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DOSSIER Laser

Comprendre les bases


du laser pour plus de sécurité
Clément Rives
AHU, sous-section Odontologie
conservatrice et Endodontie,
UFR des Sciences Odontologiques,
Université de Bordeaux
Service d’Odontologie et de Santé
Buccale, CHU de Bordeaux
Au XXIe siècle, l’utilisation des lasers dans la vie
quotidienne est devenue banale. Pourtant,
les lasers à usages médicaux, malgré leur efficacité
John Lopez
Ingénieur de recherche remarquable sur les tissus biologiques, peuvent
Centre Interaction Laser et Applications, se révéler dangereux pour l’utilisateur mal informé,
CELIA, UMR5107, Université de Bordeaux son personnel et son patient. L’objectif de cet article
est de poser les bases de physique des lasers
Raphaël Devillard indispensables à connaître avant de « se lancer »
MCU-PH, sous-section Odontologie
conservatrice et Endodontie, dans leur utilisation, leurs caractéristiques physiques
UFR des Sciences Odontologiques, et techniques, le choix des différentes longueurs
Université de Bordeaux d’ondes disponibles en odontologie et les règles
Service d’Odontologie et de Santé
Buccale, CHU de Bordeaux
de sécurité liées à leur utilisation.
Alphanov, Centre technologique optique
et laser, Talence
INSERM Bioingénierie Tissulaire U1026,
Bordeaux

4 L’INFORMATION DENTAIRE n° 36 - 26 octobre 2016


Les bases

1. Histoire des lasers.


2. Principe
de fonctionnement
d’un laser.

Bases physiques des lasers miroir, placé à l’autre extrémité de la cavité, est lui tota-
Le laser lement réfléchissant. Les caractéristiques du milieu à
Il vient de l’acronyme anglais « Light Amplification by gain et de la cavité vont directement conditionner les
Stimulated Emission of Radiation ». Il décrit une source propriétés du rayonnement laser. L’énergie est apportée
d’émission stimulée de rayonnement électromagnétique au milieu actif amplificateur grâce à un système d’exci-
qui se différencie des sources usuelles de lumière spon- tation ou de pompage (laser primaire, diode laser, lampe
tanée telle que la lampe à incandescence ou le soleil. Son flash, décharge électrique) [4].
intérêt tient à la grande cohérence et à la forte inten- La nature du milieu actif détermine la couleur du fais-
sité de son rayonnement. L’amplification se fait grâce au ceau laser ainsi que sa dénomination.
processus d’émission stimulée. Inventé en 1960 (fig. 1) Le rayonnement lumineux émis par un laser est consti-
[2], les premières applications du laser apparues en 1966 tué de photons de même polarisation, de même phase, de
connaissent un véritable essor industriel dans les années même longueur d’onde et émis dans une même direction.
1990 avec l’apparition des machines numériques [3].
Explication simplifiée de l’effet laser
Fonctionnement général La lumière peut être décrite comme une onde électro-
Le laser se compose d’un milieu actif amplificateur magnétique ou bien comme un flux de particules élé-
(solide, fibre, gaz, liquide ou semi-conducteur) placé mentaires appelées photons. La capacité d’un photon à
au centre d’une cavité optique résonnante (fig. 2). Un interagir avec la matière dépend de son énergie. Cette
miroir semi-réfléchissant placé sur l’une des extrémités dernière définit également la longueur d’onde du photon.
de la cavité permet de faire sortir le faisceau. Le second Lorsqu’un photon incident a une énergie équivalente à la

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vers un état excité ; c’est


le pompage. Pour faire
fonctionner un laser,
il faut donc pomper le
milieu actif. Des pho-
tons vont alors être émis
par émission spontanée
et vont entraîner avec
eux d’autres photons par
émission stimulée.
3. Spectre des longueurs d’ondes.

