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VOLET CULTUREL
DU PROJET
D’ÉTABLISSEMENT
(22)
VOLET CULTUREL
DU PROJET
D’ÉTABLISSEMENT
Sommaire
p.02 ÉDITORIAL Jean-François CHAINTREAU, Ministère de la Culture et de la Communication
Regards croisés
p.05 Les enjeux de l’éducation artistique et culturelle
Jean-Gabriel CARASSO
p.11 Pourquoi une telle démarche au Ministère de l’Agriculture ?
Nathalie PRUDON-DESGOUTTES, Claire LATIL
p.14 Ce que les mot veulent dire…
Jean-Pierre MENU
p.18 Le projet culturel d’établissement : un projet co-construit
Jean-Marc LAURET
L’éducation artistique et culturelle occupe une place qu’il convient de situer dans le
contexte de notre société contemporaine, en interrogeant les concepts art, culture,
enseignement, éducation, et en analysant les objectifs, les enjeux et les conditions de
réussite de sa mise en œuvre.
De plus, nombre de ceux qui se trou- territoriales, nécessité d’évaluation la massification, à la paupérisation
vent aujourd’hui au cœur de ce débat toujours repoussées, incertitudes sur de certaines catégories sociales, au
public, responsables institutionnels le rôle de l’État… Le champ culturel, marché roi et aux luttes d’influences
de toutes sortes, font partie d’une ses élus et ses professionnels s’in- religieuses… Dans ce contexte mouve-
génération qui a souvent connu la réa- terrogent : comment sortir de cette menté, la place de l’art et de la culture,
lité de ces aventures, dans une classe période critique autrement que par les pratiques artistiques individuelles
artistique, un atelier de pratique, un un libéralisme exacerbé qui confierait et collectives, peuvent apparaître
jumelage… Il ne s’agit pas pour eux de au seul marché le soin de réguler ces comme des éléments structurants
défendre une simple idée, fut-elle jus- évolutions ? La réponse la plus simple permettant à nos enfants de vivre et
te, ils défendent aussi une expérience à cette interrogation est, presque tou- de découvrir ensemble d’autres formes
partagée, ce qui est autrement mobili- jours, celle de l’éducation artistique et d’expression que celles auxquelles ils
sateur. Enfin, que l’on apprécie ou non culturelle. Il faut former, sensibiliser les sont souvent réduits. La pédagogie de
ce que fut le plan « Lang Tasca » de publics, dès leur plus jeune âge. C’est projet, l’ouverture sur le monde de la
développement des arts à l’école, dans à l’école qu’il faut confier cette mis- création contemporaine, la rencontre
les années 2000-2002, convenons que sion. De la maternelle à l’université, si des artistes, les partenariats divers
ce programme a mis en lumière l’im- l’éducation artistique et culturelle était avec des institutions et des structures
portance d’une volonté politique dans vraiment généralisée, ce seraient des artistiques et culturelles… sont autant
ce domaine. La suppression brutale de milliers d’enfants, puis d’adolescents d’occasions offertes pour une réappro-
ce projet et des moyens qui l’accompa- et d’adultes, qui se sentiraient concer- priation de l’école elle-même par les
gnaient, par les ministres suivants, est nés par les innombrables propositions enfants et les enseignants. Que la di-
apparue artistiques mension artistique et culturelle ait été
comme mises en intégrée (après une âpre bataille) dans
une faute D’une part l’éducation : place sur le « socle commun des connaissances »
à de très qu’est-ce qu’on transmet à nos les ter- adopté par le ministère de l’Éducation
nombreux ritoires. nationale, est un signe positif de cette
partenai- enfants ? Quels contenus, quelles Musées, évolution. On notera que la préoccu-
res. « Une valeurs, quelles connaissances ? concerts, pation de l’éducation artistique et
connerie » spectacles culturelle est aujourd’hui internatio-
précisera vivants, bi- nale. L’UNESCO s’en est emparée lors
même un député UMP 1 peu suspect de bliothèques, cinémas, cirques… seraient d’une récente rencontre à Lisbonne,
complaisance avec le gouvernement de assaillis par des hordes de jeunes affa- un symposium international s’est tenu
gauche de l’époque. Paradoxalement, més d’art et de culture, généreusement à Paris sur les questions d’évaluation,
ce recul institutionnel pourrait avoir accompagnés par des enseignants en- l’Observatoire des politiques culturel-
favorisé la prise de conscience collec- thousiastes, compétents et pertinents, les a rendu compte de certaines expé-
tive, faisant apparaître l’absurdité de ce à la fois passeurs et médiateurs, eux- riences internationales dans un récent
retour en arrière. mêmes parfaitement formés à cette numéro de sa revue. La liste n’est pas
fonction nouvelle. Je force à peine le exhaustive.
La seconde raison est liée à l’état
trait sur le rêve partagé. La réalité ris-
des politiques culturelles dans notre Ajoutons, enfin, une quatrième rai-
que d’être plus complexe.
pays et au « malaise de la culture2 » si son de nature plus sociale. Les émeutes
souvent évoqué. Depuis le milieu des La troisième raison est éducative. de décembre 2005 dans les banlieues
années 80, date des premières études Ce n’est plus pour justifier une politi- de nos villes ont montré combien les
sur les « pratiques culturelles des Fran- que culturelle mais pour faire évoluer, questions du lien social et de l’intégra-
çais » réalisées par le département des profondément, le système éducatif tion se trouvaient, chez nous, particu-
études et de la prospective du ministè- lui-même, que l’éducation artistique lièrement vives. Une part importante
re de la Culture qui démontraient que et culturelle est aujourd’hui invoquée. de la jeunesse se trouve (se situe) en
seule une part minoritaire de la popu- C’est que l’école, convenons-en, inquiè- marge d’une vie sociale « normale »,
lation (environ 20 %) fréquentait les te et interroge tous ceux qui l’obser- aux prises avec les difficultés cumu-
institutions culturelles, jusqu’à la crise vent avec objectivité. Loin de moi l’idée lées, de l’urbanisme, de la précarité, de
des intermittents du spectacle, déclen- qu’il s’agirait d’une « fabrique de cré- la langue, de l’échec scolaire, du consu-
chée en 2003, les signes n’ont pas man- tins » ou mérisme
qué d’un bouleversement important que Mai exacerbé,
dans ce secteur. Stagnation des publics, 68 et son D’autre part, la culture : du chôma-
difficultés d’élargissement social, supposé qu’est-ce qu’on partage ? ge, de la
explosion de l’offre artistique, diver- « laxisme » entre nous, entre générations ? violence…
sité des formes, métissages des arts, serait la La voiture
nouvelles technologies, multiplication cause de qui brûle
des festivals, développement du nu- toutes les dérives et les difficultés d’un remplace le poème ! La course-pour-
mérique… mais aussi décentralisation, système éducatif en faillite. Ces accu- suite avec les CRS tient lieu de jeu de
prise en charge croissante des ques- sations caricaturales sont entachées piste ! La délinquance rajeunit chaque
tions culturelles par les collectivités de relents idéologiques réactionnaires jour. Hier, c’est un enfant de onze ans
que je ne partage pas. Pour autant, qui se faisait arrêter au volant d’une
il est évident que le système scolaire voiture « empruntée » ! Face à cette
français peine à s’adapter aux évolu- situation explosive, la tentation est
1 Dominique Paillé, Député UMP tions du monde, aux nouvelles tech- grande de rechercher tous les moyens
lors d’une rencontre au TEP le 11 décembre
nologies, aux diversités culturelles des d’un retour au calme, à la concorde,
2006
populations, à l’influence croissante au dialogue, à la civilité (j’allais dire
2 « Le malaise de la culture ». Marc Bélit Sé-
guier Ed. 2007 de la télévision sur les imaginaires, à civilitude !). Les sports et les arts sont
Regards croisés 7
alors convoqués pour la paix sociale. le travail, la religion, le territoire, la na- quoi sont-ils distincts, et solidaires. Je
Qu’ils courent, qu’ils sautent, qu’ils se tion… tout est remis en cause en ce dé- suggère de considérer le schéma ci-
dépensent physiquement, qu’ils tapent but de siècle. Deux éléments majeurs dessous.
dans un ballon ou qu’ils dansent, qu’ils sont donc questionnés. D’une part,
L’art est une activité humaine ver-
« rapent », qu’ils « slament », qu’ils s’es- l’éducation : qu’est-ce qu’on trans-
ticale, archaïque et permanente, qui
sayent à met à nos
pousse des individus (des artistes) à
Marivaux, enfants ?
Disons, pour simplifi er, que si « l’art Quels approfondir et à élever sans cesse leur
Molière ou
c’est la chose », la culture c’est « le contenus, mode d’expression par la recherche
à quelques
et la création de formes singulières.
improvi- rapport à la chose ». quelles
L’art est une démarche d’expression
sations valeurs,
qui se caractérise par la production
théâtrales quelles
d’œuvres symboliques. il est naturel,
personnelles et ce sera toujours ça connaissances ? et comment le fait-on,
heureux et souhaitable que nos socié-
de pris. Pendant ce temps-là, les voi- avec quelle pédagogie ? D’autre part,
tés permettent et accompagnent de
tures ne brûleront pas ! L’éducation la culture : qu’est-ce qu’on partage ?
telles démarches, indispensables à la
artistique et culturelle, à l’école mais entre nous, entre générations ? L’édu-
vie sociale elle-même. Les responsables
également dans les quartiers, les as- cation artistique et culturelle apparaît
s’honorent de mener, en ce sens, des
sociations, les centres de vacances, est donc comme une réponse possible
politiques artistiques de soutien à la
aussi un outil majeur d’expression de au carrefour de ces deux enjeux de
création. une « éducation artistique »
la jeunesse et d’intégration sociale. Du la période. Mais de quoi parlons-
concerne principalement cet aspect
moins l’espère-t-on. nous exactement ?
des choses : il s’agit d’expérimenter
chacune de ces explications est, en puis de développer une capacité à la
partie, parfaitement fondée. L’édu- production de « formes », pour chaque
cation aux arts et à la culture (par les
arts et la culture) peut effectivement
2 - Le vocabulaire jeune concerné.
La culture, à l’inverse, fonctionne
répondre à la fois aux enjeux culturels,
dans une dimension horizontale. elle
éducatifs et sociaux qui lui sont assi-
Deux couples de mots, souvent indique le rapport que chaque individu
gnés. elle peut contribuer à la forma-
utilisés les uns pour les autres, parfois entretient (ou non) à la création artis-
tion des publics et à leur élargissement,
les uns contre les autres, méritent tique. Disons, pour simplifier, que si
au développement des individus et à
d’être interrogés. D’une part, l’art et la « l’art c’est la chose », la culture c’est
leur émancipation individuelle comme
culture ; d’autre part, l’enseignement « le rapport à la chose ». cette relation
à l’apaisement de comportements vio-
et l’éducation et leur complément, le peut être plus ou moins large, plus ou
lents ou incivils de certains. nombre
projet et le programme. moins spécialisée, selon l’éducation
d’expériences menées ces dernières
reçue, selon la fréquentation plus ou
décennies ont démontré leur effica-
moins régulière et diverse des œuvres.
cité dans ces différents domaines. et art et culture Les deux pôles majeurs d’une politique
pourtant…
on parle de création artistique, d’en- ou d’une action culturelle sont donc
Au-delà de ces préoccupations légi- seignement artistique, de développe- l’éducation d’une part, la diffusion et
times, les raisons du nécessaire déve- ment culturel, d’action culturelle, de la médiation d’autre part, qui fondent
loppement de l’éducation artistique et politique culturelle… entretenant sans ce que l’on appelle généralement « l’ac-
culturelle sont encore plus essentielles. cesse la plus grande confusion entre cès à la culture. »
elles touchent à la mutation profonde ces termes. Qu’en est-il de l’art et de la La cohérence et la pertinence d’une
que traverse notre société : la famille, culture ? Que signifient ces mots ? en éducation artistique et culturelle vien-
dra de l’équilibre et de la complémen-
tarité entre l’horizontal et le vertical,
ces deux aspects étant aujourd’hui,
très souvent déséquilibrés. c’est
pour cette raison que nous parlons
création aujourd’hui d’une éducation « artisti-
que et culturelle », à la recherche du
meilleur point d’équilibre entre ces
deux notions.
art
diffusion/ enseigneMent
éducation et éducation
culture Médiation
Deux pôles, eux aussi distincts et
complémentaires, structurent les pra-
tiques pédagogiques : l’enseignement
et l’éducation. convenons que tous
les enseignements relèvent (devraient
recHercHe relever !) de l’éducation. Pour autant,
l’éducation ne saurait se réduire aux
seuls enseignements, moins encore
aux méthodes magistrales qui les
8 Regards croisés
Claire LATIL
chargée de mission réseau « animation et développement culturel » au BVIE.
Nous avons dans l’enseignement Alors précisément, quel est tout en restant au plus près de leurs
agricole une culture « historique » du l’intérêt de préconiser la dé- enjeux et de leurs préoccupations. Tel
travail par projet, qui tient sans doute établissement implanté sur un territoi-
marche de projet ?
à nos racines, aux valeurs d’éducation re à fort héritage historique, industriel
populaire qui ont présidé à la création ou patrimonial et ayant développé des
de cet enseignement spécifique dans liens dans ce sens doit préserver cette
« Je hais les cœurs pusillanimes
lequel enseigner c’est d’abord aiguiser identité voire la déployer davantage
qui, pour trop prévoir, n’osent rien
la réflexion de l’élève par des métho- dans le cadre de la structuration de
entreprendre1. »
des actives d’apprentissage ; c’est aussi son projet d’établissement, et à plus
faire émerger des connaissances par Essayons de montrer que pour forte raison, dans le cadre de son pro-
le travail pluridisciplinaire des ensei- habile qu’elle soit, cette citation de jet d’animation et de développement
gnants inscrit dans la quasi-totalité des Molière ne trouve pas nécessairement culturel.
référentiels de formation. sa justification dans le cadre de projets
Ainsi, le travail par projet permet de
collectifs où précisément prévoir, donc
L’institution, quant à elle, n’est pas construire de l’innovation, de laisser
projeter, est souvent la condition pour
restée en dehors de cette démarche de place à une certaine forme d’origina-
bien entreprendre.
projet, elle en est au contraire partie lité, de créativité des équipes péda-
prenante tant à l’échelle de l’établis- La culture du projet met en œuvre gogiques tout en préservant le cadre
sement (projet d’établissement, projet des politiques publiques - ici d’édu- institutionnel commun.
vie scolaire et bien sûr projet d’ani- cation - en le soin aux équipes de
Cela permet également tant aux
mation et de développement culturel construire leurs actions en fonction
équipes qu’à l’institution d’avoir une
« PADC ») qu’au plan de l’organisation d’un cadre méthodologique commun
lisibilité des actions ou des politiques,
administrative (projet régional de l’en-
dans le temps, puisqu’un projet a une
seignement agricole, projet stratégique
durée déterminée à l’issue de laquelle
de la DGER) .
1 in Les Fourberies de Scapin, de Molière. une évaluation doit être conduite.
12 Regards croisés
C’est tout l’enjeu du volet culturel du que disent alors les textes formation professionnelle agrico-
projet d’établissement autrement ap- régleMentaires qui annon- les publics, a déjà installé le cadre
pelé PADC. général de réflexion d’un volet
cent voire accoMpagnent
« animation des territoires » dans
une demande institutionnelle faite et encadrent pour certains le projet d’établissement :
aux équipes repose donc sur politique d’entre eux, la réflexion sur « Mettre en œuvre la mission d’ani-
éducative qui vise à rendre cohérente le padc ? mation et de développement des
« pour soi et pour les autres » l’anima-
territoires suppose donc de la part
tion et les actions culturelles conduites • La loi traitant du «développement des établissements d’enseigne-
par l’établissement, autrement dit des territoires ruraux» du 24 fé- ment agricole, l’élaboration d’une
qui vise à structurer au sein de l’éta- vrier 2005 4 renforce le rôle et l’im- véritable stratégie d’actions en la
blissement le dispositif d’éducation plication territoriale des établisse- matière : il s’agit bien d’impulser un
socioculturelle dans son ensemble, et ments d’enseignement agricole en projet porté par tous les acteurs de
à l’extérieur de l’établissement les par- précisant que le projet d’établisse- l’établissement en cohérence avec
tenariats en matière culturelle, sociale, ment définit notamment les « mo- le projet régional de l’enseignement
environnementale, etc. dalités de la participation de l’éta- agricole. »
blissement au développement des Le PADc, support de cette di-
L’injonction administrative de réali-
territoires dans lequel il s’insère. » mension « animation » dans
ser un projet d’établissement2 a pour
vertu la généralisation du dispositif • La circulaire sur les PREA5 précise l’établissement, doit s’intéresser
à tous les acteurs, ainsi tous les éta- les conditions de mise en place des à ce volet «développement des
blissements d’enseignement et de projets régionaux de l’enseigne- territoires » et se construire en
formation professionnelle agricole ment Agricole. un PreA constitue intelligence avec lui et avec les
doivent élaborer et évaluer leur « projet le projet stratégique de l’ensei- partenaires culturels, sociaux, en-
d’établissement » avec comme périmè- gnement agricole dans une région, vironnementaux, interlocuteurs
tre la déclinaison des cinq missions de à ce titre il doit à la fois décliner la habituels du dispositif d’animation
l’enseignement agricole3 . politique nationale de l’enseigne- socioculturelle.
ment agricole et s’inscrire dans • La dimension « animation du ter-
le schéma global des formations ritoire » du volet culturel du projet
de la région. cette démarche pré- d’établissement peut croiser éga-
serve, voire encourage, la spécifi- lement d’autres problématiques,
cité de chaque PreA en fonction notamment celles portées par la
des contextes régionaux puisqu’il mission de coopération internatio-
s’agit de donner tout son sens à nale de l’enseignement agricole.
la déconcentration de l’enseigne- cette mission précisée par la circu-
ment agricole. L’administration laire du 26 juin 20017 est déclinée
centrale rappelle d’ailleurs dans de manière très différente selon
cette circulaire qu’il ne lui « appar- la culture de l’établissement mais
tient pas de fixer un cadre rigide elle peut être structurante pour
pour la formalisation du PREA ». le PADc dans certains cas : « La
ce dispositif stratégique s’inscrit coopération internationale dans
bien dans une démarche de projet les établissements d’enseignement
avec les étapes de concertation, de agricole est diversifiée dans ses
diagnostic, d’objectifs opération- formes. Elle s’appuie sur l’expertise
nels et d’évaluation à mettre en globale que les établissements
place. D’autre part, il interagit de de l’enseignement agricole ont
fait avec le projet d’établissement su développer. Elle comprend des
puisqu’il « constitue un cadre pour domaines d’intervention différents
les directeurs d’établissement dans qui peuvent coexister au sein d’une
leur propre démarche (de projet) ». même action et entre lesquels
Ainsi, le PreA constitue bien un ca- aucune hiérarchie ne doit être éta-
dre de référence pour le PADc, no- blie : l’éducation et la formation,
tamment dans sa partie « anima- le développement et l’animation,
tion des territoires » qui doit être l’ingénierie des dispositifs de forma-
intégrée et contextualisée dans tion, la recherche. (..) La conduite
2 circulaire DGer/sDePc/c2005-2015 du 19 l’élaboration du volet culturel. d’un projet international recouvre
octobre 2005 • A ce titre, la circulaire du 29 mars des dimensions culturelles, linguis-
3 • Assurer une formation générale, technologi- 20056 sur la mission d’animation tiques, éducatives, scientifiques,
que et professionnelle initiale ou continue
et de développement des terri- technologiques, économiques et
• Participer à l’animation et au développe-
toires de l’enseignement et de la sociales ».
ment des territoires
• contribuer à l’insertion scolaire, sociale et
Le PADc dans ses dimensions
professionnelle des jeunes et à l’insertion d’éveil à la citoyenneté, de sen-
sociale et professionnelle des adultes 4 Loi n°2005-157 du 23/02/2005 relative au sibilisation aux enjeux culturels
• contribuer aux activités de développement, développement des territoires ruraux traverse les problématiques liées à
d’expérimentation et de recherche appliquée 5 circulaire sur les Projets régionaux de l’ensei-
• Participer à des actions de coopération gnement Agricole DGer/sDePc/c-2005-2014
internationale, notamment en favorisant les du 19 octobre 2005
échanges et l’accueil des élèves, apprentis, 6 circulaire du 29 mars 2005 DGer/ 7 circulaire du 26 juin 2001 DGer/FoPDAc/
étudiants, stagiaires et enseignants. FoPDAc/c-2005-2003 c2001-2008
Regards croisés 13
Les « projets pour l’animation et le dé- un cadre aménagé et des locaux spéci- « ALESA » dans l’enseignement agrico-
veloppement culturel » (PADC) qui se fiques, qu’on peut y remarquer çà et là le, associations de lycéens, conseillées
mettent en place dans le cadre des pro- un artiste en résidence (un plasticien dans le cadre de leur service, par les
jets d’établissements ont déjà une his- du land-art, une compagnie de cirque, professeurs d’éducation sociocultu-
toire, et elle est singulière : ils concer- un photographe…) on mesure en ef- relle. Un soutien qui peut faire la dif-
nent un système d’enseignement qui fet la singularité de ce dispositif dans férence, et qui se conçoit comme un
dépend du ministère de l’Agriculture, l’enseignement français. Bien sûr, il ne prolongement, sous une forme souple
et ce sont portés par des enseignants concerne qu’un peu plus de deux cents et associative, des actions de forma-
« d’éducation socioculturelle ». Que le établissements. À cette échelle il s’agit tion culturelles et artistiques initiées
lecteur non averti ne s’y trompe pas, d’un laboratoire pour le système édu- pendant le temps scolaire. Actions qui
ce contexte spécifique et cet intitulé catif, qui en a grand besoin. Comment, elles-mêmes présentent une certaine
n’est pas le signe d’un dispositif rin- en effet, ne pas voir les impasses des souplesse, puisqu’elles s’inscrivent
gard ou au rabais. Il est au contraire politiques de démocratisation artisti- en partie dans des ateliers ou projets
profondément moderne et performant. que et culturelle, alors que le champ qu’un « PADC » peut orienter.
