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Thème 

:
TRAVAIL DES ENFANTS DANS LE
SECTEUR DE L’ARTISANAT AU
BÉNIN : QUELLES MESURES POUR
UNE MEILLEURE PROTECTION ?
PLAN
INTRODUCTION

PREMIÈRE PARTIE : CADRE CONTEXTUEL DE L’ÉTUDE, ÉTAT DES LIEUX ET


PROBLÉMATIQUE

Chapitre 1 : le travail des enfants, un phénomène mondial

Section 1 : le concept de travail des enfants

Paragraphe 1 : La notion de travail des enfants

Paragraphe 2 : Les règles nationales et internationales

Section 2 : contexte de l’étude

Paragraphe 1 : le travail des enfants en Afrique et dans le monde

Paragraphe 2 : la situation au Bénin : état des lieux

Chapitre 2 : les enfants au travail dans l’artisanat : une question préoccupante et
complexe (ciblage de la problématique)

Section 1 : un travail s’effectuant sous diverses formes (les différentes problématiques
possibles)

Paragraphe 1 : le travail des enfants au sein de la sphère familiale

Paragraphe 2 : le travail des enfants sur le marché économique (secteur formel et
informel)

Section 2 : choix, justification et spécification de la problématique du travail des enfants


dans l’artisanat

Paragraphe 1 : choix et justification

Paragraphe 2 : spécification de la problématique

DEUXIEME PARTIE : VERS UNE MAITRISE DU PHÉNOMÈNE DU TRAVAIL DES


ENFANTS DANS L’ARTISANAT AU BÉNIN (Choix et mise en œuvre du cadre
théorique et méthodologique de l’étude en vue de la résolution de la
problématique)

Chapitre 1 : choix de la méthodologie de résolution de la problématique


Section 1 : cadre théorique de base, tableau de bord de l’étude et revue de littérature

Paragraphe 1 : objectifs, hypothèses, tableau de bord

Paragraphe 2 : revue de littérature

Section 2 : méthodologie de collecte des données (approche théorique - approche


empirique)

Paragraphe 1 : outils théoriques

Paragraphe 2 : outils empiriques

Chapitre 2 : mise en application de la méthodologie choisie et approches de


solutions

Section 1 : Collecte, dépouillement, présentation et analyse des données

Paragraphe 1 : Collecte et dépouillement des données

Paragraphe 2 : présentation, analyse des données et diagnostic

Section 2 : Approches de solutions et mesures d’accompagnement des solutions


proposées

Paragraphe 1 : Approches de solutions

Paragraphe 2 : mesures d’accompagnement des solutions proposées

CONCLUSION
PREMIÈRE PARTIE : CADRE CONTEXTUEL DE L’ÉTUDE, ÉTAT
DES LIEUX ET PROBLÉMATIQUE
Chapitre 1 : le travail des enfants, un phénomène mondial
Section 1 : le concept de travail des enfants
Paragraphe 1 : La notion de travail des enfants

La Convention des Nations Unies relative aux droits de l’enfant définit l’enfant comme tout être humain
âgé de moins de 18 ans. L’âge de 18 ans marque donc la ligne de partage entre l’enfance et l’âge
adulte. Même si de nombreuses traditions culturelles et caractéristiques personnelles permettraient de
plaider en faveur d’un âge supérieur ou inférieur, la communauté internationale, d’abord en élaborant
puis en ratifiant cette convention, a déterminé que les personnes âgées de moins de 18 ans sont des
enfants et ont le droit de bénéficier d’une protection spéciale.

Le "travail des enfants" peut être défini comme tout travail ou activité qui privent les enfants de leur
enfance, de leur potentiel et de leur dignité, et nuisent à leur développement physique et mental. Il fait
référence à des travaux susceptibles de :

- nuire à la santé et au développement mental, physique, social ou moral des enfants ;


- compromettre leur éducation en les privant de toute scolarisation, en les contraignant à
abandonner prématurément l’école, ou en les obligeant à cumuler des activités scolaire et
professionnelle, cette dernière étant trop longue et lourde pour eux.

Qu’une forme particulière de travail rentre ou non dans la dénomination "travail des enfants" dépend de
l’âge de l’enfant, de la nature et des heures des travaux exécutés, des conditions dans lesquelles ils
s’exercent et des objectifs poursuivis par chaque pays. La réponse varie d’un pays à l’autre et, pour un
même pays, d’un secteur économique à l’autre.

Au sein du domaine protégé de l’enfance, la convention N° 138 de l’OIT distingue des âges minima
pour différents types d’emploi:

 15 ans pour les travaux ordinaires;


 18 ans pour les travaux dangereux;
 13 ans pour les travaux légers.

Lorsqu’ils ratifient la convention, les pays ont la possibilité de désigner un âge supérieur (par exemple
16 ans) ou, dans le cas de pays en développement, un âge inférieur d’un an par rapport à la norme (par
exemple 14 ans comme âge minimum pour les activités courantes et 12 ans pour les travaux légers).
L’idée de fixer un âge minimum d’admission à l’emploi a germé dès la première décennie du XX e siècle.

Dès lors, le travail des enfants est simplement un travail effectué par des enfants plus jeunes que l’âge
minimum fixé pour l’une ou l’autre de ces catégories. Il s’agit d’une règle générale, même si la
convention N° 138 offre une certaine souplesse en autorisant quelques exceptions (manifestations
artistiques, apprentissages supervisés, etc.).
En matière de travail des enfants on distingue :

 Le travail des enfants avant l’âge minimum légal : L’âge minimum légal de base auquel les
enfants sont autorisés à travailler est 15 ans (14 ans dans les pays en développement). Pour
les travaux légers (quelques heures uniquement et occasionnellement) la limite est fixée à 13-
15 ans (12-14 ans dans les pays en développement). Enfin, pour les travaux dangereux, la
limite est repoussée à 18 ans (16 ans sous certaines conditions dans les pays en
développement).

 Les pires formes de travail des enfants : Il s’agit de toutes les formes d’esclavage ou ales
pratiques similaires telles que le travail forcé, la traite, la servitude pour dettes, le servage. Il
s’agit également des activités illicites et/ou susceptibles de nuire à la sécurité, à la santé et à la
moralité des enfants, telles que la prostitution, la pornographie, le recrutement forcé ou
obligatoire pour les conflits armés, le trafic de stupéfiant, etc.

 Le travail dangereux : Il s’agit de tâches effectuées pendant de longues heures dans un milieu
malsain, dans des lieux dangereux et nécessitant l’utilisation d’outils et de matériaux dangereux
ou obligeant l’enfant à porter des objets trop lourds.

