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Math 3

Intégrales généralisées
Yvon Henel
2021-2022

Table des matières


1 Introduction 1

2 Intégrales généralisées 2
2.1 Définitions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2
2.2 Propriétés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4

3 Intégrales et séries 7

1 Introduction
Premier exemple
Soit t ∈ ]0, 1].
1
1. f : x 7−→ p est continue sur [t , 1] ;
x
2. f est donc intégrable sur [t , 1] ;
p
3. une primitive de f est F : x 7−→ 2 x.
On a donc Z 1 £ p ¤1 p
ϕ(t ) := f (x) dx = 2 x t = 2 − 2 t
t
de plus ϕ est bien définie en 0 et ϕ(0) = 2.
Conclusion Z 11
lim p dx = 2.
t →0 t x

Deuxième exemple
Soit t ∈ [1, +∞[.
1
1. f : x 7−→ 2 est continue sur [1, t [ ;
x
2. f est donc intégrable sur [1, t [ ;
−1
3. une primitive de f est F : x 7−→ .
x

1
On a donc ¸t
Z t ·
−1 −1 −1 1
ϕ(t ) := f (x) dx = = − = 1−
1 x 1 t 1 t
de plus ϕ a une limite en +∞ :
Conclusion Z t 1
lim dx = 1.
t →+∞ 1 x2

2 Intégrales généralisées
2.1 Définitions
Fonction localement intégrable

Définition 1 (Fonction localement intégrable). Soient a et b tels que −∞ É a < b É


+∞.
Soit f définie sur ]a, b[.
On dit que f est localement intégrable sur ]a, b[ ssi f est intégrable sur tous les
intervalles fermés contenus dans ]a, b[.

Intégrale généralisée, intervalle non borné — 1

Définition 2 (intégrale généralisée). Soit a ∈ R.


Soit f : x 7−→ f (x) définie et continue sur [a, +∞[.
Z t
Soit ϕ : [a, +∞[ −→ R ; t 7−→ f (x) dx.
a
Si ϕ(t ) a une limite quand t tend vers +∞,
— on dit que l’intégrale de f sur [a, +∞[ est convergente ;
— on appelle « intégrale généralisée de f sur [a, +∞[ » la limite lim ϕ(t ) ;
t →+∞
Z +∞
— on note « f (x) dx » cette intégrale généralisée.
a

Intégrale généralisée, intervalle non borné — 2

Définition 3 (intégrale généralisée). Soit a ∈ R.


Soit f : x 7−→ f (x) définie et continue sur ]−∞, a].
Z a
Soit ϕ : ]−∞, a] −→ R ; t 7−→ f (x) dx.
t
Si ϕ(t ) a une limite quand t tend vers −∞,
— on dit que l’intégrale de f sur ]−∞, a] est convergente ;
— on appelle « intégrale généralisée de f sur ]−∞, a] » la limite lim ϕ(t ) ;
t →−∞
Z a
— on note « f (x) dx » cette intégrale généralisée.
−∞

2
Intégrale généralisée, fonction non bornée — 1

Définition 4 (intégrale généralisée). Soit (a, b) ∈ R2 .


Soit f : x 7−→ f (x) définie et continue sur [a, b[ de limite infinie en b.
Z t
Soit ϕ : [a, b[ −→ R ; t 7−→ f (x) dx.
a
Si ϕ(t ) a une limite quand t tend vers b,
— on dit que l’intégrale de f sur [a, b[ est convergente ;
— on appelle « intégrale généralisée de f sur [a, b[ » la limite lim ϕ(t ) ;
t →b
Z b
— on note « f (x) dx » cette intégrale généralisée.
a

Intégrale généralisée, fonction non bornée — 2


Remarque
Si f est définie sur ]a, b] et de limite infinie en a, on définit de même l’intégrale
généralisée de f sur ]a, b] avec
Z b Z b
ϕ(t ) = f (x) dx et f (x) dx = lim ϕ(t ).
t a t →a

Intégrale généralisée, exemples


On a déjà vu deux exemples :
Z 11
Z +∞ 1
p dx = 2 et dx = 1
0 x 1 x2
1. la première est un cas de fonction non bornée sur un intervalle borné ;
2. la deuxième un cas d’intervalle non borné.

Intégrale divergente

Définition 5 (intégrale divergente). Dans tous les cas précédents, si la limite de ϕ(t )
n’existe pas ou n’est pas réelle, on dit que l’intégrale est divergente.

