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Prof : A.

MBAYE

La chevauchée américaine pour la direction du monde

« Nous devons promouvoir la démocratie et l’économie de marché dans le monde parce


que cela protège nos intérêts et notre sécurité, et parce qu’il s’agit du reflet de valeurs qui
sont à la fois américaines et universelles ».

Cette déclaration d’un ancien assistant du président Clinton montre clairement les
déterminants de la politique américaine après la chute de l’Union soviétique.

Non, l’histoire n’a pas pris fin : elle commence ! Elle sera rude, complexe, n’en doutons pas,
et subira des reculs, pourquoi le cacher ? Mais, la royale voie démocratique est tracée, sur
laquelle tous se ruent ou se rueront. Elle s’appelle le marché. L’Amérique en détermine le
parcours, bien sûr global : ne dispose -t-elle pas-dans cet ordre-« de la plus forte puissance
militaire, de la plus grande économie et de la société pluriethnique la plus dynamique ? Notre
direction (leadership) est recherchée et respectée aux quatre coins du monde ».

Voici, énoncée par M. Anthony Lake, ancien assistant du président Clinton pour les questions
de sécurité nationale, la nouvelle charte universelle. Un but à atteindre si possible : la
démocratie. Une exigence, quoi qu’il arrive : le marché.

Le communisme disparu, grâce notamment à l’Organisation de l’Atlantique Nord (OTAN), qui


aura été « l’alliance militaire la plus efficace dans l’histoire de l’humanité », force est de
constater que bien des problèmes demeurent irrésolus.

Les économies occidentales sont cacochymes, des ethnies s’agitent, il y’a risque de
prolifération d’armements puissants. L’environnement lui-même…Mais aucun obstacle
majeur ne s’oppose plus à la victoire du marché sous la direction des Etats-Unis : il ne s’agit
plus de « contenir » (containment) mais d’élargir (enlargement), de consolider, de
parachever la victoire : « Nos intérêts et nos idéaux ne nous obligent pas seulement à nous
engager, mais à diriger ». Dans quel but ? « Nous devons promouvoir la démocratie et
l’économie de marché dans le monde parce que cela protège nos intérêts et notre sécurité,
et parce qu’il s’agit du reflet de valeurs qui sont à la fois américaines et universelles. »

« Nous devons, dit encore M. Lake, accorder aux nations démocratiques le maximum de
bénéfices de l’intégration dans des marchés extérieurs, ce qui explique en partie pourquoi
l’ALENA (Accord de Libre Echange nord- américain) et le GATT (Accord général sur les tarifs
douaniers et le commerce) se situent à un rang aussi élevé dans notre programme de
sécurité ». Comment imaginer d’ailleurs d’autres options ? « D’un côté, il y’a le
protectionnisme et un engagement extérieur limité, de l’autre, il y’a l’engagement actif des
Etats-Unis à l’extérieur, au nom de la démocratie et de l’accroissement du commerce ».

Le commerce, l’échange, sous la houlette américaine, telle est la clé, la pierre philosophale
des temps modernes : s’engager à l’extérieur, c’est réaliser « un investissement qui en vaut

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la peine ». Les principales puissances doivent certes coordonner leurs politiques : les
interventions extérieures peuvent certes se réaliser dans un cadre multilatéral
(l’Organisation des Nations-Unies), mais attention aux doctrines rigides » ! « Pour tout
responsable de notre sécurité, un seul facteur primordial doit déterminer le caractère
multilatéral ou unilatéral de l’action des Etats-Unis : les intérêts de l’Amérique. Nous devrions
agir sur le plan multilatéral quand cela sert nos intérêts, et nous devrions agir
unilatéralement quand cela sert notre dessein ».

Marché, démocratie… A partir de ce « roc », de ce « socle » que sont les pays du G7, il
convient d’élargir le système, en sélectionnant les pôles : par exemple, l’Afrique du Sud et le
Nigéria. Il faut aussi user parfois de patience, de « pragmatisme » : l’exemple du Chili « du
temps du général Pinochet » n’a-t-il pas montré que « l’économie de marché peut prospérer
sans démocratie » ? Cela vaut pour la Chine : « Nous voulons établir des relations plus
étroites avec la Chine, qui respectent nos valeurs tout en allant dans le sens de nos intérêts ».

Extraits du discours d’Anthony Lake, assistant du président Clinton pour les questions de
sécurité nationale, prononcé le 21 Septembre 1993 à l’Université Johns-Hopkins à
Washington.

Question :

1. Quels commentaires faites-vous des propos tenus par M. Anthony Lake, assistant
du président américain Clinton, pour les questions de sécurité nationale (1993-
1997) ?
2. A travers la promotion de la démocratie et du marché, que cherchent
véritablement les dirigeants américains ?
3. Cette position des Etats-Unis, se vérifie-t-elle dans tous les contextes
géopolitiques ? Pourquoi ?

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