Economie-1ère année- ECT2 CPGE Moulay Idriss -FES Pr.

Ibtissam DAKIRANE

Module1.3 : L’investissement et le financement

I. Objectif général du Module :

Présenter l’investissement et ses modes de financement monétaire et financier .

Chapitre n°1 : L’accumulation du capital

L’investissement est une opération économique fondamentale, qui détermine l’accumulation du
capital, il est considéré comme une condition de la croissance économique. C’est lui qui permet
l’amélioration des techniques de production et le développement du progrès technique. Il est ainsi
au cœur des débats et l’un des enjeux des politiques économiques.

I- La notion de l’investissement : Définition et mesure

A- Définitions de l’investissement

« Investir, au sens large, c’est consentir un coût immédiat en échange d’une satisfaction ou
d’une production future. » Economie politique ; introduction à l’analyse économique ;
Jacques Généreux ; 4ème édition, HACHETTE Supérieur
Le concept théorique d’investissement est bien plus large que le concept statistique retenu dans
les comptes de la nation. La mesure comptable de l’investissement doit se limiter à des
opérations aisément quantifiables. Dans la comptabilité nationale, l’investissement total
correspond aux concepts de formation brute de capital fixe (FBCF), la variation des stocks et
les acquisitions nettes d’objets de valeurs.

1- La FBCF : Formation brute de capital fixe

La FBCF est l’acquisition nette (acquisition moins cessions) d’actifs fixes. Un actif fixe est un
actif corporel (outil, bien d’équipement) ou incorporel (programme informatique, logiciel,
œuvre artistique) issu d’un processus de production et réemployé pendant au moins un an dans
d’autres processus de production. Concrètement, la FBCF comprend essentiellement des achats
de biens d’équipement ou de bâtiments par les entreprises, les achats de logements par les
ménages (et leurs gros travaux d’entretien et de réparation). Le SEC 95 (Système européen de
comptabilité) a innové en étendant la FBCF à des actifs incorporels (logiciels, œuvres
artistiques), reconnaissant ainsi le concept d’investissement immatériel alors que,
précédemment, l’investissement ne pouvait porter que sur des biens matériels.

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2- La variation des stocks

Il s’agit de l’augmentation ou de la diminution de tous les biens en stock (matières premières,

produits en cours ou produits finis). Une augmentation des stocks correspond à une
immobilisation plus importante de fonds et donc à un investissement. A l’inverse, une diminution
des stocks correspond à un désinvestissement.
3- Les acquisitions nettes d’objets de valeur
Il s’agit de l’acquisition d’objets qui ont un usage durable mais qui ne sont pas employés pour
la production d’autres biens et services (achats de bijoux, œuvres d’art, métaux précieux, etc.)
Précédemment considérés comme des biens de consommation, ils ont été inclus par le SEC 95
dans la formation de capital, parce qu’ils peuvent être détenus durablement comme une réserve
de valeur ; de ce fait, ils constituent davantage un emploi de l’épargne qu’une dépense de
consommation.

B- Mesure de l’investissement
Le principal indicateur de mesure de l’investissement au niveau national est le taux
d’investissement.

Il mesure l’effort d’un pays en matière d’investissement. Autrement dit, le taux

d’investissement mesure la part de l’investissement par rapport à la richesse produite. Il permet
de connaître le pourcentage de la richesse consacré à l’investissement chaque année.

Taux d’investissement = FBCF / PIB x 100

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II- Les formes de l’investissement

A- Investissement matériel/ immatériel

 Investissement Matériel : c’est l’ensemble des dépenses engagées par un agent

économique pour acheter un capital fixe destiné à créer, à remplacer ou à développer un appareil
de production.
 Investissement immatériel : c’est l’ensemble des dépenses que l’entreprise consacre à
la formation du personnel, à la recherche-développement ou à la publicité. En effet ces
dépenses, en accroissant ses ventes, lui permettent d’augmenter sa production. La part de ce
type d’investissement progresse de plus en plus dans nos sociétés où les entreprises cherchent
à augmenter leur compétitivité par la réalisation de produits nouveaux ou plus performants ;