Les professeurs d’éducation sociocul- éducatif est en prise aux difficultés
« Développement culturel »… Ce ter-
turelle sont des professeurs certifiés, liées en partie aux mutations cultu-
me a été choisi pour signifier qu’il s’agit
souvent surdiplômés, et dont le service relles contemporaines : montée du
à la fois du développement personnel
présente un aspect radicalement no- consumérisme et homogénéisation des
des lycéens et du développement
vateur, souligné dernièrement par la pratiques culturelles, mondialisation et
local. Car l’enseignement agricole a
« commission Pochard » chargée d’une perte d’identité, perte de sens, violen-
aussi pour mission (c’est dans la loi) de
étude sur le métier d’enseignant. Un ces sous toutes leurs formes, y compris
participer à l’animation et au dévelop-
tiers de ce service est dévolu à des interculturelles…
pement des territoires. Cette mission
activités d’animation, les deux autres
Projet pour « l’animation et le déve- s’exerce bien sûr en synergie avec la
tiers sont intégrés à la formation des
loppement culturel » et non « projet mission de formation, dont elle oriente
lycéens par le biais de référentiels
culturel » tout court… « Animation » et certaines actions. Au niveau culturel,
centrés sur le champ social et culturel
non « médiation »… Si l’on entend par outre l’inscription de l’EPL dans le tissu
(éducation artistique, éducation à
médiation l’action de mettre en rela- des partenaires (institutionnels, terri-
l’image et aux médias, à la dimension
tion compréhensive un public et une toriaux, associatifs) cela signifie que
culturelle des territoires, éducation à
œuvre, un artiste, un dispositif artisti- ces actions peuvent avoir une retom-
la prise de responsabilité et à l’autono-
que ou culturel, oui, alors tout projet bée en matière d’animation locale. Par
mie1). Si l’on rajoute le fait que chaque
doit avoir sa part de médiation. Mais ce exemple un centre de ressources, une
établissement a un internat, une as-
n’est pas suffisant : il faut aussi savoir salle d’exposition, mis à la disposition
sociation des lycéens, qu’il est le plus
créer des dynamiques (le plus souvent du public, une programmation de ciné-
souvent implanté en milieu rural dans
collectives) sans lesquelles il n’y aura ma, de spectacles vivants dans l’amphi-
pas d’initiative et d’autonomie, et donc théâtre (il y en a un dans chaque EPL),
de réinvestissement. C’était le projet mais aussi la mise en valeur de patri-
1 Lire sur le site internet esc@les, métier : ESC,
le référentiel professionnel du professeur des « Maisons des lycéens » à l’Édu- moines agricoles, ruraux, et paysagers
d’éducation socioculturelle (circulaire du 21 cation Nationale. C’est le projet des car le « culturel » englobe ici, et dans
mars 2006)
Regards croisés 15
L’éducation
socioculturelle
État des lieux
des pratiques et impacts
Inspection de l’enseignement agricole : rap-
port au Directeur Général de l’Enseignement et
de la Recherche – avril 2007
Panorama
Le positionnement de l’éducation socioculturelle est original, à la
croisée de plusieurs disciplines, dans le champ de l’enseignement
et dans celui de l’animation, dans la formation générale et humaine
et dans la formation professionnelle spécifique à l’enseignement
agricole, dans des domaines qui, à l’education nationale restent
les référentiels de l’éducation sociocul- souvent en marge… cette originalité est aujourd’hui un élément
turelle, son acception ethnologique. de la culture et de l’identité de l’enseignement agricole, alors que
d’autres spécificités s’estompent peu à peu. elle se traduit d’ailleurs
Ainsi, loin d’être un anachronisme par des profils divers chez les enseignants d’éducation sociocultu-
ou une vaine complication, l’appel- relle, pour la plupart porteurs d’un vécu professionnel, d’expérien-
lation « projet pour l’animation et le ces sociales et culturelles riches et diversifiées.
développement culturel » est char-
gée d’un sens porteur de globalité. il
suppose que, dans le cadre du projet UnE COMPOsAnTE DE fORMATIOn DE L’EnsEIGnEMEnT AGRICOLE
d’établissement, soit fédérés plusieurs BIEn IDEnTIfIÉE DAns LEs RÉfÉREnTIELs
objectifs culturels et sociaux, complé-
mentaires, dans le cadre de la forma-
Depuis la rénovation pédagogique de 1985, l’esc a précisé ses
tion comme dans celui de la vie sco-
champs d’intervention, définis autour de trois grands objectifs :
laire. cette diversité est d’autant mieux
l’éducation à l’environnement social et culturel, l’éducation artisti-
prise en charge que le plus souvent
que, la communication humaine et l’animation.
il y a deux enseignants d’éducation
socioculturelle par établissement (ils ces trois domaines sont largement interdépendants et leur prise
sont 540 titulaires pour 210 ePL) et que en compte globale donne sa cohérence à l’action de l’éducation
naturellement des professeurs d’autres socioculturelle.
disciplines sont porteurs de projets cette exigence de globalité n’induit pas une approche super-
culturels. ficielle des différents champs concernés. ceux- ci sont définis de
manière exigeante à partir de plusieurs sciences sociales (psycho-
Dans le cadre de ce projet il est ainsi
logie sociale, sociologie, anthropologie, ethnologie), à partir des
possible de mobiliser les compéten-
méthodes et techniques de l’éducation artistique et de celles de
ces, les ressources et les partenaires,
l’animation socioculturelle traditionnelle.
pour mieux anticiper et coordonner les
champ important de l’esc, l’éducation à l’image et aux médias
actions culturelles, en fonction d’une
fait l’objet d’apprentissages systématiques et incontournables à
stratégie et des besoins des publics.
chaque niveau de formation (ce qui n’est pas le cas à l’education
on aura donc compris que l’histoire nationale). Quant à l’éducation artistique, sa mise en œuvre par
des PADc est celle de l’éducation socio- l’esc, est aujourd’hui reconnue, y compris dans les filières Bac Pro-
culturelle, créée il y a quarante ans par fessionnel où la co-délivrance du diplôme avec l’education natio-
des politiques visionnaires, intégrant nale aurait pu exiger un enseignement d’arts plastiques appliqués.
les principes de l’éducation populaire
et l’éducation nouvelle, et depuis, l’en- DEs PRATIQUEs D’EnsEIGnEMEnT fAvORIsEnT DEs MÉTHODEs
semble des dispositifs qui concourent à PÉDAGOGIQUEs ACTIvEs ET PLURIDIsCIPLInAIREs
une démocratisation en matière d’édu-
cation artistique et culturelle.
Les professeurs d’esc conduisent une pédagogie s’appuyant sur des
méthodes actives : activités d’observation, d’analyse, d’expression,
de communication et de réalisation.
16 Regards croisés
ces activités relèvent de modu- et de l’engagement citoyen. UnE DYnAMIQUE D’InsERTIOn sCO-
les d’enseignement général dans la • La dynamique pédagogique : les LAIRE fAvORABLE À L’IMAGE DE L’EPL
plupart des cas, mais aussi, d’ensei- pratiques d’animation « contri-
gnements professionnels (secteurs buent à donner du sens aux en- La dynamique d’animation joue un
des services, de l’aménagement, de la seignements théoriques » ; elles rôle important dans l’insertion scolaire
protection de la nature). La plupart des s’appuient sur une pédagogie du (pédagogie de la réussite). De toute
enseignants conduisent des activités projet dans un cadre de « décloison- évidence, les projets (Pus, Pic) comme
pluridisciplinaires ou y sont associés nement entre les classes » innovant. les animations génèrent une qualité de
par exemple pour l’approche du ter-
vie perçue par les apprenants. Les in-
ritoire : observation en 4ème , 3ème DEs PRATIQUEs QUI s’InsCRIvEnT ternes en sont sans doute les premiers
et BePA, analyse en bac professionnel DAns L’ÉTABLIssEMEnT, DAns LEs bénéficiaires mais pas les seuls. Le
et technologique, diagnostic en BtsA TERRITOIREs ET DAns LEs MIssIOns sentiment d’appartenance à une com-
avec l’histoire-géographie, les sciences
munauté naît de la pratique collective
économiques et sociales, la biologie- Les pratiques d’enseignement et d’ani- dans un double mouvement : l’appre-
écologie, l’agronomie, etc. mation sont mises en œuvre à travers nant trouve sa place dans l’établisse-
un ensemble d’activités diversifiées ment et dans le même temps, par la
DEs PRATIQUEs D’AnIMATIOn ORGA- dans le cadre des référentiels de forma- diffusion des produits de l’animation, il
nIsÉEs AvEC DEs ÉLèvEs vOLOnTAIREs tion, de la fonction d’animation et des appréhende la place que tient l’établis-
ET, DE PLUs En PLUs, AvEC DEs GROU- missions de l’enseignement agricole. sement dans son territoire.
PEs CLAssEs
Certaines actions marquantes sont Par rebond, l’implication des lycéens
il est constaté que le temps imparti citées par les directeurs d’EPL enquêtés : et apprentis dans la vie de l’établisse-
à des activités d’animation mises en • Actions dans l’établissement : pré- ment a un retentissement positif sur
œuvre pour des élèves volontaires dans vention santé, aménagement de l’image de l’ePL dans son environne-
le cadre des heures dégagées à l’em- lieux d’exposition, journées portes ment. « L’identification de l’établisse-
ploi du temps -activités associatives ouvertes, atelier cirque, atelier ment comme lieu de vie et d’échange »
et apprentissage de la citoyenneté, d’écriture… agit comme « une dynamique indispen-
ateliers d’expression etc.. - est égal à • Actions d’animation des territoires : sable pour le recrutement. ».
celui consacré à des activités reliées à soirées contes, marché médiéval,
des groupes classes (Pus1, Pic2, Module La construction d’une image de soi
marché aux fleurs, radio locale, positive, l’épanouissement personnel
d’initiative locale), ou à de la médiation festival des petits riens, arts aux
artistique en complément de certains sont mis en avant par une grande
champs… majorité des directeurs. en effet, les
référentiels (Lycéens au cinéma, à
l’opéra..). • Participation aux missions : l’Afri- pratiques privilégiées en esc permet-
que Noire s’invite, écoles sénégalai- tent l’expression de la créativité per-
Questionnés sur les pratiques d’ani- ses, club UNESCO… sonnelle, rendent l’apprenant acteur
mation dans la vie de l’établissement les ces actions sont parfois supports, de ses apprentissages par le biais de
directeurs évoquent : parfois outils mais toujours moyens productions collectives et individuelles
• L’insertion scolaire : animation de d’éducation et de formation, contri- valorisées dans et hors l’établissement.
l’internat, sentiment d’appartenan- buant le plus souvent au projet d’éta-
Les partenariats s’en trouvent
ce à la communauté éducative blissement, à la vie du territoire ou à
renforcés. L’intérêt porté par les par-
l’accomplissement des missions.
• L’image de l’établissement : les tenaires aux actions proposées par
pratiques d’animation concou- l’établissement permet de pérenniser
rent largement à la bonne image
de l’établissement au travers de
Singularité et des collaborations financières et des
actions qui fidélisent des publics exté-
« l’identification de l’établisse-
ment comme un lieu de vie et
impacts de l’ESC rieurs à l’établissement. cette recon-
naissance de la part des partenaires les
d’échange », elles génèrent « une
dynamique indispensable pour le
dans la perfor- amène à demander à ce que l’établis-
sement soit engagé à leur côté sur les
recrutement » mance des éta- actions qu’ils proposent. c’est le cas
• La valorisation des champs éduca- des organisations professionnelles qui
tifs : l’éducation culturelle participe blissements sollicitent les ePL pour leurs propres ac-
à l’ouverture sur l’extérieur parce tions de communication avec le risque
que l’établissement devient lieu de Que ce soit au travers de la dimen- dans certains cas, d’une instrumenta-
diffusion culturelle ; l’éducation à sion « enseignement » ou de celle de lisation des activités des apprenants.
la citoyenneté par la découverte de « l’animation » il ressort clairement des certains enseignants peuvent, du coup,
solidarités et par l’implication, la questionnaires et des entretiens en avoir le sentiment de « travailler plus
prise d’initiative et la construction établissement que l’esc participe très pour l’institution que pour les élèves
progressive de l’esprit d’entreprise nettement à la performance de l’ensei- eux-mêmes »
gnement agricole dans trois domaines
importants :
Des pratiques favorisant l’in- critique », « on a appris à voir où il peut observer que la mobilisation de
sertion sociale et l’éducation faut regarder, à comprendre où est l’établissement autour de pratiques
citoyenne le message » disent des élèves. culturelles, d’actions d’animation, lui
donne une visibilité territoriale, sou-
• Les compétences comportementa- La méthodologie de projet déclinée vent relayée par les médias locaux, et
les telles que : « autonomie, sens différemment selon les niveaux de qui vient en complément d’actions plus
du travail d’équipe et de l’écoute », formation permet que ces compéten- économiques et technologiques de
« prise de responsabilité dans un ces soient mises en œuvre de manière développement et d’expérimentation.
système associatif » sont acquises collective par tous les apprenants à un
par le biais de la démarche de pro- moment de leur formation. L’animation des territoires
jet. Présentes dans les référentiels
des diplômes, ces capacités irri- Une ouverture artistique Les exemples donnés par les établisse-
guent tant les pratiques d’ensei- et culturelle unanimement ments traduisent une évolution assez
gnement que celles d’animation. reconnue nette vers le réinvestissement des
pratiques apprises au contact des pro-
• La prise de responsabilités au sein
Grâce à une offre institutionnelle riche fessionnels de la communication, de la
de l’association des élèves (ALESA)
(DRAC, offre culturelle institutionnelle médiation culturelle au bénéfice des
développe également des compé-
et associative…) les pratiques artisti- populations locales. La qualité des ac-
tences entrepreneuriales dont les
ques proposées dans les EPL touchent tions d’animation est nettement visée.
jeunes responsables font claire-
tous les domaines, des arts plastiques
ment la preuve dans les entretiens Le champ d’action s’élargit par
au théâtre, des ateliers d’écriture aux
que nous avons pu mener. Dans la ailleurs aux cultures professionnelles
programmations cinématographiques.
mesure où ils se sentent aidés par lorsque des projets permettent la
Seuls les établissements d’enseigne-
les adultes (particulièrement les valorisation
ment et de formation agricoles, grâce
enseignants d’ESC), ils dévelop- • de pratiques traditionnelles (res-
à la souplesse de l’ESC, permettent de
pent assez rapidement une matu- tauration d’un atelier brassicole) ;
relayer de manière continue cette of-
rité dans les tâches de prévision,
fre culturelle à destination de tous les • du patrimoine bâti (remise en
d’organisation qui leur facilitera
apprenants. fonctionnement d’un four à pain) ;
grandement l’entrée dans la vie
professionnelle. • de projets innovants (exposition
L’immersion dans des pratiques sur le développement de la filière
• L’analyse des actions menées mon- artistiques culturelles variées bois-énergie).
tre une tendance forte à l’ouver-
ture sur des pratiques mettant en
Les pratiques d’enseignement de Lorsque, par ailleurs, les formations
lien des générations différentes :
l’ESC, dans la mesure où elles ne se de l’EPL comportent une composante
on trouve autant de projets tour-
limitent pas à un face à face de nature forte en techniques d’animation (BTSA
nés vers les plus jeunes (écoliers,
transmissive favorisent le contact SER3 , GPN4 , TC5 …) l’engagement des
collégiens) que vers les personnes
direct avec les œuvres, les artistes. apprenants au travers des actions com-
âgées. De même, le partage des
Dans la majorité des établissements merciales des PIC, constitue un atout
cultures fait l’objet d’un nombre
les enseignants d’ESC assurent une puissant pour la reconnaissance des
croissant d’actions ; sont citées par
véritable médiation culturelle entre formations par les professionnels.
exemple des actions de coopéra-
tion Nord-Sud. les apprenants et le territoire culturel.
Les prolongements qu’ils trouvent
• Les PUS permettent de rendre les
dans l’animation leur permettent de
« élèves acteurs de prévention »,
construire une approche cohérente et
condition essentielle, comme
permanente à destination de tous les
l’a montré le sociologue Robert
apprenants.
Ballion de la pertinence et de
l’efficacité d’une politique de pré- Notons que l’engagement des
vention en matière de santé et de établissements dans ces partenariats
citoyenneté. Les directeurs d’EPL culturels concourt également à la
ont d’ailleurs cité ces actions parmi construction d’une image positive
celles qu’ils jugeaient exemplaires. auprès des prestataires institutionnels
• La construction de compétences
en matière de maîtrise des outils Des actions d’animation renfor-
de l’information et de la commu- çant la visibilité territoriale des
nication traverse tous les référen- établissements
tiels des diplômes, et la part de
l’ESC est essentielle. « Quand on La place qu’occupe un EPL dans son
lit un journal, avec tout ce qu’on a territoire se construit par un ensemble
fait en ESC, on ne lit pas du même d’actions composites desquelles il est 3 Service en Milieu Rural
point de vue, on a un esprit plus difficile d’extraire l’ESC pour mesu- 4 Gestion et Protection de la Nature
rer son seul impact. Néanmoins, on 5 Technico-Commercial
18 Regards croisés
Le projet culturel
d’établissement :
un projet co-construit
Jean-Marc LAURET
Chef du département de l’éducation, des formations, des enseignements, et des métiers.
Délégation aux développements et aux affaires internationales (DDAI).
Ministère de la Culture et de la Communication
Le projet culturel
d’établissement,
un projet
co-construit
Le projet des établissements scolaires
doit comporter un volet culturel. ce
volet culturel ne saurait se limiter à la
liste des actions que les enseignants
souhaitent conduire dans le cadre de
leur classe. il concerne l’ensemble de
l’établissement et au-delà l’ensemble
• Les missions d’animation et de
de la communauté éducative, et c’est
l’ensemble des enseignements qui doit
Les atouts de développement culturel, la mission
de coopération internationale
être irrigué par une dimension artisti-
que et une dimension culturelle. établi
l’enseignement • Le rôle des ALesA (association
sur le long terme, il permet d’envisager
un parcours pour chaque élève qui, à
agricole dans des lycéens, étudiants, stagiaires
et apprentis) et la place centrale
terme, le construit en tant qu’individu
et citoyen, mais aussi lui permet de
le processus mis qu’elles occupent dans la vie des
établissements.
s’approprier des connaissances, des en œuvre. • L’éducation au développement
savoir-faire, des repères dans l’histoire durable : qui fait de ce concept un
des civilisations. La diversité des expé- moteur de l’action des établisse-
riences sensibles vécues à travers les Au regard du ministère de la culture,
l’enseignement agricole possède de ments dans la vie des territoires
pratiques artistiques, la rencontre des sur lesquels ils sont ancrés.
artistes et des œuvres mais aussi des forts et évidents atouts qui peuvent
faire de lui un partenaire essentiel dans • un corps d’enseignants compé-
différents acteurs culturels qui vivent
la mise en œuvre de cette politique qui tents et formés en éducation
et travaillent sur le territoire partici-
nécessite une redéfinition des prati- socioculturelle capables de penser
pent de ce projet.
ques partenariales et de ses enjeux : les parcours éducatifs en adéqua-
De même, un projet d’établisse- • une institutionnalisation déjà tion avec l’environnement social
ment, aussi pertinent, ambitieux, ancienne de l’éducation artisti- et disposant d’un volant d’heures
généreux soit-il, ne saurait être achevé que et culturelle affirmée dans de destiné à construire des projets
sans qu’il ait été pensé en synergie nombreux textes et circulaires et et coordonner les initiatives en
avec les autres acteurs du territoire et jamais démentie : le protocole2 de matière culturelle (c’est un modèle
tout particulièrement les structures coopération d’avril 2002 et la note que le ministère de la culture sou-
culturelles. de service3 de 2007 qui en souli- haiterait voir se généraliser à tous
gnent le lien avec le projet d’éta- les établissements scolaires)
en effet, les directions régionales
des affaires culturelles établissent blissement, le référentiel de métier • une organisation souple et une
avec les diverses structures culturelles de l’éducation socio-culturelle 4 , les pédagogie encore largement no-
un cahier des charges précis compor- circulaires5 2014 et 2015 de 2005 vatrice appuyée sur le projet et
tant pour ces structures, l’existence qui précisent le cadre de sa mise la réussite qui encourage l’initia-
d’un projet éducatif. ce projet qui en application et les modalités tive individuelle au bénéfice du
définit les orientations et la politique d’élaboration et d’évaluation. collectif.
d’éducation artistique et culturelle de • • L’enseignement par modules et
la structure en direction des jeunes objectifs généraux qui autorise
publics, s’articule avec les projets des l’approche pluridisciplinaire et fa-
établissements d’enseignement du 2 Protocole de coopération entre le ministère de vorise la mise en œuvre de projets
territoire dans une démarche partagée. la culture et le ministère de l’Agriculture signé transversaux.
