Vous êtes sur la page 1sur 14

La politique d’investissement

Les projets d’investissement

L’investissement, d’un point de vue financier, est défini comme un engagement durable de capitaux
(une dépense présente et irréversible) réalisé dans l’espoir d’obtenir des gains dans le futur. Ces
gains peuvent être étalés et provenir de flux de recettes nettes de dépenses et/ou d’économies de
coûts
L’investissement conditionne le devenir de l’entreprise et engage celle-ci sur le long terme.
Pour le financier, un projet d’investissement n’est acceptable que s’il rapporte plus qu’il ne coûte,
c'est-à-dire si les flux futurs attendus de la réalisation du projet sont supérieurs au capital investi.
L’objectif de l’investissement est la création de valeur. Les projets d’investissement nécessitent la
mise en œuvre d’évaluations afin de déterminer s’ils peuvent être retenus.

Section I : Différentes catégories d’investissements et caractéristiques financières d’un


investissement :
I/ Différentes catégories d’investissement :
Les classifications d’investissements sont nombreuses
Typologies
Eléments de classification Exemples
d’investissement
-les investissements matériels : biens tangibles, terrains, constructions,
corporels installations techniques,
matériels ...
-les investissements immatériels : - brevets, logiciels informatiques
- immobilisations incorporelles - dépenses de formation du
- dépenses destinées à produire des effets personnel, dépenses liées à la
Selon la nature de pendant plus d'un cycle
l'investissement réalisation d'une campagne publi-
citaire ...
- les investissements industriels ou commerciaux qui Acquisition de matériels de
s'inscrivent dans une stratégie de croissance interne production, investissement dans
un nouveau lieu de vente
- les investissements financiers qui s'inscrivent dans prise de participation
une stratégie de croissance externe
- les investissements de remplacement ou de remplacer le matériel usé ou
renouvellement obsolète;
- les investissements de modernisation ou de améliorer la productivité,
rationalisation ou de productivité qui permettent de d'acquérir du matériel plus
réduire les coûts de production performant,
-les investissements de capacité ou d'expansion qui Dédoublement d’une chaîne de
ont pour objectif d'accroître les capacités de production
Selon la finalité de production.
l'investissement Développement de nouveaux
Investissement d’innovation, facteur important de
compétitivité produits, de nouveaux procédés
de fabrication.
Investissement sociaux et environnementaux Cantine, crèches….
destinés à améliorer les conditions de vie du
personnel

- les investissements de faible niveau de risque investissements courants, de


Selon le risque de
remplacement
l'investissement - les investissements de niveau de risque élevé qui investissements stratégiques
peuvent en cas d'échec compromettre la survie de
l'entreprise.
II/ Les caractéristiques financières d’un investissement :
La mise en œuvre de technique de choix d’investissement nécessite de bien déterminer
préalablement les flux nets de trésorerie générés par le projet, la durée du projet et sa situation par
rapport aux autres projets d’investissement. On va en fait rapprocher le capital investi au départ avec
la somme des gains futurs actualisés générés par le projet.

1°/ Les flux nets de trésorerie générés par le projet :


- Ce sont ceux générés par la réalisation de l’investissement (flux d’investissement), par son
exploitation (flux d’exploitation) et par l’arrêt de l’exploitation de l’investissement (cession
matériel, récupération du BFR…). Ces flux d’encaissement ou de décaissement sont différents des
produits et des charges, ces derniers étant enregistrés à la date de leur engagement. Par ailleurs,
les produits et les charges incorporent des éléments ne générant aucun flux de trésorerie
(charges et produits calculés)
- Dans la mesure où on cherche à déterminer la rentabilité intrinsèque d’un projet
d’investissement, les flux de trésorerie sont déterminés sans prendre en compte les flux liés au
financement (ainsi, dans un projet financé par emprunt, les charges d’intérêts n’entrent pas dans
le calcul des flux nets de trésorerie)
Le coût du financement sera pris en compte dans un deuxième temps au travers de
l’actualisation des flux nets de trésorerie.
- Seuls les flux induits par le projet sont retenus (et non les flux liés à l’ensemble de l’activité de
l’entreprise)
- Les flux nets de trésorerie doivent tenir compte de l’impôt généré par les produits et des
économies d’impôt générés par les charges
- Il est nécessaire de tenir compte du calendrier des flux de trésorerie qui dépend des
caractéristiques industrielles et commerciales du projet
Différents types d’échéancier sont possibles

2°/ La durée d’exploitation de l’investissement projeté :


La durée de vie du projet correspond généralement à la durée d’amortissement des équipements.
Mais il est possible de tenir compte de durées plus courtes si les prévisions paraissent trop
incertaines. La durée retenue aura un impact sur le montant de la valeur résiduelle de
l’investissement.

