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Compréhension écrite 4

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Diversité linguistique en Europe : quelle place pour l’anglais ?

Publié le 25.11.2019 / Isaure Magnien

Forte de vingt-quatre langues officielles, l’Union européenne affirme dans ses traités
avoir pour but la protection de la diversité linguistique. Pour cela, elle met en place
une politique linguistique, mise à mal par la prédominance de l’anglais.

Vingt-quatre langues officielles au sein de l’Union européenne

Symboles d’acceptation et de respect de la diversité des cultures, plusieurs langues


coexistent au sein de l’Union européenne.

Avec ses 512 millions d’habitants et ses 28 Etats membres, l’Union européenne
compte trois alphabets (latin, grec et cyrillique) et 24 langues officielles. Parmi
celles-ci, cinq font partie des dix langues les plus utilisées au monde (l’anglais,
l’espagnol, l’allemand, le portugais, le français). Une soixantaine d’autres langues
régionales et locales sont également utilisées sur le territoire européen et parlées par
40 millions de personnes.
A cette diversité s’ajoutent les nombreuses langues véhiculées par les migrations plus
récentes (on estime qu’au moins 175 nationalités cohabitent au sein de l’UE).

La politique linguistique de l’UE

Inscrite à l’article 22 de la Charte des droits fondamentaux de l’Union européenne


(“L’Union respecte la diversité culturelle, religieuse et linguistique”) et à l’article 3 du
traité sur l’Union européenne, selon lequel “l’Union européenne […] respecte la
richesse de sa diversité culturelle et linguistique, et veille à la sauvegarde et au
développement du patrimoine culturel européen” , la diversité linguistique est
défendue par l’Union européenne, qui met en place une politique spécifique.

L’apprentissage des langues

L’Union européenne travaille en faveur de la maîtrise de plusieurs langues par les


citoyens européens. En effet, les citoyens multilingues seraient, d’après une Enquête
Eurobaromètre de 2012, “plus à même de profiter des opportunités économiques et
professionnelles”. Cela faciliterait en outre la mobilité de la main d’œuvre, “élément
essentiel pour la compétitivité de l’économie européenne”.

Pour cela, l’Union européenne collabore avec les autorités compétentes des États
membres afin de réaliser un objectif ambitieux : permettre aux citoyens de
communiquer dans deux langues en plus de leur langue maternelle. Cet “objectif de
Barcelone” a été fixé en 2002 par les chefs d’État et de gouvernement de l’UE. L’Union
admet avec cet objectif que l’approfondissement de la construction européenne est
indissociable d’une meilleure compréhension mutuelle. Elle reconnait également la
place stratégique des langues et de la culture pour l’accomplissement des objectifs
de la stratégie Europe 2020.

Au sein du programme Erasmus+ 2014-2020, le multilinguisme est considéré comme


un axe prioritaire, “l’une des pierres angulaires du projet européen et un symbole
puissant de l’aspiration de l’UE à l’unité dans la diversité”. Un outil en ligne de soutien
à l’apprentissage de la langue du pays de destination a ainsi été mis en place et les
innovations et bonnes pratiques pour l’apprentissage des langues sont valorisées.

Le respect des différentes langues de l’UE

Si l’apprentissage de plusieurs langues est encouragé au sein de l’Union européenne,


pouvoir utiliser sa langue d’origine est également l’un de ses objectifs.

Au sein de l’Union européenne, chaque citoyen doit ainsi avoir accès à l’ensemble
des documents de l’UE dans la langue officielle de son pays, pouvoir écrire aux
institutions dans sa langue et recevoir une réponse dans sa propre langue. A cette fin,
les institutions emploient un nombre impressionnant d’interprètes et traducteurs.
Rien qu’à la Commission européenne, ce sont 1 750 linguistes et 600 assistants,
appuyés par 600 interprètes à temps plein et 3 000 interprètes freelances qui sont
employés.

Financièrement, l’Union européenne soutient par exemple la traduction littéraire


grâce au programme Europe créative. Elle finance également la traduction de tous les
films sélectionnés pour le prix Lux du Parlement européen.

Une journée européenne des langues, le 26 septembre, organisée en partenariat avec


le Conseil de l’Europe, a également été instaurée. Un de ses objectifs est de
sensibiliser le public à l’importance de l’apprentissage des langues et de la diversité
des langues apprises afin de favoriser le multilinguisme et la compréhension
interculturelle. Elle promeut également la riche diversité culturelle et linguistique de
l’Europe. En France, le ministère de l’Education et de la Jeunesse organise de
nombreux événements dans le cadre de cette journée.