Certaines activités ne sont pas considérées comme du travail ou de l’exploitation. Les activités qui
consistent simplement à aider les parents dans l’accomplissement des tâches familiales quotidiennes,
auxquelles les enfants peuvent consacrer quelques heures par semaine et qui leur permettent de
gagner un peu d’argent de poche, ne sont pas considérées comme de l’exploitation infantile, car elle ne
contreviennent pas à leur bien être.

La lutte contre le travail des enfants est encadrée par des normes juridiques aussi bien sur le plan
national qu’international.

Paragraphe 2 : Les règles nationales et internationales

Les Conventions et Recommandations de l’OIT constituent l’un des instruments les plus importants
disponibles dans la lutte contre le travail des enfants. Les normes les plus récentes et complètes de
l’OIT sur le travail des enfants sont la Convention n°138 sur l’âge minimum (1973) et la
Recommandation n°146 qui l’accompagne, ainsi que la Convention n°182 sur les pires formes de
travail des enfants (1999) et la Recommandation n°190 qui l’accompagne.

Un troisième instrument international majeure du cadre juridique de la lutte contre le travail des enfants,
est la Convention de l’ONU relative aux Droits de l’Enfant (1989).

Les pays africains ont également adopté le 11 juillet 1990 à Addis-Abeba en Éthiopie, la Charte
Africaine des droits et du bien-être de l’enfant.
 La Convention n°138 de l’OIT sur l’âge minimum d’admission à l’emploi

L’objectif de la Convention n°138 est l’abolition effective du travail des enfants alors que la
Recommandation n°146 qui l’accompagne établit un cadre large et des mesures politiques essentielles
tant pour prévenir que pour éliminer le problème.

Aux termes de cette Convention, les Etats s’engagent à poursuivre une politique nationale visant à
assurer l’abolition effective du travail des enfants et à élever progressivement l’âge minimum
d’admission à l’emploi ou au travail. La Convention est un instrument flexible qui prévoit plusieurs âges
minimum en fonction du type de travail et du niveau de développement du pays concerné. Elle
comprend plusieurs clauses qui admettent des exceptions, telles que la possibilité d’exclure des
catégories limitées, telles que les entreprises familiales, ou l’exclusion de certains types d’activités
effectués dans le cadre de l’enseignement ou de la formation.

Selon le premier principe de la Convention, l’âge minimum ne devra pas être inférieur à l’âge auquel
cesse la scolarité obligatoire, ni en tout cas à quinze ans, et devra être élevé progressivement à un
niveau permettant aux adolescents d’atteindre le plus complet développement physique et mental.
Toutefois, tout Membre dont l’économie et les institutions scolaires ne sont pas suffisamment
développées pourra choisir, en une première étape, un âge minimum de quatorze ans.

Les principes et exceptions relatifs à l’âge minimum d’admission à l’emploi sont récapitulés dans le
tableau suivant :

Tableau n° :

Exceptions accordées aux pays en


En général
développement
Âge minimum de base
L’âge minimum pour travailler ne doit 15 ans
14 ans
pas être inférieur à l’âge auquel cesse ou plus
la scolarité obligatoire.
Travaux légers
Les enfants âgés de 13 à 15 ans
peuvent effectuer un travail léger, dans
la mesure où il ne nuit pas à leur santé 13 - 15 ans 12 - 14 ans
ni à leur sécurité, ni n’entrave leur
éducation ou leur orientation et
formation
Travaux dangereux
Aucun travail risquant de 18 ans 18 ans
compromettre la santé physique, (16 ans à (16 ans à
mentale ou morale, la sécurité ou la certaines certaines
moralité des enfants ne peut pas être conditions conditions
entrepris par un enfant âgé de moins strictes) strictes)
de 18 ans.
Source :
 Convention n°182 de l’OIT sur les pires formes de travail des enfants

La Convention n°182 permet de focaliser l’attention internationale sur l’urgence des actions à
entreprendre, dont en priorité sur les pires formes de travail des enfants, sans perdre de vue pour
autant l’objectif à long terme pour l’élimination effective du travail des enfants. Par conséquent, la
Convention n°182 ne révise pas ni ne remplace la Convention n°138 mais la complète. Aux termes de
cette Convention, sont considérés comme pires formes de travail des enfants :

(a) toutes les formes d’esclavage ou pratiques analogues, telles que la vente et la traite des
enfants, la servitude pour dettes ainsi que le travail forcé ou obligatoire, y compris le
recrutement forcé ou obligatoire des enfants en vue de leur utilisation dans des conflits armés;
(b) l’exploitation sexuelle commerciale d’enfants, y compris la prostitution et la pornographie;
(c) l’utilisation d’un enfant par des adultes aux fins d’activités illicites, notamment pour la production
et le trafic de stupéfiants;
(d) les travaux qui sont susceptibles de nuire à la santé, à la sécurité ou à la moralité de l’enfant.

La Convention laisse les gouvernements nationaux déterminer les types exacts de travail visés au point
(d) considérés comme dangereux, après consultation des organisations d’employeurs et de travailleurs
intéressées.

La recommandation n°190 qui l’accompagne comprend, entre autres, une orientation sur les types de
risques qui devraient être considérés pour être inclus dans une définition nationale des pires types de
risques auxquels sont exposés les enfants au travail. Aux termes de cette Recommandation, il convient
de prendre en considération:

(a) les travaux qui exposent les enfants à des sévices physiques, psychologiques ou sexuels;
(b) les travaux qui s’effectuent sous terre, sous l’eau, à des hauteurs dangereuses ou dans des
espaces confinés;
(c) les travaux qui s’effectuent avec des machines, du matériel ou des outils dangereux, ou qui
impliquent de manipuler ou porter de lourdes charges;
(d) les travaux qui s’effectuent dans un milieu malsain pouvant, par exemple, exposer des enfants
à des substances, des agents ou des procédés dangereux, ou à des conditions de température,
de bruit ou de vibrations préjudiciables à leur santé;
(e) les travaux qui s’effectuent dans des conditions particulièrement difficiles, par exemple pendant
de longues heures, ou la nuit, ou pour lesquels l’enfant est retenu de manière injustifiée dans
les locaux de l’employeur.

Par ailleurs, la Convention stipule que, compte tenu de l’importance de l’éducation en vue de
l’élimination du travail des enfants, les Membres devront prendre des mesures efficaces dans un délai
déterminé pour assurer l’accès à une éducation de base gratuite, et, lorsque cela est possible et
approprié, à la formation professionnelle pour tous les enfants qui auront été soustraits des pires formes
de travail des enfants. La Recommandation stipule également que les programmes d’action devraient
accorder une attention particulière aux plus jeunes enfants, aux enfants de sexe féminin et aux
situations qui échappent aux regards extérieurs, où les filles sont particulièrement exposées à des
risques, ainsi qu’à d’autres groupes d’enfants spécialement vulnérables ou ayant des besoins
particuliers.

