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SMITH Céline
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SOMMAIRE
I. DEFINITIONS
1) Santé 1
2) Déterminants de la santé 1
3) Promotion de la santé 1
4) Soins de santé et soins de santé primaire 1
5) Santé publique 2
6) Santé communautaire 2
1) En Belgique 15
2) En France 16
CONCLUSION 17
BIBLIOGRAPHIE 18
ANNEXES
I. DEFINITIONS
1) Santé
La santé est-elle difficile à définir ? Pour les professionnels de santé, ou la plupart des
institutions, le terme santé se réfère d'abord à l'absence de maladie, aux soins, au curatif [1]. Or, la
santé n'est pas que l'absence de maladie : c'est la capacité à orienter ses ressources vers un état de
bien-être physique, psychologique et social [2]. D’ailleurs, des habitants interrogés lors d'actions
locales sociales ou de santé proposent spontanément leur définition de la Santé qui se rapproche de
celle globale de « bien-être » proposée par I’Organisation Mondiale de la Santé. Celle-ci propose en
effet une acception très globale de la santé, au sens de « bien-être », qui doit concerner tous ceux
(médecins, urbanistes, économistes...) qui ont une action sur I'un des nombreux déterminants de la
santé (emploi, loisirs, culturel, logement...). La Charte d'Ottawa, première conférence internationale de
promotion de la santé (1986) positionne la santé en tant que partie d'un système complexe, diversifié,
en interaction permanente, qui nécessite des interventions intersectorielles et participatives. Ainsi,
selon la lecture qui sera faite de la santé, soins de santé ou « bien-être », les actions, acteurs,
stratégies et conséquences seront bien différents [1].
2) Déterminants de la santé
3) Promotion de la santé
Les soins de santé désignent toute activité professionnelle ou non qui vise à la promotion, à la
conservation ou à la réparation de l'état de santé. Cela comprend donc les soins auto-réalisés, les
soins apportés par l'entourage et la famille, les soins apportés par des volontaires autant que les soins
dispensés par des professionnels. Des facteurs politiques, sociaux, économiques et culturels
influencent la nature et les formes de dispensation des soins de santé. Dans un système de santé
organisé, les soins de santé primaires sont les soins directement accessibles pour l'ensemble de la
population ; ils sont le premier recours au système pour la plus grande partie de ses problèmes de
santé. Ils développent, dans la continuité, une approche globale et intégrée [2].
1
5) Santé publique
La santé publique est souvent présentée, dans les manuels spécialisés, comme l’approche
collective et administrative des problèmes de santé d’une population sous ses aspects politiques,
économiques, réglementaires, institutionnels. Elle est définie et mise en œuvre par les administrations
compétentes au service d’une population au travers de politiques de santé. La santé publique n’est
qu’un des axes d’intervention en promotion de la santé de la Charte d’Ottawa [1].
Ces deux conceptions n’impliquent pas du tout les mêmes conséquences en termes de
politique de santé, la seconde intégrant le concept de promotion de la santé, la première s’en tenant à
une approche encore dominante en France d’organisation du champ de la prévention sanitaire et du
soin [1].
6) Santé communautaire
Deuxièmement, il existe des centres de santé de première ligne orientés vers la communauté,
c’est-à-dire d’une part qui se sentent responsables dans leurs missions pour une population
déterminée, et qui d’autre part souhaitent que cette communauté puisse avoir un mot à dire sur les
services qui lui sont rendus [4]. Les soins de santé primaire orientés vers la communauté, c'est
l'ensemble des activités dirigées vers la promotion de la santé et la qualité de la vie ; les soins de
santé n'en constituent qu'un des éléments. Ces activités impliquent la participation de la communauté
(de la population) au développement d'une société en santé [2].
2
Si les concepts de santé publique et de santé communautaire ont une finalité commune, celle
de permettre à chacun de jouir de son droit inné à la santé, il existe sur le plan théorique des
différences fondamentales qui semblent parfois les opposer. La santé publique est une discipline qui
se traduit par une politique alors que la santé communautaire est un concept qui véhicule des valeurs
et qui se traduit par des méthodes de travail. La santé publique gère administrativement la situation
sanitaire d’une collectivité qui reste passive, quand la santé communautaire exige la participation de la
communauté. Enfin, la santé publique laisse plutôt la décision aux professionnels de la santé ou aux
responsables politiques, alors que la santé communautaire la laisse aux membres de la communauté
et considère les professionnels de santé comme des personnes ressources [5].
Sur le terrain, les oppositions sont moindres et les pratiques de santé communautaire
prennent de plus en plus de place dans des dispositifs de santé publique, et ce pour plusieurs raisons.
On cite généralement le fait que les démarches de santé communautaire impliquent une meilleure
identification des besoins et augmentent la nature et l’efficacité des solutions : parce qu’ils les
construisent, les usagers se les approprient plus facilement. La pérennisation des actions s’en trouve
aussi favorisée car les personnes relais, sur lesquelles les actions de santé communautaire
s’appuient, restent sur le terrain après le départ des accompagnateurs professionnels. Tout cela induit
une forte mobilisation des habitants qui permet de tisser un lien social de nature à développer une
dynamique locale, au-delà même des actions dans le domaine de la santé [5].
Observer les origines du concept de santé communautaire, c’est constater qu’elles sont
issues de choix politiques [1].
C’est aux Etats-Unis que le mot « communautaire » fut pour la première fois attaché à la
santé, lors de la mise en place des programmes gouvernementaux de « guerre à la pauvreté » qui se
faisaient un point d’honneur de susciter la plus grande participation des communautés [6]. Cette
médecine communautaire impliquait l’évaluation des besoins de santé et la prestation de soins à des
groupes définis de la population. Ce concept a abouti à la création des « Neighborhood Health
Centers (NHC) » considérés alors comme prototypes d’intervention communautaire [1].
En France, dans les banlieues de Paris, le choix des élus municipaux issus du mouvement
ouvrier a été d’ouvrir les dispensaires des Bureaux d’aide sociale à l’ensemble de la population. Cela
permettait d’échapper à la notion humiliante de « Bienfaisance ». Ils passèrent des conventions avec
la Sécurité sociale, qui voyait là un moyen de pression sur les médecins libéraux pour leur faire signer
la Convention Nationale en cours de négociation. C’est ainsi que l’ensemble des assurés sociaux ont
pu avoir accès à ces « dispensaires » sur le principe du tiers-payant [6].
Le Québec des années 70 s’est doté de centres locaux de services de santé communautaire
associant dans un même lieu des prestations de soins, de prévention et de services sociaux. Dans le
même temps, des conseils communautaires ont été mis en place en 1974 au Royaume Uni au sein
des « National Health Services (NHS) » [1].
3
En France, sous l’impulsion de certains professionnels influencés par l’expérience
québécoise, les « dispensaires » ont tenté eux aussi de pratiquer la médecine « globale », la
pluridisciplinarité et la participation. Leur mode de fonctionnement est néanmoins resté très
hétérogène du fait d’une absence de volonté politique très claire de la part du système d’assurance
maladie qui les conventionnait, et des élus municipaux qui géraient ces structures. Leur
reconnaissance officielle par un décret ministériel en tant que « centres de santé » date seulement de
1991 [6].