3°/ La situation du projet d’investissement par rapport aux autres projets d’investissement :
- Les projets peuvent être indépendants ou compatibles : la rentabilité de l’un n’affecte pas celle
de l’autre
- Les projets peuvent être exclusifs ou incompatibles
- Les projets peuvent être contingents ou dépendants : la réalisation du projet nécessite la
réalisation antérieure ou concomitante de l’autre projet

Section 2 : L’évaluation des flux de trésorerie :


I/ Au moment de la réalisation de l’investissement : le capital investi :
Le calcul du capital investi :
Eléments à prendre en compte Observations
pour le calcul du capital investi
Dépenses d’acquisition du bien Pour le montant HT récupérable
Coût d’opportunité Notamment lors de l’utilisation d’une immobilisation dont
l’entreprise est déjà propriétaire (1)
Dépenses de mise en place de Ex : Etude, installation du matériel (2)
l’investissement
Recettes liées à la réalisation Ex : cession d’immobilisations anciennes
de l’investissement (tenir compte de la fiscalité sur le résultat de cession)
Variation du BFR Un investissement modifie les conditions d’exploitation
(variation du niveau des stocks, des créances, des dettes) (3)
(1) Si l’entreprise doit, dans le cadre de son projet d’investissement, utiliser une immobilisation
dont elle est déjà propriétaire, elle n’aura pas de dépense à effectuer. En revanche, elle se prive
de la possibilité de vendre ou d’utiliser cette immobilisation pour d’autres activités. A ce titre
elle subit un coût d’opportunité qu’il convient de prendre en compte pour le calcul du capital
investi
(2) Si une entreprise engage une dépense préalablement à la décision d’investir et rattachée au
projet, celle-ci ne rentrera pas dans le calcul du capital investi dès lors que cette dépense est
indépendante de la décision finale de retenir ou non le projet (ex : étude de faisabilité)
(3) Toute augmentation attendue du BFR augmentera le montant du capital investi (assimilation à
une dépense) et sera récupérée au terme du projet d’investissement. Inversement, toute
réduction du BFR dégagera des ressources permettant de diminuer le montant du capital investi
(assimilation à une recette).

Exemple n°1 :
Après une étude de marché réalisée par un cabinet de conseil et qui lui a coûté 5 000 € HT; la société
LORI envisage de remplacer une ancienne machine acquise il y a 5 ans au prix de 20 000 € HT et
amortie sur 10 ans selon le mode linéaire.
Le prix d'acquisition de la nouvelle machine est de 60 000 € TTC (TVA: 20 % entièrement
récupérable).
Les frais occasionnés par l'installation de cette machine s'élèvent à 4 000 € HT et, pour faire
fonctionner cette machine, la société doit utiliser un matériel qu'elle possède déjà et dont la valeur
de marché est estimée à 3 000 € HT.
Le représentant du fournisseur de la nouvelle machine propose de reprendre l'ancienne machine au
prix unitaire de 7 000 € HT. Par ailleurs, la nouvelle machine dont le rendement serait égal à celui de
l'ancienne machine tout en étant plus économique permettrait d'envisager une diminution des
stocks de matières premières de la 10 000 € HT.
On considèrera que le taux de l'impôt sur les sociétés est de 26,5%.
Calculer le montant du capital investi

Coût d’acquisition de la nouvelle machine : 60 000/1,2 = 50 000


Frais d’installation 4 000
Coût d’opportunité (utilisation matériel existant) 3 000
Prix de vente machine ancienne 7 000
VCN de la machine reprise : 20 000 / 2 = 10 000
Moins –value de cession : -3 000
Economie d’impôt : 3000 x 0,25 = 750
Incidence de la cession du matériel ancien : 7000 + 750= -7 50
Diminution du BFR -10 000
Montant du capital investi 39 250

III/ Lors de son exploitation : les flux nets de trésorerie liés à l’exploitation de l’investissement
Le calcul s’effectue en 2 étapes
1ère étape : Dans une première étape, on calcul les flux bruts (c’est-à-dire avant IS) de trésorerie
d’exploitation obtenus par différence entre encaissements d’exploitation et décaissements
d’exploitation.
En fait il s’agit de l’ETE.
Le problème est que le calcul des flux bruts de trésorerie est réalisé à partir des produits et charges
dont les dates ne correspondent pas nécessairement à celle des flux de trésorerie qu’ils génèrent.
Mais on sait que ETE = EBE – variation du BFR
2ème étape : On calcule ensuite les flux nets de trésorerie égaux aux flux bruts de trésorerie
d’exploitation moins l’impôt. L’impôt se calcule en appliquant le taux de l’impôt au résultat
d’exploitation associé à l’investissement.

Remarque : en général les flux de trésorerie sont considérés comme dégagés en fin de période (pour
simplifier les calculs). Par contre le BFR est supposé survenir dès le début de la période.

