Vous êtes sur la page 1sur 22

DESCRIPTIF DES LECTURES ÉTUDIÉES, DES TEXTES COMPLÉMENTAIRES ET

DES POINTS DE GRAMMAIRE ABORDÉS POUR LES EAF – 2023

Établissement : Lycée Général et Technologique Alfred Kastler 0951399E, 26 avenue de la Palette,


95011 CERGY PONTOISE CEDEX.

Téléphone : 01 30 32 47 47

Classe : Première générale 7

Enseignant : M. Simon Gauthier

Points de grammaires traités :

- l'interrogation (identification, analyse, pragmatique)


- la négation (identification, analyse)
- la phrase simple / la phrase complexe (identification des trois grands types de subordination)
- la syntaxe et la valeur des circonstancielles

Œuvres du programme choisies :

- Juste la fin du monde, Jean-Luc Lagarce

- Gargantua, Rabelais

- Alcools, Apollinaire

- Manon Lescaut, L'Abbé Prévost

Liste des œuvres choisies par les élèves pour la partie 2 à la fin de la brochure

Signatures :
OBJET D’ÉTUDE : LE THÉÂTRE DU XVIIe SIÈCLE AU XXIe SIÈCLE

- Jean-Luc Lagarce, Juste la fin du monde / parcours : « crise personnelle, crise familiale ».

Extraits étudiés de l’œuvre au programme : édition utilisée : « Les solitaires intempestifs ».

Texte 1 : « Prologue ».

Texte 3 : le départ de Louis, deuxième partie, scène 2 : « Je vais l'accompagner » → « j'épouse ma


sœur, nous vivons très heureux ».

Texte 5 : « Épilogue ».

Extrait complémentaire du parcours :

Texte 2 : les deux fidélités, Horace, Corneille, IV, 5, « Ô ciel ! » → « quiconque ose pleurer un
ennemi romain ».

Texte 4 : exposition du Médecin malgré lui, Molière, du début → « tu as menti : j'en bois une
partie ».

lecture cursive proposée : Le Roi s'amuse, Victor Hugo ou choix parmi une sélection de pièces de
théâtre de tous les siècles.
OBJET D’ÉTUDE : LA LITTÉRATURE D’IDÉES DU XVIe SIÈCLE AU XVIIIe SIÈCLE

- François Rabelais, Gargantua / parcours : « Rire et Savoir ».

Extraits étudiés de l’œuvre au programme : édition utilisée : Belin, « classico lycée ».

Texte 7 : la mauvaise éducation, chapitre 14, « De fait, on lui enseigna » → fin du chapitre.

Texte 8 : Gymnaste, un guerrier moderne, chapitre 35, « là il tournoya plus de cent fois » → fin du
chapitre.

Texte 10 : rhétorique humaniste et pratique de l'épître, chapitre 29, du début → « et les renverront
joyeux vers leur domicile ». [ coupe d'un extrait ]

Extrait complémentaire du parcours :

Texte 6 : un discours révolutionnaire, « Discours à propos du procès du roi », Robespierre, « Il n'y a


point ici de procès à faire » → « cette justice vaut bien celle des tribunaux ».

Texte 9 : une question d'échelle, « Le Rat et l’Éléphant », Fables, La Fontaine.

lecture cursive proposée : « Sur des aventures que je n'ai pas eues », L'Histoire véritable, Lucien de
Samosate, folio deux euros.
OBJET D’ÉTUDE : LA POÉSIE DU XIXe SIÈCLE AU XXIe SIÈCLE

- Guillaume Apollinaire, Alcools / parcours : « modernité poétique ? ».

Extraits étudiés de l’œuvre au programme : édition utilisée : « NRF poésie »

Texte 11 : « Marie », p.55-56.

Texte 14 : deuxième section des « Fiançailles ».

Texte 15 : « La Loreley », du début → « ses yeux brillaient comme des astres ».

Extrait complémentaire du parcours :

Texte 12 : « Brise Marine », Mallarmé.

Texte 13 : « Plaintes contre les Tuileries », Boileau.

lecture cursive proposée : Bruges-la-morte, Georges Rodenbach, GF (avec les photos).


OBJET D’ÉTUDE : LE ROMAN ET LE RÉCIT DU MOYEN-ÂGE AU XXI e SIÈCLE

- L'Abbé Prévost, Manon Lescaut / parcours : « personnages en marge et plaisirs du


romanesque ».

Extraits étudiés de l’œuvre au programme : édition libre.

Texte 17 : une humiliation dans la bonne société, première partie, « je remerciai mon père » →
« jusqu'à la fin de cette triste comédie ».

Texte 19 : un meurtre dans l'allée, début de la deuxième partie, « c'est quelque chose d'admirable »
→ « je n'ai plus d'affection de reste ».

Texte 20 : la mise en sable de Manon, fin de la deuxième partie, « n'exigez point de moi » → « ni
un soupir de ma bouche ».

