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THÈME :
La Dynamique Familiale des
Patients Schizophrènes
Un merci, et non des moindres, aux patients et familles qui ont bien voulu
s’investir dans la recherche et nous ont accordé de leur précieux temps.
Enfin, merci à l’homme aux chats, qui se reconnaitra, pour ses précieux
bons offices.
A nos familles.
DJENANE Nardjesse,
KARED Sara.
SOMMAIRE
Introduction……………………………………………………........1
PARTIE THEORIQUE
CHAPITRE I : Schizophrénie
Préambule..............................................................................................................7
1) Historique de la schizophrénie....................................................................7
2) Définition de la schizophrénie..................................................................10
3) Sémiologie de la schizophrénie................................................................12
4) Diagnostic de la schizophrénie.................................................................14
5) Formes cliniques fréquentes de la schizophrénie.....................................17
6) Epidémiologie de la schizophrénie...........................................................21
7) Développement et évolution de la schizophrénie.....................................23
8) Etiopathogénie de la schizophrénie..........................................................25
9) Traitements de la schizophrénie...............................................................29
10) Institution psychiatrique..........................................................................32
Synthèse.............................................................................................................35
I) Le groupe
1) Définition du groupe................................................................................38
2) Différentes formes de groupes.................................................................40
3) Caractéristiques du groupe.......................................................................42
II) La dynamique du groupe
1) Définition de dynamique des groupes......................................................44
2) Etude des groupes en sciences sociales....................................................45
SOMMAIRE
III) La famille
1) Historique de la famille............................................................................50
2) Définition de la famille............................................................................53
3) Typologie de la famille............................................................................58
4) Fonctions de la famille.............................................................................59
5) Caractéristiques de la famille algérienne.................................................61
6) Maladie mentale dans la famille..............................................................62
7) La famille algérienne face à la maladie mentale.....................................64
IV) La dynamique familiale
1) Historique de la dynamique familiale.....................................................66
2) Définition de la dynamique familiale......................................................69
3) Approches théoriques de la dynamique familiale....................................71
4) Typologie de la dynamique familiale......................................................77
5) Outils évaluant la dynamique familiale...................................................80
6) Dynamique familiale et maladie mentale................................................84
Synthèse..............................................................................................................87
Problématique et Hypothèse............................................................89
PARTIE PRATIQUE
Synthèse............................................................................................................124
SOMMAIRE
Synthèse............................................................................................................186
Conclusion.........................................................................................188
Liste bibliographique......................................................................193
Annexes
Liste des tableaux
Caractéristiques du groupe de
Tableau N°2 106
recherche.
N° de l’annexe Titre
C’est un fait ; la schizophrénie trouve foyer dans toutes les cultures, toutes
les classes sociales, partout dans le monde. L’Algérie ne déroge pas à la règle et
abrite, elle aussi, son lot de personnes touchées. Il n’empêche que, cette maladie
à portée planétaire, reste pourtant, et ce jusqu’à nos jours, très méconnue, voire
mal interprétée et mal vue. Dans la culture populaire on la confond même, à tort,
et souvent, avec les troubles de dédoublements de la personnalité. La maladie
n’étant pas comprise et encore moins admise, la personne schizophrène doit, en
plus de faire face à ses conflits intérieurs, affronter le regard décontenancé de la
société. Chose d’autant plus délicate dans une société telle que la notre, où
foisonnent préjugés, superstitions, analphabétisme et convictions religieuses.
1
Introduction
famille comme un acteur actif, un partenaire de soin et donc une source non
négligeable.
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Introduction
Pour collecter les données convoitées auprès des participants, nous nous
sommes aidées de trois outils, soient : l’entretien, le génogramme, et le Five
Minutes Speech Sample. Ces outils ont été choisis du fait de leur capacité à
recueillir une masse d’informations conséquente permettant d’étudier le
fonctionnement familial en profondeur et de manière exhaustive. De même, ils
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Introduction
4
PARTIE
THEORIQUE
Chapitre I
Schizophrénie
CHAPITRE I Schizophrénie
Préambule
Le champ des schizophrénies est sans doute l’un des plus explorés en
psychiatrie. Et le nombre d’articles concernant cette maladie est considérable.
1) Historique de la Schizophrénie
Le Moyen Âge allait marquer une nouvelle ère. Aux questions soulevées par
les guerres, les grandes épidémies, la pauvreté et toutes les misères qui pouvaient
se présenter, une nouvelle réponse s'était imposée : la religion. Seule compte la foi.
C'est ainsi que le psaume 53 reprend du gallon. « Le fou est celui qui dit en son
cœur que Dieu n'existe pas ». Les maladies mentales sont considérées surtout
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CHAPITRE I Schizophrénie
Sous l’Ancien Régime, quelques places étaient réservées dans les hôpitaux
pour les « fous », mais le caractère pathologique de leur état n’était pas encore
reconnu. Il fallu attendre la Révolution française pour que, sous l’influence de
Philippe Pinel, ces malades fussent confiés aux médecins. (Sillamy, 2003, p.211)
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CHAPITRE I Schizophrénie
Dans les années 1970, la discordance des diagnostics a été mise en lumière par
une première étude WHO comparant les diagnostics posés sur les mêmes entretiens
par les anglais et les américains. On s’est alors efforcé de fixer des critères
communs pour diminuer la variabilité de diagnostic d’un pays à l’autre. (Cooper &
etc, 1972; Mura, Petretto, Bhat, & Carta, 2012)
Les fondements sur lesquels repose l’idée que la schizophrénie est une maladie
clairement définie ont en effet été sévèrement ébranlés. (Murray, 2016) Dans la
lignée des réflexions sur le concept de trouble du spectre autistique, l’idée que la
psychose (typiquement caractérisée par des expériences hallucinatoires
éprouvantes, des idées délirantes, des pensées confuses) puisse exister sur un
continuum et à différents degrés est actuellement en discussion. La schizophrénie
est alors décrite comme étant l’extrémité du spectre ou d’un continuum de
symptômes. (Van Os, Linscott, Myin-Germeys, Delespaul, Krabbendam, 2009)
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CHAPITRE I Schizophrénie
2) Définition de la Schizophrénie
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CHAPITRE I Schizophrénie
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CHAPITRE I Schizophrénie
3) Sémiologie de la Schizophrénie
A. Deux (ou plus) des symptômes suivants ont été présents une partie significative
du temps pendant une période d'un mois (ou moins si traités avec succès). Au
moins l'un d'entre eux doit être (1), (2) ou (3) :
2. des hallucinations ;
Il est à noter également que la schizophrénie diffère entre les deux dernières
éditions du DSM (DSM-VI et DSM-5). Dans le DSM-IV (1994), la schizophrénie
était d’abord présentée comme un mélange de symptômes positifs et négatifs, alors
que, dans le DSM-5 (2015), il n’est jamais question de ces 2 groupes de
symptômes (la notion même de symptômes positifs est totalement ignorée, et
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CHAPITRE I Schizophrénie
Dans le DSM-5, l’accent est en revanche mis sur les troubles cognitifs et les
troubles de l’humeur: il est écrit: « des symptômes affectifs et de véritables
épisodes de trouble de l’humeur sont courants dans la schizophrénie », ce qui
constitue une notion qui non seulement n’était pas présente dans le DSM-IV, mais
aussi contredit les idées classiques sur la schizophrénie (marquée par la froideur et
l’hermétisme – tout le contraire d’un trouble de l’humeur).
4) Diagnostic de la schizophrénie
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CHAPITRE I Schizophrénie
Le trouble psychotique bref ; Il est une affection psychotique qui dure plus
d'un jour et disparaît en moins d'un mois.
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CHAPITRE I Schizophrénie
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CHAPITRE I Schizophrénie
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CHAPITRE I Schizophrénie
Décrit initialement par Berze, reprise par Bleuler, son existence est discutée.
Elle se caractériserait par une installation progressive et insidieuse d’un
affaiblissement intellectuel et affectif, une perte de la volonté, une diminution des
capacités à travailler et à veiller sur ses propres besoins, évoluant vers un
abêtissement. L’existence de cette forme fut discutée par Bleuler lui, voyant dans
sa constitution plus un intérêt théorique que clinique. Aujourd’hui, le débat reste
encore ouvert et certaines cliniques contestent le rattachement de ces tableaux
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CHAPITRE I Schizophrénie
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CHAPITRE I Schizophrénie
6) Epidémiologie de la schizophrénie
Des auteurs rapportent une diminution de cette incidence sur ces dernières
décennies, ce qui pourrait être attribué à différents biais méthodologiques
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CHAPITRE I Schizophrénie
Cela signifie que même si l’on accepte habituellement que le sex-ratio soit de 1
dans « la schizophrénie » (c’est-à-dire autant de femmes que d’hommes
schizophrènes), les âges de début diffèrent considérablement entre les deux sexes.
Enfin, des différences de profils cliniques existeraient entre les hommes et les
femmes schizophrènes ; les hommes auraient une prédominance de symptômes
négatifs.
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CHAPITRE I Schizophrénie
malades, avec des exacerbations et des rémissions des symptômes actifs, alors que
d’autres ont une évolution de la maladie marquée par une détérioration
progressive.
Dans les cas à début tardifs (c.-à-d. débutant après 40 ans), les femmes sont
surreprésentées et elles peuvent être mariées. Souvent, le cours évolutif est marqué
par une prédominance de symptômes psychotiques avec une préservation des
affects et du fonctionnement social. Dans ces cas à début tardifs, les critères
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CHAPITRE I Schizophrénie
8) Etiopathogénie de la schizophrénie
Cette section regroupe les diverses hypothèses concernant les facteurs à l'origine
de la schizophrénie :
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CHAPITRE I Schizophrénie
relative de ses symptômes diffère parfois d’un pays à l’autre. Mais, globalement,
les différences de fréquence sont modestes et peu démontrables : le phénomène lui-
même et ses symptômes fondamentaux semble universels. (Guelfi, 2007)
Les études sur les jumeaux (schéma : famille identique – gènes différents). Il
existe deux types de jumeaux: les jumeaux identiques (monozygotes) et les
jumeaux fraternels ou différents (dizygotes). Éduqués ensemble, les jumeaux
identiques ont en commun 100 % de leurs gènes et 100 % de leur environnement,
alors que des jumeaux fraternels ont en commun 100 % de leur environnement
mais 50 % de leurs gènes (Durant & Barlow, 2002). Le calcul du taux de
concordance, montrent que celui-ci est trois fois plus élevé chez les jumeaux
monozygotes que chez les jumeaux dizygotes. Le risque morbide pour le jumeau
dizygote d’un malade schizophrène est 10 fois plus élevé que dans la population
générale, et 20 à 40 fois plus élevé pour un jumeau monozygote (la gémellité
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CHAPITRE I Schizophrénie
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CHAPITRE I Schizophrénie
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CHAPITRE I Schizophrénie
La théorie du double lien (Bateson, Watzlawick, Weakland) met l’accent sur les
perturbations du système de communication à l’intérieur de la famille, où le sujet
est pris dans une série d’injonctions contradictoires qui le bloquent dans une
situation intenable sans lui laisser d’autre échappatoire que des réponses ambiguës
ou absurdes. La notion de schizophrénie « maladie » s’estompe alors au profit de la
notion de symptômes pathologiques, modes d’expression et de réponses du sujet
pris dans un système de communication paradoxale, dont la mère serait le principal
inducteur. (Guelfi, 2007) D’autres théories sur les facteurs familiaux de la
schizophrénie ont été élaborées, notamment celle de Lidz qui insiste sur
l’importance des rôles joués par les parents du patient schizophrène ou encore celle
de Wynne et Singer décrivant les perturbations de la communication dans la
famille des schizophrènes.
9) Traitements de la schizophrénie
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CHAPITRE I Schizophrénie
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CHAPITRE I Schizophrénie
environnement. Quelques préalables doivent être pris en compte dans tous les cas.
Le traitement durera de nombreuses années, et il est souhaitable d’éviter les
ruptures itératives dans la prise en charge. Aussi faut-il créer une relation
compatible avec une bonne alliance thérapeutique, mais où le partenaire a du fait
de sa maladie et à autrui un fonctionnement particulier. A la fois, il a besoin d’aide
dans une situation dramatique et à la fois il la refuse. Un seul thérapeute par
ailleurs ne peut pas prendre en charge tous les aspects du traitement et ne peut pas
non plus soutenir seul le patient. (Franck, Guelfi (dir.), 2012)
La première loi de santé mentale algérienne remonte à 1976, elle a été modifiée
et remplacée par celle de février 1985. Relative à la protection et la promotion de
la santé mentale et comportant plusieurs chapitres, cette loi précise les droits
généraux des malades mentaux quel que soit le mode d’hospitalisation.
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CHAPITRE I Schizophrénie
Et la sortie se fera soit, dès que le psychiatre juge l’état du patient comme étant
satisfaisant ; soit, sur la demande du malade quand il est majeur et civilement
responsable ; soit, sur la demande de la personne qui a demandé le placement
volontaire.
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CHAPITRE I Schizophrénie
La sortie des malades se fera si le psychiatre juge que le malade peut sortir en
déclarant son état satisfaisant, il adresse une requête au wali afin de lever ou
modifier cette mesure. En cas de refus, le malade ne pourra sortir avant l’échéance
des 6 mois et dans ce cas, le psychiatre et le wali peuvent exercer séparément un
recours auprès de la commission de santé mentale qui tranchera après une double
expertise dans un délai ne dépassant pas les deux mois. Lorsqu’un malade s’enfuit,
le psychiatre doit prévenir les autorités et leur adresser un certificat de situation.
A noter que les enfants, les adolescents et les personnes âgés de plus de 65 ans
dont l’affaiblissement des facultés psychiques constitue l’essentiel de la maladie,
ne peuvent faire l’objet de mise en observation, de placement volontaire ni de
placement administratif.
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CHAPITRE I Schizophrénie
Synthèse
Pour le reste, l’hospitalisation en institution est chose récurrente dans la vie des
personnes atteintes de schizophrénie et les répercussions de celle-ci sur la vie et le
fonctionnement de la famille sont nettement observables. Pour bien s’en rendre
compte il nous faut, en plus de cerner les troubles du spectre schizophrénique,
déchiffrer la notion de famille et sa dynamique.
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CHAPITRE II
Dynamique familiale
CHAPITRE II Dynamique Familiale
Préambule
Ainsi, nous verrons la famille en tant qu’entité « dynamique » ayant une vie
propre. Les rapports de parenté, les liens affectifs interpersonnels, liens
intergénérationnels et le réseau familial élargi ; tout cet ensemble de relations,
dont la teneur peut varier selon chaque famille mais aussi selon chaque culture,
chaque région... etc., est à prendre en considération dans toute action posée à
l'intention d'une personne et de sa famille.
