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Chapitre IV : Traitement Microbiologique des Eaux 1

IV.I. Analyses microbiologiques


L’eau destinée à la consommation humaine ne doit pas nuire à la santé des consommateurs,
elle doit donc être exempte de tout micro-organisme pathogène. La rechercher de l’ensemble des
germes pathogènes (bactéries, virus, parasites) est impossible et serait beaucoup trop onéreux, les
espèces sont nombreuses (Salmonella, Shigella, Campylobacter, Vibrio cholerae, Leptospir, Giardia,
Cryptosporidium, Rotavirus, virus de la poliomyélite, virus de l’hépatite A…), leur recherche est
souvent complexe et laborieuse, certaines ne sont réalisables que par des laboratoires hautement
spécialisés, leur présence est irrégulière et aléatoire.
Les micro-organismes pathogènes véhiculés par l’eau étant pour la plupart d’habitat fécal, il
a donc été suggéré de retenir comme principe de contrôle « la recherche de certaines espèces ou
groupe de bactéries, comme témoins indicateurs de contamination ou pollution fécale ». Ces
germes tests sont des bactéries commensales qui sont naturellement présentes dans les intestins des
hommes et des animaux à sang chaud, et excrétées régulièrement en abondance dans les matières
fécales.
Les normes de potabilité d’une eau posent donc comme hypothèse que les lois d’élimination
des germes pathogènes et des germes tests sont comparables et qu’à un abattement important de
germes tests correspond une élimination poussée des germes pathogènes. La présence des indicateurs
constitue donc un signal d’alarme et laisse présager la possibilité d’une présence de pathogènes. De
même, leur absence suppose l’absence de pathogènes.
La réglementation a retenu comme germes indicateurs de contamination fécale les bactéries entéroco-
ques et coliformes thermotolérants aujourd’hui supplantés par l’espèce Escherichia coli.
À ces germes tests se rajoutent :
 la recherche d’indicateurs d’efficacité de traitement : spores de bactéries anaérobies
sulfitoréductrices ou spores de Clostridium perfringens ;
 les dénombrements des germes aérobies revivifiables à 22 °C et à 36 °C dits germes banals sont
utilisés à titre de surveillance pour la distribution de l’eau. Leurs valeurs n’ont qu’une
importance secondaire, ce sont leurs variations, et notamment une augmentation brusque, qui
peuvent être le signe d’une altération de la qualité de l’eau au cours de la distribution.
IV.I.1. Les analyses bactériologiques
Les laboratoires disposent de méthodes normalisées pour répondre au besoin du contrôle sanitaire.
Le dénombrement des germes totaux s’effectue par incorporation d’un faible volume d’échantillon
en milieu solide nutritif.
Pour les germes indicateurs, les méthodes les plus usitées sont les méthodes par filtration sur
membrane puis dépôt de celle-ci sur un milieu de culture gélosé spécifique ou adapté à la bactérie

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recherchée. Le milieu est incubé selon des conditions optimales de croissance, en termes de
température et de temps.
Après incubation, chaque bactérie présente dans l’échantillon donnera naissance à une colonie visible
à l’œil nu. Des tests de confirmation souvent basés sur des caractères biochimiques sont effectués sur
les colonies présumées caractéristiques de l’espèce recherchée.
 Les résultats sont obtenus en quelques jours. Ils s’expriment généralement en UFC (unité
formant colonie).
 Les conditions du prélèvement (stérilité, transport) sont excessivement importantes et
conditionnent la validité du résultat.
Dans le cas d’un examen plus complet, le laboratoire peut être amené à rechercher des bactéries
pathogènes pour l’homme comme Salmonella, Shigella, Legionella, Staphylococcus aureus,
Pseudomonas aeruginosa…
IV.I.2. Les analyses virologiques
La méthode la plus utilisée consiste à dénombrer les entérovirus.
Une concentration préliminaire est indispensable. Les techniques les plus employées sont la filtration
ou l’ultrafiltration sur membranes, les méthodes d’adsorption-élution sur différents supports (nitrate
de cellulose, cartouche en microfibre de verre, poudre de verre), les méthodes de floculation
organique.