 La Convention des Nations unies relative aux droits de l’enfant

Elle vise à protéger un large éventail de droits des enfants, notamment le droit à l’éducation et le droit
d’être protégé contre l’exploitation économique. Aux termes de l’article 32 de la Convention, l’enfant a le
droit d’être protégé contre le travail susceptible de compromettre son éducation, ou de nuire à sa santé
ou à son développement, et les Etats parties doivent fixer les âges minimum d’admission à l’emploi et
prévoir une réglementation des conditions de travail.

 La Charte Africaine des droits et du bien-être de l’enfant

C’est l’article 15 de cette Charte qui traite du travail des enfants. Cet article dispose :

1. L'enfant est protégé de toute forme d'exploitation économique et de l'exercice d'un travail qui
comporte probablement des dangers ou qui risque de perturber l'éducation de l'enfant ou de
compromettre sa santé ou son développement physique, mental, spirituel, moral et social.

2. Les Etats parties à la présente Charte prennent toutes les mesures législatives et administratives
appropriées pour assurer la pleine application du présent article qui vise aussi bien le secteur officiel et
informel que le secteur parallèle de l'emploi, compte tenu des dispositions pertinentes des instruments
de l'Organisation internationale du Travail touchant les enfants. Les parties s'engagent notamment:

a) à fixer, par une loi à cet effet, l'âge minimal requis pour être admis à exercer tel ou tel emploi,

b) à adopter des règlements appropriés concernant les heures de travail et les conditions d'emploi,

c) à prévoir des pénalités appropriées ou autres sanctions pour garantir l'application effective du
présent article,

d) à favoriser la diffusion à tous les secteurs de la communauté d'informations sur les risques que
comporte l'emploi d'une main-d'œuvre infantile.

Au Bénin, ces conventions sont toutes en vigueur, car ayant été ratifiées :

- Le 11 juin 2001 pour la Convention n°138 ;


- Le 6 novembre 2001 pour la Convention n°182 ;
- Le 3 août 1990 pour la Convention de l’ONU relative aux droits de l’enfant ;
- Le 17 avril 1997 pour la Charte Africaine des droits et du bien-être de l’enfant.
Ces différents instruments internationaux auxquels le Bénin a adhéré sont mis en œuvre au niveau
national aux moyens de différents textes juridiques à savoir entre autres :

 La loi n°2015-08 du 23 janvier 2015 portant Code de l’enfant en République du Bénin


 Le décret n°2009-694 du 31 décembre 2009 portant conditions particulières d’entrée des
enfants étrangers sur le territoire de la République du Bénin
 Le décret n°2009-695 du 31 décembre 2009 portant modalités de délivrance de l’autorisation
administrative de déplacement des enfants à l’intérieur du territoire de la République du Bénin
 Le décret n°2009-696 du 31 décembre 2009 portant modalités de délivrance de l’autorisation
administrative de sortie des enfants béninois du territoire de la République du Bénin
 Arrêté interministériel n°132/MFPTRA/MSP/DC/SGM/DT/SST du 02 novembre 2000 fixant la
nature des travaux et les catégories d’entreprises interdites aux femmes, aux femmes
enceintes et aux jeunes gens et l’âge limite auquel s’applique l’interdiction
 L’arrêté n°371/MTAS/SGM/DT/SRE du 26 août 1987 portant dérogation de l’âge d’admission à
l’emploi des enfants en République Populaire du Bénin

Par ailleurs, le Bénin s’est doté depuis 2008, par le biais du Ministère de la famille et de l’enfant, avec
l’appui du Bureau International du Travail, d’un Plan d’action national de lutte contre la traite des enfants
a des fins d’exploitation de leur travail, et en 2012 d’un Plan d’action national pour l’élimination des pires
formes du travail des enfants au Bénin.

Toute étude-diagnostic nécessite toujours au préalable un état des lieux. Il est donc important de
présenter la situation du phénomène du travail des enfants aussi bien au niveau international que
national.

Section 2 : contexte de l’étude

Paragraphe 1 : le travail des enfants en Afrique et dans le monde

Selon les dernières estimations publiées par l’OIT 1, en 2012, 264 millions d’enfants âgés de 5 à 17 ans,
soit 16,7 % de la population de cette classe d’âge, sont « occupés économiquement », c’est-à-dire
qu’ils ont travaillé au moins une heure au cours de la période d’observation 2. Parmi eux, 63,5 % (soit
168 millions d’enfants) exercent une activité de manière illégale, notamment parce qu’ils n’ont pas l’âge
requis par la loi pour travailler. C’est ce cas précis qui est nommé le « travail des enfants » : il comprend
tous ceux qui ont une activité économique et dont l’âge est inférieur à l’âge légal du travail, celui-ci étant
différent selon les pays.

1
« Mesurer les progrès dans la lutte contre le travail des enfants, Estimations et tendances
mondiales 2000-2012 », Bureau international du travail, 2013.
2
Les enfants « occupés économiquement » sont ceux qui ont effectué au moins une heure de travail au
cours de la semaine d’observation étudiée par l’OIT. « Le travail des enfants » est une sous-catégorie de
l’occupation économique. Elle inclut l’ensemble des enfants dont l’activité économique est illégale,
notamment au regard de leur â ge.
Entre 2008 et 2012, le nombre d’enfants occupés économiquement a diminué de 41 millions et la
proportion est passée de 19,3 à 16,7 %. Le nombre et la part des enfants qui travaillent de manière
illégale ont également diminué, passant de 70,4 % à 63,5 %, soit de 215 à 168 millions d’enfants. Idem
pour ceux qui occupent un emploi dangereux 3 : leur part est passée de 53,6 % en 2008 à 50,8 % en
2012, et leur nombre de 115 millions à 85 millions.

La plupart des enfants occupés économiquement vivent en Asie-Pacifique : 129 millions sont concernés
dans cette région du monde en 2012, soit 15,5 % de la population des enfants de 5 à 17 ans. Parmi
eux, 78 millions travaillent illégalement et 34 millions dans des conditions dangereuses.

Parmi les 168 millions d’enfants qui travaillent au sens de l’OIT, 85 millions ont leur santé mise en
danger en raison du type de travail (dans des mines ou avec du matériel dangereux) ou de conditions
de travail pénibles (horaires trop longs, travail de nuit, etc.), soit 5,4 % de l’ensemble des enfants de la
planète âgés de 5 à 17 ans. Ils étaient 115 millions en 2008 et représentaient 7,3 % de la population
totale des enfants, soit une baisse de 30 millions d’enfants travaillant dangereusement en quatre ans.
C’est en Amérique latine que la part des enfants exerçant un travail dangereux est la plus importante
(77,1 % en 2012). Une proportion qui a même augmenté en quatre ans, elle était de 66,8 % en 2008.
Soit 200 000 enfants supplémentaires concernés. Mais c’est en Asie-Pacifique et en Afrique
subsaharienne qu’ils sont les plus nombreux : respectivement 33 et 29 millions d’enfants y travaillent
dangereusement en 2012, contre 38 millions en Afrique subsaharienne en 2008 et 48 millions en Asie-
Pacifique.