Pour ce faire, nous allons voir en premier lieu ce qu’est un groupe : le définir,
parcourir les différentes formes sous lesquelles il se présente et donner ses
caractéristiques. En second, nous aborderons la dynamique de groupe et son étude
en sciences sociales. La troisième partie sera, elle, consacrée à la famille. Elle
englobera : un historique, la définition, la typologie et les fonctions de la famille
pour ensuite s’attarder sur la famille et sa relation à la maladie mentale dans la
société algérienne. Enfin, la quatrième et dernière partie de ce chapitre traitera
plus ou moins longuement de la dynamique familiale ; nous nous arrêterons sur
ses types notamment, les outils qui permettent de l’évaluer ou encore un petit
développement sur cette même dynamique et la maladie mentale.
I) Le groupe
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CHAPITRE II Dynamique Familiale
1) Définition du groupe
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CHAPITRE II Dynamique Familiale
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CHAPITRE II Dynamique Familiale
Les groupes primaires, qui sont généralement de petite taille, sont définis
comme des groupes de face à face ou dominent les rapports interpersonnels.
L'identification des individus au collectif est forte et les rapports de sympathie, de
coopération et d'aide mutuelle dominent au sein du groupe ; si l'existence de
rapports de compétition au sein du groupe n'est pas pour autant entièrement
exclue, ces derniers restent toujours emprunts de loyauté, la satisfaction de
l'intérêt personnel étant subordonnée à l'intérêt collectif.
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CHAPITRE II Dynamique Familiale
d'abord parce que c'est au sein de ces groupes, que les individus font leur
première expérience de la vie sociale ;
ensuite parce qu'ils ne se modifient pas comme les autres groupes qui dérivent
d'eux ;
enfin, parce qu'ils ont un caractère universel, c'est-à-dire qu'on les rencontre
dans tous les types de sociétés.
Les groupes de défense d'intérêts tels que les partis politiques, les syndicats et
les associations constituent de bons exemples de groupes secondaires. Ils ne
concernent qu'une partie de la vie des individus et ne les engagent pas au niveau
de leur personnalité toute entière.
Dans les groupes secondaires, le contrôle social des membres (ensemble des
pressions exercées par les membres d’un groupe pour amener l’ensemble de ceux
ci à se conformer à ses normes) fait donc l'objet de règles codifiées et est
généralement confié à des organismes spécialisés (commissions de discipline, par
exemple) ; au contraire, dans les groupes primaires le contrôle social est
davantage informel et spontané. Il s'exerce à travers les manifestations
d'approbation ou de réprobation qui scandent les contacts quotidiens entre les
membres du groupe.
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CHAPITRE II Dynamique Familiale
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CHAPITRE II Dynamique Familiale
potentielles entre les membres soit supérieur au nombre des membres. Leur taille
maximum doit être telle que chaque membre puisse avoir une relation avec
chacun des autres membres et telle que des sous-groupes stables et identifiés
comme tels ne se constituent pas.
Ainsi, un groupe comprend au moins trois personnes parce qu’il permet alors
d’établir six relations interindividuelles et trois interactions dans lesquelles un
membre est en relation avec un couple. Mais sa taille maximum n’a pas de
définition théorique, elle reste indéfinie et varie avec les conditions particulières
et les conditions particulières.
Les groupes sont caractérisés par des fonctions qui apparaissent selon les
conditions de leur formation et évolution. Quatre fonctions principales marquent
le degré de maturité et d’évolution d’un groupe.
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CHAPITRE II Dynamique Familiale
I) La dynamique de groupe
Lewin (1959) conçoit le groupe comme une totalité irréductible aux individus
qui le composent, un système d’interdépendance constituant, avec son
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CHAPITRE II Dynamique Familiale
Dans cette approche, le groupe est une totalité qui ne se réduit pas à la somme
de ses parties mais correspond à un rapport d’interdépendance entre elle. Et, dans
l’optique lewinienne, étudier la dynamique de ce système groupal, c’est quelles
forces entrent en jeu, les modalités de leur interaction, les processus alors
déclenchés, étant entendu que c’est en caractérisant ainsi le système
d’interdépendance qui définit à un moment donné un groupe qu’on peut expliquer
aussi bien son fonctionnement interne que son action sur la réalité extérieure.
(Grand dictionnaire de la psychologie, 2011, p. 301)
45
CHAPITRE II Dynamique Familiale
Parmi les diverses expériences menées par Lewin, celle en collaboration avec
Lippitt et White sur l’équilibre satisfaction-frustration au sein de groupes
d’enfants soumis à différents types de leadership, a connu une grande célébrité,
non seulement parce qu’à l’orée de la guerre, elle validait l’idéal démocratique,
mais aussi parce qu’elle a permi de fonder un style de commandement qui sera
repris par la suite dans l’enseignement des relations humaines.
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CHAPITRE II Dynamique Familiale
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CHAPITRE II Dynamique Familiale
Sigmund Freud et les liens affectifs dans les groupes ; L’ouvrage de Freud
psychologie des masses et analyse du moi (1921) commence par un hommage aux
thèses de le bon dont l’auteur s’inspirera largement. Freud propose de répondre
aux trois questions fondamentales :
Pour expliquer ce qui rattache les individus les uns aux autres, ainsi que les
modifications qu’ils subissent, Freud propose la notion de libido. La libido a pour
noyau l’amour sexuel et recouvre de nombreuses variétés d’amour comme
l’amour pour soi, ses enfants, sa famille, etc.
Les liens entre les individus d’un groupe s’établissent sous l’impulsion de
l’amour qui en constitue la principale force de cohésion, Freud prend pour
exemple deux foules institutionnelles, l’Eglise et l’Armée. Dans ces deux types de
groupes sociaux, chaque individu est rattaché par des liens libidinaux au chef
(Christ, chef suprême) et a tous les individus membres de groupe. Mais ces liens
sont toujours menacés, notamment par la découverte de leur absence de
réciprocité ou par le soupçon que le meneur favorise certains membres au
détriment d’autres. Ainsi un groupe nourrit-il l’illusion que chacun aime le
meneur, que ce dernier les aime en retour égalitairement et que tous sont liés les
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CHAPITRE II Dynamique Familiale
uns aux autres dans le partage de cet amour qui constitue le véritable ciment du
groupe. (Blanchet & Trognon, 2005)
Moreno avait observé que les groupes d’enfants donnaient lieu a des
rassemblements parfois homogènes, parfois hétérogènes(constitués de sous-
groupes) et que certains enfants restaient isolés, en dehors des groupes formés, Il
formule alors l’hypothèse que la structure profonde d’un groupe est constituée par
des réseaux d’attraction et de répulsion entre les individus composant le groupe.
Le teste sociométrique visera à mettre en évidence ces réseaux. (Blanchet &
Trognon, 2005)
Au début des années 1960, Anzieu affirme que les processus de groupe
mobilisent la totalité de l’appareil psychique des participants, y compris le ça et le
surmoi. Le groupe est, selon lui, un contenant, une enveloppe qui fait tenir
ensemble des individus. Un Moi-peau groupal qui contient, délimite, protège et,
parce qu’il reste perméable, permet les échanges avec l’extérieur. Lorsque des
règles de fonctionnement sont posées et clarifiées au départ, le groupe ne devient
pas fusionnel. Anzieu s’intéresse à la spécificité de l’approche groupale dans le
domaine de la psychothérapie psychanalytique et articule théorie psychanalytique
et pratique avec des groupes d’enfants et d’adultes. (Héraudet, 2008)
En 1961, Rogers reconnaît la possible relation d’aide par le groupe. Il dit par
exemple : « pourvu que le climat du groupe soit raisonnablement favorable,
49
CHAPITRE II Dynamique Familiale
Dans « Crise, rupture et dépassement » (1979), Kaës décrit la vie comme une
succession de crises où la continuité du dedans dépend pour beaucoup de la
suppléance psychosociale qui établit une fonction de conteneur. Une aide, un
soutien au niveau de l’un des trois étayages fondamentaux que sont le corps, le
code et le groupe sont indispensables. (Kaës et al., 1979, p. 291) « Le groupe est
le support sur lequel prennent appui, s’accrochent, dépendent les membres du
groupe : il est le représentant externe d’une fonction étayante primaire
défaillante ». (Kaës, 1993, p. 352)
II) La famille
1) Historique de la famille
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CHAPITRE II Dynamique Familiale
Dans la plupart des pays arabes, l’institution familiale est actuellement une
entité sociale sensiblement différente de ce qu’elle était il y a une génération. Les
divers changements qui ont traversé ces sociétés, et qui se poursuivent, l’ont
profondément touchée. Amorcées par les changements introduits par la
colonisation, ces transformations se sont poursuivies sous l’effet de
l’urbanisation, la communication audiovisuelle, la scolarisation et la mixité à
l’école, l’entrée des femmes dans le marché du travail, en particulier pour
contribuer aux dépenses familiales, l’émigration des hommes et la planification
familiale (Ben Salem, 1989). Les répercussions sur la cellule familiale ne se sont
pas fait attendre. Le système économique traditionnel de la famille, basé sur
l’indivision et l’autosubsistance se désagrège et la fonction de production quitte le
cadre familial, surtout en milieu urbain. Sur le plan culturel, le modèle familial
hiérarchisé et patriarcal, élargi et autoritaire, n’est plus la référence unique.
Détrônée dans bien des cas par l’école et par les nouvelles organisations
politiques et syndicales, la famille cesse en fait d’être le seul dépositaire des
valeurs. Avec l’abandon progressif des idéaux traditionnels en matière de
procréation, ces transformations se sont accompagnées, sur le plan de l’habitat,
d’un passage de la grande maison à la petite ou à l’appartement. (Kerrou &
Kharoufi, 1994)
51
CHAPITRE II Dynamique Familiale
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CHAPITRE II Dynamique Familiale
L’Algérie aujourd’hui vit dans une réalité sociale composite, une sorte
d’amalgame d’éléments modernes et d’éléments traditionnels ayant survécu.
Même si la tradition perd de sa pertinence, elle n’est jamais réduite à rien, les
individus ne s’en détachent pas totalement. Les anciennes et les nouvelles valeurs
se mêlent inextricablement, pour former un mode de vie où elles se côtoient et se
vivent en même temps. Camilleri commente la même situation en Tunisie en
disant : « le nouveau n’a pas pénétré suffisamment pour triompher, mais assez
pour tout transformer en problèmes ». (Camilleri, 1993, p. 64)
2) Définitions de la famille
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CHAPITRE II Dynamique Familiale
Toute fois, tous les auteurs qui se sont penchés sur la question reconnaissent
la difficulté qui existe pour définir l’« unité naturelle » qu’est la famille. C’est
essentiellement la naissance ou l’adoption d’un enfant qui fonde cette dernière, à
la fois de faits et socialement. Il en est en quelque sorte le pivot : c’est autour de
lui, et grâce à lui, que les adultes qui lui ont donné la vie ou l’ont adopté
deviennent des parents. Cela conduit à plusieurs définitions de la famille, selon le
mode d’abord choisi.
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CHAPITRE II Dynamique Familiale
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CHAPITRE II Dynamique Familiale
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CHAPITRE II Dynamique Familiale
La famille est bien sûr un objet privilégié pour la sociologie : c’est dans la
famille, dès la prime enfance, que se transmettent des valeurs et des normes, des
compétences linguistiques et cognitives, des attitudes et des techniques du corps,
un ensemble de dispositions qui vont caractériser les individus tout au long de
leur vie. En ce sens, la famille est toujours au cœur du processus de reproduction
sociale. » (Lebaron, 2009, p. 61)
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CHAPITRE II Dynamique Familiale
3) Typologie de la famille
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CHAPITRE II Dynamique Familiale
4) Fonctions de la famille
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CHAPITRE II Dynamique Familiale
La famille assure aussi une fonction éducative, au sens fort du terme, basée
sur des relations complexes d’autorité, de loyauté, de confiance. En son sein se
constitue le premier apprentissage du manque, de la frustration, et donc de la
socialisation. C’est elle qui permet à l’enfant d’être précocement confronté à la
loi, et à la symbolique qui lui ait liée. (Albernhe & Albernhe, 2014, p. 151)
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CHAPITRE II Dynamique Familiale
Il est admis que la famille soit une unité de la société ou elle-même une
société. Son enjeu est réciproque avec cette dernière. La société algérienne a
connu des bouleversements qui ont agi de façon importante sur la famille :
l’éclatement économique, la décennie rouge, le phénomène d’acculturation sous
l’influence des médias et les nouveaux programmes scolaires, ces éléments et
d’autres entraînent des modifications qui touchent profondément l’unité de base
de la société algérienne.
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CHAPITRE II Dynamique Familiale
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CHAPITRE II Dynamique Familiale
- C’est l’ancêtre du malade qui l’afflige car il n’a pas été honoré
convenablement.
- Ce sont les Djinns du terroir qui le tourmentent car il a transgressé un interdit.
- Ce sont ses pairs, jaloux de son intelligence, de sa réussite, de sa richesse, de
sa beauté qui le persécutent, soit à travers la mauvais œil - qui consiste à
détruire l’objet convoité faute de le posséder.
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CHAPITRE II Dynamique Familiale
son tour ferme ses yeux, et se concentre sur la voix. Dans le cas où le patient
serait touché par le Djinn, le Sihr ou le mauvais œil, il répondra à cette lecture en
parlant ou agitant le corps ; s’il ne répond pas de cette façon, cela voudra dire
qu’il est « sain ».
Le philosophe Ibn Khaldoun cite que : « Le pouvoir magique peut être de trois
degrés. La première exerce une influence purement psychique, sans aucun
instrument ou recours extérieur : c’est ce que les philosophes appellent la magie
(Siḥr). Le second agit à l’aide du « tempérament » (Mizaj) des sphères célestes et
des éléments, ou bien par les propriétés des nombres : c’est là l’art des talismans,
qui est inférieur au degré précédent. Le troisième exerce une influence dure les
facultés de l’imagination. C’est là-dessus que s’appuie cela qui en joue. Agissant
sur l’imagination (des spectateurs), jusqu’à un certain point, il l’alimente en
fantasmes, images et formes dont il se sert. Puis, il les fait descendre au niveau de
la perception sensorielle des assistants, grâce à ses pouvoirs psychiques ». (Ibn
Khaldoun, 1968, p. 1079-1080)
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CHAPITRE II Dynamique Familiale
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CHAPITRE II Dynamique Familiale
Des travaux mettent en lumière les conceptions et les rapports de pouvoir qui
marquent les discours et les pratiques des nouveaux experts de la famille
(travailleuses sociales, psychologues, médecins, etc.), qui tentent, au fil du XXe
siècle, d’encadrer l’enfance et l’adolescence comme stades de développement
psycho-biologique particuliers. (Adams, 1997; Comacchio, 2006; Gleason, 1999;
Stiles, 2003; Wall, 2009) Au croisement de l’histoire des familles ces recherches
ont souligné l’impact de ces discours sur les relations familiales, les rapports
intergénérationnels et la définition des rôles des parents auprès de leurs enfants.
