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CHRONONUTRITION

NUMÉRO

Les brèves nutrition SPÉCIAL


2021

NUMÉRO SPÉCIAL CHRONONUTRITION

Chers lecteurs,
PARTIE 1 – CHRONONUTRITION :
Pour notre numéro spécial de l’année, nous avons souhaité faire GÉNÉRALITÉS
un point sur la chrononutrition. C’est une thématique très en
vogue, avec un nombre de publications impressionnant ces deux P. 02 - Chrononutrition : de quoi parle-t-on ?
Des mécanismes moléculaires aux rythmes
dernières années. De plus en plus, une médecine adaptée à chacun alimentaires
est revendiquée par les sociétés savantes et, dans ce contexte, une
P. 04 - La désynchronisation des repas, une piste pour
alimentation personnalisée est plus que jamais préconisée. Mais à
l’origine des dérégulations métaboliques
quelle heure faut-il manger  ? Quels glucides prendre le matin ou
le soir ? Comment prendre en compte l’horloge biologique propre à P. 05 - Une alimentation à mesurer à l’aune de
l’horloge biologique, et non de l’heure à la montre
chacun  ? Pour qui un jeûne thérapeutique ou un jeûne intermittent
est-il souhaitable ? Comment aider les travailleurs de nuit ? Autant de P. 06 - Manger quand on veut ou quand on peut ?
Un nouveau facteur à considérer dans la
questions que se posent les nutritionnistes pour aider leurs patients,
chrononutrition
eux même informés de façon parfois cacophonique dans les médias
et les réseaux sociaux. P. 07 - Horaires en 3 x 8 : quels impacts sur
l’alimentation et le bien-être ?
Dans cette littérature scientifique très abondante, nous avons
P. 08 - Horaires décalés, alimentation chamboulée
sélectionné deux articles généraux très complets qui montrent
comment les rythmes alimentaires participent à synchroniser les PARTIE 2  – CHRONONUTRITION
rythmes circadiens, et réciproquement, mais aussi comment la ET GESTION DU POIDS
désynchronisation des uns retentit sur les autres, avec les désordres
P. 09 - La répartition des apports énergétiques  
métaboliques qui en découlent. D’autres articles s’intéressent aux sur la journée influence-t-elle le risque d’obésité ?
modalités pratiques de la chrononutrition, allant des difficultés
P. 10 - Sauter le petit-déjeuner fait-il grossir ?  
rencontrées pour suivre son propre rythme alimentaire – «  Manger Pas si clair
quand on veut, ou quand on peut ? » – jusqu’aux bouleversements de
P. 11 - Ramadan : un effet transitoire sur le poids  
l’alimentation des travailleurs postés ou de nuit. La place du petit
et la composition corporelle
déjeuner et la répartition des nutriments dans la journée sont aussi
analysées vis-à-vis du risque d’obésité, et le dogme du petit déjeuner PARTIE 3 – JEÛNE ET PERTE DE POIDS
« obligatoire » semble être revisité.
P. 12 - Jeûne intermittent : l’importance de respecter
Quant à l’intérêt du jeûne intermittent pour la gestion du poids et l’horloge biologique
la prévention des maladies métaboliques, les études ne font pas P. 13 - Jeûne intermittent et perte de poids :  
consensus et les auteurs soulignent une grande diversité des pratiques une revue pour démêler le vrai du faux
qui se cachent derrière ce terme unique de jeûne intermittent.
P. 13 - Le microbiote, médiateur des effets du jeûne
Toutefois, le respect d’une période de jeûne nocturne suffisamment sur l’horloge biologique ?
longue et alignée sur l’horloge biologique semble particulièrement
P. 14 - Jeûne intermittent, Low-Carb… des régimes
important, bien que des données soient encore nécessaires pour difficiles à suivre à long terme
l’étayer et préciser la durée de ce jeûne nocturne. Se pose aussi la
question de la faisabilité à long terme car ce type d’alimentation est PARTIE 4 – CHRONONUTRITION
difficile à concilier avec la vie sociale. ET APPORTS EN GLUCIDES
La clé du succès de la chrononutrition pourrait être l’alignement P. 15 - Chrononutrition : quels liens avec les apports  
du rythme alimentaire avec le rythme biologique propre à chacun – en glucides ?
et non « l’heure de la montre ». Ce que nous pourrions retenir, c’est P. 15 - Le métabolisme du glucose, mieux régulé  
qu’il existe bien des différences interindividuelles importantes et que le matin que le soir
leur respect est probablement essentiel : ce qui convient à l’un peut P. 16 - Chrononutrition : un futur levier pour la prise  
ne pas convenir à l’autre. en charge du diabète ?
Bonne lecture P. 17 - Glucides : de préférence le matin ou le soir ?

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PARTIE 1 - CHRONONUTRITION : GÉNÉRALITÉS

Chrononutrition : de quoi parle-t-on ?


Des mécanismes moléculaires
aux rythmes alimentaires
.........
Les processus biologiques, physiologiques et comportementaux sont régis par le rythme circadien,
communément appelé l’horloge biologique.

Le rythme circadien peut être défini alimentaire (Figure 1). L’horloge Hormones et nutriments
comme un rythme biologique  principale (en jaune) du noyau supra­ servent de signal aux horloges
endogène prenant la forme d’un chiasmatique (NSC) régule la ryth- périphériques
cycle d’environ 24 heures, régissant  micité du comportement alimentaire, Les rythmes alimentaires sont par
certains processus physiologiques  tandis que celles externes au NSC ailleurs renforcés par les réponses
cycliques comme le sommeil et  (en gris) sont sensibles aux concen- métaboliques aux aliments détectés
l’alimentation. Il est impulsé par  trations circulantes de nutriments et
par les horloges des tissus péri­
différentes «  horloges  » internes  d’hormones. Par exemple, les noyaux
phériques. Les hormones (insuline,
réparties dans l’organisme, dont la du tronc cérébral du tractus solitaire
glucagon, leptine, ghréline…) et les
principale est située dans le noyau intègrent les niveaux circulants en
nutriments (glucose, acides gras…)
suprachiasmatique de l’hypotha­ nutriments et en hormones ainsi que
circulants, ainsi que les signaux trans­
lamus. Ces horloges sont synchroni- d’autres signaux du statut énergé-
mis par le tractus gastro-intestinal
sées par des stimuli externes dont tique de l’organisme. Les horloges
(glucagon, insuline, IGF-1) déclenchent
les plus connus sont l’alternance présentes dans le noyau accumbens
des réponses homéostatiques aiguës
jour/nuit et le rythme des prises  (NAc), l’aire tegmentale ventrale (VTA)
de manière rythmique (selon le cycle
alimentaires. S’appuyant sur une  ou le cortex préfrontal (PFC) sont quant
littérature de plus en plus riche, alimentation/jeûne) qui influencent
à elles impliquées dans les circuits
quatre experts expliquent comment à leur tour les rythmes endogènes
dopaminergiques de motivation- 
les rythmes biologiques, les prises des processus métaboliques.
récompense qui influencent les
alimentaires et le métabolisme éner­ comportements alimentaires, par Ainsi, les horloges internes parti-
gétique interagissent. exemple en favorisant la sensibilité cipent à impulser son caractère
aux aliments appétents. rythmique à notre alimentation  ;
Des interactions réciproques
entre le rythme circadien
et la prise alimentaire
La prise alimentaire n’est pas unique­
ment régie par les besoins énergé-
tiques de l’organisme. Sa régulation,
en particulier chez l’Homme, fait 
intervenir des régulations homéos-
tatiques à court et à long terme pour
anticiper les besoins, des facteurs de
motivation et de récompense liés à la
nourriture, ainsi que des décisions
cognitives supérieures. Plusieurs
horloges circadiennes présentes
dans notre organisme interviennent
dans ces différents systèmes de ré-
gulation de la prise alimentaire.

