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Albert Camus, Le Mythe de Sisyphe : résumé,

personnages et analyse

Résumé de l’essai Le Mythe de Sisyphe d’Albert Camus


En 1942, Camus publie deux ouvrages :

Le Mythe de Sisyphe

Qui est un essai.

L’Étranger

Qui est un roman.

Ces deux ouvrages sont à mettre en parallèle. Ce sont selon Camus, deux versions du même thème
de l’absurde. L’auteur parle de L’Étranger comme d’une mise en images de son essai.

Les deux œuvres font partie d’un tout nommé « cycle de l’absurde » par Camus incluant, Caligula
(pièce de théâtre) et Le Malentendu (pièce de théâtre).

Dans Le mythe de Sisyphe, Camus développe sa philosophie de l’absurde. Il disserte sur la


recherche en vain de sens de l’homme. Selon lui, le monde est inintelligible. Il ne croit pas en Dieu
et par conséquent en de quelconques vérités ou valeurs éternelles.
La réflexion centrale est celle de la prise de conscience de l’absurde.
Doit-elle ou non conduire inévitablement au suicide ? À la fin de l’essai, Camus conclut que non,
mais qu’elle “nécessite la révolte”.

Albert Camus est né en 1913 en Algérie dans une famille pauvre. Il meurt accidentellement en 1960
en France. C’est un écrivain, philosophe, romancier, mais aussi un dramaturge, essayiste et
nouvelliste. Également journaliste militant, il s’est engagé dans la Résistance française.

Son œuvre comprend des ouvrages de diverses catégories : pièces de théâtre, romans, nouvelles,
films, poèmes, essais…
Il s’appuie dans ses écrits sur un humanisme basé sur la prise de conscience de l’absurde de la
condition humaine. Il démontre que la révolte est une réponse à l’absurde. Mais une révolte qui
mène à l’action et donne un sens au monde. En donnant un sens au monde, elle donne un sens à
l’existence de l’homme.

Albert Camus reçoit le prix Nobel de littérature en 1957 pour l’ensemble de son œuvre incluant déjà
Le Mythe de Sisyphe.

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Premier chapitre : Un raisonnement absurde

Camus donne dans ce chapitre sa définition de l’absurde selon Le mythe de Sisyphe.


Il analyse le suicide comme une potentielle nécessité face à une condition humaine sans logique et
sens. Il pose cette analyse comme une problématique fondamentale pour l’Homme.

Camus commence par donner une description du monde absurde qui nous entoure. Il avance que la
plupart des vies humaines s’appuie sur l’attente du lendemain porteur d’espoir. Cependant, avancer
vers demain est synonyme d’avancer vers la mort, qui est la plus puissante ennemie de l’Homme.
Les hommes vivent en ayant conscience de devoir l’affronter en dernier lieu.

Pour l’auteur, la réalité révélée par l’absurde est difficilement supportable.

Camus développe l’idée que l’absurdité apparait à l’homme lorsqu’il s’obstine à comprendre un
monde qui pour lui est sans raison. Le monde et la pensée humaine en soi ne sont pas absurdes.
L’absurde apparait lorsque le besoin de l’homme rencontre le caractère déraisonnable du monde
pour lui.

Il analyse ainsi certains raisonnements essayant de contrer l’absurde comme étant un suicide
philosophique. Pour l’auteur, il n’est pas possible d’aboutir à des conclusions contredisant la position
absurde d’origine.
Ceux qui le font abandonnent la raison et se tournent vers Dieu, comme Kierkegaard et Chestov. Ou
élèvent la raison et aboutissent à des formes platoniques omniprésentes et à un dieu abstrait,
comme Husserl.

D’après Camus, il faut accepter l’absurdité et donc accepter la contradiction entre le monde sans
raison et la nécessité de raison qui préoccupe l’être humain.
Il faut absolument rejeter le suicide comme une possibilité envisageable. L’absurde n’a de sens que
pour l’homme. Il faut vivre avec cette contradiction et accepter les limites de la raison sans illusion.
Cependant, la conscience de l’absurde est une utopie qui nécessite un raisonnement permanent.

La liberté n’est pas d’espérer en de meilleurs lendemains. Il ne faut pas chercher à y mettre du sens.
Il faut chercher à comprendre les bienfaits offerts par le monde dépourvu de raison. Le plus
important n’est pas de vivre mieux mais de vivre plus. Camus aboutit à trois issues possibles : la
passion ou la révolte ou la liberté.

Deuxième chapitre : L’homme absurde

Dans cette partie, Camus présente des exemples de comportements d’hommes absurdes, des
situations de vie absurdes.