Principales caractéristiques
différence d’énergie potentielle entre un niveau énergé- du laser
tique stable et un niveau énergétique excité, il y a une La longueur d’onde
forte probabilité que ce photon soit absorbé et provoque Chaque onde électromagnétique est définie par sa lon-
le passage d’un électron du niveau stable vers le niveau gueur d’onde (l) qui représente la période spatiale des
excité. Ce phénomène s’appelle l’absorption. À l’inverse, oscillations. Elle est inversement proportionnelle à la
un électron dans un état excité a une forte probabilité de fréquence et s’exprime en mètre. Plus la longueur d’onde
relaxer et de redescendre dans un état énergétique plus est courte, plus le photon est énergétique. La longueur
faible. Ce phénomène de relaxation radiative s’appelle d’onde est la couleur du rayonnement laser. Un laser
l’émission spontanée. L’énergie du photon émis corres- peut émettre dans un spectre allant des rayons X (l < 1
pond à la différence d’énergie potentielle entre l’état ini- nm) aux infrarouges lointains (l = 1 mm) en passant par
tial et l’état final. Lorsqu’un photon incident, ayant pour le visible (l 400 à 800 nm) (fig. 3).
énergie une énergie équivalente à la différence entre un La pénétration du faisceau laser dans un tissu biologique
niveau stable et un niveau excité, passe au voisinage d’un dépend de l’absorption des différents chromophores
électron préalablement excité, il a une forte probabilité (pigments) contenus dans ce tissu et donc de la longueur
de provoquer la relaxation radiative de cet électron qui d’onde du rayonnement.
émet un deuxième photon de même énergie et de même En effet, les molécules chromophores absorbent de
direction que le premier photon incident. Ce phéno- manière sélective le faisceau laser, et constituent une
mène d’émission dite stimulée est à la base du fonc- zone cible préférentielle. Les tissus biologiques environ-
tionnement du laser [1]. Pour augmenter la probabilité nants sans chromophores subissent peu de changements
d’émission stimulée, il faut que la population d’électrons du fait d’une plus faible absorption [5]. Le choix de la
excités soit plus élevée que la population d’électrons longueur d’onde la plus adaptée pour une application
dans un état stable ; on parle d’inversion de population. clinique donnée dépend alors de son interaction avec
Pour l’obtenir, il faut qu’une source d’énergie excite les la nature et la composition du tissu cible. L’objectif est
électrons du milieu actif initialement dans un état stable d’atteindre le tissu de façon très localisée, d’obtenir une
bonne pénétration avec la plus faible diffusion ther-
mique sur le trajet du faisceau.
Tableau 1 - Formules de calcul des principales
caractéristiques du faisceau laser
La puissance
Fluence (J/cm2) = E / S (avec S = p r2)
Elle est calculée à partir de la formule reliant l’énergie
Irradiance (W/cm2) = P/s délivrée par le laser au temps d’impulsion pour un laser
P = dE / dt pulsé ou au temps d’émission du faisceau pour un laser
P = puissance instantanée délivrée continu (tableau 1). Cette formule est essentielle pour
à un instant « t » en watts comprendre l’importance du temps d’émission de l’onde
Puissance dE = énergie délivrée entre laser sur l’effet qu’il produit dans les tissus biologiques.
les instants t + dt, exprimée
Pour une énergie constante, si le temps d’impulsion est
en joules, (dt : intervalle de temps
en secondes) plus court, la puissance délivrée sera plus importante.

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Mode d’émission du faisceau laser


Les deux modes les plus utilisés en odontologie sont
illustrés par la figure 4.
Continu : la puissance délivrée est constante dans le
temps grâce à une source de pompage régulière sur le
milieu actif. On parle de puissance moyenne. L’opérateur
contrôle le temps d’application qu’il souhaite délivrer sur
le tissu cible. Ce mode produit un effet thermique sur le
tissu (chirurgie des tissus mous).
Pulsé : le système de pompage fonctionne par des
impulsions brèves sur le milieu actif. Cela permet la
libération de la lumière laser par paquets avec de très
courtes impulsions entrecoupées de périodes de repos
qui offrent un temps de relaxation thermique au tissu
irradié. On travaille alors en puissance crête. Les temps
4. Modes d’émission du faisceau laser.