Plusieurs horloges en action


dans le cerveau
Des horloges cérébrales situées à
l’intérieur et à l’extérieur de l’hypo-
thalamus influencent ainsi la prise Figure 1 : Régulation de la prise alimentaire par les horloges biologiques internes

02 LES BRÈVES NUTRITION - NUMÉRO SPÉCIAL 2021 - CHRONONUTRITION


PARTIE 1 - CHRONONUTRITION : GÉNÉRALITÉS

en retour, celle-ci participe à syn- aussi d’autres facteurs comme la chez l’Homme (Figure 2). Pour eux,
chroniser nos horloges internes et régularité des repas (voir article les travaux n’en sont toutefois qu’à
les rythmes endogènes qui en page 10), l’importance de la répar­ leurs débuts et de nombreux fac-
découlent, via les signaux métabo- tition des apports énergétiques, teurs méritent d’être ajoutés à
liques qu’elle engendre. voire des macronutriments, sur la l’équation, comme l’influence du
journée (voir article page 09), la chronotype des sujets ou encore
Les conséquences d’une prise durée de jeûne nocturne et son ali- celle du «  jetlag social  »1 sur le
alimentaire désynchronisée gnement avec le rythme circadien risque métabolique.
Les interactions complexes entre le (voir article page 12) ou encore 1. Différence de durée et d’horaires de sommeil
rythme circadien, les prises alimen- l’heure réelle des prises alimen- entre la semaine et le week-end, qui crée un
décalage entre l’heure biologique de l’individu et
taires, et les processus métabo- taires par rapport à l’heure biolo- l’heure sociale officielle.
liques pourraient expliquer en partie gique interne (voir article page 05).
les effets défavorables de certains Ces effets pourraient en partie
comportements alimentaires. Ainsi, résulter des variations diurnes qui
les études chez la souris montrent caractérisent le contrôle glycémique, À RETENIR
qu’une alimentation désynchronisée avec notamment une tolérance au n  e rythme circadien et la prise alimen-
L
expérimentalement (alimentation glucose plus importante en pre- taire interagissent pour ajuster le com-
fournie durant la phase de repos)  mière partie de journée (voir article portement alimentaire ;
ou riche en graisses, tout comme page 16). n  ne désynchronisation des prises
U
l’obésité, altèrent la santé métabo- Les auteurs proposent ainsi une re- alimentaires par rapport à l’horloge
lique en perturbant les rythmes cir- présentation, au cours de la journée, biologique pourrait altérer la santé
cadiens. Les données chez l’Homme des rythmes alimentaires qui ont  métabolique.
vont dans ce sens mais impliquent été associés à la santé métabolique

Large Breakfast
vs. Large Dinner

Early Time-Restricted Feeding


vs. Conventional Meal Pattern

Western Diet Pattern


vs. Mediterranean Diet Pattern

Figure 2 : Différents rythmes alimentaires associés à la santé métabolique chez l’Homme
Les modèles alimentaires A, caractérisé par un petit déjeuner riche en énergie et un diner à faible valeur énergétique,
et F, alimentation méditerranéenne avec un pic d’apport énergétique qui se situe au milieu de la journée (déjeuner),
semblent avoir une réponse métabolique plus favorable que leurs inverses, respectivement B et E.

Source :
Chrono-nutrition: From molecular and neu-
ronal mechanisms to human epidemiology and
timed feeding patterns.
Flanagan A, Bechtold DA, Pot GK, Johnston JD.
J Neurochem. 2021;157:53-72.

LES BRÈVES NUTRITION - NUMÉRO SPÉCIAL 2021 - CHRONONUTRITION 03


PARTIE 1 - CHRONONUTRITION : GÉNÉRALITÉS

La désynchronisation des repas, une piste


pour l’origine des dérégulations métaboliques
.........
L’heure et le contenu nutritionnel des repas constituent de puissants synchroniseurs du rythme
circadien. De nombreuses études chez l’animal indiquent qu’ils agissent en tant que signaux,
en influençant l’expression de gènes impliqués dans le métabolisme énergétique. Mais qu’en
est-il chez l’Homme ? Pour le savoir, des chercheurs britanniques ont rassemblé dans une revue
les avancées majeures sur le sujet.

Une désynchronisation des Différents messagers impliqués des circuits cérébraux de la récom-
repas favorise le gain de poids Les hormones régulatrices pense. Autres molécules à considérer,
Les études chez le rongeur l’ont de l’énergie celles aux propriétés anti-inflamma-
Les données actuelles indiquent  toires  : la perturbation des horaires
bien montré  : lorsqu’on perturbe
que la perturbation des horaires  des repas pourrait agir indirectement
leur horaire des repas (en leur four-
des repas pourrait modifier la sécré- sur le métabolisme énergétique en
nissant leur alimentation durant
tion de plusieurs hormones endocri- modifiant l’inflammation, qui modu-
la phase de repos plutôt que la
niennes impliquées dans le métabo- lerait à son tour la sensibilité à 
période active), les rongeurs diverses hormones comme l’insuline
lisme énergétique (ghréline, insuline,
prennent du poids pour un même et la leptine.
leptine, cortisol, glucagon, GLP-1),
apport calorique. Chez l’Homme, 
en altérant la rythmicité et l’ampli-
le fait de sauter le petit-déjeuner Bien d’autres éléments
tude de leur sécrétion (voir Figure).
(voir article page 10), de manger tard à prendre en compte
le soir (voir article page 09) ou de En théorie, selon les auteurs, cela Pour conclure leur travail de revue,
travailler en horaires décalés (voir pourrait contribuer à une désyn- les auteurs vont plus loin que la
article page 08) semble également chronisation entre ces hormones  seule caractérisation des méca-
associé à un indice de masse corpo- et leurs récepteurs, entraînant une nismes à même d’expliquer l’effet
relle plus élevé et à un risque élevé réduction de la signalisation et une des rythmes alimentaires sur le 
de troubles métaboliques dans les apparente résistance aux hormones. métabolisme énergétique. Ils esti-
Cependant, à l’heure actuelle, il ment que la conception actuelle 
études d’observation. Toutefois, les
existe peu de preuves dans les des études faisant varier les rythmes
mécanismes impliqués restent encore
études humaines que ces altéra- alimentaires (saut de petit-déjeuner,
à identifier.
tions de la signalisation jeûne intermittent, Ramadan…) pour
endocrinienne soient en explorer les effets sur les rythmes
direc­tement liées à une circadiens et la santé métabolique
modification des apports nécessite d’être ajustée. Plusieurs
ou de la dépense éner- facteurs devraient notamment être
gétique. intégrés comme le rôle individuel des
macronutriments selon leur horaire
Les neurotransmetteurs de consommation ou encore la pré-
et les molécules disposition génétique des individus à
anti-inflammatoires développer des réponses négatives aux
Pour les auteurs, d’autres perturbateurs circadiens. De même,
molécules pourraient la répartition des apports en glu-
être impliquées comme cides et en lipides au cours d’une
les neurotransmetteurs journée pourrait influencer les si-
du circuit de la récom- gnaux endocriniens. La qualité et la
pense (dopamine, séro- quantité de sommeil doivent aussi
tonine). Un apport calo- être prises en compte dans le cas de
rique prédominant le consommations en horaires décalés.
Figure : Influences circadiennes dans la régulation du bilan énergétique.
matin aurait ainsi un Autant d’éléments qui rendent en-
Un désalignement chronique peut entraîner un déséquilibre
impact positif sur l’équi- core difficile toute conclusion quant
énergétique par dérèglement du métabolisme énergétique périphérique
et de la signalisation vers le cerveau en lien avec l’apport énergétique libre énergétique en à la capacité de la désynchronisation
et les dépenses énergétiques. modulant la consom- des rythmes alimentaires à causer
mation et la satiété via une prise de poids ou des désordres
un renforcement positif métaboliques.
•••

04 LES BRÈVES NUTRITION - NUMÉRO SPÉCIAL 2021 - CHRONONUTRITION


PARTIE 1 - CHRONONUTRITION : GÉNÉRALITÉS

À RETENIR
n  ne perturbation de l’heure des repas peut modifier l’excrétion de nombreuses
U
hormones et molécules impliquées dans le métabolisme ; Source :
Mealtime: A circadian disruptor and determi-
n  ependant, il est encore difficile de conclure avec certitude qu’elle peut
C nant of energy balance?
modifier l’équilibre énergétique, causer une prise de poids ou des désordres Ruddick-Collins LC, Morgan PJ, Johnstone AM.
métaboliques. Journal of Neuroendocrinology.
2020;32:e12886.