La plupart des virus habituellement recherchés dans le milieu hydrique peuvent être isolés sur
différents systèmes cellulaires. Les plus utilisés sont les cellules de lignée continue de rein de singe
type BGM (buffalo green monkey), ou des cellules néoplastiques humaines (cellules Hela). La
probabilité d’isoler un virus augmente avec le nombre de systèmes cellulaires utilisés. Il est ainsi
recommandé d’employer au moins deux systèmes différents.
Les prélèvements concentrés sont inoculés aux cultures in vitro, et l’apparition d’un effet
cytopathogène, révélé par observation microscopique, témoigne d’une multiplication virale et signe
la présence de virus dans l’inoculum. Le nombre de particules virales infectieuses est alors exprimé
soit en NPP (nombre le plus probable) pour les techniques de culture cellulaire en milieu liquide, soit
en UFP (unité formant plages) pour les techniques de culture cellulaire en milieu solide. Les
rendements de récupération sont généralement faibles. Les résultats sont obtenus en 2 à 3 semaines
minimum.
IV.I.3. Les analyses parasitologiques
De nombreux parasites peuvent être véhiculés par les eaux usées.
Les plus recherchés dans les eaux sont deux protozoaires, Giardialamblia et Cryptosporidium
parvum qui ont été responsables ces dernières décennies d’épidémies d’origine hydrique

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incontestable. Leur recherche est donc utile et souvent nécessaire, en particulier pour les eaux
souterraines influencées par les eaux de surface.
La méthode est normalisée. Elle est commune pour la détection des kystes de Giardia et
de Cryptosporidium et comprend plusieurs phases :
 concentration d’un grand volume d’eau par filtration sur cartouche en polyéther sulfone puis
élution par agitation mécanique en présence d’une solution détergente ;
 reconcentration par centrifugation puis extraction des kystes par immuno-séparation
magnétique (IMS) ;
 marquage par immunofluorescence (Anticorps monoclonaux marqués par un fluorochrome :
l’isothiocyanate de fluoresceïne (FITC), capables de se fixer spécifiquement sur les antigènes
de surface des kystes) et coloration des acides nucléiques par DAPI (4’,6-diamino-2-phényl-
indole) ;
 l’observation microscopique à la longueur d’onde d’excitation de 490 nm révèlent les kystes
colorés en vert pomme fluorescent.
Les résultats peuvent être obtenus dans la journée.
Cette méthode cible uniquement la forme enkystée du parasite et non la forme végétative infectieuse.
Pour évaluer la viabilité ou l’infectivité des kystes, les tests existants (coloration spécifique, technique
d’excystation, infectivité sur souriceaux) sont peu adaptés aux échantillons de l’environnement car
leur seuil de sensibilité est souvent trop élevé.
IV.I.4. Les techniques de biologie moléculaire
Appliquées au contrôle sanitaire de l’eau potable, les techniques de détection moléculaire devraient
constituer une révolution dans le domaine de l’analyse et permettre d’assurer une surveillance plus
complète et plus réactive de la qualité microbiologique de l’eau. Seules quelques applications existent
à ce jour mais de nombreux programmes de recherche et développement sont en cours.
Contrairement aux méthodes traditionnelles d’identification qui étudient les caractères
morphologiques et physiologiques des micro-organismes, l’identification moléculaire repose sur la
reconnaissance d’une ou plusieurs séquences nucléiques, contenues dans la molécule d’ADN (ou
d’ARN ) présentes dans tout micro- organisme vivant (bactéries, parasites, virus…). Les principaux
avantages des outils sont leur rapidité, leurs hauts niveaux de spécificité et de sensibilité, ainsi que
leur aptitude à l’automatisation. Ce sont des outils universels applicables à l’analyse de tous micro-
organismes même ceux que l’on ne sait pas identifier par les méthodes traditionnelles.
