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LA COMMUNICATION AU SEIN DU COUPLE

Le conjoint est choisi en fonction de nous-même, de nos blessures du passé que nous cherchons à
réparer mais également de nos bons souvenirs que nous cherchons à répéter. Le choix se fait à la
fois consciemment mais également pour une grande partie, inconsciemment.
Au début de la relation, nous cherchons à séduire l’autre et l’autre cherche à nous séduire. On
décrypte les codes qui nous permettent d’y arriver et il en est de même pour le conjoint. Puis, le
temps s’écoule, la séduction a fait son effet et la peur de perdre l’autre devient moins prégnante.
On ressent moins la nécessité de continuer à le séduire en essayant de lui apporter ce qu’il attend
et progressivement, chaque conjoint va se recentrer sur lui-même. Le focus sera moins sur l’autre
et ses attentes (comme dans la séduction) mais se situera davantage sur moi et mes besoins.
A ce moment-là, nous serons dans l’attente que l’autre nous satisfasse et gare à lui s’il échoue, nous
lui exprimerons nos frustrations par des attaques cinglantes.

Le manque de dialogue
Le manque de dialogue dans le couple témoigne des positions autocentrées des partenaires :
chacun est centré sur lui-même.
Savoir communiquer de manière constructive n’est pas chose aisée et certains ne connaissent pas
les clés pour y parvenir. Cela nécessite de bonnes capacités d’introspection et également d’analyse
des situations.
Certains auront également une tendance particulière à utiliser le déni comme mécanisme de
défense psychique et fuiront la discussion plutôt que l’affronter : face à une angoisse, ils
préféreront poser un voile imaginaire sur le problème pour faire comme s’il n’existait pas.
Ces différentes raisons peuvent expliquer le manque de dialogue dans le couple et le thérapeute
conjugal devra repérer celles qui concernent le couple qu’il traite. Avec ses outils d’analyse et
d’intervention thérapeutique, il offrira aux conjoints la possibilité de rétablir la communication.

L’incompréhension mutuelle
Lorsque la communication a lieu mais qu’elle n’apparaît pas constructive, lorsque le couple se
parle mais de manière agressive où chacun reste camper sur ses positions, cela signifie que la
communication s’effectue à travers la dispute. La dispute devient le canal de communication du
couple et le thérapeute devra (ré)apprendre au couple à communiquer autrement.
Ne plus employer le « tu » mais le « je », savoir exprimer ses ressentis et savoir formuler une
demande. Se décentrer aussi de soi, écouter l’autre, accepter sa différence et lui exprimer de la
bienveillance sans chercher systématiquement à se comparer à lui.
Et si nous changions de perspective… Au lieu d’essayer de changer l’autre à notre propre image,
si nous voyions d’un bon œil ses différences ? L’autre n’est pas moi et tant mieux car cela enrichira
notre couple. Quel bénéfice notre couple peut-il tirer de nos différences ?
Ces questionnements possibles et ces outils sont ceux du thérapeute de couple qui aidera les
conjoints en thérapie à modifier leur manière de communiquer ensemble.

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Les conflits et les violences
La colère peut être déclenchée par plusieurs facteurs : frustration, injustice, peur, angoisse d’être
abandonné, impression de ne pas être compris, sensation de se heurter à un mur ou à la mauvaise
foi de son interlocuteur, etc.
Là encore, le thérapeute devra trouver la raison sous-jacente à la colère que le couple évoquera
en séance. Si nous considérons que la colère est une réaction à la sensation que l’une de nos
valeurs n’a pas été respectée, la question se pose de savoir laquelle. Pour quelle raison me suis-je
mis en colère ? Quelle valeur me concernant ai-je revendiqué l’existence à travers ma réaction ?
Ces questions sont celles que le thérapeute posera à la personne qui s’est mise en colère pour
l’aider à verbaliser son ressenti.
Exprimer son ressenti par la colère défoule sur le moment mais, une personne accusée se sentira
humiliée, aura tendance à se révolter et sera peu encline à entamer une conversation paisible et
constructive ; de plus, elle conservera en elle une blessure de cette attaque.
C’est pourquoi il est important de savoir exprimer ses ressentis par des mots et en formulant une
demande et non pas, par des reproches mettant l’autre en échec.
Bien évidemment, malgré toute la perméabilité possible du couple en thérapie et de sa bonne foi,
il arrive que « les mots dépassent la pensées » et si des blessures ont eu lieu, il est important de
reconnaître sa part de responsabilité et de formuler des excuses à l’autre, lui témoignant ainsi
considération, compréhension et volonté de ne plus réitérer ces blessures.
Il existe par contre, des personnalités dites « rigides » qui, quant à elles, ne se remettront pas en
question : il s’agit par exemple des personnalités paranoïaques ainsi que des pervers narcissiques.
Le paranoïaque est persuadé d’être une victime. Le délire peut porter sur différents points (la
jalousie par exemple) et le conjoint aura beau faire tous les efforts possibles pour le rassurer, cela
ne suffira jamais car le paranoïaque vit psychiquement dans une réalité qui n’est pas la réalité
objective. Seule l’intervention d’un psychiatre avec un traitement médicamenteux peut aider le
paranoïaque à sortir de son délire ; pour améliorer ses relations de couple avec une personnalité
pathologique de type paranoïaque, ce recours médical sera indispensable. Très souvent, la
paranoïa se révèle après la trentaine et il n’est pas rare de voir des conjoint(e)s formuler leur
incompréhension du changement qu’ils ont constaté brusquement chez leur partenaire qu’ils
connaissent depuis longtemps.
En ce qui concerne les pervers narcissiques, la tâche sera plus ardue pour espérer une
amélioration. Le pervers narcissique est au fond de lui, tellement infériorisé qu’il compense par
un complexe de supériorité mégalomaniaque. Il finit par croire, en partie, en ce personnage
supérieur qu’il s’est créé et ne supporte aucune contradiction, aucune frustration, ni par son
partenaire, ni par un quelconque thérapeute.
Pour mieux se narcissiser, il aura besoin de détruire l’image que l’autre de lui-même.
Au début de la relation, il le séduira car le pervers narcissique est un très bon manipulateur et
maîtrise parfaitement les codes sociaux pour obtenir la sympathie des autres.
Progressivement, il créera de la dépendance chez l’autre : demande en mariage peu de temps
après la rencontre, proposition que l’autre arrête de travailler sous prétexte qu’il ou elle paraît
fatigué(e), etc. Tous les prétextes sont bons pour enfermer l’autre dans la relation et l’isoler de
son entourage qui sera d’ailleurs toujours critiqué par le pervers narcissique. Pour y arriver, il
utilisera un semblant de bienveillant qui n’aura de réel qu’en apparence : « Tu te fais avoir par tes