Extrait complémentaire du parcours :

Texte 16 : un combat fort peu épique, Le Roman comique, Scarron, II, 16, « Voyez un peu cette
étourdie » → « pour en être quelque temps étourdi ».

Texte 18 : le tueur mystique, Miracle de la rose, Genet, « les crimes d'Harcamone » → « les
manches de sa veste de bure ».

lecture cursive proposée : Saint-Germain ou la négociation, Francis Walder.


Texte 1 : Juste la fin du monde, Jean-Luc Lagarce, 1990

1 Cela se passe dans la maison de la Mère et de Suzanne, un dimanche, évidemment, ou bien encore
2 durant près d’une année entière.

3 PROLOGUE

4 LOUIS. — Plus tard, l’année d’après


5 – j’allais mourir à mon tour –
6 j’ai près de trente-quatre ans maintenant et c’est à cet âge que je mourrai,
7 l’année d’après,
8 de nombreux mois déjà que j’attendais à ne rien faire,
9 à tricher, à ne plus savoir,
10 de nombreux mois que j’attendais d’en avoir fini,
11 l’année d’après,
12 comme on ose bouger parfois,
13 à peine,
14 devant un danger extrême, imperceptiblement, sans vouloir faire de bruit ou commettre un geste
15 trop violent qui réveillerait l’ennemi et vous détruirait aussitôt,
16 l’année d’après,
17 malgré tout,
18 la peur,
19 prenant ce risque et sans espoir jamais de survivre,
20 malgré tout,
21 l’année d’après,
22 je décidai de retourner les voir, revenir sur mes pas,
23 aller sur mes traces et faire le voyage,
24 pour annoncer, lentement, avec soin, avec soin et précision
25 – ce que je crois –
26 lentement, calmement, d’une manière posée
27 – et n’ai-je pas toujours été pour les autres et eux, tout précisément, n’ai-je pas toujours été un
28 homme posé ?,
29 pour annoncer,
30 dire,
31 seulement dire,
32 ma mort prochaine et irrémédiable […]
Texte 2 : Horace, Corneille, IV, 5, 1640

1 HORACE – Ô ciel ! qui vit jamais une pareille rage !


2 Crois-tu donc que je sois insensible à l’outrage,
3 Que je souffre en mon sang ce mortel déshonneur ?
4 Aime, aime cette mort qui fait notre bonheur,
5 Et préfère du moins au souvenir d’un homme
6 Ce que doit ta naissance aux intérêts de Rome.

7 CAMILLE. – Rome, l’unique objet de mon ressentiment !


8 Rome, à qui vient ton bras d’immoler mon amant !
9 Rome qui t’a vu naître, et que ton cœur adore !
10 Rome enfin que je hais parce qu’elle t’honore !
11 Puissent tous ses voisins ensemble conjurés
12 Saper ses fondements encor mal assurés !
13 Et si ce n’est assez de toute l’Italie,
14 Que l’Orient contre elle à l’Occident s’allie ;
15 Que cent peuples unis des bouts de l’univers
16 Passent pour la détruire et les monts et les mers !
17 Qu’elle-même sur soi renverse ses murailles,
18 Et de ses propres mains déchire ses entrailles !
19 Que le courroux du ciel allumé par mes vœux
20 Fasse pleuvoir sur elle un déluge de feux !
21 Puissé-je de mes yeux y voir tomber ce foudre,
22 Voir ses maisons en cendre, et tes lauriers en poudre,
23 Voir le dernier Romain à son dernier soupir,
24 Moi seule en être cause, et mourir de plaisir !

25 HORACE, mettant la main à l’épée, et poursuivant sa sœur qui s’enfuit – C’est trop, ma patience à
26 la raison fait place ;
27 Va dedans les enfers plaindre ton Curiace.
Texte 3 : Juste la fin du monde, Jean-Luc Lagarce, II, 2, 1990

1 ANTOINE. — Je vais l’accompagner,


2 je t’accompagne,
3 ce que nous pouvons faire, ce qu’on pourrait faire,
4 voilà qui serait pratique,
5 ce qu’on peut faire, c’est te conduire,
6 t’accompagner en rentrant à la maison,
7 c’est sur la route, sur le chemin, cela fait faire à peine
8 un léger détour, et nous t’accompagnons, on te dépose.

9 SUZANNE — Moi, je peux aussi bien,


10 vous restez là, nous dînons tous ensemble,
11 je le conduis, c’est moi qui le conduis,
12 et je reviens aussitôt.
13 Mieux encore,
14 mais on ne m’écoute jamais,
15 et tout est décidé,
16 mieux encore, il dîne avec nous, a
17 tu peux dîner avec nous
18 – je sais pas pourquoi je me fatigue –

19 et il prend un autre train,


20 qu’est-ce que cela fait ?
21 Mieux encore, je vois que cela ne sert à rien…

22 Dis quelque chose.

23 LA MÈRE. — Ils font comme ils l’entendent.

24 LOUIS. — Mieux encore, je dors ici, je passe la nuit, je ne pars que demain,
25 mieux encore, je déjeune demain à la maison,
26 mieux encore, je ne travaille plus jamais,
27 je renonce à tout,
28 j’épouse ma sœur, nous vivons très heureux.
Texte 4 : Le Médecin malgré lui, Molière, 1666, I, 1 (extrait)

Scène I, Sganarelle, Martine, paraissent sur le théâtre en se querellant.