Les maisons médicales belges, apparues elles aussi dans les années soixante-dix, furent
créées à l’initiative de professionnels de santé insatisfaits de leur mode d’exercice [6]. C’est le Groupe
d’Etude pour une Réforme de la Médecine (GERM), issu des mouvements protestataires de la fin des
années 60, qui proposera d’expérimenter une pratique d’offres de services curatifs et préventifs
précurseurs du concept de soins de santé primaires et de santé communautaire [1]. Regroupés de
façon pluridisciplinaire, ils ont le souci d’associer la population de leur quartier à la gestion de leurs
établissements et à leur projet [6].
A la fin de l’année 1979 en Belgique, une grève des médecins, organisée par les
Chambres syndicales, le syndicat médical majoritaire de l’époque, à l’idéologie très libérale, fut
contrée par les syndicats des travailleurs et les mutuelles, avec la participation active de médecins
dits « progressistes », travaillant notamment en maisons médicales, qui permirent d’assurer la
continuité de l’offre de soins. Cela donna l’occasion aux maisons médicales de se connaître entre
elles et de se faire connaître des pouvoirs politiques, syndicaux et mutuellistes. Un an plus tard, en
1980, la Fédération des maisons médicales et des collectifs de santé francophones voyait le jour [6].
Cette Fédération aujourd’hui encore reste très active pour faire progresser la recherche de pratiques
nouvelles [6].
Dès le départ, dans ses principes fondateurs, la Fédération des maisons médicales et des
collectifs de santé francophones avait mis en avant un projet d’organisation des soins de santé basé
sur des soins de première ligne, globaux, continus, intégrés et caractérisés par une accessibilité
maximale. La crise économique des années 70 a amené le pouvoir politique à donner une certaine
visibilité à ces pratiques, et à faire de timides efforts de reconnaissance et de subsidiations, sans pour
autant adhérer aux principes dont ces groupes étaient porteurs et encore moins vouloir favoriser plus
largement leur application. Ces aides ont permis une amélioration de certains aspects de la pratique
en maison médicale (prévention, infrastructure…) [7].
4
Ainsi, à travers l'Europe, les centres de santé sont des lieux de pratiques novatrices. Au-delà
de leurs différences formelles, leurs pratiques professionnelles en soins de santé primaire convergent
sur la référence à une éthique sociale de la santé et aux objectifs de la santé communautaire. C'est ce
constat qui a abouti à la création, en 1986, du Secrétariat Européen des Pratiques de Santé
Communautaire (SEPSAC). Il tisse des liens entre les professionnels de la santé du secteur primaire,
qui développent des pratiques qui mettent en place une approche globale et intégrée de la santé :
appréhender les déterminants de la santé, promouvoir la participation de la communauté à la
définition de ses besoins et l'élaboration de solutions efficientes. Les professionnels des centres de
santé veulent, à travers le Secrétariat européen, se donner les moyens de promouvoir la santé pour
tous par l'approche communautaire en optimisant la synergie entre les expériences communautaires
et les résultats de la recherche, entre les politiques et les pratiques, entre la planification et la
participation des citoyens [2].
A l'interface des politiques, des scientifiques, des pratiques et des citoyens, le Secrétariat est
le carrefour de l'information sur les pratiques de soins communautaires en Europe : « courrier »
trimestriel, centre de documentation en soins de santé primaires, coordination de la communication
entre les branches nationales. Il structure un espace d'échanges d'informations, d'expériences et de
recherches, offre des possibilités d'échange de travailleurs et propose des voyages d'étude (Québec
1991, Pays-Bas 1994). Il organise un espace d'analyse par la préparation de colloques et séminaires
et par la participation à des séminaires et rencontres. Il coordonne un espace de formation en
économie de la santé, en santé communautaire, en définition des projets de santé, en soins de santé
primaires. Enfin, il organise un espace de diffusion et de communication entre ses membres et avec
un certain nombre d'institutions européennes et nationales (OMS, WONCA, UEMO...) [2].
En Belgique, les soins de santé relèvent d’une compétence de l’Etat fédéral tandis que
l’éducation et la promotion de la santé relèvent des compétences des communautés. Une partie des
compétences est déléguée aux régions en ce qui concerne l’organisation du système de soins. Il n’y a
pas stricto sensu de politique de soins de santé primaires, ni de territorialisation des services, si ce
n’est quelques « tendances » : bassins de soins, services intégrés de soins à domicile (SISD),
services de santé mentale. La formation en promotion santé est le fait des universités et plus
particulièrement des écoles de santé publique. Les infirmières disposent depuis quelques années
d’une formation en « santé communautaire ». A l’image du partage des compétences sur le terrain,
les structures de promotion santé et de soins de santé primaires sont quasiment toujours dissociées,
sauf dans le cadre des maisons médicales. Ces dernières années, alors que la Communauté
française de Belgique dispose d’une législation des plus progressistes en matière de promotion de la
santé, on assiste à un glissement de la santé vers la médecine préventive et à un désinvestissement
net du communautaire [9].
5
En France, la politique de santé est caractérisée par une forte centralisation des pouvoirs de
l’Etat en matière de décision, confortée par une déconcentration de l’autorité de l’Etat au niveau des
Agences Régionales de Santé. Les orientations en santé publique se sont précisées par une loi de
santé publique en 2004. Des Conférences Nationales et Régionales de Santé publique se sont mises
en place. Des programmes régionaux de santé publique fixent les orientations régionales en santé
publique. Il y a une territorialisation de certaines politiques, mais pas de politique de soins de santé
primaires, si ce n’est quelques « tendances » : médecin référent, centres de santé. La formation des
professionnels de santé relève des universités et des écoles de santé publique [9].
Dans les textes législatifs, on parle plus d’éducation à la santé que de promotion de la santé,
concept peu repris en France. L’éducation à la santé, que l’Etat soutient à travers l’Institut National de
Prévention et d’Education à la Santé (INPES), est développée à travers un réseau de comités
régionaux et départementaux d’éducation à la santé. L’implication du secteur privé est croissante sur
le champ stratégique de l’éducation à la santé et l’éducation thérapeutique du patient. L’approche
communautaire en santé est hors du soin : elle se situe plus en proximité avec les politiques de la ville
et des régions. Elle n’a que depuis peu et encore que modestement droit de cité en France et est
encouragée par les Ateliers Santé Ville ou le secteur de l’éducation à la santé. Une loi de 2002 en
faveur des usagers et l’implication des associations d’usagers placent la question du droit à
l’information, à la participation des usagers comme un enjeu majeur dans un système de santé en
France [9].
6
3) Au niveau de la réalité des pratiques communautaires en santé
Convergences Divergences
- Il existe un système de sécurité sociale qui - Pour la Belgique il existe une reconnaissance de
prend en compte la majorité des dépenses des la santé communautaire dans un décret ou faisant
soins de santé. Celle-ci est alimentée par des partie intégrante des soins de 1ère ligne. Pour la
impôts directs et indirects. France, il n’existe rien de spécifique.
- Il existe à peu près la même partie financière à - En France, les médecins spécialistes en
charge des ménages et du public. ambulatoire sont dans la 1ère ligne. Pas en
- Les moyens sont limités dans les 2 pays pour la Belgique.
santé communautaire - En France et en Belgique, la kiné est en 1ère
- La France et la Belgique n’ont pas d’organisation ligne. Par contre la pédiatrie l’est en France, mais
des soins de santé. pas en Belgique. [8].
- En France et en Belgique, les soins sont
dispensés majoritairement par des soignants
libéraux. La médecine de groupe organisée est
encore marginale. [8].