Parmi les différentes techniques moléculaires, la technique PCR (Polymerase Chain Reaction)
constitue l’un des outils de diagnostic les plus prometteurs. Cette étape d’amplification génique
consiste à multiplier près d’un million de fois l’ADN cible du micro-organisme recherché, il n’est
donc plus besoin de cultiver les bactéries sur boîtes de pétri ou d’isoler les virus par culture cellulaire.

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Pour mettre en évidence la viabilité des micro-organismes et s’assurer qu’ils ne sont pas « morts »,
les chercheurs utilisent la technique de RT- PCR (reverse transcriptase-polymerase chain reaction)
qui cible les molécules d’ARN (ARN messager, ARN ribosomique) dont la présence témoigne d’une
activité métabolique des cellules.
La principale difficulté réside dans le fait que les micro-organismes pathogènes ou les indicateurs de
contamination fécale que l’on recherche, sont présents en faibles proportions (quand ils le sont !) au
milieu d’une flore « autochtone » souvent abondante. Les conditions opératoires doivent donc être
optimisées pour s’affranchir des interférences potentielles et éliminer tout risque de faux négatifs.
IV.I.5. Algologie
Le dénombrement des algues peut se faire par examen en microscopie optique ou électronique. Les
espèces sont différenciées par la nature des pigments qu’elles synthétisent, leur morphologie ou leur
mode de reproduction.
Les échantillons sont généralement fixés par addition de formol (3 à 5 mL de solution à 40 % de
formaldéhyde pour 100 mL d’échantillon). Si l’eau est pauvre en algues, il faut procéder à une
concentration. Celle-ci peut être réalisée par centrifugation (5000 t.min–1), par sédimentation (1
semaine dans une éprouvette de 1 L), ou par filtration sur sable fin ou sur membrane. Un comptage
optique est ensuite effectué. Les résultats sont exprimés en nombre d’organismes ou de cellules,
parfois en unités planimétriques standard (1 ups = 400 μm2) par mL ou par L d’eau.
On peut également évaluer la charge globale en algues d’une eau par le dosage des pigments
chlorophylliens, notamment les chlorophylles a et b, après concentration sur membrane et extraction
par l’acétone ou le méthanol.
IV.2. Désinfection de l'eau
Définition
La désinfection est l'étape ultime du traitement de l'eau de consommation avant distribution. Elle
permet d'éliminer les micro-organismes pathogènes de l'eau. Il peut subsister dans l'eau quelques
germes banals, car la désinfection n'est pas une stérilisation (stérilisation = destruction de tous les
germes présents dans un milieu).
a) Effet bactéricide et effet rémanent
La désinfection des eaux comporte deux étapes importantes, correspondant à deux effets différents
d'un désinfectant donné.
 Effet bactéricide : c'est la capacité de détruire des germes à une étape donnée du traitement.
 Effet rémanent : c'est un effet du désinfectant qui se maintient dans l’eau, en particulier dans
le réseau de distribution, et qui permet de garantir la qualité bactériologique de l'eau jusqu’au
robinet du consommateur : c'est à la fois un effet bactériostatique contre les reviviscences
bactériennes et un effet bactéricide contre des pollutions faibles et ponctuelles survenant dans

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le réseau, en même temps qu’une prévention des développements de micro-invertébrés dont des
formes de résistance ou de reproduction auraient pu traverser la station.
b) Conditions générales pour une bonne désinfection
Pour être efficace, la désinfection doit être effectuée sur une eau de bonne qualité. La teneur
en matières en suspension doit être aussi réduite que possible, et au maximum égale à 1 mg/L. En
effet, les bactéries et surtout les virus s'agglomérent sur les MES (matières en suspension), qui les
protègent de l'effet des désinfectants.
La teneur en MO (matière organique), COT (carbone organique totale), et surtout en COA
(carbone organique assimilable) ou CODB (carbone organique dissout biodégradable) doit
être la plus faible possible, sinon l'eau va consommer le résiduel du désinfectant, ce qui par
conséquernt :
entraînera un surdosage de ce réactif ;
rendra difficile le maintien d’un résiduel dans le réseau sauf rajouts en différent points de celui-
ci ;
permettra des reviviscences bactériennes en cours de distribution ;
fera apparaître des sous-produits nuisibles.
