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LE PARTAGE DES INFRASTRUCTURES COMME LEVIER DE

DÉVELOPPEMENT DE LA CONCURRENCE

CAS DU ROAMING NATIONAL


DÉFINITION DE L’ITINÉRANCE OU ROAMING NATIONAL

Le roaming national (ou itinérance nationale) permet à un abonné d’un opérateur mobile d’utiliser le réseau
mobile d’un opérateur tiers du même pays, dans les zones géographiques où le premier n’offre pas de
couverture

Réseau opérateur A
Abonné de
l’opérateur B

VLR
Réseau
BSC MSC GMSC opérateur B

BTS

L’opérateur A donne localement accès à son réseau à un abonné de l’opérateur B, et collecte le trafic jusqu’au
réseau de l’opérateur B (prestation équivalente à l’accès et au départ d’appel dans l’interconnexion)

Roaming international : permet de donner accès au réseau à un


abonné d’un opérateur mobile d’un pays étranger (itinérance nationale +
Roaming interconnexion internationale)
National ≠
Revente aux MVNO : consiste à donner accès au réseau à un opérateur
virtuel (sans licence et sans spectre de fréquence propre)

Prestations incluses dans le Roaming (2G) : Voix + Data

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RAPPEL : MODELES DE CONCURRENCE – APPROCHE GENERIQUE

Cce par les

Cce par les


services
infras
Nature de la
concurrence

•Coûts à l’entrée moins élevés :


•Offre de services plus diversifiée favorise l’entrée d’un plus grand
et innovante nombre d’acteurs
•Dérégulation progressive du •Extension plus rapide de la
secteur concurrence sur l’ensemble du
territoire

Concurrence par les infrastructures Concurrence par les services

Quel modèle
de
concurrence
est privilégié
par le
régulateur ?

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LE ROAMING NATIONAL : UN COMPROMIS

n Un nouvel entrant sur un marché rencontre de nombreuses difficultés qui dégradent ses
perspectives de développement et de rentabilité
• Pic d’investissement important
• Faible niveau de couverture
• Qualité de service insuffisante
• Détérioration de son image de marque

n Dans un pur schéma de concurrence par les services (MVNO par exemple), un nouvel entrant n’a la
capacité de se différencier ni du point de vue tarifaire ni de celui des services proposés

n La solution consiste en la possibilité pour un nouvel entrant de déployer ses propres infrastructures
tout en bénéficiant d’une offre de raoming national lui permettant de desservir les zones qu’il
ne couvre pas encore

n Cet accord avec un ou des opérateurs en place permettra au nouvel entrant


• De fournir un effort d’investissement progressif
• De proposer à ses clients une qualité de service et une couverture équivalentes à celles
proposées par les autres opérateurs dès le lancement de son activité commerciale

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LE ROAMING NATIONAL EN TANT QUE LEVIER DE REGULATION EX POST

Objectifs de la régulation

Faciliter l’entrée d’un nouvel opérateur Créer un marché de gros pour développer la
sur un marché concurrence sur d’autres marchés

• Le partage de l’infrastructure est envisagé


transitoirement pour pallier le caractère tardif de
l’entrée d’un nouvel acteur sur le marché

Régulation ex-ante
Régulation ex-post

• L’obligation d’accès ou de partage est imposée


• Exemple de Free en France après obtention par les régulateurs seulement lorsqu’elle repose
de sa licence 3G sur la détention d’une infrastructure essentielle
- accès transitoire aux pylônes des opérateurs 2G au sens du droit de la concurrence
sur une base tarifaire librement négociée
- accord de roaming national signé en 2012 avec • Processus de régulation en 3 phases :
Orange sur une base tarifaire librement négociée ; - analyse du marché
cet accord prendra fin en 2020 - détermination des opérateurs dominants
- obligation d’accès
NB : le caractère transitoire de ces dispositions est
justifié par l’existence d’obligations de couverture

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PRINCIPAUX ENSEIGNEMENTS DES EXPÉRIENCES INTERNATIONALES

• Obligation pour les opérateurs dominants de fournir une prestation


Fondement
de roaming national aux nouveaux entrants détenteurs d’une licence
réglementaire
(3G ou 4G)

Conditions limitatives pour bénéficier du roaming national :


• Condition d’entrée : couverture par le nouvel entrant d’un
minimum du territoire avec son propre réseau (le plus souvent
Dispositions
20%)
spécifiques
• Condition de sortie : contrat de roaming limité dans le temps (afin
d’encourager le déploiement d’infrastructures de l’opérateur
bénéficiaire)

• Accord commercial entre le nouvel entrant et les opérateurs en


Intervention place sur le marché
ex post • En cas d’échec des négociations, intervention du régulateur
• L’accord est généralement soumis au régulateur pour approbation