La Francophonie, acteur de la diversité linguistique

Outre la défense de la langue française, la Francophonie a joué un rôle précurseur


dans le combat pour la diversité culturelle et linguistique. La promotion de la langue
française, de la diversité culturelle et linguistique est d’ailleurs la première grande
mission de l’Organisation internationale de la francophonie.

En 2002, au sommet de Beyrouth sur la Francophonie, elle préconise notamment


l’adoption d’un instrument juridique international sur la diversité culturelle, qui
englobe la diversité linguistique. Depuis, elle mène un rôle actif au sein des
institutions internationales (ONU, institutions européennes) pour promouvoir la
diversité culturelle et linguistique. Elle encourage notamment les fonctionnaires et les
dirigeants à apprendre le français pour un usage professionnel ou à utiliser leurs
langues maternelles lors d’allocutions officielles.

Elle met également ce principe à l’œuvre au sein de l’Université Senghor, créée à


Alexandrie en 1990, qui accueille de nombreux étudiants de nationalités et cultures
diverses.

Préserver son identité culturelle grâce à la diversité linguistique

D’après le linguiste David Crystal (Language Death, 2000), préserver les 6 000 à 7
000 langues mondiales est non seulement nécessaire car elles sont l’expression de
nos identités, mais aussi parce qu’elles sont dépositaires de l’Histoire et contribuent à
la somme des connaissances humaines. Elles sont le reflet et le façonnage à la fois
d’une forme de pensée et d’une façon d’appréhender le monde.

L’Union européenne n’est donc pas la seule à avoir reconnu l’importance des langues
pour la sauvegarde des cultures. L’UNESCO promeut par exemple un programme
pour la défense des langues maternelles. Celles-ci ont par ailleurs été
reconnues “patrimoine immatériel de l’humanité” et doivent à ce titre être aussi bien
préservées que des monuments ou des productions artistiques. Ce qui n’est
aujourd’hui pas toujours le cas. C’est pourquoi l’Organisation internationale de la
Francophonie revendique par exemple une véritable diversité culturelle, passant
également par la préservation des langues au sein de l’Union européenne.

La population européenne semble quant à elle acquise à la cause du multilinguisme.


Selon l’enquête Eurobaromètre de 2012 sur les Européens et les langues, 98%
considèrent que la maîtrise de langues étrangères est un atout pour l’avenir de leurs
enfants, 72% soutiennent l’objectif de l’UE selon lequel chacun devrait apprendre au
moins deux langues étrangères et 88% jugent cette connaissance utile pour
eux-mêmes.

Plurilinguisme, multilinguisme : quelle différence ?

Si le multilinguisme fait coexister plusieurs langues au sein d’une société,


le plurilinguisme est le fait de parler plusieurs langues pour différentes activités : par
exemple, parler anglais au travail, français avec sa famille et allemand avec ses amis.

L’Union européenne parle donc plutôt d’une politique multilinguiste que plurilinguiste.

L’anglais, un péril pour le multilinguisme ?

Malgré la défense de la pluralité linguistique, on constate au sein de l’Union


européenne une augmentation croissante de l’usage de l’anglais, notamment en
milieu professionnel.

Historiquement, le français, langue de trois des pays fondateurs de l’UE, est resté
longtemps la langue de travail des institutions, qui sont en grande partie établies dans
des pays francophones. Mais depuis 2004 et le “grand élargissement” aux pays de
l’Est de l’Europe, l’anglais a pris une place dominante dans les communications
professionnelles.

Avec le Brexit, certains pays, comme la France, espèrent pouvoir saisir l’opportunité


de faire regagner à leurs langues une place plus importante au sein des institutions.
En effet, l’anglais pourrait disparaître en tant que langue officielle de l’Union
européenne puisque le Royaume-Uni est le seul pays européen à l’avoir choisi
comme langue officielle au niveau de l’UE. L’Irlande et Malte ont préféré enregistrer
l’irlandais et le maltais. A l’heure actuelle toutefois, l’issue du Brexit en termes
linguistiques demeure très incertaine et la question du maintien ou non de l’anglais
comme langue officielle, principale langue de travail des institutions européennes, est
loin d’être tranchée.