1 Sganarelle – Non, je te dis que je n’en veux rien faire, et que c’est à moi de parler et d’être le
2 maître.

3 Martine – Et je te dis, moi, que je veux que tu vives à ma fantaisie, et que je ne me suis point
4 mariée avec toi pour souffrir tes fredaines !

5 Sganarelle – Oh ! la grande fatigue que d’avoir une femme ! et qu’Aristote a bien raison, quand il
6 dit qu’une femme est pire qu’un démon !

7 Martine – Voyez un peu l’habile homme, avec son benêt d’Aristote.

8 Sganarelle – Oui, habile homme. Trouve-moi un faiseur de fagots qui sache comme moi raisonner
9 des choses, qui ait servi six ans un fameux médecin, et qui ait su dans son jeune âge son rudiment
10 par cœur.

11 Martine – Peste du fou fieffé !

12 Sganarelle – Peste de la carogne !

13 Martine – Que maudits soient l’heure et le jour où je m’avisai d’aller dire oui !

14 Sganarelle – Que maudit soit le bec cornu de notaire qui me fit signer ma ruine !

15 Martine – C’est bien à toi, vraiment, à te plaindre de cette affaire ! Devrais-tu être un seul moment
16 sans rendre grâces au ciel de m’avoir pour ta femme ? et méritais-tu d’épouser une femme comme
17 moi ?

18 Sganarelle – Il est vrai que tu me fis trop d’honneur, et que j’eus lieu de me louer la première nuit
19 de mes noces ! Hé ! morbleu ! ne me fais point parler là-dessus : je dirais de certaines choses…

20 Martine – Quoi ? que dirais-tu ?

21 Sganarelle – Baste, laissons là ce chapitre. Il suffit que nous savons ce que nous savons, et que tu
22 fus bien heureuse de me trouver.

23 Martine – Qu’appelles-tu bien heureuse de te trouver ? Un homme qui me réduit à l’hôpital, un


24 débauché, un traître, qui me mange tout ce que j’ai !…

25 Sganarelle – Tu as menti : j’en bois une partie.


Texte 5 : Juste la fin du monde, Jean-Luc Lagarce, 1990

EPILOGUE

1 LOUIS. — Après, ce que je fais,


2 je pars.
3 Je ne reviens plus jamais. Je meurs quelques mois plus tard,
4 une année tout au plus.
5 Une chose dont je me souviens et que je raconte encore
6 (après j’en aurai fini) :
7 c’est l’été, c’est pendant ces années où je suis absent,
8 c’est dans le Sud de la France.
9 Parce que je me suis perdu, la nuit, dans la montagne, je décide de marcher le long de la voie ferrée.
10 Elle m’évitera les méandres de la route, le chemin sera plus court et je sais qu’elle passe près de la
11 maison où je vis.
12 La nuit, aucun train n’y circule, je n’y risque rien
13 et c’est ainsi que je me retrouverai.
14 À un moment, je suis à l’entrée d’un viaduc immense,
15 il domine la vallée que je devine sous la lune,
16 et je marche seul dans la nuit,
17 à égale distance du ciel et de la terre.
18 Ce que je pense
19 (et c’est cela que je voulais dire)
20 c’est que je devrais pousser un grand et beau cri,
21 un long et joyeux cri qui résonnerait dans toute la vallée,
22 que c’est ce bonheur-là que je devrais m’offrir,
23 hurler une bonne fois,
24 mais je ne le fais pas,
25 je ne l’ai pas fait.
26 Je me remets en route avec seul le bruit de mes pas sur le gravier.

27 Ce sont des oublis comme celui-là que je regretterai.


Texte 6, Robespierre, « Discours à propos du procès du roi », 3 décembre 1792

1 Il n’y a point ici de procès à faire. Louis n’est point un accusé, vous n’êtes point des juges ; vous
2 êtes, vous ne pouvez être que des hommes d’État et les représentants de la Nation. Vous n’avez
3 point une sentence à rendre pour ou contre un homme, mais une mesure de salut public à prendre,
4 un acte de Providence nationale à exercer.

5 Quel est le parti que la saine politique prescrit pour cimenter la République naissante ? c’est de
6 graver profondément dans les coeurs le mépris de la royauté, et de frapper de stupeur tous les
7 partisans du roi. Donc, présenter à l’univers son crime comme un problème, sa cause comme l’objet
8 de la discussion la plus imposante, la plus religieuse, la plus difficile qui puisse occuper les
9 représentants du peuple français, mettre une distance incommensurable entre le seul souvenir de ce
10 qu’il fut, et la dignité d’un citoyen...

