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Le Sénégal vers un piège populaire ?

-L’atmosphère du Sénégal est devenue irrespirable. Le Sénégal traverse une période de trouble
incertaine et l’on peut dire même si l’on ne veut pas être fort pessimiste que notre démocratie
est un embryon avorté. La liberté totale et l’autonomie absolue que je réclame sont en réalité
piétinées. L’avènement qui nous happe pourrait totalement bouleverser le régime politico-
identitaire. L’actualité qui fait verser aujourd’hui des salives dans les réseaux, les médias
sénégalais et internationaux n’a aucunement sa raison d’être au 21ème siècle. Nous sommes
devenus un autre, au-delà de nous-mêmes, alors que nous étions inscrits dans un mouvement
collectif qui pensait et vivait en unissons et en harmonie. Le danger qui guette serait celui de
l’identité populaire ou de l’ethnicisme. Le point de départ est souvent une marginalisation, voire
des préjugées ou un classement social faisant gonfler la colère d’un groupe, qui pour s’exprimer,
a besoin de délimiter l’espace d’un combat contre une cible définie et de proposer des signes
de violences canalisant enfin sa colère. Cela semblerait commencer en mars 2021, où le fait de
convoquer un seul leader politique avait montré qu’un nouveau groupe était né, en colère, un
groupe lié à une compassion soudaine. Il n’y avait pourtant pas grand-chose pour que celui-ci
soit fier de cette unité brusque et colérique. Cette unité se dissipa d’autant plus vite qu’on le
pensait. Il s’agit de mouvement symbolique et collectif structurant psychologiquement la
confiance et l’estime de soi malgré le contexte déprimant. Dans le feu de l’action, d’une colère
qui éclate soudain, il n’est pas rare que la stabilité ou la cohésion entre individus d’un même
groupe soit rompue et que tout aille à la vitesse accélérée d’une identité réductrice. Il faut donc
d’urgence trouver des solutions car la rancœur, la rage et la haine se libèrent et s’installent à
travers les cœurs des sénégalais. Il faut agir, il est temps d’agir, car plus un individu est
psychologiquement fragilisé ou socialement défavorisé, plus le risque est grand, il devient
prisonnier de sa passion et construit un petit monde autour de lui contre le monde qui l’a rejeté.
L’identité est une question contemporaine, qui selon moi, est une notion très agaçante et
dangereuse. Elle peut se trouver partout et presque nulle part. Celle-ci serait une erreur morale,
voire même politique. Le problème avec la modernité telle qu’elle s’exprime dans le monde
entier, en particulier dans certains pays africains, fondé sur la politique, ne doit en aucun cas
inspirer le Sénégal, connu très longtemps dans un mode de vie paisible et harmonieuse. Il faut
cependant comprendre combien ce type de piège était difficile à saisir par beaucoup de sociétés
qui sont aujourd’hui dans le chaos. Il n’y a point de paix dans les larmes et le silence a toujours
parlé très fort. Alors si un mot était prononcé, un cri poussé, une lettre écrite, ou plus exactement
des paroles amplifiées par nos régulateurs sociaux, je pense qu’on n’en serait pas arrivé à cette
phase. Je crie fort que je suis le Sénégal, un cri qui pousse comme une foudre pour décharger
ce qui est dans mon cœur. -Mon pays va mal et mes dirigeants ne vont guère mieux. Ma jeunesse
est négligée et abandonnée à elle-même, elle est sans espoir et est considérée comme une
marionnette, voire un produit à utiliser ou une machine d’accouchement de paroles ignobles
pour défendre le maître dans les réseaux sociaux.
- Je crie fort que ma constitution est une constitution de contre-valeurs, utilisée par les
gouvernants comme un mécanisme de contrôle pour leurs biens ou de règlement de compte
basé sur une liquidation d’adversaires politiques. Mes dirigeants rebelles n’ont plus de valeurs
traditionnelles pour façonner les jeunes. La démocratie de mon pays est fragilisée et bafouée.
-Certains intellectuels de mon pays sont défroqués et sont des tricheurs et corrompus. Ils sont
des complices souvent planqués à l’étranger en jouant de l’arrogance dans les médias étrangers.
Certains régulateurs sociaux et chefs religieux ont été démasqué et pourtant, ils se considéraient
comme de petits « Dieux terrestres ». De partout montent des enfermements catégoriels ou
communautaires de marginalisation comme autant de nos politiques sont aussi des malheureux
endurés, affamés et prêts à s’en servir à tout prix. L’identité est une donnée politique que l’on
utilise de nos jours pour s’affirmer devant autrui et nous tous savons que seule la religion reste
aujourd’hui le seul point que l’humanité n’ose pas maltraiter. Certes, je ne sais pas pourquoi,
mais ce n’est pas aussi simple. Alors tout en demeurant attentif aux potentialités des pièges
modernes : enfermements identitaires, sectaires, ethniques, religieuses, il nous faut développer
une vigilance accrue, car le Sénégal est riche en ressources naturelles, minières, forestières etc.
Conformément à l’idéal des lumières, c’est la raison ou le bon sens « die Vernunft » qui nous
différencie des animaux ! Cependant, je m’adresse à vous, vous qui êtes dotés de cette «
Vernunft » !
Par Dr. Mbagnick SENE, Professeur d’Allemand à l’institut LCQS, Enseignant vacataire à
l’Université Iba Der Thiam de Thiès.

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