Une alimentation à mesurer à l’aune


de l’horloge biologique, et non de l’heure
à la montre dans la chrononutrition
.........
Il a souvent été dit que les sujets en surpoids prennent la majorité de leur apport alimentaire en fin
de journée. Mais, il convient de ne pas confondre l’heure à sa montre, et l’heure pour son organisme
(horloge circadienne), surtout chez des jeunes pour lesquels la journée peut s’achever à 20 h ou au
petit matin.

Or, de nombreuses publications  par exemple, ≈ 7 h correspond au non-maigres consommait 8 % de
font référence à l’apport calorique réveil biologique, peu importe l’heure plus de ses calories quotidiennes
en fonction de l’heure locale, et non à la montre (il peut être 5 h du matin pendant la soirée biologique (≈ 19 h)
en fonction de l’horloge biologique à la montre d’un lève-tôt ou midi à la par rapport au groupe maigre : ainsi,
endogène de chaque individu. D’où montre d’un lève-tard). les individus non-maigres ont ten-
cette étude transversale examinant dance à consommer un pourcentage
L’enregistrement des prises ali-
la distribution de l’apport calorique plus important de leurs calories
mentaires a par ailleurs montré
et des macronutriments quotidiens quotidiennes à une phase circa-
que la consommation calorique la
au regard de l’horloge circadienne dienne plus tardive que les individus
plus basse était enregistrée durant
personnelle de 106 jeunes de 18 à  maigres. Par ailleurs, les participants
la nuit biologique (≈ 3 h du matin en
22 ans. non-maigres consommaient 13 % 
heure biologique) et la plus élevée
de glucides de plus lorsque leur 
Un rythme biologique pendant la soirée biologique (≈ 19 h
horloge biologique sonnait ≈  15 h.
très personnel en heure biologique). L’apport calo- Nombre de ces différences ne se
rique des sujets est donc en accord retrouvent pas lorsque l’on fait l’erreur
Pour connaître l’heure du début de
avec leur horloge interne. Les calo- d’étudier ces consommations en
nuit biologique de chacun d’entre
ries issues des glucides (pic à ≈ 7 h, heure de la montre ou par rapport
eux, les participants ont été placés
creux à ≈ 19 h) et des protéines (pic  aux cycles de sommeil.
dans une pièce à lumière tamisée.
à ≈ 19 h, creux à ≈ 3 h) suivent égale-
La mélatonine (hormone du som-
meil qui marque le début de cette
ment un rythme circadien. L’apport Adapter les recommandations
calorique lié aux graisses s’avère Ces données reflètent l’importance
nuit biologique) a été mesurée 
plus linéaire. de prendre en compte le rythme
heure par heure, via la salive. Selon
les individus, elle est apparue entre circadien de chaque individu, et
Effet de la masse grasse non l’heure de la montre, lors de la
17 h 52 et 3 h 38 (heure locale)  ! 
Les horloges biologiques ne coïnci- Ont ensuite été examinées les diffé- conception de stratégies thérapeu-
dent donc pas nécessairement avec rences dans le schéma temporel de tiques : une recommandation de type
l’heure «  à la montre  » et peuvent la consommation calorique entre les « éviter de manger après 20 h » ne
être décalées jusqu’à 10 h entre  jeunes adultes dits maigres (graisse tient pas compte de l’horloge biolo-
2 individus. Dans un souci de simpli- corporelle <  31 % pour les femmes gique propre à chacun et n’a donc
fication, les chercheurs ont exprimé et < 21 % pour les hommes, mesurée pas de sens pour une partie de la
les heures biologiques en faisant par impédancemétrie) et ceux dits population.
référence à un rythme « classique » : non maigres. Le groupe de sujets •••

LES BRÈVES NUTRITION - NUMÉRO SPÉCIAL 2021 - CHRONONUTRITION 05


PARTIE 1 - CHRONONUTRITION : GÉNÉRALITÉS

À RETENIR MÉTHODOLOGIE
n  hez des jeunes adultes, les prises alimentaires s’alignent sur l’hor-
C ULTRA-CONNECTÉE
loge biologique (et non sur le temps universel), qui peut être décalée L’étude a duré 30 jours durant
jusqu’à 10 h d’un individu à l’autre. lesquels les jeunes ont porté un
n  es consommations glucidiques de l’après-midi et caloriques du soir,
L moniteur d’activité au poignet.
en horloge biologique, sont supérieures chez les jeunes non-maigres Une application pour smartphone
(comparativement aux maigres). leur a permis de photographier
toutes leurs prises alimentaires
sur 7 jours. Leur composition
corporelle (afin de distinguer un
groupe maigre d’un groupe non-
Source : maigre) et leur rythme circadien
Caloric and Macronutrient Intake Differ
with Circadian Phase and between Lean and (apparition de la mélatonine dans
Overweight Young Adults. la lumière tamisée ou DLMO) a été
McHill AW, Czeisler CA, Phillips AJK, Keating L, évaluée durant une hospitalisation
Barger LK, Garaulet M, Scheer FAJL, Klerman EB.
Nutrients. 2019 Mar 11;11(3):587.
de 16 heures.

Manger quand on veut ou quand on peut ?


Un nouveau facteur à considérer
dans la chrononutrition
.........
Dans quelle mesure les horaires auxquels nous aimerions manger correspondent à ceux auxquels
nous mangeons vraiment ?

Pour le savoir, des chercheurs ont pour le premier que le dernier repas
lancé une série de tests auprès de de la journée. Ces décalages peuvent
Source :
An examination of eating misalignment:
192 étudiants américains (18-31 ans). atteindre plusieurs heures chez  The discrepancy between preferred and
Les résultats révèlent d’abord des certains individus. Toutefois, ils ne actual timing of food intake.
Veronda AC, Irish LA.
préférences très variables concer- sont pas plus marqués les jours de Chronobiol Int. 2021 Apr;38(4):557-564.
nant les horaires souhaités pour les cours que les jours de repos, suggé-
repas : par exemple, les préférences rant que d’autres contraintes que 
des participants s’étalent entre 5 h les horaires universitaires en sont à
du matin et 17 h pour la 1ère prise  l’origine (vie sociale, activités extra-
alimentaire de la journée ! En outre, scolaires...). Ayant confirmé l’exis-
des décalages entre les comporte- tence de profils et de décalages ho-
ments réels et les préférences  raires en matière de chrononutrition
(définis par des consommations (à l’instar des chronotypes pour le
ayant lieu plus de 30 minutes avant sommeil), les chercheurs envisagent
ou après l’horaire souhaité) sont  maintenant des travaux interrogeant
fréquemment observés (chez plus les effets de ces caractéristiques 
de 50 % des individus), aussi bien sur la santé.

06 LES BRÈVES NUTRITION - NUMÉRO SPÉCIAL 2021 - CHRONONUTRITION


PARTIE 1 - CHRONONUTRITION : GÉNÉRALITÉS

Horaires en 3 x 8 : quels impacts


sur l’alimentation et le bien-être ?
.........
La pénibilité de certaines conditions de travail est aujourd’hui reconnue en France. Parmi les risques
professionnels listés, figurent notamment le travail de nuit et celui en équipes alternantes (horaires
fluctuants selon le système dit des 3 x 8).

