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DROIT DE LA SANTE
INTRODUCTION
PRESENTATION
serait donc cette science appliquée à la vie. Autrement dit, la matière ou le thème
de la bioéthique serait la question du rapport à la vie et à la morale.
Sommairement dit, ce sont les problèmes moraux juridiques soulevés par la
protection de la vie. (ex l’euthanasie, les mères porteuses, la PMA, l’eugénisme 1,
etc)
La notion de politique de santé ne va pas de soi, les objectifs sanitaires sont par
nature particulièrement nombreux. La multiplicité des risques sanitaires des
pathologies, des groupes humains vulnérables rend délicate des priorités qu'appelle
l'élaboration d'une politique d'ensemble. Historiquement, les programmes de santé
concernaient principalement les politiques sectorielles ont prévalu sur le secteur de
la santé : hospitalière, les politiques du médicament, politique conventionnelle pour
les professionnels libéraux. A cela s’ajoutaient les programmes de lutte contre ce
que la législation qualifie de «fléaux sociaux», tuberculose, la lèpre, le paludisme,
typhoïde, etc. Depuis quelques années, les pouvoirs publics s'attachent à définir une
Politique Nationale de Santé.
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ensemble des méthodes de sélection destinées à améliorer la qualité de l'espèce humaine
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définis par arrêtés du ministre chargé de la santé et le cas échéant par d'autres
ministres
concernés. Les professionnels de santés quelles que soit leur mode d’exercice, et
les
établissements de santé et médico-sociales peuvent concourir à leur réalisation.
Enfin les politiques de santé s'organisent selon des échelons territoriaux diversifiés.
La Politique Nationale de la Santé de la Reproduction et de Planification Familiale
(PNSR/PF) dont les objectifs généraux prennent en compte les groupes cibles
déterminés dans le Plan
National de Développement Sanitaire (PNDS) 1996-2005. Avaient pour objectifs :
- la réduction de la Mortalité et de la Morbidité infantile ;
- l’amélioration de la santé en matière de sexualité et de reproduction des jeunes et
des adolescents.
Cette Politique Nationale de Santé de la Reproduction est mise en oeuvre à travers
quatre
programmes nationaux spécifiques ayant chacun des organes propres appelées
Directions
Exécutives ce sont :
- le Programme National de Lutte contre le SIDA/MST et la Tuberculose
(PNLS/MST/Tub);
- le Programme National de la Santé Infantile (PNSI) ;
- le Programme Elargi de Vaccination (PEV) ;
- le Programme National de la Santé de la Reproduction et de la Planification
Familiale
(PNSR/PF).
a) les mesures à prendre par les autorités administratives pour prévenir ou faire
cesser les maladies transmissibles ;
b) les mesures à prendre pour assurer la protection des denrées alimentaires mises
en vente
c) les mesures à prendre pour assurer la désinfection ou la destruction des objets
ayant servi aux malades ou qui ont été souillés par eux, et généralement des objets
quelconques pouvant servir de véhicule à la contagion ;
d) les prescriptions destinées à la salubrité des maisons, des dépendances, des
voies privées closes ou non à leur extrémité, des canaux d’irrigation ou d’écoulement
des eaux, des logements loués en garni, des hôtels et restaurants et des
agglomérations quelle qu’en soit la nature ;
e) les prescriptions relatives à l’alimentation en eau potable et à la surveillance des
puits, des lavoirs, à l’évacuation des matières usées et aux conditions auxquelles
doivent satisfaire les fosses d’aisance ;
f) les prescriptions relatives à toute autre forme de détérioration de la qualité du
milieu de vie, due à des facteurs tels que la pollution de l’air ou de l’eau, les déchets
industriels, le bruit, les effets secondaires des pesticides, raticides, la stagnation de
l’eau ou les mauvaises conditions de sa conservation.
Les dispositions de l’article 9 ne font pas obstacle au droit du maire de prendre après
avis du Conseil Municipal, tous arrêtés municipaux ayant pour objet telles
dispositions particulières qu’il jugera utiles en vue d’assurer la protection de la santé
publique. Ces arrêtés sont approuvés par le Ministre chargé de l’Administration du
Territoire, après avis de l’autorité sanitaire compétente.
sanitaire. Leurs composantes sont variables, elles reposent souvent sur des
structures et des acteurs spécifiques et mobilisent des moyens matériels et
financiers.