Par ailleurs, la figure de l’adulte, ses rôles, ses fonctions et les représentations qui
y sont associées dans l’espace familial, restent encore inexplorés. Une approche
basée sur l’étude des parcours de vie permettrait d’appréhender la maternité, la
paternité, les relations parents-enfants et les structures familiales sur le long terme
de façon dynamique. (Beaumier, 2017) Au-delà de l’étude des dyades parent-
enfant, paradigme jusqu’alors majoritaire dans les recherches en psychologie du
développement, ces travaux considèrent dorénavant l’ensemble des relations
familiales (conjugale, coparentale, parent-enfant, fraternelle, etc.), leur
interdépendance, leurs effets sur le développement de l’enfant, mais aussi
comment chacun de ces partenaires (père, mère, enfant) contribue à la dynamique
familiale. (Anderson & Sabatelli, 1999; Cox et Paley, 1997, 2003; McHale &
Grolnick, 2002) Le contexte actuel de mutation de la famille, marqué notamment
par l’évolution des rapports homme-femme, de la place de l’enfant au sein de la
famille et plus largement au sein de la société, et le développement de
configurations familiales diversifiées (monoparentale, recomposée,
homoparentale, etc.), amène nécessairement une complexité des processus
psychologiques et sociaux à l’œuvre au sein de ces interactions plurielles.
(Bergonnier-Dupuy & Robin, 2007; Rouyer, 2009)
67
CHAPITRE II Dynamique Familiale
étudia le rôle des parents afin d'y découvrir une cause possible de cette grave
maladie. (Boucher & Lalonde, 1982) Historiquement, la famille est d’abord
considérée comme la « cause » des problèmes de santé mentale avant de devenir,
dans un contexte de désinstitutionalisation de la psychiatrie, une « solution » pour
maintenir la personne dans son milieu. Un changement majeur de paradigme
s’effectue dans ce passage d’un modèle pathologique de la famille à un modèle de
compétence. Les connaissances sur les familles accueillant un proche aux prises
avec des troubles psychiatriques graves s’avèrent toutefois très limitées et la
dynamique entre les familles et les professionnels reste caractérisée par une
certaine animosité. Bien que considérée comme un élément essentiel dans la
politique de maintien du patient dans la communauté, la famille n’est encore que
partiellement reconnue comme source d’influence potentiellement positive dans
la trajectoire des soins. (Carpentier, 2001) Le développement actuel de la
psychiatrie donne de plus en plus souvent aux malades atteints de schizophrénie
la possibilité de récupérer leur niveau de fonctionnement social précédant la
maladie. Cette évolution pousse à mettre l’accent sur le perfectionnement de
méthodes d’aides extra-hospitalières pour les personnes atteintes d’une maladie
mentale. (Zygankov, 2005) La présence ou l’absence de rechutes de la maladie
psychique dépend en grande partie des particularités de la réaction du milieu
familial, du caractère de l’interaction systémique et de la communication
émotionnelle au sein de la famille du malade, et de l’organisation du soutien
social. (Leff, 1989; Merlinger, 2000; Tennakoon, 2000; Pharoah et al., 2004)
De fait, la famille aujourd’hui est davantage pensée comme une ressource que
comme une entrave à la guérison. La question n’est pas de décider quelle est la
vision la plus juste mais de montrer que le passage d’une idéologie à une autre
doit absolument s’accompagner d’une réflexion clinique et théorique sur l’impact
de cette idéologie sur le quotidien et le bien-être des familles et des malades.
(Davtian & Scelles, 2013)
68
CHAPITRE II Dynamique Familiale
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CHAPITRE II Dynamique Familiale
70
CHAPITRE II Dynamique Familiale
71
CHAPITRE II Dynamique Familiale
par les autres et de ne jamais se sentir seul. Cet appareil psychique familial est fait
de la partie la plus instinctive des individus et il va tellement de soi qu’on ne le
voit pas, sauf quand la famille est en crise. Il ne se réfléchit pas, c’est l’ensemble
des liens, des relations qui vont de soi et il traverse les générations.
72
CHAPITRE II Dynamique Familiale
entendons des éléments p liés par des relations R, en sorte que le comportement
d’un élément p dans R diffère de son comportement dans une autre relation R′.
S’il se comporte de la même façon dans R et dans R′, il n’y a pas interaction et les
éléments se conduisent indépendamment par rapport aux relations R et R′ » (von
Bertalanffy, 1968, p. 53)
C’est ainsi que Bateson et ses collaborateurs, après avoir utilisé une
approche systémique dans des recherches anthropologiques, l’ont appliqué à
l’étude du groupe familial et, tout d’abord, dans les familles dont un membre était
schizophrène. Leurs travaux les ont conduits en 1956 à définir un mode de
communication particulier au sein de ces familles, qu’ils ont baptisé double bind
(double lien ou double contrainte) : « Les éléments indispensables pour constituer
une situation de double contrainte, telle que nous la concevons, sont les suivants :
1 / Deux personnes ou plus. Pour les besoins de l’exposé, nous désignerons une
comme la “victime” [...] 2 / Une expérience répétée. Nous affirmons que la
double contrainte est un thème récurrent dans l’expérience de la “victime”.
Notre hypothèse prend en considération, non pas une expérience traumatique
unique, mais une expérience dont la répétitivité fait que la double contrainte
revient avec régularité dans la vie de la “victime”. 3 / Une injonction négative
primaire. Celle-ci peut prendre deux formes : a) “Ne fais pas ceci ou je te
punirai” ; b) “Si tu ne fais pas ceci, je te punirai” [...] 4 / Une injonction
73
CHAPITRE II Dynamique Familiale
74
CHAPITRE II Dynamique Familiale
respect des frontières entre les sexes, insuffisance de l’apprentissage d’un langage
fiable, transmission d’un mode de pensée irrationnelle. D’autres études ont porté
sur les familles dont un des membres présentait : un trouble des conduites
alimentaires (Bruch, 1974; Selvini-Palazzoli, 1973, 1978, 1988) ; un trouble
névrotique (Richter, 1970, 1972) ; un syndrome maniaco-dépressif. (Finley &
Wilson, 1968)
75
CHAPITRE II Dynamique Familiale
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CHAPITRE II Dynamique Familiale
Famille chaotique ; se dit d’une famille dont la structure est marquée par
l’appauvrissement des rôles et des fonctions qui sont mal définis ou changeants.
Le sentiment d’appartenance au groupe familial est très faible ainsi que la
conscience collective du temps. La délinquance et les troubles psychotiques et les
troubles psychotiques sont ici de règle. (Benoit, Malarewicz, Beaujean, Colas, &
Kannas, 1988)
77
CHAPITRE II Dynamique Familiale
Famille rigide ; on peut dire d’une famille qu’elle est rigide lorsqu’elle a
perdu tout ou partie de ses capacités d’adaptation face au changement, qu’il soit
d’origine interne ou externe. Ou encore, selon Andolfi et son équipe : « Un
système familial devient rigide quand une accumulation de fonctions ou
l’incapacité de modifier ces fonctions dans le temps présent sur les besoins de
différenciation de ses membres ». (Andolfi, Menghi, Nicolo, Saccu, 1979, p. 2)
(Benoit, Malarewicz, Beaujean, Colas, & Kannas, 1988)
78
CHAPITRE II Dynamique Familiale
élargi, d’une infinie complexité. Si l’on peut décrire un modèle assez général de
famille saine, il existe une infinie variété de familles dysfonctionnelles, marquées
par les difficultés de communication et le malheur de chacun. Les familles
peuvent montrer leur excessive fusion lorsqu’elles sont enchevêtrées, ou leur
laxité dans une indifférence désengagée réciproque. (Benoit, Malarewicz,
Beaujean, Colas, & Kannas, 1988)
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CHAPITRE II Dynamique Familiale
Tensions
Importantes Faibles (désintérêt d’autrui)
interpersonnelles
Ajoutons aux données citées dans le tableau que Minuchin affirme que le rôle
du thérapeute familial consiste à modifier les patterns transactionnels afin de
clarifier les frontières diffuses (si la famille est de type nucléaire), ou plutôt
d’ouvrir les frontières très rigides entre les membres de la famille si cette dernière
est de type centrifuge, comme s’« il reconstruisait les frontières entre ses
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CHAPITRE II Dynamique Familiale
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CHAPITRE II Dynamique Familiale
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CHAPITRE II Dynamique Familiale
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CHAPITRE II Dynamique Familiale
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CHAPITRE II Dynamique Familiale
Parmi les courants existants, certains insistent sur l’implication des membres
de la famille amenés à consulter, sur leurs motivations, leurs aptitudes à se
remettre en question et à changer leurs modes de fonctionnement, ceux-là,
rendent certes des services aux familles présentant des ressources suffisantes pour
une telle épreuve. Mais bien souvent, dans les situations schizophréniques, une
telle implication directement orientée sur les représentations que la
famille a d’elle-même se révèle inadéquate, dans la mesure où elle risque
d’amplifier les sentiments de culpabilité et de honte, ou de déplacer les
symptômes et la souffrance sur les membres de la famille présumés sains.
Certains auteurs comme Bowen (1978) ont bien souligné l’existence de triangles
reliant la famille à des instances sociales, correspondant à des projections de
conflits à l’extérieur de la famille, lorsque celle-ci devient incapable de les gérer
en son sein. De même, en décrivant les phénomènes de « metabindings » qui
affectent les relations des membres des équipes thérapeutiques, Wynne (1978) a
repéré l’intérêt d’une prise en compte des implications institutionnelles dans le
85
CHAPITRE II Dynamique Familiale
86
CHAPITRE II Dynamique Familiale
Synthèse
87
Problématique et
Hypothèse
Problématique et Hypothèse
90
Problématique et Hypothèse
91
Problématique et Hypothèse
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Problématique et Hypothèse
L’impact majeur de la maladie apparaît pour lors clairement sur les proches et
leur vie commune avec le schizophrène mais leur implication (celle des proches)
aussi. Et dans ce sens, bon nombre de recherches avec pour sujets les malades
schizophrènes et leurs familles ont été menées. Parmi elles, les recherches qui
incriminent la famille, cas de figure où les parents en général, et les mères plus
particulièrement endossent le rôle de coupable pour l’apparition de la maladie chez
leur enfant. Nous avons les travaux de Pankow qui, en 1977, constate que les
parents ont besoin de leur enfant pour se sentir rassurés, pour combler leur manque
d’identité. L’enfant est ainsi soumis au désir de la mère, la relation se caractérise
par une double contrainte, c’est-à-dire que la mère répond à l’inverse de ce que
l’enfant pourrait attendre. Bien avant encore, 1956, Bateson évoque un mode de
communication intrafamilial fondé sur le paradoxe ou les « doubles contraintes ».
Selon lui, les mères de futurs patients schizophrènes auraient tendance à donner
93
Problématique et Hypothèse
Pour se faire, nous avons opté pour l'approche systémique ; approche qui se
distingue des autres par sa façon d’appréhender les relations humaines. Dans cette
démarche, l’individu n'est pas le seul élément à être analysé, de telle manière que
le systématicien accorde une importance toute aussi grande aux différents systèmes
dont il fait partie (familial, professionnel, social,…). En effet, l’individu est
influencé à la fois par ses intentions, celles des autres, et celles des possibilités du
milieu et/ou du système, autant d’éléments à ne pas écarter. La famille, dotée d’une
organisation, une structure, des rôles, des règles, des buts et des finalités est perçue
94
Problématique et Hypothèse
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Problématique et Hypothèse
Question :
Hypothèses :
96
Problématique et Hypothèse
- Relation ; désigne la nature du lien qui unit deux personnes (un couple, des
ami(e)s, un père et sa fille, un frère et sa sœur... etc.). Cette relation peut être
« bonne » ou « mauvaise ».
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Problématique et Hypothèse
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PARTIE
PRATIQUE
CHAPITRE III
Méthodologie de la Recherche
CHAPITRE III Méthodologie de la Recherche
Préambule
101
CHAPITRE III Méthodologie de la Recherche
103
CHAPITRE III Méthodologie de la Recherche
Dans ce cadre, nous avons choisi l’étude de cas, car celle-ci va nous permettre
d’observer, de comprendre, de décrire et d’analyser l’état actuel de nos sujets, en
tenant compte de leur histoire de vie et de leur situation. Cette méthode ne s’arrête
pas à l’analyse de sujets individuels, on peut aussi considérer un système familial
comme un cas, chose qui va permettre d’estimer ou bien d’appréhender la nature
du fonctionnement familial caractérisant des cellules familiales de sujets
schizophrènes. De ce fait, les données concernant un sujet que l’étude de cas
permet de recueillir doivent être riches, diversifiées, subjectives et étendues. Il en
résulte la production d’une représentation ordonnée, explicative, qui rende compte
des éléments déterminants de l’histoire et de la subjectivité de la personne
concernée. Cette représentation doit satisfaire aux principes de totalité et de
singularité. (Fernandez & Pedinielli, 2015)
Aussi, « selon Lagache, l’étude de cas est comme une observation inspirée
par le principe de l’unité de l’organisme et orientée vers la totalité des réactions
d’un être humain concret et complet aux prises avec une situation ». (Pedinielli &
Fernandez, 2005, pp.59-61)
Par ailleurs, on peut parler d’étude de cas lorsque le cas s’agit d’un groupe.
« C’est une approche méthodologique qui consiste à étudier une personne, une
communauté, une organisation ou une société individuelle. L’étude de cas se
penche sur une unité particulière quelconque. Elle fait plus souvent appel à des
méthodes qualitatives, dont l’entrevue (entretien) semi-dirigé. Cependant, il n’est
pas rare que les informations soient recueillies par différents types d’instruments,
y compris par des outils quantitatifs ». (Gauthier, 2009, pp.199-200)
104
CHAPITRE III Méthodologie de la Recherche
2) Lieu de recherche
105
CHAPITRE III Méthodologie de la Recherche
3) Groupe de recherche
106
CHAPITRE III Méthodologie de la Recherche
A partir de ce tableau, nous constatons que : les 6 patients du groupe ont tous
entre 22 et 37 ans. Le niveau d’instruction et la profession sont variables : de
l’école moyenne à l’université et de sans-emploi à coiffeur/commerçant ou
pâtissier. Ils sont néanmoins tous célibataires et vivent tous en famille. Nous avons
eu droit à la participation de certains membres de la famille de chacun. Pour le cas
de la famille de Lucrèce Borgia, ce fut ses parents. Pareillement pour le cas la
famille de Charles Darwin. Pour Sweeney Todd, ce fut sa mère et ses deux sœurs.
Pour Bill Gates, sa mère et sa jeune sœur. Pour Branwel Brontë, ses parents et une
de ses sœurs. Et seulement le frère pour Alfred Douglas.
Critères de sélection
Les critères sur lesquels on s’est reposé pour la sélection des cas constituant
notre groupe de recherche sont les suivants :
107
CHAPITRE III Méthodologie de la Recherche
4) Outils de recherche
Dans ce qui suit nous allons présenter les outils que nous avons appliqués
dans notre travail recherche.