11 Louis fut roi, et la République est fondée. La question fameuse qui vous occupe est décidée par ces
12 seuls mots : Louis est détrôné par ses crimes ; Louis dénonçait le peuple Français comme rebelle ; il
13 a appelé, pour le châtier, les armes des tyrans ses confrères.

14 La victoire et le peuple ont décidé que lui seul était rebelle. Louis ne peut donc être jugé, il est déjà
15 condamné ; il est condamné, ou la République n’est point absoute.

16 Proposer de faire le procès à Louis XVI, de quelque manière que ce puisse être, c’est rétrograder
17 vers le despotisme royal et constitutionnel ; c’est une idée contre-révolutionnaire car c’est mettre la
18 révolution elle-même en litige. En effet, si Louis peut être encore l’objet d’un procès, Louis peut
19 être absous ; il peut être innocent ; que dis-je ! il est présumé l’être jusqu’à ce qu’il soit jugé. Mais
20 si Louis peut être présumé innocent, que devient la révolution ?

[…]

21 Les peuples ne jugent pas comme les cours judiciaires ; ils ne vendent point de sentences, ils lancent
22 la foudre ; ils ne condamnent pas les rois, ils les replongent dans le néant, et cette justice vaut bien
23 celle des tribunaux.
Texte 9, littérature d'idées, « Le Rat et l’Éléphant », Fables, VIII, 15, La Fontaine, 1678

1 Se croire un personnage est fort commun en France :


2 On y fait l'homme d'importance,
3 Et l'on n'est souvent qu'un bourgeois.
4 C'est proprement le mal françois.
5 La sotte vanité nous est particulière.
6 Les Espagnols sont vains, mais d'une autre manière :
7 Leur orgueil me semble, en un mot,
8 Beaucoup plus fou, mais pas si sot.

9 Donnons quelque image du nôtre


10 Qui sans doute en vaut bien un autre.
11 Un Rat des plus petits voyait un Éléphant
12 Des plus gros, et raillait le marcher un peu lent
13 De la bête de haut parage,
14 Qui marchait à gros équipage.
15 Sur l'animal à triple étage
16 Une sultane de renom,
17 Son Chien, son Chat et sa Guenon,
18 Son Perroquet, sa Vieille et toute sa maison,
19 S'en allait en pèlerinage.
20 Le Rat s'étonnait que les gens
21 Fussent touchés de voir cette pesante masse :
22 « Comme si d'occuper ou plus ou moins de place
23 Nous rendait, disait-il, plus ou moins importants !
24 Mais qu'admirez-vous tant en lui, vous autres hommes ?
25 Serait-ce ce grand corps qui fait peur aux enfants ?
26 Nous ne nous prisons pas, tout petits que nous sommes,
27 D'un grain moins que les éléphants. »
28 Il en aurait dit davantage ;
29 Mais le Chat, sortant de sa cage,
30 Lui fit voir en moins d'un instant
31 Qu'un rat n'est pas un éléphant.
Texte 11 :Apollinaire, Alcools, « Marie », 1913

1 Vous y dansiez petite fille


2 Y danserez-vous mère-grand
3 C’est la maclotte qui sautille
4 Toutes les cloches sonneront
5 Quand donc reviendrez-vous Marie

6 Les masques sont silencieux


7 Et la musique est si lointaine
8 Qu’elle semble venir des cieux
9 Oui je veux vous aimer mais vous aimer à peine
10 Et mon mal est délicieux

11 Les brebis s’en vont dans la neige


12 Flocons de laine et ceux d’argent
13 Des soldats passent et que n’ai-je
14 Un cœur à moi ce cœur changeant
15 Changeant et puis encor que sais-je

16 Sais-je où s’en iront tes cheveux


17 Crépus comme mer qui moutonne
18 Sais-je où s’en iront tes cheveux
19 Et tes mains feuilles de l’automne
20 Que jonchent aussi nos aveux

21 Je passais au bord de la Seine


22 Un livre ancien sous le bras
23 Le fleuve est pareil à ma peine
24 Il s’écoule et ne tarit pas
25 Quand donc finira la semaine
Texte 12, « Brise Marine », Mallarmé, Poésies, 1887 [ 1865 ]

1 La chair est triste, hélas ! et j’ai lu tous les livres.


2 Fuir ! là-bas fuir! Je sens que des oiseaux sont ivres
3 D’être parmi l’écume inconnue et les cieux !
4 Rien, ni les vieux jardins reflétés par les yeux
5 Ne retiendra ce cœur qui dans la mer se trempe
6 Ô nuits ! ni la clarté déserte de ma lampe
7 Sur le vide papier que la blancheur défend
8 Et ni la jeune femme allaitant son enfant.
9 Je partirai ! Steamer balançant ta mâture,
10 Lève l’ancre pour une exotique nature !