L'objet de cette politique est de prendre des mesures de préventions médicales pour
la santé en faveur des futurs parents et des enfants. Issue de la Loi Roussel du
23/12/1874, la PMI regroupe aujourd’hui un ensemble cohérent organisé et financé
par l’Etat et les Organisations non Gouvernementales. Elle permet de suivre la mère
et l’enfant dès la période prénatale jusqu’à l’âge scolaire.
Selon l'article 83 et suivant du code de santé publique, la santé maternelle et infantile
est l’état de complet bien-être physique, mental et social de la femme en grossesse,
de la mère et de l’enfant.
Elle vise à réduire la morbidité et la mortalité maternelles et infantiles, à promouvoir
la santé de la reproduction ainsi que le développement physique et psychosocial de
l’enfant dans le cadre de la famille.
La protection de l'enfant dès sa conception
Selon l'article 86 et suivant du code de santé publique, l’avortement provoqué ou
interruption volontaire de grossesse est interdit au Burkina Faso.
Il est interdit à toute personne:
1) d’exposer, d’offrir, de faire offrir, de vendre, de mettre en vente, de faire vendre,
de distribuer, et de faire distribuer de quelque manière que ce soit, les remèdes et
substances abortifs, sondes intra-utérines et autres objets analogues ;
2) de proférer des discours dans les lieux ou réunions publics incitant à l’avortement ;
3) de vendre, mettre en vente ou offrir, même par voie non publique, ou d’exposer,
d’afficher ou distribuer sur la voie publique ou dans les lieux publics, ou de distribuer
à domicile, de remettre sous bande ou sous enveloppe fermée ou non fermée, à la
poste ou à tout agent de distribution ou de transport, des livres écrits, imprimés
annonces, affiches, dessins, images et emblèmes relatifs aux abortifs ;
4) de faire la publicité de cabinets médicaux ou soi-disant médicaux susceptibles de
provoquer ou de favoriser l’avortement.
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A l’action sur le milieu s’ajoute une action sur les agents de transmission des
principales affections endémiques ou épidémiques. Elle peut avoir selon la nature et
la portée du péril, une portée internationale, nationale ou locale. La restriction des
conditions de circulation des hommes et des marchandises a pendant longtemps
constituée l'une des mesures de police sanitaires les plus utilisées pour éviter la
propagation des maladies.
1er principe : Le libre choix par le malade des professionnels comme des
établissements de santé constitue certainement la pierre angulaire du système
burkinabé, choix non pas dicté pour la qualité de ces soins, mais bien au contraire
par les faibles moyens financiers des populations.
Le 2ème principe applicable à l'ensemble des activités de soins : la liberté
thérapeutique.
Les professionnels de santé et les équipes des établissements proposent aux
malades sous leur seule responsabilité professionnelle, savoir-faire, les traitements à
mettre en œuvre.
Enfin le secret professionnel constitue le dernier principe commun à l'ensemble des
composantes du système de soins.
Après l'adoption de la politique des Soins de Santé Primaires, tous les États Africains
se sont investis dans le développement de leur système de santé. L'idée étant de
rendre les soins accessibles et disponibles à moindre coût surtout pour les
populations rurales. Cette nouvelle stratégie a donné par la suite naissance à une
initiative mise en œuvre pour la première fois à Bamako au Mali d'où le nom «
Initiative de Bamako ».
Les difficultés économiques qui marquent les années quatre-vingt ont entraîné des
performances de plus en plus dégradées des structures sanitaires publiques
subissant en fin de chaîne la raréfaction des ressources budgétaires. Sous
différentes philosophies (Initiative de Bamako…) le recouvrement des coûts devient
désormais la règle. Pratiquement tous les PNDS, sous différentes présentations,
reconnaissent que l’État ne peut plus supporter seul le secteur de la santé, tutelle
dénommée publique. Les consommateurs paient désormais les prestations de soins,
à des niveaux variables selon une « tarification sociale » fixée par les autorités
politiques.