Exemple n°2 : Début N, une entreprise acquiert un matériel d’une valeur de 1 000K€ amortissable en
linéaire sur 5 ans. L’EBE et le BFRE associés au projet sont les suivants :
En K€ N N+1 N+2 N+3 N+4
EBE 320 400 400 400 400
BFRE 6 10 10 10 5
Le taux de l’IS est supposé égal à 25%
Calculer les flux bruts de trésorerie d’exploitation, puis les flux nets de trésorerie d’exploitation

Début N Fin N Fin N+1 Fin N+2 Fin N+3 Fin N+4
EBE 320 400 400 400 400
ΔBFR -6 -4 0 0 5 5
Flux bruts
EBE - ΔBFR -6 316 400 400 405 405

Dotation annuelle aux amortissements : 1 000 / 5 = 200


Début N Fin N Fin N+1 Fin N+2 Fin N+3 Fin N+4
EBE avant
impôts 320 400 400 400 400
Dot amort 200 200 200 200 200
Résult expl.
Avant IS 120 200 200 200 200
IS 25% -30 -50 -50 -50 -50
CAF d'exploit 290 350 350 350 350
ΔBFR -6 -4 0 0 5 5
FNTE -6 286 350 350 355 355
Autre méthode
Début N Fin N Fin N+1 Fin N+2 Fin N+3 Fin N+4
EBE avant
impôts 320 400 400 400 400
Dot amort 200 200 200 200 200
Résult expl.
Avant IS 120 200 200 200 200
IS 25% -30 -50 -50 -50 -50
Résult expl.
après IS 90 150 150 150 150
Dot amort 200 200 200 200 200
CAF d'exploit 290 350 350 350 350
ΔBFR -6 -4 0 0 5 5
FNTE -6 286 350 350 355 355

Le problème de la prise en compte de l’impôt sur les bénéfices peut être résumé dans le tableau
suivant :
Le projet dégage un résultat Le projet dégage un résultat
imposable positif imposable négatif
La réalisation du projet engendre La réalisation du projet engendre une
un supplément d'impôt économie d'impôt La réalisation du
L'entreprise est projet permet de diminuer le
globalement La réalisation du projet accroît le
bénéficiaire bénéfice global imposable :
bénéfice global imposable : l'entreprise paiera moins d'impôt si le
l'entreprise paiera donc plus d'impôt projet est entrepris.
si le projet est entrepris.
L'entreprise est La réalisation du projet diminue le La réalisation du projet accroît le
globalement et déficit global de l'entreprise : on ne déficit global de l'entreprise : on ne
durablement tient pas compte de l'impôt tient pas compte de l'impôt
déficitaire
Lorsque l'entreprise est globalement mais temporairement déficitaire et que le projet dégage un
résultat imposable négatif, la perte liée au projet peut être imputée sur les éventuels bénéfices futurs.

Exemple n°3 :

Début N, une entreprise acquiert un équipement d’une valeur de 1 000K€, amortissable en linéaire
sur 5 ans. Cet équipement permettrait de dégager les EBE suivants (ΔBFR négligeable)
En K€ N N+1 N+2 N+3 N+4
EBE 180 240 375 465 400
Calculer les FNTE dans les 3 hypothèses suivantes (retenir un taux d’IS de 25%) :
- Hypothèse 1 : L’entreprise est globalement bénéficiaire
- Hypothèse 2 : L’entreprise est globalement déficitaire sur toute la période couverte par le projet
- Hypothèse 3 : L’entreprise est globalement déficitaire en N, puis bénéficiaire ensuite
Hyp 1
Fin N Fin N+1 Fin N+2 Fin N+3 Fin N+4
EBE avant impôts 180 240 375 465 400
Dotation aux amortiss. 200 200 200 200 200
Résult exploit avant IS -20 40 175 265 200
IS à 25% 5 -10 -43,75 -66,25 -50
CAF d'exploitation 185 230 331,25 398,75 350
variation BFR 0 0 0 0 0
FNTE 185 230 331,25 398,75 350
hyp 2
Fin N Fin N+1 Fin N+2 Fin N+3 Fin N+4
EBE avant impôts 180 240 375 465 400
Dotation aux amortiss. 200 200 200 200 200
Résult exploit avant IS -20 40 175 265 200
IS à 25% 0 0 0 0 0
CAF d'exploitation 180 240 375 465 400
variation BFR 0 0 0 0 0
FNTE 180 240 375 465 400
hyp 3
Fin N Fin N+1 Fin N+2 Fin N+3 Fin N+4
EBE avant impôts 180 240 375 465 400
Dotation aux amortiss. 200 200 200 200 200
Résult exploit avant IS -20 40 175 265 200
IS 25% 0 -5 -43,75 -66,25 -50
variation BFR 0 0 0 0 0
FNTE 180 235 331,25 398,75 350

IV/ Lors de l’arrêt d’activité de l’investissement : la valeur terminale :


Elle comprend 2 composantes :
- La récupération de l’investissement : qu’il soit cédé ou conservé la valeur résiduelle du bien
représente une recette additionnelle. En cas de cession il faut :
• Soustraire du prix de vente l’impôt résultant d’une éventuelle plus-value
• Ajouter l’économie d’impôt résultant d’une éventuelle moins-value

- La récupération du BFR : la récupération d’une augmentation de BFR est assimilable à un


encaissement et celle d’une diminution de BFR à un décaissement.