Il faut cependant que la recherche de la réduction de formation des THM (Trihalométhane) ne se
fasse pas au détriment de l'efficacité de la désinfection elle-même.
c) Conditions d'application des différents réactifs utilisés
Une bonne désinfection via les réactifs oxydants demande la combinaison d'une concentration
résiduelle C avec un temps de contact T ; c'est le facteur C.T :
Cette valeur varie avec les micro-organismes concernés, le type de désinfectant et la température. A
titre indicatif, on peut donner les règles suivantes :
Chlore
Le maintien d'un taux de 0,5 mg.L-1 de chlore libre, pendant un temps de contact de 30 min (C.T =
15) à pH inférieur à 8, permet d'éliminer les bactéries pathogènes et les virus de la poliomyélite ;
mais on risque de voir apparaître des goûts et des THM dans le réseau en présence de COT.
Dioxyde de chlore
Le maintien d'un taux de 0,2 mg.L-1 pendant 15 min (C.T = 3) assure une protection efficace. L'effet
rémanent est important. Mais il n'est pas souhaitable, et même interdit dans certains pays, d'utiliser
une dose trop importante de CℓO2 pour la désinfection. L'action oxydante de CℓO2 sur les MO libère
l'ion CℓO2- qui a été reconnu comme toxique et communique à l'eau une saveur métallique
désagréable.
Il existe actuellement quatre méthodes courantes pour la désinfection de l’eau:
IV.2.1. La chloration

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La chloration est un moyen simple et efficace pour désinfecter l’eau en vue de la rendre potable.
Elle consiste à introduire des produits chlorés (pastilles de chlore, eau de javel,….) dans de l’eau pour
tuer les micro-organismes qu’elle contient. Après un temps d’action d’environ 30 minutes, l’eau est
normalement potable. Elle le reste pendant quelques heures ou jours (en fonction des conditions de
stockage) grâce à l’effet rémanent du chlore.
Ce procédé est utilisé depuis plusieurs dizaines d’années. Dans les grands réseaux de distribution
d’eau potable, du chlore est ajouté dans l’eau pour que l’eau ne soit pas contaminée pendant son
transport depuis l’usine de traitement jusqu’à l’utilisateur. Par ailleurs, la chloration est utilisée à
l’échelle individuelle, familiale ou collective dans de nombreux pays en développement là où l’eau
disponible est susceptible d’être contaminée. Elle est aussi mise en place par les organismes de
solidarité internationale dans des situations d’urgence.
Le traitement de l’eau par chloration permet d’éliminer de façon simple et à faible coût la plupart
des microbes, bactéries, virus et germes responsables de maladies comme la dysenterie, la typhoïde
et le choléra. Il ne peut toutefois détruire certains microorganismes parasites pathogènes. La
chloration désinfecte donc l’eau mais ne la purifie pas entièrement.
La chloration est appropriée dans tous les milieux où les sources d’eau ne sont pas de qualité
suffisante et où des produits chlorés adaptés sont disponibles.
Le chlore, ou ses dérivés chlorés, est un oxydant puissant qui, mélangé à l’eau, brûle les matières
organiques qu’elle contient, et en particulier les virus pathogènes et les microbes en une demie heure.
Une partie importante du chlore étant nécessaire pour neutraliser ces matières organiques, il n’en reste
cependant qu’une partie, appelée chlore résiduel libre, pour traiter la contamination éventuelle
ultérieure de l’eau dans le réseau ou les habitations. La concentration en chlore libre de l’eau
traitée doit être selon l’OMS de 0,2 à 0,5 mg/l.
Il faut donc utiliser assez de chlore pour qu’il en reste assez une fois l’eau traitée, sauf consommation
immédiate.
Il existe plusieurs procédés de chloration, lesquels varient d’ailleurs selon la qualité de l’eau à
traiter.
La chloration n’est en effet efficace que sur une eau claire. Si l’eau n’est pas transparente, si des
impuretés visibles à l’œil nu sont présentes, la chloration sera beaucoup moins efficace. Il faut dans
ce cas procéder à un traitement préliminaire.