108
CHAPITRE III Méthodologie de la Recherche
109
CHAPITRE III Méthodologie de la Recherche
110
CHAPITRE III Méthodologie de la Recherche
non négligeable de l’activité du clinicien. (Douville & Jacobi, 2009) Dans les
institutions psychiatriques, les jeunes ou les adultes en placement, ou en soins
imposés, ou lors d’un internement, sont pris en charge par des équipes soignantes
pluridisciplinaires. « Leur besoins relationnels s’expriment souvent « en coulisse »,
alors que les entretiens individuels qui leur sont proposés paraissent pauvres et
peu utiles ». (Benoit, Malarewicz, Beaujean, Colas, & Kannas, 1988, p.151) En
effet, comme ce fut le cas où on était affecté, dans le service des urgences
psychiatriques on croisait beaucoup plus des patients en pleine décompensation qui
partagent un contenu délirant ou ne verbalise pas du tout. Les spécialistes se
concentrent alors essentiellement sur l’évaluation de l’urgence et de la conduite à
tenir.
L’entretien avec personne atteinte de schizophrénie est une chose très délicate.
Fédida (2007) nous dit : « Je ne peux pas me faire la moindre idée de ce que le
psychotique a vécu, mais je peux tenter d’imaginer le plus effrayant comme une
preuve. » Il nous semble qu’envisager le plus effrayant est une des mesures à
prendre en présence du discours d’un sujet psychotique. Il convient d’ailleurs de
distinguer : imaginer l’ampleur d’une souffrance, l’horreur d’une situation et en
assurer le partage empathique avec un patient. (Douville & Jacobi, 2009)
L’entretien avec les familles ; il est rare que nous ayons à travailler avec la
famille du patient lorsque celui-ci est un adulte. La plupart du temps, il est même
souhaitable de ne pas connaitre les personnes avec lesquelles il vit. Les
informations qu’elles peuvent nous apporter risquent de conduire à une sorte de
confrontation entre leur « vérité » et celle du patient. Il en va différemment en
thérapie familiale ou c’est la famille elle-même qui est « le patient », ou dans les
médiations familiales ou c’est en quelque sorte le conflit qui est « le patient ».
(Poussin, 2005) Il ne faut cependant pas totalement exclure l’entretien avec la
famille, car s’entretenir avec elle peut se révéler à la fois supplémentaire et
indispensable à la prise en charge hospitalière. En effet, les entretiens de famille
111
CHAPITRE III Méthodologie de la Recherche
112
CHAPITRE III Méthodologie de la Recherche
4.2) Le génogramme
Cet instrument de travail est très utile au tout début d’une thérapie familiale :
les alliances, les frontières générationnelles, les phases du cycle de vie ainsi que
différents corrélats peuvent être mis en évidence sous la forme d’une carte
familiale. Ces données, qu’il est possible de recueillir à l’aide d’un questionnaire
113
CHAPITRE III Méthodologie de la Recherche
Le génogramme est d’autant plus utile dans la recherche étant donné qu’il
nous permet de construire un rapport avec la famille sur la base de solutions aux
problèmes spécifiques de celle-ci. C’est un fait très important. Les questions du
génogramme vont au cœur des expériences familiales : naissances, maladies, mort
et relations chargées émotionnellement. Sa structure fournit un canevas précis pour
discuter de toute la gamme des expériences familiales, dépister et soumettre à
l’esprit des situations difficiles comme une maladie, des pertes et des conflits.
(McGoldrick & Gerson, 1985)
Dans le cas présent, celui-ci a été utilisé afin d'illustrer les informations
recueillies lors des entretiens, d’avoir une vue globale sur les familles et de
remarquer/déceler les particularités de chaque système de manière imagée et
concise.
Consigne
Une fois que le sujet a commencé son discours, l’examinateur ne pourra faire
qu’un seul commentaire : « S’il vous plaît, racontez-moi n’importe quoi
concernant (nom du proche) pendant quelques minutes encore. » (Magana, 1993)
Enregistrement
115
CHAPITRE III Méthodologie de la Recherche
L’énoncé initial se base sur la première pensée ou idée exprimée par le sujet
concernant son proche. Cette déclaration est cotée indépendamment du reste du
discours comme étant positive, négative ou neutre. Exemple : « Omar est
insupportable ».
La relation est basée sur les déclarations qui décrivent la relation entre le
sujet et son proche. Ces déclarations sont prises en considération lors de
l’évaluation globale de « la qualité de la relation ». L’évaluation de la relation sera
faite sur la totalité de l’enregistrement et est positive, négative ou neutre. Exemple :
« On ne s’entend pas ».
Les critiques sont des commentaires indiquant que le sujet n’aime pas, qu’il a
du ressentiment, désapprouve ou se sent contrarié, voir fâché par le comportement
ou les caractéristiques de son proche. Les critiques sont évaluées à partir du
contenu et/ou de l’intonation. Leur fréquence est cotée pendant toute la durée de
l’enregistrement. La présence d’une seule critique engendre un profil de haut
niveau d’E.E. Exemple : « Cela me rend furieuse quand il agit ainsi ».
116
CHAPITRE III Méthodologie de la Recherche
Sur base de critères précis, la famille peut être rangée dans deux, voir trois
catégories : Un niveau d’Emotion Exprimée haut, bas ou limite. Un haut niveau
d’E.E. est attribué quand on relève au moins une critique, une surimplication ou
une combinaison de ces paramètres. On classe le protocole à un bas niveau d’E.E.
lorsqu’aucun des éléments décisifs pour un haut niveau d’E.E. n’est présent. Un
discours-échantillon est coté comme étant « limite » lorsqu’il contient certains
éléments de haute E.E. sans pour autant en remplir les critères. En final, cette
catégorie est cependant considérée comme un bas niveau.
Notant, en fin, que la méthode d’analyse des résultats obtenus par l’utilisation
de tous ces outils est celle de l’interprétation avec l’adoption d’une approche
théorique dite systémique et l’emploi de son jargon spécifique de même que celui
de la psychiatrie (adéquat notre thème et lieu de la recherche).
5) Déroulement de la recherche
5.1) Pré-enquête
117
CHAPITRE III Méthodologie de la Recherche
118
CHAPITRE III Méthodologie de la Recherche
Nous avons alors consacré du temps à nous familiariser avec les lieux,
notamment avec les deux services « Hommes » et « Femmes », les urgences
psychiatriques, le personnel soignant et les patients qui y viennent. Nous avons
rencontré des patients de différentes tranches d’âges et souffrant de différents
troubles psychiatriques (Schizophrénies, bipolarité, dépression…). Nous avons
aussi assisté aux visites médicales qui se déroulent chaque dimanche et mercredi et
qui consistent à s’entretenir avec chacun des patients hospitalisés dans le service, à
observer leurs évolutions et leurs réponses aux traitements afin de procéder
éventuellement au prolongement des séjours ou à des sorties. Les admissions,
quant à elles, se faisaient au niveau des urgences face à des cas en pleine
décompensation, présentant un danger envers eux-mêmes ou leurs entourages.
Nous avons également eu la possibilité d’assister aux visites des familles à leurs
malades internés ; chose qui nous a permis d’être en contact direct avec les
concernés et de leur parler.
Les troubles du schizophrène sont souvent dirigés vers sa famille, les délires
peuvent alors viser un membre en particulier ou tout le système familial et
provoquer ainsi la pagaille au sein du groupe. La famille peut même, du point de
vue de certains cas, représenter le persécuteur, un facteur aggravant ou déclencheur
de la maladie.
119
CHAPITRE III Méthodologie de la Recherche
Au fil des lectures et des observations sur le terrain, notre curiosité s’est vue
agrandie ; nous voulions en savoir plus sur le fonctionnement de ces familles et
leur dynamique. Cela nous a amené aussi à nous poser des questions et à formuler
des hypothèses. Pour tenter de les vérifier nous avons commencé à chercher des
outils qui pourraient nous permettre d’y répondre. Les psychiatres du service ainsi
que notre encadreur ont chacun contribué à l’élaboration de notre guide d’entretien.
Nous nous sommes inspirées d’une échelle Quality of Life Scale [QLS] qui évalue
le fonctionnement et la qualité de vie des patients atteints de schizophrénie pour
quelques unes des questions (notamment les questions n° : 20, 21, 22, et 23). Plus
tard encore, deux psychiatres systémiciennes nous ont conseillé par leurs
expérience et pratique avec les familles de beaucoup plus proposer des exemples
concrets d’événements qu’on passe généralement en famille pour en discuter avec
eux et ainsi en ressortir le type d’interactions et relations caractéristiques de chaque
milieu.
En tout, cette pré-enquête a duré un mois et nous a servi à prendre nos repères
sur les lieux du stage, à nous familiariser et nous entraîner à l’application les outils
retenus ainsi qu’à avoir un aperçu des patients et familles représentants en parti les
futurs cas de la recherche.
120
CHAPITRE III Méthodologie de la Recherche
En effet, dans le cadre d’une recherche telle que la notre qui se veut être
scientifique, nous avons été amenées à adopter une attitude de neutralité, et donc à
ne pas suggérer de réponses, ni influencer nos sujets. Nous n’intervenions que pour
relancer, et encourager l’autre à développer. Il nous a fallu aussi adopter une
partialité multidirectionnelle: devoir être là pour les uns et pour les autres. Et ainsi
ne pas prendre de parti, mais être présents pour tous les membres: faire accepter sa
personne ; être prêt à s’allier avec l’un ou l’autre, sans prendre parti. Tout en
faisant attention au fait que la partialité multidirectionnelle ne signifie pas prendre
parti de tout. C’est plutôt un engagement pour chaque membre du système, ce qui
fait que chaque membre comprenne et se sent compris. (Darwick, 2012) Il est
donc important aussi pour nous chercheurs de nous allier avec la famille (patient
compris) et instaurer un climat de confiance afin de s’assurer leur coopération.
Selon Debraye, « le clinicien doit accompagner les associations si elles’ existent et
les stimuler si c’est possible et d’essayer de revitaliser la relation si le contexte
d’association est absent ou fragile ». (Debray, 1996, p.40)
clinicien dans une position de recueil de ce qui se dit, mais avec le paradoxe de
n’en pouvoir rien faire (...) mais la position de chercheur n’exclut pas d’entendre la
souffrance à la condition d’en considérer la portée sur l’objet d’étude. (Pedinielli &
Fantini, 2009)
5.2) Enquête
« L’enquête, est l’ensemble des opérations par lesquelles les hypothèses vont
être soumises à l’épreuve des faits, et qui doit permettre de répondre à l’objectif
qu’on s’est fixé ». (Blanchet & Gotman, 2014, p.35)
122
CHAPITRE III Méthodologie de la Recherche
sans que nous puissions garder contact avec eux, une autre n’était pas clairement
diagnostiquée schizophrène et la dernière, quant à elle, s’est désistée et a refusé de
répondre à nos questions.
La langue employée dans notre guide d’entretien est le français. Les sujets de
notre groupe de recherche, patients et familles comprises, sont des personnes
maîtrisant la langue mais qui ont le plus souvent répondus avec un mélange de
français, kabyle et arabe.
Afin de bien illustrer les informations que nous avons obtenues au sujet des
familles, nous avons jugé bon d’utiliser la figure du génogramme.
Le premier entretien semi-directif que nous avons passé était celui de lucrèce,
une patiente du service femme. Il s’est déroulé dans la salle des visites. Nous avons
123
CHAPITRE III Méthodologie de la Recherche
Durée d’hospitalisation des patients parfois trop courte pour nous permettre de
maintenir le contact avec eux et leurs familles.
Synthèse
124
CHAPITRE III Méthodologie de la Recherche
125
CHAPITRE IV
Présentation, Analyse et
Discussion des Résultats
CHAPITRE IV Présentation, analyse et discussion des résultats
Préambule
Dans cette partie du travail, nous allons faire la présentation et l’analyse des
résultats obtenus par l’utilisation de l’entretien, le génogramme et du Five
Minutes Speech Sample sur notre groupe de recherche, ces outils dont la
pertinence n’est plus à prouver et dont l’analyse va nous permettre de confirmer
ou d’infirmer les hypothèses émises à notre problématique de recherche.
Pour se faire, nous allons procéder cas par cas, c’est-à-dire en présentant et
analysant les résultats de tous les outils utilisés sur untel cas d’abord puis celles
des résultats des outils d’untel autre cas et ainsi de suite jusqu’à présenter les 6
cas de notre groupe de recherche. Notant aussi que nous avons favorisé les 3
premiers cas pour la richesse des informations récoltées sur eux. Et enfin, nous
allons discuter les résultats par rapport à nos hypothèses.
127
CHAPITRE IV Présentation, analyse et discussion des résultats
tout en lui expliquant brièvement nos motifs. Celle-ci était de bonne humeur,
souriante et assez coopérative. Nous avons simplement dû lui traduire quelques
une des questions lorsqu’elle ne comprenait pas ou les lui reformuler autrement.
Sinon, globalement, nous n’avons pas eu de soucis avec la patiente et l’entretien
s’est plutôt bien passé (sans agitation de la patiente).
Informations générales
La patiente est une femme âgée de 23 ans, pourvue d’un niveau d’instruction
1e année au collège d’enseignement moyen, sans qualification ni profession.
Célibataire, elle ajoute qu’elle ne veut pas d’un homme dans sa vie. Elle vit
actuellement avec ses parents et ses deux frères, vivants et bien portants. Le père
retraité, âgé de 73 ans, était entraineur de football. La mère a 54 ans et travaille
comme agent d’entretien dans un commissariat. Lucrèce est la deuxième de sa
fratrie. L’ainé est âgé de 28 ans. Le plus jeune a 18 ans. Leur situation socio-
économique est jugée moyenne.
La patiente reconnait être malade mais ne sait pas exactement de quoi elle
est atteinte ; « j’ai un cancer du cerveau » suppose-t-elle. Il s’agit ici de la
méconnaissance par la patiente de sa maladie, or l’OMS (1999), cite «
l’éducation du patient à sa maladie » qui travaille à la prévention des
complications et rechutes de la maladie. Il n’existe, selon ses dires, aucun
antécédent psychiatrique dans la famille. Mais nous savons, d’après son dossier,
que sa tante maternelle a déjà été suivie en psychiatrie pour épilepsie post-
traumatique, celle-ci étant une épilepsie due à une lésion provoquée par un
traumatisme crânien et apparaissant après un certain temps d’incubation (...)
avec, notamment, risque génétique. (Amérie & Timsit, 1997) Pour ce qui est des
signes liés à sa maladie, il est surtout question d’un état de stress permanent dont
elle se plaint. En consultant son dossier, nous en apprenons plus ; les premiers
128
CHAPITRE IV Présentation, analyse et discussion des résultats
signes sont apparus à l’âge de 15 ans, marqués par une instabilité avec tendance
au retrait et à l’isolement ; elle se disputait régulièrement avec ses camarades,
parlait toute seule et vérifiait souvent l’intégrité de son visage dans la glace.
