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Prénom

Indiquez l’œuvre choisie pour la 2ème partie de l’épreuve :

Cadre réservé à l’administration


Jury
Date et Heure
Ecole d’enseignement privé-THALA.
Tizi-Ouzou

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ÉPREUVE ANTICIPÉE DE FRANÇAIS- SESSION 2022

Nom de l’élève :

Série générale.

La poésie du XIXe siècle au XXIe siècle


œuvre intégrale : Hugo Victor, Les 1. « Elle était déchaussée.. », Livre I, « Aurore », poème 1
Contemplations, Livre I à IV, 1856. 2. « Mélancholia », livre III, « Les Luttes et les rêves », poème 2
3. « A qui donc sommes-nous ? », Livre IV, « Pauca Meae », poème
8.
Parcours associé : « Mémoires d’une 4. Charles Baudelaire, « Spleen », Les fleurs du mal, 1857.
âme ».
Lecture cursive Jacques Prévert, Paroles, 1946.
Le roman et le récit du Moyen Âge au XXIe siècle
œuvre intégrale : Madame de Lafayette, 5. « La rencontre au bal »
La Princesse de Clèves, 1678. 6. « La scène de l’aveu »
7. « La scène du pavillon »
Parcours associé : « individu, morale et 8. Louis Ferdinand Céline, Voyage au bout de la nuit, 1932.
société ».
Lecture cursive Albert Camus, L’étranger, 1942, Flaubert, Mme Bovary, 1857.
Le théâtre du XVIIe siècle au XXIe siècle
Œuvre intégrale : Jean-Luc Lagarce, Juste 9. « Prologue »
la fin du monde, 1990. 10. « La tirade de Suzanne »
11. « Le soliloque d’Antoine ».
Parcours associé : « Crise personnelle, 12. Marivaux, Le Jeu de l’amour et du hasard, acte II, scène 11,
crise familiale ». 1730.
Lecture cursive Molière, Tartuffe ou l’imposteur, 1664.
La littérature d’idée du XVI° siècle au XVIII° siècle
Œuvre intégrale : Olympe de Gouges, 13. « Préambule »
Déclaration des droits de la femme et de la 14. « Postambule »
citoyenne, 1791. 15. « Les articles de la Déclaration »
Parcours associé : Parcours : "Écrire et 16. Voltaire, Candide ou l’optimisme, « Le nègre de Surinam»,
combattre pour l'égalité". Chapitre XIX, 1759.
Lecture cursive

DEUXIÈME PARTIE DE L'ORAL – L'ENTRETIEN


Je proposerai l'œuvre suivante :

Signature de l’enseignant Cachet de l’établissement


Mme BETOUCHE

1
TEXTE DE LA LECTURE LINEAIRE 1

Victor Hugo, «Elle était déchaussée», Les Contemplations,


1856.

1 Elle était déchaussée, elle était décoiffée,


2 Assise, les pieds nus, parmi les joncs penchants;
3 Moi qui passais par là, je crus voir une fée,
4 Et je lui dis : Veux-tu t’en venir dans les champs?

5 Elle me regarda de ce regard suprême


6 Qui reste à la beauté quand nous en triomphons,
7 Et je lui dis : Veux-tu, c’est le mois où l’on aime,
8 Veux-tu nous en aller sous les arbres profonds?

9 Elle essuya ses pieds à l’herbe de la rive;


10 Elle me regarda pour la seconde fois,
11 Et la belle folâtre alors devint pensive.
12 Oh! comme les oiseaux chantaient au fond des bois!

13 Comme l’eau caressait doucement le rivage!


14 Je vis venir à moi, dans les grands roseaux verts,
15 La belle fille heureuse, effarée et sauvage,
16 Ses cheveux dans ses yeux, et riant au travers.

Mont l’Am., juin 183…

2
TEXTE DE LA LECTURE LINEAIRE 2
Hugo, « Mélancholia », Les Contemplations, 1856.

1 (…) Où vont tous ces enfants dont pas un seul ne rit ?