Le ministère de la culture soutiendra le 15 avril 2002
dorénavant via ses services déconcen- 3 ns DGer/sDPoFe/n2007-2002
trés, essentiellement les actions qui 4 circulaire DGer/sDePc/c2006-2002 du
s’inscriront dans un tel schéma. 21/03/2006
5 circulaire DGer/sDePc/c2005-2014 du
19/10/2005 et circulaire DGer/sDePc/c2005-
2015 du 19/10/2005
20 Regards croisés
Évaluation :
Aucune politique ne saurait
aujourd’hui être mise en œuvre sans en
mesurer les résultats à l’aide d’indica-
teurs appropriés. En matière d’éduca- l’éducation artistique et culturelle
tion artistique et culturelle l’évaluation a-t-elle pour objectif d’améliorer les
si elle se révèle souvent difficile n’est performances scolaires, de lutter contre
pas pour autant impossible.
l’échec scolaire etc. ou d’apprendre aux
Il faut évidemment commencer
par se demander ce que l’on veut me-
enfants à « habiter poétiquement la
surer. Nous avons réuni un panel de terre » selon l’expression de Hölderlin ?
chercheurs venus du monde entier en
janvier 2007 au centre Pompidou afin
de procéder à un état des lieux de la
recherche en matière d’évaluation de
l’impact des actions d’éducation ar-
tistique et culturelle sur les enfants et
les jeunes. Il est difficile de résumer en
Projet,
Evaluation :
Quelle
Methodologie ?
p.22 Y-a-t-il un pilote dans le
dispositif d’éducation so-
cioculturelle ?
Joël TOREAU
• qui ne serait pas évalué, qui n’a C’est pourquoi l’accompagnement des
donc ni critères ou indicateurs de équipes d’établissement est une préoccu-
Voir dans le PADC un exercice acadé- pation de l’École Nationale de Formation
réussite et surtout pas par les usa-
mique ou bureaucratique -comme on Agronomique de Toulouse, à travers :
gers alors que nous n’arrêtons pas
l’entend parfois-, c’est, on le voit, faire
de les évaluer ?
l’impasse sur les enjeux éducatifs dont ✔✔ des sessions de formations inter-
la référentialisation est porteuse : c’est À l’inverse, et c’est à mon sens la régionales inscrites au Programme
oublier que le PADC est l’occasion de vertu principale de la référentialisation, National de Formation, centrées sur la
mettre en cohérence les valeurs et les la référentialisation est construction référentialisation du dispositif local,
actions. Il y a en effet trois bonnes rai- de valeurs, et l’élaboration du PADC
sons de poser la question des valeurs : est l’occasion de refonder le projet de ✔✔ des sessions régionales, à l’invitation
• la circulaire sur le projet d’éta- l’éducation socioculturelle des élèves des réseaux régionaux, pour travailler
blissement demande à la com- dans les établissements. sur l’articulation des PADC avec le vo-
munauté éducative d’énoncer ses let culturel du projet régional,
D’une part elle amène à construire
valeurs de référence : non pas seu- collectivement des plans d’action, qui, ✔✔ un travail de recherche-action avec
lement de belles valeurs vagues et à travers les critères et indicateurs, des établissements (en Midi-Pyré-
générales, mais les valeurs que se définissent la manière dont la mission nées et ailleurs) et bientôt quelques
donne cette communauté, dans ce éducative sera exercée, au nom de la régions,
contexte, dans ce territoire, avec responsabilité de l’école devant les
ces élèves. Le choix de ces valeurs jeunes qui en sont les usagers. D’autre ✔✔ une série de travaux en cours sur le
n’est pas anecdotique : c’est l’affir- part, les processus d’élaboration eux- protocole de référentialisation (avec
mation politique du sens de l’insti- mêmes sont l’occasion d’éprouver Gérard Figari, professeur à l’université
tution, de son utilité sociale et de les valeurs qu’on affiche, à travers P. Mendès-France de Grenoble)
ses orientations stratégiques. les modalités mises en place13 , et tout
• l’activité de l’enseignant fait qu’il particulièrement la « démarche partici- ✔✔ des travaux spécifiques de sociologie
est un « travailleur sur autrui »11, pative » du projet d’établissement, ou de la jeunesse, avec une série d’en-
ou, pour parler comme Lévinas12, les instruments qui permettront une quêtes auprès des jeunes des établis-
qu’il est « responsable même de la « évaluation partagée ». sements (menés par Philippe Sahuc,
responsabilité d’autrui ». L’orien- sociologue à l’ENFA)
On voit qu’on est loin d’une simple
tation de ses choix doit nécessai-
démarche qui viserait à compiler des ✔✔ la production d’outils méthodolo-
rement s’appuyer sur une éthique
actions pour produire un effet d’affi- giques (notamment sur la phase de
partagée et communicable.
chage. L’écriture du PADC devrait être diagnostic) et de ressources diffusées
• le processus même d’élaboration conduite comme une action d’ani- en ligne.
du PADC doit être l’occasion de mation de l’établissement, mobiliser
travailler ces valeurs en cohérence à différents moments différentes
avec les valeurs portées par l’ESC. catégories d’acteurs ou de partenai-
res, combiner temps de débats et de
Peut-on en effet accepter de péren- réflexion, temps artistiques et cultu-
niser un dispositif : rels, temps austères de formalisation et
• qui n’aurait pas fait l’objet d’une temps festifs de partages culturels.
construction partagée de l’équipe
éducative alors que l’ESC travaille
sur les « dynamiques sociales » et
promeut le collectif ?
L’entrée éducative :
la culture comme
expérience et rencontre
Alain Kerlan
Institut des Sciences et Pratiques d’Éducation et de Formation, Université Lumière Lyon 2
artistes en résidence dans les écoles ment dans le champ social. Ce mouve-
Introduction : maternelles, des études sur la place ment n’est pas limité à l’école ni même
de l’art dans les collèges menées dans à l’éducation au sens large. Il gagne
« D’où je parle1 » le cadre du laboratoire de recherche de nombreux pans de la société : de
auquel je suis rattaché, l’UMR Édu- l’hôpital à la prison, de l’entreprise aux
cation et politiques (Lyon2/INRP), ou banlieues chaudes ou pas, voilà l’art et
Il me semble utile en premier lieu de encore le dispositif très singulier de les artistes requis, attelés volontaires
préciser quelle est ma posture théori- l’École des Mines, appelé Artem (pour à la tâche éducative et réparatrice.
que, philosophique : je m’intéresse et art technique et management). De la Cette faveur nouvelle de l’art a même
réfléchis tout particulièrement, en phi- maternelle à l’université, en somme… désormais une dimension quasi-mon-
losophe de l’éducation, à la montée de diale ! C’est l’enseignement que je tire
l’art et de la culture dans le champ édu- L’intérêt pour l’art en éducation
d’un récent Symposium international
catif et social. J’y vois et j’y interroge le connait donc une vogue grandissante.
tenu à Beaubourg sur l’évaluation des
développement et la signification de Vous êtes peut-être vous même surpris
pratiques artistiques et culturelles :
ce que j’appelle la politique éducative et sceptique face à l’espèce d’unanimi-
d’un bout de la planète à l’autre les
de l’art et de la culture. Ma thèse la té qui a succédé à l’indifférence sinon
politiques éducatives misent sur l’art
plus générale est que nous assistons à l’hostilité… Supposez qu’après une
et la culture.
à l’essor, dans le champ éducatif, d’un très longue absence, quelques dizaines
paradigme esthético-culturel, alternatif d’années, vous rentriez au pays, et ob- Je dois néanmoins faire aussitôt état
au paradigme rationnel-scientifique. serviez les changements apparus dans de mon sentiment paradoxal face aux
C’est, très brièvement résumée, la le domaine de l’école, du travail social, activités artistiques et culturelles dans
thèse que je développe dans L’art pour de l’édu- le champ
éduquer ? La tentation esthétique, et qui cation. scolaire.
se trouve à l’arrière-plan des propos qui Qu’ob- L’intérêt pour l’art en éducation Je l’ai
vont suivre. serveriez- souvent
vous ? Je
connait donc une vogue dit, je vais
Quelques mots concernant mes crois que grandissante. donc me
objets empiriques sont sans doute éga- vous seriez répéter ;
lement nécessaires. Pour l’essentiel, je frappés de la place nouvelle qu’y ont mais je ne crois pas que cet embarras
m’appuie sur l’analyse et l’évaluation pris l’art et les artistes, d’une certaine me soit propre. Il m’arrive quelque-
de dispositifs d’éducation artistique et mobilisation de l’art et des artistes fois d’être au musée au moment où
culturelle qu’il m’est donné d’étudier des classes sont en visite. Et je dois
dans le champ éducatif2 , et plus large-
comme le dispositif lyonnais du centre confesser la perplexité dans laquelle
Art Enfance et langages, accueillant des ce moment me plonge : à la fois je
me réjouis de cette ouverture au plus
2 Cf. Alain Kerlan, L’art pour éduquer ? La tenta- grand nombre, de la démocratisation
1 Ce texte est issu d’une communication orale ; tion esthétique, Québec, Presses de l’Univer- d’une culture artistique longtemps
je lui ai laissé ce caractère. sité Laval, 2004.
Projet, évaluation : quelle méthodologie ? 27
mais bien celle d’une éducation foi à noyer le bébé dans le bain où ouverture et humanisme en demeu-
générale. l’on voudrait l’encenser. J’en suis rent les termes phares mis en avant
Au fond, seul l’art serait pleine- pour ma part arrivé à cette idée par ses promoteurs. À quoi s’ajoute un
ment, totalement éducatif, sur le qu’il faut désormais cesser d’entrer argumentaire de la « créativité ».
plan de l’éducation personnelle dans cette rhétorique inflationniste
si l’on se tourne à présent vers les
comme sur celui de l’éducation des illustrations et bienfaits de l’art
professeurs de collège engagés dans
sociale et politique. L’art pour l’ac- et de l’expérience esthétique, qui
les pratiques artistiques et culturel-
complissement de l’harmonie hu- parle de tout, sauf de l’essentiel,
les, les propos ne diffèrent guère. Les
maine et de l’harmonie politique, sauf de l’expérience esthétique elle-
justifications avancées conjuguent la
l’intégration de soi et l’intégration même.
thématique de l’égalité des chances
sociale. La politique éducative des
– l’art au profit des apprentissages né-
arts puise dans cette doctrine ro-
cessaires à la réussite scolaire –, avec
mantique de la vocation éminem-
ment éducative de l’art.
Paroles d’acteurs la conviction d’un nécessaire desserre-
ment de la forme scolaire, et la consi-
3. un troisième type d’argument est dération d’un nouvel univers culturel
en effet d’inspiration romantique, on aboutit à des considérations sem- où baigne la jeunesse contemporaine.
voire heideggerienne : l’art, nous blables quand on écoute et analyse le L’instrumentation et le pragmatisme
en avons besoin pour rééquilibrer, propos des enseignants et de tous les des apprentissages font ainsi bon mé-
réorienter une culture et un rap- acteurs engagés dans des dispositifs nage avec les principes.
port au monde dominés par la d’éducation artistique et culturelle.
et dans les lycées agricoles ? en
technique et la raison instrumen-
Ainsi des enseignants engagés dans dépit des spécificités qu’il serait très
tale, pour réenchanter un univers
le dispositif Art enfance et langages4 . intéressant de dégager, sans doute
muet, vidé de ses dieux, réduit à
L’argumentaire et la rhétorique mo- trouverions-nous dans les discours des
l’utile et à l’utilitaire.
bilisés ne surprennent pas. L’art pour éléments très comparables…
L’aspiration éducative à l’unité
mieux apprendre. Pour ne plus oppo-
trouve en face d’elle un monde
ser l’intelligence et la sensibilité, la
éclaté, morcelé, désenchanté.
réflexion et l’émotion. Pour donner de
comment éduquer si le monde est
épars ? cet argument éclaire la fa-
meilleures chances à l’égalité des chan- Comment avancer ?
ces. Bref , selon toute apparence, une
çon dont ce mouvement en faveur
de l’art dans l’école s’inscrit dans
version critique du modèle éducatif Comment clarifi er ?
républicain, qui n’en relance pas moins
le mouvement général d’un monde
l’ambition sous le drapeau de l’art et
moderne en crise, « désenchanté »,
de l’esthétique. Mais aussi : le travail J’esquisserai deux réponses, d’ailleurs
en quête de repères et de sens.
artistique comme « modèle » possible convergentes :
4. on touche là à un quatrième type du travail enseignant, l’expérience ar- 1) Première réponse : cesser de don-
d’argument : si nous avons besoin tistique partagée comme reconquête ner à l’art et à la culture des objectifs
de l’art pour éduquer, c’est peut- d’une modalité d’existence oubliée. et des finalités toujours extérieures,
être d’abord pour lutter contre le en comprenant qu’ils valent par eux-
ou encore des partenaires d’Artem,
mal qui ronge le monde moderne mêmes. c’est la distinction entre jus-
à l’école des Mines de nancy, à l’épo-
et son éducation : l’insignifiance et tification extrinsèque et justification
que où cette grande école d’ingénieurs
l’indifférence. intrinsèque que fait nelson Goodman.
avait entrepris de donner une forma-
sa réflexion passe par l’analyse des
Deux réflexions me viennent à la (re) tion commune aux ingénieurs (ses élè-
obstacles à une juste reconnaissance
lecture de cet argumentaire : ves), aux artistes (les élèves des Beaux
de la place et du rôle de l’art en éduca-
• une réflexion spécifique : l’intérêt Arts) ; aux « managers » (les élèves
tion. L’intérêt de cette démarche est de
qu’il y aurait à le revisiter, le criti- de l’école supérieure de commerce).
montrer que les obstacles sont aussi
quer, du point de vue de l’univers À entendre les acteurs eux-mêmes,
internes, notamment là où il y a une
de l’enseignement agricole, de étudiants et enseignants, le dévelop-
surestimation de ce que peut et vaut
son histoire et de ses valeurs, liées pement d’une socialité esthétique et la
l’art. J’en retiendrai quatre :
à l’éducation populaire ici peu découverte d’autres modes de pensée
seraient au premier rang des bénéfices • il existe, écrit Goodman, « des ar-
présente.
d’Artem. Par ailleurs ce dispositif d’allu- guments sophistiqués qui insistent
• une réflexion générale (que j’ai sur les avantages psychologiques et
re postmoderne n’exclut nullement le
souvent émise) : trop, c’est trop. A pratiques d’une formation aux arts.
recours aux valeurs et aux idéaux de la
force d’accumuler les promesses D’une telle formation, on suppose
modernité : citoyenneté, responsabilité,
sous prétexte de se justifier, nous qu’elle calme l’esprit, éveille la pen-
plaçons la barre si haut qu’elle sée, accroît le bonheur de la condi-
devient hors d’atteinte ! Je crains tion quotidienne, résout les ten-
qu’on ne contribue en toute bonne 4 Alain Kerlan (dir), Des artistes à la maternelle, sions sociales, etc. Quels que soient
Lyon, scéren/crPD, 2005
30 Projet, évaluation : quelle méthodologie ?
les mérites de ces arguments, leur de l’obstination7 ». Et si l’art possède éventuellement les
principale conséquence - du seul • Dernier obstacle pointé par Good- effets extrinsèques et tous les béné-
fait de leur existence - est d’entre- man, et auquel nous ne pouvons fices éducatifs « collatéraux » qu’on
tenir le soupçon que les arts n’ont rester indifférents : la difficulté, lui prête, ces effets s’enracinent dans
en eux-mêmes aucune valeur5 ». sinon l’impossibilité d’évaluer les cette expérience.
Chacun aura sans doute reconnu effets. « Au point où en sont les Qu’est-ce en effet que l’expérience
au passage un argument qu’il fait choses, dans le domaine artistique, esthétique ? Une expérience première,
sien. Nelson Goodman ne les nie tout effort ou presque peut, de fondatrice, et qui doit comme telle être
pas. Il invite à réfléchir aux effets façon plausible, être tenu pour un nourrie dès l’enfance. Elle est déjà là
collatéraux et aux paradoxes per- succès… Même une attention non dans toute expérience du monde, et
formatifs de notre rhétorique. pertinente ou mal conçue peut le tout premier enjeu de l’éducation
• « Une confusion supplémentaire jouer le rôle d’un placebo efficace,esthétique devrait être, comme le vou-
résulte de l’erreur qui consiste très en améliorant les résultats8 ». Bref,
lait John Dewey, de « rétablir la conti-
souvent à prendre le problème de en termes d’effets de l’art en édu- nuité entre l’expérience esthétique et
l’éducation artistique pour celui de cation, beaucoup d’intuition mais les processus normaux de l’existence »,
la créativité6 ». Cette fois Nelson guère de démonstration. de « restaurer cette continuité entre
Goodamn paraît bien mettre les ces formes raffinées et plus intenses de
La conclusion de Goodman est sim-
pieds dans le plat ! Je note que l’expérience que sont les œuvres d’art…
ple mais décisive : « L’art ne réclame
Goodman ne nie pas le lien de l’art et les événements quotidiens universel-
aucune justification extrinsèque9 ». Ce
et de la créativité. Mais il refuse lement reconnus comme des éléments
qui signifie qu’il ne faut pas sortir de
de superposer ou de confondre le constitutifs de l’expérience10 ». Quelques
l’art et de la culture pour « justifier »
problème de l’éducation artistique interrogations subsidiaires demeurent
l’art et la culture, mais à l’inverse en
et celui de la créativité ; le besoin sans doute.
comprendre la
de créativité, dit-il, n’est pas moins Par exemple
spécificité, en
réel en sciences et techniques, et Quelle fin assigner aux celle-ci : fort
quoi ils sont
pourtant l’enseignement scienti- bien pour l’art,
fique et technique ne saurait se
des expériences dispositifs d’éducation
humaines spéci- peut-être, mais
réduire à cette préoccupation. Je artistique et culturelle ? pour la culture ?
fiques et valant
crois qu’on ferait bien d’y réfléchir. Je note qu’une
pleinement
• Ce que surtout dénonce Goodman, pour elles-mêmes. D’où mon second expression fort
ce sont les conséquences de ce point : répandue – et pas seulement dans la
point de vue dominé par l’idée langue française – pèse ici de façon
de créativité, et l’obstacle qu’elle 2) Seconde réponse : reprendre « à assez encombrante : celle d’ « activités
constitue, comme on le voit dans la base » ce dont il est question, dans artistiques et culturelles ». Elle vous
l’argument suivant : « La suresti- l’expérience même. En revenir au fon- impose un paquet cadeau, « l’arélacul-
mation de la créativité, de l’émo- dement : l’expérience esthétique ture », accolant les deux termes com-
tion, et de l’immédiateté a nourri Il faut donc en revenir à la considé- me si ils étaient une seule et même
l’idée que l’art dépend de la seule ration de ce qui constitue le sol même chose. C’est fort peu satisfaisant, et
inspiration ». Ce à quoi il oppose de l’art et des activités artistiques : assez obscur. L’art et la culture, est-ce
la réalité et la valeur du travail l’expérience esthétique, la conduite la même chose ? Non, même si l’art
artistique : « La réalisation, que ce esthétique. C’est dans l’expérience finit toujours par prendre place dans
soit en physique ou en peinture, esthétique et la conduite esthétique l’ensemble plus vaste de la culture.
en médecine ou en musique, est comme conduite humaine spécifique, Toutefois, je crois qu’on gagnerait à ré-
normalement un processus ardu, rapport au monde irréductible, que se fléchir à l’éducation culturelle en terme
supposant une pratique exercée et trouve la valeur intrinsèque de l’art. d’expérience. Je plaide à cet égard pour
l’idée qu’il y a une « expérience cultu-
relle » comme il y a une expérience
artistique (ou esthétique). J’irai même autonomie, si l’instrumentalisation domi- culturel doit alors articuler le projet des
plus le loin : le problème de l’éducation, ne, non seulement l’expérience culturelle enseignants, le projet des élèves, le projet
c’est peut-être justement qu’elle ne est compromise, mais de plus les élèves des artistes et des intervenants… Ce qui
propose guère aux élèves de véritables peuvent avoir le sentiment d’un marché ne va pas de soi.
expériences culturelles. On peut fort de dupes. Bien des dérives et des écueils
Enfin, et pour conclure sans fermer
bien passer à côté de cette expérience là se situent à ce niveau.
ce chapitre que je ne fais qu’entrouvrir,
comme expérience personnelle en dépit
Le temps de l’évaluation est particu- la principale condition de réussite d’un
des études et des programmes les plus
lièrement révélateur de cette difficulté. projet artistique et culturel est sans
« cultivés ». Pour le dire autrement : la
Pour l’élève, si l’évaluation marque le doute de bien savoir ce qu’on en attend.
tâche d’une véritable éducation culturelle
retour des procédures scolaires dont le De savoir par exemple, lorsqu’il s’agit de
ne devrait-elle pas être d’organiser la ren-
projet et les activités l’avaient libéré, l’intervention d’un artiste dans l’école, ce
contre, de rendre possible pour chacun
comment n’aura-t-il pas le soupçon d’être qu’on en attend pour l’école. Faire appel
la rencontre personnelle avec la culture
dupé ? La question de l’évaluation est à un artiste qui travaillera dans l’école, ce
comme événement, de permettre et d’ac-
bien un écueil redoutable : elle « rescola- n’est pas la même chose que d’y faire en-
compagner l’expérience « vraie » de la
rise » ce que le dispositif avait « déscola- trer un artiste qui travaillera sur l’école…
culture comme rencontre… ?
risé ». C’est aussi que l’évaluation de ce Le premier aura pour visée l’entrée des
Généralisons : quelle fin assigner domaine constitue par elle-même une élèves dans la démarche artistique ; c’est
aux dispositifs d’éducation artistique vraie difficulté, et même, rappelons ce le cas par exemple de la sculptrice Erruti
et culturelle ? En premier lieu celle de qu’en dit Nelson Goodman, un obstacle dans les écoles maternelles de Lyon. Le
permettre aux élèves – mais aussi aux majeur. Bien souvent, sous la commande second fait de l’établissement lui-même
enseignants – d’entrer dans une vraie ou l’injonction d’évaluer, en l’absence son objet d’investigation, son lieu d’in-
expérience artistique et culturelle, orga- d’outils d’évaluation bien appropriés, on tervention, dans une démarche d’art
niser les rencontres formatrices. Nourrir en vient à mesurer… ce que l’on sait éva- « sociologique » ; comme le plasticien
dans l’enfance et l’adolescence cette ex- luer et ce qui demeure la valeur scolaire Arnaud Théval, intervenant dans les ly-
périence là. dominante. On jugera par exemple de cées professionnels de la région nantaise
l’impact des activités artistiques dans pour en interroger l’identité par l’image
une classe maternelle en essayant de photographique. Ni l’expérience esthéti-
mesurer les progrès en langage… De sur- que et culturelle vécue, ni les bénéfices
Conditions de croît, à la demande d’évaluation pédago- en terme de formation et d’apprentissage
gique vient régulièrement se superposer ne seront les mêmes. L’essentiel est de
réussite et écueils. une demande d’évaluation « politique » : savoir ce que l’on vise.
les commanditaires et financeurs tien-
Quelques idées nent à justifier l’investissement consenti
et demandent des comptes…
générales La difficulté et l’ambiguïté de la no-
tion de « projet » est un autre écueil.
