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INTRODUCTION

Le régime fiscal désigne le type d’imposition et le régime d’imposition auxquels une entreprise est
soumise1. En Côte d’Ivoire, il existe quatre (4) régimes d’imposition découlant chacun sur des types
d’impôts à payer.

Il s’agit du régime de l’entreprenant, des microentreprises, du réel simplifié et du réel normal


d’imposition.

Le compte courant d’associé, lui, peut être appréhendé comme un instrument de financement ou de
refinancement qui consiste pour l'associé à consentir à la société des avances ou des prêts en versant
directement des fonds ou en laissant à sa disposition des sommes qu'il renonce provisoirement à
percevoir.2

En effet, dans le but de contribuer à l’augmentation de la marge de manœuvre de leur société, les
associés peuvent décider de consentir à la société des avances, en plus de leur part en capital.

La société peut ainsi faire face à ses besoins momentanés de trésorerie, sans formalités et pour un
coût moindre, qu’en recourant à une augmentation de capital ou à un emprunt bancaire. Cette
pratique est assez fréquente aussi bien dans les PME que dans les groupes de sociétés. 3

Ce mode de financement qui pourrait être confondu avec un produit financier bancaire a fait l’objet
de polémique en ce qui concerne sa nature.

Ainsi, à nos jours l’on ne dispose pas de définition harmonisée au sein de l’espace OHADA, les pays
de la sous-région ne tournent plus vers la définition découlant d’une décision de justice ivoirienne, à
savoir celle de l’arrêt World City c/ SOW Souleymane du 13 Avril 2001 rendu par la cour d’appel
d’Abidjan.

En Côte d’ivoire donc, les comptes courants d’associés se définissent comme étant des prêts ou
avances de fonds consentis par des associés à la société, en sus de leur capital social, quel que soit la
forme de la société.

Ce mode de financement faisant place au paiement d’intérêts, la fiscalité ivoirienne y accorde un


traitement fiscal.

Alors, quel est le traitement fiscal du compte courant d’associé ?

Au cours de notre présentation, il s’agira à travers des analyses de faire ressortir les implications
fiscales au regard de l’emprunteur (I) et celles au regard du prêteur (II)

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I- LES IMPLICATIONS FISCALES DU COMPTE COURANT D’ASSOCIES A L’EGARD DE
L’EMPRUNTEUR

En raison de la convention de compte courant d’associés qui naît entre un ou plusieurs associés
à l’égard de la société emprunteuse
et une société, des charges nouvelles vont se créer
et ces charges auront des répercussions fiscales sur celle-ci notamment au
niveau de l’impôt sur les bénéfices industriels et commerciaux(BIC).

A-Intérêts des comptes courants d’associés comme charges déductibles

Le compte courant d’associés tout en étant bénéfique pour la société, va générer des intérêts. Ces
intérêts vont donc constituer une charge pour l’entreprise emprunteuse.
Toutefois, les entreprises ont la possibilité de déduire ces charges à condition de respecter certaines
conditions.
Ainsi, pour qu’ils soient déductibles du résultat fiscal de l’entreprise, ces intérêts doivent respecter
certaines conditions, conditions énoncées par l’article 18-A-6° du CGI 4.
Celui-ci dispose que les intérêts servis aux associés à raison des sommes qu’ils laissent ou mettent à
la disposition de la société en sus de leur part de capital, quelle que soit la forme de celle-ci, sont
déductibles sous les conditions suivantes :
- Le montant total des sommes laissées à la disposition de la société ne doit excéder le
montant total du capital social de celle-ci ;
- Le montant total des intérêts servis au titre des sommes susvisées ne doit
excéder 30 % du résultat de l’entreprise avant impôt, intérêts, dotations
aux amortissements sur immobilisations et provisions ;
- Le taux des intérêts servis ne doit excéder le taux moyen des avances de la BCEAO pratiqué
au titre de l’année en cours, majoré de deux points.
En 2023, le taux pratiqué par la BCEAO est de 3%.
- Le remboursement des sommes doit intervenir dans les 5 années suivants
leur mise à disposition et la société ne doit pas faire l’objet d’une liquidation pendant cette
période ;
- Les intérêts servis à ces personnes ne sont déductibles, quel que soit leur
montant, qu’à la condition que le capital social de la société emprunteuse ait été
entièrement libéré.5

