Vous êtes sur la page 1sur 6

La Revue de médecine interne 34 (2013) 258–263

Disponible en ligne sur

www.sciencedirect.com

Mise au point

Histoire de la corticothérapie
History of corticotherapy
F. Chast a,∗,b
a
Service de pharmacie pharmacologie toxicologie, hôpitaux universitaires Paris Centre, 1, place du Parvis-Notre-Dame, 75181 Paris cedex 4, France
b
Département de pharmacie clinique et pharmacocinétique, université Paris Descartes, 4, avenue de l’Observatoire, 75006 Paris cedex 6, France

i n f o a r t i c l e r é s u m é

Historique de l’article : La corticothérapie est née à la fin des années 1940, à un moment où la chimie des stéroïdes commençait
Disponible sur Internet le 14 janvier 2013 à offrir de nouvelles pistes thérapeutiques. La chimie extractive (T. Reichstein), la chimie de synthèse
(E.C. Kendall) et la recherche clinique (P. Hench) se conjuguèrent pour aboutir à la découverte, en 1948,
Mots clés : de la cortisone, chef de file d’une longue série de dérivés apparentés. Outre le traitement de la maladie
Corticostéroïde d’Addison et leurs premières applications dans le domaine des maladies rhumatismales et inflamma-
Cortisone toires, les corticoïdes permettaient de corriger un grand nombre de troubles métaboliques et fonctionnels.
Maladie inflammatoire
La fluoration de la molécule stéroïdienne permit de développer des molécules plus actives et mieux tolé-
Découverte pharmacologique
Chimie thérapeutique
rées. La corticothérapie a bouleversé le traitement des maladies allergiques ou de l’immunité, les rejets de
greffe, de nombreuses affections dermatologiques, respiratoires, digestives, oculaires, etc. Elle est utilisée
aujourd’hui dans tous les domaines de la thérapeutique.
© 2013 Publié par Elsevier Masson SAS pour la Société nationale française de médecine interne
(SNFMI).

a b s t r a c t

Keywords: Corticosteroids emerged in the late 1940s, at a time when steroid chemistry began to offer new the-
Corticosteroids rapeutic approaches. Extractive chemistry (T. Reichstein), chemical synthesis (E.C. Kendall) and clinical
Cortisone investigations (P. Hench) were combined to result in the discovery of cortisone in 1948, leading to a long
Inflammatory diseases series of related derivatives. Besides their first applications to treat Addison’s disease and rheumatic or
Pharmacological discovery
inflammatory diseases, corticosteroids could easily correct many metabolic and functional symptoms.
Medicinal chemistry
Fluoridation of the steroid skeleton allowed the development of more active and better tolerated mole-
cules. Corticosteroids have revolutionized the treatment of allergic diseases or immunity troubles, graft
rejection, many dermatological, respiratory, digestive, eye diseases, etc. It is used today in all areas of
therapeutic.
© 2013 Published by Elsevier Masson SAS on behalf of the Société nationale française de médecine
interne (SNFMI).

« Give us the tools and we will finish the job » (Donnez-nous Soixante ans plus tard, pour le Public, la corticothérapie se
les outils, on fera le travail). Ces mots de Winston Churchill, résume au seul nom de son tout premier représentant : la cortisone.
radiodiffusés par la BBC le 9 février 1941, furent repris le Dès que le mot est prononcé, les tenaces clichés poursuivent leur
10 décembre 1950 par Philip S. Hench, lors du banquet de remise de implacable œuvre de simplification. La cortisone conserve l’image
son Prix Nobel pour sa contribution à la découverte des hormones d’un médicament à deux visages, celui d’un bienfait : le malade peut
surrénaliennes, leur structure et leurs effets biologiques. C’était, enfin ranger ses cannes, mais aussi celui d’un inexorable méfait : le
pour le « clinicien » qu’il était, l’occasion de souligner l’importance malade « gonfle » aussi longtemps que se poursuit le traitement [1].
de l’outil pharmacologique que ses deux co-lauréats du Prix Nobel On ne peut s’interroger sur la découverte des médicaments
de médecine et physiologie 1950, « chimistes » lui avaient permis corticoïdes sans faire référence à la laborieuse découverte du
d’utiliser. rôle physiologique des hormones corticosurrénaliennes et de leur
importance vitale. C’est à Bartolomeo Eustachio (? – 1574) que l’on
doit, vers 1560, la découverte anatomique des glandes surrénales,
∗ Service de pharmacie pharmacologie toxicologie, hôpitaux universitaires Paris même s’il ne parvint pas à en définir le rôle. Il fallut attendre les tra-
Centre, 1, place du Parvis-Notre-Dame, 75181 Paris cedex 4, France. vaux du physiologiste Édouard Brown-Séquard (1817–1894) pour
Adresses e-mail : francois.chast@htd.aphp.fr, francois.chast@parisdescartes.fr préciser que ces sécrétions internes se comportaient comme des