Exemple n°4 :
Au début de l'exercice N, la société FAUST envisage d'acquérir des équipements d'une valeur de 3 750 K€
amortissable en linéaire sur 5 ans. On estime, qu'à la fin des 5 ans, les équipements pourraient être
revendus 3 K€ (prix net de l'impôt sur les plus-values de cession).
Cet investissement permettrait une augmentation du chiffre d'affaires de 660 K€ la première année, de
750 K€ la deuxième année et de 1 500 K€ par an pendant les trois dernières années. Par ailleurs, cet
investissement entraînerait une économie de charges de 150 K€ par an pendant les trois premières années
et de 300K€ par an durant les deux dernières années. Le besoin en fonds de roulement prévisionnel est
estimé à 10 % du CAHT.
La société est globalement bénéficiaire et le taux de l'impôt sur les sociétés est de 25%.
Début N Fin N Fin N+1 Fin N+2 Fin N+3 Fin N+4
CA 660 750 1500 1500 1500
Eco charges 150 150 150 300 300
EBE avant IS 810 900 1650 1800 1800
Dot amort -750 -750 -750 -750 -750
Résu exploit
avant IS 60 150 900 1050 1050
IS 25% -15 -37,5 -225 -262,5 -262,5
Résu exploit
après IS 45 112,5 675 787,5 787,5
Dot amort 750 750 750 750 750
CAF d'exploit 795 862,5 1425 1537,5 1537,5
Investis initi. -3750
ΔBFR -66 -9 -75 0 0
Récup BFR 150
Val résiduelle 3
FNT -3816 786 787,5 1425 1537,5 1690,5

détermination des variations de BFR


Début N Fin N Fin N+1 Fin N+2 Fin N+3 Fin N+4
BFR 66 75 150 150 150
ΔBFR 66 9 75 0 0

Section 3 : Les critères de choix d’investissement :

Le principe consiste à comparer le montant du capital investi I 0 à l’ensemble des flux de trésorerie
généré par ce projet. La comparaison s’effectue en principe à la date de la réalisation de
l’investissement. Il existe plusieurs critères de choix, qui pour la plupart nécessitent au préalable
d’actualiser les flux de trésorerie obtenus de l’investissement. Se pose donc le choix du taux à retenir
pour effectuer l’actualisation.

I/ le choix du taux d’actualisation : Il doit correspondre au taux de rentabilité minimum exigé par
l’entreprise compte tenu du risque du projet. Ce taux de rentabilité minimum doit être au moins égal
au taux attendu par les apporteurs de capitaux, associés et prêteurs (coût des ressources nécessaires
pour financer l’investissement). L’idée est de s’assurer que les flux futurs de trésorerie anticipés ont
une valeur actuarielle supérieure au coût des moyens nécessaires à la réalisation de l’investissement.

En pratique, on retient souvent le coût du capital de l’entreprise pour autant que :


-le projet présente un niveau de risque similaire à celui de l’entreprise dans son ensemble
- la proportion de capitaux propres et d’emprunts destinés à financer le projet soit identique à celle
observée au niveau de l’entreprise. Toute augmentation de l’endettement conduirait à une
majoration du risque financier renchérissant le coût des capitaux.

Ce coût du capital est généralement désigné sous l’appellation CMPC : Coût Moyen Pondéré du
Capital. On calcule le coût moyen pondéré du capital (CMPC) en faisant la moyenne arithmétique
pondérée des coûts des différentes sources de financement (capitaux propres et dettes financières).
Si l'on appelle :
RC = le coût des fonds propres
RD = le coût de l'endettement (intérêt nominal),
T = le taux d'imposition,
C = le montant des capitaux propres,
D = le montant de l'endettement (le calcul du coût des dettes sera étudié dans un chapitre
ultérieur)
On a :
[ Rc  C ] + [ R D  (1 − T )  D]
CMPC =
C+D

Lorsque le risque systématique d'un projet est différent de celui de l'ensemble des actifs
économiques de l'entreprise, il est nécessaire de calculer spécialement un coût du capital pour ce
projet en particulier. On tiendra compte :
- du risque du projet ou du taux de rendement qui serait requis si le projet était financé
exclusivement par capitaux propres;
- du montant et du taux des emprunts destinés à financer le projet et, par conséquent, de la prime
de risque financier correspondante.
C'est notamment le cas pour les projets innovants (produits nouveaux, nouvelles méthodes de
production et de commercialisation), dont le risque d'exploitation est souvent supérieur à celui des
activités traditionnelles de l'entreprise. C'est aussi le cas des projets faisant appel à des financements
spécifiques (ex : prêts à intérêts bonifiés par exemple).

