Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
Chapitre IV : L’investissement
L’investissement, c’est un problème d’actualité « chaud ». Ils se font à long et à court terme.
Laura de Lisi
laura.de-lisi@univ-paris1.fr
« Les investissements d’aujourd’hui sont les profits de demain et les emplois d’après demain ». # H.
Schmidt
GE Capital, 2012 : les entreprises françaises investissent bien moins que leurs concurrentes
allemandes et même italiennes : peu de création d’emplois.
Les études faites en 2012 montrent que les politiques craignaient l’investissement. A l’époque c’était
une crainte que l’investissement soit insuffisant. C’est pourquoi un plan d’investissement a été
proposé, et poursuivie jusqu’à la fin du quinquennat précédent : voués à la recherche (université), à
la consommation, à la transition énergique etc.
2013 : gouvernement Ayrault : décision d’un plan d’investissements d’avenir sur dix ans (12 Milliards
d’€)
2017 : Gouvernement Philippe : Grand Plan d’investissement (GPI) 2018-2022 (57 Milliards d’€)
(économiste : Pisany-Ferry)
INSEE :
Ø En 2019, la formation brute de capital fixe (FBCF) de l’ensemble des agents
économiques accélère en 2019 (+ 4,2 % après + 3,2 % en 2018).
Ø L’investissement des ménages se poursuit (+ 1,8 % après
+ 1,5 %) et l’investissement public progresse vigoureusement (+ 7,7 % après + 3,3 %).
Ø L’investissement des entreprises non financières (ENF) reste dynamique (+ 3,6 %
après + 3,7 %).
Ø Les décisions des entreprises influent également sur l’activité via leur
comportement de stockage. En 2019, les variations de stocks contribuent
négativement à la croissance du PIB, à hauteur de – 0,4 point après 0,0 point en
2018.
Quel est le rôle de l’investissement ?
- Forte volatilité (= variable, il bouge beaucoup) de l’investissement : contribue aux
fluctuations de l’économie : quand il varie, la croissance varie.
- Rôle à court terme dans la demande totale et rôle à plus long terme dans l’offre
totale. Quand on augmente l’investissement, on augmente la production, on
augmente les revenus, et donc il y a un impact sur la demande qui accroît, et
inversement.
- L'investissement est considéré comme à la fois le produit et l’un des moteurs de la
croissance économique
1- La notion d’investissement
G. ABRAHAM-FROIS : c’est une « opération par laquelle un agent économique (ex : entreprise,
administration ou ménages) acquiert des biens et des moyens de production »
il s’agit d’un flux physique (ex : machines) ou technique qui vient maintenir, renouveler ou
accroître le stock de capital.
On n’investit pas que pour augmenter le stock de capital mais aussi le maintenir en état (pour qu’il
ne se détériore pas) et renouveler (détruire/éloigner les choses obsolètes).
Son But : Augmenter les stocks des moyens de production dans la perspective d’augmenter la
production future.
En comptabilité nationale = la FBCF : acquisitions moins les cessions d'actifs fixes réalisées par les
producteurs résidents. La FBCF inclut l’acquisition de biens d’équipement des entreprises,
l’acquisition de logements par les ménages et les travaux publics des APU.
Graphique 2 : Évolution de la FBCF en volume en France (INSEE) (Milliards d’euros 2010)
Pendant les 30 glorieuses, il y a eu un investissement à peu près stable. Mais l’investissement fluctue beaucoup
à partir des chocs pétroliers.
Graphique 3 : Évolution de la FBCF et du PIB en volume en France (prix chaînés, base 2005), en %
En Bleu , le PIB // En Jaune, l’investissement Les variations du PIB sont plus faibles que les
investissements.
Elles vont à peu près dans le même sens (quand le PIB diminue, l’investissement suit).
On a toujours pour les trente glorieuses et les chocs pétroliers, les mêmes perturbations.
Graphique 4 : Le taux d’investissement productif en % du
PIB
Avec,
l’investissement net = investissement de capacité et une partie de l’investissement en productivité
l’investissement de remplacement = amortissement, c’est-à-dire le remplacement des équipements
usagés
Le rapport entre la FBCF et la VA créée permet de mesurer l’effort d’investissement pour un pays
donné.
Un effet de revenu : tout investissement implique une distribution de revenus (ex : salaires, profit..)
Il concerne le côté «demande»
Cet effet revenu, c’est-à-dire lorsqu’on investit et qu’on paye les équipements et les travailleurs (qui
travaillent dessus mais peu longtemps), est en général plus rapide que l’effet de capacité, mais il
s’étend sur une période plus brève. Une fois qu’on a acheté les équipements, cela dure + longtemps.
Cet effet revenu est d’autant plus important que la PmC (politique de relance keynésienne) est forte
et que la propension marginale à importer est faible.