0248-8663/$ – see front matter © 2013 Publié par Elsevier Masson SAS pour la Société nationale française de médecine interne (SNFMI).
http://dx.doi.org/10.1016/j.revmed.2012.12.009
F. Chast / La Revue de médecine interne 34 (2013) 258–263 259

excitants fonctionnels spécifiques. Décrivant la mort entraînée par « libérer » le principe actif : la désoxycorticostérone, lui permettant
la surrénalectomie, il en souligna le rôle vital [2]. Ainsi, les animaux d’agir au niveau de ses sites d’action. C’était le premier traitement
décapsulés souffraient d’un déficit d’activité musculaire, un abais- « moderne » de la maladie d’Addison mais aussi une « première
sement de la pression artérielle et des troubles gastro-intestinaux. médicale », véritable avancée dans la connaissance des hormones
Plus subtilement, l’Anglais Thomas Addison (1795–1860) avait stéroïdiennes du cortex corticosurrénalien. Les désordres hydro-
montré au Guy’s Hospital de Londres, les conséquences physio- électrolytiques de la maladie d’Addison étaient bien maîtrisés grâce
pathologiques des anomalies de leur métabolisme chez l’homme à l’administration perlinguale ou mieux, sous-cutanée, de quelques
[3]1 . Il décrivit l’asthénie et l’hyperpigmentation cutanée liées aux milligrammes d’acétate de désoxycorticostérone.
lésions des glandes surrénales qu’il observa à l’autopsie, et c’est On entrevoyait alors, avec ces molécules, un champ thérapeu-
Armand Trousseau (1801–1867) qui utilisa le premier, le nom tique nouveau, non seulement pour le traitement des insuffisances
d’Addison, pour définir l’insuffisance corticosurrénalienne [4]. endocriniennes (la maladie d’Addison n’était que la première cible),
La mise au point originale des traitements étiologiques est peut- mais aussi pour le traitement des états de choc, des brûlures, des
être à rechercher chez William Osler (1849–1919) qui fut le premier situations de stress physiologique, etc. Hans Selye (1907–1982), de
à proposer le traitement de la maladie d’Addison par des extraits la McGill University (Montréal, Canada), qui avait forgé dès 1936 le
de corticosurrénales [5]. Dans les années 1920, les extraits actifs concept de « syndrome général d’adaptation au stress », démontra
furent mis sur le marché avec plus ou moins de bonheur. On en 1940 l’intérêt de la corticostérone dans le traitement du choc
doit leur étude (bâtie sur le modèle des extraits pancréatiques alors que l’on savait que la désoxycorticostérone était, elle, inactive.
qui permit à F. Banting et C. Best de découvrir l’insuline) à George Les travaux sur la physiologie du stress virent leur couronnement
Stewart (1860–1930) et Julius Rogoff (1884–1966) de l’Université avec la publication de The physiology and pathology of exposure to
de Cleveland [6]. En 1930, Frank Hartman et Katherine Brownell stress (Montreal Acta Inc., 1950), véritable base théorique pour une
développèrent des extraits encore plus actifs qui pouvaient, enfin, pharmacologie de la réanimation médicale [11].
sauver la vie de patients addisoniens. Swingle et Pfiffner [7] pro- Ces éléments ne laissèrent pas insensibles les services de rensei-
gressèrent dans la purification de ces extraits en mettant à profit gnement lorsque fut répandu le bruit, au moment de la déclaration
l’extraction des principes hormonaux, en milieu éthanolique puis de Guerre en Europe, que les Allemands faisaient la razzia des
benzénique, ce qui résolvait la question de la contamination par glandes surrénales dans les abattoirs argentins, afin de fournir
l’adrénaline beaucoup moins liposoluble que la cortisone. Cette aux pilotes de la Lufwaffe les extraits susceptibles d’améliorer
approche permettait de ne plus avoir recours, pour isoler des leur bonne tolérance aux vols en haute altitude. Les Améri-
extraits efficaces, à une dissection de la partie corticale des glandes cains virent là un défi qu’il convenait de relever. Edward Calvin
surrénales et d’utiliser les organes entiers fournis par les abat- Kendall (1886–1972), un des chimistes américains les plus presti-
toirs. Mais, comme cela avait été le cas cent ans plus tôt pour les gieux dans le domaine de la chimie endocrinienne, fut convoqué
extraits végétaux, sources d’alcaloïdes, les extraits de glandes ani- en 1941, à la première réunion du bureau de recherches et de