7
La loi Hôpital, Patient, Santé et Territoire (HPST), qui s’est d’abord intitulée PHST, et cette
inversion des mots n’est pas anodine, comprend quatre grands chapitres : Titre I : Modernisation des
établissements de santé, Titre II : Accès de tous à des soins de qualité, Titre III : Prévention et santé
publique, Titre IV : Organisation territoriale du système de santé. Ces quatre grands chapitres
montrent bien l’ambition profondément transformatrice de la loi et notamment les points principaux
suivants :
- affirmer la responsabilité de l’Etat sur les orientations et les moyens affectés à la santé ;
- réorganiser la gouvernance, l’organisation et la gestion des établissements publics de santé ;
- déconcentrer au niveau des régions le pilotage des politiques de santé ;
- préciser les évolutions attendues des services de santé publics et privés ambulatoires ;
- encourager les rapprochements et les mutualisations tant des équipements lourds que des acteurs
du secteur ambulatoire ;
- rechercher l’efficience du système de santé [11].
Dans chaque région, les Agences Régionales de Santé (ARS) ont deux grandes missions :
premièrement, le pilotage de la santé publique : organisation de la veille et de la sécurité sanitaire et
environnementale ; définition, financement, évaluation des actions de prévention et de promotion de la
santé ; contribution de la gestion des crises sanitaires en liaison avec le préfet ; deuxièmement, la
régulation de l’offre de santé dans les secteurs ambulatoire, hospitalier et médico-social ; régulation,
orientation et organisation de l’offre de services de santé. Plusieurs objectifs communs sont assignés
aux ARS : contribuer à réduire les inégalités de santé, assurer un meilleur accès aux soins, organiser
les parcours de soins en fonction des patients, assurer une meilleure efficacité des dépenses de santé
et contribuer au respect de l’objectif national de dépenses d’assurance maladie dans le cadre de la
politique de santé publique. Chaque ARS se dote d’un Plan Stratégique Régional de Santé (PSRS),
d’un Programme Régional de Santé (PRS), de schémas régionaux (verticalité et transversalité), de
programmes et actions [11].
Les ARS ont unifié le service public régional de santé en couvrant l’ensemble du champ de la
santé et de l’autonomie (santé publique, médecine de ville, hôpital, médico-social). Les ARS ont
regroupé en une seule entité les sept organismes suivants: DRASS (Direction Régionale des Affaires
Sanitaires et Sociales), DDASS (Direction Départementale des Affaires Sanitaires et Sociales), ARH
(Agence Régionale de l’Hospitalisation), GRSP (Groupement Régional de Santé Publique), URCAM
(Union Régionale des Caisses d’Assurance Maladie), MRS (Mission Régionale de Santé), CRAM
(Caisse Régionale d’Assurance Maladie) [11].
8
La Conférence Régionale de la Santé et de l’Autonomie peut faire toute proposition au
directeur général de l’Agence Régionale de Santé sur l’élaboration, la mise en œuvre et l’évaluation
de la politique de santé dans la région. Elle émet un avis sur le plan stratégique régional de santé. Elle
organise en son sein l’expression des représentants des usagers du système de santé. Elle procède à
l’évaluation des conditions dans lesquelles sont appliqués et respectés les droits des personnes
malades et des usagers du système de santé, de l’égalité d’accès aux services de santé et de la
qualité des prises en charge. Elle organise le débat public sur les questions de santé de son choix.
Les avis de la Conférence Régionale de la Santé et de l’Autonomie sont rendus publics. » (article
L. 1432-4) [11].
Avec les Conférences Régionales de la Santé et de l’Autonomie, la loi de 2009 a défini le rôle,
les missions et l’organisation de la concertation au niveau régional et territorial. Au moins une fois par
an, le directeur général de l’Agence Régionale de Santé rend compte devant elle de la mise en œuvre
de la politique régionale de santé et l’informe des suites qui ont été données à ses avis [11].
En juin 2000, afin de mettre en forme le volet « santé » de la politique de la ville, une circulaire
a créé les Ateliers Santé Ville (ASV), confirmés ensuite par différents textes législatifs ou
réglementaires. Une impulsion nouvelle leur a été donnée en 2006-2008. C’est aujourd’hui un
dispositif qui intéresse de plus en plus de collectivités locales. Premier avantage, les ASV proposent
aux villes une méthodologie appuyée sur un diagnostic local, complet et précis, portant sur les
besoins ressentis, les pathologies prédominantes, l’offre de soins médicaux et paramédicaux, l’offre
sociale et associative. A partir de là, un comité de pilotage associant autour des élus et de la DDASS
(Etat), les habitants, les associations, l’Assurance Maladie, l’Éducation Nationale et les professionnels
de santé, avec en principe l’hôpital et les libéraux, détermine les priorités d’action, les modalités de
mise en œuvre et d’évaluation [13].
Deuxième avantage des ASV : le cofinancement par l’État, voire par le Conseil Général et
parfois le Conseil Régional. Cela permet d’embaucher un coordonnateur, indispensable, mais sur un
poste en contrats annuels, alors qu’une municipalité ne peut recruter qu’avec le statut de
fonctionnaire, ce qui l’oblige à s’engager pour quelques dizaines d’années. Troisième avantage : les
ASV donnent aux villes une légitimité pour intervenir dans le champ de la santé [13] : les villes ont des
spécificités et apports à faire valoir (connaissance des territoires, émergence de problématiques,
modes opératoires ajustés…) ; la démarche ASV ne peut se réduire à la seule déclinaison des
priorités régionales de santé publique. Le positionnement du coordonnateur ASV dans
l’organigramme de la ville est déterminant pour que la démarche de programmation de l’ASV soit la
plus pertinente [14]. Ces trois avantages expliquent pourquoi les ASV ont été créés par des
municipalités aux sensibilités politiques différentes. Leurs élus se sont regroupés en octobre 2005
dans l’association Élus Santé Publique & Territoires (ESPT) [15].
La démarche a été engagée lors des Assises pour la ville d’avril 2005, où quelques élus, avec
l’appui du ministre délégué au Logement et à la Ville, Marc-Philippe Daubresse, ont proposé une
contribution visant à promouvoir la santé comme « cinquième pilier de la politique de la ville ».
Nombre d’élus se sont alors réunis derrière cette proposition et ont décidé de créer une association
d’élus, structure qui n’existait pas dans le domaine de la santé. « Nous sommes convaincus que les
campagnes nationales de prévention ou de santé publique, les programmes régionaux de santé ne
suffisent pas au développement de la santé publique. Cette dernière ne pourra se mettre en œuvre
concrètement qu’au niveau local, avec l’engagement des élus locaux », estime Laurent El Ghozi,
président de l’association ESPT [15].
L’article L.1434-17 de la loi HPST appelle les directeurs des Agences Régionales de Santé
(ARS) à constituer dans chacun des territoires «une conférence de territoire, composée de
représentants des différentes catégories d’acteurs du système de santé du territoire concerné, dont
les usagers du système de santé». Il indique également que «la mise en œuvre du projet régional de
santé peut faire l’objet de Contrats Locaux de Santé conclus par l’agence, notamment avec les
collectivités territoriales et leurs groupements, portant sur la promotion de la santé, la prévention, les
politiques de soins et l’accompagnement médico-social» Pour de nombreux acteurs déjà investis,
cette réforme constitue l’occasion de consolider et d’harmoniser des démarches territoriales qui
relèvent actuellement d’expérimentations ponctuelles et pilotes, ou de dispositifs «d’exception», à
l’image de l’Atelier Santé Ville relevant de la politique de la ville. Cette consolidation passe donc par
l’émergence d’un nouveau cadre qu’il convient de préciser, le Contrat Local de Santé (CLS) [16].
