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Économie Industrielle (cours de M. Baudry et E.

Darmon)
L3 Économie – 2022/2023

TD 2

« Fusion des télécoms »

I. Question de cours (sujet du CC 1 de mars 2016)

Selon l’approche Structure-Comportement-Performance, plus de firmes sur un marché signifie-t-il


moins de pouvoir de marché ?

II. Analyse de documents (sujet du CT de 2014)

En vous appuyant sur les documents en annexe et les éléments du cours, vous expliquerez quels
étaient les motivations des candidats au rachat de SFR et vous argumenterez sur les conséquences
attendues de cette opération en matière d’intensité de la concurrence et de niveau des investissements
dans le secteur de la téléphonie mobile.

Vous chercherez entre autres à analyser les points suivants :


- Les deux configurations de rachat reposaient-elles sur des arguments similaires ?
- Les deux configurations de rachat présentaient-elles les mêmes perspectives d’évolution de la
concurrence ?
- Les deux configurations de rachat présentaient-elles les mêmes opportunités et risques pour
le consommateur à court terme et à long terme ?

Annexe

Après avoir laissé échapper SFR, Bouygues évalue ses options


8 avril 2014, Les Echos
L'accord de mutualisation mobile entre Bouygues et SFR est remis en question par l'échec du rachat.
Le groupe pourrait se rapprocher d'Orange sans pour autant se marier, ou encore se vendre à Free.
Au lendemain du week-end qui a vu Vivendi vendre sa filiale SFR à Numericable, Bouygues Telecom peut mesurer ce
qu'il a perdu. Un mariage avec SFR lui aurait offert une sortie par le haut dans les télécoms, avec la taille critique
indispensable à sa survie, et un marché recomposé autour de seulement trois acteurs. Mais ce scénario s'envole : pas
question de devenir le numéro un français du mobile, ni de se marier avec SFR. Le groupe dirigé par Olivier Roussat
conservera son inconfortable troisième place, avec le sprinteur Free Mobile qui commence à lui souffler dans la nuque.
Après l'exceptionnelle mobilisation de Martin Bouygues et de ses équipes, depuis plus d'un mois, autour de SFR, il faut
trouver un nouveau projet. Officiellement, la filiale de télécoms peut continuer, son bonhomme de chemin, seule. En
réalité, cela va rapidement devenir intenable, ne serait-ce que parce qu'une fois déduits les investissements, l'excédent
brut d'exploitation de Bouygues Telecom tombe à près de zéro. La filiale n'a pas remonté de dividendes à la maison mère
l'année dernière, pour la première fois depuis 2006. Or Bouygues ne peut pas faire de folies, avec une dette nette
consolidée qui a crû à 4,4 milliards d'euros.
Cela fait des mois que les analystes spéculent sur une sortie de Bouygues des télécoms. Il y a un acheteur tout trouvé :
Xavier Niel, dont l'opérateur Free dispose d'un réseau fixe qui manque cruellement à Bouygues, mais qui a lui-même
besoin, quoiqu'il en dise, d'un réseau mobile. Selon Oddo Securities, Free ne devrait pas offrir plus de 5 milliards d'euros
pour acheter Bouygues Telecom : 1,8 milliard d'euros pour le réseau et des fréquences ; 1,5 milliard d'euros pour la base
clients à 120 euros par abonné ; 1,7 milliard pour bénéficier des énormes synergies qui résulteraient d'un tel mariage,
estimées à 4,4 milliards d'euros. On peut toutefois douter que Martin Bouygues soit prêt à vendre sa peau si vite, pour si
peu. Les deux groupes se sont rabibochés, mais selon nos informations, Bouygues a surtout envisagé à ce stade une fusion
entre égaux. Inacceptable pour Xavier Niel.
Plus de tabous

Une autre option pour Bouygues consisterait à se rapprocher d'Orange. Un mariage est hors de question : l'ex-monopole
est condamné au célibat pour des raisons de concurrence. En revanche, Bouygues pourrait sortir de son accord de
mutualisation avec SFR afin d'en nouer un nouveau avec Orange. Bouygues reste muet sur le sujet. Mais selon nos
informations, des discussions de mutualisation avec Orange ont commencé en parallèle des négociations pour racheter
SFR. « Le changement de contrôle n'est pas une cause de résiliation, ils devront payer pour le préjudice », menace-t-on
côté SFR-Numericable, où les travaux de mutualisation, jusqu'à présent, se poursuivent. « L'Autorité de la concurrence
pourrait autoriser une rupture en considérant que les équilibres sont modifiés », argue à l'inverse un partisan du
renversement des alliances. L'Autorité de la concurrence a flairé, il y a un an, le risque de « prédation » d'un Bouygues
Telecom affaibli par l'essor de Free Mobile, lui-même dopé par son accord d'itinérance avec Orange. Laisser Bouygues
mutualiser avec Orange pourrait être une façon de lui redonner des marges de manoeuvre.
Pour Orange, l'opération serait plus avantageuse que le face à face avec Free Mobile, qui aspire lui aussi à la mutualisation
mais qui a moins d'antennes à partager. Toutefois, elle ne pourrait pas être aussi extensive que l'accord de mutualisation
SFR/Bouygues, qui porte sur 57 % de la population. Orange et Free sont, en tout cas, sur le qui-vive, car de l'avis d'un
dirigeant télécoms, l'opération SFR « rouvre tous les contrats de gros ». Au lieu de louer de la fibre optique à Numericable,
Bouygues pourrait donc se fournir chez Orange ou Free.