males finirent par devenir le matériau de base à partir duquel les développement scientifiques (Office of Scientific Research and
chimistes allaient isoler et cristalliser ces nouveaux principes actifs Development [OSRD]), l’agence fédérale coordonnant la recherche
qu’étaient les hormones [8]. scientifique à des fins militaires [12]. Il fallait synthétiser et éva-
luer l’intérêt d’un corticostéroïde destiné aux hommes de l’US Air
1. De l’extraction à la synthèse des premiers stéroïdes Force. Or, il avait isolé, dès 1936, la 11-déhydrocorticostérone et
proposa à la firme Merck (Rahway, États-Unis) de poursuivre les
Tadeus Reichstein (1897–1996), professeur à la faculté de phar- recherches autour de cette substance. Les travaux se poursuivirent
macie de Bâle fut, dès ses premiers travaux, reconnu par ses pairs même si les rumeurs germano-argentines se furent estompées
comme le spécialiste incontournable des hormones de la cortico- puis bientôt évanouies. On commençait à comprendre les rela-
surrénale. D’une manière plus générale, il sera plus tard considéré tions entre les structures chimiques et l’action physiologique et
comme le précurseur de la chimie des stéroïdes. À partir de quelque donc la pharmacologie de ces stéroïdes : contrairement aux sté-
vingt mille glandes animales, il isola durant les années 1930, plus roïdes biosynthétisés au niveau des gonades, les glandes surrénales
de vingt dérivés hormonaux biologiquement actifs [9]. En 1936, produisaient des stéroïdes présentant tous une fonction oxygé-
il entama une collaboration avec la Société Ciba, firme également née (cétone ou hydroxyle) en position 11. La voie était donc
bâloise. Il aboutit à un composé qu’il dénomma androstérone, pour ouverte à un nouveau chapitre de la chimie thérapeutique. Certes,
rappeler sa structure stéroïdienne et ses propriétés androgéniques. Reichstein avait rapporté la synthèse (en 40 étapes !) de la 11-
Malheureusement, cette substance était totalement dénuée d’effets déhydrocorticostérone à partir d’acide désoxycholique. C’était là
anti-addisoniens. Encouragé cependant par ses premiers résul- une démarche utile à la science mais dérisoire et trop coûteuse
tats, il poursuivit, en 1937, de nouvelles extractions à la recherche dans le cadre d’une perspective industrielle.
d’autres substances. Il aboutit ainsi à la corticostérone (100 000 fois C’est à Rochester, dans la légendaire Mayo Foundation,
plus active que l’extrait de glande). La chimie n’étant pas seulement qu’Edward Calvin Kendall et ses collaborateurs, notamment
extractive, mais aussi de synthèse, Reichstein s’employa à mode- Arthur Grollman (1901) [13], s’étaient lancés dès 1933 dans la
ler différentes structures conservant un squelette stéroïdien et des course à la purification des extraits corticosurrénaliens [14]
fonctions chimiques clés pour la démonstration de l’activité anti- qu’on avait dénommé « cortine ». Quelques années plus tard,
addisonienne. L’année 1938 fut marquée par l’extraction mais aussi avec Harold L. Mason, Charlie S. Myers et William D. Allers,
la synthèse de l’acétate de désoxycorticostérone (Percorten® ) [10]. Kendall « poussa » les procédures extractives du cortex de la
Une des dernières étapes de la synthèse consistait à « brancher » surrénale des mammifères, ce qui lui permit d’isoler neuf
une chaîne acétate en position 17 sur le cyclopentane du stéroïde. hormones stéroïdes ou apparentées. Cinq d’entre elles furent
Le médicament n’était pas absorbé par voie orale, mais l’acétate cristallisées : la corticostérone, la 11-déhydrocorticostérone,
était bien adapté à la mise en forme d’une solution injectable hui- la 17-hydroxycorticostérone (composé F), la 17-hydroxy,11-
leuse d’autant que, dans le sang, les estérases se chargeaient de désoxycorticostérone et la 11-déhydrocorticostérone (composé E).
Tous ces composés possédaient une structure tétracyclique
dérivant du noyau stéroïdique caractéristique, le diméthyl-
1
Addison avait attiré l’attention sur l’anémie de l’insuffisance surrénalienne dès 10,13-cyclopentanoperhydrophénanthrène. Ils possédaient une
1849. Lond Med Gaz 1849;43:517–8. chaîne latérale de deux atomes de carbone portée en 17, une
260 F. Chast / La Revue de médecine interne 34 (2013) 258–263