Tableau 2 - Les différents effets lasers sur les tissus en odontologie

Effet Laser Conséquences biologiques Applications cliniques


De la profondeur à la périphérie du tissu
- 45-60 °C -> hyperthermie tissulaire (dénaturation protéique)
- 60 à 90 °C -> coagulation (nécrose irréversible
sans destruction tissulaire immédiate)
A Thermique Chirurgie buccale
- ≥ 90 °C -> carbonisation (mort cellulaire)
B - > 100 °C -> volatilisation (perte de substance)
L Effet thermique essentiellement utilisé en chirurgie
A buccale
T
Faible apport de chaleur
I
Plus le coefficient d’absorption est élevé plus le seuil
F Photo-
d’ablation est bas Chirurgie buccale
ablatif
Composants « gazéifiés » -> ablation tissulaire sans lésion
thermique périphérique
Mécanique Photo disruption (peu d’effet sur les tissus mous)
Une molécule fluorescente absorbe la lumière du faisceau
Diagnostic des tissus
Fluorescence laser et la restitue sous forme de lumière fluorescente
cariés
Analyse des différences de fluorescence
S
U Décontamination
B Photo- Modification de structure des molécules -> photothérapie endodontique
- chimique dynamique (PTD) et des poches
A parodontales
B Changement de fréquence d’une onde entre la mesure
L Évaluation de la vitalité
Doppler à l’émission et la mesure à la réception,
A pulpaire
lorsque l’émetteur ou le récepteur se déplacent
T
Stimulation
I
des processus
F
Photo- de cicatrisation
Thérapie Laser Basse Énergie ou LLLT
modulation Analgésie et gestion
des douleurs
postopératoires

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où il est focalisé. Le diamètre de la tache éclairée est


alors le plus petit, toute l’énergie du laser y est concen-
trée et va augmenter avec le carré du rayon.

Effets et interaction du faisceau


laser avec le milieu biologique
Lorsque le faisceau laser pénètre un milieu donné, une
partie de son intensité est absorbée en chaleur, une frac-
tion est transmise à travers le matériau sans affecter le
5. Les différentes interactions laser-tissu biologique.
milieu et une fraction est réfléchie en fonction des coef-
ficients d’absorption, de transmission et de réflexion du
milieu. Il faut ajouter un possible effet de diffusion où
entre chaque impulsion sont réglés par l’opérateur. Tous une partie de rayonnement est répartie en profondeur
ces paramètres permettent le calcul de la puissance sur une certaine distance à partir de la zone d’absorp-
moyenne. Ce mode pulsé est très utilisé en odontologie tion (fig. 5). Les différents effets (tableau 2) sont alors
et produit plutôt des effets mécaniques sur le tissu. fonction de la nature du milieu et de la longueur d’onde
du rayonnement, sachant que le plus souvent nous cher-
La fréquence d’impulsion chons à favoriser l’absorption garante d’un effet ther-
ou taux de répétition (Hz) mique limité à l’endroit de l’impact [6, 7]. Les valeurs
Dans le cas d’un laser pulsé, cette valeur représente le d’absorption des principaux tissus sont représentées dans
nombre d’impulsions par seconde et s’exprime en hertz le tableau 3.
[Hz]. Plus la fréquence augmente, plus le délai entre les
impulsions successives diminue, moins le tissu biolo- Les lasers en odontologie
gique a le temps de relaxer et plus les dégâts thermiques De nombreux lasers sont disponibles dans le domaine de
seront importants. l’odontologie. Le choix repose essentiellement sur l’uti-
lisation que le praticien souhaite en faire dans son exer-
La fluence et l’irradiance cice quotidien. Le tableau 4 propose une classification
Elles correspondent à la quantité d’énergie (fluence) ou des lasers les plus utilisés en odontologie en fonction de
de puissance (irradiance) délivrée par unité de surface. leur longueur d’onde, de leurs caractéristiques et de leurs
C’est un paramètre important à considérer lorsque l’on indications principales.
travaille en mode impulsionnel. Cette donnée permet de Deux modes d’action sub-ablatifs sont particulièrement
comprendre pourquoi le laser est plus efficace à l’endroit intéressants en médecine bucco-dentaire :