B-Limites à la déduction

Il ressort de la disposition de l’article précité, cinq (5) limites à la déduction des intérêts versés aux
associés, à savoir :

 Une limite relative aux sommes mises à disposition par les associés

4
Code général des impôts
5
Note de service n°2351/septembre/DGI-DLCD

2
 Une limite relative au versement des intérêts et au résultat fiscal de l’entreprise
 Une limite relative au délai de remboursement et à la situation de l’entreprise
 Une limite relative au taux d’intérêt
 Une limite relative à la libération du capital

II- LES IMPLICATIONS FISCALES DU COMPTE COURANT D’ASSOCIES A L’EGARD DU


PRETEUR

Les intérêts des comptes courants d'associé sont considérés comme des revenus de capitaux
mobiliers pour l'associé prêteur. Ainsi, ils sont imposables tant à l’impôt sur le revenu des créances
qu’à l’impôt sur le revenu des valeurs mobilières.

A- Au regard de l’impôt sur le revenu des créances (IRC)

L’article 192 du code général des impôts dispose : « l’impôt sur le revenu des créances s’applique aux
intérêts arrérages et tous autres produits … des comptes courants ». Autrement dit, les intérêts des
comptes courants d’associés sont soumis à l’impôt sur le revenu des créances.

L’article 193- 1 du CGI en précise le taux d’imposition en ces termes : « le taux de l’impôt sur le
revenu des créances est fixé à 18% ».

Il est aussi important de noter que cet impôt est perçu sur le montant brut des intérêts, et est
exigible dès l’échéance des intérêts prévues par la convention des parties. Selon la note de service de
la DGI6 du 20 juin 2018, « l’impôt sur le revenu des créances est à la charge exclusive du créancier,
nonobstant toute clause contraire quelle qu'en soit la date ».

En d’autres termes, c’est au prêteur que revient la charge de s’acquitter de l’IRC.

Cependant, le même texte prévoit que le créancier et le débiteur c’est-à-dire, le prêteur et


l’emprunteur, soit tenus solidairement.

On constate donc qu’en définitive, le prêteur tout comme l’emprunteur peuvent s’acquitter de
l’impôt sur le revenu des créances. Dans l’hypothèse où la charge revient à l’emprunteur, celui-ci
effectuera une retenue sur les intérêts à verser au prêteur.

La question des implications fiscales des comptes courants d’associés à l’égard du prêteur vis-à-vis de
l’impôt sur le revenu des créances ainsi réglées, qu’en est-il de ce qui concerne l’impôt sur le revenu
des valeurs mobilières ?

B-Au regard l’impôt sur le revenu des valeurs mobilières (IRVM)


6
Direction générale des impôts

3
Les intérêts des comptes courants d'associés étant considérés comme des revenus de capitaux
mobiliers pour l'associé prêteur, celui-ci est tenu de les déclarer en indiquant le montant sur sa
déclaration de revenus annuelle.

L'article 180 du CGI dispose que l'impôt sur le revenu des valeurs mobilières s'applique à tous les
bénéfices ou produits qui ne sont pas mis en réserve ou incorporés au capital social, ainsi qu'à toutes
les sommes ou valeurs mises à la disposition des associés, actionnaires ou porteurs de parts et non
prélevées sur les bénéfices. Ce sont notamment les sommes désinvesties et réintégrées au bénéfice
imposable au BIC hors amortissement et provisions.

La partie non déductible des intérêts rémunérant les comptes courants d’associés est réputée
distribuée et est par conséquent imposable à l’IRVM.

Notons que le taux effectif est de 13.63% ou 12/88. 7

7
Note de service n°2351/septembre/DGI-DLCD

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