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 10-377-A-05

Dénutrition du sujet âgé


M. Sanchez, C. Legué, A. Gross

Résumé : La dénutrition est très fréquente chez les sujets âgés. Elle concerne jusqu’à 10 % des sujets âgés
à domicile, 38 % en institution et 70 % à l’hôpital. Elle est associée à une augmentation des infections,
des chutes, des hospitalisations, de la dépendance et de la mortalité. La surveillance de l’état nutritionnel
est donc un enjeu de santé publique. Elle repose principalement sur l’évaluation régulière du poids, le
calcul de l’indice de masse corporelle (IMC) et l’examen des facteurs de risque de dénutrition. La perte
d’autonomie et les troubles cognitifs majeurs sont particulièrement associés au risque nutritionnel. Les
critères diagnostiques de la dénutrition ont été révisés par la Haute Autorité de santé (HAS) en novembre
2021. Le diagnostic de la dénutrition repose désormais sur l’association d’un critère phénotypique (perte
de poids d’au moins 5 % en 1 mois ou 10 % en 6 mois ou depuis le début de la maladie, un IMC inférieur
à 22 ou présence d’une sarcopénie confirmée) et d’un critère étiologique (réduction des prises alimen-
taires, malabsorption, situation d’agression liée à une pathologie avec ou sans syndrome inflammatoire).
L’association entre l’IMC et la morbidité ou la mortalité est différente chez les sujets âgés par rapport aux
sujets plus jeunes. Cela explique qu’une borne d’IMC plus haute soit proposée pour poser le diagnostic
de dénutrition dans cette population. À l’inverse, le surpoids et l’obésité modérée semblent avoir moins
d’impacts néfastes et parfois un effet protecteur chez les adultes plus âgés atteints de pathologies chro-
niques notamment. Cet obesity-paradox est toutefois à nuancer par la présence d’une sarcopénie. La
recherche d’une perte de force et de masse musculaires associée à une diminution des performances phy-
siques est donc un élément essentiel de l’évaluation nutritionnelle. La prise en charge nutritionnelle repose
le plus souvent sur la renutrition orale. Elle répond à des objectifs nutritionnels spécifiques. L’introduction
de collations, l’enrichissement de l’alimentation ou la prescription de compléments nutritionnels visent à
augmenter les apports énergétiques au-dessus de 30 kcal/kg par jour et les apports protéiques au-dessus
de 1,2 g/kg par jour. Cette stratégie doit s’accompagner d’une prescription d’activité physique adaptée
et d’une supplémentation en vitamine D.
© 2021 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

Mots-clés : Dénutrition ; Sarcopénie ; Obésity-paradox ; Sujets âgés

Plan Activité physique adaptée 8


Vitamine D et autres micronutriments 8
■ Introduction 1
■ Particularités nutritionnelles chez les sujets âgés 2
Évolution pondérale et corpulence « normale » chez les sujets âgés 2
Modifications de composition corporelle et sarcopénie
Modifications des prises alimentaires et dysrégulation de l’appétit
3
3
 Introduction
Besoins en protéines plus importants 3
Bien que la prévalence de la dénutrition varie selon les critères
■ Stratégie de dépistage et de diagnostic de la dénutrition diagnostiques retenus, on estime à 2 millions, le nombre de per-
chez les sujets âgés 4 sonnes dénutries en France. Parmi elles, les personnes âgées sont
Principaux facteurs de risque 4 particulièrement vulnérables en raison de facteurs de risque plus
Nouveaux critères diagnostiques de la dénutrition et de sa sévérité fréquents et d’un retentissement plus grave de la dénutrition.
chez les sujets âgés 4 La prévalence de la dénutrition chez le sujet âgé varie selon les
Place du dosage de l’albumine plasmatique 5 études épidémiologiques de 4 à 10 % à domicile, de 15 à 38 % en
■ Spécificités de la prise en charge nutritionnelle chez les sujets institution et de 30 à 70 % à l’hôpital.
âgés 6 La dénutrition est associée de manière indépendante à une aug-
Objectifs nutritionnels et choix de la stratégie de renutrition 6 mentation de la morbidité et de la mortalité, quelles que soient
Principes de la prise en charge orale 6 les pathologies sous-jacentes. Les risques d’infections, de chutes,
Place de la nutrition entérale et parentérale 7 de fractures, de perte d’autonomie, d’hospitalisation et de décès
Syndrome de renutrition 7 sont ainsi augmentés [1] .

EMC - Endocrinologie-Nutrition 1
Volume 33 > n◦ 2 > avril 2022
http://dx.doi.org/10.1016/S1155-1941(21)85442-6

Téléchargé pour Pierre-Olivier MASSON (pierre-olivier.masson@etu.u-paris.fr) à Paris Cité University à partir de ClinicalKey.com/student par Elsevier sur
mars 17, 2024. Pour un usage personnel seulement. Aucune autre utilisation n´est autorisée. Copyright ©2024. Elsevier Inc. Tous droits réservés.
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4
20 – 49 ans

3,5

Vielli ssement
Hazard ratio mortaté

2,5

2
Vielli ssement

1,5 70 – 84 ans

0,5
15,0–18,4 20,0–22,4 25,0–27,4 30,0–34,9 40,0–49,9
18,5–19,9 22,5–24,9 27,5–29,9 35,0–39,9

20–49 ans 50–59 ans 60–69 ans 70–84 ans


Figure 1. La figure présente les données d’une méta-analyse portant sur 1,46 million de sujets, âgés à l’inclusion de 19 à 84 ans, non-fumeurs. Le suivi
médian était de 10 ans (5 à 28 ans). L’association indice de masse corporelle (IMC)-mortalité évolue au cours du vieillissement, passant d’une courbe en « J »
chez les sujets de 20 à 49 ans à une courbe en « U » chez les sujets de 70 à 84 ans. Le nadir de mortalité se déplace progressivement de la zone d’IMC 18,5
à 25 chez les sujets les plus jeunes vers la zone 22,5 à 27,5 chez les sujets les plus âgés [10] .

