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INTRODUCTION À LA MACROÉCONOMIE
TD n°7 : L’Investissement
Correction
Document : Extrait du Dictionnaire d’Économie et de Sciences Sociales, Jean-Yves Capul et Olivier Garnier, édition
2005.
Questions Préparatoires :
L’investissement est une opération réalisée par un agent économique consistant à l’achat de capital fixe, c’est-à-dire
de moyens de production tels que les machines ou les bâtiments. Cela correspond à une hausse du stock de capital
ainsi que son remplacement.
D’un point de vue comptable, l’investissement total d’une entreprise est nommé Formation Brute de Capital (FBCF).
Cette FBCF est composé de :
- investissement de capacité visant à augmenter la production de l’entreprise, par exemple l’achat de machines
supplémentaires pour produire plus ;
- investissement de productivité pour réaliser des gains de productivité c’est-à-dire produire à moindre coût, par
exemple remplacement de main d’œuvre par des machines pour réduire les coûts (notons que dans ce cas,
l’investissement de productivité peut détruire des emplois) ;
- investissement de remplacement c’est-à-dire remplacer les machines obsolètes par des machines modernes.
Considérons une économie fictive dans laquelle les entreprises doivent disposer d’un stock de capital de 200 pour
produire 100 unités. L’équipement fonctionne à pleine capacité (les entreprises ne conservent pas de capital oisif).
La durée de vie moyenne des équipements, notée 𝑛, est estimée à 10 périodes. L’investissement de remplacement
est supposé constant au cours des périodes et réalisé à partir de la période 0.
1. Définir et calculer le coefficient de capital noté 𝑘 (sa valeur sera considérée constante au cours des périodes).
Il s’agit du niveau de capital nécessaire pour produire une unité. La demande devant égaliser la production, il est
calculé via le rapport entre le stock de capital nécessaire et le niveau de la demande : 𝑘 = 𝐾𝑡 ⁄𝐷𝑡 . Sachant qu’il faut
un stock de capital de 200 pour produire 100 unités, cela signifie que le coefficient de capital vaut : 𝑘 = 200⁄100 =
2.
Déterminons le stock de capital nécessaire à chaque période. Nous connaissons la formule du coefficient de capital :
𝑘 = 𝐾𝑡 ⁄𝐷𝑡 . En tournant l’égalité, nous avons la valeur du stock de capital nécessaire : 𝐾𝑡 = 𝑘𝐷𝑡 . Par exemple :
𝐾0 = 𝑘𝐷0 = 2 ∗ 500 = 1000; 𝐾1 = 𝑘𝐷1 = 2 ∗ 600 = 1200…
L’investissement net (FNCF) mesure la variation du stock de capital nécessaire. En effet, l’entreprise doit réaliser cet
investissement (ou désinvestissement en situation de baisse de la demande) pour ajuster son stock de capital par
rapport aux évolutions de la demande. Donc : 𝐼𝑡𝑁 = 𝐾𝑡 − 𝐾𝑡−1. Par exemple : 𝐼1𝑁 = 𝐾1 − 𝐾0 = 1200 − 1000 =
200… Notons qu’à la période 3, il y a désinvestissement net.
L’investissement de remplacement (CCF) est supposé constant à chaque période. Il est nécessairement réalisé du fait
de l’usure du capital. On le calcule en rapportant le stock de capital initial à la durée de vie des équipements :
𝐼𝑡𝑅 = 𝐼 𝑅 = 𝐾0 ⁄𝑛 = 1000⁄10 = 100.
Comme pour la variation de la demande, la variation de l’investissement total est calculé de la manière suivante :
𝑇
∆𝐼𝑡𝑇 = 𝐼𝑡𝑇 − 𝐼𝑡−1 . Par exemple : ∆𝐼1𝑇 = 𝐼1𝑇 − 𝐼0𝑇 = 300 − 100 = 200…
3. Représenter sur un même graphique l’évolution de la variation de la demande (∆𝐷𝑡 ) et celle de la variation de
l’investissement total (∆𝐼𝑡𝑇 ). Expliquer comment fonctionne le principe de l’accélérateur d’investissement.
Représentation :
200
150
100
50
ΔD
0
0 1 2 3 ΔI
-50
-100
-150
-200
En période de hausse de la demande (entre les périodes 0 et 1), la hausse de l’investissement total est plus forte. En
période de ralentissement de la demande (entre les périodes 1 et 2), c’est-à-dire de hausse moins forte,
l’investissement total diminue. Enfin, en période de baisse de la demande (entre les périodes 2 et 3),
l’investissement total diminue plus fortement.
L’investissement sur-réagit aux variations de la demande car les niveaux de variation sont plus forts. Il y a donc un
effet accélérateur d’investissement : la variation de l’investissement total dépend de l’accélération de la demande
(autrement dit la variation de la variation de la demande…).
Synthèse :
La demande est une composante essentielle de l’activité économique. Elle mesure de manière générale la richesse
crée dans le pays, c’est-à-dire son produit intérieur brut (PIB). Elle est composée de la demande de consommation
ou encore de la demande d’investissement. La consommation mesure l’usage final de biens et services marchands
réalisé par les agents économique. L’investissement mesure l’acquisition de capital fixe (machines ou bâtiments) et
est mesuré par la formation brute de capital fixe (FBCF). Une partie des investissements sont privés, c’est-à-dire
réalisés par les entreprises.