9
Les Contrats Locaux de Santé sont des dispositifs dont la contractualisation reste du ressort
de l’ARS. Leur mise en œuvre doit donc faciliter et enrichir la mise en œuvre du Projet Régional de
Santé. La loi précise que ces démarches touchent à la promotion de la santé. A ce titre, la logique de
projet visant le bien être de tous (et donc la lutte contre les inégalités) doit l’emporter sur l’unique
logique de la programmation d’actions. Ces démarches doivent ambitionner l’opérationnalité et la
cohérence en dégageant des ressources collectives afin d’agir localement sur des objectifs partagés
en matière de prévention, politiques de soins et accompagnement médico-social. A ce titre, la
mobilisation des acteurs locaux, dont les habitants, suppose une concertation respectueuse des
cultures et priorités respectives [16].
Quant à l’engagement des collectivités locales, il nécessite également des garanties quant à
la viabilité structurelle et financière de la démarche. L’enjeu principal de ce nouveau dispositif est
d’arriver à concilier à des échelles de proximité des forces descendantes (déclinaison territorialisée de
la politique de santé) et des forces ascendantes (dynamiques de développement local) en matière de
santé publique. Cet équilibrage, les collectivités ne pourront l’opérer seules. Il importe donc que les
dispositifs locaux bénéficient équitablement d’appuis méthodologiques et d’une mise à disposition de
moyens mutualisés. Enfin, les conférences de territoire devront être des espaces de concertation
efficaces, dont l’articulation avec les Contrats Locaux de Santé devra être exemplaire [16].
Pour l’association Élus Santé Publique & Territoires (ESPT), le mieux serait que ces futurs
CLS soient des ASV élargis, pouvant porter sur l’ensemble d’une ville (pas forcément en contrat de
ville) et co-pilotés par les élus, l’ARS et si possible, le préfet de département. Un des enjeux affirmés
de la loi HPST est la territorialisation des politiques de santé. Celle-ci ne se fera pas sans l’implication
forte des collectivités locales et de leurs élus : le modèle ASV a fait ses preuves et montré l’intérêt de
l’engagement des élus. Il doit être conforté [13]. De même, pour l’Institut Renaudot, il paraît essentiel
que la loi et ses prolongements reconnaissent, confirment et permettent de conforter les dispositifs
existants et notamment les Ateliers Santé Ville. Les Contrats Locaux de Santé peuvent permettre, s’ils
prennent en compte les besoins des populations et s’appuient sur l’ensemble des ressources locales
en santé, des dispositifs précieux d’élaboration et de mise en œuvre de politiques de santé de
proximité [10].
Le CLS est la forme contractuelle des priorités identifiées dans un plan local de santé et mises
en commun entre la commune ou l’intercommunalité et l’ARS. L’ASV par son antériorité et sa
connaissance du territoire constitue un appui central pour l’élaboration du contenu de ce contrat. La
période des discussions autour d’un CLS constitue un moment clé pour renforcer l’analyse et les
réponses aux problématiques de santé de façon transversale et intersectorielle (interfaces promotion
de la santé, prévention, médico-social, soins). Le CLS est d’abord validé par la Conférence de
territoires de santé puis par le Conseil Municipal. Il est ensuite signé entre le Maire ou le Président de
l’intercommunalité si tel est le cas, le Préfet et le Directeur de l’Agence Régionale de Santé. Le
coordonnateur ASV, étant prioritairement garant de la programmation liée aux publics en situation de
précarité sur les quartiers de la politique de la ville, ne peut de facto être systématiquement le référent
du CLS. Sa place et son positionnement au sein de l’équipe qui porte la programmation et le CLS
doivent être clarifiés dès l’engagement dans l’élaboration du contrat. Mais de ce fait, il a une place
centrale dans l’équipe qui porte le CLS [14].
Les maisons de santé pluridisciplinaires, comme les centres de santé, bien plus anciens, n’ont
de sens et de légitimité que s’ils sont fondés sur un contrat de santé publique, ancré sur le territoire et
articulé avec la politique municipale de santé - ASV ou CLS -, surtout quand ils sont financés par de
l’argent public. L’expérience montre que les professionnels de santé engagés dans cette démarche
(généralistes, infirmiers ou autres) trouvent que leur exercice est bien plus passionnant que d’être de
simples distributeurs de soins [13].
10
Les maisons de santé pluridisciplinaires, sont de plus en plus des maisons de santés pluri-
professionnelles. En effet, souvent mises en avant afin de pallier le déficit de professionnels de santé,
elles sont aujourd’hui des lieux formidables de nouveaux modes de coopération en matière de santé
de premiers recours en zones rurales comme en Zones Urbaines Sensibles (ZUS). Les leviers de
réussite sont nombreux, mais la double volonté d’un ou plusieurs professionnels de santé et d’un élu
local pose les fondements d’un projet cohérent sur un territoire. Ensuite, ce qui rassemble les acteurs
est bien sûr un projet partagé. Un projet de santé répondant aux besoins d’amélioration du parcours
de santé de la population et d’amélioration des conditions de travail des professionnels désireux de
collaborer à une nouvelle organisation de la santé de proximité. La démarche d’expérimentation des
maisons de santé pluridisciplinaires met en œuvre une réflexion et une démarche partenariale
innovante, des professionnels de santé jusqu’aux acteurs d’éducation à la santé mais aussi des
praticiens hospitaliers. C’est dans ce partenariat que ces projets globaux de santé bâtissent un
développement de territoire concerté. S’ajoute à l’ensemble de ces constats, la part volontariste que
prennent les élus locaux dans le projet [18].
Pour que se développe dans le champ des pratiques communautaires un « système d’action
concret » il faut que le problème de départ qui va entraîner le développement d’une action collective
soit pris en compte par un ou des acteurs qui vont jouer un rôle d’initiateurs, ou promoteurs, et qu’ils
puissent passer de cette prise en compte à un effort de réponse au problème posé en devenant eux-
mêmes opérateurs ou en trouvant des opérateurs qui conduiront l’action. Le caractère public et la
complexité des situations à l’origine des actions communautaires dans le domaine de la santé et du
social, l’ampleur des moyens nécessaire pour poursuivre ces actions imposent aux opérateurs la
recherche d’appuis divers : appui auprès des institutions publiques pour valider et financer leur action,
appui auprès d’organismes experts pour leur fournir une aide méthodologique, appui auprès de
partenaires apportant des contributions techniques spécifiques à la réalisation de l’action et auprès
de partenaires de terrain facilitant (ou permettant) l’accès aux populations concernées. Cette
configuration d’acteurs constitue le système « contenant » les jeux interactifs qui vont se développer
entre eux, chacun participant à l’œuvre commune tout en privilégiant ses intérêts spécifiques. Ce
« système d’acteurs » peut être schématisé de la manière suivante : [19]
a) Acteur population : il peut s’agir de groupes d’habitants affectés par la situation de leurs quartiers et
qui cherchent à trouver des solutions à leurs problèmes. Le seuil de tolérance de la population à un
désordre ou à un risque pour la santé étant dépassé, une minorité active d’habitants réagit et cherche
à apporter une alternative [19]. Ces initiatives proviennent d’une population suffisamment stable au
niveau d’un quartier, d’une population pas trop hétérogène, qui est dans une posture active pour
améliorer les choses et qui a pu connaître des expériences participatives antérieures [20].