Si l’eau est claire, on peut procéder directement à la chloration. La quantité de produit chloré
nécessaire varie néanmoins selon la qualité de l’eau brute (elle est d’autant plus faible que l’eau est
claire et que son PH est inférieur à 8, donc plutôt acide), selon le degré de concentration du produit
utilisé, le volume d’eau et la durée souhaitée de maintien de la qualité de l’eau après traitement.

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On considère dans la majorité des cas, et si l’eau est claire, qu’il faut utiliser 5 mg de chlore actif par
litre d’eau et attendre environ 30 minutes. Mais si l’eau est trouble, il convient de la filtrer et de la
faire décanter.
Avantages et inconvénients de la désinfection de l’eau par la Chloration
Le chlore est un désinfectant puissant, traditionnellement utilisé pour le traitement de l’eau potable
municipal.
Les avantages de la chloration :
L’investissement est plus faible que pour un système d’ozonisation ;
Le système est très simple: il suffit d’utiliser une pompe à injection ou un injecteur venturi pour
mélanger du chlore avec l’eau ;
Le traitement est rapide, peu coûteux et relativement simple à mettre en œuvre. Il existe une
variété intéressante de moyens ;
Il peut être utilisé à l’échelle individuelle, familiale ou collective ;
L’eau traitée par chloration est normalement protégée des micro-organismes et germes pendant
quelques jours.
Les Inconvénients de la chloration :
 Le chlore donne un goût caractéristique à l’eau ;
 Certains dérivés chlorés sont dangereux ;
 L’installation nécessite le transport et le stockage de produit toxique ;
 L’efficacité du chlore dépend du pH de l’eau ;
 La fiabilité de ces traitements est bonne, mais pas sans faille ;
 Les produits ne sont pas disponibles partout et les indications de concentration manquent parfois
de fiabilité ;
 Il est difficile de traiter de grandes quantités d’eau ;
 La dose de chlore n’est pas toujours facile à déterminer ;
 La chloration des eaux peut créer des sous-produits (composants organo-chlorés) jugés nocifs
sur le plan sanitaire.
IV.2.2. L’Ozonisation
L’ozone, molécule composée de trois atomes d’oxygène, possède un pouvoir désinfectant très grand
(plus efficace que le chlore). Il est instable et se décompose naturellement en oxygène. Le maintien
d'un taux de 0,4 mg.L-1 pendant 4 min (C.T = 1,6) est recommandé pour l'élimination des bactéries
pathogènes et des poliovirus. A 5° C un C.T égal à 2 semble nécessaire pour assurer l'élimination des
kystes de Giardia et supérieur à 15 pour les oocystes de Cryptosporidium. Dans ces conditions il
serait impératif de vérifier que la mise en œuvre d'un tel traitement n'entraîne pas la formation de
sous-produits d'oxydation indésirables, notamment les bromates (BrO3-) qui sont considérés comme

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dangereux à des valeurs < 10 µg/L. En fait, de telles observations sont à l’origine de la conception
des traitements "multibarrières" déjà évoquée : désinfection chimique contre les bactéries et virus en
appliquant les critères habituels, alors que l’élimination des kystes reposera surtout sur l’efficacité de
la filtration (sur matériaux granulaires ou mieux sur membranes de clarification) ou encore de
l’irradiation U.V.
La désinfection par l'ozone exige que l'eau à ozoner ne contienne plus de manganèse soluble (Mn 2+)
sous peine de communiquer à l'eau une couleur rose. Cette couleur évolue ensuite vers le brun-marron
par suite de la précipitation de MnO2.
Au vu de ce qui a été indiqué dans les paragraphes précédents, il convient de ne pas utiliser l'ozone
comme désinfectant dans l'étape ultime du traitement : il faut ensuite prévoir une filtration sur charbon
actif en grains qui aura pour objectif de réduire les concentrations en CODB afin de limiter les risques
de reviviscence dans le réseau de distribution.