Malgré les spécificités observables dans le secteur rural, la pyramide sanitaire
comprend les structures de premier niveau (dispensaire, case de santé…), les
structures dites de référence (hôpital général), les structures spécialisées (dédiées à
un handicap ou une maladie) et les centres hospitalo-universitaires. Les soins dits de
santé primaire constituent en principe le soubassement des systèmes de santé, dont
les PNDS prévoient que les structures qui en sont chargées doivent couvrir n milliers
d’habitants dans une zone géographique déterminée. Classiquement tournés vers la
santé maternelle (en particulier le suivi prénatal) et infantile (jusqu’à 2 ans) et les
pathologies courantes de la zone, les centres de santé de premier niveau prennent
aussi en compte des questions que l’éloignement de l’hôpital interdit d’ignorer ; on
pratique donc des mises en observation et de la petite chirurgie qui peut parfois,
sous le caractère de l’urgence, prendre en compte une césarienne ou une hernie
étranglée. De plus en plus les centres de santé pratiquent l’intégration de services,
c’est-à-dire doivent offrir des soins de proximité pour un registre élargi à des
pathologies relevant
Selon le second schéma, aucun contrat n’a pu se former soit parce que l’une des
parties est juridiquement incapable (ex. patient ou médecin aliéné) soit parce que le
contrat est nul
(ex. faux médecin), soit parce que le patient n’a pas choisi de contracter (médecine
du travail), soit parce qu’il est inconscient.
Dans tous ces cas, les obligations des intéressés reposent sur d’autres bases, ce qui
apparaît surtout dans le régime de la responsabilité civile (application des articles
1382 à 1384 du code civil et non de l’article 1147, même si leur contenu est
analogue, du moins en ce qui concerne les devoirs des professionnels de la santé
vis-à-vis de leurs patients.
Dans un arrêt célèbre du 20/05/1936, la Cour de Cassation a consacré l’existence du
contrat médical passé entre le patient et son médecin. Pour la jurisprudence, le
médecin s’engage non pas à guérir son malade, mais à lui donner « des soins
consciencieux, attentifs et réserve faite de circonstance exceptionnelles, conforme
aux données acquises de la science », il contracte donc une obligation de moyen et
non une obligation de résultat.
Il n’existe que peu d’unités locales de fabrication et les pays relancent des centrales
d’achat qui, sur de nouvelles bases, succèdent pour l’instant avec succès aux
pharmacies d’approvisionnement publiques. Il y a peu d’achats réciproques entre les
pays de la zone disposant d’unités de fabrication, de conditionnement ou de contrôle
de qualité. La zone est également caractérisée par une diffusion sauvage de
médicaments (les pharmacies-trottoirs) au nombre desquels on trouve des
contrefaçons parfois sans principe actif.
Comme dans la plupart des pays africains où les systèmes de santé publics sont très
faibles, le Burkina Faso n'y échappe pas. La cause principale vient de la faiblesse
extrême des salaires et de ce fait de la faiblesse des ressources humaines.
Concernant le domaine du médicament, suite à la mise en place de l’Initiative de
Bamako, une partie des recettes du médicament vient appuyer les frais de
fonctionnement des systèmes de santé et parfois même des compléments de
salaires pour les agents de santé.
I /- LA NOTION DE GRATUITE
La gratuité des soins est prévue par le décret 2016-311 du 02 juin 2016 portant
gratuité des soins au profit des femmes et des enfants de moins de cinq ans.
Comme dans la plupart des pays qui ont pris cette voie, la décision est politique et
sans préparation. La gratuité des soins a suscité beaucoup d’espoir au sein des
populations. Cependant la mise en œuvre s'est confrontée à certaines limites. Cela
s’est matérialisé par de longues files d’attentes dans les hôpitaux et les centres de
santé avec engorgement des services, allongement des délais de prise en charge,
aggravation des ruptures en médicaments.
Aujourd’hui, force est de constater que les résultats ne sont pas à la hauteur des
espérances
- manque de médicaments dans les pharmacies publiques,
- manque de matériel chirurgical (fil, bande…),
- manque de matériel d’anesthésie,
- manque de matériel de perfusion (glucose, sérum sal, perfuseur…).
Les conséquences sont la fermeture de lits d’hospitalisation, celle de blocs
chirurgicaux, des approvisionnements à travers le secteur privé trois à cinq fois plus
cher, la faillite des structures privées à but non lucratives, la démotivation du
personnel.