J’ai bien conscience qu’il ne suffit pas de Une pédagogie des activités artistiques
poser des principes pour que la mise en et culturelles doit sans doute être né-
œuvre soit assurée. Néanmoins, ce préa- cessairement une pédagogie du projet.
lable théorique, je le crois, possède une Mais l’idée même de projet, même si
réelle portée pratique. elle semble partagée par les partenaires,
recouvrent des conceptions différentes.
Il permet notamment de formuler une L’artiste et l’enseignant, notamment, ne
condition générale pour la réussite d’un parlent pas sous ce même vocable de la
dispositif d’éducation artistique et cultu- même chose, et plus encore ne s’inscri-
relle : qu’il ménage une articulation sou- vent pas dans les mêmes logiques. A la
ple et ouverte avec les objectifs de l’ins- logique programmatique et déductive
titution scolaire (programme, finalités du projet enseignant s’oppose souvent
et objectifs des programmes). Et même la démarche spiralaire et holiste de l’ar-
un décrochage, une autonomie, relevant tiste, une autre liaison entre l’intention
de la justification intrinsèque. Sans cette et l’action, le penser et le faire. Le projet
32 Projet, évaluation : quelle méthodologie ?
Évaluation du programme
«Cultural Hubs»
Sue Hayton,
Hayton Associates, Royaume-Uni
Fiona Forrest,
Arts Council England, Royaume-Uni
points communs ne résident pas dans expériences culturelles destinées • les ressources disponibles dans les
la nature des opportunités culturelles à aux enfants et aux jeunes des éco- écoles et les organismes culturels
proposer – cela étant défini en fonction les participantes ; des Hubs pour l’organisation d’acti-
des besoins et des capacités au niveau • les apprentissages des élèves as- vités culturelles ;
local –, mais plutôt dans la création de sociés à l’art et à la culture et/ou • les rapports déjà existants entre les
partenariats durables et dans la façon produits par ces derniers ; écoles et les organismes culturels
dont les partenaires collaborent dans le au sein de chacun des Hubs ;
• le nombre d’opportunités d’évolu-
but de proposer les programmes.
tion professionnelle permanente • la manière dont les partenariats
Les Cultural Hubs permettent aux des praticiens des secteurs éducatif ont été mis en place et les types de
élèves, aux parents et à la population et culturel. structures de gestion qui en sont
dans son ensemble de travailler avec Notre objet d’étude se résume à la nés ;
des enseignants, des artistes, des bi- question suivante : quels sont les effets • la production prévue pour la pre-
bliothécaires, des documentalistes et de la collaboration entre les secteurs ar- mière année ;
des employés de musée, à la fois dans tistique, culturel et éducatif sur la pro-
• la mise à disposition de l’offre
l’école et hors de l’école. Les praticiens duction d’une offre culturelle destinée
culturelle dans les écoles et l’intérêt
des domaines éducatif et culturel ont aux enfants et aux jeunes scolarisés ?
qu’elle suscite ;
également la possibilité d’évoluer
professionnellement et de réfléchir à • les conditions d’une évolution pro-
leur pratique. Nous espérons que ces fessionnelle permanente mises en
programmes seront riches d’enseigne- Méthodologie place par les écoles, les organismes
culturels et leurs personnels, et la
ments pour les divers organismes et
que, lorsque cela se justifie, ces derniers participation de ces derniers.
modifieront leurs manières de travailler L’évaluation a été conçue en trois pha-
et les programmes qu’ils proposent. ses interdépendantes : Trois méthodes de collecte de don-
nées quantitatives et qualitatives
• Phase 1 : recherche d’un étalon de
ont été utilisées : questionnaire en-
mesure.
voyé par la poste, conseil, recherche
Objectifs • Phase 2 : évaluation annuelle, com-
paraison des résultats avec l’étalon.
documentaire.
Le questionnaire a été diffusé auprès
• Phase 3 : synthèse et rapport final.
de tous les contacts au sein des organis-
Le but des Cultural Hubs est de recher- mes culturels et des écoles participant
cher le modèle de production d’une aux Hubs. Un consultant indépendant
offre culturelle réalisable, destinée aux Phase 1 : recherche
s’est chargé de la partie conseil. Cha-
enfants et aux jeunes ; le noyau en est d’un étalon de mesure
cun des participants issus des écoles,
constitué par un travail de partenariat La recherche d’un étalon de mesure organismes culturels, facilitateurs et
et par une planification collective ef- était destinée à définir une référence agences régionales a été interviewé,
ficaces entre les secteurs culturel et à partir de laquelle les effets du pro- afin de proposer un aperçu de l’étalon
éducatif. gramme pourraient être mesurés. Cette de mesure des Hubs :
Les objectifs de l’évaluation sont de recherche a eu lieu en octobre 2005, • structures de gestion ;
rendre compte, sur une période de trois avant le démarrage des activités des
Cultural Hubs. La période faisant l’objet • processus de prise de décision ;
ans, de l’élaboration et de l’efficacité
de la recherche couvre les deux années • degré d’acceptation des
des modèles de partenariat des Cultural
scolaires 2003-2004 et 2004-2005. participants.
Hubs et de les mesurer. Ils comprennent
une étude de l’impact éventuel des acti- Nous avons tout particulière- Les résultats ont fait l’objet d’un rap-
vités des partenariats sur : ment cherché à réunir des données port confidentiel remis à l’Arts Council
• le nombre et la variété des concernant : (Woolf, 2005).
34 Projet, évaluation : quelle méthodologie ?
Questionnaires
avec assistance
téléphoniques
collectives
Entretiens
ont participé.
Partenaires et participants À partir de ces données, nous pou-
vons tirer des conclusions concernant
la valeur ajoutée ; en revanche, il est
Élèves n n moins facile d’établir des jugements
quant à la réduction de l’activité. Par
Contacts dans les écoles n n n exemple, les résultats peuvent révéler
une baisse du degré de production de
Enseignants n n l’offre culturelle. Cela peut s’expliquer
de plusieurs manières :
Parents n n n 1. Il y a eu réduction de l’activité, ou
bien
Personnel non-enseignant n n
Facilitateurs n n
2. l’activité est restée au même ni- L’étalon de mesure s’est avéré utile portant sur l’étalon de mesure. Les
veau, mais elle a été produite en en montrant avec certitude que les perceptions des facilitateurs quant aux
dehors du Hub, ou bien écoles n’avaient pas prévu ce type de forces et aux faiblesses de certaines
3. le partenariat concerné n’a pas bénéfices. Ces données pourraient être approches de gestion étaient différen-
donné priorité à ces domaines de utilisées pour encourager d’autres éco- tes de celles contenues dans le rapport.
travail, empêchant ainsi toute pos- les et/ou leurs enseignants à participer
sibilité de production de ce travail à des activités similaires, étant donné
au sein du Hub. que les bénéfices individuels semblent
Mesure des résultats concer-
Dans certains cas, il n’existe donc pas ajouter de la valeur à la participation.
nant les apprentissages
de simple corrélation entre les résultats Toutefois, nous nous sommes ren-
présents dans l’étalon de mesure et les Étalon de mesure –
dus compte des limites de l’utilité de
résultats de l’évaluation annuelle. apprentissages des élèves
l’étalon de mesure comme outil com-
Le questionnaire sur l’étalon de me- paratif, dans ce contexte. Nous avons Nous n’avons pas essayé d’élaborer
sure s’est avéré efficace pour la collecte pu observer l’éventail des bénéfices un étalon de mesure des apprentis-
des données quantitatives, qui peuvent obtenus, mais nous n’avons pas élaboré sages des élèves avant le début des
être comparées à celles collectées lors d’étalon de mesure permettant de activités des Hubs, pour les raisons
de la première évaluation annuelle. mesurer l’ampleur et la qualité de ces suivantes :
bénéfices. • L’utilité d’un étalon de mesure
Les données qualitatives, que nous
des apprentissages des élèves
avons quantifiées grâce à un proces-
n’est pas démontrée lorsqu’on ne
sus d’analyse portant sur les mots, les
Intervention de consultants peut pas isoler les effets des Hubs
phrases et les tendances communs, ont
été collectées dans le questionnaire sur concernant l’étalon de d’autres facteurs contribuant à ces
mesure apprentissages.
l’étalon de mesure. Nous avons posé
des questions concernant les bénéfices • Il aurait été trop onéreux de de-
Afin de proposer une description des
tirés de la participation aux Hubs, tels mander aux enseignants d’élabo-
structures de gestion et des processus
que les ont perçus les enseignants, les rer un étalon de mesure pour tous
en place avant la mise en œuvre des
écoles, les organismes culturels, les leurs élèves, puis de comparer les
Hubs et après l’approbation du plan
artistes et les enfants et adolescents. résultats à cet étalon.
de production de la première année,
nous nous sommes appuyés sur les • Les activités des Hubs n’étant pas
Les résultats montrent qu’écoles et
conclusions du rapport des consultants homogènes, un tel étalon ne pour-
organismes culturels ont mis en avant
indépendants et les avons associées à rait pas être utilisé pour une éva-
cinq bénéfices principaux qu’ils espé-
l’étude des relations entre partenaires luation nationale afin de suivre les
raient obtenir en participant aux Hubs :
des Cultural Hubs avant leur démar- progrès individuels des élèves dans
• des résultats concernant les ap- certains types d’activités.
rage, étude réalisée dans le cadre du
prentissages des élèves ;
questionnaire sur l’étalon de mesure. Nous avons donc collecté les infor-
• une participation plus facile et mations concernant les apprentissages
plus variée ; Les résultats obtenus pour l’étalon
des élèves directement auprès de ces
de mesure se sont avérés très utiles
• une évolution professionnelle derniers, de leurs enseignants, de leurs
en offrant la possibilité d’effectuer un
permanente pour les praticiens de parents et des praticiens du secteur
suivi de l’évolution des rapports de
l’éducation et de la culture ; culturel avec lesquels ils ont travaillé,
travail, de l’évolution des partenariats
• le développement des après la participation aux activités des
et de la collaboration, et des effets
partenariats ; Hubs.
constatés sur la production. Il nous
• une amélioration des méthodes de est possible de mettre en évidence les Les données collectées ont été ana-
travail. différents modèles de gestion nés dans lysées afin de mettre en évidence la
Ces bénéfices ont été comparés chacun des Hubs, ainsi que les maniè- nature et l’ampleur des apprentissages
aux bénéfices réellement obtenus par res dont les difficultés ont été surmon- acquis par les élèves grâce à leur par-
les écoles et les organismes culturels. tées et les potentiels renforcés.
Selon ces derniers, les bénéfices obte-
Le rapport était confidentiel et les
nus correspondent à ceux de l’étalon
facilitateurs n’avaient pas la possibi-
de mesure. En outre, les écoles ont
lité d’en commenter le contenu ni les
souligné l’obtention de bénéfices indi-
conclusions, ce qui a donné lieu à des
viduels, comme le retour de la motiva-
divergences concernant les conclu-
tion, le plaisir et des niveaux élevés de
sions, après la publication du rapport
satisfaction.
36 Projet, évaluation : quelle méthodologie ?
• Connaissances et
compréhension.
« L’orchestre, c’était
génial, parce qu’on
pouvait repérer des
parties jouées par dif-
férents instruments et
c’est la musique qui
racontait l’histoire »
Tableau 2 : résultats des apprentissages génériques dans tous les Cultural Hubs année scolaire
(élève de CM2).
2005/06
• Plaisir, inspiration et
créativité.
« Ça m’a vraiment
plu d’aider les enfants plus jeunes à
faire “Raising the Roof”. C’était bien logiciel Paintshop » (élève de 5e). rÔle des ÉColes dans
de voir les autres aussi contents que • Comportement et valeurs. la mesur e des aCQuisitions des
moi et puis, c’était amusant de les « Maintenant que j’ai vu les vieux Élèves
aider quand ils étaient coincés ! » plans de Newport, ça a changé ma
(élève de 3e). chaque école a pris l’initiative
façon de voir notre ville » (élève de d’effectuer un suivi de l’impact des
• Compétences. CE1/CE2). activités au sein des Hubs sur les ac-
« On a appris à se servir d’une ca- • signes tangibles d’activité, de quisitions des enfants. Par exemple,
méra, d’ordinateurs Apple et du changement de comportement, une école primaire de Durham avait
de progrès. intéressé un groupe d’élèves de cP
« Je me suis peut-être ouvert à au travail d’un sculpteur. L’école avait
1 .Les apprentissages des élèves ont été com- d’autres sortes de musique et à pour objectif qu’en anglais les élèves
parés aux « résultats d’apprentissages géné- d’autres façons d’écouter la mu- progressent de deux « sous-niveaux »
riques » (Generic Learning outcomes, GLo).
Les GLo ont été élaborés afin de répondre aux
sique. J’y retournerai peut-être » en un trimestre ou trois sous-niveaux
besoins qu’ont les musées, les bibliothèques (élève de 3e). en un an. Mais ce groupe a progressé
et les archives d’apporter des éléments tan- de trois à quatre sous-niveaux en deux
gibles des apprentissage et de leurs effets sur trimestres. L’école a directement attri-
les usagers. Le MLA a mis au point un cadre Les informations collectées au cours
de référence (inspiring Learning For All Fra-
bué ces progrès inattendus à la partici-
de la première année serviront d’éta-
mework) s’appuyant sur des recherches effec- pation aux activités des Cultural Hubs.
tuées par le centre de recherche des musées
lon de mesure pour les comparaisons
(research centre for Museums and Galleries). des résultats d’apprentissages des « il y a eu une amélioration générale
ce cadre de référence identifie les cinq résul- années à venir. À partir de cet étalon, du niveau et des compétences. Les
tats génériques qui servent de fondement à nous pourrons rendre compte de tout enfants ont enrichi leur vocabulaire
un ensemble d’outils en ligne, pouvant aider
les organismes à faire de la mesure des app-
changement concernant l’éventail et pour s’exprimer, ils sont capables de
rentissages un élément de leur politique orga- la nature des apprentissages acquis. formuler un avis et de l’étayer, ils ont
nisationnelle. Les GLo sont les suivants : néanmoins, cet outil d’analyse ne désormais des expériences qui peuvent
• augmentation des connaissances et de la pourra pas nous servir à mesurer les leur servir pour la suite. Leur niveau
compréhension
• augmentation des compétences intellectuel-
progrès réalisés. d’expression écrite en anglais s’est
les, pratiques, professionnelles amélioré au-delà de toute attente et
• modification du comportement et des valeurs de manière flagrante par rapport à
• signes tangibles de la satisfaction, de d’autres groupes d’élèves qui n’ont pas
l’inspiration et de la créativité
• signes tangibles de l’activité, de la modificati-
participé aux activités du hub » (pro-
on du comportement, des progrès. fesseur d’école primaire, Durham).
Projet, évaluation : quelle méthodologie ? 37
avantages et défis que pré- la qualité relatives. annuelle. nous avons dû exercer
sente l’introduction d’un notre jugement pour l’analyse des
Au terme de la première année, nous
données, afin de garantir la possibi-
étalon de Mesure dans la disposons de données statistiques
lité de comparer les résultats avec
MétHodologie d’évaluation concernant les résultats d’apprentissa-
l’étalon de mesure. cela signifie
ges génériques, qui décrivent la nature
que nous avons toujours besoin de
et l’éventail des apprentissages acquis
tous les autres outils d’évaluation
il s’est avéré utile de faire des com- par les élèves grâce à leur participation
pour étayer la recherche et pouvoir
paraisons des données quantitatives aux activités des Hubs, mais qui, tout
réaliser ces jugements.
collectées durant la première évalua- en soulignant les progrès réalisés, ne
tion annuelle. cela nous a permis, par les mesurent pas. chacune des écoles
nous en sommes à la première an-
exemple, de faire le suivi des niveaux est mieux placée que les évaluateurs
née d’évaluation d’un programme de
de ressources et de la nature du travail pour effectuer un suivi des résultats
trois ans. À ce stade, nous constatons
produit et d’avoir une vue d’ensemble des apprentissages et des acquisitions.
que l’utilisation d’un étalon de mesure,
de l’évolution des rapports de collabo- nous comptons encourager un plus
comme élément initial de la mesure des
ration entre les partenaires. cela nous a grand nombre d’écoles à réaliser un tel
changements, présente des avantages
aussi permis d’étudier la valeur ajoutée suivi des apprentissages au cours des
et des défis notoires. reste à voir si
susceptible d’être apportée à la produc- deux dernières années du projet.
l’étalon de mesure demeurera perti-
tion de l’offre culturelle par les Hubs. nent et/ou utile, à mesure que de nou-
en résumé, nous pouvons tirer cinq
toutefois, en raison d’un manque de leçons de l’élaboration et de l’utilisa- velles données seront collectées et que
continuité entre les écoles qui ont ré- tion de la recherche d’un étalon de de nouveaux partenaires participeront
pondu aux questionnaires sur l’étalon mesure : aux Cultural Hubs.
de mesure et sur la première évaluation 1. un étalon de mesure peut servir à Traduit de l’anglais par
annuelle, nous avons dû exercer notre la comparaison entre des données Jean-François Cornu
jugement et généraliser certains résul- quantitatives et certaines données
tats pour aboutir à ces conclusions. La qualitatives.
collecte de données qualitatives, qui
2.La comparaison des données n’est
contextualise et complète les infor-
pas toujours évidente car, dans
mations recueillies, nous a permis d’y
certains cas, il n’existe pas de cor-
parvenir.
rélation directe entre l’étalon de
L’étalon de mesure a été utile en ce mesure et les résultats de l’évalua- Bibliographie
qu’il a constitué un point de départ tion de la première année.
• Department for culture, Me-
pour rendre compte de l’évolution des 3.L’étalon de mesure a été utile dia and sport (2005), Living
partenariats au sein des Hubs, ainsi que comme outil d’étude des modifi- Life to the Full, Londres, DcMs
des styles de gestion. Pour chacun des cations de la nature et de l’éventail (<http://www.culture.gov.uk/
Hubs, nous disposons d’un point de dé- des bénéfices obtenus grâce à la nr/rdonlyres/e4A67940-54A1-
part clair, bien que ce fait soit contesté participation aux Hubs. il nous faut 4A0c-9456-91865328c8A4/0/
par certains facilitateurs. ce type de trouver des méthodes de mesure DcMsFiveYeArPLAn.pdf>).
réaction a rappelé combien il importait de l’importance et de la qualité par
de permettre aux principales parties • hayton Associates, pour le
rapport à un étalon de mesure.
prenantes d’avoir accès aux premières compte de l’Arts council d’An-
4.nous avons réuni des informations gleterre et du Museums, Libra-
moutures de rapports et de les com-
concernant les résultats d’appren- ries and Archives council (mars
menter. D’autres rapports d’évaluation
tissages généraux ou génériques 2006), Cultural Hubs Baseline
des Cultural Hubs ont été, et seront,
qui décrivent l’éventail et la nature Findings, Londres, Arts council
diffusés auprès des facilitateurs avant
des apprentissages acquis, mais qui england.
leur version finale.
ne concernent pas les résultats des
• research centre for Museums
La quantification des données quali- apprentissages spécifiques liés à
and Galleries (mai 2003), Meas-
tatives liées aux avantages de la parti- des projets ou des progrès particu-
uring the Outcomes and Impact
cipation aux Hubs a permis d’étudier la liers. cela n’a pas permis aux éva-
of Learning in Museums Archives
nature des avantages que les partenai- luateurs d’un programme national
and Libraries. The Learning
res envisageaient d’obtenir. Grâce à ce d’observer les résultats des appren-
Impact Research Project End of
processus, nous avons pu comparer les tissages spécifiques individuels.
Project Paper, London re-source
bénéfices réels dont ils ont fait état lors Les écoles sont mieux placées pour
the council for Museums Li-
de la première évaluation annuelle avec mener cette tâche à bien.
braries and Archives (<www.
les bénéfices envisagés dans l’étalon 5.Les résultats transmis par les par- inspiringlearningforall.gov.uk>).
de mesure. Bien qu’utiles, les résultats tenaires des Hubs ne font pas l’ob-
sont, malgré tout, limités à l’éventail et • Woolf Felicity (septem-
jet d’une continuité. toutes les éco-
à la nature des bénéfices et n’en mesu- bre 2005), Report on the Initial
les n’ont pas participé à l’étalon de
rent pas actuellement l’importance ou Set-up of the three Cultural
mesure ou à la première évaluation
Hubs.
