Vous êtes sur la page 1sur 8

LE PARTAGE DES SITES DE

TÉLÉCOMMUNICATIONS

CAS DE L’AFRIQUE

par Viken Toramanian


Responsable des Opérations
Cellcom
Novembre 2014

INTRODUCTION

Le partage des infrastructures est communément appelé site sharing en anglais ou colocation en
français. En télécommunications, le site sharing est une stratégie des opérateurs qui autorisent le partage
de leurs infrastructures généralement physiques avec d’autres opérateurs. Elle peut par exemple
s’appliquer aux pylônes ou à l’espace pour l’installation d’équipements (énergie, équipement radio ou
antennes…).

Un livre blanc 1/8


Le site sharing est très répandu dans les pays développés. Les régulateurs de ces pays encouragent
fortement les opérateurs à mutualiser les installations afin de limiter les impacts visuels, d’encourager les
nouveaux entrants ou encore de faire baisser les coûts des investissements.
Cet article de vulgarisation décrit la situation du site sharing en Afrique. Il se veut non exhaustif, mais
montre comment le site sharing est appliqué dans les pays en voie de développement et quelles sont ses
limites. Nous ne parlerons pas des MVNO qui sont également un modèle intéressant de partage
d’infrastructure.

LES STRATÉGIES DES OPÉRATEURS

Le marché des Télécoms en Afrique est loin d’être mature. La guerre des prix, un marketing agressif,
une communication sur les offres toujours plus intrusive et bien sûr le déploiement de sites en masse sont
les principaux témoins du développement accéléré de la téléphonie mobile en Afrique.
Ce marché en pleine expansion pousse les investisseurs et gros opérateurs à investir massivement afin
de récupérer des parts de ce marché juteux à moyen terme. Ces investissements comportent quelques
risques. Ces derniers sont majoritairement d’ordre politique et culturel. Le site sharing est donc un moyen
qui permet de limiter les coûts des infrastructures, et donc les risques. Il permet surtout de mettre en
service des nouveaux sites (couvrir les zones d’habitation) très rapidement. Il y a toujours un avantage à
profiter du partage de sites même si, comme nous le verrons dans les chapitres suivants, beaucoup de
contraintes freinent les opérateurs dans cette démarche.
Notons avant de continuer, que les différents opérateurs n’ont pas toujours les mêmes capacités
d’investissement ou la même expérience technique et marketing. Il existe des opérateurs dont les
capacités financières et la maîtrise technologique sont très avancées. Par exemple pour l’Afrique nous
pouvons citer Airtel, Orange ou MTN. Il existe également des opérateurs dont l’État est actionnaire
majoritaire. En fonction des pays, la réussite d’une telle organisation est très variable. La corruption très
présente empêche certains opérateurs détenus par l’État d’être rentables et donc de se développer
correctement.
Il existe encore des acteurs dits « nouveaux entrants ». Il s’agit d’entreprises qui souhaitent diversifier
leurs actifs et profitent du boom des télécoms en Afrique pour se positionner. En fonction des entreprises,
les moyens financiers sont plus ou moins importants. Les connaissances techniques de ces nouveaux
opérateurs sont leurs points faibles. Par contre, leur nouvelle stratégie marketing a permis à plusieurs de
ces entreprises de bien s’implanter dans le marché local.

GESTION DU SITE SHARING

Le site sharing s’applique avec deux acteurs, en général deux opérateurs téléphoniques. Les échanges
entre ces deux opérateurs peuvent varier en fonction du besoin de chacun d’eux. Voici les différentes
possibilités applicables et très répandues.