11 Un Ennui, désolé par les cruels espoirs,


12 Croit encore à l’adieu suprême des mouchoirs !
13 Et, peut-être, les mâts, invitant les orages,
14 Sont-ils de ceux qu’un vent penche sur les naufrages
15 Perdus, sans mâts, sans mâts, ni fertiles îlots …
16 Mais, ô mon cœur, entends le chant des matelots !
Texte 13 : « Plaintes contre les Tuileries », Poésies, Boileau, fin XVIIe

1 Agréables jardins où les Zéphyrs et Flore


2 Se trouvent tous les jours au lever de l’Aurore;
3 Lieux charmants qui pouvez dans vos sombres réduits,
4 Des plus tristes amants adoucir les ennuis,
5 Cessez de rappeler, dans mon âme insensée,
6 De mon premier bonheur la gloire enfin passée.

7 Ce fut, je m’en souviens, dans cet antique bois


8 Que Philis m’apparut pour la première fois.
9 C’est ici que souvent, dissipant mes alarmes,
10 Elle arrêtait d’un mot mes soupirs et mes larmes.

11 Et que me regardant d’un oeil si gracieux,


12 Elle m’offrait le ciel, ouvert dans ses beaux yeux.
13 Aujourd’hui cependant, injustes que vous êtes,
14 Je sais qu’à mes rivaux vous prêtez vos retraites,
15 Et qu’avec elle assis sur vos tapis de fleurs,
16 Ils triomphent contents de mes vaines douleurs.

17 Allez, jardins dressés par une main fatale,


18 Tristes enfants de l’art du malheureux Dédale,
19 Vos bois, jadis pour moi si charmants et si beaux;
20 Ne sont plus qu’un désert, refuge des corbeaux;
21 Qu’un séjour infernal où cent mille vipères,
22 Tous les jours, en naissant, assassinent leurs mères.
Texte 14 : Apollinaire, Alcools, 1913, deuxième partie des « Fiançailles »

1 Mes amis m’ont enfin avoué leur mépris


2 Je buvais à pleins verres les étoiles
3 Un ange a exterminé pendant que je dormais
4 Les agneaux les pasteurs des tristes bergeries
5 De faux centurions emportaient le vinaigre
6 Et les gueux mal blessés par l’épurge dansaient
7 Étoiles de l’éveil je n’en connais aucune
8 Les becs de gaz pissaient leur flamme au clair de lune
9 Des croque-morts avec des bocks tintaient des glas
10 À la clarté des bougies tombaient vaille que vaille
11 Des faux-cols sur des flots de jupes mal brossées
12 Des accouchées masquées fêtaient leurs relevailles
13 La ville cette nuit semblait un archipel
14 Des femmes demandaient l’amour et la dulie
15 Et sombre sombre fleuve je me rappelle
16 Les ombres qui passaient n’étaient jamais jolies
Texte 15 : Apollinaire, Alcools, « La Loreley », 1913 (extrait)