Il analyse d’abord Don Juan

Cet homme est centré sur sa capacité de séduction. Il ne cherche pas le sens de toute action, il se

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complait dans le jeu de la séduction, qu’il sait éphémère, centré sur sa passion.
Il ne se fixe aucune limite dans le nombre de ses conquêtes. Cette ligne de conduite est forcément
illusoire puisque la conquête de toutes les femmes est irréalisable.

Puis l’acteur

Ici l’homme se fond dans la peau de quelqu’un autre. Il cumule lors de son existence, sa propre
existence avec celles d’autres personnes. Pour Camus, l’acteur cherche la gloire éphémère d’une vie
éphémère où « le paraître crée l’être ». Il s’identifie à des personnages à la vie cohérente, alors que
la vie réelle ne l’est pas.

Enfin le conquérant

Camus analyse enfin le style de vie de celui qu’il définit comme conquérant, vainqueur ou guerrier.
Ici, le personnage ne cherche pas l’éternité. Il sait qu’à l’aboutissement de son action, de sa
conquête, ou même au cours de celle-ci, il est confronté à la mort.
Il poursuit quand même son but pour marquer l’histoire.

Dans ces trois situations, les personnages nagent dans l’absurdité. Cependant, ils ne la renient pas.

Troisième chapitre : La création absurde

Cette partie est la réponse à la question fondamentale de savoir d’où vient l’absurde.
Ici, Camus analyse le créateur ou l’artiste absurde. Aucune œuvre ne peut avoir une explication
plausible. Sans explication possible, l’art (absurde) se limite à une description de multitudes
d’expériences. Si le monde était objectif, l’art n’aurait aucune raison d’être. L’absurde ne doit pas
juger ou créer le moindre espoir.
L’auteur se penche sur le travail de Dostoïevski, notamment sur Journal d’un écrivain, Les Possédés
et Les Frères Karamazov. Ces œuvres se basent sur l’absurde et sur le suicide philosophique. Mais
le chemin vers l’espoir et la foi qu’ils contiennent les retire de l’énumération des productions
absurdes.

Quatrième chapitre : Le mythe de Sisyphe

Camus s’intéresse à Sisyphe au moment où le personnage revient en bas de la montagne pour vivre
encore de nouveau le cycle infernale de sa punition. Le héros absurde n’a d’intérêt pour l’auteur que
lorsqu’il se retrouve encore à faire rouler sa pierre.
Le personnage l’interpelle dans son effort pour atteindre son objectif et pour la difficulté,
l’abattement qui l’assaille.
Ici, le héros vit un supplice éternel. Le drame tient dans la réalisation par Sisyphe du drame de sa
vie auquel il ne peut échapper. Il pousse inexorablement conscient de l’absurdité de la réalité qui
l’entoure.

Camus souligne qu’une fois que le héros est prêt à endurer l’absurdité de sa sanction, il peut s’en

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accommoder, voire composer avec, sans complainte.
L’absurde n’est donc pas un obstacle au bonheur des hommes. Camus termine son essai en
soulignant que tout est bien. Il souligne que ce qui est primordial est d’accepter et apprendre à
aimer la difficulté.

« II faut imaginer Sisyphe heureux »


C’est sur cette formule que s’achève l’essai de Camus. L’absurde n’est donc pas un obstacle au
bonheur de l’homme : « Le bonheur et l’absurde sont deux fils de la même terre ». Sisyphe n’est
alors triste que s’il se définit comme une victime des dieux. Cependant, il est aussi capable de
récuser ce statut de victime, de s’opposer ainsi aux dieux, et d’assumer pleinement sa vie telle
qu’elle est alors. « Toute la joie silencieuse de Sisyphe est là. Son destin lui appartient. Son rocher
est sa chose. […] Sisyphe enseigne la fidélité supérieure qui nie les dieux et soulève les rochers ».

Présentation des personnages


Sisyphe est un personnage de la mythologie grecque. Pour ses fautes, dont il existe plusieurs
versions, il est condamné par les dieux à rouler sans fin, aux Enfers, un rocher sur une pente.
Lorsqu’il parvient au sommet, le rocher descend la pente, et Sisyphe doit recommencer
éternellement sans fin.
Camus analyse par ce mythe le symbole de l’absurde de la condition humaine.

Dans une des versions les plus connues, dans les poèmes d’Homère, Sisyphe est le plus astucieux
des Hommes.
C’est un navigateur, sûr de lui. Il défie Zeus, en révélant au dieu-fleuve Azopos, où se trouve sa fille
Egine, que Zeus a enlevé parce qu’il la désire.
Pour se venger, Zeus demande à Thanatos de tuer Sisyphe, mais il l’enchaîne et l’empêche ainsi de
l’emmener en enfer. La colère de Zeus condamne alors Sisyphe à faire rouler éternellement un
rocher au sommet d’une colline. Une fois le rocher tombé, il doit le remonter et recommencer
inexorablement.