La prévention, le diagnostic et la prise en charge de la dénu- pourraient jouer un rôle protecteur vis-à-vis de la dénutrition et
trition sont des enjeux de santé publique en France, notamment permettre d’affronter plus efficacement les situations de stress [5] .
dans un contexte de vieillissement démographique. Il est toutefois nécessaire de différencier plusieurs trajectoires
pondérales. La survenue d’un surpoids ou d’une obésité à un âge
jeune constitue un facteur de risque de mortalité et de survenue
 Particularités nutritionnelles de maladies chroniques une fois âgé. A contrario, la constitu-
tion progressive d’un surpoids ou d’une obésité à un âge plus
chez les sujets âgés avancé conférerait une réduction de mortalité [6] . L’obésité reste
cependant associée à un risque cardiovasculaire accru ainsi qu’à la
Évolution pondérale et corpulence survenue de certains cancers. Néanmoins, cette association tend
à diminuer avec l’avancée en âge [7] . En revanche, l’obésité est
« normale » chez les sujets âgés très associée, chez le sujet âgé, à un risque plus important de
En France, l’étude Obépi [2] a apporté des informations sur troubles de la marche, de chutes et d’une baisse de qualité de
l’évolution pondérale de la population française. Cette étude vie [7] . Une perte de poids involontaire chez un sujet âgé en sur-
montre que l’indice de masse corporelle (IMC) moyen est de 22,4 poids ou obèse semble être associée à plus de complications que
entre 18 à 24 ans et augmente progressivement jusqu’à 26,5 chez de bénéfices pour la santé [8] . Certaines méta-analyses de don-
les 65 ans et plus. Il apparait donc normal au sens épidémiolo- nées interventionnelles issues de programmes thérapeutiques de
gique de prendre du poids avec l’âge. La prise de poids du sujet réduction pondérale, menés chez des sujets obèses, montrent des
âgé, lorsqu’elle est modérée et ne dépasse pas les seuils du surpoids bénéfices en termes de mobilité et de qualité de vie [9] . Néanmoins,
ou de l’obésité légère (IMC < 35) ne semble pas délétère. Elle n’est ces études n’incluaient qu’exceptionnellement des adultes de plus
pas associée à une augmentation importante de la morbidité ou de 70 ans. On notait que malgré une prise en charge comprenant
de la mortalité comme observé chez les sujets plus jeunes. une augmentation des apports protidiques, une restriction calo-
Les définitions du poids normal (IMC 18,5–24,9), du surpoids rique et de l’activité physique, la perte de poids s’accompagnait
(25–29,9) et de l’obésité (30 et plus), proposées par l’Organisation inexorablement d’une perte significative de masse musculaire. Il
mondiale de la santé (OMS) reposent sur l’observation d’un est légitime de penser que cette perte de masse musculaire soit plus
risque augmenté de pathologies notamment cardiovasculaires, importante avec des effets plus délétères chez les sujets plus âgés.
métaboliques, cancéreuses et de la mortalité en cas de surpoids. Les bénéfices observés, d’une perte de poids en termes de perfor-
Cependant, ces données concernent essentiellement des adultes mances physiques chez les adultes plus jeunes, ne sont donc pas
jeunes [3] . Au contraire, un meilleur pronostic a été observé pour extrapolables dans cette population.
de nombreuses pathologies chroniques chez les sujets âgés en À l’opposé, il est maintenant bien établi que la borne inférieure
surpoids ou modérément obèses, comparativement aux sujets de de l’IMC optimal est plus haute dans la population de 70 ans.
poids dit normal ou aux sujets minces. Ce « paradoxe » a éga- Il existe en effet une courbe en « U » avec un seuil d’IMC en
lement été retrouvé sur la mortalité toutes causes en population dessous duquel une surmortalité est observée (Fig. 1). Il s’agit d’un
générale âgée [4] . processus continu. C’est pourquoi il est difficile d’établir un seuil
De nombreuses hypothèses ont été avancées pour expliquer ce d’IMC en dessous duquel ce risque existe systématiquement. Ce
paradoxe. Un IMC élevé s’accompagne d’une augmentation de seuil varie probablement entre 21 et 24 selon les études et les
l’adiposité mais également de la masse maigre. Ces « réserves » populations [4, 11] . Il est ainsi plus communément admis que la

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Tableau 1.
Mesure de la force musculaire et des performances physiques chez les sujets âgés.
Test Réalisation Seuils en faveur d’une réduction de la force
musculaire ou des performances physiques
Force musculaire
- force de préhension, grip test Utilisation d’un dynamomètre, trois mesures successives au - femme < 16 kg
niveau de la main dominante. Garder la mesure la plus haute - homme < 26 kg
- test des cinq levers de chaise Demander au sujet de réaliser cinq levers de chaise sans Temps > 15 secondes
accoudoirs, mains sur les genoux ou bras croisés, le plus vite
possible
Performances physiques
- Timed-Up and Go (TUG) test Demander au patient de se lever d’une chaise sans accoudoirs, Temps > 20 secondes
marcher 3 mètres, effectuer un demi-tour et retourner s’assoir
- vitesse de marche Vitesse de marche mesurée sur 4 mètres en demandant au Vitesse ≤ 0,8 m/s
sujet de marcher comme d’habitude, si besoin avec une aide
technique. Prévoir 1 mètre avant et après les 4 mètres de
mesure pour la phase d’accélération et de décélération
- Short Physical Performance Test combiné associant une évaluation de l’équilibre statique, SPPB ≤ 8
Battery (SPPB) une mesure de la vitesse de marche et un test de levers de
chaise. Score global sur 12