Fig. 1. Structure chimique des corticostéroïdes.

Tableau 1 Upjohn (Kalamazoo, États-Unis), mit au point une hémisynthèse


Dénomination initiale des « composés corticostéroïdes ».
mettant en œuvre une levure, Rhizopus nigricans, qui permettait
Nom du Composé Dénomination commune la conversion (grâce à la 11-␤-hydroxylase) de la progestérone
Composé « A » 11-Déhydrocorticostérone en 11-hydroxyprogestérone, elle-même facilement transformable
Composé « B » Corticostérone en hydroxycortisone. Chez Squibb, Joseph Fried parvint à obtenir
Composé « E » Cortisone l’hydrocortisone à partir de son isomère, l’épicortisol.
Composé « F » Cortisol
Composé « S » Cortexolone
2. De la chimie à la clinique

fonction cétone en position 3, une double liaison en 4–5 et présen- Mais il n’y avait là, toujours pas de place pour les traitements
taient de nombreuses analogies avec les hormones sexuelles, avec antirhumatismaux. Les confidences de fin de soirées font parfois
même parfois des similitudes quant à leur action physiologique plus que les grands congrès internationaux pour faire avancer la
(Fig. 1). recherche (Fig. 1). C’est à cette occasion qu’Edward Kendall fit par-
Le « composé E » (Tableau 1) [15], dénommé « cortisone » dès tager son espoir thérapeutique à un de ses collègues de la Mayo
1939, fut préparé par Kendall selon une nouvelle approche, sim- Clinic, Philip S. Hench (1896–1965) qui était appointé par cet hôpi-
plifiant la méthode de Reichstein, grâce à l’aide de Lewis Sarett tal depuis octobre 1921, et qui y avait fondé le premier service de
(1917–1999), chimiste de la Société Merck. Sarett avait mis au rhumatologie (« Arthritis Service »), en 1926 [19]. C’est en 1948 qu’il
point la « synthèse-marathon » du composé E à partir du cholesté- remarqua que des patients atteints de polyarthrite rhumatoïde
rol contenu dans la bile de bovidés (36 étapes étaient quand même voyaient leurs douleurs soulagées en cas d’ictère (jaunisse) ou pour
nécessaires mais une amélioration du rendement permettait de certaines jeunes femmes, en cas de grossesse [20]. Hench et Kendall
se passer de dizaines de milliers d’animaux de boucherie) [16]. s’interrogèrent sur le rôle que pouvait avoir, dans ces deux cas, une
L’insertion du groupement hydroxyle en position 17 n’était pas une hormone (rapidement appelée « substance X ») protectrice à l’égard
mince affaire, mais Sarett parvint à préparer 5 g en 1948. du syndrome rhumatoïde. Ne fallait-il pas la rechercher et tenter
Ultérieurement, Percy Julian (1899–1975), un brillant chimiste de l’utiliser comme nouveau médicament de la polyarthrite rhu-
afro-américain, victime de la ségrégation universitaire, entreprit matoïde ? Mais, faute d’isoler cette substance inconnue, pourquoi
une carrière d’ingénieur chimiste chez Glidden, un fournisseur ne pas utiliser des produits disponibles (Fig. 2) ?
de matières premières végétales, afin notamment, de dévelop- Les 5 g de composé « E » que Sarett avaient préparés allaient
