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L3 Économie – 2022/2023
TD 2
En vous appuyant sur les documents en annexe et les éléments du cours, vous expliquerez quels
étaient les motivations des candidats au rachat de SFR et vous argumenterez sur les conséquences
attendues de cette opération en matière d’intensité de la concurrence et de niveau des investissements
dans le secteur de la téléphonie mobile.
Annexe
Une autre option pour Bouygues consisterait à se rapprocher d'Orange. Un mariage est hors de question : l'ex-monopole
est condamné au célibat pour des raisons de concurrence. En revanche, Bouygues pourrait sortir de son accord de
mutualisation avec SFR afin d'en nouer un nouveau avec Orange. Bouygues reste muet sur le sujet. Mais selon nos
informations, des discussions de mutualisation avec Orange ont commencé en parallèle des négociations pour racheter
SFR. « Le changement de contrôle n'est pas une cause de résiliation, ils devront payer pour le préjudice », menace-t-on
côté SFR-Numericable, où les travaux de mutualisation, jusqu'à présent, se poursuivent. « L'Autorité de la concurrence
pourrait autoriser une rupture en considérant que les équilibres sont modifiés », argue à l'inverse un partisan du
renversement des alliances. L'Autorité de la concurrence a flairé, il y a un an, le risque de « prédation » d'un Bouygues
Telecom affaibli par l'essor de Free Mobile, lui-même dopé par son accord d'itinérance avec Orange. Laisser Bouygues
mutualiser avec Orange pourrait être une façon de lui redonner des marges de manoeuvre.
Pour Orange, l'opération serait plus avantageuse que le face à face avec Free Mobile, qui aspire lui aussi à la mutualisation
mais qui a moins d'antennes à partager. Toutefois, elle ne pourrait pas être aussi extensive que l'accord de mutualisation
SFR/Bouygues, qui porte sur 57 % de la population. Orange et Free sont, en tout cas, sur le qui-vive, car de l'avis d'un
dirigeant télécoms, l'opération SFR « rouvre tous les contrats de gros ». Au lieu de louer de la fibre optique à Numericable,
Bouygues pourrait donc se fournir chez Orange ou Free.
Quant à Free, jusqu'à présent inconditionnel d'Orange, son fournisseur unique dans le fixe et le mobile, il pourrait
commencer à étudier sérieusement d'autres sources d'approvisionnement. Il n'y a plus de tabous.
Si, en l'occurrence, dans le domaine de la téléphonie, la concurrence a bien permis de faire considérablement baisser les
prix (en particulier en France), il est indéniable qu'un certain niveau de sous-investissement dans les infrastructures est
un problème grave pour l'Europe.
Deuxièmement, la question de la protection de la concurrence. Peu importe la structure de marché, c'est-à-dire le nombre
d'opérateurs, l'important est la dynamique concurrentielle, qui seule garantit une baisse des prix et/ou une hausse de la
qualité des produits. A ce titre, il faut bien constater que les prix en France en matière de téléphonie sont les plus bas
d'Europe. De même, à ceux qui se sont alarmés d'un passage de 4 à 3 opérateurs, comme s'il existait un nombre d'or, il
faut rappeler que, chez plusieurs de nos voisins (Autriche, Irlande) la structure de marché se concentre autour de 3
opérateurs, et que, à côté des Etats-Unis, l'Europe se caractérise par un morcellement spectaculaire de son offre.
Troisièmement, est soulevée la question de l'articulation, dans le droit de la concurrence, entre le contrôle a priori
(concentrations) et le contrôle a posteriori (abus, cartel). Souvent, c'est le cas en Europe, le contrôle des concentrations,
ou contrôle des structures de marché, vient compléter le contrôle des comportements. En d'autres termes, alors même que
l'autorité de la concurrence dispose de moyens lourds pour encadrer le rachat de SFR par Numericable, elle disposera
également, une fois cette opération éventuellement autorisée, de moyens juridiques forts pour prévenir les consommateurs
français d'une éventuelle hausse des prix. Prétendre ignorer l'existence de ces moyens en adoptant une position trop fermée
à l'égard de la recomposition à l'oeuvre pourrait a contrario fragiliser le principe même du contrôle a posteriori.