D’où cette revue narrative explorant dormir directement sont souvent La nécessité de programmes
l’impact de la perturbation circadienne rapportés. La leptine et la ghréline nutritionnels
des infirmiers, hôtesses de l’air,  (dont les sécrétions sont modifiées
Enfin, selon les auteurs, la préva-
travailleurs à la chaîne, employés  par les perturbations du sommeil),
lence du surpoids et de l’obésité
de structures ouvertes H24…, sur leur et l’insuline (dont la sécrétion dépend
chez les travailleurs en équipes 
alimentation et leur bien-être psycho­ de l’horaire des repas) seraient im-
alternantes souligne la nécessité de
social. 110 publications en langue pliquées dans certains de ces com-
programmes nutritionnels spécifi-
anglaise ont été recensées sur portements mais ne seraient pas les
quement conçus pour réduire les
Google Scholar, PubMed et Scopus, seules : pression sociale des collè-
risques associés aux horaires déca-
via une recherche par mots clés gues durant les pauses  ; moindre
lés : aliments riches en protéines la
(« rythme circadien », « horloge bio- accessibilité à des repas sains (can-
nuit, moindre consommation d’ali-
logique », « travail décalé »…). tine fermée)  ; contraintes domes-
ments riches en glucides, horaires
tiques de retour au domicile ; etc.
réguliers des repas, équilibre ali-
Désynchronisation Pourtant, l’apport énergétique de mentaire.
de l’horloge interne ces travailleurs est comparable à
Les auteurs commencent par revenir celui des travailleurs à horaires
classiques : plus que l’apport éner-
sur le fondement biologique des  À RETENIR
méfaits du travail décalé. Le noyau gétique, la prise de repas « au mau-
suprachiasmatique (NSC) de l’hypo- vais moment  » du cycle de 24 h n  e travail en équipe alternante (3 x 8) ne
L
serait ainsi un facteur clé du risque respecte pas le rythme biologique cir-
thalamus, siège de l’horloge interne
accru de perturbations métabo- cadien des infirmiers, travailleurs à la
centrale, synchronise les rythmes 
chaîne, employés de structures ouvertes
de notre organisme sur 24 heures : liques. Les repas pris trop tard le soir
H24… qui y sont soumis.
stimulation du sommeil et des fonc- et le sommeil pendant la journée
perturberaient le système de régu-  eur comportement alimentaire se
L
tions anaboliques pendant la nuit,
n

lation, l’appétit et le métabolisme  :  trouve altéré, pour des raisons méta­


stimulation de l’éveil et des fonctions boliques mais aussi sociales, organisa-
cataboliques le jour, contrôle du le métabolisme du glucose et le
tionnelles, etc.
rythme endogène de la mélatonine stockage des graisses étant favo­
risés en journée (et l’épargne du n  a forte prévalence de l’obésité et de
L
dont la sécrétion est élevée pendant risques psychologiques dans ces popu-
la nuit biologique. La désynchroni- glucose et la lipolyse la nuit), les 
lations nécessite la mise en place de
travailleurs par roulement présente-
sation de cette horloge sous l’effet du programmes nutritionnels adaptés.
raient des tolérances au glucose et
travail en 3 x 8 peut conduire à une
aux lipides réduites.
utilisation inappropriée des substrats
énergétiques, une perturbation des Santé mentale en berne
voies métaboliques, et donc une  Source :
En parallèle des perturbations ali-
accumulation intracellulaire de lipides Consequences of Circadian Disruption
mentaires, les travailleurs de nuit in Shift Workers on Chrononutrition and
et une résistance à l’insuline.
signalent aussi davantage de pro- their Psychosocial Well-Being.
blèmes psychologiques et de santé Mohd Azmi NAS, Juliana N, Mohd Fahmi Teng NI,
Altération des comportements mentale  : irritabilité, somatisation,
Azmani S, Das S, Effendy N.
Int J Environ Res Public Health.
alimentaires troubles obsessionnels compulsifs, 2020 Mar 19;17(6):2043.
Les auteurs s’arrêtent ensuite sur anxiété, troubles paranoïaques…
les modifications du comportement De même, les travailleurs en 3 x 8
alimentaire associées au travail en rapportent irritabilité, nervosité, 
3 x 8. Un appétit accru en fin de nuit, anxiété. Leur absentéisme est 
des grignotages accompagnés de café plus élevé de même que le recours
durant le travail, une consommation aux psychotropes, la consommation
d’alcool pour se détendre à domicile, d’alcool et de drogues, les taux de
le saut du petit-déjeuner pour aller divorce et de suicide, etc.

LES BRÈVES NUTRITION - NUMÉRO SPÉCIAL 2021 - CHRONONUTRITION 07


PARTIE 1 - CHRONONUTRITION : GÉNÉRALITÉS

Horaires décalés,
alimentation chamboulée
.........
Une revue systématique s’est penchée sur les résultats de 33 études d’observation (30 transver-
sales, 2 longitudinales et 1 cas-témoin) relatives aux associations entre le travail décalé (de nuit ou
par rotation) et les habitudes alimentaires.

Des habitudes alimentaires semblent consommer davantage


À RETENIR
modifiées d’aliments riches en graisses satu-
rées et de boissons sucrées. Soit n  e travail de nuit ou par rotation per-
L
Davantage de repas sautés, une turbe l’organisation des repas (saut du
autant de facteurs de risque supplé-
consommation alimentaire plus im- petit-déjeuner, consommation alimen-
mentaires pour le développement de
portante pendant la nuit  : les don- taire plus importante la nuit) et pourrait
perturbations métaboliques. Néan-
nées recueillies suggèrent que le augmenter le risque de maladies méta-
moins, l’apport énergétique quoti- boliques.
travail décalé chamboule les habi-
dien des travailleurs décalés ne
tudes alimentaires des travailleurs.  e travail décalé semble favoriser la
L
diffèrerait pas de celui des travail- n

Or ces changements sont connus consommation d’aliments gras et de


leurs non décalés.
pour être des facteurs de risque de boissons sucrées, mais ne modifie pas
l’apport calorique total quotidien.
prise de poids, d’intolérance au  Prudence avant de conclure
glucose, de résistance à l’insuline,
Les résultats doivent néanmoins,
de dyslipidémie et d’obésité. En cause,
selon les auteurs, être interprétés
la perturbation du rythme circadien
avec la plus grande prudence du fait
(auquel sont soumises la pro­ Source :
du grand nombre d’études transver-
duction d’hormones et la fonction The effect of shift work on eating habits:
sales (les travailleurs ont-ils adopté a systematic review.
métabolique), qui se traduit notam- Souza RV, Sarmento RA, de Almeida JC, Canuto R.
ces habitudes alimentaires après 
ment par une production réduite Scand J Work Environ Health.
ou avant de commencer à travailler 2019 Jan 1;45(1):7-21.
de leptine, une augmentation de la
en horaires décalés  ?), de la faible
ghréline et une résistance accrue à
qualité méthodologique des études
l’insuline. Les conséquences de  (nombreux facteurs de confusion) 
ces perturbations métaboliques pour­ en sus des biais classiques (auto-
raient être lourdes  : un risque plus évaluation de son alimentation).
élevé d’infarctus et d’événements Néanmoins, les résultats soulignent
coronariens est en effet associé au la nécessité de prêter attention à
travail décalé. la qualité de l’alimentation de ces
travailleurs et de mener des études
Changement de composition
de meilleure qualité (longitu­
des repas
dinales, tenant compte des facteurs
De plus, même si l’on note des  de confusion…) afin de pouvoir pro-
résultats souvent discordants dans poser des recommandations nutri-
les études sur les macronutriments, tionnelles adaptées à cette popu­
les travailleurs décalés pourraient/ lation.