zone optimale de corpulence d’une personne âgée englobe les IMC Il est important de ne pas minimiser la sarcopénie chez les sujets
entre 25 et 30 et que la notion de « surpoids » n’a pas lieu d’être âgés atteints d’obésité. En effet, la notion d’obesity-paradox évo-
dans cette population. quée précédemment est à nuancer par la présence ou non d’une
Ces données s’opposent souvent à l’attitude très répandue dans sarcopénie. Bien que la définition de l’obésité-sarcopénie ne soit
la population, de ne pas accepter de grossir. Cette attitude est pas consensuelle, l’association d’une obésité (qu’elle soit définie
parfois largement encouragée par la presse grand public sans dis- par un IMC > 30, un tour de taille augmenté ou un excès de masse
tinction d’âge. Si l’objectif de stabilité pondérale est tout à fait grasse) et d’une sarcopénie (diminution de la masse et de la force
adapté à la population âgée, il faut veiller à ce que cette volonté musculaire) est associée à un déclin important des performances
de « garder la ligne » n’induise pas des restrictions alimentaires physiques, de l’autonomie [14] , ainsi qu’à une surmortalité en ville
et un amaigrissement délétère. L’ensemble des professionnels de comme à l’hôpital [15] .
santé doit donc diffuser des messages simples en faveur d’une
stabilité pondérale, par le maintien d’une activité physique régu-
lière notamment, tout amaigrissement volontaire ou non étant Modifications des prises alimentaires
un signe d’alerte à ne pas minimiser. et dysrégulation de l’appétit
Les apports alimentaires (notamment protéiques) tendent à
Modifications de composition corporelle diminuer avec l’avancée en âge [16] . De nombreux mécanismes
peuvent participer à une réduction des prises alimentaires. Les
et sarcopénie modifications de la perception du goût peuvent favoriser une
Une des limites de l’IMC est de ne pas renseigner sur la compo- monotonie avec exclusion de certains aliments devenus plus
sition corporelle. En effet, à poids égal, la composition corporelle fades. Certains régimes restrictifs en sel ou en matières grasses
d’une personne vieillissante évolue vers une augmentation de la peuvent également induire plus fréquemment une réduction de
masse grasse et une diminution de la masse maigre, principa- l’alimentation.
lement musculaire. On estime jusqu’à 40 % la perte de masse Une dysrégulation de l’appétit a été observée dans des expé-
musculaire entre les âges de 20 et 80 ans. Les sujets âgés sont riences menées chez des adultes septuagénaires en bonne santé
donc particulièrement à risque de développer une sarcopénie. Le comparés à des adultes jeunes [17] . Lorsqu’une réduction impor-
diagnostic de sarcopénie repose sur la mise en évidence d’une tante des apports caloriques est imposée sur une période de 2 à
baisse de masse musculaire par un outil de mesure de la compo- 3 semaines, les sujets jeunes comme âgés perdent rapidement du
sition corporelle validé (absorptiométrie à rayons X en double poids. Après la phase de restriction, lorsque ces sujets peuvent à
énergie [DEXA], impédancemétrie, tomodensitométrie, image- nouveaux manger librement, on observe une période de surali-
rie par résonance magnétique [IRM]) et d’une diminution de la mentation compensatrice uniquement chez les sujets jeunes. Elle
force musculaire. La sévérité de la sarcopénie repose ensuite sur leur permet de récupérer progressivement leur poids initial. Les
l’évaluation des performances physiques [12] . La sarcopénie expose sujets âgés gardent, quant à eux, un déficit calorique prolongé
au risque de chute et de perte d’autonomie [12] . Elle participe éga- et ne retrouvent pas leur poids de forme. Par extrapolation, on
lement à l’apparition d’une fragilité qui est caractérisée par une comprend pourquoi chez les sujets âgés, un évènement intercur-
baisse des réserves fonctionnelles de l’organisme permettant de rent, comme une hospitalisation, ou toute baisse transitoire des
faire face aux situations d’agression [13] . Néanmoins, l’absence de apports alimentaires peuvent avoir un retentissement nutrition-
données consolidées permettant d’établir des seuils spécifiques nel prolongé de plusieurs mois.
de composition corporelle chez les sujets âgés, ainsi qu’un accès Certaines personnes âgées peuvent également avoir des difficul-
limité aux outils de mesure, rendent difficile la généralisation de tés d’alimentation en raison d’un mauvais état bucco-dentaire,
ce diagnostic. En pratique courante, on pourrait recommander de troubles de déglutition, en lien avec des maladies neurolo-
de rechercher une perte de force musculaire chez les sujets âgés giques ou encore liées à une perte d’autonomie importante. Ces
présentant un amaigrissement récent. La force musculaire globale difficultés d’alimentation sont associées étroitement au risque de
peut être évaluée facilement par la mesure de la force de préhen- dénutrition notamment chez les sujets âgés dépendants à domi-
sion au dynamomètre ou au niveau des membres inférieurs par le cile ou en institution [18] .
test des cinq levers de chaise. De même, les tests évaluant les per-
formances physiques sont simples et validés en population âgée Besoins en protéines plus importants
(Tableau 1). En plus d’informer sur la sévérité de la sarcopénie et de
permettre le suivi de ces patients, ces tests de performances phy- La dénutrition et la sarcopénie sont en partie favorisées par
siques ont une valeur pronostique démontrée dans de nombreuses les difficultés à couvrir les besoins en protéines alors que ces
pathologies [12] . besoins augmentent du fait de l’âge et d’éventuelles pathologies

EMC - Endocrinologie-Nutrition 3
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chroniques. De nombreux mécanismes comme la moindre Tableau 2.