38 Projet, évaluation : quelle méthodologie ?
1 L’expression gouvernance de l’école « recouvre une large définition du management de l’école qui implique une dynamique de négociation, persua-
sion, marchandage, pression… » à la différence de la notion de gestion (Bäckman, 2008, p9)
La circulaire de 2006 qui définit le juste comment leurs propositions sont et collective des personnes, l’intégra-
rôle des professeurs d’éducation so- mises en œuvre concrètement et com- tion des valeurs humanistes, l’échange
cioculturelle et les objectifs du projet ment elles sont ajustées dans le temps. d’innovations, la coresponsabilité, la
d’animation et de développement Pour être pleinement participative, la pratique démocratique…
culturel n’est pas aussi explicite sur démarche de projet doit impliquer les
Ces objectifs éducatifs sont cohé-
le mode de participation des publics usagers, au nombre desquels les pu-
rents avec la volonté de mettre les
en formation. Elle fait état d’une né- blics en formation, non seulement dans
jeunes en situation d’acteurs dans
cessaire « concertation avec la com- l’élaboration du projet mais aussi dans
l’établissement mais ils sont loin de
munauté éducative » sans plus de sa mise en œuvre et dans sa régulation
faire l’unanimité au sein des équipes
précisions. Cependant, l’éducation à la périodique. La réalité est assez éloignée
éducatives. Des tensions sont à l’œuvre
communication, à l’autonomie et à la de ce modèle idéal…
entre différentes représentations de
coopération faisant partie intégrante
Selon une étude européenne récente l’établissement. Or on ne conçoit pas
de l’éducation socioculturelle, il sem-
(K. Dürr, 2004), le droit de participa- la place de l’élève dans l’établissement
ble logique d’en conclure que le projet
tion active des publics en formation et a fortiori son rôle dans la gestion et
d’animation et de développement
dans l’institution et dans le processus dans l’organisation de l’établissement,
culturel constitue en lui-même une ex-
de décision se heurte à de fortes ré- selon que l’on se représente celui-ci
cellente opportunité pour permettre
sistances. L’étude constate une forte comme un ensemble de ressources
aux jeunes d’apprendre en faisant.
désillusion des jeunes qui voient trop mobilisables au service d’usagers, ou
On observe que le dernier texte pro- rarement leurs propositions prises au comme une structure hiérarchique et
duit par la dger en 20075 pour relancer sérieux, négociées et mises en œuvre. bureaucratique dans laquelle les tâches
les orientations en matière de vie sco- Les adultes sont mal à l’aise parce et les rôles sont strictement partagés,
laire ne fait plus état d’une implication qu’ils craignent de perdre une parcelle ou comme une communauté centrée
de la « communauté éducative » et de pouvoir et de ne pas être en mesure sur le développement scolaire, social,
des publics en formation. Elle rappelle de contrôler des phénomènes de lea- professionnel mais aussi personnel du
seulement que le projet « vie scolaire » dership. L’étude observe au sein des jeune.
doit « mobiliser tous les personnels établissements un déni des conflits
En associant les jeunes aux dé-
pour sa mise en œuvre » et qu’il est d’identité et d’intérêts, ainsi que des
marches de projet institutionnel, qui
élaboré par « l’établissement ». difficultés à objectiver les blocages et
mobilise-t-on ? Un jeune représentant
les dysfonctionnements. Il en résulte
Dans la pratique, les jeunes en for- des usagers, assujetti à une insti-
concrètement que le droit de participa-
mation sont généralement sollicités tution ? L’élève qui doit d’abord et
tion et ses applications pratiques est
dans les démarches de projet, mais avant tout « apprendre pour réussir à
souvent restreint de fait aux domaines
il semble que ce soit surtout à titre l’examen » ? Le futur professionnel qui
périscolaires ou à des problèmes se-
consultatif plutôt que délibératif et doit apprendre à se situer dans une
condaires, par exemple la décoration,
que cela implique principalement organisation ? Un jeune client ou le
qui ne questionnement pas l’organisa-
les jeunes élus dans les instances. En citoyen en capacité d’agir aujourd’hui
tion de l’établissement.
l’absence de recherche approfondie et demain ? Comment passer du statut
dans le système d’enseignement agri- d’usager à celui d’acteur ?
cole français, il est difficile de savoir
On le voit. La démarche participa-
à quel niveau se situe exactement la
tive ne prend sens que dans une vision
participation des jeunes en forma-
tion, dans quelle mesure les modes
Question de choix cohérente pour articuler gouvernance
et éducation. En effet, la participation
de gouvernance des établissements
sont démocratiques et quels impacts
politique peut être vectrice d’émancipation ou
d’instrumentalisation en fonction des
la participation des usagers a sur les
objectifs éducatifs et des représenta-
priorités organisationnelles ou sur Le projet éducatif de l’enseignement tions plus ou moins démocratiques de
d’éventuels changements de straté- agricole est un projet politique, qui est la gouvernance de l’établissement.
gies. Rien ne permet aussi de savoir au parfaitement résumé dans le prologue
de la circulaire de 2005 sur l’éducation La nature même de la participation
socioculturelle. Il poursuit plusieurs varie en fonction de sa dimension
ambitions, l’émancipation individuelle formative individuelle et collective.
5 Note de service DGER/SDPOFE/N2007-2002.
08 janvier 2007 Elle peut être ponctuelle et graduée
40 Projet, évaluation : quelle méthodologie ?
selon que les publics en formation sont (Nouvelot, 2008). Dans cette
invités à contribuer au débat, à y pren-
epidorge
hypothèse, il ne s’agit pas seulement Question
dre part, et à participer, ou non, aux de « donner voix au chapitre » ou de
processus de décision et au choix des reconnaître aux jeunes une marge de méthodes
priorités. Elle peut aussi s’inscrire dans de manœuvre et d’initiative à la pé-
une perspective de durabilité, lorsque riphérie ; c’est un nouveau mode de
les publics en formation sont effecti- gouvernance qui est mis en place de Le projet d’établissement est à la fois
vement parties prenantes dans la mise manière à faire de l’établissement une recherche de rationalisation collective,
en œuvre au quotidien des décisions « organisation apprenante ». La parti- œuvre de conception collective et réali-
prises dans le cadre d’un plan d’action cipation s’inscrit dans une logique de sation collective. « Il n’y a pas de projet
concerté. S’ils sont aussi pleinement « démocratie délibérative » ou de « ra- qui puisse être défini en dehors des
associés au suivi et à l’évaluation de tionalité communicationnelle » (Haber- intéressés, par d’autres » (Boutinet,
ces actions, donc à un véritable pro- mas, 2003, p47), et non plus dans une 1992, p227). C’est une œuvre singulière,
cessus réflexif, la participation peut logique « républicaine » d’auto compré- située dans un environnement institu-
devenir cogestion. C’est cette manière hension collective » ou dans une logi- tionnel et socio économique donné, à
de faire qui vient d’être expérimentée que « libérale » où prévaudrait « l’agré- un moment donné. La réussite d’une
avec plus ou moins de succès, selon gation des préférences individuelles » démarche participative de projet d’éta-
les établissements et les pays, dans le (Espaces et Sociétés, 2005, p7). blissement n’est pas donc seulement
projet de recherche action Comenius affaire de volonté politique mais aussi
de techniques et de méthodes, « une
affaire d’expression au double sens du
terme : celui de la parole et celui de la
L’engagement de faire participer personnels pour recenser les pro-
créativité » (Sainsaulieu, 1983, p11).
les publics en formation à une dé- blèmes et les propositions d’amé-
marche de projet doit être renouvelé lioration ou de changement. Il faut beaucoup de méthode pour
expressément et soigneusement • Troisième point clé, travailler piloter correctement les modes d’ac-
pensé à chaque étape du processus. sur des scénarios alternatifs tion participatifs de manière à les
Sans entrer dans le détail des mé- d’organisation et de stratégie réguler, et à les coordonner de ma-
thodes, on peut à la lumière des ex- en associant étroitement jeunes nière systématique tout en offrant
périences conduites (Nouvelot, 1994 et adultes dans des groupes de une réelle marge d’initiative pour agir,
pp25-35, 2008 pp67-74), repérer quel- travail. Il est bon de prévoir un expérimenter et changer. L’expression
ques points clés pour faciliter la par- nombre sensiblement plus im- des publics en formation « perturbe les
ticipation des publics en formation. portant de jeunes que d’adultes régulations traditionnelles » (Léandre
(2/3-1/3) pour donner aux jeunes Coudray, 1994, p36). Un vrai travail de
• Premier point clé, se donner mobilisation s’impose à la direction
un vrai pouvoir d’initiative. Ce
un cadre de travail collectif en pour convaincre la majorité des par-
travail commun développe l’ima-
fixant les règles du jeu (partage ties-prenantes que la participation
ginaire, la créativité, le dialogue
de l’information, écoute, respect est une « ardente obligation », et ce
intergénérationnel.
mutuel, ouverture à toutes les pour une raison première : il ne peut
catégories d’acteurs…) et en • Quatrième point clé, ancrer
pas y avoir adhésion et mise en œuvre
définissant explicitement le rôle les débats sur des éléments
effective du projet sans un travail de
de chacun (celui de la direction, concrets : qu’est ce qui se passe
conscientisation et de réflexion collec-
des usagers, des experts, des en ce moment ? pourquoi ? est ce
tive préalables.
partenaires…). Chacun doit com- qu’on pourrait faire autrement ?
prendre dès le départ comment ailleurs ? à un autre moment ? Combien de projets avortés, de
et pourquoi il peut prendre part avec ou sans personnes d’autres ? démarches de « consultation » sans
à la démarche de projet. C’est un peut-on déplacer ? regrouper ? suite, parce que la démarche participa-
préalable incontournable pour avancer ? retarder ? remplacer ? tive n’est pas animée de manière mé-
instaurer progressivement un Privilégier les entrées trans- thodique et rigoureuse ! La confiance
climat de respect mutuel et de versales, par exemple, le fonc- ne se décrète pas après tant d’années
confiance. tionnement des instances, les de management qui n’a de « partici-
conditions de vie et de travail, les patif » ou de « démocratique » que le
• Deuxième point clé, confronter
activités de détente et de travail nom. Le scepticisme est dominant. La
les points de vue individuels et
personnel, les règles de vie com- participation est affaire de clairvoyan-
collectifs, pour favoriser la prise
mune, l’entraide élèves, la mé- ce et d’honnêteté intellectuelle dans le
de conscience de ce qu’est un
diation… de manière à mobiliser choix de la méthode.
établissement, et amener chacun
le plus grand nombre possible de
des acteurs, en particulier les Elle n’est possible qu’à condition de
compétences.
acteurs-clés de l’organisation, à concevoir un dispositif fondé sur des
se penser dans un système d’in- • Cinquième point clé, impliquer règles de conduites innovantes qui per-
teractions et d’interdépendan- au maximum les publics en mettent d’instaurer progressivement
ces, pour qu’ils élargissent leurs formation dans l’animation des un climat d’attention et de relations
points de vue à celui des autres temps forts de la démarche, plus égalitaires. C’est LA condition
usagers. Par exemple, on organi- notamment dans les temps sine qua non pour que les usagers, et
sera la confrontation des points d’information préalable, de pré- notamment les publics en formation,
de vue des publics en formation sentation du diagnostic, dans les puissent utilement prendre une part
entre eux (entre âges, filières, et opérations de sensibilisations active dans le projet.
statuts différents) puis avec ceux à certains problèmes, débats
des différentes catégories de thématiques…
Projet, évaluation : quelle méthodologie ? 41
1 Le projet Comenius 2.1 N° 118447 EPIDORGE « Elèves et pouvoir d’initiative dans l’organisa-
tion quotidienne de l’établissement » a été subventionné par le programme Socrate
42 Projet, évaluation : quelle méthodologie ?
À la jeunesse de la source !
Pistes pour un PADC
du côté des jeunes…
Philippe Sahuc,
sociologue, Ecole Nationale de Formation Agronomique (ENFA), Toulouse.
Philippe Sahuc a participé aux expérimentations initiées par l’ENFA dans quelques
lycées agricoles de Midi-Pyrénées. À ce titre, il a accompagné des équipes d’ensei-
gnants dans leur travail d’implication des élèves quant au diagnostic des pratiques
culturelles des établissements.
Il a également participé, quand cette modalité était retenue, aux rencontres avec les
jeunes afin de saisir le sens de leurs apports, de leurs demandes, de leurs proposi-
tions face à cette demande institutionnelle.
à celles de certains urbains. Mais bien cette initiation entre dans les parcours
Les enjeux sûr, on trouve, en ville et à la campa- éducatifs. Les professeurs peuvent
gne, des positions sociales différentes ainsi se sentir légitimes à ne pas seule-
préidentifiés qui se marquent dans des rapports à la ment travailler dans le sens de la pente
concernant culture différents. Les attributions ont
beau en être moins spécifiques qu’au
du goût de leurs élèves. Au demeurant
les jeunes eux-mêmes savent parfois
les jeunes temps où Bourdieu avait commencé
ses travaux, Bernard Lahire a beau
dire qu’un enseignement relatif à la
culture aide à “comprendre les menta-
nous montrer la complexité des disso- lités des autres”…
Éducatif : s’initier au goût nances culturelles, il y a tout de même
des autres des différences qui restent à la base
des mécanismes de distinction. Social : accorder l’honneur
Le film d’Agnès Jaoui, en 1999, a joué,
selon certains, le rôle de porter à Ainsi, un jeune issu des classes aux vaincus
l’écran une partie des thèses du so- moyennes qui veut travailler dans Dans sa réflexion pour une école juste,
ciologue Pierre Bourdieu. Entre autres l’aménagement paysager risque fort François Dubet propose d’assumer la
celles qui montrent les liens entre de devoir comprendre le rapport par- réalité d’un système scolaire qui génère
position sociale et rapport à la culture, ticulier au paysage des détenteurs de des gagnants et des perdants. Même si
voire aux cultures. Pour pouvoir glisser, patrimoine culturel à la fois matériel et les proportions du succès et de l’échec
au moins temporairement, d’un monde immatériel. Ainsi un enfant de petits au diplôme ne sont pas les mêmes,
social à un autre, il est donc important agriculteurs ne pourra pas au ving- l’enseignement agricole n’y déroge
d’être initié au rapport à la culture des tième siècle reproduire purement et pas : il produit vainqueurs et vaincus.
autres, donc au goût des autres. simplement l’activité de ses parents. Cette réalité, cruelle, est pourtant ac-
S’il choisit par exemple d’entrer dans la ceptée dans le cadre sportif par exem-
On pourrait croire que le principal dynamique des AMAP,1 il devra se mon- ple, à condition que l’honneur soit
enjeu, pour des jeunes de l’enseigne- trer sensible aux soucis éthiques de la accordé aux vaincus. La reconnaissance
ment agricole, est d’être capable de frange spécifique des clients urbains de certaines pratiques culturelles est
glisser des goûts ruraux aux goûts des AMAP, prenant goût à Télérama et précisément un moyen de le faire.
urbains. Ce serait ignorer les travaux de aux expositions d’art contemporain.
Jean Viard et Bertrand Hervieu notam- On connaît déjà un certain nombre
ment, montrant que les différences en- Au risque de paraître instrumentali- d’initiatives prises en ce sens dans
tre les façons de juger et d’agir ne sui- ser quelque peu la découverte d’autres des collèges et lycées de ZEP2. Il s’agit
vent plus guère un clivage rural-urbain. mondes culturels, il s’agit de dire ici le plus souvent d’ateliers de rap, de
Même si leurs modes d’habiter restent qu’il y a un enjeu fondamental à ce que hip-hop, de slam, etc. D’une certaine
globalement différents, l’habitant rural façon, on retrouve ces activités dans
d’aujourd’hui peut tout à fait avoir des
goûts et des pratiques, à condition par- 1 Association Pour le Maintien d’une Agricul-
fois d’en avoir les moyens, comparables ture Paysanne 2 Zone d’éducation prioritaire
Projet, évaluation : quelle méthodologie ? 43
tout autant en résultats à plat (comp- quantitative. Trois la première fois, six Quelle contribution possible
tage des types de réponses question la seconde, neuf la troisième… Bonne de la parole jeune ?
par question) qu’en tri croisé (en fonc- progression donc et surtout réelle
tion des catégories de réponses à une qualité d’échange. Cela commença par Se pencher, jeunes et professionnels
question, quel est le comptage des l’exploration ensemble des différents réunis, sur les conditions des prati-
réponses à une autre question, pour temps et lieux associés de la vie lycéen- ques culturelles au lycée, que ce soit
savoir par exemple si, selon qu’on est ne, en la prenant dans sa plus grande en interprétation de réponses à un
interne ou externe on a le même ni- amplitude possible, la vie d’interne. Du questionnaire ou en débat ouvert, aide
veau et le même type de participation). lever au coucher, heure par heure, jour apparemment à une attitude réflexive,
après jour, quelles sont les obligations pour les uns et pour les autres, que
Des indications intéressantes en le quotidien au lycée ne semble pas
et les possibilités culturelles ? Les en-
ressortent. Ainsi apparut à Pamiers favoriser.
seignantes présentes dirent découvrir
l’abondance des responsables asso-
par exemple la difficulté d’accès aux Il n’en ressort pas un PADC “tout
ciatifs à l’extérieur parmi les élèves,
médias, malgré les abonnements du ficelé”. Tant mieux, non ? Ainsi, d’un
la différence entre le régime de par-
CDI (le délai de mise en lecture, l’exi- côté les enseignants et enseignantes
ticipation aux activités culturelles et
guïté des lieux, font que les élèves vont pourront se féliciter qu’il y ait place
celui de la participation aux activités
plutôt consulter les présentoirs des pour leurs propres désirs, et cela fait
sportives. A Auzeville purent être remis
magasins de presse du centre-ville le partie des ressources qui méritent
en question des préjugés sur la prati-
mercredi après-midi). d’être repérées au stade du diagnostic,
que sexuée de la lecture ainsi que ceux
établissant un lien entre “profondeur” Une deuxième réunion permit d’ap- mais aussi place aux opportunités de
de ruralité et pratiques culturelles. À profondir une différence structurante à partenariat, sans quoi certaines ambi-
Auch on put sortir de l’hypothèse d’un Albi, qui a eu des incidences importan- tions resteront vaines.
public à la réception culturelle diver- tes sur les pratiques culturelles au ly- En attendant, si l’on sait aussi tirer
sifiée, pour repérer un public allant cée. Il y avait à l’époque deux internats certains fils, de ce qui s’est dit avec les
assister au cinéma, aux concerts etc., et aux régimes de liberté sensiblement jeunes jusqu’à l’action prévue, si l’on
un public n’allant nulle part, même pas différents, n’offrant pas à tous les sait intégrer à la formulation de cer-
aux spectacles sportifs. Bien sûr, de là à pensionnaires les mêmes possibilités tains axes des constats qu’ils ont mis
ce que les conséquences de ces décou- d’activité culturelle. Depuis, peut-être en avant, on a toute chance de se met-
vertes apparaissent formellement dans grâce au constat qui avait ainsi été tre sur la piste d’un projet propice à
les PADC… dressé, une harmonisation s’est faite. rencontrer, en aval, de la participation.
La troisième réunion envisagea, Certes la perspective peut paraître
On se raconte comment se entre autres, les liens entre pratiques modeste en regard de certaines formu-
font vie et culture au lycée, au lycée et pratiques à l’extérieur. Là lations de la démocratie participative.
commença à s’envisager une stratégie Mais au regard de la façon dont jusque
au centre d’apprentissage ? d’équipement du club musique par là des projets, d’établissement ou
Au lycée d’Albi un parti différent fut exemple, qui ne soit pas substitutive même d’animation et de développe-
pris. Pas de questionnaire, mais un ca- mais complémentaire. ment culturel, se sont écrits, n’est-ce
lendrier de rencontres ouvertes entre pas déjà une grande ambition ?
Certes, le processus ne dépassa
élèves, étudiants et équipe d’animation
pas la quatrième réunion alors que
socioculturelle, avec participation à
six étaient initialement prévues mais
l’animation du sociologue auteur de Bibliographie
beaucoup de choses s’étaient déjà
cet article.
dites, sur la base de ce qui semble Dubet François, L’école des chances,
La fréquence retenue fut mensuelle, avoir été un réel volontariat. Il avait qu’est-ce qu’une école juste ?, Seuil,
le moment de la rencontre celui sépa- été retenu bon nombre d’indications La République des idées, 2004, 93 p.
rant les derniers cours d’après-midi du d’un ordre général ou déjà d’un ordre
repas du soir. Il fallut bien sûr diffuser opérationnel. Un an après, il se dit à Hervieu Bertrand & Viard Jean,
l’invitation à venir participer et aména- Albi que les élèves peuvent être pris au Au bonheur des campagnes, Ed de
ger les conditions d’un échange convi- sérieux dans certaines circonstances l’Aube, Monde en cours, 2001 (2ème
vial quoique sérieux. Choix de tenir les par les adultes et c’est peut-être là le ed.), 155 p.
rencontres dans l’espace socioculturel plus important.
Lahire Bernard, La culture des in-
après consultation d’élèves et d’agré-
dividus : dissonances culturelles et
menter le temps d’échange d’une sorte
distinction de soi, La découverte,
de buffet-goûter, accueilli à la fois avec
2004, 777p.
réserve et satisfaction par les élèves
présents.
Les élèves présents ? Certes
pas de quoi satisfaire une attente
Du côté des
établissements :
témoignages
p.46 Le projet d’animation et de
développement culturel :
un levier pour structurer
les partenariats des éta-
blissements
P. BOTHERON, S. HITIER,
J.M. PEY TARD, C. SIMSEN
Le projet d’animation
et de développement
culturel : un levier pour
structurer les partenariats
des établissements
Pierre Botheron
Directeur de l’EPLEFPA Terres de l’Yonne
Ce texte évoque les différentes étapes de travail engagées dans la construction d’un
projet régional d’animation et de développement culturel pour les lycées agricoles
de la région des Pays de la Loire. Il met en évidence l’importance du rôle d’un réseau
régional d’action culturelle (« art’ur ») organisant la réfl exion collective autour des
valeurs et permettant d’effectuer un diagnostic partagé pour construire ce projet
régional d’animation.
Les missions de l’enseignement agricole définies par la loi • elle affirme l’articulation entre la culture, créatrice de sens à
d’orientation du 9 juillet 1999, en particulier la mission d’ani- travers l’exigence artistique, et la socio culture, créatrice du lien
mation rurale, affirment l’ancrage des établissements agrico- social pour la construction de l’individu, elle est ouverture au
les dans un territoire. monde.