IV.2.2.1. Les avantages de l’ozonisation
 L’ozone se décompose en oxygène, sans laisser de produits dérivés dans l’eau ;
 L’ozone est produit sur place (pas de transport de produits toxiques ni de consommable à changer
régulièrement
IV.2.2.2. Les désavantages de l’ozonisation
 La production d’ozone consomme de l’énergie ;
 Le système est assez complexe ;
 Certains matériaux ne sont pas résistants à l’ozone ;
 Ce système demande un investissement de départ important.
IV.2.3. Rayonnement Ultraviolet (UV)
L’eau est soumise à un rayonnement ultraviolet à une longueur d’onde ayant un pouvoir biocide
(UVc, longueur d’onde d’environ 254 nm).
Les effets de la désinfection par ultraviolets ainsi que les doses recommandées sont fonction de la
transmittance des eaux traitées, des micro-organismes visés et du rendement d’élimination recherché.
En désinfection d’eau potable, vu les très bonnes transmittances (tr >90% m-1) sur des eaux <1 NTU,
des doses de 20 à 40 mJ/cm² sont recommandable et l’emploi de systèmes utilisant des lampes
moyenne pression s’impose (faible nombre de lampes – faible encombrement…),
IV.2.3.1. Conditions de mise en œuvre :
 La géométrie et donc l’hydraulique de l’appareil est importante : à l’heure actuelle, l’efficacité
des chambres de contact peut être appréciée par des modélisations informatiques des
écoulements qui prennent en compte l’hydraulique du système (et donc les temps de passage de
l’eau dans la zone d’influence des lampes génératrices d’UV), la puissance du faisceau ainsi
que son atténuation consécutive à l’absorption par l’eau et ses substances dissoutes.

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 Une bonne élimination du fer et de la couleur est nécessaire tant pour obtenir une bonne
transmittance que pour éviter des salissures importantes des gaines de quartz qui protègent les
lampes.
 Vu les assez forts dégagements de chaleur, il faut veiller à ce que l’eau soit légèrement agressive
pour éviter des entartrages rapides des dites gaines.
 De toute façon, les réacteurs doivent disposer d’un système de nettoyage automatique des dites
gaines.
IV.2.3.2. Les avantages de l’Ultraviolet
 Le système est bon économique à l’investissement et à l’utilisation ;
 Il n’y a pas de stockage de produit chimique ; le traitement ne laisse aucun dérivé (sous-produit
dommageable) dans l’eau ;
 Il est efficace pour l’inactivation de tous les micro-organismes y compris des kystes de
protozoaire.
IV.2.3.3. Inconvénients de l’Ultraviolet
Le rayonnement UV a, si l’on n’y prend garde, deux inconvénients :
il n’y a pas de possibilité de vérifier l’efficacité de la dose délivrée par la mesure d’un résiduel
comme dans le cas des oxydants chimiques ; il est donc indispensable que le réacteur soit muni de
capteurs UV (si possible 1 capteur par lampe) permettant de contrôler en continu le rayonnement
réellement émis par les lampes, ceci afin de :
 suivre le vieillissement normal de celles-ci (compensé par une augmentation du courant
appliqué à la lampe),
 être prévenu instantanément d’une éventuelle défaillance de l’une d’elles pour mettre en
service automatiquement un réacteur de réserve ou intervenir de suite pour changer la lampe
défaillante (quelques minutes d’arrêt seulement),
sans effet rémanent, et sauf réseau court ou particulièrement bien entretenu, il doit être couplé avec
l’injection d’un autre désinfectant à effet rémanent (Cℓ2 - CℓO2 – chloramine).
Les U.V. inactive mais n’élimine pas les bactéries ;
L’eau doit donc être consommée directement après traitement ;
Les particules dans l’eau stoppent les rayons U.V. et diminue l’efficacité du traitement.
IV.2.4. Microfiltration
Les microfiltres ont des pores suffisamment petits (0.2 µm) pour arrêter les bactéries présentes dans
l’eau.