11
b) Acteur mouvement social ou mouvement communautaire : ce sont des acteurs collectifs déjà
constitués autour d’une idéologie et d’une pratique de mouvement social ou plus précisément de
mouvement communautaire.
c) Acteur professionnel : des professionnels de la santé ou du social, salariés dans des associations
de santé publique ou de développement local qui ne sont pas issues d’une mobilisation locale mais
sont animées d’une idéologie communautaire, peuvent être à l’initiative d’actions communautaires en
santé.
d) Acteur collectivité territoriale : l’initiative vient d’une collectivité territoriale soucieuse de mener une
action collective participative dans le domaine de la santé publique ou du développement local [19].
Les initiateurs des projets ne peuvent les développer qu’avec l’appui des institutions. Les
actions communautaires se développant dans l’espace public gagnent le plus souvent à être
reconnues et validées par les pouvoirs publics, habilités par les procédures démocratiques pour leur
délivrer un label de légitimité. La mise en œuvre des projets nécessite des moyens importants en
partenariat, parfois en logistique, toujours en finance. Le recours aux institutions est donc une « figure
imposée ». Souvent réunis dans les Comités de pilotage, ces acteurs décisionnaires fixent les
grandes orientations du projet, confèrent sa légitimité à l’action et la financent, en assurent le suivi et
en reçoivent l’évaluation [19].
¾ Au niveau du pilotage :
− à l’échelle nationale : développer et conforter des structures ou délégations interministérielles pour
favoriser les approches globales de la santé au bénéfice de tous ;
− à l’échelle régionale : développer des structures pour favoriser les approches globales de la santé au
bénéfice de tous ; fixer aux Agences Régionales de Santé des objectifs de complémentarité entre soins
et prévention, et des objectifs d’intersectorialité ;
− à l’échelle locale : désigner un élu et une instance chargés de favoriser la synergie entre les
compétences spécifiques des autres élus. Organiser des plates-formes ou des commissions santé
rassemblant les acteurs des différents secteurs concernés ; donner légitimité au maire, comme c’est le
cas au Québec, d’interpeler les acteurs de la vie sociale (chef d’entreprise, collectivité territoriale) pour
leur demander d’évaluer l’impact de leurs actions sur la santé des populations locales (construction
d’une nouvelle route, mise en place d’une nouvelle usine…) ;
− organiser et favoriser des rencontres intersectorielles à différents niveaux de décisions et entre ces
niveaux [21] ;
− favoriser le développement de programmes innovants de promotion de la santé et de santé
communautaire. Être attentif aux conditions de leur efficience et de leur pérennité. Contribuer à la
mutualisation des savoirs issus de ces expériences dans le cadre d’une concertation nationale et d’une
ouverture notamment européenne [22].
12
¾ Au niveau des orientations :
− soutenir largement les démarches communautaires en santé qui se développent dans une relation de
proximité avec les populations locales [21] ;
− favoriser les conditions nécessaires à l’implication des usagers dans les instances décisionnelles du
système de santé [22] ;
− soutenir, conforter les Ateliers Santé Ville et la démarche Ville-Santé promue par l’Organisation
Mondiale de la Santé [21];
− estimer la pertinence des projets d’action communautaire en santé en fonction du cadre conceptuel de
la promotion de la santé qui est, plus largement, celui de la santé globale [21];
¾ Au niveau du financement :
− donner les moyens nécessaires au développement d’une démocratie sanitaire efficace [22] ;
− créer des lignes budgétaires dans les appels à projet (GRSP, INPES…) sur les démarches
communautaires au-delà des lignes « thématiques » ou « publiques » [21] et non sur des projets à
thématique de santé prédéterminée [20] ;
− co-valider, puis cofinancer des projets touchant simultanément à des champs de compétences
différents (social, économique, santé, culturel…) [21] ;
− programmer la subvention des projets sur du long terme (pluriannuels, trois ou cinq ans) [21] ;
− financer toutes les étapes du projet, y compris la phase de diagnostic [20] ;
− verser les budgets à temps [20] ;
¾ Au niveau de l’évaluation :
− insérer des critères d’évaluation spécifiques autour des démarches communautaires dans les
demandes d’évaluation institutionnelles [21];
− baser les critères d’évaluation sur les processus plutôt que sur les résultats [20] ;
− travailler en concertation avec les promoteurs de projet autour des démarches d’évaluation [20].
Les initiateurs d’actions communautaires n’ont pas seulement besoin d’appuis institutionnels ;
la complexité et la technicité des actions à mener les amènent assez souvent à recourir à des aides
méthodologiques et techniques auprès d’acteurs experts en pratiques communautaires et d’acteurs
détenteurs d’expertises thématiques particulières [19].
13
c) Acteurs à compétence thématique ou technique particulière :
Ces acteurs peuvent être des associations, des professionnels de la communication, des
universitaires et des réseaux spécialisés (en aménagement du territoire, en urbanisme,…) [19]. Ainsi,
l’urbaniste suisse Marcos Weil explique comment une démarche participative, associant les habitants
en amont d’une décision, peut contribuer à améliorer la qualité de vie, et donc la santé de ses
habitants. La ville est un espace qui peut favoriser ou défavoriser la santé, selon son aménagement et
son organisation. Dans ce sens, l’urbanisme offre une opportunité majeure pour agir sur l’espace
quotidien et ouvrir la possibilité d’un choix créateur d’un « vivre ensemble » pour une population. Les
aménagements urbains ont des incidences en termes de bien-être et de santé. Mais l’aménagement
des espaces collectifs peut contribuer d’une manière encore plus importante au bien-être et au bien-
être ensemble, si chacun de ces aménagements est l’occasion de discuter et de débattre avec les
habitants. C’est dans cette perspective que Marcos Weil situe son travail d’urbaniste et de paysagiste.
Pas seulement celui d’un expert, mais aussi celui d’un médiateur qui peut aider habitants et autorités
à trouver un terrain d’entente et un espace de dialogue. À ce titre, il revendique l’urbanisme non
comme une science appliquée mais comme une expérience impliquée [24].
a) Acteurs en position d’opérateur central et continu : première modalité : l’acteur central associe, en
binôme des personnes émergeant de la population locale et des professionnels ; deuxième modalité :
l’acteur central est un organisme, un réseau ou un collectif de professionnels dont l’intervention
amène les habitants destinataires à participer activement pour un temps plus ou moins long à l’action.
b) Acteurs de terrain en position de site d’accueil et de relais d’action : ils appartiennent à des
équipements ou établissements divers que fréquentent régulièrement les populations destinatrices et
sont conduits par leurs intérêts professionnels à un rôle de relais opérationnel précieux quand il n’est
pas indispensable (établissements scolaires, clubs de prévention spécialisés) : ils permettent à l’action
de se développer en lui fournissant les modalités de contact et de mobilisation des populations
destinataires du projet communautaire ou des appuis logistiques
Le petit Robert définit la participation comme « le simple fait de « prendre part » à une activité
sociale. Il faut distinguer la participation comme état (être bénéficiaire plus ou moins passif) ou comme
action et engagement (planifier, mettre en œuvre, évaluer des programmes de santé) ». La charte
d’Ottawa pose comme principe que « la promotion de la santé passe par la participation effective et
concrète de la communauté à la fixation des priorités, à la prise des décisions et à l’élaboration et à la
mise en œuvre des stratégies de planification en vue d’atteindre une meilleure santé. Au cœur même
de ce processus, il y a la dévolution de pouvoir aux communautés considérées comme capables de
prendre en main leurs destinées et d’assumer la responsabilité de leurs actions ». Deux dimensions
sont au fondement du principe de participation en promotion de la santé : d’une part, la participation
constitue une méthode efficace pour atteindre une meilleure santé ; d’autre part, la participation
représente une valeur démocratique en santé publique [25].