L’action culturelle représente depuis 40 ans pour le monde 4. L’action culturelle se définit notamment, autour de thémati-
rural et péri urbain un outil privilégié de formation. ques qui permettent une cohérence d’actions fortes sur un
territoire de proximité ou /et régional et la rendent plus identi-
Le protocole d’accord signé le 15 avril 2002 entre les minis-
fiable.
tères de la culture et de l’agriculture a affirmé cette mission
elle existe à travers des pratiques artistiques.
en posant que le développement culturel est un élément elle se décline en termes de diffusion, formation, sensibilisa-
constitutif du développement durable du territoire. tion, création, communication.
La circulaire vie scolaire de 2002 intègre le projet d’anima-
tion et de développement culturel (PADc) et engage ce pro-
cessus de démocratisation culturrelle pour les établissements
le réseau
et les apprenants.
La charte permet d’inscrire dans le temps et sur un terri- 5. Le réseau est un outil qui permet la réalisation de l’action cultu-
toire, l’action culturelle à travers le réseau. relle sur différents territoires,
il participe à l’animation des territoires avec les autres réseaux,
il est un cadre aux actions conduites,
il fait vivre la convention « culture – agriculture »,
l’action culturelle il développe les partenariats (institutionnels, associatifs, ...),
1. L’action culturelle s’inscrit dans le projet d’établissement à
travers le PADc. 6. Le réseau est un outil de référence pour ceux qui s’y inscrivent,
elle place l’apprenant (lycéens, étudiants, stagiaires, apprentis) il conforte les porteurs de projets.
au cœur de ses actions en veillant à être au plus prêt de l’ évolu- il met en synergie les compétences, il mutualise les pratiques
tion de ce public. et pose des choix.
elle a pour objet l’art sous toutes ses formes qui confronte le Autour de thèmes fédérateurs, il rend cohérentes les actions
regard, pour réagir et s’exprimer en formant des « spectateurs qui deviennent ainsi plus repérables pour les partenaires.
éclairés », des acteurs capables de se projeter, de construire un
avenir, donc des citoyens à part entière. 7. Le réseau s’attache à conjuguer la culture et la socio culture
cette confrontation existe par la rencontre avec l’artiste et sa il propose des temps forts régionaux autour de ces deux domai-
pratique. nes de compétences.
REGARDER, REAGIR, s’EXPRIMER, COnsTRUIRE, 8. Des réunions régionales, des stages de formation permettent la
PRATIQUER, s’APPROPRIER réflexion, la mise en place de ces actions.une conférence intra-
elle engage une, ou des, ou toutes les étapes net régionale permet la circulationde l’information.
de cette confrontation. Des passerelles avec les ALesA (associations des lycéens, étu-
diants, stagiaires, apprentis) permettent un prolongement de
l’action culturelle.
2. L’action culturelle nécessite que les équipes éducatives des ePL un coordinateur du réseau (proposé par le réseau et nommé
fassent des choix en cohérence avec le PADc de l’ établisse- par le srFD par une lettre de mission), ainsi que des relais du
ment et les missions de l’enseignement agricole. réseau (nommés par le réseau) contribuent à l’animation de
elle sous-entend une volonté commune forte, reconnaissable et celui-ci.
reconnue, exprimée dans les instances de décisions.
elle se projette dans le temps avec des partenaires à l’interne et
à l’externe. Le réseau régional d’action culturelle permet de croiser les
regards et d’agir.
3. L’action culturelle et artistique se doit d’être exigeante, ambi-
tieuse, novatrice, cohérente et de qualité.
Les EPL et les apprenants sont les premiers bénéficiaires
A travers l’art, l’action culturelle est le vecteur entre les indivi- de ses actions.
dus : s’inscrire dans le réseau, c’est être à l ‘écoute des
• elle interroge le rapport des individus entre eux mais aussi points développés dans cette charte, la faire vivre dans les
entre eux et le territoire, entre eux et l’art, établissements.
Du côté des établissements : témoignages 51
Dans cet entretien, Jean-Philippe Terracol nous livre sa vision de l’éducation artis-
tique et culturelle dans un établissement d’enseignement. Il met en perspective la
question du projet culturel d’établissement, à travers son expérience, mais aussi ses
convictions profondes fondées sur un parcours personnel dédié à l’enseignement
artistique du collège à l’université.
Le résultat « technique » peut être dif- artistique. C’est surtout le cas avec la
férent selon qu’une équipe artistique musique, où nous avons proposé des
professionnelle a accompagné le travail concerts de jazz, de musique classique,
des jeunes ou pas. Mais l’expérience rap, hard-rock etc. d’où l’appellation
artistique de ces jeunes, la dignité des de ce festival « Festi’musiques ». Soit
jeunes face à la création artistique, cela une douzaine de spectacles sur une
ne se négocie pas. L’engagement ar- semaine par élève. Très vite le projet a
tistique est le même pour un musicien pris de l’ampleur et nous n’avions pas
virtuose salle Pleyel que pour un jeune un concert en dessous de 250 specta-
dans un atelier théâtre d’un lycée. La teurs (élèves, parents, enseignants et
philosophie d’un projet culturel d’éta- personnels)
blissement doit s’appuyer sur cette
CL : Les modalités d’élaboration de
démarche éducative.
ce projet ?
CL : Alors justement votre expérience
JP. T : Elles ont été finalement assez
en la matière ?
simples.
JP.T. : A titre d’exemple, lorsque
Au départ, le comité de pilotage du
j’étais proviseur du lycée du Haut Val
projet c’est quelques acteurs de l’éta-
de Sèvre à Saint Maixent l’École (dans
blissement, deux ou trois enseignants,
les Deux-Sèvres), nous avons construit
la gestionnaire et moi-même. Puis au fil CL : Si vous deviez apporter un œil
un projet axé sur la diffusion de spec-
des ans, les choses se sont élargies et critique sur ce projet ?
tacles, en partant du principe que le
installées d’elles-mêmes. Aujourd’hui
spectacle est en lui-même pédagogi- JP. T : Des partenaires n’étaient pas
ce sont les élèves qui ont pris l’événe-
que. La pédagogie n’est pas réduite à présents comme la DRAC, aujourd’hui
ment en main avec l’animatrice cultu-
la compétence du professeur, c’est un je présenterais au moins le projet.
relle précisément (nous n’avons pas
bien partagé par tous, avec ou sans
d’enseignants d’éducation socio-cultu- Et puis j’aurais souhaité, en restant
diplôme. Et puis, la pédagogie passe, en
relle dans les établissements). plus longtemps dans l’établissement,
partie, directement par la transmission
de l’œuvre d’art. Le principe retenu pour les élèves créer un vrai parcours culturel pour
est la gratuité mais si j’étais resté plus chaque élève, permettre à tous les ly-
Ne nions pas aux œuvres la capacité céens d’aborder un champ de pratiques
longtemps proviseur de lycée, j’aurais
de transmettre. À 16 ans j’ai découvert artistiques varié et fréquenter des œu-
fait en sorte que les élèves soient
seul la musique tchèque, de manière vres parallèlement.
sensibilisés à l’économie du specta-
passionnée, sans aucune médiation.
cle vivant, en donnant à chacun une CL : Aujourd’hui, fort de votre ex-
J’apprenais la musique, c’est tout.
contremarque lui indiquant ce qu’avait périence, comment envisagez-vous le
Lorsque j’étais enseignant à l’univer- coûté sa place au lycée et à la collecti- volet culturel de ce lycée dont vous pre-
sité de Poitiers, j’ai pu constater parfois vité (cette pratique est de plus en plus nez la direction ?
avec tristesse le manque de contact di- fréquente en Poitou-Charentes).
rect avec les œuvres de mes étudiants, JP. T : Ici plein de choses se font déjà,
En fait ce Festi’musiques c’était le nous avons des options théâtre, ci-
le simple fait d’entrer dans une œuvre
premier acte d’une volonté de créer néma, musique en classes de seconde,
par le plaisir, par la sensibilité les dés-
une dynamique collective dans l’éta- première et terminale avec des actions
tabilisait. L’éducation artistique doit
blissement. Au bout de quatre années, et des équipes pédagogiques dynami-
être un moment où l’on est libre avec
la dynamique était installée, les ac- ques, nous avons un théâtre municipal
sa sensibilité. C’est un peu le défaut
teurs du projet étaient associés et se qui propose une programmation dense
de notre société qui apprend à être
sont professionnalisés (les agents de et intéressante, nous avons un tissu
citoyen ou spectateur de façon un peu
restauration pour l’accueil des artis- associatif culturel très riche.
trop monolithique ou dirigée, sans lais-
tes, les agents administratifs pour les
ser une place suffisante à la responsa- Bref, il faut coordonner tout cela,
contrats etc.).
bilité de l’individu face au fait culturel, il faut construire un véritable projet.
comme au fait citoyen d’ailleurs. CL : Ce projet a-t-il connu un impact C’est ce que nous devons faire de toute
sur le territoire ? façon pour la rentrée 2009, selon les
Montrons donc à nos élèves diffé-
rentes facettes de l’art et accordons JP. T : Oui, de fait. Le festival était consignes du ministère de l’Éducation
notre confiance à la vertu pédagogique ouvert aux habitants de Saint Maixent, nationale.
de l’œuvre elle-même. Pour moi l’édu- la publicité du projet était faite sur Et puis nous nous inscrivons sur un
cation artistique et culturelle c’est la tout le pays du Haut Val de Sèvre. Tous territoire avec lequel nous devons tis-
pratique artistique évidemment mais les collèges voisins étaient invités et ser des liens, que ce soit au niveau de
aussi et à égalité d’importance, l’ouver- envoyaient des élèves. La ville a ad- la commune, du pays ; d’autres établis-
ture sur les œuvres d’art. héré au projet et a proposé d’offrir un sements sont présents sur ce territoire,
spectacle au lycée dans le cadre de sa des collaborations peuvent être possi-
Ainsi, la concrétisation du projet
programmation. Le conseil régional a bles avec les lycées.
culturel du lycée de Saint Maixent,
financé le projet pour partie.
c’est la diffusion de spectacles de mu- Pour réfléchir au projet culturel du
sique, de théâtre, mais aussi d’exposi- Finalement ce projet a permis d’ins- lycée, il faut prendre compte tout cela
tions d’arts plastiques à un maximum crire l’établissement dans une trajec- et bâtir des groupes de travail avec une
d’élèves durant toute une semaine. toire culturelle, au sein de la commu- ligne directrice simple : l’égal accès de
L’objectif est de montrer les différen- nauté éducative mais aussi dans son tous nos élèves au fait culturel dans
tes facettes d’une même expression bassin de vie. l’établissement.
Du côté des établissements : témoignages 55
Genèse du projet
C’est sur un double constat que l’idée
de travailler sur les musiques actuelles
avec les apprenants des deux lycées
a émergé : d’une part, il était difficile
de proposer des actions d’animation
qui fédèrent de manière conséquente
les élèves et étudiants. En dehors des
projections hebdomadaires de films à
l’amphi, aucune animation ne parve-
nait à mobiliser en nombre les élèves,
à l’exception des quelques concerts
qui avaient eu lieu sporadiquement
Burning Heads, Tami’stival mai 2007
les années précédentes. D’autre part,
et ce constat est d’autant plus criant
aujourd’hui, l’attitude consumériste aux instruments qui la créent est, pour [TAMI] a donc consisté à proposer
à l’égard de la musique tend à la faire le plus grand nombre, définitivement aux élèves la mise en place d’une sé-
apparaître comme une pure abstrac- absent. Dans ses axes stratégiques sur rie de concerts sur les lycées, dont ils
tion. L’emprise d’une culture de les pratiques culturelles, le PREA1 2004- étaient les programmateurs, les orga-
masse formatée aux injonctions du 2008 de la région Centre recomman- nisateurs (accueil des artistes, commu-
marché est manifeste sur une partie dait de « ne plus consommer d’objets nication), les reporters (prises de vues,
des élèves. Elle les détourne de toute culturels sans produire de réflexion ou interviews, séances photo, billets sur
autre expérience musicale nouvelle, de prise de conscience. Il faut toujours le blog). Ces différents aspects ont été
inattendue, qui vienne précisément accompagner le travail de mise en déclinés en autant d’ateliers à l’inté-
les déranger dans leur conviction ou relation des objets et des pratiques rieur des ALESA 2.
leurs préjugés. Peu de place donc à la culturelles à une réflexion sur le
diversité, peu de place aussi à une in- À partir d’un appel à candida-
sens ». Le dispositif s’est inscrit dès le
carnation de la musique. Etant le plus ture régional (la première année) puis
début dans ce souci et cette recherche
souvent appréhendée comme un sim- de sens.
ple fichier MP3 (qu’on télécharge, qu’on
échange via son mobile) ou comme un
2 Association des Lycéens, Etudiants, Stagiaires
clip vidéo, le rapport aux musiciens et 1 Projet Régional pour l’Enseignement Agricole et Apprentis
56 Du côté des établissements : témoignages
de mener un débat sur le statut de permettre aux élèves de découvrir le le financement des formations autour
l’artiste, sur celui de l’intermittence et secteur des musiques amplifiées, mais de la gestion des blogs et du montage
plus largement sur la place des musi- aussi, à travers la rencontre avec des vidéo et l’attribution d’une enveloppe
ques actuelles en France et en Région musiciens, d’aborder des styles musi- de 1 125 euros à chacune des Alesa pour
Centre. Encore peu développées dans caux qu’ils ne seraient peut-être pas investir dans du matériel numérique.
les établissements d’enseignement, allés voir sans le [TAMI]. Dans le même
Enfin, travailler avec les élèves à la
les actions autour des Musiques Ac- esprit de sensibilisation, nous avons
constitution de ressources documen-
tuelles répondent avec pertinence à la montré aux élèves qu’Internet est aussi
taires sur les genres musicaux en ex-
structuration du secteur qui cherche un outil de création et qu’ils pouvaient
pliquant leur généalogie, en détaillant
lui aussi à investir localement le champ l’utiliser pour autre chose que le jeu
le contexte socio-économique et poli-
éducatif. En posant les lycées agrico- en ligne, le téléchargement ou le chat.
tique de leur émergence a été une des
les comme des lieux d’accueil et de Au-delà de l’aspect ludique, les outils
nouveautés du [Tami]. Utiliser le site du
diffusion de groupes appartenant à multimédia amènent les élèves à ex-
dispositif pour proposer une approche
la scène régionale ou nationale, il est périmenter l’importance des choix
sociologique des musiques et des diffé-
possible de co-construire des actions rédactionnels et l’exercice d’un point
rents genres aura été un axe important
sur les différents territoires. Que ce de vue lors de la création de billets,
de développement dans la perspective
soit sur un axe préventif autour des de la sélection des photos, du travail
d’une pérennisation de la démarche.
risques auditifs, sur un axe d’initiation de montage vidéo, ou de l’écoute lors
et de formation aux métiers du specta- des interviews pour un meilleur dé-
cle (organisation, régie son et lumière), coupage. En résumé, il s’agit bien de se
sur un soutien au développement des positionner, de faire des choix, de por-
musiques amplifiées dans des dépar- ter un jugement critique et d’approcher
tements « sinistrés » où l’offre est les nombreuses possibilités de création
extrêmement réduite (comme ce fut offertes par les outils numériques, sans
le cas dans l’Indre ou l’Eure-et-Loir), les oublier que c’est avant tout le discours
occasions ne manquent pas de poser qui compte.
les EPL comme des interlocuteurs et
La gestion des blogs s’est donc faite
des acteurs à part entière du secteur
progressivement, après une période
des Musiques Actuelles. Double Nelson, Châteauroux mai 2007
d’apprentissage et de formation. Les
élèves investis ont eu le statut de « ré- Côté fréquentation, cette saison
dacteur avancé », ce qui leur donnait plus de 18 171 visiteurs sont venus
accès à l’envers du blog, c’est-à-dire à sur le blog de Châteauroux pour un
un domaine non visible pour le visiteur peu plus de 47 000 pages visitées. La
où, après s’être identifié, chacun pou- fourchette haute s’est située entre
vait rédiger librement un billet et le 250-350 connexions/semaine, la plus
mettre en ligne sur le site. Il n’y a pas basse autour de 120. On se situe éga-
eu de contrôle éditorial sur les billets lement dans la même fourchette pour
des élèves. Ils avaient l’obligation de les blogs de Chartres et Montargis. En
s’en tenir aux règles fondamentales période de faible actualité, les statisti-
Distribution de bouchons d’oreille avant concert, du respect d’autrui. Pour le reste, la ques indiquent un léger fléchissement,
campagne Agi-son 2006 forme était aussi libre que le contenu mais restent fort honorables. Il va de
du propos. soi, que les statistiques sont aussi des
sources de motivation pour les élèves
[TAMI] et les nou- et leur permettent de porter un regard
rétrospectif sur leurs productions.
velles pratiques
numériques. Qualité artistique
Le site Internet du [TAMI] a été pensé
et exigence
comme la colonne vertébrale du dis-
positif permettant d’un côté de déve-
de l’accueil
Formation gestion de blog Châteauroux
lopper une communication spécifique
de l’action en direction de l’extérieur Pour sa troisième édition, le dispo- Les artistes reçus dans le cadre du
et de l’autre d’offrir aux lycéens et sitif a été sélectionné à titre d’expé- TAMI ont tous répondu à un appel à
étudiants, un espace d’expression rimentation pour le Plan Éducation candidature : les groupes avaient obli-
conforme à leurs pratiques culturel- Multimédia du ministère de la Jeunesse gation d’envoyer un CD (maquette ou
les. Le choix s’est arrêté sur le format et des Sports. Cette reconnaissance, album) et de nous renseigner sur leurs
blog, avant tout pour son utilisation doublée d’une aide financière consé- expériences scéniques, sur leur moti-
intuitive, et pour son interactivité im- quente, nous a permis d’améliorer sen- vation à intégrer le dispositif, sur leur
médiate entre les rédacteurs, les ad- siblement la navigation sur le portail statut (association, intermittents, etc.).
ministrateurs du site et les internautes et les six blogs qui le constituaient. Il Cette phase, loin d’être anodine, est au
qui pouvaient très facilement laisser a rendu possible la tenue de conféren- contraire essentielle pour la réussite
leurs commentaires et réagir aux dif- ces sur le monde du logiciel libre et d’un tel projet. Elle permet, d’une part,
férents billets.L’idée première était de des droits d’auteur sur chaque lycée, de s’assurer de la qualité artistique
58 Du côté des établissements : témoignages
(même si l’expérience sur scène est logeaient dans la mesure du possible En affirmant des valeurs de diver-
tout autre…) et, d’autre part, de sonder sur les établissements et prenaient sité et d’échange, en intégrant les
les motivations des formations dans leur repas au self avec les élèves. Cette deux versants de l’éducation socio-
leur envie de progresser et de faire proximité a été favorable à la qualité culturelle (animation et pédagogie),
partager leur expérience. De cinquante des échanges d’expériences. Certains en s’inscrivant comme un acteur à
candidatures la première année, nous lycées étaient équipés en matériel de part entière du territoire tout en dé-
sommes arrivés à plus de deux cents la sonorisation et d’éclairage, d’autres se veloppant des partenariats riches et
saison dernière. sont appuyés sur les antennes dépar- diversifiés, [TAMI] a tenté de dessiner
tementales du Pôle Régional Musiques ce que peuvent être les axes majeurs
Une première sélection s’est donc
Actuelles afin de pallier l’absence d’un volet culturel dans le projet
avérée indispensable pour écarter les
d’équipement. L’enjeu restait d’offrir d’établissement.
candidatures farfelues ou les forma-
aux musiciens la possibilité de se pro-
tions dont l’inexpérience était mani- Cependant, au regard de ces trois
duire dans des conditions scéniques
feste. Ce choix était motivé en partie années, l’expérience du [TAMI] a fait
optimales et de mettre en avant les
par le temps de découverte musicale émerger des questions liées aux moda-
notions d’accueil et d’échange autour
auquel tous les groupes sélectionnés lités et à la concordance d’une action
de la création artistique.
étaient soumis. Il s’agissait devant les culturelle en réseau. Par-delà l’autono-
élèves de décomposer un morceau, mie nécessaire des établissements et
d’expliquer comment le groupe tra- des enseignants pour conduire le projet
vaillait pour mettre en place un titre, Pour conclure selon des logiques partenariales et
d’évoquer le statut social de l’artiste, territoriales spécifiques, il reste que la
la question de l’intermittence, etc. Cela mise en commun devant des partenai-
exige un discours et une interaction L’expérience [TAMI] reste une formi- res financiers d’un dispositif fragmenté
avec le public lycéen qui ne se réduit dable aventure pour les lycéens et est problématique. Elle invite, selon
pas à des logorrhées pré-pubères, mais étudiants qui s’y sont investis. Les nous, à réfléchir à la mise en place de
témoigne d’une réelle passion et d’un musiques actuelles dans les lycées structure de type CRIPT9 seule à même
minimum de connaissance. Au regard agricoles demeurent une expérience de fédérer sous une même bannière
de la quote-part importante de la encore trop rare, pour que les élèves des projets culturels communs à diffé-
subvention régionale, nous avons pro- qui ont eu la chance de la vivre n’en rents EPL. En effet, entre des lycées res-
grammé au minimum un groupe ré- apprécient pas les vertus et la richesse. tant en ASC, d’autres en ALESA, entre
gional par lycée, pour le reste l’origine Les acteurs du secteur tout comme les des chefs d’établissement intégrant les
géographique était très grande. artistes sont attentifs et réactifs à ce subventions (DRAC, Conseil Régional)
type de projet, conscients que le public dans le budget de l’EPL ou, au contraire,
des salles de concert se conquiert par donnant l’autonomie aux associations
des émotions et un ressenti que seul le pour les recevoir, le montage finan-
« live » procure. cier final ressemble à une formidable
« usine à gaz ». C’est évidemment aux
La musique reste le medium le
enseignants d’ESC qu’il revient de dé-
plus universel et le plus familier dans
mêler l’écheveau…
le champ culturel. Y greffer, comme
[TAMI] a tenté de le faire durant trois Cet aspect nous apparaît comme
années, une déclinaison de pratiques devant prendre place au sein d’une
d’animation comme la photo, la vidéo, réflexion sur le volet culturel du projet
le multimédia est l’assurance de capter d’établissement dans la mesure où ce-
Les Ducs, temps de découverte musicale, un certain nombre d’apprenants pas lui-ci peut être pensé et rédigé dès son
Les Barres novembre 2007 ou peu directement investis dans les origine dans une dynamique régionale
En se portant candidat, les artistes activités des ALESA ou ASC (puisqu’il d’actions culturelles fédératrices, à
s’engageaient à arriver la veille au soir en reste). l’exemple de ce qu’a été le [TAMI].
des concerts et à participer à un temps À ce titre, intégrer spécifiquement
de rencontre dans des classes. C’est les musiques actuelles dans le volet
donc tout l’univers des lycées agricoles culturel d’un projet d’établissement
qui s’ouvrait ainsi à eux. Quelle satis- est, nous semble-t-il, à la fois une ma-
faction aussi pour les apprenants que nière de lutter contre une standardisa-
de faire découvrir la cour de l’exploita- tion galopante des sources sonores et
tion, la stabulation, les ateliers ; choc de poser l’exigence de la diversité des
garanti pour beaucoup… genres musicaux comme une expres-
Les groupes étaient rétribués sion parmi d’autres des enjeux d’une
1000 euros (prestation et frais de éducation artistique et culturelle.
transport), ce qui est (qu’on ne s’y 9 Complexe Régional d’Informations Pédagogi-
trompe pas !) un cachet modeste. Ils ques et Techniques
Du côté des établissements : témoignages 59
Alex Tinseau
Directeur de la FRACAMA,
Pôle Régional Musiques Amplifiées
Partenaires et
partenariats
p.61 Tout projet n’a de sens
que si chacun n’est pas
le prestataire de l’autre.