L’investissement immatériel accompagne généralement l’investissement matériel.On

distingue:
• L’investissement commercial : vise à augmenter les ventes, ce qui peut passer via : la
publicité, création de nouveaux points de vente…
• L’investissement intellectuel : vise à améliorer le rendement au travail ;
• L’investissement financier : ou investissement de portefeuille

B-Investissement productif/improductif

 Investissement productif : est lorsque la valeur cumulée des biens et des satisfactions
obtenues est suffisamment supérieure aux coûts engagés.
 Investissement improductif : ou non directement productif, lorsqu’il concerne des
biens et des services d’utilités publique (hôpitaux, écoles…).
C-Investissement intérieur national/ investissement étranger

 Investissement national ou intérieur : c’est celui réalisé par les agents économiques
résidents : E/se, ménages, ADM……
 Investissement étranger : c’est celui réalisé par les agents économiques étrangers :
E/ses multinationales…il se réalise soit par la participation dans les E/se déjà existantes
ou la création de nouvelle unité de production…en respectant les conditions imposées
par les autorités nationales. Exemple : les Investissement direct à l’étranger.

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D-Les investissements peuvent aussi être classés selon leur but

 Investissement de capacité : a pour objet d’accroître les capacités de production de

l’entreprise par l’acquisition de nouvelles machines, souvent pour répondre à une forte
augmentation de la demande ;
 Investissement de remplacement ou de renouvellement : cet investissement sert à
remplacer les biens de production usé physiquement ou par dépassement technologique.
On parle d’effet d’obsolescence.
 Investissement de modernisation, de productivité ou de rationalisation : définit la
politique de l’entreprise à maintenir un même niveau de production mais en réduisant
les coûts du personnel en le remplaçant par des machines. On relèvera que
l’investissement de capacité est en principe créateur d’emploi alors que l’investissement
de productivité ou de rationalisation a plutôt pour effet de le réduire.

E-Investissement public/investissement privé

 Investissement public : C’est l’investissement qui est effectué par l’Etat, les
collectivités locales et les entreprises publiques ; Par extension, on désigne parfois sous
le terme d'investissement social des dépenses faites en vue d'améliorer durablement les
conditions de vie de tout ou partie d'une population.
 Investissement privé : Il s’agit des investissements effectués par les agents
économiques autre que l’Etat et les collectivités locales.

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III- Déterminants et effets de l’investissement

A- Les déterminants de l’investissement

1- Le rôle de la demande

a. Les débouchés

Les débouchés, ou la demande pour les biens et services produits, jouent un rôle crucial dans la
détermination de l'investissement dans une économie. L'investissement est souvent influencé
par la perspective de profit que les entreprises peuvent réaliser en produisant des biens ou des
services pour répondre à cette demande. En effet, Si les débouchés disponibles dépassent la
capacité de production actuelle des entreprises, elles peuvent être motivées à investir dans de
nouvelles usines, équipements ou technologies pour augmenter leur capacité de production et
répondre à la demande. Ainsi, les opportunités de débouchés peuvent encourager les entreprises
à investir et à allouer des ressources vers des secteurs ou des innovations qui répondent à ces
débouchés perçus, tels que la recherche et le développement pour innover et créer de nouveaux
produits ou services qui répondent aux besoins changeants des consommateurs.

b. La demande anticipée

Appelée demande effective par Keynes. Il s’agit de la demande prévue par les entrepreneurs
afin de déterminer leur niveau de production et d’investissement. Lorsque l’entreprise anticipe
une augmentation durable de la consommation de ses produits et que ses propres capacités de
production sont saturées, elle sera conduite à investir. Pour Keynes, l’augmentation du revenu
entraîne une augmentation de la propension à épargner. Par ailleurs, il pense que l’épargne ne
stimule pas l’investissement, mais au contraire le réduit. Plus l’épargne est importante, moins
la consommation sera forte et moins le chef d’entreprise sera incité à investir et créer des
emplois.

2- Le rôle des variables financière

a. La situation financière de l’entreprise

Une entreprise dispose, en priorité, pour investir de ses ressources propres. Néanmoins, si sa
capacité d’autofinancement est insuffisante, elle fait recours aux ressources externes de
financement. L’accès au financement de l’investissement dépend de plusieurs conditions
relatives à la situation financière de chaque entreprise (garanties offertes, niveau d’endettement,
secteur d’activité, taille…), ce qui peut engendrer des contraintes d’accès au financement.