En définitive, il faut retenir que le plus grand nombre absolu d’enfants travailleurs se trouve dans la
région Asie-Pacifique, soit environs 77,7 millions en 2012. Cependant, l’Afrique subsaharienne est la
région ayant le plus fort taux de travail des enfants (21,4% en 2012). De plus, le processus
d’amélioration y est plus lent qu’ailleurs : 659 000 enfants en moins économiquement occupés entre
2008 et 2012 contre 45 millions en moins en Asie-Pacifique, et 41 millions dans le monde.

Paragraphe 2 : la situation au Bénin : état des lieux

À l’instar des autres pays de l’Afrique de l’Ouest, le travail de des enfants est également un problème
béninois. La plus récente étude réalisée en 2008 sur la question au Bénin par le BIT en collaboration
avec l’Institut National de la Statistique et de l’Analyse Économique (INSAE), à savoir l’Enquête
Nationale sur le Travail des Enfants au Bénin (ENTE – 2008) a révélé en son rapport, des informations
et chiffres préoccupants. En effet, aux termes dudit rapport, un enfant sur trois (34% plus précisément)
est économiquement occupé au Bénin. La proportion d’enfants au travail au Bénin varie selon les
départements avec, comme le présente le tableau suivant, un pic dans les départements de la Donga et
des Collines, soit respectivement 76,1% et 70,2%, contre 9,8% et 10,2% respectivement dans le Littoral
et dans l’Atlantique.

Tableau n° :
3
Les enfants qui occupent un emploi dangereux sont ceux dont le travail est susceptible d’avoir des
conséquences sur leur santé. Le travail de nuit, la présence de produits chimiques, etc., sont autant de cas
de travaux jugés dangereux.
Enfants
Ensemble des enfants âgés Proportion des enfants
Département économiquement
de 5 à 17 ans économiquement occupés
occupés
Alibori 71 740 17 217 24,1%
Atacora 161 813 25 593 15,8%
Atlantique 250 682 25 667 10,2%
Borgou 173 563 118 754 68,4%
Collines 180 858 127 010 70,2%
Couffo 208 668 85 731 41,1%
Donga 90 584 68 907 76,1%
Littoral 174 989 17 182 9,8%
Mono 89 853 14 726 16,4%
Ouémé 233 972 45 488 19,4%
Plateau 136 065 63 993 47%
Zou 179 710 54 271 30,2%
TOTAL 1 952 227 664 537 34,0%
Source : ENTE-Bénin 2008

L’ENTE révèle également que la majorité de ces enfants travaillent dans le secteur agricole (64,5%) et
dans les services (28,7%).

Parmi les enfants économiquement occupés, une grande proportion est signalée comme exerçant des
travaux à abolir et des travaux dangereux. La carte ci-dessous nous présente les chiffres par
département.
Source : auteur, à partir des données de l’ENTE-Bénin 2008

En dehors du département de la Donga (36,8%), plus de 50% des enfants qui travaillent effectuent un
travail dangereux. Pour ce qui est des travaux à abolir, il n’en est pas moins de 70% des enfants qui
travaillent par département.
Ici, sont considérés comme travaux dangereux toutes les activités ou occupations qui, de par leur
nature ou leur type, se traduisent directement ou indirectement par des effets dommageables pour la
sécurité et la santé (physique ou mentale) et le développement moral des enfants. Le danger peut
également être induit par la pénibilité et la durée excessive du travail.

L’expression travail des enfants à abolir ou simplement travail des enfants, englobe les travaux
dangereux, et s’entend de l’exercice par un enfant de travaux interdits, et plus généralement, de types
de travail qu'il convient d'éliminer car jugés non souhaitables tant socialement que moralement selon la
législation nationale, les conventions de l'OIT, la convention n° 138 sur l'âge minimum, 1973, et la
convention n° 182) sur les pires formes de travail des enfants, 1999, ainsi que les recommandations
n°146 et n°190, qui les complètent.

En dépit de tous ces chiffres alarmants, le travail des enfants ne constitue pas encore pour la majorité
des béninois, un problème particulièrement grave. Il est plutôt considéré comme un moyen de
socialisation de l’enfant lui permettant de se prendre aisément en charge. Or, le drame est que faire
travailler des enfants, qui plus est, âgés de moins de 14 ans, est très préjudiciable non seulement à leur
santé, mais aussi et surtout à leur scolarisation. En effet, les enfants sont souvent contraints au meilleur
des cas à combiner l’école et le travail et au pire des cas à travailler exclusivement. A ce sujet, les
données de l’ENTE révèlent que 19,2% des enfants combinent l’école et le travail et environ 15% des
enfants travaillent exclusivement.

Ainsi se présentent les dernières statistiques officielles concernant le travail des enfants au Bénin. Il est
indéniable que pendant près d’une décennie après la publication de ce rapport d’enquête, de grands
efforts ont été consentis aussi bien par l’Etat que par les institutions partenaires telles que l’OIT et
l’UNICEF pour juguler le phénomène. Dans ce cadre, quelques avancées en ont certainement
découlés. Mais il n’en demeure pas moins vrai que le problème est très loin d’être résolu. En témoigne
le nombre important d’enfants que l’on continue d’apercevoir dans les rues, unités de production,
champs, magasins, chantiers, ateliers, en train d’effectuer diverses activités, ceci en totale violation des
règlementations nationale et internationale en matière de travail des enfants.
Chapitre 2 : les enfants au travail dans l’artisanat : une question préoccupante
et complexe (ciblage de la problématique)
Section 1 : un travail s’effectuant sous diverses formes (les différentes problématiques
possibles)
Paragraphe 1 : le travail des enfants au sein de la sphère familiale

 Les enfants au travail dans l’agriculture

Au niveau mondial, l’agriculture constitue le secteur majoritaire du travail des enfants, soit 58,6% en
2012. Le Bénin n’échappe pas à cette réalité. En effet, l’ENTE 2008 estime à 64,5% le taux d’enfants au
travail dans le secteur agricole. Il s’agit d’une agriculture essentiellement familiale et s’observe surtout
en milieu rural. Elle consiste pour l’enfant à travailler dans les champs de famille aux côtés des parents,
à surveiller le bétail ou encore à ramasser du bois.