Exemple n°1 :
On considère qu’une entreprise possède des ressources de 2 400 K€ pour financer ses
investissements et réparties comme suit :
- 1 400 K€ de capitaux propres, coût de 8%,
- 1 000 K€ de dettes financières, intérêt de 3%.
Le taux d'IS est de 25%
CMPC = (8% x 1 400 + 3% x 0,75 x 1 000) / 2 400 = 5,60%

II/ Les critères de choix d’investissement :


Il existe de nombreux critères de choix d’investissement et notamment, la valeur actuelle nette
(VAN), le taux de rentabilité interne (TRI), le délai de récupération et l’indice de profitabilité. Il faut
également y ajouter ce qu’on appelle les critères globaux.

1°/ La valeur actuelle nette (VAN) :


A/ Définition : Elle mesure la valeur créée par le projet après déduction du montant du capital investi
et rémunération des apporteurs de capitaux
VAN = −I0 + FNT1 × (1 + t)−1 + FNT2 × (1 + t)−2 + ⋯ + FNTn × (1 + t)−n
n

𝑉𝐴𝑁 = −I0 + ∑ FNTp × (1 + t)−p


p=1
Avec I0 : montant du capital investi
FNTp = Flux net de trésorerie de la période p (encore appelés cash-flows)
t = taux d’actualisation.

La VAN mesure la valeur créée par le projet après déduction du montant du capital investi et
rémunération des apporteurs de capitaux. La VAN doit donc être positive et la plus élevée possible.
Lorsqu’on compare plusieurs projets possibles, on retient celui dont la VAN est la plus importante.

Remarque : la VAN est très sensible au taux d’actualisation. Une élévation de ce taux entraîne une
réduction de la VAN, une diminution de ce taux l’augmente.

Exemple n°5 : une entreprise envisage de réaliser un investissement dont le coût est estimé à
10 000€. Les flux de trésorerie annuels nets prévus sont de 2 000€ pour la 1ère année, 3 000€ pour la
2ème, 4 000€ pour la 3ème, 5 000€ pour chacune des années 4 et 5. Taux d’actualisation : 10%
Calculer la VAN
𝑉𝐴𝑁 = −10 000 + 2 000 × 1,1−1 + 3 000 × 1,1−2 + 4 000 × 1,1−3 + 5 000 × 1,1−4 + 5 000 × 1,1−5
= 3 822,45
La VAN est positive et donc le projet est acceptable.

Exemple n°6 :
Soit deux projets indépendants dont les caractéristiques sont les suivantes (taux d’actualisation 10%)
Projet 1 Projet 2
Capital investi l’année 0 1 000 1 000
FNT année 1 700 800
FNT année 2 800 800
FNT année 3 900 800
Quel projet retenir ?
𝑉𝐴𝑁1 = −1000 + 700 × 1,1−1 + 800 × 1,1−2 + 900 × 1,1−3 = 973,70
𝑉𝐴𝑁2 = −1000 + 800 × 1,1−1 + 800 × 1,1−2 + 800 × 1,1−3= 989,48
On retiendra donc le projet 2 puisque la VAN est supérieure pour un capital investi d’un montant
identique.

B/ Intérêt de la VAN :
- La VAN permet d'apprécier la rentabilité du projet sur toute sa durée d'exploitation et le seuil de
rejet d'un projet est objectif. Une VAN positive signifie que le projet est créateur de valeur c'est-à-
dire que le projet permet de récupérer totalement les capitaux investis, de rémunérer les capitaux
investis au taux d'actualisation pendant toute la durée d'exploitation du projet et de dégager un
surplus de liquidités pour l'entreprise mesuré par la VAN.
- Par définition, le critère de la VAN repose sur une hypothèse implicite de réinvestissement des flux
associés à l'investissement au taux correspondant au taux d'actualisation. Dans la mesure où ce taux
correspond au coût des ressources mobilisées et collectées par l'entreprise directement ou
indirectement sur le marché financier, cette hypothèse est acceptable. On peut, en effet, supposer
que ce taux est assez proche du taux auquel l'entreprise peut placer ses fonds sur le marché
financier.
- La VAN possède la propriété d’additivité lorsque deux projets A et B (ou plus) ne sont pas
mutuellement exclusifs, c’est-à-dire que VAN (A+B) = VAN(A) + VAN(B)