2 Ces doux êtres pensifs que la fièvre maigrit ?
3 Ces filles de huit ans qu'on voit cheminer seules ?
4 Ils s'en vont travailler quinze heures sous des meules ;
5 Ils vont, de l'aube au soir, faire éternellement
6 Dans la même prison le même mouvement.
7 Accroupis sous les dents d'une machine sombre,
8 Monstre hideux qui mâche on ne sait quoi dans l'ombre,
9 Innocents dans un bagne, anges dans un enfer,
10 Ils travaillent. Tout est d'airain, tout est de fer.
11 Jamais on ne s'arrête et jamais on ne joue.
12 Aussi quelle pâleur ! la cendre est sur leur joue.
13 Il fait à peine jour, ils sont déjà bien las.
14 Ils ne comprennent rien à leur destin, hélas !
15 Ils semblent dire à Dieu : « Petits comme nous sommes,
16 Notre père, voyez ce que nous font les hommes ! »
17 O servitude infâme imposée à l'enfant !
18 Rachitisme ! travail dont le souffle étouffant
19 Défait ce qu'a fait Dieu ; qui tue, œuvre insensée,
2 La beauté sur les fronts, dans les cœurs la pensée,
0 Et qui ferait - c'est là son fruit le plus certain ! -
21 D'Apollon un bossu, de Voltaire un crétin !
22 Travail mauvais qui prend l'âge tendre en sa serre,
23 Qui produit la richesse en créant la misère,
24 Qui se sert d'un enfant ainsi que d'un outil !
25 Progrès dont on demande : « Où va-t-il ? que veut-il ? »
26 Qui brise la jeunesse en fleur ! qui donne, en somme,
27 Une âme à la machine et la retire à l'homme !
28 Que ce travail, haï des mères, soit maudit !
29 Maudit comme le vice où l'on s'abâtardit,
30 Maudit comme l'opprobre et comme le blasphème !
31 O Dieu ! qu'il soit maudit au nom du travail même,
32 Au nom du vrai travail, sain, fécond, généreux,
33 Qui fait le peuple libre et qui rend l'homme heureux !
34 « Mélancholia », Paris, 1838.

3
TEXTE DE LA LECTURE LINEAIRE 3
Victor Hugo, « A qui donc sommes-nous ? », Les Contemplations, 1856.

1 A qui donc sommes-nous ? Qui nous a ? qui nous mène ?


2 Vautour fatalité, tiens-tu la race humaine ?
3 Oh ! parlez, cieux vermeils,
4 L'âme sans fond tient-elle aux étoiles sans nombre ?
5 Chaque rayon d'en haut est-il un fil de l'ombre
6 Liant l'homme aux soleils ?

7 Est-ce qu'en nos esprits, que l'ombre a pour repaires,


8 Nous allons voir rentrer les songes de nos pères ?
9 Destin, lugubre assaut !
10 O vivants, serions-nous l'objet d'une dispute ?
11 L'un veut-il notre gloire, et l'autre notre chute ?
12 Combien sont-ils là-haut ?

13 Jadis, au fond du ciel, aux yeux du mage sombre,


14 Deux joueurs effrayants apparaissaient dans l'ombre.
15 Qui craindre? qui prier ?
16 Les Manès frissonnants, les pâles Zoroastres
17 Voyaient deux grandes mains qui déplaçaient les astres
18 Sur le noir échiquier.

19 Songe horrible! le bien, le mal, de cette voûte


20 Pendent-ils sur nos fronts ? Dieu, tire-moi du doute!
21 O sphinx, dis-moi le mot !
22 Cet affreux rêve pèse à nos yeux qui sommeillent,
23 Noirs vivants! heureux ceux qui tout à coup s'éveillent
24 Et meurent en sursaut !

4
TEXTE DE LA LECTURE LINEAIRE N°4

Charles Baudelaire, « Spleen », Les fleurs du mal, 1857.

1 J'ai plus de souvenirs que si j'avais mille ans.

2 Un gros meuble à tiroirs encombré de bilans,


3 De vers, de billets doux, de procès, de romances,
4 Avec de lourds cheveux roulés dans des quittances,
5 Cache moins de secrets que mon triste cerveau.
6 C'est une pyramide, un immense caveau,
7 Qui contient plus de morts que la fosse commune.
8 - Je suis un cimetière abhorré de la lune,
9 Où comme des remords se traînent de longs vers
10 Qui s'acharnent toujours sur mes morts les plus chers.
11 Je suis un vieux boudoir1 plein de roses fanées,
12 Où gît tout un fouillis de modes surannées,2
13 Où les pastels3 plaintifs et les pâles Boucher,4
14 Seuls, respirent l'odeur d'un flacon débouché.

15 Rien n'égale en longueur les boiteuses journées,


16 Quand sous les lourds flocons des neigeuses années
17 L'ennui, fruit de la morne incuriosité,
18 Prend les proportions de l'immortalité.
19 - Désormais tu n'es plus, ô matière vivante !
20 Qu'un granit entouré d'une vague épouvante,
21 Assoupi dans le fond d'un Saharah brumeux ;
22 Un vieux sphinx ignoré du monde insoucieux,
23 Oublié sur la carte, et dont l'humeur farouche
24 Ne chante qu'aux rayons du soleil qui se couche

1
boudoir : petite pièce élégante dans laquelle la maîtresse de maison se retire pour être seule ou
s’entretenir avec des intimes
2
suranné : qui appartient à un style d’une autre époque
3
pastels : ici tableau faits avec des pastels
4
Boucher: peintre du XVIIIème.