Ce travail effectué par les enfants est perçu par les parents comme étant un moyen d’éducation à la vie.
Malheureusement, les conditions de travail de ces enfants font que ces activités ne leur sont pas du tout
bénéfiques. En effet, ce travail peut-être trop prenant, exigeant des enfants qu’ils lui consacrent de
longues heures qui les éloignent de l’école, et demandant trop d’efforts à des corps d’enfants en pleine
croissance.

Dans le nord du pays, en particulier dans les zones productrices de coton telles que Banikoara,
Bembèrèkè, Kouandé, Djougou, Parakou…, on assiste à un spectacle désolant. Les enfants travaillent
dans des conditions très dangereuses pour leur santé. En effet, la culture du coton étant
particulièrement caractérisée par un usage intensif de pesticides, la santé des enfants dans ces champs
est menacée car y travaillant sans aucune protection.

 Les enfants au travail dans la pêche

Outre l’agriculture, la pêche constitue aussi une activité essentiellement familiale dans laquelle on
observe un important ???. En effet, dans certaines localités comme Sô-Ava, les populations vivent
essentiellement de la pêche ; et la plupart des enfants naissant dans cet environnement sont
prédestinés à cette activité qu’ils mènent déjà dès leur plus jeune âge.

En dehors des risques évidents de noyades ces enfants sont exposés à des troubles et maladies dues
à la pollution des eaux, les mauvaises postures de travail, les durées de travail hors-normes,
l’exposition aux moustiques, etc.

Aussi, la pêche constituant le seul moyen de subsistance de ces communautés, les parents ont besoin
de toute la main-d’œuvre disponible, ce qui entrave sérieusement le droit à la scolarisation de ces
enfants. Ceux-ci sont donc pour la plupart carrément privés de l’instruction de base, ou dans le meilleur
des cas, n’arrivent pas à l’achever.
 Le placement des enfants : le phénomène des « vidomègon »

Comme autre aspect du travail des enfants au sein d’une sphère familiale, on peut aborder le
placement des enfants ou le phénomène des vidomègon.

A l’origine, le vidomègon est synonyme de protection, de formation et de socialisation de l’enfant. Un


vidomègon est un enfant placé auprès d'un tiers dans le but de lui faire acquérir une éducation ou de le
faire travailler et de lui apprendre ainsi un métier. Autrefois considéré comme une marque de solidarité
traditionnelle entre membres d'une même famille ou communauté, il consiste aujourd'hui en un
placement d'enfant, par l'intermédiaire ou non d'un tiers qui peut être membre de la famille élargie de
l'enfant, et qui bénéficie ou non d'une rémunération ou d'une rétribution.

La question est aujourd’hui d’actualité car elle cache un véritable trafic à l’intérieur même du Bénin. En
effet, des individus s'organisent pour passer dans les villages, promettre ou remettre de l'argent aux
parents, et prendre leurs enfants qu'ils placent ensuite chez des tiers en ville. Soit l'enfant est placé
gratuitement : en contrepartie de son travail, le tuteur a la charge de lui donner une éducation  ; soit il est
placé contre un versement à ses parents d'une plus ou moins forte somme pouvant aller de 20 000
FCFA à 120 000 FCFA 4 ou plus ; soit le travail du vidomègon est rémunéré faiblement, à environ 5000
FCFA, somme récupérée parfois par les intermédiaires qui l'utilisent à leur propre compte ou envoyée
aux parents biologiques pour entretenir le reste de la famille.

Un enfant placé dans une bonne famille d'accueil peut bien s'en sortir. Il existe en effet de rares
vidomègon qui sont inscrits dans à l’école par leurs tuteurs, ou à des cours d'alphabétisation en langue
nationale ou parfois en langue française, ou encore mis en apprentissage d'un métier. Mais pour la
grande majorité, ils travaillent pendant de longues heures, dans des conditions à la limite inhumaines
malgré leur petit âge(…), et sont souvent victimes de maltraitance, de violences physiques et
psychologiques, parfois d’abus sexuels dont ils conservent les séquelles pendant toute leur vie.

En dehors du cadre familial, on observe des enfants travailleurs aussi et surtout sur le marché
économique.

Paragraphe 2 : le travail des enfants sur le marché économique (secteur formel et informel)

Sur le marché économique, les enfants travailleurs sont en nombre assez important. Ainsi en retrouve-t-
on dans les secteurs des services, du commerce, de l’artisanat, des carrières et des mines et dans une
certaine mesure, la mendicité.

 Dans le secteur des services et du commerce

Les enfants actifs dans le secteur des services sont pour la plupart dans l’informel. Ils mènent des
activités tels que : cireurs/réparateurs de chaussures, coupeurs d’ongles, balayeurs dans les magasins
au marché, porteurs de bagages dans les marchés, etc.
4
Rapport alternatif au Comité des Nations Unies des droits de l’enfant sur la mise en œuvre de la
Convention relative aux droits de l’enfant au Bénin, 43ème session – Genève, septembre 2006
Dans le commerce, on observe également des enfants travaillant en grande majorité dans l’informel. On
en rencontre fréquemment dans nos marchés, portant sur leurs têtes des produits destinés à la vente  ;
ou dans les rues vendant des produits à la sauvette. Ces enfants, lorsqu’il s’agit de filles sont
essentiellement des domestiques à qui leur tuteur ou tutrice confie des produits à vendre.

Au marché Dantokpa à Cotonou, des domestiques mineurs (à partir de 8 ans) utilisées comme
vendeuses ou “gérantes“ de magasins sont monnaie courante. Ils travaillent donc pendant un nombre
d’heures intolérable pour des enfants de leur âge (12h à 14h de travail par jour), et parfois même sans
repos, exposés au soleil et aux intempéries. En plus de ces conditions inacceptables de travail, ces
enfants sont victimes de mauvais traitements, de maltraitance et sévices corporels de la part de leurs
tuteurs ou employeurs.

Il ressort des résultats de l’ENTE que le secteur du commerce et des services vient en deuxième
position après l’agriculture, avec 28,7% des enfants économiquement occupés, parmi lesquels une
proportion plus élevée de filles, soit 37,7% contre 20,6% pour les garçons.

 Dans le secteur de l’artisanat, des mines et carrières

L’artisanat au Bénin englobe un très grand nombre d’activités et renferme un nombre important
d’enfants en situation de travail, et surtout en situation d’apprentissage. En effet, c’est ce secteur qui
comprend les métiers auxquels on a le plus souvent recours dans la vie de tous les jours, à savoir entre
autres : la mécanique, la soudure, la vulcanisation, la maçonnerie, la forge, la menuiserie, l’abattage
d’animaux, la boulangerie, etc.