À LIRE ÉGALEMENT
The circadian regulation of food intake. Impact of Meal Timing and Chronotype
How to time the time - A preface Challet E. Nat Rev Endocrinol. on Food Reward and Appetite Control
to the special issue Circadian Rhythms 2019;15:393-405. in Young Adults.
in the Brain. Stehle JH, et al. Beaulieu K, et al.
Journal of Neurochemistry. Intermittent fasting: from calories Nutrients. 2020;12.
2021;157:6-10. to time restriction.
Duregon E, et al. Geroscience.
2021;43:1083-92.

08 LES BRÈVES NUTRITION - NUMÉRO SPÉCIAL 2021 - CHRONONUTRITION


PARTIE 2 - CHRONONUTRITION ET GESTION DU POIDS

La répartition des apports énergétiques


sur la journée influence-t-elle le risque d’obésité ?
.........
La répartition des apports énergétiques au cours de la journée pourrait-elle agir sur le métabolisme
énergétique et influencer le risque d’obésité  ? Pour le savoir, des chercheurs ont examiné dans
plusieurs pays les répartitions des repas sur la journée puis leur association possible avec l’indice
de masse corporelle (IMC).

Une répartition très variée Un IMC moindre quand les À RETENIR


selon les régions du monde apports sont favorisés le matin
n  es apports énergétiques plus impor-
D
Malgré le nombre limité d’études Quant à l’impact de la distribution tants le matin que le soir sont associés
observationnelles sur le sujet (11 des apports énergétiques sur l’IMC, à un meilleur équilibre alimentaire et un
études), les données indiquent que plusieurs études ont rapporté une moindre indice de masse corporelle ;
la contribution des différentes prises association entre les apports ayant n  es données sont toutefois encore insuf-
L
alimentaires (petit-déjeuner, déjeu- lieu en soirée et le risque d’obésité. fisantes pour conseiller une répartition
ner, dîner et collations) aux apports En outre, une étude suivant des  de l’énergie selon un schéma descen-
populations de divers pays aux  dant où le petit-déjeuner apporterait la
énergétiques quotidiens est très 
habitudes alimentaires et niveaux plus grande proportion d’énergie.
variable selon les régions du monde
socioéconomiques variables (étude
(Figure). Des différences sont aussi
INTERMAP) montre que lorsque la
décelées dans certaines études 
proportion des apports énergétique
selon l’âge, le sexe des sujets ou le
est plus élevée le matin que le  Source :
pays considéré. La définition des
soir, l’apport énergétique total est Chrono-nutrition: A review of current evidence
prises alimentaires est aussi très from observational studies on global trends in
moindre, la qualité nutritionnelle
inégale d’une étude à l’autre. time-of-day of energy intake and its associa-
meilleure et l’IMC plus bas. tion with obesity.
La France suit un modèle où le Toutefois, les auteurs se gardent
Almoosawi, S., Vingeliene, S., Karagounis, L.,
& Pot, G. (2016).
déjeuner contribue à la plus grande de conclure prématurément que Proceedings of the Nutrition Society,
proportion de l’apport énergétique l’apport énergétique du soir est un 75(4), 487-500.
total, suivi du dîner et du petit- facteur de risque d’obésité. Ils in-
déjeuner tandis que la contribution diquent que des études sont encore
des collations, ou « snacks » (prise nécessaires compte tenu de l’hété-
alimentaire en dehors des trois rogénéité des rares données dispo-
principaux repas) est parmi les plus nibles.
faibles. De plus, les sauts de repas
sont assez rares.

Figure : Proportion de l’apport


énergétique quotidien consommé
au petit-déjeuner, au déjeuner,
au dîner et lors des collations
(ou épisodes de snacking) selon
les régions du monde
Les barres représentent les
moyennes pondérées sur la taille
de l’échantillon étudié dans
chaque pays.

LES BRÈVES NUTRITION - NUMÉRO SPÉCIAL 2021 - CHRONONUTRITION 09


PARTIE 2 - CHRONONUTRITION ET GESTION DU POIDS

Sauter le petit-déjeuner fait-il grossir ?


Pas si clair
.........
Des études suggèrent que ceux qui sautent le petit-déjeuner ont tendance à être en surpoids tan-
dis que d’autres études montrent, dans le cadre d’interventions, que supprimer le petit-déjeuner
permet de perdre du poids. Pour clarifier la question, des chercheurs ont réalisé une revue et deux
méta-analyses des études d’observations longitudinales publiées sur le sujet.

Si sauter le petit-déjeuner Quant à la seconde méta-analyse 


À RETENIR
est associé à un gain de poids (n = 108 421 sujets), qui inclut deux
dans la majorité des études études avec des données de suivi n  es résultats «  en vie réelle  » (études
L
d’observation… d’IMC, elle conclut à une absence de d’observation longitudinales) indiquent
variation de l’IMC durant les 7 années que sauter le petit-déjeuner pourrait être
Sur les neuf études longitudinales associé à un risque plus élevé de prise
de suivi, que l’on prenne ou non un
retenues, huit rapportent une asso- de poids et d’apparition du surpoids et
petit-déjeuner. d’obésité ;
ciation entre le fait de sauter le petit-
déjeuner et le risque de surpoids, Difficile de conclure n  es résultats ne sont toutefois pas
C
d’obésité, de prise de poids, d’indice confirmés par les méta-analyses en
Selon les auteurs, on ne peut pas raison d’un trop petit nombre d’études
de masse corporelle (IMC) ou de tour
conclure de ces méta-analyses que et d’une grande hétérogénéité dans
de taille plus élevés.
sauter le petit-déjeuner conduit à leur méthodologie, ainsi que dans les
une prise de poids, les données habitudes du petit déjeuner d’un pays à
… les méta-analyses ne l’autre.
le confirment pas toujours n’étant pas assez robustes et trop
hétérogènes.
Les auteurs ont ensuite entrepris de
Ils avancent plusieurs arguments
réaliser deux méta-analyses à partir
pour justifier les résultats opposés
des études identifiées. Seules trois Source :
des études d’observation à ceux des
des neuf études disponibles présen- Association between Breakfast Skipping
études d’intervention : l’impact pro- and Body Weight-A Systematic Review and
tant des données comparables ont
bable de certaines caractéristiques Meta-Analysis of Observational Longitudinal
pu être utilisées (dont une étude uti- Studies.
du petit-déjeuner (horaire, composi-
lisée dans les deux méta-analyses). Wicherski J, Schlesinger S, Fischer F.
tion, durée, contexte…), le mode de Nutrients. 2021;13:272.
La première méta-analyse, incluant vie particulier de ceux qui sautent 
deux études qui renseignaient les le petit déjeuner ou leurs caractéris-
fréquences de consommation des tiques économiques ou socio-démo-
petits-déjeuners (n = 105 251 sujets), graphiques spécifiques. À LIRE ÉGALEMENT
révèle que sauter le petit-déjeuner The clock diet: a practical nutritional
plus de 3 fois par semaine aug- guide to manage obesity through
mente le risque de surpoids et chrononutrition.
Barrea L, et al. Minerva Med. 2021.
d’obésité d’environ 11 % comparé
au fait de le sauter moins de 2 fois Impact of intermittent energy
par semaine. restriction on anthropometric outcomes
and intermediate disease markers in
patients with overweight and obesity:
systematic review and meta-analyses.
Schwingshackl L, et al.
Crit Rev Food Sci Nutr. 2021;61:1293-304.

Breakfast Skipping Is Associated


with Increased Risk of Type 2 Diabetes
among Adults: A Systematic Review and
Meta-Analysis of Prospective Cohort
Studies.
Ballon A, et al. J Nutr. 2019;149:106-13.