Tableau 3 - Valeurs d’absorption des principaux tissus biologiques exposés au rayonnement laser
en fonction de la longueur d’onde utilisée
Tissu Profil d’absorption Pics principaux
Hémoglobine UVA à 650 nm 280 ; 420 ; 540 ; 580 nm
Mélanine UV décroissant à proche IR -
ADN UVB 280 nm
Hydroxyapatite IR (3 000 à 3 400 nm) 3 500 nm
Collagène UV dominante -
Large abs. UV
H2O 1 400 ; 1 800 ; 3 000 ; 10 000 nm
Fenêtre dans le visible
Passage privilégié de la lumière
Zone thérapeutique Au plus bas entre 820 et 840 nm
dans les tissus biologiques 500 à 1 200 nm

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Les bases

Tableau 4 - Principales indications thérapeutiques des lasers La Photo Thérapie Dynamique (PTD)
en odontologie est une réaction photochimique utilisée pour
la destruction sélective de cellules cibles.
LASER lλ(nm) Mode Indications thérapeutiques / Cible Grâce à l‘application d‘un colorant in situ,
les bactéries colorées sont sensibilisées à la
Traitement des dyschromies lumière laser et détruites après exposition à
KTP Continu dentaires une énergie donnée et à une longueur d‘onde
532 (vert) Pulsé Hémostase (+)
spécifique du colorant. Cette approche peut
Chirurgie des tissus mous
être utile pour la décontamination des poches
HeNe parodontales et de l’endodonte.
Continu Bio-stimulation
632,8 (rouge)
De nombreux avantages par rapport aux
Diode agents antimicrobiens conventionnels sont
Continu
625-700 Bio-stimulation décrits dans la littérature comme un effet
Pulsé
(rouge)
localisé à la zone ciblée, une élimination
Traitement des dyschromies des éléments bactériens dans des délais très
dentaires courts. De plus, les bactéries ne développent
Diode Continu Hémostase (+)
pas de résistance au traitement, les tissus
810-980 (IR) Pulsé Chirurgie des tissus mous
Décontamination endodontique adjacents ne subissent aucun dommage (tissu
+ poches parodontales conjonctif peu affecté, absence d’échauffe-
ment) et l’équilibre de la flore buccale est
Élimination de la boue dentinaire préservé [8, 9].
Hémostase (+) La Thérapie Laser Basse Énergie ou
Nd:YAG
Continu Chirurgie des tissus mous photo-modulation ou « Low Level
1064 (IR)
Pulsé Décontamination endodontique Laser Therapy » (LLLT) est quant à elle
+ poches parodontales
utilisée pour la stimulation des processus
de cicatrisation, l’analgésie et la gestion des
Elimination de la boue dentinaire
douleurs postopératoires. Le principe est
Nd:YAP Hémostase (+)
Continu d’appliquer de faibles quantités d’énergie
1340 (IR) Chirurgie des tissus mous
Pulsé répétées sur la zone cible afin de ne pas pro-
Décontamination endodontique
voquer d’échauffement tissulaire.
Élimination du tissu carieux Le principe de LLLT est basé sur l’acti-
et boue dentinaire vation enzymatique de certains processus
Détartrage et surfaçage
cellulaires favorisant la prolifération du
radiculaires
Er,Cr-YSSG
Pulsé Hémostase (-)
collagène, des cellules épithéliales et endo-
2780 (IR) théliales, de la dentine et des ostéoblastes,
Chirurgie osseuse
Chirurgie des tissus mous notamment par stimulation de la pompe
Décontamination endodontique Na+/K+ des membranes cellulaires. La sti-
+ poches parodontales mulation de cette pompe induit une hyper-
polarisation qui permet d’augmenter le seuil
Élimination du tissu carieux
et boue dentinaire de la douleur. Il est également probable que
Détartrage et surfaçage ce type de laser bloque la dépolarisation des
radiculaires fibres afférentes C sans toutefois les suppri-
Er:YAG
Pulsé Hémostase (-) mer.
2940 (IR)
Chirurgie osseuse Les traitements par LLLT sont non invasifs,
Chirurgie des tissus mous exempts d’effets secondaires et peu onéreux.
Décontamination endodontique Les lasers utilisés émettent une lumière
+ poches parodontales
de longueur d’onde adaptée entre 600 et
CO2 Continu Chirurgie des tissus mous 1 200 nm (laser HeNe, diode ou Nd:YAG)
10600 (IR) Pulsé Hémostase (+) avec une irradiance très faible, inférieure à