Analyse de l’œuvre
Selon certains, Sisyphe incarne les mouvements perpétuels de la nature, du soleil, des marées. Pour
d’autres, comme Camus, il incarne le malheur de l’Homme et l’absurdité de la vie.
Cependant dans son œuvre Camus décrit aussi Sisyphe comme un lutteur qui ne cède pas au
désespoir, au suicide et choisit la vie envers et malgré tout en continuant à faire rouler son rocher.

Le thème du suicide

“Il n’y a qu’un problème philosophique vraiment sérieux: c’est le suicide. Juger que la vie vaut ou ne
vaut pas la peine d’être vécue, c’est répondre à la question fondamentale de la philosophie.”

Pour Camus, Sisyphe incarne la seule question philosophique vraiment sérieuse, celle du suicide.

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Vivre n’est jamais facile selon l’auteur. On fait les gestes que l’existence commande pour de
nombreuses raisons, dont la première est l’habitude.
La punition la plus terrible qui soit est celle d’un travail inutile et absurde. Tout comme celui de
Sisyphe, absolument dénué de sens, interminable.
Le sens de l’existence de ce personnage est lié à la manière dont il s’attache à la vie en bravant les
dieux.
Le sens de son existence est alors la lutte. Sa tragédie est liée à la punition irrationnelle reçue. C’est
à sa misérable condition qu’il pense lorsqu’il revient au pied de la montagne pour revivre la boucle.
“C’est parce qu’il y a de la révolte que la vie de Sisyphe mérite d’être vécue, la raison seule ne lui
permet pas de conférer un sens à l’absurdité du monde”.

Camus donne les clefs d’un monde où exister sans utilité ou signification. Il démontre à l’homme
comment créer du sens en s’appuyant sur le mythe.
À l’image de Sisyphe, condamné à pousser une pierre au sommet d’une montagne, qui retombe sans
fin, Camus démontre qu’il est facile de déclarer son existence absurde et sans espoir. Il peut être
simple alors de croire que Sisyphe puisse préférer la mort à son existence. Or, Camus propose une
autre analyse.

Camus propose de se saisir de l’absurde et, au contraire, de le vivre pleinement.

En mettant en avant :

– Une absence totale d’espoir, mais qui n’est pas le désespoir


– Une réflexion permanente, mais qui n’est pas le renoncement
– Une insatisfaction consciente, mais qui n’est pas de l’anxiété immature

Le thème de l’absurdité

Sisyphe est présenté par Camus comme le héros ultime de l’absurde. Il se voit condamner par les
dieux pour les avoir défiés et pour avoir combattu la mort. Ces derniers cherchent une forme terrible
de torture pour Sisyphe, devant une tâche impossible a accomplir. Les dieux veulent une frustration
permanente qui s’appuie sur la quête de jours meilleurs pour Sisyphe alors sans possibilité d’espoir.

Sisyphe défie alors à nouveau les dieux en se montrant sans espoir. Il renonce littéralement à toute
illusion de réussite. C’est à ce moment d’abandon des illusions que Camus érige Sisyphe en héros.
Sisyphe transforme alors sa capacité à continuer, sans fin, à supporter sa punition et son destin, en
victoire.

Sa lutte justifie son existence. Il faut projeter Sisyphe d’accomplir son parcours d’homme, au milieu
de l’absence de sens du monde.

Camus appelle même à la révolte contre l’ordre métaphysique du monde.

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Le thème de la révolte

Camus démontre dans son ouvrage que la révolte est la seule voie pour vivre sa vie dans un monde
absurde.
L’essence de la révolte trouve son sens en elle-même, plus que ce qui est défendu. L’auteur livre
donc un essai sur l’engagement passionné et clairvoyant qui trouve une résonance dans le contexte
politique de son époque. Il poursuit son analyse dans son livre L’Homme révolté.

La révolte n’est pas forcément politique pour Camus. C’est une révolte métaphysique, c’est à dire
une recherche rationnelle qui a pour objet la connaissance de l’être, des causes de l’univers et des
principes premiers de la connaissance.
Ici, la révolte n’est pas à associer à la révolution.
Celui qui se rebelle n’a pas de plan prédéfini, il est juste guidé par l’action de se rebeller.

La rébellion développée dans Le Mythe de Sisyphe, a une visée morale. Elle conduit à
l’établissement de l’ordre moral du monde. Le “non” de l’homme est une tentative de création de
valeur dans le monde. La révolte est le moteur de la vie et de l’action. C’est elle qui le rend libre.

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