UN SITE EN ÉCHANGE D’UN SITE


La solution la plus générale et la plus facile à mettre en place est l’échange standard de sites.
L’opérateur A permet à l’opérateur B de s’installer sur un de ses sites. En échange l’opérateur B permet à
l’opérateur A de s’installer sur un de ses sites

LES CONTRAINTES RELATIVES À LA SOLUTION UN SITE POUR UN SITE


L’échange de sites ne favorise pas tous les opérateurs.
Prenons le cas d’un opérateur A qui a un réseau de couverture étendu et d’un opérateur B qui a un
réseau de taille moindre.
L’opérateur A est installé sur plusieurs sites où il est seul. Sur une de ces zones, tous les habitants aux
alentours du site passent forcément par lui pour communiquer. Il détient 100% du marché dans la zone
couverte. L’installation de l’opérateur B, donc d’un nouveau concurrent, va lui faire perdre des parts de
marché.
A l’inverse, l’opérateur B couvre une zone partagée avec l’autre opérateur A. Les parts de marché sont
déjà fixées et définies entre les deux opérateurs présents. Si l’opérateur A s’installe chez l’opérateur B,
son réseau va gagner en qualité, mais étant déjà présent précédemment, il ne va pas récupérer une part
de marché conséquente.

Un livre blanc 2/8


En haut l’opérateur A partage son site et permet à l’opérateur B d’acquérir une part de marché.

En bas L’opérateur B partage son site. Il n’y a pas de gain conséquent pour l’opérateur A en terme de part de
marché déjà précédent établi.

Il faut également noter que les zones que doivent couvrir les opérateurs sont diversement rentables.
La couverture de zone inhabitée rapportera moins à l’opérateur qu’une zone où se situent des activités
générant des bénéfices. Exemples de zones rentables : les grandes villes, les exploitations minières et
agricoles, les carrefours des grandes voies d’accès, les places d’échange comme les marchés, la présence
importante de ressortissants étrangers ou de familles ayant des parents à l’étranger…
A noter également qu’un pylône peut se trouver dans une zone difficile d’accès et donc avoir des coûts
d’exploitation et de maintenance plus importants.
Au final, plusieurs critères vont rentrer en compte pour l’application égalitaire de la solution « un site
pour un site ». Des difficultés et des complications pour le partage de sites vont être récurrentes si les
opérateurs restent très stricts sur les critères d’échange de site. Les opérateurs doivent accepter de
donner à leurs concurrents, pour gagner de ces derniers.
Le meilleur moyen de coopérer est de s’accorder dès le départ sur les sites à « échanger ». Une grande
quantité d’échange de sites va permettre de limiter les inégalités.

PAIEMENT D’UN LOYER


Pour éviter les contraintes de la solution « un site en échange d’un site », les opérateurs peuvent se
mettre d’accord pour le paiement d’un loyer. L’operateur A paiera mensuellement une rente à l’operateur
B qui en contrepartie accepte l’installation des équipements chez lui.
En effet, chaque site a une valeur pour les opérateurs et génère un profit. Un site où les revenus sont
faibles aura une valeur de location faible. Au contraire, l’opérateur qui détient des sites à forte rentabilité
sera réticent pour le partage de son site avec son concurrent. Aussi les deux opérateurs peuvent trouver
un moyen d’entente en contrepartie du paiement d’un loyer en échange.
Pour deux opérateurs de tailles différentes, un arrangement financier, comme la location des sites, est
un bon moyen de s’entendre. Le problème que nous rencontrions pour le partage de site un pour un avec
deux opérateurs de tailles différentes peut se résoudre avec paiement d’un loyer.

LES CONTRAINTES POUR LE PAIEMENT D’UN LOYER


Pour le paiement d’un loyer, il faut dès le début penser au fonctionnement de la colocation et penser à
l’évolution de la colocation. Aussi dans les pays en voie de développement, l’inflation et variation de la
valeur de la monnaie du pays peuvent nuire au paiement du loyer. Il faut donc dès le début fixer le
paiement du loyer dans une monnaie stable - actuellement l’euro ou dollar – qu’il sera possible de
convertir par la suite si la fiscalité du pays le demande ou si c’est requis par l’un des opérateurs.
De plus, la valeur d’un site peut augmenter avec l’urbanisation de la zone à couvrir. Il faut donc
anticiper et prévoir si nécessaire une revalorisation du loyer à une période donnée.