Dans les faits, après le Brexit, l’anglais passera de la deuxième langue la plus parlée
au sein de l’Union européenne à la 17ème. Mais l’usage de cette langue paraît
tellement inscrit dans les mœurs que les espoirs français pourraient vains.

De fait, l’anglais est la langue étrangère la plus parlée parmi les langues européennes.
38% des Européens parlant plus d’une langue parlent l’anglais. Ils sont seulement 12%
à parler français, 11% à parler allemand et 7% à parler espagnol.
Selon l’Eurobaromètre de 2012, les citoyens européens estiment en outre pour 67%
que l’anglais est la langue la plus utile dans l’Union européenne. Elle est par ailleurs la
langue étrangère la plus parlée dans 19 des 25 pays de l’UE dont la langue officielle
n’est pas l’anglais (hors Royaume-Uni, Irlande et Malte).

Résultat : les deux tiers des pages de sites officiels, rédigées en anglais, ne sont pas
traduites, notamment celles de certaines agences de l’Union européenne, qui
prodiguent pourtant des informations capitales et techniques au quotidien.

Cerise sur le gâteau : en 2013 la Cour des Comptes de l’UE a publié un rapport dans
lequel elle souligne le mauvais usage de l’anglais au sein des institutions
européennes. Elle dresse une liste des mots utilisés à contre-emploi et alerte sur le
fait que certains documents ne sont plus compréhensibles pour les natifs mêmes. Elle
conseille donc d’utiliser sa langue natale pour la rédaction de documents officiels,
lorsque cela est possible, afin de faciliter la tâche des traducteurs.

Pour permettre de valoriser les langues européennes au sein des institutions, le


concours de la fonction publique européenne exige la maîtrise d’au moins deux
langues officielles de l’Union. Dans la pratique, parmi ces deux langues la maîtrise de
l’anglais, de l’allemand et du français est souvent exigée.

Dans un rapport d’information de 2016 sur l’influence française au sein de l’Union


européenne, les anciens députés Christophe Caresche (PS) et Pierre Lequiller (UMP,
Les Républicains) proposaient deux langues étrangères obligatoires aux concours
européens, en plus de la langue maternelle.
1. Quel fait a obligé à l’UE à mettre en vigueur une politique linguistique ?

Forte de vingt-quatre langues officielles, l’Union européenne affirme dans ses


traités avoir pour but la protection de la diversité linguistique. Pour cela, elle
met en place une politique linguistique, mise à mal par la prédominance de
l’anglais.

2. Qu’est-ce qui symbolisent les langues coexistant au sein de l’UE ?

Symboles d’acceptation et de respect de la diversité des cultures, plusieurs


langues coexistent au sein de l’Union européenne.

3. De quels alphabets se sert l’UE pour que ses 512 millions habitants communiquent
dans les 24 langues officielles de cette communauté ?

l’Union européenne compte trois alphabets (latin, grec et cyrillique)

4. Quelles autres langues sont-elles parlées et pour combien de personnes ?

Une soixantaine d’autres langues régionales et locales sont également


utilisées sur le territoire européen et parlées par 40 millions de personnes.

5. Quelle est la contribution des migrants au plurilinguisme ?

A cette diversité s’ajoutent les nombreuses langues véhiculées par les


migrations plus récentes (on estime qu’au moins 175 nationalités cohabitent au
sein de l’UE).

6. Sur quels documents s’appuie la politique linguistique de l’UE ?

Inscrite à l’article 22 de la Charte des droits fondamentaux de l’Union


européenne (“L’Union respecte la diversité culturelle, religieuse et
linguistique”) et à l’article 3 du traité sur l’Union européenne

7. De quoi bénéficient les citoyens européens maitrisant plusieurs langues ?

En effet, les citoyens multilingues seraient, d’après une Enquête


Eurobaromètre de 2012, “plus à même de profiter des opportunités
économiques et professionnelles”. Cela faciliterait en outre la mobilité de la
main d’œuvre, “élément essentiel pour la compétitivité de l’économie
européenne”.

8. L’UE travaille tout seule ?

L’Union européenne collabore avec les autorités compétentes des États


membres afin de réaliser un objectif ambitieux : permettre aux citoyens de
communiquer dans deux langues en plus de leur langue maternelle.