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500 mW/cm². La LLLT se déroule en plusieurs séances de son personnel qu’il doit protéger des risques avérés ou
hebdomadaires où le praticien applique une dose d’éner- potentiels.
gie comprise entre 1 à 10 J/cm² [10]. D’après l’article 4121-1 du Code du travail, l’employeur a
Cette méthode de traitement représente une modalité une obligation d’assurer la sécurité et de protéger la santé
thérapeutique supplémentaire que le praticien peut pro- physique de ses employés. L’employeur doit tenir une liste
poser pour soulager son patient ou stimuler la cicatrisa- actualisée de ses travailleurs susceptibles d’être exposés
tion tissulaire. aux Rayonnements Optiques Artificiels qui dépassent les
Valeurs Limites d’Exposition (VLE) et à partir de là, éta-
blir une fiche d’exposition (tableaux 5 et 6).
Sécurité et laser
Équipements de protection laser
Obligations légales relatives Le principal risque lié à l’utilisation d’un laser est d’en-
aux appareils laser traîner une lésion oculaire parfois irréversible ou une
Les lasers médicaux ont pour vocation d’interagir avec brûlure corporelle (tableau 7). Pour éliminer le risque
les tissus biologiques. Leur utilisation est donc poten- d’exposition, il faut couper systématiquement l’émission
tiellement risquée pour la peau, les muqueuses et les du faisceau laser entre chaque utilisation, et privilégier
yeux. Elle nécessite de se conformer aux bonnes pra- les protections intégrées (capot machine, local fermé) ou
tiques et aux obligations légales. Ainsi, le chirurgien- à défaut les protections collectives (rideau, panneau amo-
dentiste a une responsabilité vis-à-vis de ses patients et vible). En l’absence de protection intégrée ou collective,

Tableau 5 - Synthèse des obligations en termes de sécurité au cabinet dentaire


OBLIGATION DISPOSITIF DE SÉCURITÉ
- Information sécurité et risques
Travailleurs
- Formation laser recommandée - Vigilance et respect des règles
potentiellement
- Fiche d’exposition et de la signalisation en place
exposés
- Fiche d’examens médicaux
- Formation sécurité et risques
Travailleurs impliqués - Fiche d’exposition - Lunettes de protection spécifiques
dans l’utilisation - Fiche d’examens médicaux à chaque longueur d’onde
- Visite médicale d’aptitude
- Lunettes de protection spécifiques
Patient - Information
à chaque longueur d’onde
- Évaluer les risques résultant
de l’exposition au faisceau laser
- Formation sécurité et risques - Lunettes de protection spécifiques à
Praticien utilisateur
- Fiche d’exposition chaque laser
- Fiche d’examens médicaux
- Visite médicale d’aptitude
- Sol libre d’obstacles
- Causes de réflexion et de diffusion
accidentelles du faisceau laser
- Signalisation
supprimées
- Rideau adapté et homologué
- Peinture mate - faible brillance (< 15%)
Cabinet bloquant les rayons
- Matériaux peu ou pas inflammables
ou
- Bien éclairer la pièce (la pupille a un rôle
- Occultation des fenêtres
de protection maximum)
- Faisceau non dirigé vers les portes
ou les fenêtres

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le port de lunettes de protection individuelles anti-laser


