personnel à travers la création et l’imaginaire.

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Dix ans après la loi du 11 février 2005, il est possible de constater que beaucoup d’articles ne
sont mis en pratique que partiellement ou pourraient être améliorés. Cependant, la volonté de
recentrer la personne en situation de handicap au cœur des actions est une des plus grandes
avancées. L’accès à la scolarisation au sein des milieux ordinaires doit favoriser cette volonté
de ne plus intégrer les milieux protégés que pour des périodes prédéfinies et ce tout au long du
parcours de vie des personnes. Le CESF de l’association veillera donc à poursuivre son
accompagnement dans le respect des besoins de chacun, en s'appuyant sur les compétences
acquises et celle à développées mais aussi en développant un travail de partenariat avec des
professionnels diversifiés (élus locaux, professionnels de santé, de l’éducation, de la vie
quotidienne…). 

5/5

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