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MÉTHODES DE DÉTERMINATION DES TARIFS DE ROAMING NATIONAL

Deux approches existent pour la mise en place de tarifs d’une offre de gros : retail minus et cost +

– Retail minus : indexation des tarifs de l’offre de gros sur les tarifs de l’offre de détail (exemple des
contrats de gros MVNO – MNO)
– Cost + : orientation des tarifs de l’offre de gros vers les coûts de l’offre de gros (exemple des tarifs
d’interconnexion orientés coûts)

Méthode Cost plus vs retail minus

- x%

Prix de
détail Prix de
gros Prix de
Coûts gros

Méthode RETAIL MINUS Méthode COST PLUS

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JUSTIFICATION DU CHOIX DE LA MÉTHODE RETAIL MINUS

Les régulateurs sont parfois amenés à prendre position sur les modalités de calcul des charges de RN afin de :
– permettre au nouvel entrant de prendre appui sur leur position lors des négociations commerciales
– fixer les tarifs en cas d’échec des négociations

La plupart des régulateurs (GB, Belgique, Irlande, Autriche, Jordanie, …), privilégie le retail minus

• Contrairement à la terminaison d’appel (cost plus), la prestation de RN


s’apparente aux services offerts sur le marché de détail (prestation de revente
RN constitue réseau)
une prestation • Le retail minus permet au nouvel entrant d’offrir des services à des tarifs
assimilable à concurrentiels tout en permettant à l’opérateur qui offre le roaming de dégager
un service de des revenus équivalents à ceux qu’il réaliserait sur des services offerts à ses
détail propres clients

• Une concurrence fondée sur l’utilisation du RN implique pour le nouvel entrant


un modèle économique directement fondé sur les tarifs proposés par l’opérateur
Recherche de hôte et donc une capacité de différenciation tarifaire limitée
l’optimum • Le retail minus permet de préserver l’incitation du nouvel entrant à déployer
concurrentiel son propre réseau, ce qui favorise la concurrence par les infrastructures et donc
une économie fondée sur des coûts propres, optimale d’un point de vue
concurrentiel

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COÛTS PERTINENTS À RETENIR DANS LE CADRE DU RETAIL MINUS

Prix de la minute prix de détail – coûts évitables


Retail Minus
= + coûts spécifiques + coûts additionnels

=
Prix de détail pertinent
Prix de détail • Difficile à déterminer pour un marché disposant d’offres diverses et complexes
• Peut être assimilé à l’ARPM de l’opérateur offrant la prestation

-
Coûts évitables Coûts MKG, commercial, facturation client, subvention de terminaux
+
Coûts spécifiques SI, Facturation, SAV

+
Investissements réseau supplémentaires pour prise en charge trafic additionnel
• Prise en compte des risques liés aux investissements réseau suite à la mise en
place du RN => prévisions de volume de trafic à acheminer incertaines
Coûts (surinvestissement possible), le volume du trafic acheminé en roaming étant
additionnels appelé à baisser au fur et à mesure que le nouvel entrant déploie son réseau
• Prise en compte du surcoût de fourniture du RN dans les zones les moins
rentables, car le nouvel entrant va concentrer ses investissements dans les
zones urbaines

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REVERSEMENTS INTER-OPÉRATEURS RELATIFS AU ROAMING NATIONAL

Abonné B1 de
Réseau
l’opérateur B
Cas 1 : opérateur A L’opérateur B
Réseau
appel on-
BS VLR reverse à l’opérateur
GMSC opérateur
net entre A les charges de
un abonné Zone de C MSC B
roaming BTS roaming pour
en zone
roaming et l’acheminement des
un abonné minutes entre
en zone l’abonné B1 et le
couverte réseau B
Abonné B2 de
l’opérateur B

Abonné B1 de
l’opérateur B L’opérateur B reverse
Réseau
à l’opérateur A les
opérateur A charges de roaming
Cas 2 :
pour l’acheminement
appel on- Zone de des minutes de
net entre 2 roaming
VLR Réseau l’abonné B1 vers le
BS GMSC
abonnés en MSC opérateur réseau B + les
zone de C B
Abonné B2 de charges de roaming
roaming l’opérateur B BTS pour l’acheminement
des minutes du
réseau B vers
l’abonné B2

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REVERSEMENTS INTER-OPÉRATEURS RELATIFS AU ROAMING NATIONAL

Cas 3 : appel d’un abonné en roaming vers un abonné d’un réseau tiers

Réseau
opérateur A
Abonné B1 de
l’opérateur B

VLR Réseau
BSC GMSC
Zone de opérateur B
MSC
roaming
BTS

Réseau tiers

Abonné X

L’opérateur B reverse à l’opérateur A les charges de roaming pour l’acheminement des minutes
de l’abonné B1 vers son propre réseau + charges d’interconnexion au réseau tiers