1 À Bacharach il y avait une sorcière blonde


2 Qui laissait mourir d’amour tous les hommes à la ronde

3 Devant son tribunal l’évêque la fit citer


4 D’avance il l’absolvit à cause de sa beauté

5 Ô belle Loreley aux yeux pleins de pierreries


6 De quel magicien tiens-tu ta sorcellerie

7 Je suis lasse de vivre et mes yeux sont maudits


8 Ceux qui m’ont regardé évêque en ont péri

9 Mes yeux ce sont des flammes et non des pierreries


10 Jetez jetez aux flammes cette sorcellerie

11 Je flambe dans ces flammes ô belle Loreley


12 Qu’un autre te condamne tu m’as ensorcelé

13 Évêque vous riez Priez plutôt pour moi la Vierge


14 Faites-moi donc mourir et que Dieu vous protège

15 Mon amant est parti pour un pays lointain


16 Faites-moi donc mourir puisque je n’aime rien

17 Mon cœur me fait si mal il faut bien que je meure


18 Si je me regardais il faudrait que j’en meure

19 Mon cœur me fait si mal depuis qu’il n’est plus là


20 Mon cœur me fit si mal du jour où il s’en alla

21 L’évêque fit venir trois chevaliers avec leurs lances


22 Menez jusqu’au couvent cette femme en démence

23 Va-t’en Lore en folie va Lore aux yeux tremblants


24 Tu seras une nonne vêtue de noir et blanc

25 Puis ils s’en allèrent sur la route tous les quatre


26 La Loreley les implorait et ses yeux brillaient comme des astres
Texte 16 : Le Roman comique, Scarron, 1657, II, 16

1 Voyez un peu cette étourdie qui a fermé la porte sur nous ! J’irai l’ouvrir, s’il vous plaît, lui
2 répondit Destin. Je ne dis pas cela, répondit la Bouvillon en l’arrêtant ; mais vous savez bien que
3 deux personnes seules de notre sexe enfermées ensemble, comme elles peuvent faire ce qui leur
4 plaira, on en peut aussi croire ce que l’on voudra. Ce n’est pas des personnes qui vous ressemblent
5 que l’on fait des jugements téméraires, lui repartit Destin. Je ne dis pas cela, dit la Bouvillon ; mais
6 on ne peut avoir trop de précaution contre la médisance. Il faut qu’elle ait quelque fondement, lui
7 repartit Destin ; et pour ce qui est de vous et de moi, on sait bien le peu de proportion qu’il y a entre
8 un pauvre comédien et une femme de votre condition. Vous plaît-il donc, continua-t-il, que j’aille
9 ouvrir la porte ? Je ne dis pas cela, dit la Bouvillon, en l’allant fermer au verrou ; car, ajouta-t-elle,
10 peut-être qu’on ne prendra pas garde si elle est fermée ou non ; et, fermée pour fermée, il vaut
11 mieux qu’elle ne se puisse ouvrir que de notre consentement.

12 L’ayant fait comme elle l’avait dit, elle approcha de Destin son gros visage fort enflammé et
13 ses petits yeux fort étincelants, et lui donna bien à penser de quelle façon il se tirerait à son honneur
14 de la bataille que vraisemblablement elle lui allait présenter. La grosse sensuelle ôta son mouchoir
15 de cou, et étala aux yeux de Destin, qui n’y prenait pas grand plaisir, dix livres de tétons pour le
16 moins, c’est-à-dire la troisième partie de son sein, le reste étant distribué à poids égal sous ses deux
17 aisselles. Sa mauvaise intention la faisant rougir (car elles rougissent aussi les dévergondées), sa
18 gorge n’avait pas moins de rouge que son visage, et l’un et l’autre auraient été pris de loin pour un
19 tapabor d’écarlate. Destin rougissait aussi, mais de pudeur, au lieu que la Bouvillon, qui n’en avait
20 plus, rougissait je vous laisse à penser de quoi. Elle s’écria qu’elle avait quelque petite bête dans le
21 dos ; et, se remuant en son harnais comme quand on y sent quelque démangeaison, elle pria Destin
22 d’y fourrer la main. Le pauvre garçon le fit en tremblant, et cependant la Bouvillon, lui tâtant les
23 flancs au défaut du pourpoint, lui demanda s’il n’était point chatouilleux. Il fallait combattre ou se
24 rendre, quand Ragotin se fit entendre de la porte, frappant des pieds et des mains comme s’il eût
25 voulu la rompre, et criant à Destin qu’il ouvrît promptement. Destin tira sa main du dos suant de la
26 Bouvillon pour aller ouvrir à Ragotin, qui faisait toujours un bruit de diable ; et, voulant passer
27 entre elle et la table, assez adroitement pour ne pas la toucher, il rencontra du pied quelque chose
28 qui le fit broncher, et se choqua la tête contre un banc, assez rudement pour en être quelque temps
29 étourdi.
Texte 17 : Manon Lescaut, L'Abbé Prévost, 1731, première partie

1 Je remerciai mon père de la bonté qu’il avait de me pardonner, et je lui promis de prendre
2 une conduite plus soumise et plus réglée. Je triomphais au fond du cœur ; car, de la manière dont les
3 choses s’arrangeaient, je ne doutais point que je n’eusse la liberté de me dérober de la maison,
4 même avant la fin de la nuit.
5 On se mit à table pour souper ; on me railla sur ma conquête d’Amiens et sur ma fuite avec
6 cette fidèle maîtresse. Je reçus les coups de bonne grâce ; j’étais même charmé qu’il me fût permis
7 de m’entretenir de ce qui m’occupait continuellement l’esprit ; mais quelques mots lâchés par mon
8 père me firent prêter l’oreille avec la dernière attention. Il parla de perfidie et de service intéressé
9 rendu par M. de B***. Je demeurai interdit en lui entendant prononcer ce nom, et je le priai
10 humblement de s’expliquer davantage. Il se tourna vers mon frère, pour lui demander s’il ne
11 m’avait pas raconté toute l’histoire. Mon frère lui répondit que je lui avais paru si tranquille sur la
12 route, qu’il n’avait pas cru que j’eusse besoin de ce remède pour me guérir de ma folie. Je
13 remarquai que mon père balançait s’il achèverait de s’expliquer. Je l’en suppliai si instamment, qu’il
14 me satisfit, ou plutôt qu’il m’assassina cruellement par le plus horrible de tous les récits.
15 Il me demanda d’abord si j’avais toujours eu la simplicité de croire que je fusse aimé de ma
16 maîtresse. Je lui dis hardiment que j’en étais sûr, que rien ne pouvait m’en donner la moindre
17 défiance. « Ah ! ah ! ah ! s’écria-t-il en riant de toute sa force, cela est excellent ! Tu es une jolie
18 dupe, et j’aime à te voir dans ces sentiments-là. C’est grand dommage, mon pauvre chevalier, de te
19 faire entrer dans l’ordre de Malte, puisque tu as tant de dispositions à faire un mari patient et
20 commode. » Il ajouta mille railleries de cette force sur ce qu’il appelait ma sottise et ma crédulité.
21 Enfin, comme je demeurais dans le silence, il continua de me dire que, suivant le calcul qu’il
22 pouvait faire du temps depuis mon départ d’Amiens, Manon m’avait aimé environ douze jours.
23 « Car, ajouta-t-il, je sais que tu partis d’Amiens le 28 de l’autre mois ; nous sommes au 29 du
24 présent ; il y en a onze que M. de B*** m’a écrit ; je suppose qu’il lui en ait fallu huit pour lier une
25 parfaite connaissance avec ta maîtresse ; ainsi, qui ôte onze et huit de trente-un jours qu’il y a
26 depuis le 28 d’un mois jusqu’au 29 de l’autre, reste douze, un peu plus ou moins. » Là-dessus, les
27 éclats de rire recommencèrent.
28 J’écoutais tout avec un saisissement de cœur auquel j’appréhendais de ne pouvoir résister
29 jusqu’à la fin de cette triste comédie.
Texte 18 : Miracle de la rose, Jean Genet, 1946