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marginale, la place de ces acteurs devient importante par l'arrivée sur le marché de
professionnels qui n'ont plus de destin naturel dans la fonction publique du fait des
contraintes budgétaires. A côté des tradipraticiens présents depuis toujours, les
cabinets de soins privés sont d'abord de type infirmiers et de plus en plus médical.
Officiellement réglementé, l'exercice privé de la médecine ou des soins infirmiers est
pratique sans réel contrôle, de surcroît par un jeu de circonstances croisées un
nombre non négligeable d'acteurs publics de soins est également prestataire privé.
Le nombre réel de cabinets est en général le double ou le triple de celui disposant
des autorisations ad hoc. Les laboratoires d'analyses médicales se développent sur
un marché ouvert par la dégradation des structures publiques.
Alors que les cabinets infirmiers et les laboratoires se rencontrent sur toute l'étendue
du territoire, les médecins sont concentrés dans quelques centres urbains quand ils
ne sont pas installés pour 90% d'entre eux dans les capitales. Pour les mêmes
raisons de raréfaction des capacités budgétaires publiques, le secteur de
l'hospitalisation privée est en pleine croissance dans les capitales, ces cliniques
fonctionnent également bien souvent avec des praticiens du secteur public.
A côté des structures ayant pignon sur rue gravite dans la clandestinité une nuée de
cabinets principalement infirmiers. Enfin, il faut signaler depuis le début des années
quatre-vingt-dix, l'apparition d'une formule promise à un grand développement: les
centres de santé à gestion associative, structures médicales privées en convention
avec l'État dans lesquelles la qualité des soins et l'accessibilité économique
représentant une véritable alternative aux offres de soins publique et lucrative. Ces
structures parfois appelées communautaires sont aussi signalées dans d’autres
pays de l'Afrique de l'ouest
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LA RESPONSABILITÉ MÉDICALE :
TENDANCES ET PRINCIPES
On peut aisément penser que, dans un tel contexte, les situations susceptibles de
générer des recours en responsabilité se sont accrues avec le temps.
Nous discuterons des principes fondamentaux de la responsabilité civile dans le
cadre des obligations de l'agent de santé face à son patient. Pour ce faire, nous
exposerons les concepts juridiques de ces obligations que nous illustrerons à l’aide
de cas concrets répertoriés dans la jurisprudence.
2.1 La faute
Les auteurs Jean-Louis Baudoin et Patrice Des lauriers, dans leur célèbre traité sur
la responsabilité civile, discutent de la notion de faute en ces termes :
Manquement à un devoir
Pour certains, est en faute la personne qui fait défaut de se conformer aux devoirs
généraux ou spécifiques de conduite imposés par le législateur.
Lorsqu'aucune norme particulière de comportement n’est prévue, il y a faute quand,
volontairement ou par simple imprudence, l’individu transgresse le devoir général de
ne pas nuire à autrui.
Cette définition a l’incontestable avantage de consacrer le caractère d’unicité de la
faute contractuelle et de la faute extracontractuelle, la première étant la
transgression d’une obligation conventionnellement créée, la seconde d’un devoir
imposé par le législateur.
L’analyse doit cependant être poussée plus loin et il convient de préciser d’une
manière plus ferme le contenu et l’intensité du devoir général de ne pas nuire à
autrui. De plus, ce n’est pas tant le manquement à ce devoir considéré seul et de
façon abstraite qui est constitutif de faute, mais bien ce manquement lorsqu’il est dû
à une conduite que n’aurait pas une personne raisonnable.
Le contrat naît d’un simple « accord de volonté par lequel une ou plusieurs
personnes s’obligent envers une ou plusieurs autres à exécuter une prestation.
En matière médicale, le contrat se forme par le seul échange de consentement entre
une personne capable de contracter et un agent de santé. Ainsi, dès que l'agent de
santé reçoit et accepte d’agir pour un patient, à son bureau ou encore à l’hôpital, le
contrat médical prend effet.
Par ailleurs, une faute civile extracontractuelle représente un manquement à une
obligation précise imposée à tous par le législateur ou le manquement à une
obligation de respecter les règles de conduite qui, suivant les circonstances, les
usages ou la loi, s’imposent de manière à ne pas causer préjudice à autrui.