Quant à Free, jusqu'à présent inconditionnel d'Orange, son fournisseur unique dans le fixe et le mobile, il pourrait
commencer à étudier sérieusement d'autres sources d'approvisionnement. Il n'y a plus de tabous.

Complément : 55.9²=3124.81 ; 27.5²=756.25 ; 20.6²=424.36 ; 13.2²=174.24 ; 6.9²=47.61 ; 3.5²=12.25 ;


44.1²=1944.81 ; 37.3²=1391.29 ; 31.4²=985.96 ; 18.6²=345.96 ; 5.9²=34.81

Télécoms: l'heure de vérité pour le droit à la concurrence


24 mars 2014, Les Echos
La recomposition du paysage concurrentiel dans le domaine de la téléphonie a connu ces jours-ci une accélération brutale.
Le souhait de Bouygues de racheter l'opérateur SFR à Vivendi, et, au moins à titre provisoire, l'ouverture de négociations
exclusives entre Vivendi et Numericable, marquent une étape dans la recomposition du secteur.
Dès lors, il n'est pas étonnant que chacun des acteurs concernés ait commencé à faire valoir son point de vue. Outre les
entreprises concernées, les pouvoirs publics (Autorité de la concurrence, gouvernement), mais également les associations
de consommateurs ont ainsi tour à tour souligné l'importance de la concurrence, l'intérêt des consommateurs, la nécessité
de maintenir un fort niveau d'investissement dans les infrastructures (afin d'assurer le déploiement de la fibre et de la 4G),
la conservation de l'emploi.
Au-delà des rebondissements qu'elle connaît, cette affaire s'inscrit dans le cadre plus large de trois questions essentielles
auxquelles le droit de la concurrence est confronté.
Premièrement, la question de l'équilibre entre la protection du consommateur, laquelle milite pour des prix bas
immédiatement, et le maintien d'un niveau de marge suffisamment élevé pour permettre aux entreprises d'investir.
Longtemps, cette question s'est résumée à une opposition stérile entre deux visions. Celle des autorités de la concurrence,
notamment européennes, privilégiant le point de vue du consommateur et tendant à voir derrière le profit des entreprises
l'ombre d'une rente forcément suspecte (abus ou cartel). Celle des autorités politiques, non dénuées d'arrière-pensées
électorales, plus sensibles à l'état des entreprises concernées.
La recherche d'un équilibre plus satisfaisant entre ces deux approches constituera sans doute un aiguillon essentiel de la
régulation économique dans les décennies à venir. Où placer en effet le curseur ? Dans le domaine de la pharmacie, par
exemple, où tracer la frontière entre la protection de la propriété intellectuelle, sans laquelle les grands laboratoires
n'auraient pas d'incitation à investir, et la tombée des brevets dans le domaine public, indispensable au développement
des génériques ?

Si, en l'occurrence, dans le domaine de la téléphonie, la concurrence a bien permis de faire considérablement baisser les
prix (en particulier en France), il est indéniable qu'un certain niveau de sous-investissement dans les infrastructures est
un problème grave pour l'Europe.

Deuxièmement, la question de la protection de la concurrence. Peu importe la structure de marché, c'est-à-dire le nombre
d'opérateurs, l'important est la dynamique concurrentielle, qui seule garantit une baisse des prix et/ou une hausse de la
qualité des produits. A ce titre, il faut bien constater que les prix en France en matière de téléphonie sont les plus bas
d'Europe. De même, à ceux qui se sont alarmés d'un passage de 4 à 3 opérateurs, comme s'il existait un nombre d'or, il
faut rappeler que, chez plusieurs de nos voisins (Autriche, Irlande) la structure de marché se concentre autour de 3
opérateurs, et que, à côté des Etats-Unis, l'Europe se caractérise par un morcellement spectaculaire de son offre.