5
Lecture linéaire 5
Madame de Lafayette, « La rencontre au bal », La Princesse de Clèves, 1678.
1 « Elle passa tout le jour des fiançailles chez elle à se parer, pour se trouver le soir au bal et au festin
2 royal qui se faisait au Louvre. Lorsqu'elle arriva, l'on admira sa beauté et sa parure; le bal commença
3 et, comme elle dansait avec M. de Guise, il se fit un assez grand bruit vers la porte de la salle, comme
4 de quelqu'un qui entrait et à qui on faisait place. Mme de Clèves acheva de danser et, pendant qu'elle
5 cherchait des yeux quelqu'un qu'elle avait dessein de prendre, le roi lui cria de prendre celui qui
6 arrivait. Elle se tourna et vit un homme qu'elle crut d'abord ne pouvoir être que M. de Nemours, qui
7 passait par-dessus quelques sièges pour arriver où l'on dansait. Ce prince était fait d'une sorte qu'il
8 était difficile de n'être pas surprise de le voir quand on ne l'avait jamais vu, surtout ce soir-là, où le
9 soin qu'il avait pris de se parer augmentait encore l'air brillant qui était dans sa personne; mais il était
10 difficile aussi de voir Mme de Clèves pour la première fois sans avoir un grand étonnement.
11 M. de Nemours fut tellement surpris de sa beauté que, lorsqu'il fut proche d'elle, et qu'elle lui fit la
12 révérence, il ne put s'empêcher de donner des marques de son admiration. Quand ils commencèrent à
13 danser, il s'éleva dans la salle un murmure de louanges. Le roi et les reines se souvinrent qu'ils ne
14 s'étaient jamais vus, et trouvèrent quelque chose de singulier de les voir danser ensemble sans se
15 connaître. Ils les appelèrent quand ils eurent fini sans leur donner le loisir de parler à personne et leur
16 demandèrent s'ils n'avaient pas bien envie de savoir qui ils étaient, et s'ils ne s'en doutaient point.
17 - Pour moi, madame, dit M. de Nemours, je n'ai pas d'incertitude; mais comme Mme de Clèves n'a
18 pas les mêmes raisons pour deviner qui je suis que celles que j'ai pour la reconnaître, je voudrais bien
19 que Votre Majesté eût la bonté de lui apprendre mon nom.
20 - Je crois, dit Mme la dauphine, qu'elle le sait aussi bien que vous savez le sien.
21 - Je vous assure, madame, reprit Mme de Clèves, qui paraissait un peu embarrassée, que je ne devine
22 pas si bien que vous pensez.

La Princesse de Clèves, Madame de Lafayette, Partie 1, page 98 - 1678

6
Lecture linéaire 6
Madame de Lafayette, « L’aveu », La Princesse de Clèves, 1678.

1 -Eh bien, Monsieur, lui répondit-elle en se jetant à ses genoux, je vais vous faire un aveu que
2 l'on n'a jamais fait à son mari, mais l'innocence de ma conduite et de mes intentions m'en donne
3 la force. Il est vrai que j'ai des raisons de m'éloigner de la cour, et que je veux éviter les périls
4 où se trouvent quelquefois les personnes de mon âge. Je n'ai jamais donné nulle marque de
5 faiblesse, et je ne craindrais pas d'en laisser paraître, si vous me laissiez la liberté de me retirer
6 de la cour, ou si j'avais encore madame de Chartres pour aider à me conduire. Quelque
7 dangereux que soit le parti que je prends, je le prends avec joie pour me conserver digne d'être à
8 vous. Je vous demande mille pardons, si j'ai des sentiments qui vous déplaisent, du moins je ne
9 vous déplairai jamais par mes actions. Songez que pour faire ce que je fais, il faut avoir plus
10 d'amitié et plus d'estime pour un mari que l'on en a jamais eu ; conduisez-moi, ayez pitié de
11 moi, et aimez-moi encore, si vous pouvez.
12 Monsieur de Clèves était demeuré pendant tout ce discours, la tête appuyée sur ses mains, hors
13 de lui-même, et il n'avait pas songé à faire relever sa femme. Quand elle eut cessé de parler,
14 qu'il jeta les yeux sur elle qu'il la vit à ses genoux le visage couvert de larmes, et d'une beauté si
15 admirable, il pensa mourir de douleur, et l'embrassant en la relevant :
16 -Ayez pitié de moi, vous-même, Madame, lui dit-il, j'en suis digne ; et pardonnez si dans les
17 premiers moments d'une affliction aussi violente qu'est la mienne, je ne réponds pas, comme je
18 dois, à un procédé comme le vôtre. Vous me paraissez plus digne d'estime et d'admiration que
19 tout ce qu'il y a jamais eu de femmes au monde ; mais aussi je me trouve le plus malheureux
20 homme qui ait jamais été. Vous m'avez donné de la passion dès le premier moment que je vous
21 ai vue, vos rigueurs et votre possession n'ont pu l'éteindre : elle dure encore ; je n'ai jamais pu
22 vous donner de l'amour, et je vois que vous craignez d'en avoir pour un autre. Et qui est-il,
23 Madame, cet homme heureux qui vous donne cette crainte ? Depuis quand vous plaît-il ? Qu'a-
24 t-il fait pour vous plaire ? Quel chemin a-t-il trouvé pour aller à votre coeur ?