C/ Les limites de la VAN :


La VAN présente néanmoins des limites dans les hypothèses suivantes :

- Comparaison de projets conduisant à des investissements de tailles différentes :


Si on calcule la VAN de deux projets présentant les caractéristiques suivantes :
Projet 1 Projet 2
Capital investi l’année 0 100 300
FNT année 1 30 120
FNT année 2 60 180
FNT année 3 40 90
Taux d’actualisation 10%
VAN du projet 1 = -100 + 30 x 1,1-1 + 60 x 1,1-2 + 40 x 1,1-3 = 6,91
VAN du projet 2 = -300 + 120 x 1,1-1 + 180 x 1,1-2 + 90 x 1,1-3 = 25,47
Le résultat obtenu est logique puisque les sommes investies dans le projet 2 sont beaucoup plus
importantes que celles investies dans le projet 1. La comparaison est donc peu significative.
- Comparaison de projets d’investissement ayant des durées d’exploitation différentes
De la même manière, on peut avoir des résultats différents qui s’expliquent par le fait que les
capitaux d’un premier projet ont été investis plus longtemps que ceux d’un deuxième.

2°/ Le taux interne de rentabilité TIR (ou TRI pour taux de rentabilité interne) :
A/ définition :
Le taux de rentabilité interne est le taux pour lequel il y a équivalence entre le capital investi et
l’ensemble des flux nets de trésorerie actualisés à ce taux. Dit autrement, c’est le taux
d’actualisation qui permet d’obtenir une VAN nulle. Si on appelle t le TIR, alors on a :
n

I0 = ∑ FNTp × (1 + t)−p
p=1
La TRI correspond à la rentabilité du projet et correspond donc au coût maximum des ressources
susceptibles d’être mobilisées pour assurer son financement.
Exemple n°7 :
Soit un projet d’investissement A présentant les caractéristiques suivantes :
Invest FNT période 1 FNT période 2 FNT période 3 FNT période 4 FNT période 5
-10 000 2 000 3 000 4 000 5 000 5 000
Calculer le TIR de ce projet.
Soit t le TIR
10 000 = 2 000 x (1+t)-1 + 3 000 x (1+t)-2 + 4 000 x (1+t)-3 + 5 000 x (1+t)-4 + 5 000 x (1+t)-5
t=21,86% (solveur, tableur ou calculatrice financière)

Remarque : compte tenu de ce que la VAN et le taux d’actualisation varient en sens inverse, un taux
d’actualisation utilisé pour calculer la VAN supérieur au TIR conduira à une VAN négative.
Inversement un taux d’actualisation inférieur au TIR conduira à une VAN positive.

VAN
7 000,00
6 000,00
5 000,00
4 000,00
3 000,00
TRI
VAN

2 000,00
1 000,00
-
(1 000,00) 0% 5% 10% 15% 20% 25% 30% 35%

(2 000,00)
(3 000,00)
Taux d'actualisation

Valeur de la VAN en fonction de l’évolution du taux d’actualisation dans l’exemple n°7

Après calcul du TIR, on n’acceptera le projet que dans la mesure où ce TIR sera supérieur au taux
exigé par les apporteurs de fonds pour financer le projet (taux d’actualisation utilisé pour le calcul de
la VAN)
Lorsque 2 projets seront comparés, on retiendra celui dont le TIR le plus important.

B/ Les limites du TIR :


3 limites :
a/L’hypothèse de réinvestissement des flux nets de trésorerie au taux interne de rentabilité :
Comme pour le calcul de la VAN dans lequel les flux nets de trésorerie générés par l’investissement
sont supposés être réinvestis au taux d’actualisation, pour calcul du TIR ces mêmes flux sont
supposés être réinvestis au taux interne de rentabilité.
Or cette hypothèse est difficilement acceptable parce que ce taux est sans rapport avec celui des
marchés financiers. Par ailleurs, il est propre à chaque projet.

b/ Existence de cas dans lesquels il n’existe pas de TRI ou dans lesquels il existe des TRI multiples
Le TRI n’a alors pas de sens.

c/ le TIR est insensible aux signes des flux de trésorerie :

d/ Il peut exister des conflits entre les critères de la VAN et du TIR


Il faut alors utiliser d’autres méthodes pour lever ces conflits (cf. suite du cours).

3°/ Le délai de récupération du capital investi :

A/ Définition : C’est le délai nécessaire à la récupération du capital investi. Ce délai est obtenu en
cumulant année par année les FNT, jusqu’à ce que ce cumul soit égal au capital investi.
Plus le délai de récupération est court plus l’investissement est réputé intéressant parce qu’on
considère que le risque encouru est plus faible (horizon rapproché, prévisions plus fiables)
Pour qu’un projet soit acceptable, il faut que le délai de récupération soit inférieur à un délai fixé par
l’entreprise.