Il est intéressant de rappeler que les niveaux d’investissements ont chuté suite à la crise économique de 2008. Le
taux d’investissement (Part de la FBCF dans la valeur ajoutée) des sociétés non financières en France est passé de
23.3% en 2008 à 21.5% en 2009 (Source : Insee). En 2014, ce taux n’a d’ailleurs toujours pas retrouvé le niveau de
2008. Dans le même temps, le niveau de la conjoncture est resté faible. Entre 2008 et 2009, le PIB français a diminué
de 2.8% (Source : Insee). Cela signifie que la demande globale a également diminué. Pour autant, la demande de
consommation est restée stable pendant la crise.
Dans une première partie, nous verrons que la demande semble être le déterminant principal de l’investissement
des entreprises. Puis, dans une seconde partie, nous mentionnerons les limites à cela en évoquant le rôle d’autres
facteurs.
* *
Nous développons ici la relation positive entre le niveau de la demande et le niveau de l’investissement à travers le
mécanisme de l’accélérateur puis en illustrant à travers des exemples significatifs.
L’accélérateur est un concept selon lequel il y a une relation croissante entre le niveau de l’investissement et celui de
la demande. Les entreprises font face à un niveau de demande potentiel et se doivent d’ajuster à la hausse ou à la
baisse leur stock de capital pour que leur niveau de production s’adapte. En période de hausse de la demande,
l’entreprise doit augmenter son stock de capital pour augmenter sa production. Elle réalise un investissement net.
Inversement en période de baisse de la demande où il y a désinvestissement. Le mécanisme permet de comprendre
que l’évolution de l’investissement est une fonction de l’accélération (la variation de la variation) de la demande.
L’investissement sur-réagit aux évolutions de la demande : en période de hausse de la demande, la hausse de
l’investissement est plus forte ; et inversement.
Ce concept fait évidemment référence au courant keynésien. La variable clé est nommée « demande effective »,
c’est-à-dire la demande anticipée par les entrepreneurs. Celle-ci influence le niveau de l’investissement des
entreprises afin d’ajuster, de la même manière, le stock de capital pour que la production suive la demande.
1.2. Illustration par les faits de cette relation entre demande et investissement
Une période particulièrement significative pour illustrer le mécanisme précédent est celle des « Trente Glorieuses ».
En effet, le niveau de la conjoncture était haut. Les sociétés étaient en pleine transformation avec l’arrivée d’une
consommation de masse. Cette hausse de la demande a incitée les entreprises à investir pour que les niveaux de
production suivent justement cette demande.
Nous pouvons également identifier des situations où le mécanisme a fonctionné à l’inverse avec les effets de la crise
de 2008. L’effondrement de la conjoncture dans les pays riches a provoqué une baisse généralisée de la demande.
Les taux d’investissements des entreprises se sont effondrés.
Il semble donc que la demande soit un déterminant prépondérant de l’investissement des entreprises. Pour autant,
il convient de mentionner un certain nombre de limites à cela.
Il existe des cas de figure où le niveau de l’investissement ne suit pas forcément celui de la demande de
consommation. L’exemple le plus significatif est celui de la France au lendemain de la crise de 2008 : le niveau de
l’investissement s’est effondré, alors que la consommation des ménages est restée soutenue. Cela signifie qu’il
existe d’autres facteurs influençant l’investissement des entreprises.
Il existe d’autres facteurs externes à l’entreprise. En premier lieu, nous trouvons l’impact du taux d’intérêt, pour
deux raisons. La première est qu’il s’agit du coût de l’emprunt. Il est rare qu’un investissement soit financé par les
fonds propres d’une entreprise. Celle-ci doit emprunter aux banques. En période de taux d’intérêt faibles, elles sont
encouragées à emprunter et donc à investir. Inversement en période de taux d’intérêt forts. La seconde est que le
taux d’intérêt permet également de savoir si un projet d’investissement est rentable, en le comparant à ce que l’on
appelle le taux de rendement interne (TRI) calculé par rapport aux profit futurs anticipés. Si ce TRI est supérieur au
taux d’intérêt, l’investissement est jugé rentable. Et inversement.
Le prix des facteurs de production fait l’objet d’un second déterminant de l’investissement. Si le coût du travail est
fort, l’entrepreneur peut être incité à remplacer sa main d’œuvre par du capital et donc à investir (via un
investissement de productivité). Et inversement. Le niveau de la fiscalité peut aussi poser problème. En période
d’impôts forts, les entreprises peuvent réduire leur investissement. Inversement, des subventions peuvent inciter à
investir.
Au niveau des facteurs internes à l’entreprise, le niveau de la rentabilité est un facteur essentiel d’investissement.
Les profits peuvent être réinvestis notamment pour innover. Ainsi, le niveau de profitabilité des entreprises peut
influencer à la hausse comme à la baisse le niveau de l’investissement.
De manière générale, la solidité financière d’une entreprise constitue un déterminant prépondérant. Il est moins
complexe de réaliser des projets d’investissements lorsque le niveau de l’endettement est faible, et que le niveau
des fonds propres est élevé.
* *
La demande apparait comme un déterminant essentiel de l’investissement des entreprises via notamment le
mécanisme de l’accélérateur d’investissement. Les entreprises ont tendance à être incitée à investir plus lorsqu’elles
font face à une conjoncture haute. Néanmoins, certains éléments laissent penser que la demande n’est pas
forcément le seul déterminant significatif. Le rôle du taux d’intérêt semble également être important puisqu’il
représente le coût du crédit. D’autres facteurs internes ou externes à l’entreprise peuvent également influencer
potentiellement leur investissement.
Notons qu’une piste potentielle de réflexion serait de s’interroger sur le fait que le niveau de la demande et de la
conjoncture ait un effet également sur la structure de l’investissement notamment sur la répartition entre
investissements de capacité et investissement de productivité.
Document : « Les Choix des Investissements »