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ETUDE DE CAS : ACCORD D’ITINÉRANCE ORANGE-FREE
EN FRANCE

n Exemple de Free en France après obtention de sa licence 3G en 2010


n Accès transitoire aux pylônes des opérateurs 2G sur une base tarifaire librement négociée
n Couverture par Free de 27% de la population fin 2011 => peut bénéficier de l’itinérance sur le
réseau d’un opérateur mobile tiers

n Accord de roaming national signé en 2012 avec Orange sur une base tarifaire librement négociée ; cet
accord prendra fin en 2020

n En avril 2015, l’ARCEP annonce que Free Mobile a respecté son obligation de déploiement 3G au 12
janvier 2015, soit une couverture à l’extérieur des bâtiments et hors itinérance d’au moins 75% de la
population métropolitaine
n La prochaine obligation de déploiement 3G de Free Mobile est fixée au 12 janvier 2018, date à
laquelle l’opérateur devra couvrir au moins 90% de la population

n L’accord d’itinérance entre Orange et Free a été vivement contesté par les opérateurs tiers,
notamment Bouygues Telecom
n Orange a été accusé d’être un « traitre » car facilite l’entrée sur le marché du 4ème opérateur (or
cet opérateur a considérablement affaibli les opérateurs « historiques », en particulier ceux qui ne
tirent aucun bénéfice de l’accord d’itinérance)
n Plus sérieusement, cet accord a été dénoncé à plusieurs reprises par Bouygues Telecom devant le
l’Autorité de la Concurrence et le Conseil d’Etat (recours pour excès de pouvoir contre décisions
ARCEP)
• Le principal grief est celui de l’entente illicite

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LIGNES DIRECTRICES DE L’ARCEP SUR LE PARTAGE
DES RÉSEAUX MOBILES (1)

n Consciente des problématiques de concurrence posées par les accords de partage des infrastructures
Mobiles, l’ARCEP a publié en mai 2016 des lignes directrices y afférentes, dans lesquelles elle affirme
clairement :

« En application du principe de liberté contractuelle, les opérateurs ont la faculté de conclure entre eux des
accords de partage de réseau, dans les limites fixées par la loi.
La liberté contractuelle s’exerce ainsi dans le respect du droit de la concurrence. En effet, un accord de
partage de réseau ne doit pas conduire à des pratiques anticoncurrentielles prohibées par les articles L.
420-1 et L. 420-2 du code de commerce. En cas d’effets anticoncurrentiels d’un tel accord, un tiers a la
faculté de demander de faire cesser les clauses contractuelles illégales devant l’Autorité de la concurrence
ou le juge judiciaire. »

« Historiquement, la concurrence sur le marché mobile entre les opérateurs titulaires d’autorisations
d’utilisation de fréquences a reposé sur la maîtrise des fréquences et des équipements actifs, qui
permettent à chacun des opérateurs de réseaux de maîtriser le service rendu à ses clients et d’investir pour
son amélioration, sans influence de ses concurrents.

Or le partage de réseaux mobiles est susceptible de restreindre les incitations des opérateurs à
l’investissement et l’innovation.
Le partage de réseaux mobiles peut aussi limiter l’autonomie économique, technique et commerciale de
chaque opérateur, en réduisant sa capacité à déterminer sa propre stratégie en toute indépendance. Il est
également susceptible de mener à des échanges d’informations dont les opérateurs ne disposeraient pas
dans une situation concurrentielle normale. »

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LIGNES DIRECTRICES DE L’ARCEP SUR LE PARTAGE
DES RÉSEAUX MOBILES (2)

« Pour toutes ces raisons, le partage de réseaux mobiles peut avoir un effet défavorable sur les
objectifs de concurrence effective et loyale au bénéfice des utilisateurs, d’investissement et
d’innovation et la promotion de la concurrence par les infrastructures. »

n Les accords de partage sont donc examinés par l’ARCEP au regard des critères suivants :
n Densité de la zone sur laquelle porte le partage
• Plus la zone est dense, plus la concurrence par les infrastructures doit être promue
(perspectives de rentabilité élevées)
• Moins la zone est dense, plus le partage peut être poussé (équipements passifs + actifs,
voire roaming national dans les zones blanches)
n Préservation de la capacité des parties à l’accord à se concurrencer de façon effective et
loyale au bénéfice des utilisateurs
• Limitation du partage d’informations
• Préservation de la capacité de différenciation
• Préservation de l’autonomie des parties
n Incitation à l’investissement
n Effets positifs sur les services apportés aux utilisateurs
n Equilibre concurrentiel sur le marché
n Réversibilité de l’accord