Un livre blanc 3/8


COLOCATION PAR LE TROC
Un autre type de colocation entre opérateurs téléphoniques peut également se mettre en place : celui
du troc.
Dans les pays en voie de développement, l’énergie n’est pas distribuée sur tout l’espace national. Les
sites ont donc des groupes électrogènes qu’il faut régulièrement approvisionner en gasoil. Le coût de
l’approvisionnement pour un site est assez important et requiert de la part de l’opérateur une trésorerie
importante. Aussi le troc est la possibilité donnée à un opérateur de s’installer chez un tiers en échange de
l’approvisionnement du site en carburant.
Une autre des compensations possibles que nous pouvons faire entrer dans cette catégorie est la
possibilité d’offrir de la capacité de transmission d’un point (site) à un autre point (site). Par exemple
l’opérateur A propose, en échange de son installation chez l’opérateur B, de permettre à ce dernier de
faire passer son trafic par le réseau d’infrastructure de l’opérateur A. Cette forme de compensation a un
intérêt certain dans les pays en voie de développement. En effet, le trafic des sites éloignés des zones
urbaines passent par les antennes satellitaires. Le coût d’utilisation de cette technologie est extrêmement
élevé et la qualité très est médiocre par rapport à une liaison hertzienne ou filaire (instabilité, qualité radio
dégradée…). Aussi la possibilité de passer par le réseau d’un opérateur tiers est hautement appréciée.

CONTRAINTE DE LA COLOCATION PAR LE TROC


La colocation par le troc ne satisfait pas tous les opérateurs.
Le but premier d’un opérateur est d’avoir des abonnés et de générer des revenus grâce à eux. Si les
opérateurs perçoivent des revenus ou des biens, cela ne correspond plus à leur modèle économique
d’operateur télécom. Avec cette solution l’augmentation du parc client n’est pas possible et à moyen terme
ne satisfera pas l’opérateur, car ce dernier ne grandit pas avec cette stratégie.
De plus, la contrainte principale pour l’offre de capacité de transmission en échange d’une colocation
est un risque sur la sécurité du lien et du réseau. Par exemple si l’opérateur s’intègre directement dans le
réseau de transmission d’un autre opérateur, il faut s’assurer que ce dernier ne va pas récupérer des
informations sensibles du premier opérateur. Des règles de sécurité, des protocoles et des pare-feux
doivent être mis en place. L’opérateur hébergeur doit également s’assurer que l’addition de trafic dans la
transmission ne va pas perturber son propre trafic (que la capacité est suffisante pour deux opérateurs).
Autre exemple de problème de sécurité : que faire si le lien de transmission est très instable, qui en
prend la responsabilité? Les deux opérateurs seront pénalisés et cette dégradation de qualité risque de
créer des tensions entre eux.

COLOCATION CHEZ UN TIERS


La colocation de sites peut également être appliquée chez un tiers non opérateur téléphonique. Ces
derniers ne sont pas les seuls à construire des pylônes et des tours. Par exemple les opérateurs de
télévision et de radio ont également besoin, en nombre plus réduit certes, de points hauts pour fournir des
services à leurs clients.
La colocation avec les infrastructures électriques (pylône haute tension)
est par contre plus difficile à envisager pour l’installation d’antennes. Le
pylône des lignes électriques est mal adapté aux antennes radio et
beaucoup craignent un niveau d’interférence élevé. Le courant haute tension
dégrade la qualité du signal radio. Par contre, on pourra noter que les
opérateurs savent coopérer avec les opérateurs des réseaux électriques
pour l’installation de la fibre optique.
De même, les éoliennes ne satisfont pas les opérateurs télécoms. Les
alternateurs situés au haut de l’éolienne engendrent un champ magnétique
et électrique qui crée d’importantes interférences, dégradant fortement la
qualité du signal radio et qui, au final, ne sont pas admissibles pour
l’opérateur téléphonique.