Ce secteur comprend onze (11) branches d’activité à savoir :

 Bâtiment ;
 Alimentation ;
 Métaux et construction mécanique ;
 Pierre ;
 Bois et fibres végétales ;
 Textiles, habillement, cuir et peaux ;
 Art et décoration ;
 Poterie et céramique ;
 Installation, maintenance, entretien, réparation et images ;
 Électronique, électricité et froid ;
 Hygiène et soins corporels.

Les enfants y travaillent en tant qu’indépendants, salariés, mais le plus souvent en tant qu’apprentis. Il
faut signaler que dans certains ateliers artisanaux, on constate que les maitres artisans ont pour
apprentis leurs propres enfants ; ceci dans l’objectif de leur apprendre le métier pour plus tard prendre
la relève dans l’entreprise familiale, ou simplement dans le désir de leur permettre de se prendre en
charge dans la même profession qu’eux.
Dans ce secteur, les enfants sont placés en apprentissage dès leur plus jeune âge (parfois à partir de 8
ans), ceci en totale violation des normes en vigueur, notamment celles concernant l’âge minimum
d’admission à l’emploi et à l’apprentissage. Aussi, dans ces entreprises et ateliers artisanaux, les
conditions d’hygiène et de sécurité au travail sont souvent très mauvaises. Ce qui fait que ces enfants
sont très souvent atteints de maladies et victimes d’accidents sur le lieu du travail  ; maladies et
accidents dont la prise en charge revient le plus souvent à leurs parents, vu qu’ils ne bénéficient
d’aucune protection sociale.

En ce qui concerne les mines et les carrières, les enfants mènent des activités variées. Ainsi on
observe des enfants dans le concassage de graviers, l’extraction du sable des plans d’eau ainsi que de
l’argile. Les enfants travailleurs des mines et carrières courent de grands risques au quotidien. Au
nombre de ces risques on peut citer :

 les risques d’accident du travail (éboulement, projections de particules de granite, blessures


due à l’utilisation d’outils dangereux, les chutes, etc.),
 les risques d’affections liés à l’inhalation de poussière contenant des particules nuisibles à la
santé,
 les risques de blessures et troubles musculo-squelettiques liés à la manutention de charges
lourdes (transports de moellons, stockage des gravillons, chargement des camions, etc.)

 le phénomène des enfants talibés dans le Nord-Bénin

Il s’agit ici d’enfants contraints à la mendicité. Les talibés sont des enfants issus pour la plupart de
famille musulmanes pauvres et placés par leurs parents chez des marabouts ou des maitres coraniques
communément appelés “alphas“, qui en échange d’une instruction religieuse, du couvert et du logis,
sont censés recueillir l’aumône dans la rue quelques heures par semaine. Mais la réalité est toute autre.
Certains alphas accueillent des dizaines d’enfants parfois d’à peine 4 ou 5 ans, les maltraitent, ne les
soignent pas, les nourrissent à peine, et les font mendier sept jours sur sept, durant toute la journée et
parfois même la nuit. Malgré les sensibilisations et luttes, ce phénomène perdure dans la partie
septentrionale du Bénin, et plus spécifiquement dans les villes de Malanville, Kandi et Djougou. On
rencontre donc dans ces localités, des centaines d’enfants en haillons, mal nourris, sales, pieds nus,
souvent malades, qui courent les rues à la recherche de quelque pièces de monnaie qui leur
permettront de ne pas se faire corriger physiquement par leur tortionnaire en arrivant “à la maison“.

Ces enfants deviennent comme on peut s’y attendre, des délinquants car n’ayant appris aucun métier,
de savent ni lire ni écrire (pas même l’arabe d’ailleurs), et ont rompu très tôt les liens qui les unissaient
à leurs familles.

L’état des lieux relatif au travail des enfants au Bénin ainsi présenté, fait ressortir plusieurs
problématiques récapitulées dans le tableau n°… à suivre.(qui suit ou ci-dessous)
Tableau n° : synthèse des différentes problématiques possibles

Les différents aspects du travail des enfants au


Problématiques possibles
Bénin
Le travail des enfants dans le secteur agricole au Problématique de l’encadrement juridique du travail des
1.
Bénin enfants dans le secteur agricole au Bénin
Problématique de la lutte contre le phénomène des
2. Le phénomène des vidomègon (enfants placés)
vidomègon
Le travail des enfants dans le secteur des services Problématique de la protection des enfants au travail dans
3.
au Bénin le secteur des services au Bénin
Problématique de la protection des enfants au travail dans
4. Le travail des enfants dans le commerce au Bénin
le secteur du commerce au Bénin
Problématique de la protection des enfants au travail dans
5. Le travail des enfants dans l’artisanat au Bénin
le secteur de l’artisanat au Bénin
Le travail des enfants dans le secteur informel au Problématique de la protection des enfants travailleurs du
6.
Bénin secteur informel
Problématique de l’éradication du phénomène des enfants
7. Les enfants talibé
talibé
Problématique de la lutte contre le travail des enfants dans
8. Les enfants au travail dans les mines et carrières
les mines et carrières
Source : état des lieux

Section 2 : choix, justification et spécification de la problématique du travail des enfants


dans l’artisanat
Paragraphe 1 : choix et justification

Au regard de l’état des lieux auquel nous nous sommes essayé sur le travail des enfants au Bénin,
plusieurs problématiques sur la question se sont dégagées (tableau n°…). Elles constituent toutes, des
défis à relever pour l’élimination du travail des enfants au Bénin.

Pour le compte de la présente étude, nous avons décidé de nous pencher sur la question du travail des
enfants dans le secteur de l’artisanat au Bénin, notamment leur protection. Cette problématique a
particulièrement retenu notre attention pour plusieurs raisons.

D’abord, le secteur est le secteur d’activité le plus répandu au Bénin. En effet, selon le dernier
recensement des entreprises réalisé par l’INSAE au Bénin, 48% des entreprises sont du secteur
artisanal5. Au regard de cette réalité, et en considérant que toutes ces entreprises fonctionnent grâce à
de la main-d’œuvre composée en partie d’enfants, s’intéresser à ce secteur se révèle être une option
pertinente.

Ensuite, l’artisanat est un secteur dans lequel l’exercice des activités qu’elle renferme requiert une
formation pratique (et théorique parfois), sanctionnée à terme par un parchemin. En conséquence, deux
unités artisanales sur trois ont des apprentis. Cette moyenne varie d’un corps de métier à un autre.
Ainsi, les unités spécialisées dans le traitement d’images (85,5%), la mécanique et ajustage (82,2%), la
construction métallique (82%), la coiffure et tresses (78,5%), et les textiles et habillement (73,3%)
présentent les plus importantes proportions d’unités recevant des apprentis. Ces apprentis sont en
grande majorité constitués d’enfants. Ceux-ci sont souvent placés en apprentissage, dès leur plus jeune
5
Les entreprises artisanales au Bénin, Rapport thématique, INSAE, juin 2010
âge, en violation des normes en vigueur concernant l’âge minimum d’admission à l’emploi ou à
l’apprentissage. Aussi ont-ils en général un niveau d’instruction très bas. En effet, près de neuf
apprentis sur dix ont au plus le niveau d’études primaires. Ils sont soit des enfants n’ayant aucun niveau
d’étude, soit des enfants déscolarisés.