Exemple n°8 :
Soit un projet d’investissement A présentant les caractéristiques suivantes :
Invest FNT période 1 FNT période 2 FNT période 3 FNT période 4 FNT période 5
-10 000 2 000 3 000 4 000 5 000 5 000
Calculez le délai de récupération du capital investi

FNT période 1 FNT période 2 FNT période 3 FNT période 4 FNT période 5
FNT 2 000 3 000 4 000 5 000 5 000
FNT cumulés 2 000 5 000 9 000 14 000 19 000
Délai de récupération : 3 ans et 1 x (10 000 – 9 000) / (14 000 – 9 000) = 3,2 ans soit 3 ans 2 mois 12j

B/L'intérêt du délai de récupération : Le délai de récupération apparaît comme une notion simple et
intuitive présentant l’avantage d’être rapide. Cette méthode conduit à privilégier les projets qui
permettent une récupération rapide du capital engagé et qui offrent ainsi la possibilité de saisir de
nouvelles opportunités et de s'adapter rapidement aux modifications de l'environnement.

C/ Les limites du délai de récupération :


- La période-seuil ne repose sur aucune norme objective et dépend davantage des préférences des
dirigeants et de leur attitude face au risque.
- La méthode du délai de récupération conduit à favoriser les investissements permettant une
récupération rapide des fonds au détriment des investissements de long terme.
- De plus, deux flux de même montant se produisant à des périodes différentes sont jugés
équivalents jusqu'au délai de recouvrement du capital initial. Il est toutefois possible de calculer un
délai de recouvrement sur la base des flux nets de trésorerie actualisés. Il n’en reste pas moins
cependant que tous les flux intervenant au-delà du délai de récupération sont ignorés.
Exemple n°8 (suite) :
Reprendre les mêmes données et calculer le délai de récupération avec actualisation des flux de
trésorerie au taux de 10%
FNT1 FNT2 FNT3 FNT4 FNT5
Flux 2000 3000 4000 5000 5000
flux
actualisés 1 818,18 2 479,34 3 005,26 3 415,07 3 104,61
Cumul 1 818,18 4 297,52 7 302,78 10 717,85 13 822,45

Délai de récupération: 3 + (10 000 - 7 302,78) / (10 717,85 - 7302,78)


= 3,78979933
Soit 3 ans 9 mois 15 jours

4°/ L’indice de profitabilité :


L’indice de profitabilité permet de connaître la valeur actualisée des flux de trésorerie pour 1€
d’investissement. Un projet pourra être retenu dès lors que l’indice de profitabilité sera supérieur à
1. Si on compare plusieurs projets, on retiendra celui dont l’indice de profitabilité sera le plus élevé.

1 𝑉𝐴𝑁+𝐼0
𝐼𝑃 = 𝐼 ∑np=1 FNTEp × (1 + t)−p; on peut encore écrire que 𝐼𝑃 = 𝐼0
et donc
0
𝑉𝐴𝑁
𝐼𝑃 = 1 +
𝐼0

Exemple n°9 :
Reprendre l’exemple n°8 et calculer l’indice de profitabilité ainsi que l’indice de profitabilité global.
Indice de profitabilité :
Calcul des flux de trésorerie actualisés : 13 822,45
IP = 13 822,45 / 10 000 =1,3822

On peut également calculer la VAN du projet, soit 13 822,45 – 10 000 = 3 822,45 et déterminer
l’indice de profitabilité en faisant : 1 + 3 822,45 / 10 000 = 1,3822

4°/ Les critères globaux (ou intégrés) :


Ils apportent une solution aux critiques formulées sur l’hypothèse de réinvestissement des fonds
implicitement retenue dans le calcul de la VAN et celui du TIR. Ils permettent également de résoudre
les éventuelles contradictions entre VAN et TRI
La VAN globale et le TIR global reposent sur l’hypothèse de réinvestissement des flux à un taux plus
réaliste qui correspond aux opportunités de placement de l’entreprise
Le calcul nécessite 2 étapes :

A/ calcul de la valeur acquise au taux de réinvestissement des flux nets de trésorerie générés par le
projet :
n

𝑉𝑎𝑙𝑒𝑢𝑟 𝑎𝑐𝑞𝑢𝑖𝑠𝑒 ∶ 𝐴 = ∑ FNTp × (1 + r)n−p


p=1
Avec : r : taux de réinvestissement des flux
n : durée de vie du projet
Exemple n°9 :
Soit un projet d’investissement A présentant les caractéristiques suivantes :