En matière médicale, une faute civile extracontractuelle pourra survenir dans le cas
où le patient n’est pas en mesure de consentir aux soins. Ainsi, le patient inconscient
à l’urgence ou encore celui, sous anesthésie, à qui des soins non prévus sont
prodigués n’est pas en mesure de consentir et, de ce fait, il ne peut être question de
la naissance d’un contrat entre les parties.
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Hormis l’obligation de résultat que l’on peut retrouver dans des cas particuliers
impliquant, par exemple, l’utilisation d’appareils ou dans des cas de non-respect du
secret professionnel, de façon constante, la doctrine et la jurisprudence ont convenu
que les obligations incombant aux agents de santé étaient des obligations de moyen,
à savoir que le comportement de l'agent de santé ne peut être qualifié de fautif s’il
s’est conformé aux standards généralement reconnus dans la profession. On réfère
toujours au comportement du praticien normalement prudent et compétent.
L'agent de santé a le devoir d’agir avec diligence et habilité, d’exercer sa profession
selon les normes médicales actuelles les plus élevées possibles. Naturellement, on
ne peut exiger de lui la guérison du patient. Il y a trop d’éléments hors de son
contrôle.
Pour les mêmes raisons, il est d’ailleurs interdit à l'agent de santé de promettre un
résultat à un patient : il doit s’abstenir de garantir, expressément ou implicitement,
l’efficacité d’un examen, d’une investigation ou d’un traitement ou la guérison d’une
maladie. S’il le fait, malgré tout, il pourra être tenu d’indemniser la
victime si le résultat n’est pas atteint. Par exemple au Canada, un chirurgien
orthopédiste, le docteur St-Hilaire, a été poursuivi par madame Fiset. Cette dernière
souffrait d’une malformation du poignet, dite maladie de la Madelung, et le médecin
lui avait promis que l’intervention améliorerait son état, ce qui ne s’est pas produit. La
Cour a rappelé que le principe de l’obligation de moyen qui s’impose généralement
au médecin « peut souffrir des exceptions comme dans le cas présent, où le
défendeur a garanti le résultat ».
Si, en présence d’une obligation de résultat, il est facile de constater la faute par la
seule absence de l’issue attendue, sa détermination est loin d’être aussi aisée dans
le cas d’une obligation de moyen ou de diligence.
de ne pas avoir décelé la méningite lors de son dernier examen puisqu’il s’était
comporté d’une façon prudente et diligente dans les circonstances.
La notion d’erreur non fautive élaborée par certains de nos tribunaux reflète le
fait que la médecine n’est pas une science exacte et que le médecin ne peut
être tenu à une obligation de résultat envers son patient.
gynécologie. Il avait prescrit à sa patiente un contraceptif oral alors qu’elle avait déjà,
dans le passé,
présenté une phlébite et qu’il en avait été informé. La demanderesse fut victime
d’une hémorragie
cérébrale la laissant partiellement paralysée.
La Cour fut d’avis que le médecin devait connaître le danger de la prise d’un
contraceptif
oral dans ces conditions et que les informations clairement transmises par la patiente
auraient du
l’inciter à une plus grande attention.
b) L’examen
Une fois le questionnaire effectué, le médecin procède ensuite à l’examen physique
et/ou
psychique selon les plaintes rapportées et les circonstances. Cela implique une
approche
systématique et bien ordonnée avec revue complète des systèmes concernés. Les
observations alors
faites devraient également être consignées au dossier du patient.
Dans l’affaire Lauzon c. Taillefer, mentionnée précédemment, une patiente de 69 ans
se
plaignait d’une baisse de vision accompagnée d’une douleur aux yeux. Elle avait été
référée à
l’ophtalmologiste par un optométriste. Suite à un bref examen, l’ophtalmologiste avait
diagnostiqué
une cataracte et avait conseillé à sa patiente de le revoir dans un an. Au cours des
mois qui suivirent,
la vision de la patiente avait continué à se détériorer. Elle consulta alors un autre
médecin qui lui
diagnostiqua un glaucome. Malgré des traitements et une intervention chirurgicale, la
patiente
souffra d’une perte de vision affectant de façon importante son autonomie. Elle
reprocha au
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défendeur de ne pas avoir pris sa tension oculaire lors de son examen et d’avoir fait
un mauvais
diagnostic.