LES AUTRES CONTRAINTES À PRENDRE EN COMPTE

D’autres contraintes techniques et sociales existent. Si elles ne sont pas prises en compte, la
colocation entre opérateurs peut mal se passer.

LES CONTRAINTES DE CHARGES DU PYLÔNE


La charge des antennes est le premier problème que rencontrent les opérateurs.

Un livre blanc 4/8


Avant sa construction la charge de chaque pylône est calculée en fonction des antennes que le pylône
supportera.
La charge limitante n’est pas le poids que peut avoir le pylône et les équipements qui y sont fixés,
mais les forces des vents qui s’exercent sur la surface du pylône et ce sont ces forces horizontales
exercées qui sont les plus critiques. Par contre, les forces verticales que peut supporter le pylône sont très
supérieures aux charges totales qui vont y être installées et du seul point de vue des forces verticales, il
est possible de mettre une grande quantité d’antenne de poids important.
Du fait des forces horizontales, une antenne qui a une surface importante, aussi légère soit elle, va
avoir un impact important sur l’ensemble du pylône. C’est pourquoi on exprime la charge supportable par
un pylône en mètres carrés.

Les forces exercées par le vent sur les


surfaces du pylône le font basculer et
peuvent le mettre à terre.

Les constructeurs de pylônes recherchent une déformation de moins de 0.5° pour les plus forts vents
enregistrés dans une zone. Cela représente un mouvement de 44 cm au sommet d’un pylône de 50 m – la
base étant fixée au sol.
Ici on trouve le pylône sans force horizontale en noir et le pylône déformé par les forces horizontales
en bleu.

Les vents forts qui vont s’appliquer sur un pylône créeront un balancement du pylône et les liaisons
hertziennes seront dépointées. Ce dépointage dégrade dans un premier temps la qualité. Si les vents sont
trop forts, le dépointage devient total et le service est interrompu.
Pour permettre la colocation, il faut donc renforcer le pylône afin de prendre en compte plus
d’antennes ou des antennes plus grandes. Mais cette démarche a un coût, que les opérateurs ne sont pas
tous prêts à prendre en compte pour prévoir une colocation.
Les calculs de charge sont faits en fonction de la zone de construction du site - zone ventée ou non -
et du type de matériel qui sera installé. Le calcul prévoit rarement une charge supérieure à celle dont a
besoin l‘opérateur, car cette option a un coût. Les CAPEX pour les opérateurs des pays en voie de
développement étant limités, la charge est calculée principalement pour les besoins de l’opérateur qui fait
construire ces pylônes. La possible colocation n’est pas prise en compte du point vue de la charge du
pylône.

Un livre blanc 5/8


LES CONTRAINTES D’ESPACE
La colocation requiert de l’espace.
Il faut en effet que le colocataire puisse installer ses antennes sur le pylône et son matériel (radio,
électrique, batteries, énergétique) au sol. Pour faire des économies, les sites négociés peuvent parfois être
de taille réduite. Durant la négociation de l’achat ou de la location de l’emplacement du futur site, le
critère d’espace pour un potentiel futur colocataire n’est pas forcement pris en compte. Aussi l’espace
disponible pour installer un deuxième opérateur reste limité.
Les réseaux extranationaux et nationaux étant peu développés en Afrique, les voies de communication
telles que la fibre optique sont très peu développées. Les opérateurs ne peuvent pas écouler le débit par
ces supports. Ils sont donc obligés d’utiliser des faisceaux hertziens ou des paraboles satellites, voies de
communication aérienne. Ce sont des solutions qui ne permettent pas d’avoir de forts débits, et la stabilité
du service n’est pas garantie.
Lors d’un partage de site pour l’installation d’un faisceau hertzien, si l’espace en haut du pylône est
déjà utilisé par le premier opérateur et que l’espace disponible sous les antennes de ce dernier n’est pas
une position assez élevée pour créer le lien, l’opérateur intéressé par la position du site aura des difficultés
à s’installer, car il n’aura pas les moyens de se connecter à son réseau, et donc de transmettre les
données des appels de la zone couverte par le pylône.