La Fayette, La Princesse de Clèves, troisième partie, 1678.

7
Texte de la lecture linéaire 7

Madame de Lafayette, « Dans le pavillon », La Princesse de Clèves, 1678.

1 Sitôt que la nuit fut venue, il entendit marcher, et quoiqu'il fît obscur, il reconnut
2 aisément M. de Nemours. Il le vit faire le tour du jardin, comme pour écouter s'il n'y
3 entendrait personne et pour choisir le lieu par où il pourrait passer le plus aisément. Les
4 palissades étaient fort hautes, et il y en avait encore derrière pour empêcher qu'on ne pût
5 entrer; en sorte qu'il était assez difficile de se faire passage. M. de Nemours en vint à
6 bout néanmoins; sitôt qu'il fut dans ce jardin, il n'eut pas de peine à démêler où était
7 Mme de Clèves. Il vit beaucoup de lumières dans le cabinet; toutes les fenêtres en étaient
8 ouvertes et, en se glissant le long des palissades, il s'en approcha avec un trouble et une
9 émotion qu'il est aisé de se représenter. Il se rangea derrière une des fenêtres, qui
10 servaient de porte, pour voir ce que faisait Mme de Clèves. Il vit qu'elle était seule; mais
11 il la vit d'une si admirable beauté qu'à peine fut-il maître du transport que lui donna cette
12 vue. Il faisait chaud et elle n'avait rien sur sa tête et sur sa gorge que ses cheveux
13 confusément rattachés. Elle était sur un lit de repos avec une table devant elle, où il y
14 avait plusieurs corbeilles pleines de rubans; elle en choisit quelques-uns, et M. de
15 Nemours remarqua que c'étaient des mêmes couleurs qu'il avait portées au tournoi. Il vit
16 qu'elle en faisait des nœuds à une canne des Indes, fort extraordinaire, qu'il avait portée
17 quelque temps et qu'il avait donnée à sa sœur, à qui Mme de Clèves l'avait prise sans
18 faire semblant de la reconnaître pour avoir été à M. de Nemours. Après qu'elle eut
19 achevé son ouvrage avec une grâce et une douceur que répandaient sur son visage les
20 sentiments qu'elle avait dans le cœur, elle prit un flambeau et s'en alla proche d'une
22 grande table, vis-à-vis du tableau du siège de Metz où était le portrait de M. de Nemours.
23 Elle s'assit et se mit à regarder ce portrait avec une attention et une rêverie que la passion
24 seule peut donner.

Madame de La Fayette, La Princesse de Clèves, quatrième partie, 1678.

8
TEXTE DE LA LECTURE LINEAIRE N°8
Louis Ferdinand CELINE, Voyage au bout de la nuit, 1932

1 C’est qu’il avait été déporté sur le talus, allongé sur le flanc par l’explosion et projeté jusque dans les bras
2 du cavalier à pied, le messager, fini lui aussi. Ils s’embrassaient tous les deux pour le moment et pour
3 toujours, mais le cavalier n’avait plus sa tête, rien qu’une ouverture au-dessus du cou, avec du sang
4 dedans qui mijotait en glouglous comme de la confiture dans la marmite. Le colonel avait son ventre
5 ouvert, il en faisait une sale grimace. Ça avait dû lui faire du mal ce coup-là au moment où c’était arrivé.
6 Tant pis pour lui ! S’il était parti dès les premières balles, ça ne lui serait pas arrivé.
7 Tout de suite après ça, j’ai pensé au maréchal des logis Barousse qui venait d’éclater comme l’autre nous
8 l’avait appris. C’était une bonne nouvelle. Tant mieux que je pensais tout de suite ainsi : « C’est une bien
9 grande charogne en moins dans le régiment ! » Il avait voulu me faire passer au Conseil pour une boîte
10 de conserves. « Chacun sa guerre » que je me dis. De ce côté-là, faut en convenir, de temps en temps,
11 elle avait l’air de servir à quelque chose la guerre ! J’en connaissais bien encore trois ou quatre dans le
12 régiment, de sacrées ordures que j’aurais aidé bien volontiers à trouver un obus comme à Barousse.
13 Toutes ces viandes saignaient énormément ensemble. [...]
14 Il n'y avait plus personne au bout de la route. [...] « Ils sont peut-être tous morts à l'heure actuelle ? que
15 je me demandais. Puisqu'ils ne veulent rien comprendre à rien, c'est ça qui serait avantageux et pratique
16 qu'ils soient tous tués très vite... Comme ça on en finirait tout de suite... On rentrerait chez soi ... On
17 repasserait peut-être place Clichy en triomphe ... Un ou deux seulement qui survivraient... Dans mon
18 désir... Des gars gentils et bien balancés, derrière le général, tous les autres seraient morts comme le
19 colon... Comme Barousse... comme Vanaille... (une autre vache) ... etc. On nous couvrirait de
20 décorations, de fleurs, on passerait sous l'Arc de Triomphe. On entrerait au restaurant, on vous servirait
21 sans payer, on payerait plus rien, jamais plus de la vie ! On est les héros ! qu'on dirait au moment de la
22 note... Des défenseurs de la Patrie ! Et ça suffirait ! ... On payerait avec des petits drapeaux français ! ...
23 La caissière refuserait même l'argent des héros et même elle vous en donnerait, avec des baisers quand
24 on passerait devant sa caisse. Ça vaudrait la peine de vivre. "
25 Je m'aperçus en fuyant que je saignais au bras, mais un peu seulement, pas une blessure suffisante du
26 tout, une écorchure. C'était à recommencer.
Voyage au bout de la nuit, Louis Ferdinand CELINE, 1932