Tout ceci avait inquiété et motivé les parents à consulter chez des thérapeutes
traditionnels et psychologues, sans résultats. Après l’aggravation de son trouble
en 2014 (elle dit entendre des voix lui ordonnant de faire du mal à sa mère et son
petit frère, conformément au critère A-2 du DSM-5 concernant la schizophrénie,
les parents décident de consulter pour la première fois chez un psychiatre du
secteur libéral. Son état se stabilise mais elle rechute en 2017, suite à un arrêt du
traitement sous l’influence de son grand frère. La rechute après un premier
épisode de schizophrénie correspond à la réapparition d’une symptomatologie
aiguë après une phase de rémission partielle ou complète. (Thomas, 2013) Et
pour réduire ces rechutes, il est fondamental d’inclure la famille dans
l’éducation au traitement. (Chaplin & Kent, 1998; Faloon, 1984; Favre,
Huguelet, Vogel & Gonzalez, 1997; Franck, 1997; Smith, Barzman, & Pristach,
1997; cités dans Bureau, 2001) Elle est alors amenée au service psychiatrique du
CHU Frantz Fanon par sa famille : « c’est ma mère qui m'a ramenée ici, elle
veut me tuer » (Traduction de : nettath idiwin gherdayi, tebgha aytnegh) où elle
est hospitalisée. Elle sort mais se fait ré-hospitaliser le 13 février 2018.
Actuellement, l’observance de la prise de médicaments se fait par le personnel
soignant au sein du service tandis que les parents prenaient soin de s’en charger
dans leur foyer. Il semblerait que ce soit la maman qui s’investisse le plus dans
le traitement de sa fille. En effet, Lucrèce répond que c’est elle qui a pris
l’habitude de lui donner ses médicaments : « c’est elle, oui, des fois c’est elle
des fois mon grand frère ; je les recrachais comme ça et puis elle s’énervait
pour rien du tout. Elle me jette ces médicaments et me dit prends-les toute seule,
et je les prenais seule (…) Je ne les prenais pas comme il le fallait » (Traduction
de : dnettath ih, mindak dnettath mindak dgma amekran ; tteyiregh akken
oumba3d ttnarvi pour rien du tout, oumba3d aytteger dwa nni aydiyini swouthen
129
CHAPITRE IV Présentation, analyse et discussion des résultats
wahdem oumba3d ttetteghthen iwahdi (…) ounttettegh ara akken idiwi lhal).
(Cette situation nous confirme que lorsque la famille « jette l’éponge » et
renonce à toute aide à l’égard du patient, cela favorise la non-observance du
traitement) Elle nous confie aussi que sa vie a complètement changé depuis sa
maladie « je me sens malade et je me sens pas bien, je suis stressée » (tthusugh
imaniw qelqegh, utthoussugh ara bien, teqeliqegh). En effet, l’anxiété est un
symptôme fréquent et majeur de la schizophrénie. (Baylé et al., 2011)
lui demandons la raison de ce retrait, elle répond par la description des tensions
qui règnent, dont celles qui suivent les plaintes qu’elle adresse à son aîné au
sujet des violences que lui fait subir le cadet, qui nie les faits. La patiente ne
supporte pas de voir son petit frère démentir ses dires et ajoute : « Mon grand
frère se dispute tout le temps avec le petit parce qu’il fait des choses illégales
(drogue, mauvaise fréquentation) » (Traduction de : u gma ame9ran ittenagh
wahid gma abstuh akhater ikhedem lehwayedj ndiri).
En période de fêtes religieuses, elle nous dit que cela se déroule comme dans
n’importe quel autre foyer de notre société ; les visites avec son grand frère aux
membres de la grande famille, la grande famille qui vient à son tour. C’est elle
qui prépare les gâteaux et témoigne : « Mon père ne participe à rien c’est
maman qui fait les courses. (...) Mon frère m’achète des vêtements des fois »
(Traduction de : papa ugkhedem kra d mama idi9ten. (...) u gma ittaghiyd l9ech
mindak). Elle se remémore avoir jeté, une fois, les vêtements offerts par son
grand frère à la suite d’une dispute avec lui lors de laquelle il aurait tenté de la
raisonner au sujet de leur mère. Souvent, elle s’isole et s’enferme dans sa
chambre. Elle relate beaucoup de disputes au sein du foyer (conflits qu’elle ne
parvient plus à supporter).
131
CHAPITRE IV Présentation, analyse et discussion des résultats
éventuellement des délais de route. C’est surtout la mère qui verbalise, la fille
quant à elle, reste assise dans son ombre, souriante tout de même et affirmant les
propos de sa mère tout au long de l’entretien en hochant de la tête lorsque nous
sollicitions son avis.
La mère dit avoir fait au mieux pour éviter toute altercation avec son époux
malgré la tension qui s’est installée entre eux deux suite aux accusations
délirantes de leur fille (à savoir que la mère faisait entrer des hommes chez eux
en l’absence du père) dans le souci de ne point gâcher ou de perturber le retour
de la patiente chez elle. Nous notons l’effort de la mère pour éviter les disputes
malgré le fait que la schizophrénie de sa fille ait engendrée un sérieux quiproquo
(durant l’hospitalisation de Lucrèce, ses deux parents s’étaient séparés un
moment).
La mère rapporte aussi que le jeune frère qui avait pour habitude d’embêter
sa sœur (jalousie quant aux vêtements qu’on lui offrait à elle plutôt qu’à lui, et
pareillement avec la nourriture ou autre…) a changé de comportement avec sa
sœur. Il s’est proposé, par exemple, de lui payer un vêtement de sport pendant
ladite permission et commence à s’investir quelque peu dans la prise en charge
de la malade (s’enquit de si elle a prit ses médicaments ou pas).
132
CHAPITRE IV Présentation, analyse et discussion des résultats
L’aîné ne montre pas d’intérêt particulier envers sa sœur malgré son statut de
favori. À l’inverse, il profite de sa confiance pour l’avoir de son côté lors des
conflits qui surviennent avec les parents (chose qui renforce le délire de
persécution qu’a la patiente envers sa mère). Il s’avère même avoir déjà poussé
Lucrèce à arrêter son traitement.
Les deux femmes mentionnent aussi des visites chez la grande famille (méta
système/famille élargie) et des sorties pour du shopping ou casser la croute en
ville (selon le désir de Lucrèce : manger du chappattis). Elle s’est même rendue
seule au Hammam.
Les parents venus cet après-midi rendre visite à leur fille sont en avance et
nous consacre donc une heure de leur temps pour nous parler de leur enfant et de
leur quotidien familial. Vu les tensions apparentes existant entre eux deux, nous
préférons d’abord nous entretenir avec chacun des parents séparément avant de
les voir ensemble. Nous prétextons la passation du FMSS pour cela mais
passons une vingtaine de minutes avec le père, et une quinzaine de minutes avec
la mère (que nous connaissions déjà) pour enfin passer exactement 15 minutes
avec les deux réunis. S’enclenche alors une dispute et nous avons tout juste le
temps de calmer la situation et laisser le père rejoindre sa fille pour la visite
tandis que la mère préfère ne pas s’y rendre sous prétexte que sa fille est
toujours délirante vis-à-vis d’elle.
133
CHAPITRE IV Présentation, analyse et discussion des résultats
Chacune de nous s’entretient alors avec un des parents : Le père nous dit que
sa fille est « abîmée » (Traduction de : thettwagh), puis raconte des anecdotes de
quand il l’emmenait à l’hôpital et que celle-ci le lui reprochait : « Tu m’emmènes
encore là-bas, l’hôpital pour les fous ? » (Traduction de : ayttawit daghen dinna
gh sbitarr nimahbal ?) Ou encore : « Ce n’est pas ma place ici » (Traduction
de : machi damkaniw dayi).
Il nous avoue être en conflit avec la mère qui, selon lui, exagère dans ses
réactions avec les enfants (il la traite même d’« hystérique »). La mère, elle, se
qualifie plutôt de « maman poule » ; elle aime ses enfants, surtout sa fille malade
et souhaite plus que tout son bonheur. Elle nous fait savoir qu’elle a travaillé dur
pour offrir à sa fille le nécessaire pour son trousseau et qu’elle aurait aimé la
voir mariée et épanouie. Aussi, elle décrit son époux comme un père absent et
négligeant ; dit qu’il n’a aucune autorité sur ses enfants et qu’il ne joue pas son
rôle de père. Il n’accepte pas la maladie de Lucrèce et l’accuse, elle (la mère),
d’en être responsable ; le père avoue implicitement ne pas pouvoir accepter la
maladie de sa fille et reproche à sa femme d’être la responsable du mal-être de
sa fille.
134
CHAPITRE IV Présentation, analyse et discussion des résultats
D’après les données que nous avons recueillies à travers l’ensemble des
entretiens que nous avons fait passer à la patiente et à sa famille, nous pouvons
constater l’ignorance/la méconnaissance de Lucrèce par rapport à sa maladie.
Même chose pour sa famille qui, du coup, tâtonne et s’y prend mal dans la prise
en charge de leur proche, surtout lorsque que le grand frère ou le père qui sont
contre le « dopage » médicamenteux des psychiatres suscitant ainsi une prise
anarchique du traitement. Et ceci est notamment démontré par la fréquence
importante de rechutes de la patiente.
135
CHAPITRE IV Présentation, analyse et discussion des résultats
136
CHAPITRE IV Présentation, analyse et discussion des résultats
Le mécontentement : Aucun.
L’énoncé initial : « ma relation avec ma fille est très très bien » (déclaration
positive)
Synthèse du FMSS
137
CHAPITRE IV Présentation, analyse et discussion des résultats
dans un taux élevé des EE. Pour la mère on note un investissement excessif
envers sa fille. On note également un signe d’engagement émotionnel important
du père envers sa fille. Selon les études antérieures, il y a une relation entre une
association significative entre les niveaux élevés d’EE et le taux de rechute des
patients. (Hooley, 1998)
138
CHAPITRE IV Présentation, analyse et discussion des résultats
Informations générales
139
CHAPITRE IV Présentation, analyse et discussion des résultats
père, beaucoup plus âgé que la mère, est décédé en 2010, de mort naturelle. Nos
observations quant à leur mode de vie (dépenses pour le fils notamment) nous
laissent penser que la situation socio-économique de la maisonnée est bonne.
Le patient n’a pas voulu répondre aux questions de cet axe vu qu’il ne se
considère pas comme étant atteint de quoi que ce soit : « Malade ? Je suis pas
malade, moi… » (Anosognosique). Chez toute personne souffrant d’un trouble
mental majeur, telle la psychose, coexistent le plus souvent une conscience et un
déni du trouble et ce dernier est associé à la méconnaissance générale dont font
l’objet les maladies mentales. (Chaltiel, 2009) Il s’agit de sa 1e hospitalisation ;
il nous dit : « ils m’ont pris et m’ont ramené ici. » Lorsque nous demandons :
« Qui ça ? », il nous répond : « Les gendarmes, je crois… avec une ambulance »
ne sachant pas trop pourquoi d’ailleurs. D’après son dossier, le début des
troubles semble remonter à plus de 4 mois, marqué par l’apparition progressive
de troubles du comportement, retrait et isolement, insomnie et agressivité (avec
bris d’objet) dirigée vers sa mère et ses sœurs qui rapportent l’avoir entendu
sérieusement parler au chat de son oncle persuadé que ce dernier lui répond.
Bill décrit sa famille en ces termes : « bien, on est bien ». Il nous dit qu’ils
discutent entre eux mais qu’ils ne sont pas tout le temps ensemble ; « c’est des
filles et moi je suis un garçon ». Il rapporte que les « filles » s’entendent bien
entre elles et qu’une bonne ambiance règne chez eux.
Nous tentons d’aborder sa relation avec sa mère et lui demandons, après lui
avoir fait remarquer qu’elle l’aime beaucoup et qu’elle s’inquiète, si ce n’est
pas, à certains moments, trop étouffant, Bill rétorque : « Non, pas du tout ! »
140
CHAPITRE IV Présentation, analyse et discussion des résultats
Durant les évènements tels que les fêtes religieuses « à l’aïd bah on mange
du mouton, c’est tout… ». Il précise seulement que c’est sa mère qui prépare
tout, que ses sœurs ne sont pas du genre à aider en cuisine.
C’est toujours dans la journée du 6 mai, durant l’heure des visites, que nous
avons la possibilité de nous entretenir avec la mère et la petite sœur du patient.
Bill, après avoir fumé plusieurs cigarettes au seuil de la porte, est allé se doucher
(sous la consigne de sa mère). Nous profitions donc de l’occasion pour tenir
compagnie à la petite famille et échanger avec elle.
Bill aurait habité seul pendant la période s’étendant de Août 2017, qui
coïncide avec la venue de la famille en Algérie pour célébrer le mariage d’une
de ses sœurs (moment où il décide de rester dans la maison paternelle pour
repasser son permis de conduite), à Mars 2018, date approximative de la venue
de la mère spécialement pour son fils après avoir été alertée du comportement
étrange de celui-ci.
141
CHAPITRE IV Présentation, analyse et discussion des résultats
ailleurs, qu’elle venait très souvent voir son fils et pour les grandes occasions à
l’exemple du nouvel an.
Elle ajoute : « On avait une relation frère et sœur normale. On était pas non
plus complice mais… quand il en avait besoin il me demandait, quand j’avais
besoin je lui demandais aussi. Et après, petit à petit bah… Quand j’étais en
France et lui là, il m’appelait, il m’envoyait des messages, etc. Et après, plus les
mois passaient moins il m’appelait… Juste quand il avait besoin d’argent ou de
quelque chose, il m’appelait, sinon, il m’appelait pas… J’le reconnais pas. C’est
pas lui, c’est pas sa personne. »
Et finit par nous dire : « Après, chais pas moi… Y a que ça à dire. J’ai pas
vraiment vécu avec lui quand il a eu ça »
142
CHAPITRE IV Présentation, analyse et discussion des résultats
Quant aux rapports qu’il entretient avec sa mère, elle nous avoue que son fils
n’est pas particulièrement attaché à contrairement à la très bonne relation qu’il
avait avec son défunt père. On nous rapporte que Bill était tout le temps collé à
lui ; ils passaient toutes leurs vacances ensemble soit en France ou ici, en
Algérie. Mais malheureusement, le père décède et laisse son fils alors âgé de 12
ans. La maman lui délègue « maintenant t’es l’homme de la maison, tu
remplaces ton père, tu dois être responsable ». C’est ainsi que dès qu’il obtient
son diplôme, Bill commence à chercher du travail et effectue des stages
professionnels.