La liaison FH numéro 1 en vue directe entre A et B fonctionne. La liaison FH numéro 2 est obstruée par un
obstacle, donc le lien ne peut pas fonctionner. L’installation de l’antenne rouge est inutile.

Un autre cas que nous pourrions rapprocher de la contrainte d’espace, est la mise à disposition de
matériel adapté au pylône. Chaque opérateur utilise des fournisseurs et constructeurs de pylône différents
qui ne sont pas forcément compatibles. Or si un deuxième operateur souhaite s’installer sur le pylône, il
aura besoin de supports d’antenne adaptés. Il faut donc que le premier opérateur les lui fournisse, ce qui
peut prendre plus ou moins de temps en fonction de la disponibilité de ce matériel et, notons-le, de la
volonté de l’autre opérateur.

LES CONTRAINTES DE MISE À DISPOSITION DE L’ÉNERGIE


Une contrainte importante en Afrique est l’énergie. Le courant électrique n’est pas distribué dans les
zones rurales. De plus l’énergie est instable : les distributeurs ne peuvent pas donner satisfaction à
l’ensemble de la population et des industries. La qualité fournie par les distributeurs d’énergie est très
médiocre : tension supérieure ou inférieure à celle attendue, fuite de courant, intensité variable dans le
temps…
Aussi l’alimentation de sites radio se fait grâce à l’installation d’un groupe électrogène. Au niveau de
l’énergie, chaque opérateur suit sa propre stratégie. Certains d’entre eux choisissent d’avoir des
équipements en courant continu (DC), d’autre vont favoriser le courant alternatif (AC). De même certains
sites pourront être alimentés en courant monophasé et d’autres nécessiteront du triphasé. Ce choix se fait
en fonction du prix des équipements radio et énergie, de la possibilité d’installer des batteries (possible
avec une alimentation en courant continu) ou encore des contraintes liées aux équipements (exemple :
climatiseurs, équipements électroniques…).
Lors d’une colocation de site, il est possible de partager le même groupe. En général c’est le premier
opérateur du site qui partage son énergie avec le nouvel opérateur. Comme nous venons de le voir, si la
stratégie énergétique est différente, les opérateurs devront trouver des équipements pour transformer le
courant et rendre possible le partage de l’énergie. L’installation d’un groupe supplémentaire par le second
opérateur est également possible, mais requiert de l’espace, contrainte déjà évoquée.
Un autre exemple de contrainte énergétique, et qui va croître avec le développement de l’énergie
verte : l’utilisation de panneaux solaires est une solution qui commence à être rentable à moyen terme

Un livre blanc 6/8


(entre 2 et 5 ans, comparé à un groupe électrogène alimenté en carburant). Les panneaux solaires
procurent une énergie qui est en partie stockée et en partie utilisée par les équipements de l’opérateur.
Durant l’absence de soleil (la nuit, ciel couvert, saisons pluvieuses), les batteries prennent le relai pour
alimenter les équipements. En fonction des régions, il faut prévoir une autonomie qui peut aller jusqu’à 10
jours. Si un deuxième opérateur venait à s’installer la consommation d’énergie augmenterait crucialement
et il ne serait pas possible d’alimenter les équipements des deux opérateurs, ce qui créerait une
interruption de service. La cohabitation avec le partage de l’énergie solaire est donc assez complexe. La
vraie solution palliative à ce problème est d’augmenter le nombre de panneaux solaires moyennant de
nouveaux investissements et de l’espace sur le site.
La consommation de l’énergie pour le colocataire qui vient de s’installer peut être source de discorde. Il
faut que dès le début chacun des opérateurs accepte de concéder une grande partie de son énergie sur
son site et le prenne en compte. Le fait qu’on double le nombre d’équipements électriques sur un site va
également doubler la consommation. L’opérateur télécoms qui met à disposition son site et son énergie
doit carburer plus régulièrement son réservoir sur site afin de ne pas avoir de coupure de service.
Pour résumer, le partage d’énergie est très contraignant parce ce qu’il doit être adapté aux deux
opérateurs (AC vs DC, monophasé vs triphasé), il doit être continu (sans interruption), sa consommation
va doubler lors de l’arrivée du deuxième opérateur. Les contraintes énergétiques sont souvent un cas de
conflit.