Gwénaëlle DUBOST
Arnaud STINÈS
Arnaud Stinès
directeur de Rurart, DRAAF Poitou-Charentes
Ce texte propose un dialogue entre Arnaud Stinès, directeur de Rurart -centre d’art
contemporain de poche, implanté sur le site du lycée agricole de Venours à Rouillé - et
Gwénaëlle Dubost, conseillère pour l’éducation artistique à la DRAC Poitou-Charentes.
Cet échange porte sur l’articulation entre les volets culturels des établissements et une
convention régionale à réactualiser.
Arnaud Stinès : En 1991, la DRAF et la de développement culturel comme un les lycées. Peut-on penser que le ma-
DRAC Poitou-Charentes signaient une document stratégique à moyen terme, lentendu viendrait du préjugé que les
convention régionale pour favoriser la intégrant les parcours de formation jeunes des lycées d’enseignement agri-
pratique culturelle à l’intérieur des éta- des jeunes et les spécificités des ter- cole, le plus souvent situés en milieu
blissements agricoles et conforter leur ritoires. Joël Toreau pourrait en parler rural, ont peu et guère de possibilités
rôle de centre de ressources en milieu longuement. d’accès aux formes d’expression artisti-
rural. que et culturelle ?
Négocier une nouvelle convention
Le texte listait des actions à favo- régionale semble aujourd’hui d’actua- Quel paradoxe lorsque l’on sait
riser, qui couvraient les principaux lité. Celle-ci pourrait être élargie à nos que les lycées de l’enseignement
champs d’intervention culturelle en partenaires de l’Éducation Nationale agricole, pionniers en leur genre, ont
milieu scolaire – résumés par le déve- et du Conseil Régional de Poitou-Cha- initié l’éducation socioculturelle dont
loppement de projets et la mise en œu- rentes, dans l’esprit de la circulaire l’enseignement est une composante
vre d’ateliers de pratique artistique –, interministérielle du 29 avril 2008 obligatoire de la formation des lycéens.
portait un intérêt particulier à la sauve- pour le développement de l’éducation S’il est des projets qui peuvent quelque
garde et à la valorisation du patrimoine artistique, qui prescrit la signature peu s’échapper des dispositifs tradi-
rural et insistait sur le rôle des établis- de conventions régionales par les dif- tionnels de l’éducation nationale, c’est
sements dans leur mission d’animation férents services déconcentrés et les bien dans les lycées de l’enseignement
des territoires. Le partenariat avec des collectivités territoriales. Plutôt qu’un agricole qu’on les rencontre. En Poitou-
structures culturelles y était envisagé, catalogue d’actions ou de bonnes in- Charentes, un atout supplémentaire
dans la mise en œuvre de projets cultu- tentions, cette convention actualisée renforce les actions d’éducation ar-
rels à l’échelon local. pourrait être construite en lien étroit tistique et culturelle, par la structure
avec les objectifs des volets culturels Rurart, centre d’art contemporain
Le réseau régional d’action culturelle
des projets d’établissements. implanté au cœur d’un lycée agricole,
de l’enseignement agricole, porté par
qui impulse non seulement des actions
Rurart, était identifié comme interlocu- Gwénaëlle Dubost : Le principe
d’éducation artistique et culturelle de
teur privilégié pour l’animation de cet- d’une nouvelle convention impliquant
proximité, mais coordonne également
te convention régionale. Si celle-ci a été les différents services de l’État et les
des projets régionaux se déroulant
suffisamment souple pour s’adapter à collectivités territoriales paraît fonda-
dans les établissements scolaires de la
l’évolution des dispositifs d’éducation mental. Il semblerait néanmoins que
région : résidences d’artistes, ateliers
artistique et à la complexité croissante les mentalités doivent encore évoluer,
de pratique artistique, festivals, etc.
des projets d’action culturelle à des- notamment pour que la DRAF soit
Il s’agit là d’une richesse incontesta-
tination des établissements scolaires, représentée, au même titre que l’Édu-
ble pour favoriser l’accès de tous à la
elle montre aujourd’hui ses limites : cation Nationale, dans cette conven-
culture.
les lycées sont invités désormais à tion plus générale qui porterait sur
construire leur projet d’animation et l’éducation artistique et culturelle dans Chaque établissement scolaire est
62 Partenaires et partenariats
désormais amené à définir un volet ar- d’actions ou de pratiques exemplaires. programmation pluriannuelle se pose
tistique et culturel dans le projet d’éta- pour l’enseignement agricole dans
Mais si la qualité de ces projets
blissement, visant une ligne de condui- l’articulation d’un projet régional avec
n’est pas à remettre en question, il
te éducative à long terme, et pour un les projets locaux d’animation et de
ne faudrait pas qu’ils soient l’arbre
plus grand nombre d’élèves. Comment développement culturel des lycées, la
qui cache la forêt. Philippe Sahuc a
alors concilier l’exigence de qualité, réflexion est vraisemblablement très
observé avec une grande attention le
voire d’excellence préconisée par la cir- proche pour les établissements de
parcours culturel des jeunes durant
culaire du 29 avril 2008, et l’accès d’un l’Éducation Nationale dans leur rapport
leur scolarité, ainsi que leur perception
nombre croissant aux projets d’éduca- à la délégation académique à l’action
de l’action culturelle dans leur lycée.
tion artistique et culturelle ? Repenser culturelle, dans la mesure où ces lycées
Ses conclusions questionnent quelques
l’éducation artistique et culturelle en sont également engagés dans une
idées reçues et tendent à affirmer la
projet de territoire est peut-être une réflexion concernant les objectifs et
nécessité pour les lycées de réfléchir
issue quand l’établissement devient le les enjeux des volets culturels. Dans
leurs propositions au sein d’un projet à
pilier permettant la fondation d’une l’esprit de la circulaire du 29 avril
moyen terme.
politique éducative locale. 2008 et compte tenu de la volonté de
En tant que réseau régional d’ac- mettre en cohérence les volets cultu-
tion culturelle, Rurart joue un rôle rels des projets d’établissement et le
AS : Si la disparité d’accès à la culture non négligeable dans la nature des projet régional d’action culturelle, une
était une question centrale qui a moti- projets culturels initiés dans les lycées : convention entre les différents services
vé la mise en œuvre de l’éducation so- les actions sont construites en rela- de l’État et la collectivité territoriale
cioculturelle dans les années soixante, tion étroite avec les établissements, ad hoc doit faciliter cette articulation,
elle se présente sans doute aujourd’hui bien souvent ceux-ci sont d’ailleurs à quelle que soit la tutelle administrative
de manière un peu différente. Le public l’initiative des propositions. Le risque des lycées – Éducation Nationale ou
scolaire des lycées agricoles n’est que d’un dispositif régional peut être de Enseignement Agricole.
très minoritairement issu de familles favoriser une politique de coups : en
d’agriculteurs ; la géographie des ly- se concentrant sur une thématique
cées, l’urbanisation des zones périur- précise ou en investissant un médium GD : Volet artistique et culturel du
baines, l’évolution des populations particulier une année, en explorant une projet d’établissement, contrat d’ob-
vivant en milieu rural tendent à dé- autre voie l’année suivante, un pro- jectifs. Les établissements de l’ensei-
placer la nature du débat autour de la gramme régional peut certes jouer un gnement du second degré réfléchissent
démocratisation culturelle. Les territoi- rôle moteur pour favoriser la mise en sur ces impératifs réaffirmés par les
res ruraux sont-ils aujourd’hui encore place de projets vers lesquels n’iraient récentes directives, chacun accompa-
porteurs d’une culture singulière ? Je pas forcément spontanément tel ou tel gné par son autorité de tutelle. L’idéal
n’en suis pas persuadé. L’uniformisa- établissement ; néanmoins, cette orga- voudrait que les volontés affichées par
tion culturelle touche plutôt l’ensemble nisation peut avoir pour effet pervers les lycées concordent avec les volets
des territoires, sans grande disparité. d’inciter des lycées à s’inscrire dans artistique et culturel, et les contrats
Aussi, la mise en œuvre d’une nouvelle un projet sans que l’opportunité qui d’objectifs des structures, le tout vers
convention régionale doit-elle sans se présente ne corresponde forcément un élan commun d’éducation artisti-
doute s’attacher davantage à s’articu- à une problématique inscrite dans la que à grande échelle, en préservant
ler avec les projets d’établissements continuité. l’exigence qualitative qui justifie la pré-
– nécessité transversale qui concerne sence du ministère de la Culture dans
Pour limiter l’effet d’aubaine, Rurart
aussi bien les lycées agricoles que les projets. Cet idéal déclinerait aussi
avait cherché à construire un cadre
ceux de l’Éducation Nationale - qu’à les objectifs pédagogiques de l’en-
pluriannuel de propositions. Plutôt que
chercher une hypothétique spécificité seignement (éducation nationale ou
des thématiques ciblées, celui-ci défi-
culturelle des territoires ruraux. agricole), les objectifs artistiques des
nissait des typologies de projets – rési-
structures, les objectifs particuliers de
L’enseignement agricole avait pour dences d’artistes, ateliers de pratique,
chaque établissement implanté sur un
ambition l’animation de ces territoires diffusion de spectacles vivants… - ainsi
territoire propre, les objectifs d’éduca-
ruraux. La culture en est un vecteur, que le nombre de lycées susceptibles
tion à apporter aux divers profils d’élè-
bien évidemment. C’est vrai que des de participer à chacun. Les établisse-
ves issus de catégories socioprofession-
projets très ambitieux, atypiques, éton- ments pouvaient ainsi se positionner
nelles différentes… À force d’objectifs,
nants ont pu naître ici où là. Le faible en fonction de choix raisonnés et non
il ne faudrait pas dénaturer l’essence
nombre d’établissements agricoles et d’opportunités à saisir in abstracto. Cet
même d’une rencontre artistique ou
leur taille modeste en comparaison outil de programmation a très vite été
culturelle : la démarche de projet doit
aux lycées de l’Éducation Nationale, la caduc, les modalités ou les volumes de
rester le fruit d’une rencontre entre
présence de professeurs disposant d’un financement des projets régionaux par
l’enseignant et l’artistique, et doit naî-
tiers de leur temps de travail consacré les partenaires institutionnels étant
tre ou renaître de quelques objectifs
à l’animation culturelle, l’habitude de très variables d’une année à l’autre.
communs. Ne l’oublions pas : tout pro-
travailler en réseau et de mutualiser les
Si la question de la pertinence d’une jet n’a de sens que si chacun n’est pas
projets ont pu favoriser l’émergence
Partenaires et partenariats 63
le prestataire de l’autre.
L’écriture des volets artistique et
culturel des établissements scolaires
implique une réflexion rigoureuse
de la communauté éducative. Quelle
orientation artistique et/ou culturelle
souhaite-t-on donner à son établisse-
ment ? La seule mention d’un atelier ar-
tistique par exemple, ne peut pas faire
l’objet d’un projet mûrement abouti.
Les équipes éducatives sollicitées
sont-elles véritablement encadrées,
conseillées pour rédiger un projet qui
puisse notamment remplir l’exigence
qualitative couplée d’une sensibilisa-
tion plus ou moins grande de tous les
élèves ? Combien sollicitent réellement
les services de la DRAC pour un conseil
pratique ou technique ? Or, l’expérience
montre déjà que l’action artistique et
culturelle résulte bel et bien du désir
affirmé d’un chef d’établissement de
s’investir dans un projet. Celui-ci sait
se faire conseiller pour mener à bien un
projet de grande qualité. S’investir, in-
vestir son équipe éducative, investir les
élèves, mais aussi prendre des risques
sur le plan matériel et financier. En
somme convaincre ses partenaires de
travail, à commencer par un gestion-
naire, puis la hiérarchie, et éventuelle-
ment les collectivités territoriales de
tutelle. D’où la nécessité de se tourner
vers les institutions compétentes pour
qu’un projet de qualité puisse voir le
jour et faire ses preuves. Car pour le
responsable de projet, on a toujours
l’impression qu’il vit dans cet état de
faire ses preuves en matière de culture.
Auprès de qui, auprès de quoi, on ne
sait trop mais il faut atteindre un degré
de crédibilité, qui pour certains se fait
médiatique, pour d’autres relationnel.
Que le lycée devienne un lieu d’accueil
et d’expérimentation d’un projet artis-
tique et culturel semble évident, mais Poitou-Charentes, cet encadrement convention Rectorat-DRAC-DRAAF et
qu’il ressente le besoin d’un temps solide existe pour les lycées de l’en- Région. Elle permettrait à chaque chef
final festif comme pour justifier l’octroi seignement agricole, dont les actions d’établissement d’identifier les ser-
d’une subvention est plus probléma- sont coordonnées par Rurart, en étroite vices de l’État ou des collectivités les
tique. Espérons donc que la rédaction relation avec le ministère de la Culture plus à même de parer aux difficultés
des volets artistique et culturel des et la Région. Peu ou prou, chaque lycée techniques qui préludent au montage
établissements scolaires permettra aux est touché par une action de sensibi- de projet. Elle permettrait de faciliter
autorités compétentes d’identifier de lisation dans l’année ou accueille un la coordination des projets. Et elle per-
véritables politiques défendues par les projet fort (résidence d’artiste) tous les mettrait certainement d’ouvrir plus de
chefs d’établissement. trois ans. Les quinze années écoulées et passerelles culturelles entre les lycées
les expériences vécues pourraient ser- de l’enseignement général et techni-
C’est pourquoi l’encadrement est
vir de pilier pour refonder une action que, et les lycées de l’enseignement
la clé de voûte pour construire un
plus générale à destination de tous les agricole.
projet solide et de qualité. En Région
lycées, matérialisée par le cadre d’une
64 Partenaires et partenariats
Éclairages sur le
projet culturel régional
en Lorraine
Monique CHERRIER
Inspecteur Conseiller DRAC de Lorraine
Martine ELWERT
Coordinatrice des enseignants en ESC de Lorraine
Marie-France RUBIELLO
DRAAF/SRFD Lorraine
Projet artistique photo, élèves de première STAV, artiste E. Didym, enseignant J.-L. Boyer.
Partenaires et partenariats 67
Eléments de réflexion à
propos d’un projet de
convention culture/
agriculture/éducation
nationale en Rhône-Alpes.
Echange avec Denise Menu,
chargée d’ingénierie culturelle à la DRAAF Rhône-Alpes.
Photo L Boisdron
l’étude, il pourrait être le produit de ce
partenariat.
enfin citons encore une expérience
riche de partenariats, notamment avec
«et ALors» projet artistique mené au lycée horticole de La tour du Pin avec l’artiste l’éducation nationale : le projet régio-
plasticien L Boisdron dans le cadre d’un projet régional «Mémoire, saveur et créations» nal « Mémoire, saveurs et création »
coordonnée par la DrAAF et soutenu
par la DrAc a mobilisé 17 lycées autour
d’une trentaine de projets pédagogi-
module « patrimoine » tous les aspects lesquels certains lycées agricoles sont ques visant à valoriser les produits de
liés aux patrimoines ruraux tels que les parties prenantes. Dans cette forma- terroir par des productions artistiques.
décrit isaac chiva1 dans son rapport sur tion, le lycée agricole de cibeins a assu-
La plupart de ces productions ont
le patrimoine rural. ré la médiation avec les acteurs locaux
été ensuite restituées sur les territoires
des territoires, a fourni aussi une base
De la même manière, le dispositif et des classes de l’éducation nationale
de données, des problématiques tirées
« Adoptez un patrimoine », a permis ont été nombreuses à en bénéficier : à
de travaux de recherche réalisés avec
à l’inspection académique de l’Ain de Paysalps (en partenariat avec l’eniLv4
les élèves sur ce même territoire (cf
bâtir une formation ouverte aux ensei- de la roche-sur-Foron), à saint ismier
l’eAtc2 en seconde ou les stages « terri-
gnants du département dont ceux de dans l’isère, mais encore à villefranche-
toires » en bac technologique…).
l’enseignement agricole, par ailleurs sur-saône, Beaujeu et Belleville dans le
partenaires actifs de cette formation Le lycée agricole fait également vi- rhône etc.…5
portant sur les patrimoines liés aux vre ce partenariat quand il est le lieu de
raymond citterio, chargé de l’action
produits de terroirs de ces territoires. la restitution d’un travail de recherche
culturelle au rectorat de Lyon, a suivi
La logistique du lycée agricole de ci- mené dans son environnement proche
avec intérêt ces projets dont il relate
beins et l’ingénierie de la DrAF ont (en cela il remplit sa mission d’anima-
les enjeux – qu’apportent les artistes au
contribué au bon déroulement de cette tion des territoires) permettant aux
champ éducatif ? - et les bénéfices pour
formation. enseignants et aux étudiants issus de
les jeunes en termes de « pédagogie
différentes formations (enseignement
Le même projet est en cours sur les culturelle » - une pédagogie qui sollicite
agricole/enseignement supérieur) de
jardins : une journée de formation est d’abord l’intelligence sensible - dans
se rencontrer, d’échanger, de se connaî-
organisée en mars 2009 pour les en- l’ouvrage publié par le criPt « Mémoi-
tre mieux et d’apporter des nouvelles
seignants de l’éducation nationale, au re, saveurs et création ».6
ressources pour les territoires.
lycée agricole de cibeins avec le sou-
tien de la mission ingénierie culturelle Le diagnostic conduit dans ce cadre
de la DrAF. dans la Drôme des collines est à ce titre y a-t-il, en deHors de ces
exemplaire :
ce croisement de compétences ori- actions trÈs ricHes, Mais
ginales, exigeantes, « éducation natio- Les étudiants du Master conduit parfois ponctuelles, des
nale/enseignement agricole » permet par l’université de Lyon 2 ont mis en dispositifs de conventionne-
de construire des propositions de for- perspective des données sur le terri- Ment qui inscrivent d’ores
mation continue pertinentes pour les toire de la Drôme des collines, et ont
et déjÀ des actions bi- ou
acteurs concernés, qu’ils soient ensei- installé une commission « culture/Pa-
gnants, professionnels de la culture ou trimoine » au sein du pays, impliquant, tripartites culture/agricul-
agents de développement local. entre autres, deux directeurs de lycées ture/éducation nationale,
agricoles (Jean-Pierre cardi et nathalie de ManiÈre pérenne ?
L’Université est aussi un domaine
Prudon-Desgouttes). ceci a pu se faire
d’intervention et de partenariats très • Le dispositif « lycéens au cinéma »
grâce au soutien du lycée agricole de
riche entre l’enseignement agricole bien installé dans les pratiques
romans et à la mission d’ingénierie
et l’éducation nationale. nombre de des enseignants, co-organisé par
culturelle de la DrAAF.
licences professionnelles de l’enseigne- le conseil régional et la DrAc,
ment agricole sont bâties en lien avec un étudiant de ce même Master a associe en rhône-Alpes dans les
l’université. Prenons pour exemple la pu réaliser plus récemment une recher- actions de formation profession-
licence professionnelle « Promoteur che en s’appuyant sur un inventaire nelle de l’éducation nationale, des
du patrimoine territorial » entre le ly- réalisé par le criPt 3 (structure qui enseignants de lycées agricoles.
cée agricole d’Aubenas et l’université fédère les lycées agricoles de la région) il constitue une de ces actions
Joseph Fourier de Grenoble. Mais nous sur les fêtes agri-culturelles. cet étu- pérennes.
pouvons également évoquer le Mas- diant a pu travailler en profondeur cet- • De même bon nombre d’offres de
ter « Patrimoine rural et valorisation te question, poser une problématique
culturelle » proposé par l’université
de Lyon 2 qui met en œuvre des sta-
ges « diagnostics de territoires » dans 4 ecole nationale des industries du Lait et de la
2 écologie-Agronomie-territoire- citoyenneté,
un module d’enseignement spécifique aux viande
classes de secondes de l’enseignement 5 D’autres expériences peuvent être communi-
1 « une politique pour le patrimoine culturel agricole. quées par le criPt
rural » par isaac chiva, rapport au ministère 3 complexe régional d’information Pédagogi- 6 Publication sur commande au criPtrA,
de la culture, 1994. que et technique 04 74 08 88 31.
