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Bases physiques des lasers miroir, placé à l’autre extrémité de la cavité, est lui tota-
Le laser lement réfléchissant. Les caractéristiques du milieu à
Il vient de l’acronyme anglais « Light Amplification by gain et de la cavité vont directement conditionner les
Stimulated Emission of Radiation ». Il décrit une source propriétés du rayonnement laser. L’énergie est apportée
d’émission stimulée de rayonnement électromagnétique au milieu actif amplificateur grâce à un système d’exci-
qui se différencie des sources usuelles de lumière spon- tation ou de pompage (laser primaire, diode laser, lampe
tanée telle que la lampe à incandescence ou le soleil. Son flash, décharge électrique) [4].
intérêt tient à la grande cohérence et à la forte inten- La nature du milieu actif détermine la couleur du fais-
sité de son rayonnement. L’amplification se fait grâce au ceau laser ainsi que sa dénomination.
processus d’émission stimulée. Inventé en 1960 (fig. 1) Le rayonnement lumineux émis par un laser est consti-
[2], les premières applications du laser apparues en 1966 tué de photons de même polarisation, de même phase, de
connaissent un véritable essor industriel dans les années même longueur d’onde et émis dans une même direction.
1990 avec l’apparition des machines numériques [3].
Explication simplifiée de l’effet laser
Fonctionnement général La lumière peut être décrite comme une onde électro-
Le laser se compose d’un milieu actif amplificateur magnétique ou bien comme un flux de particules élé-
(solide, fibre, gaz, liquide ou semi-conducteur) placé mentaires appelées photons. La capacité d’un photon à
au centre d’une cavité optique résonnante (fig. 2). Un interagir avec la matière dépend de son énergie. Cette
miroir semi-réfléchissant placé sur l’une des extrémités dernière définit également la longueur d’onde du photon.
de la cavité permet de faire sortir le faisceau. Le second Lorsqu’un photon incident a une énergie équivalente à la
Principales caractéristiques
différence d’énergie potentielle entre un niveau énergé- du laser
tique stable et un niveau énergétique excité, il y a une La longueur d’onde
forte probabilité que ce photon soit absorbé et provoque Chaque onde électromagnétique est définie par sa lon-
le passage d’un électron du niveau stable vers le niveau gueur d’onde (l) qui représente la période spatiale des
excité. Ce phénomène s’appelle l’absorption. À l’inverse, oscillations. Elle est inversement proportionnelle à la
un électron dans un état excité a une forte probabilité de fréquence et s’exprime en mètre. Plus la longueur d’onde
relaxer et de redescendre dans un état énergétique plus est courte, plus le photon est énergétique. La longueur
faible. Ce phénomène de relaxation radiative s’appelle d’onde est la couleur du rayonnement laser. Un laser
l’émission spontanée. L’énergie du photon émis corres- peut émettre dans un spectre allant des rayons X (l < 1
pond à la différence d’énergie potentielle entre l’état ini- nm) aux infrarouges lointains (l = 1 mm) en passant par
tial et l’état final. Lorsqu’un photon incident, ayant pour le visible (l 400 à 800 nm) (fig. 3).
énergie une énergie équivalente à la différence entre un La pénétration du faisceau laser dans un tissu biologique
niveau stable et un niveau excité, passe au voisinage d’un dépend de l’absorption des différents chromophores
électron préalablement excité, il a une forte probabilité (pigments) contenus dans ce tissu et donc de la longueur
de provoquer la relaxation radiative de cet électron qui d’onde du rayonnement.
émet un deuxième photon de même énergie et de même En effet, les molécules chromophores absorbent de
direction que le premier photon incident. Ce phéno- manière sélective le faisceau laser, et constituent une
mène d’émission dite stimulée est à la base du fonc- zone cible préférentielle. Les tissus biologiques environ-
tionnement du laser [1]. Pour augmenter la probabilité nants sans chromophores subissent peu de changements
d’émission stimulée, il faut que la population d’électrons du fait d’une plus faible absorption [5]. Le choix de la
excités soit plus élevée que la population d’électrons longueur d’onde la plus adaptée pour une application
dans un état stable ; on parle d’inversion de population. clinique donnée dépend alors de son interaction avec
Pour l’obtenir, il faut qu’une source d’énergie excite les la nature et la composition du tissu cible. L’objectif est
électrons du milieu actif initialement dans un état stable d’atteindre le tissu de façon très localisée, d’obtenir une
bonne pénétration avec la plus faible diffusion ther-
mique sur le trajet du faisceau.