De son côté la sœur nous dit : « justement après le décès de mon père on a
toujours été soudés et on s’est toujours entre-aidé quand quelqu’un en avait
besoin, on s’est toujours entre-aidé. J’ai une sœur aussi qui est mariée et c’est
pareil. On s’appelle tout le temps. Entre filles on est vraiment soudées après
c’est le seul garçon on essaye de pas le mettre de coté à la maison et tout. Il a sa
chambre, voilà… quand il a besoin on a de très bonne relations après on n’est
pas non plus complices mais quand il y a des choses il nous le dit et nous
aussi ». La sœur rapporte qu’avec son frère, ils avaient l’habitude de s’entre-
aider, qu’ils étaient très proches lorsqu’ils étaient plus jeunes mais « il s’est
installé un petit peu de honte. ‘fin voilà quoi ! Il a grandi, j’ai grandi… On
s’appelle pour se rendre service, on rigole, c’est frère et sœur quoi ! »
143
CHAPITRE IV Présentation, analyse et discussion des résultats
Il s’agit ici d’un entretien qui a eu lieu dans la salle des consultations avec
les psychiatres du service qui ont demandé à voir la mère du patient Bill pour
s’informer de l’évolution de ses troubles d’après les propos de chacun en tentant
une confrontation entre la mère et le fils. Nous profitons de l’occasion pour
assister, observer la chose et en tirer des informations. Il s’est déroulé en deux
parties ; la première avec la mère, seule (une douzaine de minutes) la deuxième
avec la mère et son fils.
La mère déclare que les premiers signes de la maladie de son fils remontent
au 1e janvier 2018. Les psychiatres l’interroge alors quant au déroulement de la
soirée qui a précédé le premier janvier de l’année, soupçonnant une ingestion de
substances psychoactives ; elle ne précise rien mais certifie que Bill était avec
elle et qu’il n’a, par conséquent, rien fait de « mal ». Depuis ce jour donc, sa
famille remarque un changement et un comportement très étrange : « Ca lui
arrive de passer des semaines à pointer du doigt, comme un bébé, des objets
invisibles sur les mûrs (…) il parle seul (…) il rit seul » Elle relate ensuite
l’épisode du Raki qu’elle a fait venir tout exprès : « ça s’est très mal passé »
Depuis, les choses ont empiré entre eux ; Bill a commencé à douter de sa mère,
Furieux, il serait même allé jusqu’à renverser toutes les bassines d’eau de la
maison en s’imaginant que le Raki les avait bénites.
Lorsque l’on fait entrer le patient dans la salle, nous remarquons une certaine
froideur vis-vis de sa mère, celle-ci tente de le saluer mais il esquive son contact
(quand elle essaie de l’embrasser) et ne lui répond pas tandis qu’elle lui
demande : « t’es fatigué ? ». Les psychiatres encouragent la mère à énoncer ce
144
CHAPITRE IV Présentation, analyse et discussion des résultats
qui l’a inquiété à propos de son fils pour qu’elle en vienne à l’amener à l’hôpital.
Elle nous rapporte alors qu’il a passé 4 jours enfermé, sans parler à personne,
sans boire ni manger « je te ramène à manger, tu la jettes à la mosquée. Le
plateau complet tu le renverses… et y a tes cousins qui sont témoins » Bill nie :
« 4 jours ? C’est impossible… même le ramadan c’est pas comme ça »
l’échange continue sur cette lancée et il ajoute : « Si j’étais malade, elle
m’aurait dit va voir un psychiatre, il me fait une piqûre et je m’endors
voilà…» Au même moment, nous entendons la mère, dire à voix basse : « Oui,
mon chéri, je te l’ai dit… » (Traduction de : Oui, amaaziz, nighak…) En effet, la
maman avait pris rendez-vous chez un psychiatre mais Bill n’avait pas voulu y
aller et c’est par ailleurs avec une lettre dudit médecin qu’elle l’a fait
hospitaliser. Comme la mère s’emballe, les psychiatres demandent à Bill s’il
préfère la voir elle ou son oncle, il répond alors : « Elle, c’est ma mère, mais je
la connais… » Ce à quoi la mère réplique : « C’est moi qui te connais bien !
Déjà tu me regardes même pas dans les yeux, qu’est-ce que je t’ai fait ? J’ai
tout fait pour toi. T’auras jamais une autre mère comme moi ! Pourquoi t’es
contre moi ? Qu’est-ce que j’t’ai fait ? J’t’ai fait rien que ce qui y a de mieux
pour toi. Pourquoi tu veux pas rentrer en France ! Tu veux rester ici ? Qu’est-ce
que tu vas faire ici ? T’as ton stage là-bas… pour quelle raison ? Qu’est-ce qu’y
a ? J’t’ai laissé de l’argent, Bill. J’t’ai dit de faire c’que tu veux pour te rendre
heureux » Le patient n’a pas l’air de se rendre compte qu’il a passé autant de
temps enfermé chez lui et affirme : « Moi j’suis pas fou hein ! » Sa mère insiste :
« Si, t’es fou, Bill ! Toi tu te sens pas fou mais moi… »
Quand les psychiatres questionne Bill sur les évènements du nouvel an pour
avoir sa version, il dit ne pas s’en souvenir ; même en insistant pour savoir ce
qu’il fait les soirs de 31 décembre en général (en France) : « Je ne suis pas un
fêtard ».
145
CHAPITRE IV Présentation, analyse et discussion des résultats
La maman, toujours aux abois, lance : « ça fait deux semaine que j’suis chez
ton oncle, je dors pas, Bill. Je mange pas, Bill. Même ta sœur. On s’inquiète
pour toi ! »
Le patient semble avoir subi un choc vers l’âge de 14 ans suite à la mort de
son père dont il était particulièrement proche. Il se retrouve alors seul parmi les
figures féminines que sont ses sœurs et sa mère. Notre patient s’est crée un coin
à lui et s’isole du reste de la famille. Et la mère lui complique la situation en lui
mettant la pression, disant que maintenant il est l’homme de la maison et qu’il
remplace le père. La mère est une mère étouffante véhiculant des paradoxes
(entre le fait de le laisser seul en Algérie, et de ne pas pouvoir se séparer de lui
ou encore lorsqu’elle lui demande « va faire ton permis » et « fait c’que tu
veux »).
146
CHAPITRE IV Présentation, analyse et discussion des résultats
147
CHAPITRE IV Présentation, analyse et discussion des résultats
La relation : Positive.
Synthèse du FMSS
148
CHAPITRE IV Présentation, analyse et discussion des résultats
C’est après l’heure des visites, plutôt tard dans l’après-midi que nous avons
retenu Sweeney Todd afin de nous entretenir avec lui. Le patient est jugé calme,
et son état suffisamment stable pour permettre l’échange. Curieux, il nous
questionne avec un certain intérêt quant à nos motivations - que nous lui
expliquons. Pas très sûr de lui, il nous promet de faire de son mieux « Je vous
dirai juste ce que je sais, juste ce que je sais » (Traduction de : Ayen isnegh kan,
ayen isnegh) ; nous le rassurons, lui demandons s’il ne voit pas d’inconvénients
à ce que les questions soient en français et entamons alors le questionnaire.
Informations générales
149
CHAPITRE IV Présentation, analyse et discussion des résultats
Le patient ne sait pas de quelle maladie il est atteint, lorsque nous lui
demandons de quoi il souffre, il émet un petit rire et répond : « Comme
quelqu’un qui… » en mimant le geste de porter un verre à sa bouche. En fait,
Todd compare son état à celui d’une personne consommant beaucoup d’alcool,
ou autres substances psychoactives. Au sujet des antécédents psychiatriques
dans la famille, il évoque un oncle et une tante, du coté maternel, suivis en
psychiatrie et ajoute qu’eux deux se portent mieux aujourd’hui. Il ne se rappelle
pas distinctement des premiers signes de sa maladie, ni de quand ils datent, et
suppose qu’ils coïncident avec l’époque où il travaillait dans le petit kiosque :
« Exactement, je ne sais pas… Je le jure… peut-être lorsque je travaillais dans
ce petit magasin d’affaires scolaires, de bonbons... il y avait un primaire juste à
coté, ils se précipitaient tous de là-bas… Mais je ne sais pas vraiment si ça
remonte à là-bas, ou à ailleurs (…) Je ne me rappelle pas, je ne me rappelle
vraiment pas…» (Traduction de : Exactement, ouaalimegh ara… wellah ma
aalmegh… ligh khademegh g tehanout enni... les affaires n’ledjamaa, wahi
d’lehlawath, illa l’primaire juste à coté… hemlen ikkel fellanegh… Nekki
ouaalimeghara est-ce que dinna est-ce que ailleurs (…) Ouchefigh ara, wellah
ma chefigh…) Après un petit moment de réflexion, il ajoute que c’est sa mère
qui, en 2013 « à peu près », a pris conscience de sa maladie et l’a emmené
consulter chez un psychiatre, « Ma mère, ma mère avait deviné ». Le patient
rapporte alors qu’il a plutôt bien pris l’annonce de sa maladie mais que son
premier médecin traitant lui prescrivait de mauvais médicaments et n’était pas à
la hauteur.
150
CHAPITRE IV Présentation, analyse et discussion des résultats
Quand nous abordons les grandes occasions et les fêtes religieuses Todd
nous confie : « ça me rend heureux » (Traduction de : Nekki ferhegh, iaajbiyi el
hal) Il ajoute : « Actuellement, si je pouvais sacrifier un mouton en guise de
don/charité pour guérir de ma maladie, je le ferais » (Traduction de : tura aka
loukan adafegh adzlegh kra aka fi sabil allah adiji yewen). Nous lui proposons
de nous raconter le déroulement d’une journée de fête, celle de l’aïd par
exemple, il nous parle alors de la prière à la mosquée, des embrassades dans la
151
CHAPITRE IV Présentation, analyse et discussion des résultats
Quand nous cherchons à savoir qui de ses proches s’investit le plus dans sa
prise en charge, il assimile mal la question et répond de façon à éclaircir l’aspect
financier de la chose, à savoir qu’il travaillait auparavant et qu’il s’occupait lui-
même de ses frais médicaux. Nous clarifions donc la question numéro 26 de
notre guide à laquelle il finit par répondre qu’il est autonome dans son
traitement (achat et prise des médicaments) et qu’il se présente seul à ses
rendez-vous chez son médecin traitant. « ce n’est pas normal, hein ? » nous dit-
il, avec une pointe d’ironie. Il avoue, d’ailleurs, qu’il aimerait bien être
accompagné, mais n’ose pas le demander. Il relate ensuite certaines anecdotes
liées à ses premiers délires (Sa moto qui le pousse en arrière, les persécutions
des gens du quartier). Todd en parle comme des moments de grande solitude où
il n’ose, encore une fois, pas importuner ses proches et traverse seul les
difficultés. Il pense que les signes d’agressivité sont apparus un peu plus tard ; il
ne se les explique pas.
La mère, très affectée par l’état de son fils qu’elle ne reconnait plus souhaite
sincèrement le voir réintégrer la maison familial ; toutefois, elle se rend bien
compte de l’instabilité de Todd : « Il est ici, hospitalisé, et je ne me sens pas
bien, je ne dors pas bien… Ce n’est pas la même chose, entre l’hôpital et la
maison de son père…» (Traduction de : Ouganegh ara bien… machi kif kif
sbitar, d’axxam babass mi…) Elle nous confie que le comportement de Todd,
son attitude et toute sa personne ont changé depuis sa maladie. C’était un fils
prévenant, attentionné, toujours prêt à satisfaire ses parents : « Dans le passé,
c’était quelqu’un de tendre » (Traduction de : Zik enni dahnin) Colérique et
agressif désormais, il menace et effraie toute la maisonnée, son petit frère se
retrouve même obligé de crécher le plus souvent chez des oncles ou des
tantes pour éviter de se frotter à lui : « Je vais t’arracher la tête » (Traduction
de : akkeksegh aqerouyik) lui lance-t-il, le plus sérieusement du monde. Elle
nous révèle que Todd ne communique pratiquement plus du tout avec sa famille,
surtout avec son père. Il aurait même abandonné son travail de coiffeur par
dégoût et prétextant des douleurs dans les mains « S’il avait vraiment mal aux
mains, il ne frapperait pas, il ne frapperait pas ; lui non… » (Traduction de :
Loukan qerhenth ifasniss, loukan ourikathara, ourikathara. Netta khati…), se
plaint-elle.
Elle nous livre, terrifiée, ses inquiétudes quant à la future sortie du patient :
« Ils ne doivent pas le sortir juste comme ça, alors qu’il n’est pas guéri, juste
pour faire de le place aux autres ». La plus jeune des deux sœurs appuie : « Tel
153
CHAPITRE IV Présentation, analyse et discussion des résultats
que je le vois, je sais. Je sais que ça ne va pas… J’espère qu’il va guérir, je prie
dieu pour ça mais je viens le voir ici et comme je le vois, ça ne va pas. »
(Traduction de : Akken izareghth aalmegh mazal chuiya, ça va pas ‘nshallah
addiji mais taseght zareghth dayi et akken izaregh mazal, ça va pas.)
La mère souhaite revoir son fils avec son caractère d’antan, avec la douceur
qu’il avait auparavant et qu’il se remette à travailler aussi : « Il refuse de
travailler, il tourne en rond à la maison et cherche les problèmes » (Traduction
de : Ourikhedmara, itgama adhikhdhem, idewir kan akham itthouf el machakil)
Elle nous confie aussi que gérer cette situation est très difficile et qu’elle a déjà,
en tant que mère, de lourdes responsabilités : « si au moins j’avais encore la
santé ! Et je dois encore marier mes filles, Il n’y a que moi qui travaille pour
ça ». Nous abordons également le sujet des médicaments : « Je lui propose de
lui donner ses médicaments » (Traduction de : assinigh akdefkegh dowa ynek)
Seulement, Todd lui rétorque : « c’est toi qui refuse de me donner mes
médicaments » (Traduction de : d’kemmi igouman aytefket dowa ynew) Toujours
apeurée, elle jure : « Avant le repas, je lui suggère “prends tes médicaments,
Sweeney”, parce que c’est lui qui les garde… Si je devais les prendre par moi-
même, il en ferait toute une histoire » (Traduction de : Wellah maaqbal el fatour
“assinigh ssou dowa, a Sweeney” netta aghouress ittijmouaay laboud, loukan
astedmegh aydikhdhem hala) (C’est au demeurant la prise anarchique de son
traitement jusqu’à son arrêt dont les répercussions sont désastreuses conduisent
sa famille à user de la force pour le conduire à l’hôpital)
Du reste, les paroles des deux jeunes sœurs du patients font écho à celles de
la mère ; c’est un sentiment de profonde peur qui enveloppe les membres du
foyer de Todd : « J’ai vraiment peur de lui, dès que je le vois, j’ai peur. »
(Traduction de : s’iigh el khouf mlih didhess, athezregh kan ad khelegh) Le
malade aurait, en effet, tendance à porter des armes blanches sur lui. Par ailleurs,
154
CHAPITRE IV Présentation, analyse et discussion des résultats
tous s’enferment à clé dans leurs chambres à la nuit tombée : « Quand il est
dehors, il est bien, dès qu’il rentre à la maison, avec nous, il n’est pas bien »
(Traduction de : Ma ad yili g’berra bien, ma adikchem axxam dhidhnegh machi
bien) La sœur précise que « Surtout, surtout avec papa, il a vraiment un
problème avec papa » (Traduction de : Surtout, surtout wahid baba, i’saa un
problème mlih wahid baba)
« Il s’isole, il aime rester seul, il évite les gens, il est pensif ; on ne sait
absolument pas à quoi il songe, et il refuse de parler... Nous, on aimerait bien
savoir ce qui le préoccupe, à quoi il pense, mais jamais il n’en parle (…) Il aime
bien déplacer les objets, c’est l’une de ses principales occupations »
Les trois femmes, très émues, parfois au bord des larmes, se répètent
beaucoup, et formulent à plusieurs reprises leurs souhait de voir Todd guéri :
« On souhaite qu’il guérisse maintenant, qu’il quitte l’hôpital bien… On ne se
sentira que mieux, nous aussi, la peur disparaîtra… Il s’entendra à nouveau
avec papa, avec maman aussi (…) que le Sweeney d’avant revienne »
(Traduction de : N’temenni addiji toura, adifegh bien… Même nekni anhouss
bien, aghtekess el khelaa ‘nshallah, admisfham surtout wahid baba, même
ima… addiqel Sweeney enni n’zik)
« Je veux vivre avec lui à l’aise, qu’il puisse à nouveau aimer sa famille,
aimer ses sœurs, qu’il plaisante et discute avec son père, comme avant… Ce qui
est passé est passé » (Traduction de : loukan a rebbi an’iich bien dhidehss à
l’aise, loukan a rebbi adihmel isetmass, adihmel babass, adiqesser d’babass,
adihedher d’babass… ayen i aada, i aada)
- Méconnaissance du trouble.