Grille d’analyse se rapprochant de celle des ententes par les Autorités de Concurrence

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LIGNES DIRECTRICES DE L’ARCEP SUR LE PARTAGE
DES RÉSEAUX MOBILES (3)

n En conclusion :
n Le partage d’infrastructures passives est encouragé (optimisation des coûts + préoccupations
environnementales)
n La mutualisation de réseau peut être pertinente sur certaines parties du territoire
n La mutualisation de fréquences accroît la restriction de concurrence et devrait a priori être limitée
aux zones peu denses
n L’itinérance devrait a priori être cantonnée
• L’itinérance peut dés-inciter à l’investissement et devrait se limiter aux zones les moins
denses du territoire
• L’itinérance emporte des effets aggravés sur l’investissement et la concurrence lorsqu’elle
touche aux services qui sont au cœur de la dynamique concurrentielle (services data
aujourd’hui)

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AVIS DE L’AUTORITÉ DE LA CONCURRENCE
SUR LE PARTAGE DES RÉSEAUX MOBILES

n Le 11 mars 2013, l’Autorité de la Concurrence, saisie par le Gouvernement, a rendu un avis dans lequel
elle précise les conditions de mutualisation entre réseaux mobiles et appelle à l'extinction progressive
et encadrée de l'itinérance nationale dont bénéficie Free mobile
n Le postulat de l’Autorité est que la concurrence par les infrastructures est un modèle à
préserver
n Elle souligne que (i) l'itinérance peut favoriser l'animation de la concurrence, notamment en
abaissant les barrières à l'entrée pour un nouvel entrant, mais que (ii) cependant, cette itinérance
doit rester transitoire car elle présente aussi des risques concurrentiels
• Plus de différenciation en termes de QoS, débit ou couverture
• Renforcement des parties à l’accord au détriment des autres, ce qui peut altérer de manière
substantielle la structure du marché

« L'Autorité estime par conséquent qu'il convient d'être particulièrement attentif aux accords
d'itinérance nationale, en particulier en ce qui concerne leur durée. Une surveillance étroite et
un suivi de ces accords sont nécessaires, dans la mesure où il n'est pas forcément dans l'intérêt
tant de l'opérateur accueilli que de l'opérateur d'accueil de mettre fin à un accord d'itinérance
nationale. »

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LE ROAMING NATIONAL EN TANT QU’INSTRUMENT D’AMÉNAGEMENT
DU TERRITOIRE

Cas de la couverture Mobile des zones blanches en France

Contexte

Le Mobile ne fait pas parti du périmètre du SU


Existence de zones blanches du fait de l’insuffisance de la demande

Sous l’égide du régulateur, les opérateurs se sont accordés sur des déploiements complémentaires dans les
zones blanches et ont mis en œuvre des accords d’itinérance au sein de ces zones de manière à offrir une
couverture globale à leurs clients

Partage géographique des infrastructures fondé sur le principe du « donnant-donnant »

Le partage géographique peut se faire sous l’égide de l’Autorité de régulation mais la couverture
réalisée via des accords d’itinérance ne peut être prise en compte par l’opérateur pour satisfaire ses
obligations de couverture

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LE ROAMING NATIONAL DANS LES ZONES DE SERVICE UNIVERSEL

Cas de la couverture Mobile des zones blanches au Maroc

Contexte

Régime du SU : contribution annuelle = 2% du CA – régime de « Pay or Play »

Programme PACTE de couverture des zones blanches au Maroc financé par le fonds de SU
9264 localités rurales à couvrir entre 2008 et 2011 (prolongation jusqu’en 2015) en téléphonie mobile et
Internet (2G et 3G) – 80% des localités confiées à IAM pour une subvention de 1,159 Md DH (environ 100 M€)

Art.7 CDC SU d’IAM : « IAM donne droit aux demandes des exploitants de réseaux publics de
télécommunications pour l’accès aux infrastructures et ressources établies pour la réalisation des programmes
[de SU] et notamment des demandes … pour l’itinérance nationale et le dégroupage. Les conditions techniques
et tarifaires de l’accès … sont fixées par l’ANRT après consultation des exploitants concernés »

Logique « Open Access » = accès régulé aux infrastructures essentielles


(infrastructures subventionnées par le fonds de SU)

Le marché pertinent est un marché géographique (zones de SU) – les coûts pertinents sont des
coûts géographiques (coûts – complets - de déploiement dans les zones de SU - comptabilité
analytique séparée – et auditée - pour le SU). Tarif RN > tarifs de TA.

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MERCI POUR VOTRE ATTENTION

Seyni Malan FATI

+221775696888
Seyni.fati@gmail.com

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