sécrétion, la moindre efficacité des hormones anabolisantes (tes- Principaux repères nutritionnels du Programme National Nutrition Santé
tostérone, hormone et facteur de croissance, insuline) ou encore pour les sujets âgés fragiles.
la séquestration splanchnique accrue des acides aminés lors de Groupe d’aliments Quantité recommandée
la digestion, diminuent l’anabolisme musculaire chez les sujets
âgés [19] . De plus, l’inflammation de bas grade qu’elle soit liée Fruits et légumes au moins cinq par jour
au grand âge, ou à des pathologies chroniques (insuffisance car- Pains et autres aliments céréaliers, à chaque repas selon l’appétit
diaque, bronchite chronique, insuffisance rénale par exemple) et pommes de terre et légumes secs
les épisodes inflammatoires aigus, favorisent l’hypercatabolisme Lait et produits laitiers trois ou quatre portions par jour
musculaire. Viandes deux portions par jour
Les études observationnelles et interventionnelles ont confirmé Poissons et produits de la pêche
le lien entre des apports protéiques insuffisants et le risque Œufs
d’apparition d’une fragilité et d’une sarcopénie au cours du
Matières grasses ajoutées sans en abuser
vieillissement, même en absence de dénutrition. Les objectifs
d’apports protéiques recommandés sont donc plus élevés que Produits sucrés sans en abuser
chez les adultes jeunes, même en l’absence de dénutrition, soit Boissons 1 litre à 1,5 litre par jour
au moins 1 g/kg par jour [20] . Les repères nutritionnels du Pro- Sel pas de conseil spécifique
gramme National Nutrition Santé (PNNS) destinés aux sujets âgés Activité physique bouger chaque jour, le plus
sont présentés dans le Tableau 2. Ces recommandations proposent possible
une consommation plus importante de laitages (3 à 4 portions par
jour) et de viande, poisson ou œuf (deux portions au choix par
jour) [21] .
l’hôpital et en EHPAD que le fait de manger moins de 50 % du
repas du déjeuner est associé à une augmentation de la morbi-
dité et de la mortalité [23, 24] . Une évaluation de ce qui reste dans
 Stratégie de dépistage l’assiette permet donc d’identifier rapidement les personnes les
et de diagnostic de la dénutrition plus à risque. Par ailleurs, l’identification d’une perte d’appétit
par question simple ou échelle visuelle est souvent associée à une
chez les sujets âgés réduction significative des apports alimentaires.
Des outils de dépistage ont été proposés. Le Mini Nutrition-
Le risque important de dénutrition chez les sujets âgés nécessite nal Assessment (MNA) est le plus validé chez les sujets âgés.
une surveillance rapprochée de l’état nutritionnel centrée sur ; Sa forme courte (MNA-SF), correspondant aux six premières
• l’identification des facteurs de risque ; questions (Tableau 4), permet de recueillir en quelques minutes
• l’évaluation de l’appétit et des prises alimentaires ; des éléments morphologiques (IMC, perte de poids récente) et
• la surveillance du poids et le calcul de l’IMC. les principaux facteurs de risque de la dénutrition (diminution
Il est recommandé de surveiller le poids au moins 1 fois par récente des apports alimentaires, troubles neuropsychologiques,
mois et à chaque consultation en ville. Dans les établissements évènement intercurrent ou stress récent et perte d’autonomie).
d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD), il est Cet outil est plus adapté en ville et permet de dépister un risque
recommandé de mesurer le poids à l’admission et 1 fois par mois. nutritionnel si son score est inférieur à 12 [25] . Le MNA ne doit
Les pesées doivent être rapprochées en cas d’évènements inter- pas se substituer à une évaluation nutritionnelle plus approfondie
currents ou de perte de poids [20] . Toute perte de poids, de 3 kg ou dans le cadre d’un diagnostic de la dénutrition.
plus, est un signe d’alerte devant pousser à une évaluation plus
approfondie. À l’hôpital, du fait d’une prévalence importante de
la dénutrition, et ce, dès l’admission et d’un risque de dégrada- Nouveaux critères diagnostiques
tion rapide de l’état nutritionnel, on peut recommander de peser de la dénutrition et de sa sévérité
les patients une fois, voire deux fois par semaine à la phase aiguë
mais également lors de la convalescence en soins de suite et de chez les sujets âgés
réadaptation (SSR) où l’enjeu nutritionnel persiste. Une des difficultés dans le diagnostic de la dénutrition est liée
à la multitude de présentations que peut prendre cette mala-
Principaux facteurs de risque die. Ainsi aucun critère à lui seul n’est parfait et permettrai
de diagnostiquer l’ensemble des personnes dénutries. Classique-
Les pathologies cancéreuses actives, les insuffisances sévères ment, ont été décrites deux formes extrêmes de dénutrition. La
d’organes ou encore les pathologies inflammatoires chroniques forme marasmique, qui est caractérisée par une maigreur majeure
sont des facteurs de risque de dénutrition non spécifiques des avec une perte sévère de masse maigre et grasse. Elle résulte sou-
personnes âgées et sont généralement bien identifiés. Toutefois, vent d’un processus d’amaigrissement progressif et prolongé par
les causes de la dénutrition sont très souvent plurifactorielles carence d’apports. À l’opposé, le kwashiorkor (ou dénutrition
chez les sujets âgés. Parmi les facteurs de risque les plus avec hypercatabolisme) qui est associé à l’apparition d’œdèmes
communément identifiés dans la littérature, les troubles neuro- et souvent d’une hypoalbuminémie. Il témoigne généralement
psychologiques (dépression, troubles neurocognitifs majeurs) et d’un déséquilibre métabolique sévère en lien avec une patholo-
la perte d’autonomie sont très associés à la dénutrition chez les gie inflammatoire. En réalité, il existe une multitude de formes
personnes âgées [1] . On peut également citer la polymédication, intermédiaires de dénutrition et il a été nécessaire de proposer
notamment les médicaments induisant des troubles digestifs, le plusieurs critères diagnostiques pour pouvoir en tenir compte. Il
mauvais état buccodentaire et les candidoses orales, l’isolement est possible de souffrir à la fois d’obésité et de dénutrition, bien
social, ou encore la douleur comme des facteurs de risques de que la prévalence de cette association soit encore mal connue.
baisse des apports alimentaires. La HAS en 2007 proposait ainsi En France, l’HAS proposait en 2007 de retenir le diagnostic
une liste exhaustive [20] dont les principaux facteurs de risque de de dénutrition par la présence d’un ou plusieurs critères parmi
dénutrition sont présentés dans le Tableau 3. la perte de poids, l’IMC bas, l’hypoalbuminémie ou le score au
L’autoévaluation des prises alimentaires rapportées par les sujets MNA global. Récemment, l’évolution des critères diagnostiques
âgés manque souvent de fiabilité [22] . Ainsi à l’hôpital ou en EHPAD au niveau international, notamment ceux proposés par le Global
on préfère recommander la surveillance des prises alimentaires par Leadership Initiative on Malnutrition (GLIM) en 2018 [26] a poussé
hétéro évaluation. Cette surveillance ne nécessite pas nécessaire- l’HAS à réévaluer la stratégie diagnostique de la dénutrition, en
ment un calcul précis des ingesta, basé sur un recueil chronophage commençant par les adultes de moins de 70 ans en 2019 [27] .
pour les soignants et la disponibilité d’un(e) diététicien(ne). Il L’objet principal de ces actualisations repose dans la nécessité de
est démontré dans de larges études épidémiologiques menées à réunir un critère phénotypique ou morphologique (basé sur une

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Tableau 3.
Facteurs de risque de dénutrition plus spécifiques des sujets âgés (selon Haute Autorité de santé 2007).
Psycho-sociaux et environnementaux Affection aiguë ou décompensation Traitements médicamenteux
d’une pathologie chronique
Isolement social Douleur Polymédication
Deuil Pathologie infectieuse Médicaments entraînant une sécheresse de
Difficultés financières Fracture entraînant une impotence la bouche, une dysgueusie, des troubles
Maltraitance fonctionnelle digestifs, une anorexie, une somnolence,
Hospitalisation Intervention chirurgicale Corticoïdes au long cours
Changement des habitudes de vie : Constipation sévère
entrée en institution Escarres
Troubles bucco-dentaires Régimes restrictifs Syndromes démentiels et troubles
neurologiques
Troubles de la mastication –ans sel Maladie d’Alzheimer
Mauvais état dentaire Amaigrissant Autres démences
Appareillage mal adapté Diabétique Syndrome confusionnel
Sécheresse de la bouche Hypocholestérolémiant Troubles de la vigilance
Candidose oropharyngée Sans résidu au long cours Syndrome parkinsonien
Dysgueusie
Troubles de la déglutition Dépendance pour les actes de la vie Troubles psychiatriques
quotidienne
Pathologie oto-rhino-laryngologique Dépendance pour l’alimentation Syndrome dépressif
Pathologie neurologique dégénérative ou Dépendance pour la mobilité Troubles du comportement
vasculaire

perte de poids, un IMC bas ou un critère de sarcopénie) et un Tableau 4.