Remarque

Dans ces cas-là, la notation avec le signe somme n’a pas de sens.

Intégrale généralisée, cas d’un intervalle ouvert

Définition 6 (intégrale généralisée). Soient a et b tels que −∞ É a < b É +∞.


Soit f définie sur ]a, b[ et localement intégrable sur ]a, b[.
Soit c ∈ ]a, b[ quelconque.
On dit que l’intégrale sur ]a, b[ de f est convergente si les intégrales sur ]a, c[
et ]c, b[ sont convergentes et on pose
Z b Z c Z b
f (x) dx = f (x) dx + f (x) dx.
a a c

3
Intégrale généralisée, cas d’un intervalle ouvert
Choix de c — 1
Propriété
Le choix de c ∈ ]a, b[ n’a pas d’importance.
Soit d ∈ ]a, b[. Pour tout t :
Z d Z c Z d
ψa (t ) := f (x) dx = f (x) dx + f (x) dx = ϕa (t ) + K
t t c

de même
Z t Z c Z t
ψb (t ) := f (x) dx = f (x) dx + f (x) dx
d d c
Z t Z d
= f (x) dx − f (x) dx = ϕb (t ) − K
c c

Intégrale généralisée, cas d’un intervalle ouvert


Choix de c — 2
Les limites de ϕa en −∞ et de ϕb en +∞ existent. Pourquoi ?
Donc les limites de ψa en −∞ et de ψb en +∞ existent.

Z c
lim ψa (t ) = K + f (x) dx
t →−∞ −∞
Z +∞
lim ψb (t ) = −K + f (x) dx donc
t →+∞ c
Z d Z +∞ Z c Z +∞
f (x) dx + f (x) dx = f (x) dx + f (x) dx
−∞ d −∞ c

2.2 Propriétés
Propriétés
Remarque
On retrouve pour les intégrales généralisées les propriétés des intégrales à la condi-
tion que toutes les intégrales généralisées concernées soient convergentes.

Critère de convergence
CNS de convergence
Soit f une fonction positive localement intégrable sur [a, b[.
Z b
f (x) dx est convergente ssi[6pt] il existe M ∈ R+ tel que, pour tout x ∈ [a, b[,
Z x a
f (t ) dt É M .
a

4
Comparaison et convergence
Comparaison et convergence
Soient f et g deux fonctions positives et localement intégrables sur [a, b[.
Si f (t ) É g (t ) pour tout t ∈ [a, b[ alors
Z b Z b
— si g (t ) dt converge alors f (t ) dt converge ;
a a
Z b Z b
— si f (t ) dt diverge alors g (t ) dt diverge.
a a

Remarque
Cela rappelle le théorème du même genre sur les séries.

Équivalence et convergence
CS de convergence
Soient f une fonction positive et g une fonction strictement positive sur [a, b[,
toutes deux localement intégrables sur [a, b[.
f (x)
Si la limite k = lim existe et est finie alors
x→b g (x)
Z b Z b
— si g (t ) dt converge alors f (t ) dt converge ;
a a
Z b Z b
— si k ̸= 0 et g (t ) dt diverge alors f (t ) dt diverge.
a a

Exemple — convergence en l’infini — 1


Propriété
Soit α > 1.
Z +∞ 1
x −α dx = .
1 α−1

On a ¸t
t x −α+1
·
1 ¡ 1−α
Z
−α
ϕ(t ) :=
¢
x dx = = t −1
1 −α + 1 1 1−α
1
comme 1 − α < 0, lim t 1−α = 0 donc lim ϕ(t ) = .
t →+∞ t →+∞ α−1

Exemple — convergence en l’infini — 2


Propriété
Soit f une fonction positive sur [a, +∞[ avec a Ê 1.
S’il existe α > 1 tel que lim t α f (t ) = k ∈ R alors
t →+∞
l’intégrale de f sur [a, +∞[ est convergente.
f (t )
On a t α f (t ) = .
t −α
On applique la proposition précédente aux fonctions f et g avec g (t ) = t −α .
Comme α > 1, on a vu que l’intégrale de g sur [a, +∞[ est convergente. cqfd