9
Texte de la lecture linéaire 9
Jean-Luc Lagarce, « Prologue », Juste la fin du monde, ed. Les solitaires
intempstives, 1990.

1 LOUIS. – Plus tard‚ l’année d’après


2 – j’allais mourir à mon tour –
3 j’ai près de trente-quatre ans maintenant et c’est à cet âge que je mourrai‚
4 l’année d’après‚
5 de nombreux mois déjà que j’attendais à ne rien faire‚ à tricher‚ à ne plus savoir‚
6 de nombreux mois que j’attendais d’en avoir fini‚
7 l’année d’après‚
8 comme on ose bouger parfois‚
9 à peine‚
10 devant un danger extrême‚ imperceptiblement‚ sans vouloir faire de bruit ou commettre un
11 geste trop violent qui réveillerait l’ennemi et vous détruirait aussitôt‚
12 l’année d’après‚
13 malgré tout‚
14 la peur‚
15 prenant ce risque et sans espoir jamais de survivre‚
16 malgré tout‚
17 l’année d’après‚
18 je décidai de retourner les voir‚ revenir sur mes pas‚ aller sur mes traces et faire le
19 voyage‚ pour annoncer‚ lentement‚ avec soin‚ avec soin et précision
20 – ce que je crois –
21 lentement‚ calmement‚ d’une manière posée
22 – et n’ai-je pas toujours été pour les autres et eux‚ tout précisément‚ n’ai-je pas toujours été
23 un homme posé ?‚
24 pour annoncer‚
25 dire‚
26 seulement dire‚
27 ma mort prochaine et irrémédiable‚
28 l’annoncer moi-même‚ en être l’unique messager‚
29 et paraître
30 – peut-être ce que j’ai toujours voulu‚ voulu et décidé‚ en toutes circonstances et depuis le
31 plus loin que j’ose me souvenir –
32 et paraître pouvoir là encore décider‚
33 me donner et donner aux autres‚ et à eux‚ tout précisément‚ toi‚ vous‚ elle‚ ceux-là encore que
34 je ne connais pas (trop tard et tant pis)‚
35 me donner et donner aux autres une dernière fois l’illusion d’être responsable de moi-même
36 et d’être‚ jusqu’à cette extrémité‚ mon propre maître.

10
Texte de la lecture linéaire 10

Jean-Luc Lagarce, « La tirade de Suzanne », Juste la fin du monde, Scène


3, pages 37.38, ed. Les solitaires intempstives, 1990.
Suzanne
1 Parfois‚ tu nous envoyais des lettres‚
2 parfois tu nous envoies des lettres‚
3 ce ne sont pas des lettres‚ qu’est-ce que c’est ?
4 de petits mots‚ juste des petits mots‚ une ou deux phrases‚ rien‚ comment est-ce qu’on dit ?
5 elliptiques.
6 « Parfois‚ tu nous envoyais des lettres elliptiques. »
7 Je pensais‚ lorsque tu es parti
8 (ce que j’ai pensé lorsque tu es parti)‚
9 lorsque j’étais enfant et lorsque tu nous as faussé compagnie (là que ça commence)‚
10 je pensais que ton métier‚ ce que tu faisais ou allais faire dans la vie‚
11 ce que tu souhaitais faire dans la vie‚
12 je pensais que ton métier était d’écrire (serait d’écrire)
13 ou que‚ de toute façon
14 – et nous éprouvons les uns et les autres‚ ici‚ tu le sais‚ tu ne peux pas ne pas le savoir‚ une
15 certaine forme d’admiration‚ c’est le terme exact‚ une certaine forme d’admiration pour toi à
16 cause de ça –‚
17 ou que‚ de toute façon‚
18 si tu en avais la nécessité‚
19 si tu en éprouvais la nécessité‚ si tu en avais‚ soudain‚ l’obligation ou le désir‚ tu saurais
20 écrire‚ te servir de ça pour te sortir d’un mauvais pas ou avancer
21 plus encore.
22 Mais jamais‚ nous concernant‚
23 jamais tu ne te sers de cette possibilité‚ de ce don (on dit comme ça‚ c’est une sorte de
24 don‚ je crois‚ tu ris) jamais‚ nous concernant‚ tu ne te sers de cette qualité
25 – c’est le mot et un drôle de mot puisqu’il s’agit de toi –
26 jamais tu ne te sers de cette qualité que tu possèdes‚ avec nous‚ pour nous.
27 Tu ne nous en donnes pas la preuve‚ tu ne nous en juges pas dignes.
28 C’est pour les autres.