10 LES BRÈVES NUTRITION - NUMÉRO SPÉCIAL 2021 - CHRONONUTRITION


PARTIE 2 - CHRONONUTRITION ET GESTION DU POIDS

Ramadan : un effet transitoire sur le poids


et la composition corporelle
.........
Durant le Ramadan, les Musulmans pratiquants sont invités à ne pas manger ni boire entre le lever
et le coucher du soleil. Les effets de ce mois de jeûne sur le poids sont désormais connus : le plus
souvent une tendance à la perte de poids puis une reprise au moins partielle après 2 à 6 semaines,
avec une forte variabilité interindividuelle.

Toutefois, les effets globaux sur la Perte de masses grasse À RETENIR


composition corporelle (masse grasse et maigre
et masse maigre) n’avaient pas   e jeûne du Ramadan conduit à une
L
De manière cohérente avec les
n

encore fait l’objet de recherches  perte de kilos, de masse grasse et,


résultats sur le poids, les auteurs dans une moindre mesure, de masse
approfondies. C’est pourquoi des
observent une réduction signifi­ maigre. La perte est supérieure en cas
chercheurs ont entrepris en 2018
cative de la masse grasse, en % du de surpoids ou d’obésité.
une revue de la littérature, en re- poids corporel (- 1,07 %) et valeur  es pertes sont transitoires  : 2 à 5 se-
C
cherchant dans six bases de données
n

absolue (- 0,98 kg) à l’issue du  maines après la fin du Ramadan, elles
(Medline, Premedline, Embase, Sco- Ramadan chez les personnes en sont déjà atténuées voire ne sont plus
pus, Cinahl et Global Health), des surpoids ou obèses, mais pas chez significatives.
publications qui mesuraient le poids celles de poids normal. Il en va de
et la composition corporelle avant et même, mais dans une moindre 
après le Ramadan, sans intervention mesure (perte 30 % inférieure à celle
visant à moduler l’activité physique de la masse grasse, avec - 0,66 kg)
ou le régime alimentaire des sujets. Source :
pour la masse maigre, qui décroît Effect of Ramadan Fasting on Weight and Body
durant le jeûne notamment chez  Composition in Healthy Non-Athlete Adults:
Une perte de poids variable A Systematic Review and Meta-Analysis.
les hommes.
selon l’IMC de départ Fernando HA, Zibellini J, Harris RA, Seimon RV,
Sainsbury A.
Les données issues des 70 publi­ Le naturel revient au galop ! Nutrients. 2019 Feb 24;11(2):478.
cations sélectionnées (2 947 partici- Quid des semaines suivant la fin du Conflits d’intérêts  : L’une des auteurs (Amanda
pants, études menées entre 1982 et Ramadan ? 2 à 5 semaines après la Sainsbury) est en partie rémunérée par diffé-
2018) confirment une perte de poids rentes entités médicales, et également auteur
fin du Ramadan, le poids et la com- de 2 ouvrages.
durant le Ramadan (- 1,34 kg en position corporelle convergent vers
moyenne), qui s’avère plus pronon- les mesures d’avant le Ramadan.
cée chez les personnes initialement Ainsi, ce mois de jeûne entraîne certes
en surpoids ou obèses. L’indice une réduction du poids et de la À LIRE ÉGALEMENT
de masse corporelle (IMC) pourrait masse grasse, notamment chez les
A systematic review, meta-analysis,
donc influencer la réponse au personnes en surpoids ou obèses, and meta-regression of the impact of
jeûne. À noter, il n’y a pas de diffé- mais elle n’est que transitoire. diurnal intermittent fasting during
rence entre hommes et femmes. Ramadan on glucometabolic markers
in healthy subjects.
Faris MA-I, et al. Diabetes Res Clin Pract.
2020;165:108226.

Effects of Ramadan intermittent fasting


on leptin and adiponectin: a systematic
review and meta-analysis.
Gaeini Z, et al. Hormones (Athens).
2021;20:237-46.

LES BRÈVES NUTRITION - NUMÉRO SPÉCIAL 2021 - CHRONONUTRITION 11


PARTIE 3 - JEÛNE ET PERTE DE POIDS

Jeûne intermittent :
l’importance de respecter l’horloge biologique
.........
Selon les études de chrononutrition les plus récentes, au-delà des moments auxquels nous consom-
mons nos aliments, la durée des périodes entre les prises alimentaires pourraient aussi impacter
la santé métabolique. Ainsi, le concept de jeûne intermittent est apparu dans le cadre de la lutte
contre l’obésité et de ses complications métaboliques. Dans une revue récente, des chercheurs de
l’université de Strasbourg font le point sur ce type de régime en examinant ses liens avec l’horloge
biologique.

Le concept de jeûne intermittent l’appétit, une amélioration de la sen-


À RETENIR
sibilité à l’insuline des patients 
Le jeûne intermittent au sens large
diabétiques et prédiabétiques, ainsi n  armi les différents jeûnes intermit-
P
consiste à alterner des périodes de
qu’une amélioration des marqueurs tents, le time-restricted feeding ou TRF
prises alimentaires (sans restriction) consiste à manger pendant une période
cardiovasculaires, autant de facteurs
et des périodes de jeûne. La tem­ de 6 à 10 h dans la journée, et à jeûner
poralité de ces deux phases est très associés à la santé métabolique.
pendant 14 à 18 h.
variable selon les études  : elles Dans d’autres études, la phase 
d’alimentation était décalée plus n  es résultats disponibles suggèrent que
L
peuvent se succéder à l’échelle de ce type de jeûne pourrait être une stra-
la semaine (5 jours / 2 jours par tard dans la journée, avec des résul-
tégie alternative non pharmacologique
exemple, régime connu sous le nom tats plus mitigés sur le poids et pas efficace dans la prise en charge de l’obé-
du 5:2 diet dans les pays anglo- d’effet sur les marqueurs métabo- sité et des troubles métaboliques qui lui
saxons), de quelques jours (1 jour / liques (glycémie, lipidémie, pression sont associés, à condition de synchroniser
artérielle). Enfin, d’autres études les phases alimentation/jeûne avec le
1 jour, appelé régime eat-stop-eat )
imposant une durée de jeûne jour- rythme circadien activité/repos.
ou de la journée (manger sur une
période de 6 à 10 h dans la journée, nalière mais laissant le choix de la n  outefois, ce mode d’alimentation reste
T
plage horaire ont également montré difficile à concilier avec une vie familiale
et jeûner ensuite pendant 14 à 18 h,
et sociale.
régime dit TRF pour time-restricted des résultats hétérogènes sur le
feeding). poids et la pression artérielle, et
pas d’effet sur les taux sanguins
Les études, aux méthodes et résul-
de glucose et d’insuline.
tats hétérogènes, n’ont pas permis
d’esquisser de consensus quant  Ainsi, ces résultats suggèrent qu’il Source :
Beneficial Effects of Early Time-Restricted
aux effets du jeûne intermittent sur est crucial d’aligner l’horaire de la Feeding on Metabolic Diseases: Importance of
la santé métabolique. prise alimentaire avec le rythme  Aligning Food Habits with the Circadian Clock.
Charlot A, Hutt F, Sabatier E, Zoll J.
circadien pour optimiser les effets Nutrients. 2021;13:1405.
Les auteurs se sont ainsi intéressés
du jeûne. Toutefois, bien que les 
ici aux effets spécifiques d’une des
bénéfices du TRF semblent plus
formes de jeûne intermittent, le TRF.
marqués quand l’alimentation est
Et selon eux, synchroniser les pé-
riodes de prises alimentaires avec limitée à la première partie de la
l’horloge biologique serait la clé de journée, il n’existe pas de consensus
l’efficacité de ce régime. à ce sujet et des essais randomisés
sont encore nécessaires pour com-
Jeûne intermittent et santé parer différentes plages horaires.
métabolique En outre, les auteurs insistent sur
Plusieurs études se sont intéressées une limite du TRF : malgré ses effets
au TRF présentant une fenêtre prometteurs et l’avantage de ne pas
d’alimentation en début de journée imposer de restrictions alimentaires,
(entre 8 h et 18 h). Celui-ci semble ce jeûne commençant en fin d’après-
efficace chez les personnes en midi est difficilement compatible avec
surpoids ou obèses, entraînant une une vie familiale, sociale et profes-
perte de poids, une diminution de sionnelle.