- Peur qui règne envers le patient.
155
CHAPITRE IV Présentation, analyse et discussion des résultats
La famille Todd est composée d’un père, d’une mère et de 6 enfants (3 filles
et 2 garçons). Les frontières paraissent souples (on sent que chacun se sent libre
de parler ou d’exprimer un désaccord avec les autres). Tous sauf le malade qui
s’isole et fait peur aux autres. On note aussi chez Sweeney une hostilité dirigée
vers son cadet. Et ce, essentiellement depuis sa rechute. Ce qui fait que la
communication soit désormais assez pauvre entre le malade et sa famille. Celui-
ci ressent un certain désengagement de sa famille vis-à-vis de lui ; il existe
156
CHAPITRE IV Présentation, analyse et discussion des résultats
néanmoins des alliances dans la famille notamment celle entre lui et deux de ses
sœurs. Mais déjà l’une d’elle s’est mariée quittant ainsi le foyer familial, et
l’autre s’apprête à faire de même.
La relation : Négative.
La relation : Positive.
157
CHAPITRE IV Présentation, analyse et discussion des résultats
La relation : Positive.
Synthèse du FMSS
D’après les résultats obtenus par l’utilisation de chacun des outils retenus
pour la recherche, la famille Todd présente une dynamique familiale perturbée
caractérisée par une incapacité ou refus du réseau familial de répondre au besoin
158
CHAPITRE IV Présentation, analyse et discussion des résultats
L’entretien s’est déroulé le 26 avril 2018, dans la salle des visites, il a duré
une vingtaine de minutes. Charles s’est montré très coopératif.
Informations générales
signes, il nous parle surtout de ses tremblements de tête qui remontent au 28-29
mai 2011, « Tu te lèves comme ça un matin…Tu as la tête qui tourne/tremble et
tu te dis : comment affronter le regard des gens ? Ils vont se moquer de moi et
tout… » (Traduction de : t’noudh sebbah haka telqa rassek yerdjef, tqoul kifach
neqabbel ness ? Ydahkou aaaliyya, kamel…) D’après lui, c’était le seul signe « à
part ça, j’ai des douleurs comme pour tous les êtres humains ».
160
CHAPITRE IV Présentation, analyse et discussion des résultats
aaliya des années s’aab vraiment kount affaibli maneqderch nodh hetta men
lefrach, ki tchouf nass kamel rah tedjri, kamel teqra teddir des licence, wenta
rak qaaoud felfrach , maneqderch… cheghel je ne pouvais prendre le contrôle
de mon corps, ça m’a vraiment énervé, oumbaa beddit bechwiya chwiya maa
dowa hadi beddit nehess rouhi.. we qelt balak neweli kima kount qbel 7 senin ,
oumbaa beddit neruh hetta la gare routière umbaa nerdjaa, mankemelch…
maneqderch nkemel neqrra, je fais demi-tour… En ce moment, je me sens
mieux. El hamdoulilah)
Le patient nous dit qu’ils sont une famille unie « ma sha’Allah ». Quoique
« dans le temps présent, la société a changé et chacun a tendance à s’isoler,
surtout avec l’avènement technologique » (Traduction de : lweqth li rana fih la
société tebdlet, nass kamel tizoli roh ha surtout maa la technologie) nous dit-il.
Il raconte : « quand je rentre de l’université je trouve chacun dans son coin. Ma
mère met un casque pour écouter de la musique, elle ne sait même pas si j’existe
ou non. Elle me dit débrouille-toi pour faire à manger. Bien sûr ça reste ma
mère, je l’aime et je l’adore, j’aime aussi mes frères et sœur même tous les gens
d’ailleurs. Je ne suis pas rancunier envers les autres » (Traduction de : ki nedji
men l’université nelqa koul wahoud fel coin ta3o yema darut le casque tesme3
fel la musique,me3lblahch biya,te9li debr rassek bach takel ,biensur t93ed
yemma nehobha w n3zeha même khoutati w nass kamul m3endich leh9ed le
nass) et ajoute : « Ah non.. on ne mange pas ensemble… Et puis on n’est pas
tout le temps ensemble parce que mon frère travaille au CFPA et ma sœur dans
un truc pour autiste, depuis une semaine à peu près ».
Quand nous lui demandons de quel membre il se sent le plus proche, il dit,
comme pour lui-même : « Vraiment, vraiment proche ? euh… » (Traduction de :
melih, melih.. bezzaf.. euh…) et finit par réponde : « Je ne sais vraiment pas.. Je
161
CHAPITRE IV Présentation, analyse et discussion des résultats
les aime tous. Même les membres de la grande famille, mes tantes, mes
oncles… » (Traduction de : Wellah ma aalabali… n’habhoum kamel…)
Durant les fêtes, l’aïd el kbir en l’occurrence «Je vais à la mosquée pour la
prière… j’aide mon père et mon grand frère à égorger le mouton…» Il nous fait
remarquer qu’il s’est rappelé automatiquement de cet aïd-là, et pas de l’autre,
parce que c’est son préféré : « Vous devinez sûrement pourquoi (rire) »
162
CHAPITRE IV Présentation, analyse et discussion des résultats
rouhi melih w ferhan, n’heb tani le calme surtout ki nedji men la fac) Lorsque
nous insistons pour qu’il nous parle de souvenirs d’événements passés en
famille, de choses partagées en famille : «Des fois, je reçois des cadeaux. Ça me
rend heureux aussi » (Traduction de : Des fois ydjibouli des cadeaux, yferhouni
aussi) C’est en fait pour sa mère qu’ils fêtent son anniversaire, ils ne le faisaient
pas auparavant, mais maintenant : « Je ne peux pas lui dire non, elle se sent
obligée de le faire alors... “Allez, vas-y maman, fais-toi plaisir” (rire) »
(Traduction de : Haya rouhi yemma, bsahteuk ! a ferhi aala rouhek !)
Comme il est de nature calme, nous lui demandons s réfléchit puis nous dit :
«La maison ? Euh… calme, calme. Des fois seulement, pour des petites choses :
Pourquoi tu as bougé la table comme ça, pourquoi… » (Traduction de :
Ddar ?Calme, calme. Des fois berk hakka.. pour des petites choses : “Waalach
harektt tabla hakda, waalach…”)
Les deux parents s’accordent à dire que leur fils est autoritaire ; Charles
change difficilement, voire jamais, de position. Le père : « C’est un enfant un
peu réservé, il a une conduite assez autoritaire aussi (…) il bascule vers… en
arabe nous appelons ça ‘el annaniya’ (l’égoïsme) (…) Il est courageux, il est
studieux. Il est correct. Bien éduqué. Wesh houwa, il a toujours son mot à dire et
maintient ses positions » La mère : « il a arrêté ses médicaments alors que le
163
CHAPITRE IV Présentation, analyse et discussion des résultats
Le père, bien qu’il soit convaincu que son fils ait bénéficié de certains
privilèges, un confort, émet un doute ; l’éventualité que cela ait pu être mauvais
pour son fils : « Il a eu la chance de ne manquer de rien, les faveurs (sa
chambre, un ordinateur, internet…) peut-être elles ont été bénéfiques, et elles
ont eu aussi leur coté négatif. Une utilisation exagérée de n’importe quelle
situation dans la vie fait que ça bascule dans le mauvais sens »
La maman ne voit toujours pas de quoi souffre son fils : « maranich fahma..
w’kanet chuiya amradh hakda, à chaque fois yedkhel el djamiaa, maalabalich
anna, mafhamtch, dernalou roukia, ça allait mieux chuiya » Et pense, d’une
certaine façon, que c’est un stress (lié aux études/l’université) qu’il s’est lui-
164
CHAPITRE IV Présentation, analyse et discussion des résultats
même imposé : « il est gâté, on l’a laissé avec le micro et tout, il voulait refaire
son bac, il voulait faire Mathématique Informatique, pas la biologie (…) il s’est
rendu malade.. » Le père est un peu du même avis : « problème concernant le
stress des études, mais à cause de son vouloir de bien fait ttsema.. il a basculé
dans le stress. »
« il n’a pas d’amis, c’est une mauvaise chose. Il n’a pas pu s’acclimater et
ces choses aussi (liées à la religion) lui ont fait du mal… » (Traduction de : il
n’a pas d’amis, hadja machi mliha. Il n’a pas pu s’acclimater et ces choses
aussi (liées à la religion) dherouh…) nous dit-elle. Elle nous explique alors
qu’il n’a pas réussi à s’en faire (des amis) du fait de leurs nombreux
déménagements mais aussi à cause du problème de langue. En effet, étant
originaire de Constantine, celui-ci ne parle pas kabyle (langue la plus répandue à
Béjaïa)
165
CHAPITRE IV Présentation, analyse et discussion des résultats
D’après les données qu’on a recueillies à travers ces entretiens, Charles nie
sa maladie et ne l’accepte pas. Dans sa famille, le degré de communication est
jugé pauvre ou de basse qualité. Il reproche à sa mère son manque d’attention
envers lui et son attitude à la maison. Par contre il est plus proche de son père
malgré il s’oppose toujours a lui. Pour finir on remarque que notre patient
ressent vraiment sa maladie comme un manque, et ses parents n’arrive pas
comprendre la souffrance de leur fils pour eux le plus important c’est que leur
fils fasse des études est construit son avenir.et lui dans tout ça veux juste avoir
une vie comme les autre.
166
CHAPITRE IV Présentation, analyse et discussion des résultats
Nous décrivons des parents proches l’un de l’autre mais qui s’opposent quant
à la manière d’aborder leur fils. La mère préconisant la manière forte, le père, la
manière douce. Il y a des tensions qui règnent dans le foyer. Pas d’information
sur la fratrie mais la relation semble plutôt distante « chacun dans son coin ».
Le père de Darwin :
167
CHAPITRE IV Présentation, analyse et discussion des résultats
La mère de Darwin :
Synthèse du FMSS
D’après toutes les informations recueillies des outils avec Charles et de celui
avec ses parents, nous apprenons à leur sujet : Tout d’abord que Charles est du
genre à s’isoler dans des activités de solitaire (sport) au lieu de se risquer à aller
vers les autres ; il n’a pas d’amis. Ensuite que les parents sont là mais décident
trop souvent à la place de leur fils et ne l’écoutent pas assez ; la mère est
intrusive et le surveille tout le temps.
168
CHAPITRE IV Présentation, analyse et discussion des résultats
Informations générales
169
CHAPITRE IV Présentation, analyse et discussion des résultats
Le patient dit qu’il n’est pas malade, « moi je ne suis pas malade, des fois
je pique des crises de colère pendant deux ou trois heurs puis je reviens à mon
état normal c’est tout sinon je ne suis pas malade » (Traduction de : nekki uhlik
ara tisa3tin amken tisa3thin aka amaken dhed aydidemen ad3ytegh sneth
neswye3 umba3di at9legh normal um lehlak uhlik ara).
C’est la maman qui remarque que son fils n’est pas bien, Branwell est ré-
hospitalisé actuellement suite à l’arrêt des médicaments.
« C’est ma sœur qui me donne les médicaments, elle s’appelle Anne, elle
me donne des gouttes. Mais je ne pars jamais au contrôle médical »
(Traduction de : deweltema iyditaken dowa isemiss Samia tetakiyd les gouttes .
Mais utruhgh ara ikoul al contrôle)
170
CHAPITRE IV Présentation, analyse et discussion des résultats
Il dit que tout la famille est réunie la nuit mais qu’ils ne mangent pas
ensemble, « Moi par exemple, je rentre a 22h, je mange seul. Tout le monde
mange à l’heure à laquelle il rentre » (Traduction de : nekki tewelyghed fe
l3chrayit tetugh imaniw, kel yewen itete gesa3 iditewela)
Pour ce qui est d’événements l’ayant marqué, le patient dit ne pas en avoir
vécu de particulier, il ajoute qu’il a deux sœurs mariées. A la fin, Branwell dit
171
CHAPITRE IV Présentation, analyse et discussion des résultats
qu’il ne veut pas d’amis dans sa vie : « Je n’ai pas d’amis et jamais je n’en
aurais » (Traduction de : uss’iigh ara imdoukal et jamais addes’uugh)
La maman rapporte ce jour que c’est son seul garçon et qu’elle lui a tout
donné : « je me suis très bien occupé de lui. D’ailleurs, c’est le seul garçon que
j’aie, donc tout mon attention étais focalisée sur lui. On lui a toujours offert
tout ce qu’il nous a demandé, il ne manquait de rien ».
Le père, lui, pourrait faire l’impossible rien que pour que son fils soit
heureux. Il lui a construit une maison, il fait tout pour lui ; l’essentiel est qu’il
ne manque de rien.
Sa sœur dit que son frère est quelqu’un de bien, il est très gentil il aime
aider les autres. Il n’a jamais été agressif avec eux, au contraire, il est aux petits
soins. Eux aussi le gâte que c’est le seul garçon de la maisonnée. Elle nous
confie que c’est elle, la personne la plus proche de Branwell ; ils sont attachés
l’un à l’autre. Ils parlent d’avenir et rigole tout le temps. Son souhait le plus
cher et de le voir guéri et à nouveau comme avant.