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copines, tu sais elles ne te respectent pas, tu devrais t’en éloigner ». « Je n’irai pas à l’invitation de tes
parents, tu sais ils me mettent mal à l’aise, fais comme tu veux toi, si tu veux y aller ».
Le conjoint bienveillant, ayant la volonté de satisfaire l’autre et de le rendre heureux, se laissera
enfermer sans comprendre ce qui se passe vraiment.
Puis les premières critiques vont tomber sans crier gare et vont être suivies de réassurances
toutes autant humiliantes : « Ne t’inquiète pas, tout le monde peut dire une ânerie ». « Regardez-moi
ça, elle se vexe, la petite chérie ! Qu’elle est mignonne… Mais non, je n’ai pas dit que tu étais bête !
Viens là que je t’embrasse. Voilà, tu es consolée ? »
Sa victime (parce que nous pouvons parler de victime subissant des violences psychologiques) est
déstabilisée, elle ne sait plus où elle en est et surtout, elle ne sait plus qui elle est vraiment. Est-
elle stupide comme son partenaire le lui montre ? Heureusement est-il là pour elle.
Progressivement, elle va finir par le croire.
Le pervers narcissique sait montrer ses qualités et pour la victime, elles vont primer sur ses
défauts : « C’est vrai qu’il se met en colère des fois mais à côté de ça, c’est un papa tellement génial
avec nos enfants ».
Et par culpabilité, la victime le laissera faire, elle s’oubliera elle-même et se comportera pour
essayer de satisfaire l’autre. Elle fera tous les efforts pour regagner son respect, son admiration et
son amour, évidemment sans succès, puisqu’il a besoin, avant tout, de l’écraser à chaque instant.
Une chose est certaine : tout ce que fait la victime pour plaire au pervers échouera, forcément. Son
égoïsme lui permet de ne jamais avoir de compassion, ni d’état d’âme.
Il n’y a donc aucune raison que le comportement du pervers narcissique puisse s’améliorer. La
seule solution pour résoudre ce problème est la mise à distance. La séparation ou le divorce est
vivement conseillé : le conjoint maltraité ne sera pas protégé complètement du harcèlement mais
ne sera plus en première ligne. Le silence aux mails incendiaires, appels téléphoniques nocturnes
et autres lettres d’insultes est l’unique arme en partie efficace avec le dépôt de plaintes et le
recours à la justice, seule chose que le pervers narcissique craigne véritablement. L’objectif pour
la victime sera de se libérer de l’emprise du pervers narcissique et elle aura indéniablement
besoin d’être suivie psychologiquement pour se reconstruire une image de soi après toutes ces
destructions. Une fois l’emprise terminée, le partenaire victime devra effectuer un travail
d’introspection pour répondre à la question : « Quel regard ai-je moi sur moi-même ? En réalité, qui
suis-je vraiment ? ».
Le thérapeute, dans le cadre d’un suivi individuel l’aidera sur les questions de son identité, de son
image de soi, de son fonctionnement affectif, de son positionnement dans ses différentes relations
interpersonnelles et de ses facultés à s’affirmer et à mieux communiquer de manière assertive.

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La Communication Non Violente (CNV)
(Marshall B. Rosenberg)

Principe général
Communication constructive, tournée vers la bienveillance pour l’autre et pour soi-même.
 Pas de reproche, pas de culpabilisation.
 Savoir verbaliser ses ressentis et savoir demander.
Les quatre étapes de la CNV

Qu'il s'agisse de clarifier ce qui se passe en soi ou de communiquer avec d'autres, la méthode
de la CNV peut être résumée comme un cheminement en quatre temps :
- Observation (O) : décrire la situation en termes d'observation partageable ;
- Sentiment et attitudes (S) : exprimer les sentiments et attitudes suscités dans cette
situation
- Besoin (B) : clarifier le(s) besoin(s),
- Demande (D) : faire une demande respectant les critères suivants : réalisable, concrète,
précise et formulée positivement. Si cela est possible, que l'action soit faisable dans
l'instant présent. Le fait que la demande soit accompagnée d'une formulation des
besoins la rend négociable.

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