9. Recherchez sur internet et expliquez ce qu’est le programme ERASMUS.

Erasmus+ est le programme de l’UE visant à soutenir l’éducation, la formation, la


jeunesse et le sport en Europe. Son budget est estimé à 26,2 milliards d’euros. Cela
représente près du double du financement du programme précédent pour la
période 2014-2020. Pour la période 2021-2027, le programme met l’accent sur
l’inclusion sociale, les transitions écologiques et numériques et la promotion de la
participation des jeunes à la vie démocratique.

10. Pour quelle raison l’UE encourage l’utilisation de la langue d’origine ?

Au sein de l’Union européenne, chaque citoyen doit ainsi avoir accès à


l’ensemble des documents de l’UE dans la langue officielle de son pays,
pouvoir écrire aux institutions dans sa langue et recevoir une réponse dans sa
propre langue.

11. Pour atteindre ce but, de qui se sert la Commission Européenne ?

A cette fin, les institutions emploient un nombre impressionnant d’interprètes


et traducteurs. Rien qu’à la Commission européenne, ce sont 1 750 linguistes
et 600 assistants, appuyés par 600 interprètes à temps plein et 3 000
interprètes freelances qui sont employés.

12. Quels autres projets finance l’UE ?

Financièrement, l’Union européenne soutient par exemple la traduction


littéraire grâce au programme Europe créative. Elle finance également la
traduction de tous les films sélectionnés pour le prix Lux du Parlement
européen.
13. En quoi consiste la journée européenne de langues ?

Un de ses objectifs est de sensibiliser le public à l’importance de


l’apprentissage des langues et de la diversité des langues apprises afin de
favoriser le multilinguisme et la compréhension interculturelle. Elle promeut
également la riche diversité culturelle et linguistique de l’Europe.

14. Pourquoi est-il essentiel la préservation des 6000 à 7000 langues existant dans le
monde selon le linguiste David Crystal ? Etes-vous d’accord ?

Elles sont l’expression de nos identités, mais aussi parce qu’elles sont dépositaires
de l’Histoire et contribuent à la somme des connaissances humaines. Elles sont le
reflet et le façonnage à la fois d’une forme de pensée et d’une façon d’appréhender
le monde.

15. Quelles autres organisations internationales ont comme priorité la protection des
langues maternelles ?

L’UNESCO promeut par exemple un programme pour la défense des langues


maternelles. Celles-ci ont par ailleurs été reconnues “patrimoine immatériel
de l’humanité” et doivent à ce titre être aussi bien préservées que des
monuments ou des productions artistiques.

16. Quel est le point de vue des locuteurs sur le plurilinguisme et leurs enfants ?

Selon l’enquête Eurobaromètre de 2012 sur les Européens et les langues, 98%


considèrent que la maîtrise de langues étrangères est un atout pour l’avenir de
leurs enfants, 72% soutiennent l’objectif de l’UE selon lequel chacun devrait
apprendre au moins deux langues étrangères et 88% jugent cette
connaissance utile pour eux-mêmes.

17. Expliquez multilinguisme et plurilinguisme.

Si le multilinguisme fait coexister plusieurs langues au sein d’une société,


le plurilinguisme est le fait de parler plusieurs langues pour différentes
activités
18. Mais qu’est-ce que signifie le présence répandue de l’anglais pour le
multilinguisme ?

Malgré la défense de la pluralité linguistique, on constate au sein de l’Union


européenne une augmentation croissante de l’usage de l’anglais, notamment
en milieu professionnel.

19. Le Brexit peut changer cette situation ? Comment ?

A l’heure actuelle toutefois, l’issue du Brexit en termes linguistiques demeure


très incertaine et la question du maintien ou non de l’anglais comme langue
officielle, principale langue de travail des institutions européennes, est loin
d’être tranchée.

Dans les faits, après le Brexit, l’anglais passera de la deuxième langue la plus
parlée au sein de l’Union européenne à la 17ème. Mais l’usage de cette langue
paraît tellement inscrit dans les mœurs que les espoirs français pourraient
vains.

20. Quelle est la cerise sur le gâteau ?


En 2013 la Cour des Comptes de l’UE a publié un rapport dans lequel elle
souligne le mauvais usage de l’anglais au sein des institutions européennes.
Elle dresse une liste des mots utilisés à contre-emploi et alerte sur le fait que
certains documents ne sont plus compréhensibles pour les natifs mêmes. Elle
conseille donc d’utiliser sa langue natale pour la rédaction de documents
officiels, lorsque cela est possible, afin de faciliter la tâche des traducteurs.

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