11
Texte de la lecture linéaire 11
Jean-Luc Lagarce, « Le soliloque d’Antoine », deuxième partie, scène 3, Juste la fin du monde,
1990.
ANTOINE.
1 Rien en toi n’est jamais atteint,
2 il fallait des années peut-être pour que je le sache,
3 mais rien en toi n’est jamais atteint,
4 tu n’as pas mal
5 — si tu avais mal, tu ne le dirais pas, j’ai appris cela à
6 mon tour—
7 et tout ton malheur n’est qu’une façon de répondre,
8 une façon que tu as de répondre,
9 d’être là, devant les autres et de ne pas les laisser
10 entrer.
11 c’est ta manière à toi, ton allure
12 le malheur sur le visage comme d’autres ont un air de
13 crânerie satisfaite,
14 tu as choisi ça, et cela t’a servi et du l’as conservé.
15 Et nous, nous nous sommes fait du mal à notre tour,
16 chacun n’avait rien à se reprocher
17 et ce ne pouvait être que les autres qui te nuisaient
18 et nous rendaient responsables tous ensemble,
19 moi, eux,
20 et peu à peu, c’était de ma faute, ce ne pouvait être
21 que de ma faute.
22 On devait m’aimer trop puisque on ne t’aimait pas
23 assez
24 et on voulut me reprendre alors ce qu’on ne me
25 donnait pas,
26 et ne me donna plus rien,
27 et j’étais là, couvert de bonté sans intérêt à ne jamais
28 devoir me plaindre,
29 à sourire, à jouer,
30 à être satisfait, comblé,
31 tiens, le mot, comblé,
32 alors que toi, toujours, inexplicablement, tu suais le
33 malheur
34 dont rien ni personne, malgré tous ces efforts, n’aurait
35 su te distraire et te sauver.
36 Et lorsque tu es parti, lorsque tu nous as quittés,
37 lorsque tu nous abandonnas,
38 je ne sais plus quel mot définitif tu nous jetas à la tête,
39 je dus encore être le responsable,
40 être silencieux et admettre la fatalité, et te plaindre
41 aussi,
42 m’inquiéter de toi à distance
43 et ne plus jamais oser dire un mot contre toi, ne plus
44 jamais même oser penser un mot contre toi,
45 rester là, comme un benêt, à t’attendre.
46 Moi, je suis la personne la plus heureuse de la terre,
47 et il ne m’arrive jamais rien,
48 et m’arrive-t-il quelque chose que je ne peux me
49 plaindre, puisque, « à l’ordinaire »,

12
50 il ne m’arrive jamais rien.
Juste la fin du monde, Jean-Luc Lagarce, 2ème partie, scène 3, 1990.

Texte de la lecture linéaire 12


Marivaux, Le Jeu de l’amour et du hasard, acte II, scène 11, 1730.