Le tribunal considéra, entre autres, que le médecin n’avait fait qu’un examen
sommaire, sans
même vérifier le fond de l’oeil, et qu’il n’avait attaché aucune importance aux plaintes
de sa
patiente.
Dans l’affaire Farrese c. Fichman33, le médecin suivait une patiente diabétique
depuis plus
de 20 ans et savait qu’elle souffrait d’amblyopie sévère à l’oeil gauche. La patiente
développa une
rétinopathie diabétique proliférante compliquée avec un rubéosis iridis dans les deux
yeux. Le
tribunal fut d’avis que le médecin, le docteur Fichman, avait commis une faute
professionnelle en
négligeant, entre autres, d’examiner l’oeil droit et en jugeant de la gravité de la
condition de sa
patiente sans tenir compte de la condition de l’oeil droit.
Dans Boies c. Hôtel-Dieu de Québec34, la responsabilité d’un interne a été retenue,
celui-ci
ayant laissé un corps étranger dans l’oeil de son patient. La Cour considéra qu’il
avait procédé à un
examen insuffisant et qu’il n’avait pas demandé l’avis du médecin superviseur.
c) Les tests
Dans sa démarche diagnostique, le médecin procède à la prescription d’examens de
laboratoires et paracliniques qui ont une relation pertinente avec les données
recueillies lors de
l’anamnèse et de l’examen.
Le fait de prescrire des tests inutiles ou inappropriés peut être générateur de
responsabilité
dans l’éventualité où le patient se retrouve confronté à des risques supplémentaires
qui se réalisent.
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releva d’anormalité. Le patient consulta finalement un autre médecin qui parla alors
d’une lésion
cancéreuse au larynx. Le tribunal, après avoir considéré le nombre de visites
médicales, les examens
effectués et la persistance des symptômes, conclut que le médecin était responsable
car il aurait dû
faire plus que ce qu’il avait fait (radiographie et laryngoscopie sous anesthésie).
2.1.5.2.2 Le traitement
Une fois le diagnostic posé, c’est la phase thérapeutique qui s’amorce. Pour une
même
pathologie plusieurs traitements peuvent exister. Le médecin doit conseiller son
patient dans le
choix du traitement. Le médecin est entièrement libre de ses choix thérapeutiques en
autant que
ceux-ci correspondent aux normes médicales habituellement reconnues et qu’ils
tiennent compte
des besoins exprimés par le patient. Le médecin doit être en mesure de faire part à
son patient de
l’approche qu’il privilégie ainsi que des motifs qui justifient son choix (incluant les
risques en jeu).
Comme pour le diagnostic, l’obligation relative au traitement est liée aux moyens
utilisés et
non aux résultats obtenus.
La faute du médecin peut, tout d’abord, consister en une mauvaise approche
thérapeutique.
Le médecin pourra être tenu responsable s’il utilise un traitement dépassé,
dangereux, non éprouvé
ou inadéquat plutôt qu’une thérapie moderne, qui a fait ses preuves ou moins à
risques.
On peut penser, par exemple, au docteur Bisson, omnipraticien qui fait actuellement
l’objet
d’une procédure devant le comité de discipline des médecins pour avoir pratiqué,
chez deux
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patientes, une augmentation mammaire par transfert de gras. Cette technique serait
controversée et
même déconseillée par le Collège et l’Association des spécialistes en chirurgie et
esthétique du
Québec.
Il nous faut souligner, toutefois, que la jurisprudence a toujours refusé de prendre
parti dans
les querelles scientifiques lorsque les thérapies concernées étaient respectivement
scientifiquement
valables et éprouvées selon les données existantes45.
Pour ce qui est de l’administration du traitement, on reconnaît que cela doit être fait
avec
prudence et habilité raisonnable en tenant compte des circonstances et des
compétences de la
personne qui l’administre.
En ce qui concerne la prescription ou l’ordonnance médicale, le médecin doit être en
mesure
de connaître les indications du médicament, ses contre-indications, ses effets
secondaires et ses
interactions avec les autres médicaments ou pathologies du patient. Rappelons
l’affaire Schierz c.
