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Les registres littéraires

Vous indiquerez à quel registre appartient chacun des extraits suivants et vous préciserez
quels sont les éléments qui vous ont permis d’identifier ces registres.
1.
DON RODRIGUE .— Sous moi donc cette troupe s’avance,
Et porte sur le front une mâle assurance.
Nous partîmes cinq cents ; mais par un prompt renfort
Nous nous vîmes trois mille en arrivant au port,
Tant, à nous voir marcher avec un tel visage,
Les plus épouvantés reprenaient de courage !
Corneille, Le Cid, IV, 3, 1637.

2.
ROMÉO. – Ah ! chère Juliette, pourquoi es-tu si belle encore ? Dois-je croire que le spectre de la
Mort est amoureux et que l'affreux monstre décharné te garde ici dans les ténèbres pour te
posséder ? … Horreur ! Je veux rester près de toi, et ne plus sortir de ce sinistre palais de la nuit ;
ici, ici, je veux rester [...] ! Oh ! c'est ici que je veux fixer mon éternelle demeure et soustraire au
joug des étoiles ennemies cette chair lasse du monde…
W. Shakespeare, Roméo et Juliette, V, 3, 1597.

3.
Stanislas se regardait continuellement avec une sorte de satisfaction de haut en bas, en vérifiant
le nombre des boutons de son gilet, en suivant les lignes onduleuses que dessinait son pantalon
collant, en caressant ses jambes par un regard qui s’arrêtait amoureusement sur les pointes de
ses bottes. Quand il cessait de se contempler ainsi, ses yeux cherchaient une glace, il examinait
si ses cheveux tenaient la frisure ; il interrogeait les femmes d’un œil heureux en mettant un de
ses doigts dans la poche de son gilet, se penchant en arrière et se posant de trois-quarts,
agaceries de coq qui lui réussissaient dans la société aristocratique de laquelle il était le beau.
H. de Balzac, Illusions perdues, 1837-1843.

4.
Je deviens fou. On a encore bu toute ma carafe cette nuit ; -- ou plutôt je l’ai bue ! Mais, est-ce
moi ?
G. de Maupassant, Le Horla, 1887.

5.
Objet infortuné des vengeances célestes
Je m’abhorre encore plus que tu ne me détestes.
J. Racine, Phèdre, 1677.

6.
Le mois passé, pendant la recrudescence du choléra, on a trouvé une mère et ses quatre enfants
qui cherchaient leur nourriture dans les débris immondes et pestilentiels des charniers de
Montfaucon !
V. Hugo, Discours sur la misère, 1849.
7.
Ô douleur ! Ô douleur ! Le Temps mange la vie,
Et l’obscur Ennemi qui nous ronge le cœur
Du sang que nous perdons croît et se fortifie !
Ch. Baudelaire, « L’Ennemi », Les Fleurs du Mal, 1857.
8.
Lorsque dans la même personne ou dans le même corps de magistrature, la puissance législative
est réunie à la puissance exécutive, il n’y a point de liberté.

Montesquieu, De l’esprit des lois, 1748.


9.
Le merveilleux de cette entreprise infernale, c’est que chaque chef des meurtriers fait bénir ses
drapeaux et invoque Dieu solennellement avant d’aller exterminer son prochain.

Voltaire, article « Guerre », Dictionnaire philosophique, 1764.


10.
J’écoutais les chants mélancoliques des bergers qui me rappelaient que dans tout pays le chant
naturel de l’homme est triste, lors même qu’il exprime le bonheur. Notre cœur est un instrument
incomplet, une lyre où il manque des cordes, et où nous sommes forcés de rendre les accents de
la joie sur le ton consacré aux soupirs.

F. R. de Chateaubriand, René, 1802.


11.
Ce qui se conçoit bien s’énonce clairement
Et les mots pour le dire arrivent aisément.
N. Boileau, L’Art poétique, 1674.
12.
Mon pauvre recueil
Tu portes ma misère et tu portes mon deuil […]
Et n’aie pas honte de tes taches
Ce sont mes larmes

Ovide, Les Tristes, 9-12 ap. J. C.


13.
HARPAGON – Hé ! dis-moi donc un peu : tu n'y as point touché ?
VALÈRE – Moi, y toucher ! Ah ! vous lui faites tort, aussi bien qu'à moi ; et c'est d'une ardeur toute
pure et respectueuse que j'ai brûlé pour elle.
HARPAGON (à part) – Brûlé pour ma cassette !
VALÈRE – J'aimerais mieux mourir que de lui avoir fait paraître aucune pensée offensante : elle
est trop sage et trop honnête pour cela.
HARPAGON (à part) – Ma cassette trop honnête !
VALÈRE – Tous mes désirs se sont bornés à jouir de sa vue, et rien de criminel n'a profané la
passion que ses beaux yeux m'ont inspirée.
HARPAGON (à part) – Les beaux yeux de ma cassette ! Il parle d'elle comme un amant d'une
maîtresse.
Molière, L’Avare, V,3, 1668.

14.
Cette rue, maintenant peu fréquentée, chaude en été, froide en hiver, obscure en quelques
endroits, est remarquable par la sonorité de son petit pavé caillouteux, toujours propre et sec, par
l’étroitesse de sa voie tortueuse, par la paix de ses maisons qui appartiennent à la vieille ville, et
que dominent les remparts. Des habitations trois fois séculaires y sont encore solides, quoique
construites en bois, et leurs divers aspects contribuent à l’originalité qui recommande cette partie
de Saumur à l’attention des antiquaires et des artistes. Il est difficile de passer devant ces
maisons sans admirer les énormes madriers dont les bouts sont taillés en figures bizarres et qui
couronnent d’un bas-relief noir le rez-de-chaussée de la plupart d’entre elles.
H. de Balzac, Eugénie Grandet, 1834.

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