1 Les crimes d’Harcamone – celui de la fillette autrefois, et plus près de nous le meurtre du
2 gardien – apparaîtront des actes idiots. Certains lapsus, tout à coup, dans la phrase nous éclairent sur
3 nous-mêmes, remplaçant un mot par l’autre, et ce mot malencontreux est un moyen par quoi la
4 poésie s’échappe et parfume la phrase. Ces mots sont un danger pour la compréhension pratique du
5 discours. Ainsi dans la vie certains actes. Les fautes parfois – qui sont des faits – font surgir la
6 poésie. Beaux, ces faits n’en sont pas moins un danger. Il me serait difficile – et impoli – d’exposer
7 ici l’examen mental d’Harcamone. Je suis poète en face de ses crimes et je ne puis dire qu’une
8 chose, c’est que ces crimes libérèrent de tels effluves de roses qu’il en restera parfumé, et son
9 souvenir et le souvenir de son séjour ici, jusqu’aux plus reculés de nos jours.
10 Quand donc il eut tué le gardien, Harcamone fut conduit dans une cellule de punition où il
11 resta jusqu’au jour des Assises, et ce n’est que le soir, après le verdict de mort, qu’on l’installa, pour
12 ces quarante-cinq jours que dure le pourvoi en cassation, dans la cellule des condamnés à mort.
13 C’est du fond de cette cellule, où je l’imagine pareil à un Dalaï-lama invisible, puissant et présent,
14 qu’il émettait sur toute la Centrale ces ondes de tristesse et de joie mêlées. C’était un acteur qui
15 soutenait sur ses épaules le fardeau d’un tel chef-d’œuvre qu’on entendait des craquements. Des
16 fibres se déchiraient. Mon extase était parcourue d’un léger tremblement, d’une sorte de fréquence
17 ondulatoire qui était ma crainte et mon admiration alternées et simultanées.
18 Tous les jours, il allait à la promenade une heure, dans un préau spécial. Il était enchaîné. Le
19 préau n’était pas très loin de la cellule de punition où j’écris. Et ce que j’ai pris souvent pour le bruit
20 de ma plume contre l’encrier, c’était, derrière le mur, le bruit, en effet très léger, on pourrait dire très
21 délicat, comme l’est tout bruit funèbre, des chaînes du condamné à mort. Il fallait une oreille
22 attentive ou prédisposée, ou pieuse, pour le recueillir. Ce bruit était intermittent car je pressentais
23 qu’Harcamone n’osait trop marcher afin de ne pas signaler sa présence dans la cour. Il faisait un pas
24 au soleil d’hiver et s’arrêtait. Il cachait ses mains dans les manches de sa veste de bure.
Texte 19, Manon Lescaut, L'Abbé Prévost, début de la deuxième partie, 1731