1 Mario : Quoi ! ce babillard qui vient de sortir ne t’a pas un peu dégoûtée de lui ?
2 Silvia, avec feu. : Que vos discours sont désobligeants ! m’a dégoûtée de lui ! dégoûtée ! J’essuie
3 des expressions bien étranges ; je n’entends plus que des choses inouïes, qu’un langage
4 inconcevable ; j’ai l’air embarrassé, il y a quelque chose ; et puis c’est le galant Bourguignon qui
5 m’a dégoûtée. C’est tout ce qu’il vous plaira, mais je n’y entends rien.
6 Mario : Pour le coup, c’est toi qui es étrange. À qui en as-tu donc ? D’où vient que tu es si fort
7 sur le qui-vive ? Dans quelle idée nous soupçonnes-tu ?
8 Silvia : Courage, mon frère ! Par quelle fatalité aujourd’hui ne pouvez-vous me dire un mot qui
9 ne me choque ? Quel soupçon voulez-vous qui me vienne ? Avez-vous des visions ?
10 Monsieur Orgon : Il est vrai que tu es si agitée que je ne te reconnais point non plus. Ce sont
11 apparemment ces mouvements-là qui sont cause que Lisette nous a parlé comme elle a fait. Elle
12 accusait ce valet de ne t’avoir pas entretenue à l’avantage de son maître, et, « madame, nous a-t-
13 elle dit, l’a défendu contre moi avec tant de colère que j’en suis encore toute surprise ». C’est sur
14 ce mot de surprise que nous l’avons querellée ; mais ces gens-là ne savent pas la conséquence
15 d’un mot.
16 Silvia : L’impertinente ! y a-t-il rien de plus haïssable que cette fille-là ? J’avoue que je me suis
17 fâchée par un esprit de justice pour ce garçon.
18 Mario : Je ne vois point de mal à cela.
19 Silvia : Y a-t-il rien de plus simple ? Quoi ! parce que je suis équitable, que je veux qu’on ne
20 nuise à personne, que je veux sauver un domestique du tort qu’on peut lui faire auprès de son
21 maître, on dit que j’ai des emportements, des fureurs dont on est surprise ! Un moment après un
22 mauvais esprit raisonne ; il faut se fâcher, il faut la faire taire, et prendre mon parti contre elle, à
23 cause de la conséquence de ce qu’elle dit ! Mon parti ! J’ai donc besoin qu’on me défende, qu’on
24 me justifie ! On peut donc mal interpréter ce que je fais ! Mais que fais-je ? de quoi m’accuse-t-
25 on ? Instruisez-moi, je vous en conjure ; cela est sérieux. Me joue-t-on ? se moque-t-on de moi ?
26 Je ne suis pas tranquille.
Le Jeu de l’amour et du hasard, acte II, scène 11, Marivaux

13
Texte de la lecture linéaire 13

Olympe de Gouges, Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne,


« Préambule », 1791.

1 Les mères, les filles, les soeurs, représentantes de la Nation, demandent d’être
2 constituées en Assemblée nationale.
3 Considérant que l’ignorance, l’oubli ou le mépris des droits de la femme, sont les
4 seules causes des malheurs publics et de la corruption des gouvernements, ont
5 résolu d’exposer dans une déclaration solennelle, les droits naturels, inaliénables
6 et sacrés de la femme, afin que cette déclaration, constamment présente à tous
7 les membres du corps social, leur rappelle sans cesse leurs droits et leurs devoirs,
8 afin que les actes du pouvoir des femmes, et ceux du pouvoir des hommes
9 pouvant être à chaque instant comparés avec le but de toute institution politique,
10 en soient plus respectés, afin que les réclamations des citoyennes, fondées
11 désormais sur des principes simples et incontestables, tournent toujours au
12 maintien de la Constitution, des bonnes moeurs, et au bonheur de tous.
13 En conséquence, le sexe supérieur en beauté comme en courage, dans les
14 souffrances maternelles, reconnaît et déclare, en présence et sous les auspices de
15 l’Être suprême, les droits suivants de la femme et de la citoyenne.

Olympe de Gouges, Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne,


« Préambule », 1791

14
Texte de la lecture linéaire 14

Olympe de Gouges, Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne,


« Postambule », 1791.

1 Femme, réveille-toi ; Le tocsin de la raison se fait entendre dans tout l’univers ;


2 reconnais tes droits. Le puissant empire de la nature n’est plus environné de préjugés, de
3 fanatisme, de superstition et de mensonges. Le flambeau de la vérité a dissipé tous les
4 nuages de la sottise et de l’usurpation. L’homme esclave a multiplié ses forces, a eu
5 besoin de recourir aux tiennes pour briser ses fers. Devenu libre, il est devenu injuste
6 envers sa compagne.
7 Ô femmes ! femmes, quand cesserez-vous d’être aveugles ? Quels sont les avantages que
8 vous avez recueillis dans la révolution ? Un mépris plus marqué, un dédain plus signalé.
9 Dans les siècles de corruption vous n’avez régné que sur la faiblesse des hommes. Votre
10 empire est détruit ; que vous reste-t-il donc ? la conviction des injustices de l’homme. La
11 réclamation de votre patrimoine fondée sur les sages décrets de la nature ; qu’auriez-vous
12 à redouter pour une si belle entreprise ? le bon mot du Législateur des noces de Cana ?
13 Craignez-vous que nos législateurs français, correcteurs de cette morale, longtemps
14 accrochée aux branches de la politique, mais qui n’est plus de saison, ne vous répètent :
15 femmes, qu’y a-t-il de commun entre vous et nous ? Tout, auriez-vous à répondre.
16 S’ils s’obstinaient, dans leur faiblesse, à mettre cette inconséquence en contradiction
17 avec leurs principes ; opposez courageusement la force de la raison aux vaines
18 prétentions de supériorité ; réunissez-vous sous les étendards de la philosophie ; déployez
19 toute l’énergie de votre caractère, et vous verrez bientôt ces orgueilleux, non serviles
20 adorateurs rampants à vos pieds, mais fiers de partager avec vous les trésors de l’Être
21 Suprême. Quelles que soient les barrières que l’on vous oppose, il est en votre pouvoir de
22 les affranchir ; vous n’avez qu’à le vouloir.