homologuées est obligatoire pour tous les personnels
exposés. Ces lunettes de protection laser doivent être
adaptées aux caractéristiques du laser utilisé et au niveau
d’exposition. Un marquage d’identification est égale-
ment obligatoire (fig. 6).
Attention : les lunettes de protection laser confèrent une
protection temporaire en cas d’exposition accidentelle de
l’œil au faisceau laser et ne permettent en aucun cas de
regarder le faisceau laser directement. La signalisation
du risque laser et du laser en cours de fonctionnement
sur la porte du cabinet dentaire, l’occultation des fenêtres
et des surfaces réfléchissantes ou la présence de rideaux
adaptés et homologués pour bloquer les réflexions para-
6. Marquage d’identification sur les branches des lunettes sites des rayons sont des mesures qui permettent de
de protection laser. diminuer le risque d’exposition (tableau 5).
Il faut cependant garder à l’esprit que malgré toutes ces
mesures, le laser reste un dispositif dangereux pour la
Tableau 6 - Classification des lasers structure médicale et que de nombreux risques autres
selon la norme N 60825-1 (d’après l’IRSN) que biologiques existent (tableau 8).
Classe Lasers sans danger dans des conditions
1 d’utilisation raisonnablement prévisibles Formation à la sécurité laser
Lasers sans danger dans des conditions L’acte de soin faisant appel à l’utilisation d’un laser ne
d’utilisation raisonnablement prévisibles doit être fait que par le corps médical.
Classe La vision directe dans le faisceau, Toute personne utilisant un laser doit avoir suivi préa-
1M y compris à l’aide d’instruments lablement une formation à la sécurité laser (décret 2010-
d’optiques, peut être dangereuse 750 du 2 juillet 2010).
(M = magnifying) L’employeur a pour obligation légale de proposer une
Lasers émettant un rayonnement visible telle formation et de tenir à jour un dossier spécifique
Classe 400 à 700 nm
2 Protection de l’œil normalement assurée
par les réflexes de défense (réflexe palpébral)
Idem classe 2 mais la vision directe Tableau 7 - Conséquences d’une exposition
Classe dans le faisceau, notamment à l’aide accidentelle sur l’œil
2M d’instruments optiques, peut être
dangereuse Longueur
Conséquences oculaires en cas
d’onde du
Lasers 302,5 nm < l < 106 nm d’exposition accidentelle
Classe rayonnement
La vision directe dans le faisceau
3R Conjonctivite
est potentiellement dangereuse
UV B et C Photo-kératite de la cornée
Lasers normalement dangereux lorsque (170 à 315 nm) Aspect laiteux
Classe l’exposition directe au faisceau se présente Perte de transparence
3B La vision de réflexions diffuses est sans
danger UV A Photo-kératite de la cornée
(315 à 400 nm) À long terme : cataracte
Lasers capables de produire
des réflexions diffuses dangereuses Atteintes de la rétine
Ils peuvent causer des dommages Visible Origine du danger : phénomène
Classe et proche IR de focalisation sur la rétine
sur la peau et peuvent aussi constituer
4 fonction de la taille de la source
un danger d’incendie
Leur utilisation requiert des précautions L’IR lointain Photo-kératite de la cornée
extrêmes. (1,4 à 3 μm) À long terme : cataracte

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DOSSIER Laser

@
pour chaque opérateur potentiellement exposé au fais- Évaluation réponses en ligne sur notre
ceau laser (fiche d’exposition, fiche d’examens médicaux, site
visites médicales d’aptitude et de suivi annuel). Le niveau www.information-dentaire.fr
de formation de chaque employé doit être adapté au
niveau et à la fréquence des expositions (tableau 5). 1. L’absorption du laser dans un tissu cible dépend
La réglementation souligne que pour les lasers de classes de sa longueur d’onde Vrai/Faux
3B et 4, l’employeur doit avoir pour lui-même et ses sala- 2. L’effet sub-ablatif d’un laser est basé
riés, la compétence pour participer à l’évaluation des sur l’utilisation de hautes énergies pour éliminer
risques et à leur prévention. Le terme référent n’est pas la matière Vrai/Faux
mentionné dans la réglementation, l’obligation incombe 3. L’interaction laser/tissu peut être modulée
à la personne compétente en sécurité laser. Cette per- par la distance entre le laser et la cible en mode
sonne devra adapter le niveau de protection de chaque focalisé Vrai/Faux
salarié en fonction de la limite d’émission accessible ou 4. L’information des travailleurs est un minimum
LEA, prenant en compte la dangerosité de la source laser légal pour les personnes susceptibles d’être exposées
et des valeurs limites d’exposition (VLE). aux rayonnements optiques artificiels
Enfin, l’information préalable du patient est indispen-  Vrai/Faux
sable en vertu du principe de sécurité qui existe lors de
l’utilisation de tout dispositif médical.

bibliographie
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tschift 1917 ; 18 : 121-128.
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Mosby Elsevier, 2011.

Correspondance
clementrives@gmail.com Liens d’intérêt
Les auteurs déclarent ne pas avoir de lien d’intérêt relatif
au sujet abordé.

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