Par ailleurs, l’artisanat est le plus vaste secteur d’activités au Bénin. En effet, il est composé de pas
moins de 210 métiers, répartis en 42 corps de métiers, regroupés en 11 branches d’activités. Le tableau
suivant présente de façon exhaustive la nomenclature des métiers dans l’artisanat au Bénin.

Tableau n° : nomenclature des métiers de l’artisanat au Bénin

BRANCHES CORPS DE MÉTIERS MÉTIERS


 Maçons bâtiment
Maçonnerie
BÂTIMENT  Bétonniers
 Poseurs de pavés
 Briquetiers, briques de terre battue (latérite)
 Briquetiers, terre de barre (constructions traditionnelles)
Briqueterie  Briquetiers d’agglomérés
 Fabricants de pavés
 Fabricants de tuiles (tuilerie)
 Fabricants de carreaux
Constructions de bâtiments en  Construction de bâtiments en terre de barre
d’autres matériaux  Construction de bâtiments en paillasson
 Construction de bâtiments en bambou
Électricité bâtiment
 Électriciens bâtiment

Plâtrerie, peinture en bâtiment  Plâtriers


 Peintres en bâtiment
 Plombiers sanitaires
Plomberie bâtiment  Plombiers canalisation d’égouts
 Poseurs canalisation/distribution d’eau
 Poseurs de conduites d’écoulement d’eau
 Carreleurs
Carrelage bâtiment  Carreleurs mosaïstes
 Poseurs de granitos
 Carreleurs marbres
 Vitriers
Vitrerie
 Encadreurs miroiteries
Ferraillage bâtiment
 Ferrailleurs béton

Menuiseries bâtiments  Charpentiers


 Coffreurs
Dessin bâtiment
 Dessinateur bâtiment
Forage de puits
 Puisatiers
Ornement bâtiment  Ornementalistes
Aménagement de terrain  Aménagistes
 Paysagistes
Abattage et transformation de  Bouchers et charcutiers
ALIMENTATION viande, de poisson et de  Transformateurs de viande
crustacés  Transformateurs de poissons et de crustacés
 Fabricants de sirops, jus de fruits ou de légumes
 Fabricants de conserves de fruits et de légumes
Transformation et conservation
 Fabricants de confitures et marmelades de fruits
de fruits, légumes et noix
 Fabricants de moutardes, sécheurs de fruits et légumes
 Transformateurs de noix
 Fabricants d’huile de :
 palme
 soja
 noix de palmiste
 arachide
 noix de coco
Fabrication des corps gras
 neem
 graines de coton
 sésame
 Fabricants d’autres huiles végétales
 Fabricants d’huiles et graisses animales
 Fabricants de beurre de karité
 Fabricants de lait, yaourt et autres produits laitiers
Fabrication de produits laitiers  Fabricants de fromages à base de lait
et de glaces  Fabricants de crèmes et de glaces à sucer
 Fabricants de glaces alimentaires
 Broyeurs et décortiqueurs de grains
 Meuniers de grains de céréales et de tubercules
 Meuniers de condiments et assaisonnements
Travail des grains et des  Fabricants de couscous traditionnel
tubercules  Fabricants de pâtes alimentaires et produits à base de farine
 Fabricants de gari et tapioca
 Fabricants de cossettes de manioc et d’igname
 Fabricants d’autres produits à base de tubercules
 Boulangers
 Pâtissiers
 Biscuitiers
Boulangerie, pâtisserie  Fabricants de beignets de niébé
 Fabricants de croquettes
 Fabricants d’autres galettes et beignets alimentaires
 Fabricants de pâtes de niébé
 Fabricants de sel marin
Fabrication de sel de cuisine
 Fabricants de sel lacustre
 Fabricants de friandises à base d’arachide
 Fabricants de friandises à base de sucre caramélisé
Confiserie
 Apiculteurs (fabricants du miel)
 Fabricants d’autres produits de la confiserie
 Fabricants de « sodabi »
Fabrication de boissons
 Fabricants de boissons alcoolisées à base de céréales, de
tubercules ou de fruits
 Services traiteurs
Restauration  Cantiniers
 Cuisiniers
 Soudeurs
MÉTAUX ET  Tôliers
CONSTRUCTION  Ferblantiers
Construction métallique
MÉCANIQUE  Charpentiers métalliers
 Cuivreux
 Menuisiers aluminium
 Forgerons
 Outilleurs
 Fabricants de couveuses
Forge et outillage  Armuriers (fabricants de fusils traditionnels)
 Fondeurs d’aluminium, de bronze et de cuivre
 Chaudronniers
 Fabricants de matériels et d’équipements
 Mécaniciens deux roues
 Mécaniciens auto
 Mécaniciens diésélistes
 Ajusteurs
Mécanique et ajustage  Tourneurs-rectificateurs
 Électriciens autos
 Peintres autos
 Affûteurs
 Mécaniciens et ajusteurs d’appareils électriques
 Tailleurs de pierre
 Sculpteurs sur pierre
PIERRE Travail de la pierre
 Graveurs sur pierre
 Casseurs ou concasseurs de pierre
 Menuisiers
FIBRES  Ébénistes
VÉGÉTALES  Bûcherons
 Charbonniers
 Scieurs de bois
 Constructeurs de pirogues
Travail du bois
 Fabricants de mortiers, piliers planchettes
 Fabricants de manches ou supports d’outils
 Fabricants de tam-tams et d’instruments de musique traditionnelle
 Fabricants de guitares et d’autres instruments de musique
 Sculpteurs sur bois
 Brossiers
 Nattiers
 Vanniers
Travail sur végétaux  Menuisiers sur bambous
 Fabricants de balais traditionnels
 Cordiers
Textiles, habillement  Fileurs
TEXTILES,  Préparateurs de fibres
HABILLEMENT,  Tisserands
CUIR ET PEAU  Tricoteurs
 Fabricants de batik
 Tailleurs
 Couturiers
 Chapeliers et modistes
 Brodeurs
 Stylistes
 Teinturiers
 Couseurs de sacs de jute ou de sacs plastiques
 Fabricants de filets de pêche
 Matelassiers
 Tapissiers
 Couseurs de bâches, parasol, parapluie, selles
 Tanneurs et peaussiers
 Cordonniers
Cuirs et peaux
 Cireurs et arrangeurs de chaussures
 Maroquiniers
 Compositeurs typographes
ARTS ET  Graveurs d’imprimerie et photograveurs
DÉCORATION  Imprimeurs sérigraphes, à la planche et sur le textile
 Imprimeurs relieurs
Arts  Bijoutiers
 Joailliers et orfèvres
 Fabricants d’objets d’ornements divers
 Maquettistes
 Teinturiers
 Peintre-dessinateurs
 Sculpteurs d’art (royal, religieux, populaire)
 Dessinateurs
 Calligraphes
Décoration
 Peintres-décorateurs, portraitistes
 Décorateurs des produits de la poterie
 Pyrograveurs
 Décorateurs de calebasse et de gourde