critère étiologique (réduction des apports alimentaires, identifi- Items et cotation du Mini Nutritional Assessment - Short Form (MNA-SF).
cation de pathologies aigues ou chroniques associées à un risque Questions Items N de points
nutritionnel ou une malabsorption) pour porter le diagnostic de
dénutrition. En novembre 2021, l’HAS a publié les nouveaux cri- Évaluation de l’appétit baisse sévère 0
tères diagnostiques de la dénutrition chez les adultes de 70 ans et baisse modérée 1
plus. Comme chez l’adulte plus jeune, le diagnostic de la dénu- normal 2
trition repose sur l’association d’un critère phénotypique (perte ≥ 3 kg 0
Recherche d’une perte de poids
de poids, IMC bas ou sarcopénie confirmée) et d’un critère étio- récente ne sait pas 1
logique (réduction des apports alimentaires, malabsorption ou
pathologie). Une fois le diagnostic de dénutrition établi, il faut en entre 1 et 3 kg 2
évaluer la sévérité définie par une perte de poids plus importante, pas de perte de poids 3
un IMC plus bas ou une hypoalbuminémie inférieure à 30 g/l. Ces Troubles de la motricité alitement 0
nouveaux critères sont détaillés dans le Tableau 5. autonome dans 1
Par rapport aux dernières recommandations de l’HAS de 2007, l’appartement seulement
l’évolution des critères phénotypiques concerne essentiellement
autonome en dehors de 2
l’augmentation de la borne d’IMC de 21 à 22. Il a également
l’appartement
été proposé d’intégrer des paramètres de masse et de force mus-
culaires comme critères phénotypiques de dénutrition. Il faut Troubles psychologiques ou sévère 0
souligner que la dénutrition ne s’accompagne pas obligatoire- neurocognitifs modéré 1
ment d’une sarcopénie et inversement, même si ces deux entités absence 2
partagent des mécanismes physiopathologiques communs. Le oui 0
Évènement intercurrent (stress
diagnostic de sarcopénie confirmée repose sur l’évaluation de la psychologique, physique, non 2
force musculaire (force de préhension, cinq levers de chaise) et de hospitalisation) dans les
la masse musculaire (impédancemétrie, DEXA, scanner). Si cette 3 derniers mois
évaluation n’est pas encore toujours facile en routine, le but des Calcul de l’IMC < 19 0
dernières recommandations est de favoriser l’accès au diagnos-
≥ 19 et < 21 1
tic de sarcopénie. Ainsi lorsque la perte de poids est absente ou
non quantifiable, que l’IMC est supérieur à 22, la recherche d’une ≥ 21 et < 23 2
sarcopénie permettra le diagnostic de dénutrition. Cela est par- ≥ 23 3
ticulièrement utile pour définir la dénutrition chez l’adulte âgé TOTAL - Dénutrition probable 0–7
atteint d’obésité puisque l’IMC ne peut être utilisé pour le diagnos- - À risque de dénutrition 8–11
tic de dénutrition dans cette population. Il faut aussi noter dans
- Normal 12–14
ces nouvelles recommandations que le MNA n’est plus un critère
diagnostique de la dénutrition mais reste un outil de dépistage du
risque de dénutrition.
variabilité en fonction de l’inflammation et de l’état d’hydratation
n’en fait pas non plus un outil de suivi nutritionnel fiable en
Place du dosage de l’albumine plasmatique situation pathologique. En revanche, l’hypoalbuminémie est un
marqueur de la sévérité des pathologies mettant en jeu le sta-
L’hypoalbuminémie n’est plus un critère diagnostique de la tut nutritionnel et reste donc un outil pronostique puissant de
dénutrition dans les nouvelles recommandations de l’HAS 2021. la dénutrition. L’hypoalbuminémie est notamment prédictive du
Elle garde un intérêt pour évaluer la sévérité de la dénutrition risque de complications et de mortalité à l’hôpital [30, 31] . Il appa-
établie. Le dosage de l’albuminémie n’est pas consensuel pour rait utile de garder le dosage de l’albumine plasmatique comme
l’évaluation de l’état nutritionnel. Il est important de préciser critère de sévérité de la dénutrition, indépendamment des mar-
quelques idées reçues au sujet de l’albuminémie. Elle ne reflète queurs inflammatoires, puisque sa valeur pronostique a été établie
ni la masse musculaire [28] , ni les apports protéiques [29] . Sa grande quel que soit ce degré d’inflammation.

EMC - Endocrinologie-Nutrition 5
10-377-A-05  Dénutrition du sujet âgé

 Spécificités de la prise en charge Tableau 5.