per l’utilisation des principes végétaux, les phytostérols, pour pouvoir faire l’affaire. À partir de l’été 1948, après un premier
la production de stéroïdes thérapeutiques. Pour cela, à partir essai clinique visant à vérifier les effets protecteurs du composé
des années 1950, il modifierait les conditions catalytiques de la « E » à l’égard du stress, ils proposèrent ce traitement à une jeune
préparation du « composé S » de Reichstein (la 17-hydroxy,11- femme atteinte d’arthrite rhumatoïde à un stade très avancé [21].
désoxycorticostérone ou cortexolone), pour la rendre moins Un nouvel essai utilisant une cortisone de synthèse débuta le
coûteuse [17]. Parmi les pistes qu’il explora et mit en œuvre, figure 21 septembre 1948. Trois jours plus tard, la jeune femme traitée
l’utilisation des hécogénines issues des agaves du Mexique parfaites était totalement soulagée pour la première fois depuis cinq ans ! Le
candidates au rôle de « matériau de base » à la chimie des cortico- « miracle » conduisit le laboratoire Merck à produire, en quelques
stéroïdes, largement disponibles et beaucoup moins onéreuses que semaines, un lot de 1 kg du précieux médicament ! Cette fois-ci,
la bile de bœuf. treize malades reçurent le composé E pendant six mois. Les résul-
La synthèse totale de la cortisone allait être réussie en 1952 [18]. tats furent remarquables. Certes, la maladie n’était pas guérie, mais
Elle était permise grâce aux travaux préparatoires (couronnés les symptômes disparaissaient dans la majorité des cas et surtout,
par le prix Nobel de Chimie 1950) de deux chimistes allemands, la douleur était jugulée. Les effets antirhumatismaux étaient-ils
Otto Paul Hermann Diels (1876–1954) et son élève Kurt Alder durables ? L’intérêt de la cortisone était-il aussi spectaculaire dans
(1902–1958), qui mirent au point la synthèse diénique. La compé- le rhumatisme articulaire aigu [22]. Au Congrès international de
tition industrielle fut relancée par les laboratoires Searle et le rhumatologie (Ligue Internationale contre le rhumatisme) qui se
procédé d’hémisynthèse que Gregory Pincus (1903–1967) et Oscar tint à New York en 1949, Hench déclara que ses travaux n’étaient
Hechter (1916–2002) avaient mis au point. Il consistait à revenir pas la description d’un nouveau traitement antirhumatismal, mais
au recueil de dizaines de milliers de glandes adrénocorticotropes l’étude des effets d’une hormone sur le mécanisme d’une mala-
animales et à en extraire les précurseurs physiologiques de la cor- die rhumatismale. On peut remarquer qu’à ce même Congrès, les
tisone. C’est de cette manière que l’hydrocortisone fut préparée. Français Florent Coste et Serge Bonfils présentèrent une commu-
Peu après, dans le grand développement des fermentations indus- nication sur le traitement par du diéthylstilbestrol de 33 patients
trielles, né de l’industrie des antibiotiques, une troisième société, masculins atteints de spondylarthrite ankylosante, et dont un tiers
F. Chast / La Revue de médecine interne 34 (2013) 258–263 261

