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La place du jeûne intermittent dans la prise en charge du diabète de type 2

Introduction :

Le Ramadan est un mois sacré pour les musulmans, durant lequel ils ont le devoir de jeûner
tous les jours du lever au coucher du soleil ; c’est l’un des cinq piliers de l’islam. Cette religion
dispense de cette obligation les diabétiques, car le jeûne n’est pas sans conséquence sur leur
santé. Par habitude, par solidarité avec la famille, ou par crainte d’exclusion vis-à-vis de la
société, nombreux sont les diabétiques qui veulent à tout prix jeûner comme cela a été
démontré dans de nombreuses études. Mais en jeûnant, les diabétiques s’exposent à des
complications telles que : les hypoglycémies sévères, les hyperglycémies, l’acidocétose, la
déshydratation et les thromboses. Pour éviter cette situation, des consensus et des
recommandations ont vu le jour pour essayer de définir de nouvelles approches qui
minimiseraient les différentes complications. Il ressort des différentes recommandations que
seuls les diabétiques dont l’équilibre est stable, indemnes de complications dégénératives et
capables de gérer convenablement leur maladie sont autorisés à jeûner. Le rôle du médecin est
d’accompagner les fidèles durant le Ramadan en les sensibilisant davantage aux règles
hygiéno-diététiques, à l’autosurveillance pluriquotidienne et à une nouvelle adaptation
thérapeutique.

Ainsi, chaque année, à l’approche du ramadan, plusieurs questions se posent aux médecins :
quels patients peuvent être autorisés à jeûner ? Quelles sont les conséquences de ce jeûne ?
Quelle est la prise en charge thérapeutique à adopter pendant ce mois de ramadan considéré
comme un devoir, mais aussi comme une fête avec une surabondance alimentaire notamment
en produits sucrés et en acides gras ? Avant de répondre à ces questions, un rappel sur les
modifications physiologiques engendrées par le jeûne chez le sujet normal nous paraît
nécessaire pour comprendre ce qui survient chez le sujet diabétique.

PHYSIOLOGIE DU JEÛNE

Physiologie du jeûne chez le sujet sain et chez le patient diabétique Physiologie du jeûne chez
le sujet sain Le jeûne du Ramadan est défini comme « une période d’abstinence alimentaire et
hydrique totale, allant de l’aube au coucher du soleil ». Cette période de non-alimentation peut
varier de 12 à 18 heures selon les saisons. Pendant ce mois, il y a un changement total et
brutal des apports alimentaires, tant sur le plan quantitatif que qualitatif. L’organisme essaye de
maintenir une normoglycémie pour assurer l’approvisionnement des tissus en énergie grâce à
des mécanismes d’adaptation faisant intervenir les hormones de contre-régulation de l’insuline
dont le chef de fil est le glucagon. Pendant la période de non-alimentation, les apports
glucidiques diminuent. Pour empêcher l’hypoglycémie, il y a une inhibition de l’insulinosécrétion
et une stimulation de la lipolyse. Les acides gras produits en excès sont oxydés en corps
cétoniques, d’où la tendance à la cétogenèse. Parallèlement, la production du glucagon
augmente pour stimuler la néoglucogenèse et la glycogénolyse [2]. Après la rupture du jeûne,
l’apport alimentaire, souvent excessif, stimule la sécrétion d’insuline par le pancréas qui
entraîne à son tour une diminution de celle des hormones de contre-régulation et par
conséquent une inhibition de la néoglucogenèse et de la glycogénolyse. Ce phénomène
empêche l’hyperglycémie postprandiale [2]. Les dix premiers jours du Ramadan ou « phase
d’adaptation » sont les plus difficiles à supporter, et à gérer, en raison d’une tendance aux
hypoglycémies qui s’explique par une insulinosécrétion non adaptée. Elle est suivie d’une «
phase d’équilibre » pendant laquelle l’organisme commence à s’adapter au jeûne, ce qui
atténue les manifestations d’hypoglycémie

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