Critères diagnostiques de la dénutrition et de la dénutrition sévère selon
nutritionnelle chez les sujets âgés l’Haute Autorité de santé 2021.
Le diagnostic de dénutrition repose sur l’association d’au moins 1
Objectifs nutritionnels et choix de la stratégie critère phénotypique et 1 critère étiologique
de renutrition Critères phénotypiques Critères étiologiques
- Perte de poids ≥ 5 % en 1 mois - Réduction des apports
En cas de dénutrition, les apports caloriques et protéiques
ou ≥ 10 % en 6 mois ou ≥ 10 % alimentaires ≥ 50 % pendant plus
nécessaires pour permettre une reprise de poids dépendent de
par rapport au poids habituel de 1 semaine ou toute réduction
nombreux facteurs comme le niveau d’agression ou le niveau
avant la maladie des apports pendant plus de
d’activité physique. Une alimentation hypercalorique et hyper- - IMC < 22 2 semaines par rapport à la
protidique est généralement nécessaire. Les recommandations - Présence d’une sarcopénie consommation habituelle ou aux
françaises comme européennes donnent des objectifs d’apport de confirmée (association d’une force besoins protéino-énergétiques
30 à 40 kcal et d’au moins 1,2 à 1,5 g de protéines/kg de poids musculaire diminuée et d’une - Absorption réduite
corporel par jour [20, 32] . Ces objectifs doivent être réévalués en masse musculaire diminuée) - Situation d’agression aiguë ou
fonction des caractéristiques, des souhaits du patient et de la situa- chronique (avec ou sans
tion clinique. Dans certaines situations, le confort du patient et le syndrome inflammatoire)
plaisir apporté par l’alimentation seront privilégiés sur l’objectif Lorsque la dénutrition est établie, existe-il un critère de dénutrition sévère ?
nutritionnel.
Dénutrition sévère si
Le niveau de sévérité de la dénutrition influence le choix de
la stratégie nutritionnelle et la rapidité de sa mise en œuvre. - Perte de poids ≥ 10 % en 1 mois ou ≥ 15 % en 6 mois ou ≥ 15 % par
L’évaluation des apports spontanés du patient, l’existence ou rapport au poids habituel avant la maladie
- IMC < 20
non de difficultés de déglutition et l’état fonctionnel ou non du
- Albuminémie < 30 g/l
tube digestif sont les autres principaux facteurs influençant ce
choix. Chez les sujets âgés, la prise en charge orale est souvent IMC : indice de masse corporelle.
la plus simple à mettre en œuvre. Celle-ci à de nombreux avan-
tages comme d’être la plus physiologique sur le plan organique et
métabolique, d’être associée à une meilleure qualité de vie, de d’aliments du quotidien comme de la poudre de lait, du fromage
préserver le plaisir gustatif et le rituel social de l’alimentation. râpé ou encore de la crème fraiche. Elle a donc l’avantage d’être
Néanmoins, lorsque l’alimentation orale n’est pas suffisante, il est facile et économique. Cette stratégie a démontré son efficacité
parfois nécessaire d’envisager une nutrition artificielle, par voie pour augmenter les apports nutritionnels et favoriser la prise de
entérale en priorité, ou parentérale si le tube digestif n’est pas poids chez les patients à risque. Néanmoins, elle est rarement
fonctionnel. Plusieurs algorithmes ont été proposés pour guider suffisante en cas de dénutrition [34] .
cette escalade thérapeutique. En 2007, l’HAS proposait de tenir Il est souvent nécessaire de prescrire une supplémentation
compte de la sévérité de la dénutrition et des apports spontanés orale basée sur les compléments nutritionnels oraux (CNO).
(normaux, modérément diminués ou sévèrement diminués). Plus L’importante gamme de produits en termes de goûts, textures et
la dénutrition est sévère et/ou les apports spontanés sont bas, plus conditionnements permet de s’adapter à beaucoup de situations.
il faudra envisager une nutrition artificielle rapidement et plus la Dans les méta-analyses [35–37] , les CNO ont démontrés leur effica-
stratégie doit être réévaluée précocement afin de proposer une cité en termes de prise de poids, de réduction des complications
intensification lorsqu’elle est possible (Tableau 6). Toutefois, si et du risque de réadmissions hospitalières chez les sujets âgés
cette intensification n’est pas possible ou raisonnable en raison dénutris. Toutefois, cette efficacité n’était significative qu’à par-
notamment de lourdes comorbidités, une prise en charge pallia- tir de 400 kcal et 30 g de protéines supplémentaires par jour. Il
tive de la dénutrition de type « alimentation plaisir » peut être est donc important de prescrire une supplémentation orale per-
décidée à l’issue d’une discussion collégiale. mettant d’atteindre ces objectifs nutritionnels. L’observance des
CNO doit être surveillée régulièrement. Expliquer les objectifs
nutritionnels et les enjeux de la prescription ainsi que prendre en
Principes de la prise en charge orale compte les préférences du patient améliorent souvent la concilia-
tion thérapeutique.
La prise en charge orale repose, tout d’abord, sur la recherche Il est important d’adapter la texture des repas et des CNO en
et la correction des facteurs impactant la prise alimentaire. Cela cas de troubles de déglutition ou difficultés masticatoires. Un
nécessite des soins bucco-dentaires adaptés, et l’apport d’une aide encombrement bronchique persistant, une toux ou une modi-
technique (matériel adapté comme des couverts ergonomiques) fication « mouillée » de la voix au moment des repas sont des
ou humaine au moment des repas. Il est également nécessaire signes d’alerte de fausses routes. Il existe un nombre impor-
de réévaluer régulièrement l’ordonnance et les effets secondaires tant de textures intermédiaires entre l’alimentation normale et
éventuels des traitements ainsi que de rechercher tout régime res- mixée. Il est souvent nécessaire de s’appuyer sur l’évaluation et
trictif. les conseils d’un(e) orthophoniste. En cas de risque de fausses
Certains conseils simples permettent d’augmenter les apports routes, des conseils généraux simples peuvent être prodigués.
alimentaires. Cette alimentation doit rester diversifiée tout en Les liquides pétillants et frais sont souvent mieux déglutis, alors
s’adaptant aux goûts du patient. L’ajout de deux collations par que l’utilisation de verres à bec ou de pailles augmente le risque
jour, entre les trois repas est un moyen simple d’augmenter les d’inhalation. Il est important de favoriser la prise des repas dans
apports totaux. La dysrégulation de l’appétit a également des effets un environnement calme, sans éléments de distraction (télévision
bénéfiques. La prise d’une collation hypercalorique avant un repas par exemple) et en position assise. D’autres approches de modi-
chez les sujets âgés ne diminue pas significativement la prise ali- fications des textures ont été proposées pour favoriser les prises
mentaire pendant le repas suivant contrairement aux sujets jeunes alimentaires chez les patients avec des troubles cognitifs évolués.
qui adaptent leurs prises alimentaires à la baisse. La collation Selon la gravité des troubles, une apraxie de l’alimentation peut
permet ainsi d’obtenir une augmentation des apports caloriques s’installer, limitant les prises alimentaires de manière convention-
cumulés [33] . Cette stratégie de collations permet également de nelle. Bien que son efficacité ne soit pas encore suffisamment
mieux répartir tout au long de la journée les prises alimentaires et étudiée, le « manger-main » consiste à présenter les repas entiers
de réduire le temps de jeûne nocturne. sous forme de bouchées permettant de manger avec les doigts tout
Le volume des portions est parfois un frein à la prise alimentaire, en respectant les propriétés gustatives et nutritives.
notamment lorsque l’alimentation est plus difficile. Il est donc Quelle qu’en soit la raison, la nécessité de modification des tex-
préférable d’augmenter la densité énergétique et protéique des tures doit alerter sur le risque nutritionnel notamment en cas de
plats plutôt que leur volume. C’est le principe de l’enrichissement textures moulinées ou mixées. Ces textures nécessitant un ajout
alimentaire. Cette stratégie peut reposer sur l’ajout dans les plats, important d’eau, la densité énergétique des plats est diminuée.