12 LES BRÈVES NUTRITION - NUMÉRO SPÉCIAL 2021 - CHRONONUTRITION


PARTIE 3 - JEÛNE ET PERTE DE POIDS

Jeûne intermittent et perte de poids :


une revue pour démêler le vrai du faux
.........
Le jeûne intermittent (qui peut prendre plusieurs formes, voir article page 12) fait l’objet d’un
intérêt grandissant en tant que méthode de perte de poids alternative à la restriction calorique,
en particulier en cas d’obésité. Toutefois, il fait naître des débats houleux entre ses défenseurs et
ses détracteurs en raison des effets favorables ou défavorables qui lui sont attribués.

Or, les allégations relayées à son ne pointer du doigt aucun aliment, de ceux consécutifs à la perte de
sujet ne sont pas toutes soutenues  le jeûne intermittent peut s’avérer poids, par exemple sur la sensibilité
par des preuves scientifiques solides.  difficile à suivre à moyen et long à l’insuline.
D’où cette initiative de deux cher- terme, comme en témoignent les taux
cheurs de faire le point sur les d’abandon plus élevés et le rappro-
connaissances actuelles afin de  chement progressif vers un régime À RETENIR
démêler l’avéré du non fondé. Ils standard observés dans certaines
n  e jeûne intermittent, qui peut prendre
L
publient ainsi une revue critique de études. Les mécanismes évoqués plusieurs formes, fait partie des mé-
la littérature sur laquelle les profes- pour défendre sa supériorité sont eux thodes de plus en plus utilisées par les
sionnels de santé pourront s’appuyer aussi battus en brèche, qu’il s’agisse personnes souhaitant perdre du poids.
pour guider leurs patients, et qui de l’hypothèse de la réduction de la n  algré les allégations parfois relayées à
M
pointe aussi les questions scienti- sécrétion d’insuline ou de celle de son sujet, la revue conclut qu’il n’est pas
fiques encore non résolues et méri- l’augmentation des corps cétoniques plus efficace que les régimes basés sur
tant de futurs travaux. (faible chez l’Homme, et peu suscep­ la restriction calorique.
tible de produire des effets clinique-
Pas de supériorité par rapport ment significatifs). Bien qu’il ne s’avère
à la restriction calorique pas plus efficace que la restriction
La conclusion principale des auteurs calorique, le jeûne intermittent ne Source :
semble toutefois pas présenter de Intermittent fasting for obesity and
est la suivante : non, le jeûne inter-
related disorders: unveiling myths, facts,
mittent ne conduit pas à une perte risque majeur pour ses pratiquants. and presumptions.
de poids supérieure à celle obtenue Enfin, parmi les questions non tran- Halpern B, Mendes TB.
Arch Endocrinol Metab.
avec une restriction calorique quo- chées, reste à savoir si le jeûne inter­ 2021 Jan 14:2359-3997000000322.
tidienne. S’il a l’avantage d’éviter mittent produit des effets métabo-
tout comptage des calories et de liques favorables per se, indépendants

Le microbiote, médiateur des effets


du jeûne sur l’horloge biologique ?
.........
C’est un rôle de plus que des chercheurs mettent en lumière pour le microbiote intestinal à travers
une revue de la littérature : il pourrait être un médiateur des effets du jeûne intermittent sur la syn-
chronisation de nos horloges biologiques (Figure).

En effet, bien que les données tions quotidiennes observées dans charides…) et des métabolites 
disponibles portent majoritairement la composition bactérienne du mi- microbiens (acides gras à chaîne
sur des modèles animaux, elles crobiote intestinal. Les oscillations en courte, acides biliaires, dérivés du
suggèrent que le jeûne intermittent découlant au niveau des composés tryptophane) constitueraient des 
permettrait d’amplifier les fluctua- bactériens eux-mêmes (lipopolysac- signaux et participeraient à leur  • • •

LES BRÈVES NUTRITION - NUMÉRO SPÉCIAL 2021 - CHRONONUTRITION 13


PARTIE 3 - JEÛNE ET PERTE DE POIDS

tour à la régulation des horloges  optimiser le métabolisme de l’hôte


Source :
circadiennes périphériques de l’or- via ses effets sur le microbiote, qui Intermittent fasting contributes to aligned
ganisme, voire de l’horloge centrale, relaierait un signal temporel à nos circadian rhythms through interactions with
impliquées dans la rythmicité de horloges biologiques. the gut microbiome.
Daas MC, de Roos NM.
nombreux processus métaboliques. Benef Microbes. 2021 Apr 12;12(2):147-161.
Ainsi, le jeûne intermittent pourrait

À LIRE ÉGALEMENT

Brain-Gut-Microbiome Interactions
and Intermittent Fasting in Obesity.
Frank J, et al. Nutrients. 2021;13.

Figure : Relations multidirectionnelles entre le jeûne intermittent,


le microbiote intestinal et les rythmes circadiens

Jeûne intermittent, Low-Carb…


des régimes difficiles à suivre à long terme
.........
Le jeûne intermittent (voir article page 12) et les régimes à faible teneur en glucides font partie des
approches récentes proposées pour la perte de poids. Bien que des résultats prometteurs aient
été rapportés, qu’en est-il de l’adhésion à ce type de régime ?

L’étude menée par un centre de chez les participants ayant terminé


soins canadien apporte un éclairage. l’étude, qui étaient toutefois seule- Source :
New obesity treatment: Fasting, exercise and
Le centre a proposé à des patients ment 36, contre 94 inscrits au dé- low carb diet - The NOT-FED study.
en surpoids de participer à un pro- part, soit 62 % d’abandon (un taux O’Driscoll T, Minty R, Poirier D, Poirier J, Hopman W,
Willms H, Goertzen A, Madden S, Kelly L.
gramme de perte de poids, basé comparable à celui observé dans Can J Rural Med 2021;26:55-60.
sur des conseils pour limiter ses d’autres études). Ces résultats sug-
apports en glucides et réaliser un gèrent ainsi qu’en dépit de l’efficacité
jeûne d’au moins 16 h par jour. Une potentielle de tels régimes, ils restent
perte de poids de l’ordre de 9 % a difficiles à suivre sur le long terme.
été enregistrée au bout d’un an

À LIRE ÉGALEMENT
A randomized controlled trial to
Effects of Time-Restricted Eating on isolate the effects of fasting and energy
Weight Loss and Other Metabolic restriction on weight loss and metabolic
Parameters in Women and Men With health in lean adults.
Overweight and Obesity: The TREAT Templeman I, et al.
Randomized Clinical Trial. Science Translational Medicine. 2021.
Lowe DA, et al. JAMA Intern Med.
2020;180:1491-9.

14 LES BRÈVES NUTRITION - NUMÉRO SPÉCIAL 2021 - CHRONONUTRITION


PARTIE 4 - CHRONONUTRITION ET APPORTS EN GLUCIDES

Chrononutrition :
quels liens avec les apports en glucides ?
.........
La consommation de glucides pourrait-elle être révélatrice d’un type de pattern alimentaire  ?
Oui, laisse à penser l’exploitation de données représentatives des consommations de la population
britannique.