Pour les auteurs du rapport de la mission « nouvelles attentes du citoyen, acteur de santé »
rédigé à la demande de Roselyne Bachelot, il convient d’encourager les projets de promotion de la
santé et de santé communautaire associant au plus près au sein d’un quartier, d’une ville, d’un bassin
de vie les bénéficiaires directs de ces services. Ces projets permettent également de toucher des
publics dont la voix et les attentes ne sont pas toujours audibles des décideurs, et de les impliquer
ainsi dans la prise en charge de leur santé. Reconnaître à l’usager le droit d’être un acteur actif dans
sa santé, c’est lui reconnaître parallèlement le droit à une expression collective [22]. Convoquées à
peu près partout (dans les textes, dans les discours, dans les intentions), les deux dimensions de la
participation mentionnées dans le paragraphe ci-dessus sont cependant régulièrement compromises
du fait des obstacles que rencontre la mise en application de la participation. D’importants décalages
existent ainsi entre le principe de participation en promotion de la santé, les cadres théoriques de sa
mise en œuvre et les conditions de leur application [25].
14
En effet, les démarches participatives ne sont pas une panacée. Comme toute action
humaine, elles n’apportent aucune garantie de réussite, les résultats dépendant d’une savante
alchimie qui ne peut être totalement maîtrisée. Par ailleurs, ces processus ne suppriment pas les
conflits. Cependant, ils permettent d’offrir un espace et un temps pour les formuler et les affronter,
dans un climat qui favorise l’émergence des points de convergence, plutôt que d’alimenter les
ressentiments. Lorsque les bonnes conditions sont réunies, les démarches participatives peuvent
réduire la distance entre l’administration et la réalité quotidienne et ainsi réconcilier les habitants avec
leur territoire et avec les élus qui les administrent [24]. Pour faire un diagnostic « participatif » sur un
quartier, il existe des techniques permettant de demander leur avis à quelques dizaines ou centaines
d’habitants. Il est également possible d’en former plusieurs pour faire passer des questionnaires aux
autres. Enfin, il y a le recours aux conseils de quartier, quand ils existent. Toutes les personnes ainsi
impliquées sont des relais vers les autres habitants. Il ne s’agit pas à proprement parler de
démocratie, mais de participation qui contribue à la démocratie [13].
1) En Belgique
15
2) En France
a) Beauvais
L’Ecume du jour, bistrot associatif et réseau d’échanges réciproques de savoirs accueille tous
les publics de tous âges et tous milieux socioculturels et professionnels. Les objectifs généraux de
l’Ecume du jour sont : animer un lieu d’écoute, de discussions et d’échanges, promouvoir les idées et
les pratiques d’échanges réciproques de savoirs et de créations collectives, permettre le brassage des
publics, la tolérance et la reconnaissance des différences ; instaurer un comportement basé sur la
confiance en soi et l’estime de soi, faciliter l’accès à l’information sur la santé et la circulation des
savoirs de tous en vue d’une meilleure prise en main de sa santé ; contribuer à la promotion de la
santé des jeunes, favoriser une parole, prévenir le mal-être, les conduites addictives, les infections
sexuellement transmissibles, le SIDA, les violences sexuelles, les grossesses non désirées. Les
activités développées permettent de répondre à ces objectifs : réseau d’échanges réciproques de
savoirs, collectif « Choisis ta Santé !» (depuis 2000), groupes de parole de jeunes, groupes de parole
de mamans et grands-mères, groupe de parole de femmes, groupe « cig’arrête ?! », ateliers « l’ch
papilles », théâtre forum, expositions d’arts visuels, ateliers d’écriture, stages créativité, sensibilisation
au développement durable et à l’économie solidaire avec le collectif « économie solidaire », jardin
partagé, chantiers éducatifs [23].
b) Toulouse
¾ La Case de Santé
La Case de Santé est une maison de santé pluridisciplinaire qui fonctionne en plein cœur de
Toulouse, place Arnaud-Bernard. Médecins, infirmiers, travailleurs sociaux, psycholoques, et
animateurs communautaires y ont appris à travailler ensemble. « Nous suivons environ 1800
personnes, dont un millier sont en situation de précarité. Nous développons notamment des
programmes spécifiques à destination des migrants, des sortants de prisons, et nous avons mis en
place des actions pour la santé des femmes », explique Charles Hambourg l’un des deux jeunes
médecins généralistes qui ont choisi d’y exercer. Malgré son nom, la Case de Santé ne se limite pas
aux demandes de soins. Les questions sociales, les problématiques de logements, tous ces aspects
qui rejaillissent forcément sur la santé…y trouvent aussi un écho. « La Case Santé fonctionne en
intersectorialité depuis 2006 », explique Marie Deleris, le deuxième médecin. En effet, soignants et
travailleurs sociaux se sont vite aperçus à l’époque qu’ils avaient besoin les uns des autres pour
accompagner ces publics en grandes difficultés, ils n’ont d’ailleurs eu aucune difficulté pour
s’associer. Leur vrai souci en revanche est financier. « Après quatre ans de fonctionnement, nous
avons largement prouvé la pertinence de notre projet, or les financements ne suivent toujours pas. Le
GRPS ne nous a rien donné cette année, dans trois mois, nous n’aurons plus de budget, nous
sollicitons donc l’ARS, sinon, nous devons tout arrêter », a prévenu le Dr Hambourg [27].
16
CONCLUSION
Même si l’on s’entend pour déclarer que la santé n’est pas que l’absence de maladie, la
culture sanitaire dominante reste celle de la lutte contre la maladie et la stratégie privilégiée, celle du
soin individuel : ceci tant sur le plan des structures développées, que des formations dispensées, des
moyens affectés et des législations en vigueur. Ceci se traduit, par exemple, par les difficultés
d’obtenir des financements plus souvent récurrents, par la tendance à médicaliser les problématiques
sociales, par la petite place laissée aux approches communautaires dans les formations de base ou
continues.
La culture de la participation est un terrain de recherche pour nos démocraties, dont les
modes d’expression de la citoyenneté sont questionnées ; partis politiques, société civile, structures
de l’état tentent la reconquête de l’espace communautaire par les citoyens. La santé communautaire
n’échappe pas à ces difficultés ; les projets témoignent des obstacles rencontrés mais aussi des
aspirations idéologiques, des recherches méthodologiques et des réalités d’une co-construction
participative.
17
BIBLIOGRAPHIE
Les références bibliographiques sont classées par ordre d’apparition des citations dans le
texte de la synthèse. La dernière consultation des sites mentionnés a été effectuée le 12 avril 2012.