5
Fraction rationnelle
Cas des fractions rationnelles
Soient P et Q deux polynomes.
P (x)
Si f (x) = Ê 0 sur [a, +∞[ alors deg(Q) Ê deg(P )+2 =⇒ f est intégrable
Q(x)
sur [a, +∞[.
n m
p k x k et Q(x) = qk x k .
X X
Soient P (x) =
k=0 k=0
n
P (x) α pn x pn
On a lim x α = lim x m
= lim x α+n−m .
x→+∞ Q(x) x→+∞ qm x q m x→+∞
La limite est finie ssi α + n − m É 0 c.-à-d. m − n Ê α.
Pour que l’intégrale converge il faut α > 1 et, comme m − n ∈ N, cela signifie
m − n Ê 2 c.-à-d. m Ê n + 2. cqfd

Exemple — convergence en zéro — 1


Propriété
Soit α < 1.
Z 1 1
x −α dx = .
0 1−α

On a
¸1
1 x −α+1
·
1 ¡
Z
ϕ(t ) := x −α dx = 1 − t 1−α
¢
=
t −α + 1 t 1−α
1
comme 1 − α > 0, lim t 1−α = 0 donc lim ϕ(t ) = .
t →0 t →0 1−α

Exemple — convergence en zéro — 2


Propriété
Soit f une fonction positive sur ]0, a] avec 0 < a É 1.
S’il existe α < 1 tel que lim t α f (t ) = k ∈ R alors
t →0
l’intégrale de f sur ]0, a] est convergente.
f (t )
On a t α f (t ) = .
t −α
On applique la proposition précédente aux fonctions f et g avec g (t ) = t −α .
Comme α < 1, on a vu que l’intégrale de g sur [0, a[ est convergente. cqfd

Avec du logarithme — 1
(ln x)2
Soit f (x) = p3
.
x5
f (x) = x −5/3 (ln x)2
et lim x 4/3 f (x) = lim x −1/3 (ln x)2 = 0
x→+∞ x→+∞

donc f est intégrable sur [1, +∞[.


Pourquoi ?

6
Avec du logarithme — 2
Rappel Z +∞
On a f (x) = x /3 (ln x)2 . Calculons
−5
f (x) dx.
1
Z t
Soit I = f (x) dx.
Z 1
−3 − 2/3 ¡ ¢′ ln x
On a x /3 = x et (ln x)2 = 2
−5
= 2x −1 ln(x) d’où
· 2 ¸t xZ t
−3 − 2/3
x (ln x)2 + 3J avec J = x /3 ln(x) dx
−5
I=
2 1 1
¸t ¸t
3 t − 5/3 3 −3 − 2/3 t
· · · ¸
−3 − 2/3 −3 − 2/3
Z
J= x ln x + x dx = x ln x + x
2 1 2 1 2 1 2 2 1
27 1 ¡ 27
− 6(ln t )2 + 18 ln t + 27 t /3 et lim I =
¢ −2
I= .
4 4 t →+∞ 4

3 Intégrales et séries
Encadrement
y

f (n)

f (n + 1)
⃗ȷ

⃗ı n n +1 x

Comparaison série et intégrale


Comparaison série et intégrale
Soit f une fonction positive et décroissante sur [a, +∞[.
La fonction f est intégrable sur [a, +∞[ ssi la série de terme général f (n) (avec
n Ê a) converge.

Remarque
La démonstration repose sur le fait que
Z n+1
f (n + 1) É f (x) dx É f (n)
n

qui est vrai puisque f est décroissante.

7
Comparaison série et intégrale, application — 1
Série de Bertrand
1
¢´α converge si α > 1.
X
³ ¡
n ln(n) ln ln(n)

Notons u n le terme général de la série.


On prend n Ê e2 .
³ ³ ¡ ¢´α ´−1
Notons f (x) = x ln(x) ln ln(x) .
Pour x Ê e2 et α > 1, f (x) > 0
et f est strictement décroissante sur [e2 , +∞[.
¢′ 1 1
Posons u(x) = ln ln(x) ; on a u ′ (x) = ln(x)
¡ ¢ ¡
= .
ln(x) x ln(x)

Comparaison série et intégrale, application — 2


Z t
Calculons I (t ) = f (x) dx.
e2
¡ ¢ dx
Par changement de variable : u = ln ln(x) d’où du = .
x ln(x)
Z t dx
Z ln(ln t )du
I (t ) = ¢´α = uα
³ ¡
e 2 ln 2
x ln(x) ln ln(x)

Or, comme α > 1, la fonction x −α est intégrable sur [1, +∞[. cqfd

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