Ainsi, si l’entreprise est déjà fortement endettée, elle ne recherchera pas à augmenter son passif
pour financer de nouveaux investissements. Au contraire, elle utilisera l’augmentation de ses
profits pour alléger ses dettes. A l’inverse, une entreprise disposant de fonds propres importants,
sera incitée à réaliser de nouveaux investissements.

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b. Le niveau des taux d’intérêt

Pour qu’un investissement soit rentable, sa rentabilité économique doit être supérieure au coût
de son financement. De ce fait, si l’entreprise finance son investissement par l’emprunt, elle va
comparer le taux d’intérêt de l’emprunt et le taux de rendement de l’investissement. D’où
l’importance du niveau du taux d’intérêt. Lorsque celui-ci est faible, cela entraîne ce que l’on
appelle un effet de levier. L’entreprise a en effet avantage à emprunter lorsque les taux sont
faibles, plutôt que d’utiliser ses propres capitaux, car la rentabilité de l’investissement sera
supérieure au remboursement de l’emprunt et de ses intérêts ;

3- Le rôle du coût des facteurs de production

Dans le cadre d’analyse microéconomique, le producteur (l’entreprise) est rationnel, il cherche
à maximiser son profit. Il doit donc opter pour une combinaison optimale des facteurs de
production lui permettant de réaliser sa production au meilleurs coûts. Dans ce cas, il va prendre
en considération le prix relatif des facteurs travail et capital par unité produite (Cm).

Si le coût du travail augmente, l’entreprise a intérêt à limiter l’embauche( dépenses dans le

facteur travail), et sera incitée à recourir à l’investissement en capital . Inversement, si le coût
du capital emprunté est élevé, l’entreprise préférera embaucher du personnel pour faire face à
l’augmentation de la demande. Le prix relatif des facteurs influence donc l’intensité
capitalistique.

B- Les effets de l’investissement

1- Effet multiplicateur :

Le multiplicateur est un processus économique général montrant que l’augmentation d’une

grandeur économique, entraîne l’accroissement plus important d’une autre grandeur.

Le coefficient multiplicateur : C’est une relation économique observée entre un supplément

d’investissement et l’augmentation du revenu. Si les entreprises réalisent un investissement,
elles augmentent directement les revenus d’un montant équivalent à la valeur du nouvel
investissement. Ce revenu supplémentaire distribué dans l’économie va être en partie
consommé et en partie épargné. La partie consommée va augmenter la production des biens de
consommation et donc le revenu distribué d’un montant équivalent. Cette distribution de revenu
va alimenter à son tour la consommation et donc la production et ainsi de suite. L’effet final
d’une augmentation de l’investissement sur le revenu est donc plus important que l’effet initial.

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2-Effet accélérateur :

La théorie économique a intitulé « accélération » cette relation entre la variation de la demande

(cause) et la variation de l’investissement (conséquence). Il s’agit d’une relation d’accélération,
car l’accroissement de l’investissement est plus que proportionnel à l’accroissement de la
demande (anticipée). Comme l’appareil technique est rigide, il ne peut procurer en peu de temps
une production correspondant exactement aux besoins des consommateurs ; il convient donc
d’investir beaucoup pour être certain d’obtenir ce niveau de production.

3-Les effets d’entraînement

L’investissement joue un rôle important dans l’économie car il se situe autant du côté de la
demande, que du côté de l’offre. L’investissement constitue en effet une composante de la
demande (comme la consommation ou les exportations) puisque l’E/se qui investit, fait
travailler d’autres E/ses fabriquant des machines par exemple. La demande d’investissement
stimule ainsi l’activité économique. Par ailleurs, l’investissement favorise l’offre de biens et
services puisqu’il permet de produire plus et mieux.

IV- L’équilibre épargne-investissement

Voir l’article de « La Théorie générale parle d’une identité entre l’épargne et

l’investissement. Est-ce un point crucial dans la théorie de Keynes ou n’y a-t-il qu’un
artifice historique ?»