6 EMC - Endocrinologie-Nutrition
Dénutrition du sujet âgé  10-377-A-05

Tableau 6.
Aide à la décision thérapeutique dans la prise en charge de la dénutrition (Haute Autorité de santé 2007).
Statut nutritionnel
Normal Dénutrition Dénutrition sévère
Normaux Surveillance Conseils diététiques Conseils diététiques
Alimentation enrichie Alimentation enrichie
Réévaluation à 1 mois Réévaluation à 15 j
En cas d’échec : CNO
Apports alimentaires Modérément diminués Conseils diététiques Conseils diététiques Conseils diététiques
spontanés ≥ 50 % de l’apport Alimentation enrichie Alimentation enrichie Alimentation enrichie
habituel Réévaluation à 1 mois Réévaluation à 15 j et CNO
En cas d’échec : CNO Réévaluation à 1 semaine en
cas d’échec envisager la NE
Très diminués Conseils diététiques Conseils diététiques Conseils diététiques
< 50 % de l’apport Alimentation enrichie Alimentation enrichie Alimentation enrichie et NE
habituel Réévaluation à 15 j et CNO d’emblée
En cas d’échec : CNO Réévaluation à 1 semaine en Réévaluation à 1 semaine
cas d’échec envisager la NE

CNO : compléments nutritionnels oraux ; NE : nutrition entérale.

Les études observationnelles montrent que ces modifications des Tableau 7.


textures sont associées à un risque accru de dégradation de l’état Critères identifiant les sujets à risque de syndrome de renutrition (selon le
nutritionnel, notamment en EHPAD [38] . NICE 2006).
Présence d’au moins un critère majeur
IMC < 16
Place de la nutrition entérale et parentérale
perte de poids > 15 % dans les 6 derniers mois
Le recours à la nutrition artificielle entérale ou parentérale ne apports alimentaires faible sou nul pendant > 10 jours
doit pas être limité du simple fait de l’âge. Ces techniques restent
hypokaliémie, hypophosphorémie ou hypomagnésémie avant la
efficaces chez les sujets âgés dénutris ou à risque de dénutri- renutrition
tion chez qui les apports oraux ne permettent pas de couvrir les
OU
besoins [32] . Néanmoins, certaines comorbidités peuvent rendre
difficile sa mise en œuvre, notamment les troubles cognitifs Présence d’au moins deux critères mineurs
évolués ou la confusion. Lorsqu’elle est possible, la nutrition arti- IMC ≥ 16 et <18,5
ficielle répond aux mêmes règles de prescription et de vigilance perte de poids > 10 % et ≤ 15 % en 6 mois
que chez les sujets plus jeunes. apports alimentaires faibles ou nuls pendant > 5 jours et ≤ 10 jours
Lorsque le tube digestif est fonctionnel et accessible, il fau-
terrain à risque (alcoolisme chronique, insulinothérapie,
dra privilégier la nutrition entérale. L’utilisation d’une sonde
chimiothérapie, diurétiques à fortes doses)
nasogastrique est le plus souvent recommandée. La pose d’une
sonde nasogastrique est facile, réalisable au lit du malade et
nécessite un contrôle radiologique afin de s’assurer de son bon
positionnement. Même si celle-ci peut se poursuivre à domicile, La majoration des apports nutritionnels, notamment glu-
l’initiation d’une nutrition entérale doit s’effectuer à l’hôpital afin cidiques, après une période prolongée de restriction sévère
de surveiller sa bonne tolérance. Lorsque la durée prévisible est s’accompagne d’une reprise de la glycolyse, d’une mobilisation
supérieure à 1 mois, il convient de discuter de la pose d’une gas- des réserves en micro nutriments cofacteurs de ces réactions
trostomie permettant d’améliorer le confort du patient. enzymatiques comme notamment la vitamine B1, et la mobili-
La nutrition parentérale est parfois jugée moins invasive, à tort. sation en intracellulaire d’électrolytes comme le phosphore, le
En effet, l’administration intraveineuse des nutriments requiert magnésium ou le potassium. Ainsi sur le plan biologique, le SR
une vigilance particulière afin de limiter le risque infectieux, de s’accompagne généralement d’une hypokaliémie, hypophospho-
thrombose ou encore de surcharge cardiaque. Elle doit donc être rémie, hypomagnésémie et d’une carence en vitamine B1. Sur
réservée aux situations où le tube digestif n’est pas fonctionnel le plan clinique, de nombreuses défaillances d’organes peuvent
(occlusion, malabsorption sévère, syndrome de grêle court notam- être observées à différents degrés de sévérité. On citera parti-
ment) ou d’échec d’une nutrition entérale bien conduite. Elle culièrement l’encéphalopathie de Gayet-Wernike, la défaillance
relève souvent d’un avis d’expert. L’utilisation de solutés de faible cardiaque avec l’apparition d’une surcharge et potentiellement de
osmolarité sur un abord veineux périphérique ne peut être qu’une troubles du rythme, mais aussi parfois une anémie hémolytique
solution d’attente de quelques jours. En effet, cette nutrition ou encore une insuffisance rénale aiguë pouvant aller jusqu’au
parentérale périphérique est peu efficace sur le plan nutritionnel, décès dans les formes les plus graves.
au prix d’une importante expansion volémique tout en restant à La prévalence du SR reste peu évaluée. Elle pourrait atteindre
risque infectieux et thrombotiques importants. 14 % des patients âgés hospitalisés en gériatrie [39] . Dans l’essai
randomisé multicentrique EFFORT évaluant la prise en charge
nutritionnelle à l’hôpital, 37 % des sujets inclus (âge médian
Syndrome de renutrition 74 ans) avait une biologie et 15 % un tableau clinique compa-
tibles avec un SR. La mortalité à 90 jours était alors augmentée
Le syndrome de renutrition (SR) est défini par l’ensemble de 90 % en cas de signes cliniques de SR [40] . Sa survenue n’est
des manifestations clinicobiologiques délétères qui accompa- pas exclusivement observée en cas de nutrition artificielle et peut
gnent l’initiation d’une renutrition. Les premiers témoignages de compliquer une renutrition orale d’autant plus que la dénutrition
complications d’une renutrition trop riche et trop rapide après est sévère et/ou que la période de restriction nutritionnelle est pro-
une période de restriction remontent à l’antiquité. Les scien- longée. Les recommandations anglaises du NICE, proposent des
tifiques ont ensuite décrit plus précisément les manifestations critères permettant d’évaluer le risque de SR (Tableau 7). En pré-
cliniques de ce syndrome lors de la seconde guerre mondiale. Les sence de ces critères, la prise en charge repose sur la prévention. Les
débuts de la nutrition parentérale dans les années 70 ont permis déficits hydro-électrolytiques doivent être corrigés avant le début
de mieux comprendre les mécanismes physiopathologiques du de la renutrition. Il est recommandé de systématiquement appor-
SR. ter une supplémentation en vitamine B1 sans nécessairement se