1 C’est quelque chose d’admirable que la manière dont la Providence enchaîne les
2 événements. À peine avions-nous marché cinq ou six minutes, qu’un homme dont je ne découvris
3 point le visage reconnut Lescaut. Il le cherchait sans doute aux environs de chez lui, avec le
4 malheureux dessein qu’il exécuta. « C’est Lescaut, dit-il en lui lâchant un coup de pistolet ; il ira
5 souper ce soir avec les anges. » Il se déroba aussitôt. Lescaut tomba sans le moindre mouvement de
6 vie. Je pressai Manon de fuir, car nos secours étaient inutiles à un cadavre, et je craignais d’être
7 arrêté par le guet, qui ne pouvait tarder à paraître. J’enfilai, avec elle et le valet, la première petite
8 rue qui croisait. Elle était si éperdue, que j’avais de la peine à la soutenir. Enfin j’aperçus un fiacre
9 au bout de la rue. Nous y montâmes. Mais lorsque le cocher me demanda où il fallait nous conduire,
10 je fus embarrassé à lui répondre. Je n’avais point d’asile assuré, ni d’ami de confiance à qui j’osasse
11 avoir recours. J’étais sans argent, n’ayant guère plus d’une demi-pistole dans ma bourse. La frayeur
12 et la fatigue avaient tellement incommodé Manon, qu’elle était à demi pâmée près de moi. J’avais
13 d’ailleurs l’imagination remplie du meurtre de Lescaut, et je n’étais pas encore sans appréhension
14 de la part du guet. Quel parti prendre ? Je me souvins heureusement de l’auberge de Chaillot, où
15 j’avais passé quelques jours avec Manon lorsque nous étions allés dans ce village pour y demeurer.
16 J’espérais non-seulement y être en sûreté, mais y pouvoir vivre quelque temps sans être pressé de
17 payer. « Mène-nous à Chaillot, » dis-je au cocher. Il refusa d’y aller si tard à moins d’une pistole ;
18 autre sujet d’embarras. Enfin nous convînmes de six francs : c’était toute la somme qui restait dans
19 ma bourse.
20 Je consolais Manon en avançant ; mais, au fond, j’avais le désespoir dans le cœur. Je me
21 serais donné mille fois la mort, si je n’eusse pas eu dans mes bras le seul bien qui m’attachait à la
22 vie : cette seule pensée me remettait. « Je la tiens du moins, disais-je ; elle m’aime, elle est à moi :
23 Tiberge a beau dire, ce n’est pas là un fantôme de bonheur. Je verrais périr tout l’univers sans y
24 prendre intérêt : pourquoi ? parce que je n’ai plus d’affection de reste. »
Texte 20 : Manon Lescaut, L'Abbé Prévost, 1731, fin de la seconde partie

1 N’exigez point de moi que je vous décrive mes sentiments, ni que je vous rapporte ses
2 dernières expressions. Je la perdis ; je reçus d’elle des marques d’amour au moment même qu’elle
3 expirait : c’est tout ce que j’ai la force de vous apprendre de ce fatal et déplorable événement.
4 Mon âme ne suivit pas la sienne. Le ciel ne me trouva sans doute point assez rigoureusement
5 puni ; il a voulu que j’aie traîné depuis une vie languissante et misérable. Je renonce volontairement
6 à la mener jamais plus heureuse.
7 Je demeurai plus de vingt-quatre heures la bouche attachée sur le visage et sur les mains de
8 ma chère Manon. Mon dessein était d’y mourir ; mais je fis réflexion, au commencement du second
9 jour, que son corps serait exposé, après mon trépas, à devenir la pâture des bêtes sauvages. Je
10 formai la résolution de l’enterrer, et d’attendre la mort sur sa fosse. J’étais déjà si proche de ma fin,
11 par l’affaiblissement que le jeûne et la douleur m’avaient causé, que j’eus besoin de quantité
12 d’efforts pour me tenir debout. Je fus obligé de recourir aux liqueurs fortes que j’avais apportées ;
13 elles me rendirent autant de force qu’il en fallait pour le triste office que j’allais exécuter. Il ne
14 m’était pas difficile d’ouvrir la terre dans le lieu où je me trouvais ; c’était une campagne couverte
15 de sable. Je rompis mon épée pour m’en servir à creuser, mais j’en tirai moins de secours que de
16 mes mains. J’ouvris une large fosse ; j’y plaçai l’idole de mon cœur, après avoir pris soin de
17 l’envelopper de tous mes habits pour empêcher le sable de la toucher. Je ne la mis dans cet état
18 qu’après l’avoir embrassée mille fois avec toute l’ardeur du plus parfait amour. Je m’assis encore
19 près d’elle ; je la considérai longtemps ; je ne pouvais me résoudre à fermer sa fosse. Enfin, mes
20 forces recommençant à s’affaiblir, et craignant d’en manquer tout à fait avant la fin de mon
21 entreprise, j’ensevelis pour toujours dans le sein de la terre ce qu’elle avait porté de plus parfait et
22 de plus aimable. Je me couchai ensuite sur la fosse, le visage tourné vers le sable ; et, fermant les
23 yeux avec le dessein de ne les ouvrir jamais, j’invoquai le secours du ciel, et j’attendis la mort avec
24 impatience.
25 Ce qui vous paraîtra difficile à croire, c’est que pendant tout l’exercice de ce lugubre
26 ministère, il ne sortit point une larme de mes yeux ni un soupir de ma bouche.

Vous aimerez peut-être aussi