Invest FNT période 1 FNT période 2 FNT période 3 FNT période 4 FNT période 5
-10 000 2 000 3 000 4 000 5 000 5 000
Coût du capital : 10% ; taux de réinvestissement : 20%
La valeur acquise des flux nets de trésorerie au taux de réinvestissement de 20% sera :
2 000x1,24 +3 000x1,23 +4 000x1,22 +5 000x1,21 +5 000 = 26 091,20

B/ Calcul de la VAN globale ou du TIR global :


α/ La VAN globale (VANG) :
𝑉𝐴𝑁𝐺 = −𝐼0 + 𝐴 × (1 + 𝑡)−𝑛
∑np=1 FNTp × (1 + r)n−p
𝑉𝐴𝑁𝐺 = −𝐼0 +
(1 + t)n
VANG = -10 000 + 26 091,20 x 1,1-5 = 6 200,58
Remarque :
Si le taux de réinvestissement est supérieur au coût du capital, alors VANG>VAN
Si le taux de réinvestissement est inférieur au coût du capital, alors VANG<VAN

β/ Le TIR global (TIRG)


Soit y le TRIG
𝐼0= 𝐴 × (1 + 𝑦)−𝑛

∑np=1 FNTp × (1 + r)n−p


𝐼0=
(1 + y)n

10 000 = 26 091,20 x (1+y)-5 y =21,14%

Un projet sera donc retenu si la VANG est >0 et/ou lorsque son TRG est>au coût du capital.
Lorsque deux projets seront comparés, on retiendra bien sûr celui qui aura la VANG la plus
importante ou le TIRG le plus élevé.
La critique que l’on peut cependant formuler à l’égard de ces critères globaux réside dans la difficulté
à déterminer le taux de réinvestissement.

Remarque : le taux interne de rendement global ou taux global de rendement interne est également
désigné sous l’appellation de taux de rendement global

On peut également calculer un indice de profitabilité global


𝐴×(1+𝑡)−𝑛 𝑉𝐴𝑁𝐺
𝐼𝑃𝐺 = 𝐼0
= 1+ 𝐼0

Indice de profitabilité global :


Calcul de la valeur actuelle des flux de trésorerie réinvestis au taux de 20% :
26 091,2 x 1.1-5 = 16 200,58
IPG = 16 200,58 / 10 000 = 1,62

Section 4 : la nécessaire prise en compte de critères autres que financiers dans les choix
d’investissements : (finance d’entreprise – Dunod 2019-2020)

La rentabilité estimée d’un projet ne constitue que l’un des éléments de la démarche
d’investissement. D’autres considérations peuvent intervenir dans le processus de décision, comme
le niveau de risque ou la flexibilité du projet :

A/ Le niveau de risque :
Investir implique généralement l’acceptation d’un certain niveau de risque. D’une façon générale, les
investissements de renouvellement ou d’expansion sont moins risqués que les investissements de
diversification ou d’innovation. L’entreprise doit évaluer ces risques potentiels pour pouvoir porter
un jugement global sur le projet.

Types de risques
Risque économique : Risques technologiques :
Sensibilité aux données économiques et financières - Catastrophe industrielle
(ex : augmentation des coûts, évolution de la - Mauvaise maîtrise d’une nouvelle technologie
conjoncture…)
Risque social et organisationnel : Risque environnemental :
Formation et adhésion du personnel requises - Renforcement de la législation
- Développement de l’investissement socialement
responsable (ISR)

B/ Flexibilité :
Un investissement se traduit par une immobilisation importante de fonds pour plusieurs années. Il
s’accompagne d’une certaine irréversibilité qui va peser sur l’avenir de l’entreprise.
Il faut essayer de mesurer le degré de flexibilité de l’investissement : possibilité d’en modifier le taille
(en plus ou en moins selon que le projet est réussi ou non) ou la durée, possibilité de le retarder, de
se reconvertir si nécessaire, etc.
La société pourra préférer un projet un peu moins rentable qu’un autre mais présentant un plus
grand degré de flexibilité.

C/ Cohérence avec la stratégie suivie :


Une entreprise ne peut pas durablement ne pas se soucier de la rentabilité. Toutefois, elle peut y
renoncer sur une courte période dans la mesure où cette décision peut être bénéfique à plus long
terme.
C’est ainsi qu’une entreprise peut accepter des projets peu rentables pour s’implanter dans un pays
si, à terme, cela lui permet de contrôler le marché ou d’acquérir un savoir-faire transposable dans
son pays d’origine ou dans d’autres pays.

D/ Obligation de suivre les concurrents :


L’entreprise ne peut ignorer les investissements réalisés par les concurrents :
- S’il s’agit d’investissements sociaux, une partie du personnel peut être tentée de changer
d’entreprise ou connaître une baisse de motivation ;
- - si ce sont des investissements de modernisation, il y a le risque de voir les concurrents baisser
leurs prix ou améliorer la qualité de leurs prestations.

Vous aimerez peut-être aussi