70 Partenaires et partenariats
L’Éducation artistique
en Bourgogne : travailler
par projet pour mieux
irriguer le territoire,
l’expérience de la DRAC
Christine Diffembach
Conseillère Action culturelle territoriale – Direction régionale des affaires culturelles de Bourgogne –
Le projet d’éducation
artistique de l’Arc, scène
nationale du Creusot :
des valeurs à défendre !
Nadine VAROUTSIKOS
directrice de l’Arc – scène nationale du Creusot
Virginie BOCCARD
secrétaire générale
Toute scène nationale a dans ses missions le développement des publics. L’Arc, scène
nationale du Creusot, en a fait un axe majeur de son projet d’éducation artistique en
prenant en considération tous les publics – au-delà d’une catégorisation formelle –
en y intégrant tous les échelons territoriaux, et en réfléchissant à la nécessité d’une
éducation artistique tout au long de la vie. Vaste et beau chantier !
La scène nationale du Creusot déve- formel des classes à Pac 1, des ateliers
loppe un travail important en direction Le service artistiques. Ici nous pouvons réfléchir à
des publics. Cette action est structurée la globalité d’une action dans son ter-
dans le cadre d’un service éducatif éducatif ritoire, trouver des passerelles entre du
dont le cœur est la relation au public temps scolaire et du hors temps sco-
amateur ou au public en demande de laire, et surtout inscrire véritablement
pratique artistique. Cette relation se Le service éducatif a été mis en place des actions dans la durée.
construit grâce à l’accueil de compa- en 2005 dans notre scène nationale
avec le détachement d’un enseignant Il est pour nous un laboratoire de
gnies ou d’artistes en résidence à la
sur une journée. recherche sur les relations à inventer
scène nationale.
entre artistes, population et territoire :
Au-delà des projets liés aux établis- Ce service embrasse le volet édu- un foyer, une âme pour la maison. Le
sements scolaires, nous menons depuis catif et territorial : il est pensé bien maillage du territoire autour de l’ac-
2002 des projets en zone rurale dans le au-delà des relations avec l’éducation tion de la scène nationale.
cadre de conventionnement avec des nationale puisqu’il s’agit de penser des
projets pour une éducation des publics Mais de la même manière c’est aussi
villes, des communautés de communes
à l’art tout au long de la vie. Il est le pi- le pivot de notre action en direction
et des Pays.
vot de nos actions en direction de tous des territoires. On assiste d’ailleurs à
Sur notre bassin de vie, notre ambi- les publics : auprès des publics adultes, une multiplication des projets sur un
tion est surtout de l’ordre du symboli- des groupes d’anciens, d’associations territoire dont le périmètre s’élargit de
que : il est primordial de travailler sur d’amateurs, des jeunes… plus en plus.
l’image que certains habitants ont en-
La structuration de notre projet ar- Aujourd’hui, nous sommes face à
core de la scène nationale, comme un
tistique autour de ce service éducatif une demande croissante des acteurs du
lieu « élitiste » et pas fait pour eux.
nous a permis de réfléchir avec une territoire (communauté de communes,
C’est pourquoi tout le travail de ré- plus grande liberté et autonomie à la Pays, villes) qui nous interrogent sur
flexion consacré à la question du public mise en place de projets. Il est avant des sujets liés au développement cultu-
trouve sa cohérence et son aboutis- tout un lieu de réflexion et d’inven- rel à l’échelle de leur zone d’influence.
sement dans l’importance donnée au tion et non un empilement de dispo-
service éducatif dans le projet de la sitifs. Nous dépassons le cadre trop
maison.
1 Classe à Projet artistique et culturel
Partenaires et partenariats 75
Dans ce texte, Agnès Pigler rappelle ce que sont, pour l’Éducation Nationale, le
contexte et les objectifs de l’élaboration du volet culturel du projet d’établissement.
Elle précise ainsi que le volet culturel de chaque établissement se bâtit en fonction
de sa dynamique propre mais au regard, également, du cadre incitatif relatif à l’ac-
tion culturelle mis en œuvre tant par la DRAC Bourgogne que par le Conseil régional.
proposées dans le volet culturel la diversité des domaines artistiques et pour co-construire, là encore, son volet
qui doivent être conçues comme culturels comme : culturel. Il existe, dans l’académie de
des points d’appui de projets • les enseignements artistiques Dijon, des chargés de mission dépar-
rayonnant sur l’ensemble de la obligatoires et optionnels, et tementaux basés dans les Inspections
population scolaire (au niveau de notamment l’histoire des arts académiques et dont le rôle, entre
l’école et/ou de l’établissement, (formations spécifiques, actions autres, est d’aider les chefs d’établis-
voire à l’échelle des territoires), éducatives) sements et les équipes pédagogiques
• l’apprentissage d’un nouveau à construire ce volet culturel. Insistons
• les divers dispositifs : atelier, classe
mode de travail avec les structures encore sur le fait que les institutions
à horaire aménagé, classe cultu-
culturelles. culturelles, les Centres de Recherche
relle, classe patrimoine, résidences
et de Documentation Pédagogiques
d’artistes, etc.
Dans l’académie de Dijon, c’est dans (CRDP et CDDP) sont désireux de coo-
• les diverses actions de pérer avec les enseignants en vue d’une
cette perspective que seront évaluées
sensibilisation, meilleure diffusion des informations,
les prochaines actions culturelles.
Toute initiative culturelle prévue dans • les actions proposées par les des outils pédagogiques, de l’offre de
le volet culturel du projet d’établis- services éducatifs des structures formation proposée aux différents
sement doit faire l’objet d’une fiche culturelles de la région. acteurs de l’éducation artistique et
action qui permettra une évaluation du • les actions culturelles à visée euro- culturelle.
volet culturel en fin d’année scolaire. péenne, etc. Les projets d’éducation artistique
Il appartient donc au chef d’établisse- et culturelle, qui composent le volet
ment de coordonner les projets artisti- Il est nécessaire d’insister sur la culturel du projet d’établissement,
ques du volet culturel du projet d’éta- condition suivante : les projets du vo- reposent sur la rencontre des jeunes
blissement. La finalité est de toucher let culturel reposent sur la nécessaire avec leur patrimoine culturel local et
tous les élèves en structurant l’éduca- coopération entre les enseignants et régional, ainsi qu’avec les artistes et
tion artistique et culturelle autour de les artistes ou professionnels de la les professionnels de la culture. Cette
projets d’établissements et même de culture. Il est donc fondamental que rencontre doit être élaborée dans le
projets de territoire, et pour ce faire, le chef d’établissement fasse appel, cadre de projets partenariaux entre les
deux axes sont à dégager : en amont de l’écriture de son volet équipes pédagogiques et les équipes
• le partenariat des établissements culturel, aux équipes culturelles ou aux artistiques et culturelles, qui répon-
avec les institutions culturelles et services éducatifs des structures cultu- dent à une exigence de qualité, tant
les collectivités territoriales, relles pour co-construire ce volet cultu- pédagogique que culturelle. Elle doit
rel. De plus, le partenariat des établis- également permettre d’impliquer les
• la création, au sein de l’établisse-
sements scolaires avec les collectivités jeunes habituellement éloignés des
ment, d’une réelle vie culturelle
territoriales ne doit pas se borner à une pratiques culturelles et de rapprocher
regroupée autour de l’axe fonda-
demande de subvention. Les collectivi- les publics scolaires de leurs structures
mental du volet culturel.
tés territoriales, tout comme la DRAC, culturelles de proximité.
Ce volet culturel peut se décliner dans sont des partenaires à part entière à
qui le chef d’établissement fait appel
78 Partenaires et partenariats
La DRAC incite les institutions cultu- Du côté dans une réelle dynamique col-
lective. La mise en place d’un
relles - dont certaines sont labellisées
« pôles nationaux de ressources » du Conseil atelier qui fonctionnerait comme
une option facultative induirait
ou dont certaines peuvent avoir une
compétence transversale - à intégrer
Régional… forcément une implication finan-
cière forte de l’établissement et
davantage les enjeux d’éducation ar- ne serait pas en accord avec la
tistique et culturelle dans leur projet philosophie du volet culturel du
artistique. En effet, comme les équipes La stratégie du Conseil régional de
Bourgogne préconise aux chefs d’éta- projet d’établissement.
artistiques, elles peuvent être forces
de proposition en matière d’éducation blissements afin qu’ils bénéficient Le Conseil régional ne financera
artistique et culturelle en fonction de d’une subvention régionale pour mener pas de participation à un spectacle
leur programmation, de leur projet à bien leur politique culturelle, de réu- ou d’atelier isolé qui ne concernerait
artistique, de leur projet de création. nir les professeurs, documentalistes, qu’une poignée d’élèves et serait dé-
Aussi, il est important que ces offres CPE1 qui souhaitent mener des actions taché de toute dynamique d’établis-
puissent être relayées par les structu- artistiques au sein de l’établissement sement et des objectifs pédagogiques
res elles-mêmes ou les autorités scolai- afin de définir ensemble le fil conduc- portés conjointement par le volet
res via leurs référents (DAAC, chargés teur qui reliera ces actions entre elles culturel et le projet d’établissement.
de mission culture dans les inspections dans le cadre du volet culturel du pro-
jet d’établissement définissant les ob- On le voit, en Bourgogne, les diffé-
académiques, enseignants mis à dispo- rentes politiques culturelles ont choisi
sition dans les institutions culturelles jectifs et non les dispositifs culturels.
d’œuvrer en commun pour une réelle
et muséales) afin qu’ils puissent y tra- 1. Contacter une structure culturelle cohérence et un véritable partenariat
vailler avec les équipes éducatives des (Centres d’Art, Théâtres, Associa- afin d’aider, au mieux de leur capacité
établissements scolaires dans un esprit tions Culturelles, Compagnies en propre, les chefs d’établissement à
de co-construction de projets. création, Musées…) construire leur volet culturel pour le
Cependant, les missions de ces 2. Vérifier si la structure choisie bé- plus grand bien de tous les élèves.
institutions culturelles pourront être néficie d’un service éducatif ce qui
différenciées en fonction de leur in- permet de réduire les coûts. En
vestissement en éducation artistique effet, la participation de la DRAC
et culturelle, de leur taille et de leur se traduit par une subvention
personnel. La territorialisation entraîne
donc la différenciation des acteurs
et des degrés d’implication dans des
1 Conseiller Principal d’Éducation
Partenaires et partenariats 79
un autre type de résidence les buts poursuivis : honoraires est prise en compte par le
d’artiste dans l’acadéMie tDB via la subvention qui lui est versée
La finalité pédagogique de cette par la DrAc au titre de son service
de dijon : les résidences résidence est de mettre les élèves éducatif.
par seMestre. en contact avec le spectacle vivant,
les textes, la mise en scène et le jeu en conclusion nous pouvons dire que
un autre lycée de l’académie accueille
théâtral afin de leur faire prendre les résidences d’artistes sont multiples,
cette année en résidence une compa-
conscience des différentes représenta- je n’ai donné ici que deux exemples,
gnie de théâtre deux fois 15 jours : la
tions du monde et des dimensions de mais il y en a bien d’autres comme les
première quinzaine en octobre et la
l’être qu’ils peuvent questionner d’une résidences sur trois ans, ou encore les
deuxième en mars.
manière autre que scolaire. résidences d’artistes qui sont totale-
cette résidence d’artistes est, là en- ment prises en charge par la structure
Le but artistique de la résidence est culturelle, comme c’est le cas avec
core, l’axe fédérateur du volet culturel,
d’entamer, pour les artistes, un travail l’Atheneum qui offre 50 heures d’in-
mais l’angle d’approche est légèrement
de création (ici « casimir et caroline » terventions gratuites aux scolaires en
différent puisque la question qui a
de Ödön von horvath), avec l’équipe « prêtant » leurs artistes en résidence
mené à cette résidence est : comment
pédagogique, avec et devant les élèves, chez eux (partenariat université/se-
prendre en compte la diversité des
et de partager les questions d’un ac- condaire). on le voit, la déclinaison est
publics scolaires de l’établissement ?
teur ou d’un metteur en scène. quasi infinie.
La résidence mise en place travaille
Mais c’est aussi d’affronter le regard Mais ce qu’il faut remarquer c’est
autour de la question de la réduction
des élèves sur cette pièce de 1932 qui que les chefs d’établissements n’ont
de ces écarts, ce qui est un axe essen-
dépeint Munich et sa fête de la bière plus les moyens d’une multitude
tiel des objectifs pédagogiques du
selon un portrait peu flatteur en racon- d’actions qui serait comme un sau-
projet d’établissement. cette résidence
tant avec cynisme la rupture d’un jeune poudrage de culture et qui toucherait
touche l’ensemble des classes de se-
couple au milieu des festivités. La fête là dix élèves, là sept, là encore quinze
conde de ce lycée, c’est-à-dire 230 élè-
foraine est la toile de fond de cette etc. De plus cette multiplicité sans
ves. Les compétences ciblées par cette
pièce, elle catalyse les aspirations et les cohérence ne répond pas au parcours
résidence sont l’oral, l’écrit, les langues
inégalités et précipiter leur destin. culturel tel qu’il est défini par le minis-
et les arts.
Faire réfléchir les élèves sur leur pro- tère ni à l’injonction de cohérence, de
Les classes de Première bénéficie- pluridisciplinarité, de transcatégorialité
pre génération, leurs références, leurs
ront d’un approfondissement du travail et d’interdegré, requise par le volet
aspirations, leurs craintes et réfléchir
théâtral de l’an passé. cette résidence culturel du projet d’établissement. un
avec eux aux perspectives contenues
s’articule autour d’interventions sur le volet culturel bien compris se doit de
dans la pièce, ainsi qu’à l’engouement
temps scolaire dans l’établissement et répondre aussi à la commande du plus
contemporain pour les phénomènes
de temps de création et de répétition grand nombre d’élèves touchés sans
culturels tels que la star Academy, ava-
in situ pour la compagnie. que ce grand nombre nuise à la qualité
tar de la fête foraine, tels sont aussi les
cette résidence est mise en place enjeux d’une telle résidence. pédagogique et artistique. La résidence
prioritairement pour les classes de d’artiste, comme projet fort du volet
on le voit, cette résidence d’artiste culturel répond à ce difficile cahier des
seconde option théâtre - ou pas -,
est en parfaite cohérence avec le volet charges.
mais rayonne sur l’ensemble de la po-
culturel du projet d’établissement, elle
pulation scolaire lors des périodes de
rayonne sur l’ensemble de la commu-
répétition. Le travail en classe se fait
nauté scolaire, touche une équipe pé-
avec les artistes, en concertation avec
dagogique large, avec des objectifs pé-
les professeurs concernés, de français,
dagogiques bien définis dont la culture
langues vivantes, arts plastiques et his-
est à la fois un moyen d’y parvenir et
toire, selon des propositions élaborées
le support pour un dépassement d’un
conjointement entre les enseignants
savoir trop scolaire.
et les artistes. La compagnie travaille
avec les élèves autour des enjeux liés Le coût de cette résidence est de
au texte et à sa mise en scène. ce tra- 10 000 euros. L’établissement prend en
vail de sensibilisation se déroule sur charge la moitié des frais représentant
le temps scolaire et sur deux périodes le coût de l’hébergement pour trente
à raison de 40 h d’intervention par jours (cette somme est prise sur l’enve-
période. loppe globalisée, de même que les hse
données aux professeurs), la DrAc et
Le lycée héberge la compagnie et
le conseil régional prennent en charge
met à sa disposition un lieu de travail
le reste.
et de répétition sur les deux périodes.
La compagnie en résidence s’engage à Les déplacements de la compagnie
produire, en concertation avec l’équipe sont payés par la structure d’accueil
pédagogique, un dossier d’actions (le théâtre de Bourgogne ‘tDB’) qui
pédagogiques destiné à servir de ré- reçoit une subvention de la DrAc à
férent aux différentes interventions cet effet, le conseil régional donne
proposées. une subvention à l’établissement qui
servira à payer une partie des honorai-
res des intervenants artistiques et de
l’hébergement, une autre partie des
Contacts
Coordination Alsace Champagne-Ardenne Basse-Normandie
Correspondants régionaux
Claire LATIL Marc OBERHEIDEN Fabienne MONTARON Stéphane BILLARD
Chargée de mission réseau « LEGTA de Pflixbourg LEGTA de Troyes LEGTA de Sées
animation et développement 2 lieu dit Saint Gilles Route de Viélaine rue du 11 novembre 1918
culturel » 68920 WINTZENHEIM 10120 ST POUANGE 61500 Sées
DGER Tel : 03 89 27 06 40 Tel : 03 25 41 64 00 Tel : 02 33 81 74 00
S/D des Politiques de Formation marc.oberheiden@educagri.fr fabienne.montaron@educagri.fr stephane.billard@educagri.fr
et d’Education
Bureau de la vie scolaire, étu- Aquitaine Franche-Comté Haute-Normandie
diante et de l’insertion
EPLEFPA Albi-Fonlabour Martine HAUTHIER Michèle LISION Dominique HURIER
Route de Toulouse CRARC – DRAF /SRFD ENILBIO LEGTA Gilbert Martin
81000 ALBI 51, rue Kiéser BP 70049/39 27110 LE NEUBOURG
Tel : 05 63 49 43 75 33077 BORDEAUX CEDEX 39801 POLIGNY CEDEX Tel : 02 32 35 15 80
Fax : 05 63 49 46 72 Tel : 05 56 00 42 25 Tel : 03 84 73 76 76 dominique.hurier@educagri.fr
claire.latil@educagri.fr martine.hauthier@educagri.fr michele.lision@educagri.fr
Pays de la Loire
Contact DGER Auvergne Ile de France
Vincent LEPLEY
Eve LE QUANG SRFD DRAF/SRFD LEGTA La Roche sur Yon
S/D des Politiques de Formation Site de Marmilhat - BP 45 18 avenue Carnot 85035 LA ROCHE SUR YON CEDEX
et d’Education 63370 LEMPDES 94234 CACHAN cedex Tel : 02 51 09 82 82
Bureau de la vie scolaire, étu- Tel : 04 73 42 27 70 vincent.lepley@educagri.fr
diante et de l’insertion Languedoc-Roussillon
1 ter, avenue de Lowendal Bourgogne Picardie
75700 PARIS 07 SP Pierre-Loïc AUBERT
eve.lequang@educagri.fr Florence DELL’ACCIO SRFD Montpellier Dany GREUILLET
DRAF/SRFD Bourgogne 3270 Route de Mende - BP 3141 Laurent CAUCHY
Contact ENFA 22D Bld Churchill - BP 87865 34034 MONTPELLIER DRAF/SRFD
21078 DIJON CEDEX Tel : 04 67 41 80 29 Allée de la Croix Rompue
Joël N.TOREAU Tel : 03 80 39 30 56 pierre-loic.aubert@educagri.fr 518 rue St Fuscien BP 69
ENFA – BP 87 florence.dell-accio@educagri.fr 80092 AMIENS CEDEX 03
31326 CASTANET CEDEX Limousin Tel : 03 22 33 55 20
Tel : 05 61 75 32 75 Bretagne dany.greuillet@educagri.fr
Fax : 05 61 75 03 08 Maud PANCRACIO laurent.cauchy@educagri.fr
joel.toreau@educagri.fr Bernard MOLINS LEGTA Ahun
LEGTA St Jean Brévelay- Le Chaussadis Poitou-Charentes
Ministère de la Culture et Hennebont 23150 AHUN
de la Communication Le Talhouët - BP 14 Tel : 05 55 81 48 80 Arnaud STINES
56701 HENNEBONT maud.pancracio@educagri.fr LEGTA de Venours
Marie-Paule SANS-CHAGRIN Tel : 02 97 36 23 40 RURART D150
Chargée de mission tourisme et bernard.molins@educagri.fr Lorraine 86480 ROUILLE
monde rural Tel : 05 49 43 62 59
DDAI/DEFEM Centre Martine ELWERT arnaud.stines@educagri.fr
182, rue Saint-Honoré LEGTA des Vosges
75001 PARIS Philippe CLOT Av de Lattre de Tassigny Provence Alpes Côtes
Tel : 01 40 15 78 58 EPL de Vendôme 88500 MIRECOURT d’Azur
marie-paule.sans-chagrin@edu- Site de Blois Tel : 03 29 37 80 30
cagri.fr 5/7 rue des grands champs martine.elwert@educagri.fr Agnès DECHY
BP 2881 SRFD
41028 BLOIS CEDEX Midi-Pyrénées Les bureaux de Marveyre
Tel : 02 54 67 44 00 10 Bld Ralli
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jacques.griffon@educagri.fr Denise MENU
Les correspondants de Champs Culturels participent au comité de rédaction DRAF Cité administrative de la
et sont dépositaires des numéros parus de la revue : c’est donc à eux qu’il Part-Dieu
Nord Pas de Calais
faut s’adresser pour : envoyer un article ou recevoir des exemplaires. 165 rue Garibaldi BP 3202
La revue Champs culturels est distribuée dans tous les établissements. Elle 69401 LYON CEDEX 03
Evelyne DESMOLINS
est donc consultable dans les CDI des établissements agricoles publics. Tel : 04 78 63 34 43
Olivier BROGNIART
Elle est par ailleurs diffusée dans les DRAC, les DRAF, les DRJS, les missions denise.menu@educagri.fr
LEGTA de Le Quesnoy
culturelles des rectorats, les associations conventionnées par le Ministère de
17, rue des Tilleuls
l’Agriculture. Elle n’est ni vendue, ni diffusée par abonnement.
59530 LE QUESNOY
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le web consacré à l’éducation artistique et culturelle, où Champs Culturels
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est aussi disponible en ligne.
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Directeur de publication :
Jean-Louis Buër
Directeur général de l’enseignement
et de la recherche
Ministère de l’Agriculture et de la Pêche
École Nationale
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