Troisièmement, est soulevée la question de l'articulation, dans le droit de la concurrence, entre le contrôle a priori
(concentrations) et le contrôle a posteriori (abus, cartel). Souvent, c'est le cas en Europe, le contrôle des concentrations,
ou contrôle des structures de marché, vient compléter le contrôle des comportements. En d'autres termes, alors même que
l'autorité de la concurrence dispose de moyens lourds pour encadrer le rachat de SFR par Numericable, elle disposera
également, une fois cette opération éventuellement autorisée, de moyens juridiques forts pour prévenir les consommateurs
français d'une éventuelle hausse des prix. Prétendre ignorer l'existence de ces moyens en adoptant une position trop fermée
à l'égard de la recomposition à l'oeuvre pourrait a contrario fragiliser le principe même du contrôle a posteriori.

Numericable dévoile son projet de croissance pour le « nouveau » SFR


18 mars 2014, Les Echos
SFR-Numericable, ce sera « une grosse entreprise de fixe qui fait du mobile », dit Patrick Drahi. L'homme qui s'apprête
à acheter SFR dans trois semaines, si la période de négociations exclusives se déroule sans accroc, a donné hier sa première
conférence de presse en France depuis les années 2000. Un peu tendu au début, le très discret actionnaire d'Altice-
Numericable, qui ne prévoit pas de rentrer ni de rapatrier ses biens en France en dépit des injonctions de certains ministres,
a détaillé son projet industriel sous les crépitements des flashs. Il parie sur l'explosion de la consommation d'Internet fixe
et sur l'interpénétration croissante des réseaux fixes et mobiles pour faire retrouver à SFR le chemin de la croissance (il
projette une hausse du chiffre d'affaires de 2 % à 5 % par an) et de la rentabilité (40 % de taux de marge consolidé).
Alors que les opérateurs télécoms investissent en général de 13 % à 15 % de leur chiffre d'affaires, il veut passer à « au
moins 20 % » pour relever le défi du très haut débit. L'investissement demeurera élevé au fil des ans, a-t-il ajouté : « Ca
ne se calme jamais, mais ce n'est pas grave, car cet investissement vous fait faire de la croissance et crée donc, à terme,
de l'emploi. »
L'homme d'affaires a aussi exposé son scénario de « création de valeur » avec 1,1 milliard d'euros de synergies attendues.
Outre les inévitables réductions de coûts sur les achats, le système d'information ou la marque, Numericable estime
pouvoir réaliser d'importantes économies dans l'activité grand public. Le câblo-opérateur n'a que 20 % de part de marché
dans les zones où son réseau est déployé (près de 35 % du territoire), beaucoup moins que ses pairs à l'étranger. Il veut
atteindre « en quelques années » de 35 % à 40 % du marché. Patrick Drahi, qui sera président du nouvel ensemble, compte
tirer parti de la puissance de la marque SFR - seule à subsister à terme - pour vendre son câble. « Environ 20 % des gens
vont migrer [du réseau fixe ADSL de SFR vers le câble]. Pour le reste, on fera de la conquête de nouveaux clients »,
assure-t-il.
Redéploiement des forces
Sur le marché des entreprises, qui pèse de 6 à 7 milliards, la marque Completel détient 9 % de part de marché et SFR
Business Team, 11 %. Les deux vont unir leurs forces pour répondre à un plus grand nombre d'appels d'offres. Il est
question de redéployer les forces commerciales sur le territoire et d'embaucher 200 vendeurs, pour atteindre un effectif
de 600.
Par ailleurs, Patrick Drahi veut marier le réseau fibré longue distance construit par SFR (LDCom, SFR Développement,
Cegetel) et les terminaisons câble. « Nous aurons un réseau complet de A à Z, ce qui va nous permettre de réduire les
frais et d'accroître la qualité du réseau mobile », a-t-il déclaré. Non seulement la future entité achètera moins d'ADSL en
gros à Orange, mais, en plus, elle va renégocier l'accord conclu entre SFR et Orange pour le codéploiement et le co-
investissement dans la fibre optique en zone moyennement dense. Autrement dit, Numericable ne veut plus faire de la
fibre là où il y a déjà du câble, et pourrait proposer à Orange de co-investir dans son câble. De manière générale, tous les
partenariats commerciaux devraient être revus. Mais cela ne se fera pas forcément à l'avantage de Numericable et de SFR,
qui fournissent de multiples services de gros à Bouygues (accès en fibre, transit). Reste, après le bras de fer entre
Numericable et Bouygues, à savoir ce que deviendront les partenariats existants : la mutualisation du réseau mobile signée
avec SFR, le co-investissement en fibre horizontale ou encore l'opérateur mobile virtuel (MVNO) de Numericable.

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