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Forte de vingt-quatre langues officielles, l’Union européenne affirme dans ses traités
avoir pour but la protection de la diversité linguistique. Pour cela, elle met en place
une politique linguistique, mise à mal par la prédominance de l’anglais.
Avec ses 512 millions d’habitants et ses 28 Etats membres, l’Union européenne
compte trois alphabets (latin, grec et cyrillique) et 24 langues officielles. Parmi
celles-ci, cinq font partie des dix langues les plus utilisées au monde (l’anglais,
l’espagnol, l’allemand, le portugais, le français). Une soixantaine d’autres langues
régionales et locales sont également utilisées sur le territoire européen et parlées par
40 millions de personnes.
A cette diversité s’ajoutent les nombreuses langues véhiculées par les migrations plus
récentes (on estime qu’au moins 175 nationalités cohabitent au sein de l’UE).
Pour cela, l’Union européenne collabore avec les autorités compétentes des États
membres afin de réaliser un objectif ambitieux : permettre aux citoyens de
communiquer dans deux langues en plus de leur langue maternelle. Cet “objectif de
Barcelone” a été fixé en 2002 par les chefs d’État et de gouvernement de l’UE. L’Union
admet avec cet objectif que l’approfondissement de la construction européenne est
indissociable d’une meilleure compréhension mutuelle. Elle reconnait également la
place stratégique des langues et de la culture pour l’accomplissement des objectifs
de la stratégie Europe 2020.
Au sein de l’Union européenne, chaque citoyen doit ainsi avoir accès à l’ensemble
des documents de l’UE dans la langue officielle de son pays, pouvoir écrire aux
institutions dans sa langue et recevoir une réponse dans sa propre langue. A cette fin,
les institutions emploient un nombre impressionnant d’interprètes et traducteurs.
Rien qu’à la Commission européenne, ce sont 1 750 linguistes et 600 assistants,
appuyés par 600 interprètes à temps plein et 3 000 interprètes freelances qui sont
employés.
D’après le linguiste David Crystal (Language Death, 2000), préserver les 6 000 à 7
000 langues mondiales est non seulement nécessaire car elles sont l’expression de
nos identités, mais aussi parce qu’elles sont dépositaires de l’Histoire et contribuent à
la somme des connaissances humaines. Elles sont le reflet et le façonnage à la fois
d’une forme de pensée et d’une façon d’appréhender le monde.
L’Union européenne n’est donc pas la seule à avoir reconnu l’importance des langues
pour la sauvegarde des cultures. L’UNESCO promeut par exemple un programme
pour la défense des langues maternelles. Celles-ci ont par ailleurs été
reconnues “patrimoine immatériel de l’humanité” et doivent à ce titre être aussi bien
préservées que des monuments ou des productions artistiques. Ce qui n’est
aujourd’hui pas toujours le cas. C’est pourquoi l’Organisation internationale de la
Francophonie revendique par exemple une véritable diversité culturelle, passant
également par la préservation des langues au sein de l’Union européenne.
L’Union européenne parle donc plutôt d’une politique multilinguiste que plurilinguiste.
Historiquement, le français, langue de trois des pays fondateurs de l’UE, est resté
longtemps la langue de travail des institutions, qui sont en grande partie établies dans
des pays francophones. Mais depuis 2004 et le “grand élargissement” aux pays de
l’Est de l’Europe, l’anglais a pris une place dominante dans les communications
professionnelles.
Dans les faits, après le Brexit, l’anglais passera de la deuxième langue la plus parlée
au sein de l’Union européenne à la 17ème. Mais l’usage de cette langue paraît
tellement inscrit dans les mœurs que les espoirs français pourraient vains.
De fait, l’anglais est la langue étrangère la plus parlée parmi les langues européennes.
38% des Européens parlant plus d’une langue parlent l’anglais. Ils sont seulement 12%
à parler français, 11% à parler allemand et 7% à parler espagnol.
Selon l’Eurobaromètre de 2012, les citoyens européens estiment en outre pour 67%
que l’anglais est la langue la plus utile dans l’Union européenne. Elle est par ailleurs la
langue étrangère la plus parlée dans 19 des 25 pays de l’UE dont la langue officielle
n’est pas l’anglais (hors Royaume-Uni, Irlande et Malte).
Résultat : les deux tiers des pages de sites officiels, rédigées en anglais, ne sont pas
traduites, notamment celles de certaines agences de l’Union européenne, qui
prodiguent pourtant des informations capitales et techniques au quotidien.
Cerise sur le gâteau : en 2013 la Cour des Comptes de l’UE a publié un rapport dans
lequel elle souligne le mauvais usage de l’anglais au sein des institutions
européennes. Elle dresse une liste des mots utilisés à contre-emploi et alerte sur le
fait que certains documents ne sont plus compréhensibles pour les natifs mêmes. Elle
conseille donc d’utiliser sa langue natale pour la rédaction de documents officiels,
lorsque cela est possible, afin de faciliter la tâche des traducteurs.
3. De quels alphabets se sert l’UE pour que ses 512 millions habitants communiquent
dans les 24 langues officielles de cette communauté ?
14. Pourquoi est-il essentiel la préservation des 6000 à 7000 langues existant dans le
monde selon le linguiste David Crystal ? Etes-vous d’accord ?
Elles sont l’expression de nos identités, mais aussi parce qu’elles sont dépositaires
de l’Histoire et contribuent à la somme des connaissances humaines. Elles sont le
reflet et le façonnage à la fois d’une forme de pensée et d’une façon d’appréhender
le monde.
15. Quelles autres organisations internationales ont comme priorité la protection des
langues maternelles ?
16. Quel est le point de vue des locuteurs sur le plurilinguisme et leurs enfants ?
Dans les faits, après le Brexit, l’anglais passera de la deuxième langue la plus
parlée au sein de l’Union européenne à la 17ème. Mais l’usage de cette langue
paraît tellement inscrit dans les mœurs que les espoirs français pourraient
vains.