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Texte de la lecture linéaire 15
Olympe de Gouges, Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne, 1791.

Les articles de la Déclaration


1 Article 1 : La femme naît libre et demeure égale à l’homme en droits. Les distinctions
2 sociales ne peuvent être fondées que sur l’utilité commune.
3 Article 2 : Le but de toute association politique est la conservation des droits naturels et
4 imprescriptibles de la Femme et de l’Homme. Ces droits sont : la liberté, la propriété, la
5 sûreté, et surtout la résistance à l’oppression.
6 Article 3 : Le principe de toute souveraineté réside essentiellement dans la nation, qui
7 n’est que la réunion de la femme et de l’homme : nul corps, nul individu, ne peut exercer
8 d’autorité qui n’en émane expressément.
9 Article 4 : La liberté et la justice consistent à rendre tout ce qui appartient à autrui ; ainsi
10 l’exercice des droits naturels de la femme n’a de bornes que la tyrannie perpétuelle que
11 l’homme lui oppose : ces bornes doivent être réformées par les lois de la nature et de la
12 raison.
13 Article 5 : Les lois de la nature et de la raison défendent toutes actions nuisibles à la
14 société ; tout ce qui n’est pas défendu par ces lois, sages et divines, ne peut être empêché,
15 et nul ne peut être contraint à faire ce qu’elles n’ordonnent pas.
16 Article 6 : La loi doit être l’expression de la volonté générale : toutes les Citoyennes et
17 Citoyens doivent concourir personnellement, ou par leurs représentants, à sa formation ;
18 elle doit être la même pour tous ; toutes les Citoyennes et tous les Citoyens, étant égaux à
19 ses yeux, doivent être également admissibles à toutes dignités, places et emplois publics,
20 selon leurs capacités, et sans autres distinctions que celles de leurs vertus et de leurs
21 talents.

16
Texte de la lecture linéaire 16

Voltaire, Candide ou l’optimisme, « Le nègre de Surinam», Chapitre XIX, 1759.

1 En approchant de la ville, ils rencontrèrent un nègre étendu par terre, n'ayant plus que la
2 moitié de son habit, c'est-à-dire d'un caleçon de toile bleue ; il manquait à ce pauvre
3 homme la jambe gauche et la main droite. "Eh, mon Dieu ! lui dit Candide en hollandais,
4 que fais-tu là, mon ami, dans l'état horrible où je te vois ? - J'attends mon maître,
5 monsieur Vanderdendur, le fameux négociant, répondit le nègre. - Est-ce M.
6 Vanderdendur, dit Candide, qui t'a traité ainsi ? - Oui, monsieur, dit le nègre, c'est
7 l'usage. On nous donne un caleçon de toile pour tout vêtement deux fois l'année. Quand
8 nous travaillons aux sucreries, et que la meule nous attrape le doigt, on nous coupe la
9 main ; quand nous voulons nous enfuir, on nous coupe la jambe : je me suis trouvé dans
10 les deux cas. C'est à ce prix que vous mangez du sucre en Europe. Cependant, lorsque ma
11 mère me vendit dix écus patagons sur la côte de Guinée, elle me disait : "Mon cher
12 enfant, bénis nos fétiches, adore-les toujours, ils te feront vivre heureux ; tu as l'honneur
13 d'être esclave de nos seigneurs les blancs, et tu fais par là la fortune de ton père et de ta
14 mère." Hélas ! je ne sais pas si j'ai fait leur fortune, mais ils n'ont pas fait la mienne. Les
15 chiens, les singes, les perroquets sont mille fois moins malheureux que nous. Les fétiches
16 hollandais qui m'ont converti me disent tous les dimanches que nous sommes tous
17 enfants d'Adam, blancs et noirs. Je ne suis pas généalogiste ; mais si ces prêcheurs disent
18 vrai, nous sommes tous cousins issus de germains. Or vous m'avouerez qu'on ne peut pas
19 en user avec ses parents d'une manière plus horrible.
20 - Ô Pangloss ! s'écria Candide, tu n'avais pas deviné cette abomination ; c'en est fait, il
21 faudra qu'à la fin je renonce à ton optimisme. - Qu'est-ce qu'optimisme ? disait Cacambo.
22 - Hélas ! dit Candide, c'est la rage de soutenir que tout est bien quand on est mal." Et il
23 versait des larmes en regardant son nègre, et, en pleurant, il entra dans le Surinam.

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