IV.2.4.1. Les avantages de la microfiltration
 L’investissement est très faible ;
 Le système est très simple ;

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 Les bactéries sont enlevées de l’eau, et pas seulement inactivées
IV.2.4.2. Les désavantages de la microfiltration
Le système est coûteux à l’utilisation, car il faut renouveler régulièrement les cartouches filtrantes ;
La microfiltration n’a aucun effet sur les virus, qui sont plus petits que les bactéries
Choix de la méthode de désinfection On choisit un type de désinfection en tenant compte de plusieurs
critères :
IV.3. Grandeur de l’installation
Pour de petites installations, l’investissement nécessaire pour la chloration ou l’ozonisation
rend ces méthodes peu rentables. De plus, chloration et ozonisation nécessitent des connaissances
techniques car on travaille avec des produits dangereux. On choisira donc, pour des petites
installations de préférence la stérilisation U.V., qui est simple à mettre en œuvre et économique. La
microfiltration est économique pour les très petits débits. Ils conviennent pour un usage irrégulier. La
microfiltration peut être combinée à la stérilisation U.V..
L’ozone est un oxydant puissant qui possède la plus large gamme d’application. Il possède
une forte activité virulicide. De plus, il est aussi efficace contre les protozoaires, contrairement aux
composés chlorés. Les U.V. sont très efficaces mais certaines algues et moisissures nécessitent des
doses d’exposition très importantes. La microfiltration est inefficace contre les virus, car leur taille
est plus petite que les pores du filtre.
IV.4. Caractéristiques de l’eau en sortie
La microfiltration et la stérilisation U.V. n’ajoute aucun élément extérieur à l’eau. Dans le cas des
U.V., les produits issus de la lyse des bactéries changent légèrement la composition de l’eau. L’ozone
ajouté à l’eau change temporairement ses caractéristiques mais il se décompose peu à peu en oxygène
moléculaire. Le chlore laisse des dérivés dans l’eau, dont certains présentent un toxicité que l’on
connaît encore mal.
IV.5. Intervalle entre traitement et consommation
Lorsque l’eau est traitée au niveau du consommateur, toutes les méthodes sont applicables. Si l’eau
doit par contre attendre avant d’être consommée (réseau de distribution ou réservoir), il faut que l’eau
reste potable durant un certain temps. Dans ce cas, il faut éviter d’utiliser les U.V. car les bactéries
peuvent redevenir actives dans certaines conditions, même sans contamination extérieure. L’ozone et
la microfiltration sont utilisables, pour autant qu’il n’y ait pas de contamination après traitement. Le
chlore possède un effet rémanent qui garantit une désinfection dans le réseau, jusqu’au point de
consommation. C’est pourquoi le chlore est employé dans pratiquement tous les réseaux de
distribution d’eau potable.
Depuis la station de pompage au niveau du captage jusqu'à la station de potabilisation, l'eau circule
dans des canalisations par gravité, avec parfois des stations de relèvement selon le contexte

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hydraulique et géographique local. Le service d'eau doit s'assurer non seulement que les installations
mises en place évitent toute contamination de l'eau (bactériologique, chimique…), mais aussi qu'elles
sont protégées (détection d’intrusion, clôtures antipersonnel..) conformément aux directives
Vigipirate.
IV.6. Le traitement en station
Selon la qualité de l'eau brute, le traitement de potabilisation est plus ou moins complexe. On
distingue deux étapes de traitement : la clarification et la désinfection ; auxquelles s'ajoutent parfois
une étape complémentaire lorsque la qualité de l'eau brute l'impose.
La clarification repose sur des :
− Procédés physiques : élimination des Matières En Suspension (MES) par filtration (par sable ou
charbon actif), tamisage, décantation et flottation.
− Procédés physico-chimiques : lorsque l'élimination des MES nécessite une coagulation des
matériaux en suspension dans l'eau, celle-ci s'opère par ajout d'un réactif chimique.