Mais si elle est trop forte, on va trop consommer les produits internationaux et on va donc booster la
consommation étrangère.
B. Une corrélation entre taux de croissance et I
Remarque: La contribution de l’I à la croissance se mesure par le produit de son taux de croissance
par son poids dans le PIB (Y) ;
- L'investissement est généralement soumis à la loi des rendements décroissants : une unité
supplémentaire d’investissement va entraîner une hausse de production de plus en plus faible (+ on
produit, + ce qu’on produit importe peu)
- En termes financiers, «investir plus» n'est pas forcément synonyme d’« investir mieux » (facteur
qualitatif ≠ facteur quantitatif)
- La destruction créatrice (idée que les nouvelles innovations viennent remplacer les technologies
existante) ou l’effet ambivalent de l’investissement sur la croissance (J. Schumpeter, puis P. Aghion
et P. Howitt)
Exemple : Les ordinateurs d’avant ont été remplacés par ceux d’aujourd’hui. Ou encore :
généralement, le travail peu qualifié disparait pour des postes plus qualifiés.
3 manières de financer l’investissement : l’autofinancement (on utilise ses propres ressources, son
propre capital), et les financements externes1 comme l'emprunt, que ce soit par l'intermédiaire des
banques (emprunts), ou du marché financier
On mesure la situation financière de l’entreprise avec des ratios de rentabilité : le taux de
marge (EBE/VA), le taux d’épargne des entreprises (épargne brute/VA) ou encore le taux
d’autofinancement (épargne brute / FBCF)
Avantage de l’autofinancement pour l’entreprise : elle s’affranchit du coût de la dette et
permet une certaine indépendance vis-à-vis de créanciers ou actionnaires : on n’a pas à
payer l’emprunt chaque mois et on est indépendant, on n’a pas la nécessité de rendre des
comptes.
1
il existe deux types de financement externe (par l’emprunt où on passe par les banques // par le marché financier où on passe
par les actions et obligations et on espère qu’ils seront achetés)
Favoriser les profits peut parfois se révéler inutile, voire pénalisant pour l'investissement car
il compte plusieurs déterminants.
La façon dont on utilise les profits est capitale : il ne faut pas vouloir à chaque fois investir
son profit. Il faut que le rendement > taux d’intérêt
Le rôle de la demande : il faut une demande et que les capacités de production en place
puissent satisfaire cette demande.
Le rôle des taux d'intérêt : une entreprise n'investira que si le rendement escompté de
l'investissement est supérieur au taux d'intérêt.
« Il n’est pas facile de ranimer l’efficacité marginale du capital, telle que la détermine l’état d’esprit
capricieux et déréglé des milieux d’affaires. C’est le retour de la confiance, pour user du langage
courant, qu’il est difficile de provoquer dans une économie fondée sur le capitalisme individuel ».
# J-M. Keynes
1- La demande anticipée
Le capital K à l’instant t varie en fonction de la demande : il réagit par un coefficient v qui est
positif. L’investissement net est donc une fonction linéaire des variations de la demande :
La demande anticipée :
L’effet d’accélération s’inscrit dans la vision keynésienne (puisqu’on anticipe, les entrepreneurs
produisent en fonction de la demande anticipé) d’un équilibre économique contraint par les
débouchés.
L’effet accélérateur simple et effet accélérateur flexible se rejoignent ainsi à long terme, mais pas à
court terme ou moyen terme.
A court terme, on a une dissociation possible : on commence à utiliser les capacités avant d’investir,
ce qui créer un décalage dans le temps.
La demande anticipée :
Les entreprises choisissent la combinaison productive minimisant les coûts et maximisant leurs
profits : le poids du capital et le poids du travail comptent dans les décisions de choix.
À Court terme, le niveau de production est contraint par les débouchés : c’est le coût relatif des
facteurs de production qui est pris en compte.
À Long terme, le programme de production n’est pas contraint par les débouchés : c’est le coût réel
de chaque facteur qui intervient dans la décision d’investissement.
Prise en compte du coût d’usage du capital (évalue le coût effectif du capital en intégrant de
nombreux éléments : le taux d’intérêt, la structure du bilan, la fiscalité, l’inflation et les
amortissements).
Un effet de substitution : une augmentation du coût du capital devrait inciter les entreprises à
substituer du travail au capital à la demande de travail devrait s’accroître.
Un effet de profitabilité : dans le même temps, une augmentation du coût du capital augmente le
coût de production unitaire, ce qui augmente ses prix, et risque de baisse de la demande qui lui est
adresséeréduction de l’emploi.
Les estimations suggèrent que l’effet de profitabilité domine l’effet de substitution (on n’arrive pas à
substituer de manière finie).
3- La profitabilité
« Les profits sont le sang vital du système économique, l’élixir magique sur lequel repose tout
progrès. Mais le sang d’une personne peut être le cancer pour une autre ». # P. Samuelson