LES CONTRAINTES SOCIALES


Une contrainte dont la maitrise peut dépasser la direction est le comportement des ressources chez les
opérateurs télécoms.
La concurrence est très forte et crée au sein des entreprises un noyau de personnes qui sont très
attachées à leur entreprise. Il faut se mettre également dans le contexte africain où le taux de chômage
est élevé et où une personne qui travaille va aider une dizaine de personnes de son entourage. Aussi,
avoir un emploi est quelque chose de crucial et les employés sont très attachés à leur entreprise, au point
de haïr les concurrents. La colocation qui permet à un concurrent de s’installer sur un site est donc très
mal vue par certains employés qui ne voient pas le bénéfice de la transaction, et il arrive que des
personnes internes de l’opérateur sabotent le réseau du concurrent. Par exemple elles vont couper
l’arrivée de l’énergie en faisant sauter les disjoncteurs ou encore bloquer l’accès aux intervenants lors d’un
problème technique sur les équipes.
Pour limiter les problèmes de cet ordre, la direction doit faire de la communication en faveur du site
sharing et sanctionner les méfaits exécutés envers l’opérateur concurrent.

LES RISQUES
Nous finirons cet article en rappelant les risques qu’il faut prendre en compte lors du partage de site.
Habiter chez un concurrent est moins sécuritaire que d’avoir son propre site. On dépend entièrement
d’une entreprise dont nous n’avons pas la main. Des problèmes techniques peuvent survenir : plus
d’énergie, site clos sans accès à un intervenant, sabotage ou simplement erreur de manipulation d’un
technicien… un problème technique qui dégrade la qualité est vite arrivé et dépend en grande partie de
l’autre opérateur.

SITE SHARING PARTICULIER

Dans un continent où les télécoms sont en pleine croissance, le site sharing est une méthode qui
permet de développer rapidement et à cout réduit le réseau des opérateurs.
Différents types de partage existent entre opérateurs comme nous l’avons vu. Un marché s’est même
développé, notamment assez présent en Afrique, où les opérateurs passent par un tiers pour s’occuper
des infrastructures et les mettre à disposition de tous les opérateurs. Dans le jargon télécoms on les
appelle les « Towerco ».
Ce modèle permet, avec plus ou moins de neutralité, de proposer du partage de site, entre opérateurs
à un coût fixe et avec moins de contraintes que ce que nous avons vu précédemment. Les investissements
pour la construction des infrastructures sont directement portés par ces compagnies.

Un livre blanc 7/8


A PROPOS DE L’AUTEUR

Viken TORAMANIAN, ingénieur Télécoms, a une expérience de 8 ans en tant que consultant. Il a
travaillé sur plusieurs projets Télécoms au sein d’Orange, SFR, Ericsson et Camusat. Il s'est spécialisé
dans le déploiement et le swap des sites radios. Il travaille actuellement chez Cellcom - opérateur télécom
en Guinée (Conakry) - en tant que responsable des opérations.

Les idées émises dans ce livre blanc n’engagent que la responsabilité de leurs auteurs et pas celle de Forum ATENA.
La reproduction et/ou la représentation sur tous supports de cet ouvrage, intégralement ou partiellement est autorisée à
la condition d'en citer la source comme suit :
© Forum ATENA 2014 – Le partage des sites de télécommunications : Cas de l’Afrique

Licence Creative Commons


- Paternité
- Pas d’utilisation commerciale
- Pas de modifications
L'utilisation à but lucratif ou commercial, la traduction et l'adaptation sous quelque support que ce soit sont interdites
sans la permission écrite de Forum ATENA.

Un livre blanc 8/8

Vous aimerez peut-être aussi