La désinfection repose sur des :
− Procédés chimiques : il s’agit d’ajouter des produits tels que le chlore (avec risque de formation de
sous-produits suspectés de toxicité pour l'homme : les trihalométhanes), ou des oxydants puissants,
tels que le péroxyde (eau oxygénée) ou l’ozone. Ces oxydants permettent également l'élimination du
fer et du manganèse, et ont une action organoleptique (suppression de l'odeur « de terre » par
exemple).
− Outre ces procédés, il existe des traitements neutralisants et acidifiants, employés pour réguler la «
dureté » de l'eau (liée à la présence de calcaire) et son pH et ce, afin entre autres de protéger les
canalisations de la corrosion ou de l’entartrage.
− Procédés physiques : la matière organique et les microorganismes sont détruits sous l'action de
rayonnements ultraviolets.
IV.7. Traitements complémentaires
− Procédés physiques : après un éventuel traitement oxydant, l'adsorption sur charbon actif permet
d'éliminer les polluants organiques dissous, tels que certains pesticides ou des hydrocarbures. Des
résines échangeuses d'ion permettent quant à elles d'éliminer les ions nitrates par substitution.
− Procédés biologiques : la dénitrification de l'eau peut aussi s'opérer par passage de l'eau brute dans
un bioréacteur chargé de bactéries dénitrifiantes, qui transforment les nitrates en azote gazeux.
Plus récents, les systèmes par membrane de micro, ultra, voir nanofiltration, permettent une gamme
de traitement pouvant aller jusqu’à ne laisser passer pratiquement que des molécules d’eau (épuration
« totale » de l'eau) ; mais ils sont très coûteux en maintenance et en énergie.
IV.8. Les critères de potabilité de l'eau

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Pour être consommée, l'eau potable doit respecter des normes susceptibles de garantir un « risque
acceptable ». Afin de cadrer cette notion, une structure a été créée récemment par la loi relative à la
politique de santé publique du 9 août 2004 : le Haut Conseil de la santé publique (HCSP) ; une
instance d’expertise qui s'appuie sur les missions du Conseil supérieur d’hygiène publique de France
et celles du Haut Comité de la santé publique. Le HCSP est chargé de conseiller les pouvoirs publics
dans l’élaboration et l’application des normes au niveau national et constitue la référence officielle
d’expertise de la sphère publique dans le domaine de l’eau potable, entre autres.
Les limites et les références de qualité sont fixées par le décret 2001-1220 du 20 décembre 2001
relatif aux eaux destinées à la consommation humaine, transposant la directive européenne 98/83/CE
du Conseil du 3 novembre 1998 relative à la qualité des eaux destinées à la consommation humaine.
Actuellement, il existe plus de 60 critères. Ils portent sur :
 la qualité microbiologique : absence de bactéries (coliformes fécaux, streptocoques), de parasites
et de virus pathogènes ;
 la qualité physico-chimique : température, conductivité, pH, oxygène dissous
 la qualité chimique : normes au millionième de gramme par litre de substances chimiques autres
que les sels minéraux ; concentrations maximales admissibles également très faibles en
substances toxiques telles que le plomb, le chrome, autres métaux lourds, hydrocarbures et
arsenic ; seuils de tolérance en substances indésirables, telles que le fluor, les nitrates et les
phosphates ; doses infimes en pesticides ou apparentés ; teneur minimale en calcium, magnésium,
carbonate et bicarbonate pour les eaux adoucies ou déminéralisées ;
 La qualité radiologique : activité en Tritium et évaluation de la Dose annuelle Totale Indicative
(DTI) ; modalités de contrôle fixées par l'arrêté du 12 mai 2004 ;
 La qualité organoleptique : odeur, couleur, goût
IV.9. Le contrôle de la qualité de l'eau
Des contrôles de la qualité de l'eau sont effectués depuis les captages jusqu'aux réseaux de
distribution, en passant par la station et les réservoirs. Il s'agit là d'une part de l'auto-contrôle réalisé
par les distributeurs d'eau, et d'autre part du contrôle sanitaire réalisé par les Agences Régionales de
la Santé (ARS, ex DDASS). Ces contrôles reposent sur des prélèvements d'eau analysés par des
laboratoires agréés par le Ministère de la Santé.

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