Dodds, discutée précédemment, où un médecin a été trouvé responsable après avoir
prescrit à une
patiente, présentant des antécédents de phlébite, un contraceptif oral.
La prescription ou l’ordonnance médicale, de mêmes que les notes du médecin
auront
avantage à être écrites de façon lisible. Pensons à l’affaire Pépin c. Hôpital du Haut
Richelieu déjà mentionnée. D’ailleurs le Règlement sur les normes relatives aux
ordonnances faites par un
médecin46 exige qu’il en soit ainsi.
2.1.5.3 L’obligation de suivi
L’obligation de suivi est issue des règles générales de la responsabilité civile et de la
jurisprudence créée par les tribunaux. De plus, cette obligation se retrouve
également dans certaines
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lois ou règlements dont le Code de déontologie des médecins47 qui stipule, à l’article
35, ce qui suit :
« Le médecin qui ne peut plus assumer le suivi médical
requis chez un patient doit, avant de cesser de le faire, s'assurer que
celui-ci peut continuer à obtenir les services professionnels requis
et y contribuer dans la mesure nécessaire. »
Également, la Loi sur les services de santé et les services sociaux48 mentionne, à
l’article 5,
que :
« Toute personne a le droit de recevoir des services de santé
et des services sociaux adéquats sur les plans à la fois scientifique,
humain et social, avec continuité et de façon personnalisée et
sécuritaire. »
Ainsi, le médecin ne doit pas abandonner son patient. Le médecin traitant doit faire
preuve
de disponibilité raisonnable envers celui-ci. Il doit assurer un suivi personnel et, en
cas
d’indisponibilité, il doit prévoir un remplaçant. Il doit informer son patient du moment
et de la
fréquence du suivi. Le médecin doit également lui faire part du résultat des examens
de laboratoires
ou paracliniques demandés et/ou, le cas échéant, du changement de diagnostic.
L’obligation de suivi est importante dans le contexte du contrôle du diagnostic et du
contrôle
du traitement. Le médecin doit être en mesure de s’assurer de l’absence ou non de
complications et
d’effets secondaires en raison du traitement mis de l’avant. Il doit faire part au patient
des signes et
symptômes susceptibles de nécessiter une nouvelle consultation.
Le médecin traitant demeure le chef d’orchestre de tout le processus thérapeutique
dès la
prise en charge du patient, c’est-à-dire dès la formation du contrat de soin. Ce
contrat prendra fin,
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par exemple, par le refus de collaborer du patient, son refus de traitement, son désir
de consulter un
autre médecin, son décès ou encore par la retraite du médecin lui-même, son
incapacité à assurer les
soins, le transfert définitif du patient à un autre médecin ou la guérison complète de
celui-ci.
2.1.5.4 L’obligation au secret professionnel
Le secret professionnel du médecin a été élevé législativement au Québec au rang
des droits
fondamentaux reconnus par l’article 9 de la Charte des droits et libertés de la
personne49, lequel
précise ce qui suit :
« Chacun a droit au respect du secret professionnel.
Toute personne tenue par la loi au secret professionnel et
tout prêtre ou autre ministre du culte ne peuvent, même en justice,
divulguer les renseignements confidentiels qui leur ont été révélés
en raison de leur état ou profession, à moins qu'ils n'y soient
autorisés par celui qui leur a fait ces confidences ou par une
disposition expresse de la loi.
Le tribunal doit, d'office, assurer le respect du secret
professionnel. » [notre emphase]
Bien que cette disposition de la Charte ne s’adresse pas nommément aux médecins,
elle
renvoie aux lois particulières auxquelles ils sont assujettis et qui prévoient ce devoir
de secret.
La Loi médicale50 édicte, à l’article 42, que le médecin « ne peut être contraint de
déclarer ce
qui lui a été révélé à raison de son caractère professionnel ». Le Code de
déontologie des
médecins51, bien que n’étant, à proprement parler, qu’un règlement, a été assimilé à
une loi, au sens
de l’article 9 de la Charte, garantissant ainsi l’obligation de confidentialité. L’article 20
du Code de
déontologie des médecins mentionne ce qui suit :
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