EMC - Endocrinologie-Nutrition 7
10-377-A-05  Dénutrition du sujet âgé

référer à un dosage plasmatique. Une surveillance rapprochée de lièrement à risque de carence. Ainsi les apports recommandés en
la kaliémie et de la phosphorémie doit être effectuée dans les vitamine D sont de 800 à 1000 UI par jour. La vitamine D peut
premiers jours de réalimentation. Les apports caloriques devront être administrée quotidiennement, mensuellement ou trimestriel-
être augmentés très progressivement par paliers de 48 à 72 heures lement. Un dosage plasmatique de la 25-OH vitamine D en cas
après des contrôles rapprochés de la biologie et de la tolérance cli- de forte suspicion de carence peut guider la recharge initiale. Par
nique. Il faudra particulièrement éviter les apports hydriques trop la suite, la supplémentation devra se poursuivre au long cours
importants et surveiller l’apparition d’œdèmes les 1ers jours. sans nécessité de suivi biologique, en dehors de cas particuliers. Il
n’est pas toujours nécessaire d’associer une supplémentation cal-
cique pouvant favoriser une constipation. Il est alors préférable de
Activité physique adaptée privilégier les apports alimentaires en laitages qui ont l’avantage
L’activité physique est indispensable à la récupération de la d’augmenter les apports protéiques.
force et la performance musculaire qui participent au bon état
nutritionnel. Même au très grand âge, la sédentarité est asso-
Déclaration de liens d’intérêts : les auteurs déclarent ne pas avoir de liens
ciée à une augmentation de la morbidité et de la mortalité [41] . À d’intérêts en relation avec cet article.
l’inverse les méta-analyses confirment l’efficacité de l’activité phy-
sique seule et de l’activité physique couplée à une alimentation
hyperprotidique pour augmenter la masse et la force musculaire
chez les sujets âgés, y compris en EHPAD [17, 42, 43] . Certaines don-
 Références
nées vont également plus loin en montrant une amélioration des
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performances physiques et parfois une réduction de la fragilité et a narrative review. Maturitas 2013;76(4):296–302.
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d’intensité haute (pluri-hebdomadaire, contre résistance princi- 2008;16(9):2182–6.
palement). Néanmoins, bien que plus rares, certaines données [3] Bosello O, Vanzo A. Obesity paradox and aging. Eat Weight Disord
en vie réelle témoignent d’un bénéfice probable d’une activité 2019. Dec 21.
physique multimodale, même moins intense. Les prescriptions [4] Winter JE, MacInnis RJ, Wattanapenpaiboon N, Nowson CA. BMI and
nutritionnelles doivent donc systématiquement s’accompagner all-cause mortality in older adults: a meta-analysis. Am J Clin Nutr
d’une prescription d’activité physique adaptée aux capacités du 2014;99(4):875–90.
patient, sous forme de conseils ou éventuellement encadrée par un [5] Oreopoulos A, Kalantar-Zadeh K, Sharma AM, Fonarow GC. The
Obesity Paradox in the Elderly: Potential Mechanisms and Clinical
kinésithérapeute et/ou un éducateur d’activité physique adaptée.
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micronutriments. En début de renutrition, notamment lorsque [8] Holme I, Tonstad S. Survival in elderly men in relation to midlife and
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les apports restent faibles, il est donc raisonnable, de proposer [9] Batsis JA, Gill LE, Masutani R, Adachi-Mejia AM, Blunt HB, Bagley
une complémentation en micronutriments aux doses des apports PJ, et al. Weight Loss Interventions in Older Adults with Obesity: A
nutritionnels conseillés, sans entraîner de risque particulier. Systematic Review of Randomized Controlled Trials Since 2005. J Am
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musculaire en plus du bénéfice osseux. Les apports alimentaires [10] de Gonzalez AB, Hartge P, Cerhan JR, Flint AJ, Hannan L, MacInnis
en vitamine D sont faibles. Les sujets âgés, peu exposés au soleil RJ, et al. Body-Mass Index and Mortality among 1.46 Million White
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fois par mois et à chaque consultation en ville, tous les rioration of physical function in the elderly. Arch Gerontol Geriatr
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mois en EHPAD et à l’admission puis au moins une fois par [15] Zhang X, Xie X, Dou Q, Liu C, Zhang W, Yang Y, et al. Association
semaine à l’hôpital. of sarcopenic obesity with the risk of all-cause mortality among adults
Les facteurs de risque de dénutrition sont souvent mul- over a broad range of different settings: a updated meta-analysis. BMC
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cognitifs sont particulièrement associés à la dénutrition. [16] Krok-Schoen JL, Archdeacon Price A, Luo M, Kelly OJ, Taylor CA. Low
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Dénutrition du sujet âgé  10-377-A-05

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M. Sanchez (manuel.sanchez@aphp.fr).
Département de gériatrie, Bichat-Beaujon-Bretonneau, AP–HP, 46, rue Henri-Huchard, 75018, Paris France.
Université de Paris, 45, rue des Saints-Pères, 75006 Paris, France.
C. Legué.
Département de gériatrie, Bichat-Beaujon-Bretonneau, AP–HP, 46, rue Henri-Huchard, 75018, Paris France.
A. Gross.
Département de gériatrie, Bichat-Beaujon-Bretonneau, AP–HP, 46, rue Henri-Huchard, 75018, Paris France.
Université de Paris, 45, rue des Saints-Pères, 75006 Paris, France.

Toute référence à cet article doit porter la mention : Sanchez M, Legué C, Gross A. Dénutrition du sujet âgé. EMC - Endocrinologie-Nutrition 2022;33(2):1-9
[Article 10-377-A-05].

EMC - Endocrinologie-Nutrition 9

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