Tableau 1 - Formules de calcul des principales
caractéristiques du faisceau laser
La puissance
Fluence (J/cm2) = E / S (avec S = p r2)
Elle est calculée à partir de la formule reliant l’énergie
Irradiance (W/cm2) = P/s délivrée par le laser au temps d’impulsion pour un laser
P = dE / dt pulsé ou au temps d’émission du faisceau pour un laser
P = puissance instantanée délivrée continu (tableau 1). Cette formule est essentielle pour
à un instant « t » en watts comprendre l’importance du temps d’émission de l’onde
Puissance dE = énergie délivrée entre laser sur l’effet qu’il produit dans les tissus biologiques.
les instants t + dt, exprimée
Pour une énergie constante, si le temps d’impulsion est
en joules, (dt : intervalle de temps
en secondes) plus court, la puissance délivrée sera plus importante.
Tableau 3 - Valeurs d’absorption des principaux tissus biologiques exposés au rayonnement laser
en fonction de la longueur d’onde utilisée
Tissu Profil d’absorption Pics principaux
Hémoglobine UVA à 650 nm 280 ; 420 ; 540 ; 580 nm
Mélanine UV décroissant à proche IR -
ADN UVB 280 nm
Hydroxyapatite IR (3 000 à 3 400 nm) 3 500 nm
Collagène UV dominante -
Large abs. UV
H2O 1 400 ; 1 800 ; 3 000 ; 10 000 nm
Fenêtre dans le visible
Passage privilégié de la lumière
Zone thérapeutique Au plus bas entre 820 et 840 nm
dans les tissus biologiques 500 à 1 200 nm
Tableau 4 - Principales indications thérapeutiques des lasers La Photo Thérapie Dynamique (PTD)
en odontologie est une réaction photochimique utilisée pour
la destruction sélective de cellules cibles.
LASER lλ(nm) Mode Indications thérapeutiques / Cible Grâce à l‘application d‘un colorant in situ,
les bactéries colorées sont sensibilisées à la
Traitement des dyschromies lumière laser et détruites après exposition à
KTP Continu dentaires une énergie donnée et à une longueur d‘onde
532 (vert) Pulsé Hémostase (+)
spécifique du colorant. Cette approche peut
Chirurgie des tissus mous
être utile pour la décontamination des poches
HeNe parodontales et de l’endodonte.
Continu Bio-stimulation
632,8 (rouge)
De nombreux avantages par rapport aux
Diode agents antimicrobiens conventionnels sont
Continu
625-700 Bio-stimulation décrits dans la littérature comme un effet
Pulsé
(rouge)
localisé à la zone ciblée, une élimination
Traitement des dyschromies des éléments bactériens dans des délais très
dentaires courts. De plus, les bactéries ne développent
Diode Continu Hémostase (+)
pas de résistance au traitement, les tissus
810-980 (IR) Pulsé Chirurgie des tissus mous
Décontamination endodontique adjacents ne subissent aucun dommage (tissu
+ poches parodontales conjonctif peu affecté, absence d’échauffe-
ment) et l’équilibre de la flore buccale est
Élimination de la boue dentinaire préservé [8, 9].
Hémostase (+) La Thérapie Laser Basse Énergie ou
Nd:YAG
Continu Chirurgie des tissus mous photo-modulation ou « Low Level
1064 (IR)
Pulsé Décontamination endodontique Laser Therapy » (LLLT) est quant à elle
+ poches parodontales
utilisée pour la stimulation des processus
de cicatrisation, l’analgésie et la gestion des
Elimination de la boue dentinaire
douleurs postopératoires. Le principe est
Nd:YAP Hémostase (+)
Continu d’appliquer de faibles quantités d’énergie
1340 (IR) Chirurgie des tissus mous
Pulsé répétées sur la zone cible afin de ne pas pro-
Décontamination endodontique
voquer d’échauffement tissulaire.
Élimination du tissu carieux Le principe de LLLT est basé sur l’acti-
et boue dentinaire vation enzymatique de certains processus
Détartrage et surfaçage
cellulaires favorisant la prolifération du
radiculaires
Er,Cr-YSSG
Pulsé Hémostase (-)
collagène, des cellules épithéliales et endo-
2780 (IR) théliales, de la dentine et des ostéoblastes,
Chirurgie osseuse
Chirurgie des tissus mous notamment par stimulation de la pompe
Décontamination endodontique Na+/K+ des membranes cellulaires. La sti-
+ poches parodontales mulation de cette pompe induit une hyper-
polarisation qui permet d’augmenter le seuil
Élimination du tissu carieux
et boue dentinaire de la douleur. Il est également probable que
Détartrage et surfaçage ce type de laser bloque la dépolarisation des
radiculaires fibres afférentes C sans toutefois les suppri-
Er:YAG
Pulsé Hémostase (-) mer.