172
CHAPITRE IV Présentation, analyse et discussion des résultats
173
CHAPITRE IV Présentation, analyse et discussion des résultats
Synthèse du FMSS
Son statut de garçon unique dans la famille fait qu’il occupe une place
privilégiée. L’ensemble des membres de la famille lui accorde beaucoup
d’attention. Relation fusionnelle avec la plus jeune sœur.
C’est un entretien d’une quinzaine de minutes, dans la salle des visites, que
nous avons eu avec le patient Alfred Douglas. C’était le 7 mai 2018, soit cinq
jours après son hospitalisation. Le personnel soignant nous assure au préalable
qu’Alfred est calme, dans un état stable et qu’il est en mesure de répondre à nos
questions. Sachant que, lors de son admission, le malade était tellement agité
qu’il avait dû passer quelque temps en isolement. Nous lui exposons alors nos
motivations et demandons son autorisation quant à l’enregistrement audio de
l’échange ; il accepte gentiment, informé du fait que cela nous facilitera la
retranscription. Alfred s’est montré très aimable et souriant, un peu timide sur
174
CHAPITRE IV Présentation, analyse et discussion des résultats
les bords, il a répondu aux questions l’une après l’autre calmement sans trop
élever la voix et étant bon francophone, nous n’avons eu nul besoin de traduire
les questions.
Informations générales
175
CHAPITRE IV Présentation, analyse et discussion des résultats
travailler puis j’ai arrêté, après c’est le vide et le stress », ceux-ci remontent,
selon lui, à 2 mois (il veut en fait parler de sa dernière rechute et non pas des
signes prodromiques). Ainsi, nous constatons que le patient est en partie
anosognosique et n’insistons donc pas plus sur le sujet de sa maladie.
La personne qui l’aide le plus dans sa famille, que ce soit dans sa prise en
charge ou autre, c’est définitivement son père, mais finit par ajouter son frère et
son neveu à la liste : « l’essentiel c’est vraiment mon père qui m’aide beaucoup,
beaucoup... Mais mon frère aussi, et mon neveu aussi. Surtout mon neveu, il
essaye de m’aider de son mieux » (Traduction de : l’essentiel d’babva
iyitaawanen melih, melih… illa daghen gma, wahi miss negma. Surtout miss
negma ittazal melih feli)
Il affirme que « Oui, bien sûr. » cela a occasionné un gros changement dans
sa vie et qu’en ce moment, il se sent perdu : «Je suis bien, je vais bien, je vois
tout clair… Et quand le stress enni commence, d’un seul coup je vois flou. Je
vois tout flou… Genre… je ne peux pas expliquer ça (…)»
176
CHAPITRE IV Présentation, analyse et discussion des résultats
Il se sent beaucoup plus proche de son père que des autres membres de sa
famille. En dehors de lui : « Non, personne… ». Quand nous lui demandons ce
qu’il en est avec sa mère précisément, il nous répond d’un simple « ça va… ».
Durant les fêtes religieuses (ou autres occasions du même ordre), la famille
est réunie, les membres prennent part aux festivités ensemble : « Amm el
mouloud, amm le 1e janvier… L’aïd, je le passe bien, parfaitement bien… à la
maison, en famille… Moi, je me lève le matin, je prends une douche, je me
rase, m’habille bien… On se salue, on s’embrasse… On va voir les proches,
tout ça… » Du reste, le patient préfère ne pas répondre concernant les
événements importants (heureux ou malheureux) vécus par la famille : « Je
passe. » dit-il, d’un air triste et les larmes aux yeux.
En dehors de la famille, le patient rapporte qu’il a des amis : « j’ai des amis à
qui raconter mes problèmes, et avec qui je discute, c’est tout à fait normal. »
Trois jours après notre entretien avec Alfred, nous avons l’occasion de
rencontrer son frère, venu en visite, et d’échanger avec lui. Celui-ci accepte
naturellement de répondre à nos questions mais refuse d’être enregistré.
177
CHAPITRE IV Présentation, analyse et discussion des résultats
efforts qu’ils fournissent pour améliorer son état et faire en sorte qu’il aille bien.
Il donne alors l’exemple de la voiture « très chère » qu’ils lui ont offert.
Dans une profonde perplexité, il nous dit qu’il ne comprend absolument pas
la maladie de son petit frère et soupçonne qu’elle est de l’ordre de la sorcellerie.
Par ailleurs, la famille aurait emmené son malade au Maroc pour des thérapies
traditionnelles, sans résultats. Préoccupé, son frère serait même allé jusqu’à
payer un des amis d’Alfred pour que celui-ci le surveille et lui rapporte les
moindres de ses faits et gestes.
Il nous livre par ailleurs que son unique rêve est de voir Alfred se marier et
procréer : « Je veux juste qu’il se marie et qu’il ait des enfants. A la fin, s’il veut
mourir, qu’il meurt, je m’en fiche. Il va nous laisser ses enfants. » et déclare être
prêt à payer « des millions » à quiconque pourra soigner efficacement son petit
frère.
178
CHAPITRE IV Présentation, analyse et discussion des résultats
179
CHAPITRE IV Présentation, analyse et discussion des résultats
L’énoncé initial : « il est devenu une tout autre personne d’un seul coup
» (déclaration négative)
La relation : Négative.
Synthèse du FMSS
180
CHAPITRE IV Présentation, analyse et discussion des résultats
C’est aussi une famille qui agit et pense à la place du malade (le patient n’a
pas son mot à dire concernant son avenir et son mariage).
Après avoir présenté et analysé les résultats de nos six cas de recherche,
nous arrivons enfin à l’étape de la discussion de ces résultats.
181
CHAPITRE IV Présentation, analyse et discussion des résultats
Pour vérifier cette hypothèse, nous nous sommes étayés sur les résultats des
entretiens semi-directifs de recherche avec les patients et leurs familles ainsi que
ceux du génogramme et ceux du FMSS.
Dans le FMSS les parents ont tout deux obtenus un Haut niveau d’EE ce qui
n’est pas bon signe quant à l’évolution de la maladie de Lucrèce. En effet, nous
avons vu que selon les auteurs Leff et Vaughn (1985) et d’autres encore, les
familles avec de hauts niveaux d’EE sont davantage enclines à l’intolérance, à
l’intrusion et à l’utilisation de stratégies inappropriées et rigides pour gérer les
difficultés du patient. Comme on le remarque dans cette famille.
182
CHAPITRE IV Présentation, analyse et discussion des résultats
Sur le génogramme s’affichent des relations distantes entre Bill et ses sœurs.
Le patient se trouvait être proche de sa plus jeune sœur mais plus depuis qu’ils
ont grandis et surtout depuis le début de ses troubles. Une mère focalisée sur son
fils (avec encore la notion de double bind) ainsi que l’hostilité de celui-ci envers
sa mère.
Nous expliquons l’obtention d’un bas niveau d’EE par la jeune sœur du
patient (qui, par extension, c’est l’ensemble de la famille qui est affilié à cette
même catégorie) du fait que la parente nous a exprimé des sentiments neutres
(du genre « on s’entend assez bien ») voire positifs (du genre « nous
communiquons facilement et nous passons beaucoup de temps ensemble »).
Cela n’empêche pas de dénoter chez cette famille une grosse perturbation au
niveau relationnel (distante voire hostile) et communicationnel (pauvre voire
absente). Ce qui donne regrettablement un mauvais pronostic à Bill dans sa
maladie.
Ainsi, pour conclure l’étude qu’on a menée sur cette famille, nous nous
arrêtons sur le fait que la dynamique familiale du patient Bill Gates semble
dysfonctionnelle. Et ceci confirme une 2e fois notre hypothèse de recherche.
183
CHAPITRE IV Présentation, analyse et discussion des résultats
Dans le FMSS, les parentes du malade ont toutes obtenus un Haut niveau
d’EE. Représentant ainsi un engagement émotionnel excessif (dont la peur
ressenti à l’égard du proche et d’un autre côté leur souhait de guérison pour lui).
Dans le FMSS les parents ont tout deux obtenus un bas niveau d’EE. En
effet les deux parents ont tout deux fait paraît une certaine neutralité et beaucoup
de calme dans leurs discours.
Les résultats de l’entretien avec le patient révèlent son hostilité envers ses
parents. Et bien que ses relations soient bonnes avec le reste des membres de la
famille, les relations conflictuelles avec ses parents suffisent à instaurer des
tensions au sein de la maison. La passation du FMSS à la sœur du patient révèle
un haut d’EE chez cette famille. On en vient à conclure que la dynamique
familiale chez cette famille est dysfonctionnelle. Ce qui confirme, encore une
fois, notre hypothèse de recherche.
185
CHAPITRE IV Présentation, analyse et discussion des résultats
Nous concluons alors d’après tout ceci pour ce cas, qu’il s’agit d’une famille
dysfonctionnelle confirmant notre hypothèse de recherche.
Famille /
Participants Niveau
Nom Âge vivants Commentaires
(famille) d’EE
avec
Branwell Parents + Parents + 1 Hostilité du patient envers ses parents qui sont
31 Haut
Brontë 4 sœurs sœur focalisés sur lui.
Parents +
Alfred
37 2 sœurs + Frère Haut Limites rigides, absence de communication.
Douglas
1 frère
Synthèse
A partir des résultats obtenus grâce aux outils utilisés dans la recherche,
l’hypothèse stipulant que « La dynamique familiale chez les familles ayant un
membre atteint de schizophrénie est dysfonctionnelle » a été confirmée pour la
totalité des cas de notre groupe de recherche.
186
CHAPITRE IV Présentation, analyse et discussion des résultats
Et ces résultats concordent avec les études qui ont déjà été faites sur ce type
de famille c’est-à-dire, les familles ayant un membre atteint de schizophrénie.
187
Conclusion
Nous arrivons donc à la fin de ce mémoire ; fruit d’une modeste recherche qui
aura duré près d’un an. Nous destinant à une carrière en psychologie, c’est
pourtant, par la force des choses, sur un trouble psychiatrique, et non des
moindres, que nous nous arrêtons. Ce travail n’a évidemment pas de visée
psychiatrique puisqu’il ne s’intéresse pas à la schizophrénie pour ce qu’elle est, à
savoir une maladie mentale, mais plutôt à ce qu’elle engendre dans l’univers
relationnel de la famille d’une personne qui en souffre.
Notre attention s’est alors portée sur les patients hospitalisés dont les
membres de la famille se présentaient plus ou moins souvent, et plus ou moins
nombreux au service du CHU de Béjaïa (Pour les visites, des contrôles, des
renseignements…) dans l’optique de pouvoir les consulter et les questionner.
Aussi, nous souhaitions avoir une certaine diversité dans notre groupe de
recherche : différentes tranches d’âges, genres, positions dans la famille (mère,
père, enfant…), etc. mais nous sommes contentés de six cas (tous des patients
célibataires et vivant avec leur famille) en raison des courts séjours de certains
malades, ou encore le non-consentement à la participation de certains autres. Nos
objectifs étaient d’observer, cerner et décrire quelque peu la dynamique familiale
spécifique aux patients schizophrènes ; notre problématique de recherche
188
Conclusion
Les résultats obtenus nous ont permis de constater que la dynamique des
familles constituant notre groupe de recherche (à savoir, les familles : Borgia,
Gates, Todd, Darwin, Brontë et Douglas) semble dysfonctionnelle. Avec
notamment, une pauvreté voire absence de communication, et des relations
tendues voire conflictuelles entre les membres de la famille. De ce fait, notre
hypothèse notifiant la dysfonction de la dynamique familiale des patients
schizophrènes fut confirmée.
Pour obtenir les informations qui nous importaient et que nous avons
analysées pour la recherche, nous avons usés de trois principaux outils :
l’entretien semi-directif, le génogramme et le FMSS ; sans, toutefois, nous en
remettre uniquement et exclusivement à ceux-ci. En effet, bon nombre des
données amassées l’ont été lors d’entretiens entres les familles, les malades et les
psychiatres. D’autres, sont le fruit d’observations directes des interactions entre
les patients et leurs proches (Lors des visites, contrôles…). Pour le reste, des
détails ont pu être récupérés directement depuis les dossiers de suivi des
participants.
189
Conclusion
Malgré les lacunes que l’on pourra leur trouver, leur choix est justifié. Nous
avons délibérément opté pour ces trois outils du fait de leur apport descriptif des
relations dans la famille. Notre démarche visait moins l’évaluation que la
description de la dynamique des familles de schizophrène en Algérie. Nous
souhaitions être au plus près des participants et échanger avec eux de manière
claire et simple ; il aurait été contraignant d’user d’une échelle d’évaluation à la
manœuvre complexe. Et malgré la rigueur des psychiatres quant à leur
vocabulaire tendant à standardiser les patients selon leur trouble, nous avons tenu
à garder l’aspect humain de nos cas notamment lors de la présentation des cas.
190
Conclusion
Il nous fallait ensuite attendre que les patients soient dans un état stable et
aptes à participer. Notons que les patients admis au service le sont justement
parce qu’ils ne sont pas au mieux de leur forme ; ils sont perturbés et affaiblis.
Beaucoup ne consentent d’ailleurs pas à participer à notre recherche. Hormis le
consentement, il y a aussi les séjours à l’hôpital dont les durées varient
aléatoirement (Plusieurs cas ont quitté l’hôpital alors que nous avions déjà entamé
le travail avec eux sans pouvoir jamais le développer).
Les personnes rencontrées lors de cette recherche, que soit les malades
schizophrènes ou leurs proches, tous ignoraient l’existence du trouble et ses
particularités. Nous tenons alors à pointer du doigt l’absence de psychoéducation
(familiale notamment). Or, l’efficacité de la psychoéducation du patient et de sa
famille sur l’observance thérapeutique et le fonctionnement social est aujourd’hui
démontrée. Il serait donc réellement bon d’investir dans cette pratique pour
diminuer la fréquence des rechutes du patient.
191
Liste
Bibliographique
Liste bibliographique
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199
Annexes
18- Comment votre mode de vie a-t-il évolué depuis le début de la maladie à
maintenant ?
19- Y a-t-il eu un changement (progrès) depuis ?
20- Est-ce que vous vous sentez particulièrement proches les uns des autres ?
21- Pouvez-vous discuter de problèmes personnels entre vous ?
22- Parlez-vous souvent entre vous ?
23- Etes-vous souvent ensemble ?
24- Est-elle/il plus proche d’un membre de la famille en particulier ?
25- Qui va-t-elle/il voir en premier s’il a un souci ?
26- Quelle est la contribution de chacun vis-à-vis du malade ? Qui
l’accompagne à la consultation ? Qui lui donne son traitement ? Qui est le
plus présent pour elle/lui ?
27- A quelles occasions se réunit la famille généralement ?
28- Comment se déroulent les fêtes religieuses généralement ? Que fait chacun
de vous ?
29- Quels ont été les évènements importants vécus par la famille ? (notamment
les événements de vie douloureux, malheureux, échec, maladies, séparations,
deuils, pertes, etc.) Comment cela s’est passé ?
30- En dehors de la famille, y a-t-il une personne proche vis-à-vis du malade ?
Des amis ?
Annexes
ABSTRACT