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Actes du séminaire. 5-6 novembre 2004, Bruxelles. [en ligne]. Bruxelles : Secrétariat Européen des
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http://www.sepsac.org/index.php?id=25&L=otpffrtvmmwhwlap
[3] SEPSAC. Glossaire : pour parler de la même chose. In : Première rencontre des porteurs de
projet - Actes du séminaire. 5-6 novembre 2004, Bruxelles. [en ligne]. Bruxelles : Secrétariat
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18
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pratiques communautaires en santé et développement local. Lyon : Chronique Sociale, 2009, pages
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[22] BRUN Nicolas, HIRSCH Emmanuel, KIVITS Joëlle. L’éducation thérapeutique, les programmes
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http://www.sante.gouv.fr/IMG/pdf/Rapport_nouvelles_attentes_du_citoyen.pdf
[23] LANGLOIS Gaëlle, PREVOST Marianne. Annexe : les projets In : Action communautaire en
santé : un observatoire international des pratiques, 2004-2008, Belgique-France-Espagne. [en ligne].
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Disponible sur : http://www.maisonmedicale.org/Action-communautaire-en-sante-un,2119.html
[24] WEIL Marcos. Villes : intégrer la santé dans l’urbanisme, avec la participation des habitants. In :
La Santé de l’homme. [en ligne]. Septembre-Octobre 2010, N°409, page 26-28. Disponible sur :
http://www.inpes.sante.fr/slh/pdf/sante-homme-409.pdf
[25] IREPS Bretagne. La participation comme méthode efficace et valeur démocratique en santé
publique. In : Quand la promotion de la santé parle de participation. [en ligne]. Rennes : Instance
Régionale d’Education et de Promotion de la Santé de Bretagne, 2011, pages 4-5. Disponible sur :
http://www.irepsbretagne.fr/fichiers_attaches/participation_2011.pdf
19
[26] Institut Renaudot. Quand les habitants, usagers, citoyens font de la santé - Actes des 5èmes
rencontres de l’Institut Renaudot. 6-7 juin 2008, Nantes. [en ligne]. Paris : Institut Renaudot, 2010, 8
pages. Disponible sur : http://rencontres.institut-renaudot.fr/resources/8pages.pdf
[27] Institut Renaudot. Annexes : articles de presse. In : Faire de la santé ensemble : comment ? -
Actes des 6èmes rencontres de l’Institut Renaudot. 11-12 juin 2010, Toulouse. [en ligne]. Paris :
Institut Renaudot, 2010, pages 72-73. Disponible sur :
http://rencontres.institut-renaudot.fr/resources/Actes+6$C3$A8mes+Rencontres+au+290910.pdf
[28] THEIS Ivan, CICCHELERO Valérie. Un diagnostic partagé pour élaborer le plan municipal de
santé de Toulouse. In : La Santé de l’homme. [en ligne]. Septembre-Octobre 2010, N°409, page 45.
Disponible sur : http://www.inpes.sante.fr/slh/pdf/sante-homme-409.pdf
[29] DURRIEU Monique. Avant-propos. In : Plan municipal de santé 2010-2013. [en ligne].
Toulouse : Mairie de Toulouse, 2011, page 3. Disponible sur :
http://www.toulouse.fr/c/document_library/get_file?uuid=c908a7db-a1df-4ca2-870d-
6754cc297986&groupId=10128
20
ANNEXES
21
Annexe 2 : Démarches descendante et ascendante
Décisions Élaboration de
de Santé publique propositions
Remarques :
Dans l’approche descendante (ou top-down) l’évaluation se fait par l’épidémiologie.
Dans l’approche ascendante (ou bottom-up) l’évaluation est participative.
22
Annexe 3 : Charte d’Ottawa
Disponible sur :
http://www.euro.who.int/__data/assets/pdf_file/0003/129675/Ottawa_Charter_F.pdf
Inspirée avant tout, par l'attente, de plus en plus manifeste, d'un nouveau mouvement en faveur de la
santé publique dans le monde, cette Conférence s'est concentrée sur les besoins des pays
industrialisés, sans négliger pour autant ceux des autres régions. Elle a pris comme point de départ
les progrès accomplis grâce à la Déclaration d'Alma-Ata sur les soins de santé primaires, les buts
fixés par l'OMS dans le cadre de la stratégie de la Santé pour tous et le débat sur l'action
intersectorielle pour la santé, à l'Assemblée mondiale de la Santé.
PROMOTION DE LA SANTE
La promotion de la santé a pour but de donner aux individus davantage de maîtrise de leur propre
santé et davantage de moyens de l'améliorer. Pour parvenir à un état de complet bien-être physique,
mental et social, l'individu, ou le groupe, doit pouvoir identifier et réaliser ses ambitions, satisfaire ses
besoins et évoluer avec son milieu ou s'y adapter. La santé est donc perçue comme une ressource de
la vie quotidienne, et non comme le but de la vie; c'est un concept positif mettant l'accent sur
les ressources sociales et personnelles, et sur les capacités physiques. La promotion de la santé ne
relève donc pas seulement du secteur de la santé : elle ne se borne pas seulement à préconiser
l'adoption de modes de vie qui favorisent la bonne santé ; son ambition est le bien-être complet de
l'individu.
La bonne santé est une ressource majeure pour le développement social, économique et individuel et
une importante dimension de la qualité de la vie. Divers facteurs - politiques, économiques, sociaux,
culturels, environnementaux, comportementaux et biologiques -peuvent tous la favoriser ou, au
contraire, lui porter atteinte. La promotion de la santé a précisément pour but de créer, grâce à un
effort de sensibilisation, les conditions favorables indispensables à l'épanouissement de la santé.
L'effort de promotion de la santé vise à l'équité en matière de santé. Le but est de réduire les écarts
actuels dans l'état de santé et de donner à tous les individus les moyens et les occasions voulus pour
réaliser pleinement leur potentiel de santé. Cela suppose notamment que ceux-ci puissent s'appuyer
sur un environnement favorable, aient accès à l'information, possèdent dans la vie les aptitudes
23
nécessaires pour faire des choix judicieux en matière de santé et sachent tirer profit des occasions qui
leur sont offertes d'opter pour une vie saine. Sans prise sur les divers paramètres qui déterminent la
santé, les gens ne peuvent espérer parvenir à leur état de santé optimal, et il en est de même pour les
femmes que pour les hommes.
MÉDIATION
Le secteur de la santé ne peut, à lui seul, assurer le cadre préalable et futur le plus propice à la santé.
La promotion de la santé exige, en fait, l'action coordonnée de tous les intéressés : gouvernements,
secteur de la santé et autres secteurs sociaux et économiques, organisations non gouvernementales
et bénévoles, autorités locales, industries et médias. Quel que soit leur milieu, les gens sont amenés
à intervenir en tant qu'individus, ou à titre de membres d'une famille ou d'une communauté. Les
groupes professionnels et sociaux, tout comme les personnels de santé sont, quant à eux,
particulièrement responsables de la médiation entre les intérêts divergents qui se manifestent dans la
société à l'égard de la santé.
Les programmes et les stratégies de promotion de la santé doivent être adaptés aux possibilités et
aux besoins locaux des pays et des régions et prendre en compte les divers systèmes sociaux,
culturels et économiques.
La promotion de la santé va bien au-delà des simples soins de santé. Elle inscrit la santé à l'ordre du
jour des responsables politiques de tous les secteurs et à tous les niveaux, en les incitant à prendre
conscience des conséquences de leurs décisions sur la santé et en les amenant à admettre leur
responsabilité à cet égard.
La politique de promotion de la santé suppose que l'on identifie les obstacles à l'adoption de politiques
pour la santé dans les secteurs non sanitaires, et les moyens de surmonter ces obstacles. Le but doit
être de faire en sorte que le choix le plus facile pour les responsables des politiques soit aussi le choix
le meilleur du point de vue de la santé.