POTERIE ET  Potiers utilitaires


CÉRAMIQUE  Potiers rituels
Poterie
 Potiers décorateurs
 Fabricants de foyers améliorés en argile

Céramique  Céramistes, modeleurs


INSTALLATION,
MAINTENANCE,
ENTRETIEN,  Serruriers, fabricants de clés
RÉPARATION ET  Réparateurs de vélos, vulcanisateurs et chargeurs de batterie
IMAGES  Mécanographes
 Réparateurs de machines à coudre
 Réparateurs d’appareils photo et caméra
Installation, maintenance,  Réparateurs de machines diverses et appareils
entretien et réparation  Lampistes, réparateurs de lampe à pétrole
 Horlogers
 Blanchisseurs
 Laveurs de voiture
 Réparateurs de balance
 Maintenanciers d’ordinateurs et d’imprimantes

 Photographes et cameramen
Images
 Électriciens cinéma

ÉLECTRONIQUE,  Monteurs d’antennes paraboliques


ÉLECTRICITÉ ET Électronique  Dépanneurs radio, télévision et chaine Hi-Fi
FROID  Fabricants, monteurs de composants électroniques

 Frigoristes, réparateurs de climatiseurs


Électricité, froid  Réparateur de ventilateurs
 Rebobineurs
HYGIÈNE, SOINS
CORPORELS  Coiffeurs
Coiffure et tresse  Tresseuses modernes
 Tresseuses traditionnelles

 Fabricants de savon
 Esthéticiens
Hygiène et soins corporels
 Fabricants de cosmétiques
 Fabricants d’alcool à base de fruits

Source : Décret n°2003-569 du 29 décembre 2003 portant approbation de la nomenclature des métiers de
l’artisanat au Bénin

*******

Enfin, si nous avons choisi de nous intéresser à l’artisanat plutôt qu’à l’agriculture, le commerce, les
services, le secteur informel…, c’est aussi en raison du fait que l’artisanat est un secteur transversal. En
effet, il a d’une manière ou d’une autre un lien avec tous les autres secteurs. Ainsi :

- les produits de l’artisanat sont destinés à la vente, donc au commerce…


- les produits du secteur agricole sont transformés par des artisans (agro-alimentaire,
cosmétique…)
- dans l’artisanat on fournit également des services (réparation, mécanique, ajustage…)
- une bonne partie des unités artisanales au Bénin évoluent dans l’informel (98,3%) 6.

Au regard de ces considérations, nous pensons que pour lutter efficacement contre le travail des
enfants au Bénin, s’attaquer à un secteur aussi vaste et transversal que l’artisanat parait être une
démarche qui peut se révéler très fructueuse si elle est bien menée.

Paragraphe 2 : spécification de la problématique

La problématique à laquelle nous avons choisit de nous intéresser après état des lieux, et pour les
raisons que nous avons venons d’énumérer, est issue d’un problème général, celui de la faible
protection des enfants au travail dans le secteur de l’artisanat au Bénin. Au regard de l’état des lieux, ce
problème général se décline en quatre (04) problèmes spécifiques à savoir :

 Problème spécifique n° 1 : le non respect de l’âge minimum d’admission à l’emploi et à


l’apprentissage 

Les règles en matière d’admission à l’emploi sont très claires. L’âge minimum est de 14 ans, à quelques
exceptions près. Malheureusement, cette prescription est foulée aux pieds en dépit des conséquences
visiblement néfastes que cela provoque. Ainsi, comme l’a exposé l’état des lieux, sont déjà en situation
de travail et d’apprentissage, des enfants âgés de huit ans. Ceci constitue un véritable problème auquel
il urge de trouver des solutions efficaces.

 Problème spécifique n°2 : la non-application des normes régissant l’apprentissage

Le contrat d’apprentissage est une forme très particulière de contrat de travail. Son régime juridique est
clairement définit par le code du travail en ses articles 64 à 70 d’une part, et surtout par le décret n°
2008-423 du 28 juillet 2008 portant conditions de fond, effets et mesure de contrôle de l’exécution du
contrat d’apprentissage d’autre part. Ces règles qui sont censées contribuer à la protection juridique des
apprentis artisans, mais aussi des maitres artisans ne sont pas appliquées ou le sont très peu ; ce qui
fait qu’un grand désordre règne en matière d’apprentissage dans l’artisanat au Bénin.

 Problème spécifique n°3 : les mauvaises conditions d’hygiène et de sécurité au travail dans les
entreprises et ateliers artisanaux ;

Tout environnement de travail doit remplir des conditions d’hygiène et de sécurité garantissant le bien-
être physique, mental et social des travailleurs ; à plus forte raison si ceux si sont des enfants. Au
Bénin, les conditions de travail des artisans respectent rarement les normes de sécurité et santé au
travail. L’absence de mesures de protection individuelles et collectives, et certaines dangereuses
pratiques exposent aussi bien les artisans, leurs travailleurs que leurs apprentis à des risques
6
Les entreprises artisanales au Bénin, Rapport thématique, INSAE, juin 2010
d’accidents et de maladies liées à leurs activités. Les enfants qui travaillent dans ce secteur sont,
compte tenu de leur âge, particulièrement en danger en raison de leur fragilité.

 Problème spécifique n°4 : le défaut de protection sociale des enfants au travail.

La protection sociale est le droit de tout citoyen en général, et de tout travailleur en particulier. Les
conditions de travail des enfants dans le secteur artisanal au Bénin sont, comme mentionné par le
problème spécifique n°3, assez mauvaises ; d’où la nécessité d’un système de protection sociale pour
leur prise en charge en cas d’accident ou de maladie. Malheureusement, ils sont abandonnés à leur
propre sort, compte tenu de l’absence de protection sociale à leur profit. En effet, très rares sont les
maitres artisans qui souscrivent à un système de sécurité sociale pour leurs travailleurs et/ou apprentis
telles que le prescrivent les normes sociales en vigueur.

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