À partir d’une méthode tenant moyenne soit 1 907 kcal). Les consom­ grande proportion de cas de diabète
compte de la variabilité individuelle mateurs modérés présentent les de type 2 chez les plus faibles consom­
des consommations d’un jour à l’autre, apports énergétiques les plus faibles mateurs de glucides, ils notent que
des chercheurs ont ainsi catégorisé (7 342 kJ soit 1 754 kcal) et tendent  cette relation pourrait résulter d’un
les 6 155 adultes de l’échantillon en à consommer leurs repas plus tard changement des habitudes alimen-
trois catégories, selon leur niveau de dans la journée. Quant aux plus forts taires à l’annonce de la maladie.
consommation de glucides  : faible consommateurs de glucides, leurs
(204 g/j, 41 % de l’apport énergétique), apports énergétiques (intermédiaires
par rapport à ceux des autres
modérée (218 g/j, 47 % de l’AE), 
groupes, 7 678 kJ soit 1 834 kcal) Source :
élevée (233 g/j, 48 % de l’AE).
ont majoritairement lieu aux horaires Day-Time Patterns of Carbohydrate Intake in
Adults by Non-Parametric Multi-Level Latent
L’étude montre que les plus faibles des repas traditionnels et sont plus Class Analysis-Results from the UK National
consommateurs de glucides sont importants le matin par rapport  Diet and Nutrition Survey (2008/09-2015/16).
ceux qui présentent l’apport éner- Wang C, Almoosawi S, Palla L.
aux deux autres groupes. Bien que Nutrients. 2019 Oct 15;11(10):2476.
gétique le plus élevé (7 986 kJ en les chercheurs observent une plus

Le métabolisme du glucose,
mieux régulé le matin que le soir
.........
Partant du constat que le métabolisme du glucose est régulé en partie par le rythme circadien et que
sa perturbation sur le long terme crée un risque cardiométabolique, des chercheurs ont exploré
l’effet de l’heure du repas sur la tolérance au glucose et la sensibilité à l’insuline. Parallèlement, ils
ont cherché à savoir si réduire l’index glycémique du repas pouvait atténuer les excursions glycé-
miques post-prandiales.

Suivre le métabolisme némie étaient mesurées régulière- cose du soir qu’après celui du matin.
du glucose en continu ment après les prises orales (glucose De plus, après 2 heures de suivi, la
ou repas), jusqu’à 3 heures après glycémie post-prandiale lors du test
Deux essais ont été réalisés chez 
les mêmes 10 participants. Dans le pour la glycémie et jusqu’à 2 heures du soir reste élevée et ne revient pas
premier essai, un test de tolérance après pour l’insulinémie. à son niveau initial, contrairement à
au glucose, les participants devaient celle du test du matin.
Une réponse glycémique
boire une solution de glucose à 8 h 
plus élevée le soir Pas d’amélioration avec
et 20 h ; dans le second, ils consom-
maient un repas à faible index glycé- Le premier essai indique que la gly- une faible indice glycémique
mique à 8 h, 20 h et minuit. Dans les cémie post-prandiale est plus élevée L’essai avec le repas à faible indice
deux essais, la glycémie et l’insuli- après le test de tolérance au glu- glycémique montre que les glycé- • • •

LES BRÈVES NUTRITION - NUMÉRO SPÉCIAL 2021 - CHRONONUTRITION 15


PARTIE 4 - CHRONONUTRITION ET APPORTS EN GLUCIDES

mies post-prandiales du soir (20 h)


À RETENIR
et de la nuit (minuit), non diffé-
rentes entre elles, sont plus élevées n  a prise d’un repas le soir (20 h) ou la nuit (minuit), même à faible index glycémique,
L
que celle du matin (8 h). De plus, 3 h conduit à des réponses glycémique et insulinémique plus élevées qu’un repas pris
après le repas, alors que la glycémie le matin, à apports identiques ;
est revenue à son niveau initial suite n  ’heure des repas a donc un effet sur le métabolisme du glucose, ce qui pourrait en
L
aux prises du matin et du soir, elle faire un facteur de risque modifiable de maladies cardiométaboliques.
reste à un niveau plus élevé suite au
repas nocturne.
Quant à l’insulinémie, elle est affectée
par l’horaire des repas de la même
façon que la glycémie. Après 30 mi-
nutes, elle revient à son niveau initial Source :
pour le repas du matin tandis que Effect of meal timing on postprandial glucose
responses to a low glycemic index meal:
dans le cas des repas du soir et de 
A crossover trial in healthy volunteers.
la nuit, elle poursuit son ascension Gloria K.W. Leung, Catherine E. Huggins,
encore 20 minutes, créant une  Maxine P. Bonham.
Clinical Nutrition. Volume 38, Issue 1, 2019,
réponse insulinémique de phase Pages 465-471.
tardive plus importante.

Chrononutrition : un futur levier


pour la prise en charge du diabète ?
.........
Faire le point sur les connaissances relatives aux effets des horaires de consommation des
aliments sur la réponse glycémique : tel est l’objectif de cette revue de 2020 publiée dans Nutrition
and Diabetes.

On y apprend ainsi que des repas gagner à être consommés après les
consommés plus tôt dans la jour- légumes et la viande pour minimiser
Source :
Chrononutrition in the management
née réduisent la glycémie post- la réponse glycémique. De tels ajus- of diabetes.
prandiale. Limiter la part des glu- tements pourraient ainsi être consi- Henry CJ, Kaur B, Quek, RYC.
Nutr. Diabetes 10, 6 (2020).
cides au profit des protéines et des dérés dans les stratégies – géné­
lipides le soir se révèle également ralement focalisées sur la seule
favorable pour la réponse glycé- composition nutritionnelle des repas
mique. En effet, la réponse glycé- – visant à améliorer le contrôle 
mique post-prandiale est plus im- glycémique, en particulier chez 
portante le soir, même en cas de les patients atteints de diabète de
consommation d’aliments à faible type 2.
index glycémique. Par ailleurs, les
aliments glucidiques à index glycé-
mique élevé tels que le riz semblent

16 LES BRÈVES NUTRITION - NUMÉRO SPÉCIAL 2021 - CHRONONUTRITION


PARTIE 4 - CHRONONUTRITION ET APPORTS EN GLUCIDES

Glucides :
de préférence le matin ou le soir ?
.........
Et si, pour préserver le contrôle glycémique, il existait des plages horaires plus adaptées pour
consommer les macronutriments tels que les glucides et les lipides ?

C’est l’hypothèse que des chercheurs Résultats  ? Le régime HF/HC se 


ont testé auprès de 29 hommes révélait délétère pour le contrôle 
Source :
The effect of diurnal distribution of
adultes dans un essai randomisé glycémique, mais ceci uniquement carbohydrates and fat on glycaemic control
contrôlé. Ceux-ci étaient exposés, chez les individus présentant une in humans: a randomized controlled trial.
Kessler K, Hornemann S, Petzke KJ, Kemper M,
dans un ordre aléatoire, à deux ré- intolérance au glucose déjà installée. Kramer A, Pfeiffer AF, Pivovarova O, Rudovich N.
gimes, chacun devant être consom- Si ces résultats étaient confirmés, Sci Rep. 2017 Mar 8;7:44170.
mé pendant 4 semaines succes­ ils pourraient être traduits par des
sivement (Figure) : un régime riche recommandations visant à privilé-
en glucides le matin et riche en gier la consommation de glucides
lipides le soir (HC/HF), et le régime en première partie de la journée
présentant la séquence inverse chez les personnes présentant une
(HF/HC). intolérance au glucose.

Figure : Schéma expérimental de l’étude

À LIRE ÉGALEMENT
Time-Restricted Eating as a Nutrition
Effects of time-restricted feeding Strategy for Individuals with Type 2
on body weight and metabolism. Diabetes: A Feasibility Study.
A systematic review and meta-analysis. Parr EB, et al. Nutrients.
Pellegrini M, et al. Rev Endocr Metab Disord. 2020;12:E3228.
2020;21:17-33.
Effects of time-restricted feeding
Chrono-nutrition for the prevention and in weight loss, metabolic syndrome and
treatment of obesity and type 2 diabetes: cardiovascular risk in obese women.
from mice to men. Schroder JD, et al. J Transl Med.
Hawley JA, et al. Diabetologia. 2021;19:3.
2020;63:2253-9.

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