Nos sociétés sont complexes et interconnectées et l'on ne peut séparer la santé des autres
objectifs. Les liens qui unissent de faon inextricable les individus à leur milieu constituent la base
d'une approche socio-écologique à l'égard de la santé. Le grand principe directeur, pour le monde
entier, comme pour les régions, les nations et les communautés, est la nécessité d'une prise de
conscience des tâches qui nous incombent tous, les uns envers les autres et vis-à-vis de notre
communauté et de notre milieu naturel. Il faut appeler l'attention sur le fait que la conservation
des ressources naturelles, où qu'elles soient, doit être considérée comme une responsabilité
mondiale.
L'évolution des modes de vie, de travail et de loisir doit être une source de santé pour la population, et
la façon dont la société organise le travail doit permettre de créer une société plus saine. La promotion
de la santé engendre des conditions de vie et de travail à la fois sûres, stimulantes, gratifiantes et
agréables.
L'évaluation systématique des effets sur la santé d'un environnement en évolution rapide notamment
dans les domaines de la technologie, du travail, de l'énergie et de l'urbanisation -est indispensable et
doit être suivie d'une action garantissant le caractère positif de ces effets sur la santé du public. La
24
protection des milieux naturels et des espaces construits, ainsi que la conservation des ressources
naturelles, doivent être prises en compte dans toute stratégie de promotion de la santé.
Il est crucial de permettre aux gens d'apprendre à faire face à tous les stades de leur vie et à se
préparer à affronter les traumatismes et les maladies chroniques. Ce travail doit être facilité dans le
cadre scolaire, familial, professionnel et communautaire et une action doit être menée par
l'intermédiaire des organismes éducatifs, professionnels, commerciaux et bénévoles et dans les
institutions elles-mêmes.
Dans le cadre des services de santé, la tâche de promotion est partagée entre les particuliers, les
groupes communautaires, les professionnels de la santé, les établissements de services, et les
gouvernements. Tous doivent œuvrer ensemble à la création d'un système de soins servant au mieux
les intérêts de la santé.
Par delà son mandat qui consiste à offrir des services cliniques et curatifs, le secteur de la santé doit
s'orienter de plus en plus dans le sens de la promotion de la santé. Les services de santé doivent se
doter d'un mandat plus vaste, moins rigide et plus respectueux des besoins culturels, qui les amène à
soutenir les individus et les groupes dans leur recherche d'une vie plus saine et qui ouvre la voie à
une conception élargie de la santé, en faisant intervenir, à côté du secteur de la santé proprement dit,
d'autres composantes de caractère social, politique, économique et environnemental. La réorientation
des services de santé exige également une attention accrue l'égard de la recherche, ainsi que des
changements dans l'enseignement et la formation des professionnels. Il faut que cela fasse évaluer
l'attitude et l'organisation des services de santé, en les recentrant sur la totalité des besoins de
l'individu considérés dans son intégralité.
La santé est engendrée et vécue dans les divers contextes de la vie quotidienne, là où l'individu
s'instruit, travaille, se délasse ou se laisse aller à manifester ses sentiments. Elle résulte du soin que
l'on prend de soi-même et d'autrui et de la capacité à prendre des décisions et à maîtriser ses
conditions de vie; elle réclame, en outre, une société dans laquelle les conditions voulues sont réunies
pour permettre à tous d'arriver à vivre en bonne santé.
L'altruisme, la vision globale et l'écologie fondent les stratégies de promotion de la santé. Les auteurs
de ces stratégies doivent donc partir du principe qu'à tous les niveaux de la planification, de la mise en
25
œuvre et de l'évaluation de la promotion de la santé, tous les partenaires, hommes ou femmes,
doivent être considérés comme égaux.
Les participants à la Conférence sont fermement convaincus que, si les gens de tous milieux, les
organisations non gouvernementales et bénévoles, les gouvernements, l'Organisation mondiale de la
Santé et tous les autres organismes concernés s'unissent pour lancer des stratégies de promotion de
la santé conformes aux valeurs morales et sociales dont s'inspire cette CHARTE, la Santé pour tous
d'ici l'an 2000 deviendra réalité.
26
Annexe 4 : Glossaire des sigles
27
(Organisation Mondiale des Médecins Généralistes)
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santé communautaire ; tous les articles parus depuis 1997 sont consultables en ligne et peuvent être
téléchargés : http://www.maisonmedicale.org/-Tous-les-numeros-deja-parus-.html
Date de dernière consultation : 23 avril 2012
¾ Institut Renaudot
Adresse : http://institut-renaudot.fr/
Auteur : Institut Renaudot
Langue : français
Description : le site de l’Institut Renaudot est une référence en matière d’informations sur la santé
communautaire pour la France. Les différents onglets permettent de se renseigner sur les thèmes
suivants : « Actualité », « Qui sommes nous ? », « Formations », « Actions », « Evénements »,
« Expériences à partager », « Centre documentaire », « On parle de nous », « Publications », « Liens
utiles ». L’équipe de l’Institut Renaudot se compose de médecins, infirmières, psychosociologues,
sociologues, intervenants et enseignants en santé publique, éducateurs et psychothérapeutes.
Voir en particulier : dans l’onglet « Evénements », les rubriques suivantes : « Les Universités » dans
laquelle on trouve les actes des universités d’été qui sont organisées tous les deux ans et « Les
Rencontres » qui renvoie vers le site des Rencontres de l’Institut Renaudot qui ont également lieu
tous les deux ans dans une région différente : on y trouve les Actes des 5èmes, 6èmes et 7èmes
rencontres : http://rencontres.institut-renaudot.fr/index.html. Depuis l’onglet « Centre documentaire »,
on accède au catalogue en ligne de l’Institut Renaudot qui recense les différents documents que l’on
peut emprunter / consulter : http://www.santecommunautaire.com/opac_css/
Date de dernière consultation : 24 avril 2012
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Voir en particulier : la base de données collective régionale en éducation et promotion de la santé
accessible depuis la page d’accueil : http://pmb.santenpdc.org/opac_css/ ; voir aussi l’onglet
« Contact Santé » qui propose la consultation en ligne des sommaires du magazine mensuel du
même nom, créé en 1986 pour valoriser les actions de santé communautaire.
Date de dernière consultation : 24 avril 2012
¾ La Case de Santé :
Adresse : http://www.casedesante.org/
Auteur : La Case de Santé
Langue : français
Description : Située place Arnaud-Bernard à Toulouse, la Case de Santé est un centre de santé
communautaire créé en 2006 par une équipe pluridisciplinaire comprenant une infirmière, deux
médecins généralistes, deux animateurs en santé communautaire, une éducatrice spécialisée, trois
travailleurs sociaux, une nutritionniste conseil et un gestionnaire administratif. Les membres
fondateurs se sont inspirés des maisons médicales de Belgique et du Centre Local de Service
Communautaire au Québec qu’ils ont pu visiter lors de voyages professionnels. La Case de Santé
accueille principalement les habitants du quartier : salariés, retraités, artistes, précaires qui se
rencontrent autour de divers thématiques telles que « femmes et santé », « alimentation », « corps et
santé », « santé des migrants », « santé et prison ».
Voir en particulier : les différentes rubriques de l’onglet « Santé primaire », à savoir « Le soin »,
« Prévention », « Accès au soin », qui exposent et expliquent la façon de travailler de l’équipe de la
Case de Santé.
Date de dernière consultation : 24 avril 2012
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