2940 (IR)
Chirurgie osseuse Les traitements par LLLT sont non invasifs,
Chirurgie des tissus mous exempts d’effets secondaires et peu onéreux.
Décontamination endodontique Les lasers utilisés émettent une lumière
+ poches parodontales
de longueur d’onde adaptée entre 600 et
CO2 Continu Chirurgie des tissus mous 1 200 nm (laser HeNe, diode ou Nd:YAG)
10600 (IR) Pulsé Hémostase (+) avec une irradiance très faible, inférieure à
500 mW/cm². La LLLT se déroule en plusieurs séances de son personnel qu’il doit protéger des risques avérés ou
hebdomadaires où le praticien applique une dose d’éner- potentiels.
gie comprise entre 1 à 10 J/cm² [10]. D’après l’article 4121-1 du Code du travail, l’employeur a
Cette méthode de traitement représente une modalité une obligation d’assurer la sécurité et de protéger la santé
thérapeutique supplémentaire que le praticien peut pro- physique de ses employés. L’employeur doit tenir une liste
poser pour soulager son patient ou stimuler la cicatrisa- actualisée de ses travailleurs susceptibles d’être exposés
tion tissulaire. aux Rayonnements Optiques Artificiels qui dépassent les
Valeurs Limites d’Exposition (VLE) et à partir de là, éta-
blir une fiche d’exposition (tableaux 5 et 6).
Sécurité et laser
Équipements de protection laser
Obligations légales relatives Le principal risque lié à l’utilisation d’un laser est d’en-
aux appareils laser traîner une lésion oculaire parfois irréversible ou une
Les lasers médicaux ont pour vocation d’interagir avec brûlure corporelle (tableau 7). Pour éliminer le risque
les tissus biologiques. Leur utilisation est donc poten- d’exposition, il faut couper systématiquement l’émission
tiellement risquée pour la peau, les muqueuses et les du faisceau laser entre chaque utilisation, et privilégier
yeux. Elle nécessite de se conformer aux bonnes pra- les protections intégrées (capot machine, local fermé) ou
tiques et aux obligations légales. Ainsi, le chirurgien- à défaut les protections collectives (rideau, panneau amo-
dentiste a une responsabilité vis-à-vis de ses patients et vible). En l’absence de protection intégrée ou collective,
@
pour chaque opérateur potentiellement exposé au fais- Évaluation réponses en ligne sur notre
ceau laser (fiche d’exposition, fiche d’examens médicaux, site
visites médicales d’aptitude et de suivi annuel). Le niveau www.information-dentaire.fr
de formation de chaque employé doit être adapté au
niveau et à la fréquence des expositions (tableau 5). 1. L’absorption du laser dans un tissu cible dépend
La réglementation souligne que pour les lasers de classes de sa longueur d’onde Vrai/Faux
3B et 4, l’employeur doit avoir pour lui-même et ses sala- 2. L’effet sub-ablatif d’un laser est basé
riés, la compétence pour participer à l’évaluation des sur l’utilisation de hautes énergies pour éliminer
risques et à leur prévention. Le terme référent n’est pas la matière Vrai/Faux
mentionné dans la réglementation, l’obligation incombe 3. L’interaction laser/tissu peut être modulée
à la personne compétente en sécurité laser. Cette per- par la distance entre le laser et la cible en mode
sonne devra adapter le niveau de protection de chaque focalisé Vrai/Faux
salarié en fonction de la limite d’émission accessible ou 4. L’information des travailleurs est un minimum
LEA, prenant en compte la dangerosité de la source laser légal pour les personnes susceptibles d’être exposées
et des valeurs limites d’exposition (VLE). aux rayonnements optiques artificiels
Enfin, l’information préalable du patient est indispen- Vrai/Faux
sable en vertu du principe de sécurité qui existe lors de
l’utilisation de tout dispositif médical.
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Mosby Elsevier, 2011.
Correspondance
clementrives@gmail.com Liens d’intérêt
Les auteurs déclarent ne pas avoir de lien d’intérêt relatif
au sujet abordé.