glucocorticoïde de la cortisone fut-elle quadruplée alors que son


activité minéralo-corticoïde était divisée par trois. Quant à la pred-
nisolone, elle était obtenue par réduction de la fonction cétone
portée sur le carbone 11, en fonction hydroxyle. Le blocage du méta-
bolisme de la prednisolone par l’adjonction d’un radical méthyle en
position 6 permit d’obtenir un dérivé encore plus actif : la méthyl-
prednisolone.
Contrairement à l’idée reçue selon laquelle il n’était pas possible
d’accroitre la puissance d’une substance naturelle, Fried découvrit
fortuitement que l’halogénation de la cortisone conduisait à des
dérivés plus actifs et d’autant plus actifs que la taille de l’halogène
greffé était petite (les dérivés fluorés étant plus actifs que les
dérivés chlorés, eux-mêmes étant plus actifs que les dérivés conte-
nant un atome de brome). Ainsi, la 9-alpha-fluorohydrocortisone
(fludrocortisone), qui présentait également des propriétés minéra-
locorticoïdes (250 fois supérieures à celles du cortisol), fut isolée en
1954 par Fried et son assistante Emily Sabo et manifestait des pro-
priétés anti-inflammatoires dix fois plus importantes que celles de
la cortisone [26]. Mais encore une fois, on touchait là, du doigt, le
revers de la médaille : il ne semblait décidément guère possible
de se départir complètement des effets minéralocorticoïdes de la
corticothérapie. Les glucocorticoïdes provoquaient tous, à un degré
Fig. 2. Charles H. Slocumb (à gauche), Howard F. Polley, Edward C. Kendall et Philip plus ou moins important, une rétention hydrosodée avec œdèmes,
S. Hench dans le laboratoire où la cortisone fut découverte au sein de la Mayo Clinic devant limiter l’emploi de ces dérivés. Fried mit également en
(Rochester, États-Unis). lumière le fait que les 16, 17-acétonides de corticoïdes augmen-
Copyright : Mayo Clinic Foundation. taient la puissance des dérivés et minimisaient l’effet de rétention
hydrosodée. Les fluorostéroïdes allaient, dès lors, révolutionner
le traitement de diverses maladies endocriniennes ou dermatolo-
environ vit sa situation améliorée. Malgré cette approche plu-
giques. La triamcinolone (dérivé 16-hydroxylé) et son acétonide
tôt modeste, c’est par une « standing ovation » que les travaux
furent utilisés en rhumatologie mais leur tolérance systémique,
de Hench furent accueillis par les congressistes [23]. Les journa-
médiocre, limita quelque peu leur développement commercial.
listes s’emparèrent de la nouvelle, assimilant trop hâtivement le
Elles firent néanmoins le bonheur des malades arthrosiques qui
« composé E » de Kendall à la vitamine E. Ce qui hâta l’adoption
purent bénéficier d’infiltrations salvatrices grâce à la mise au point
définitive du terme « cortisone » [24].
de suspensions injectables. En revanche, la corticothérapie connut
Des tonnes de cortisone furent préparées en hâte. Le prix du
une meilleure maniabilité avec la mise à disposition, en 1958,
gramme chuta de 200 à 35 dollars entre 1950 et 1951. Pourtant,
de la dexaméthasone, la 9-alpha-fluoro-16-alpha-méthylcortisone
les premiers échos péjoratifs furent répercutés : les effets secon-
chez Merck et chez Schering et de son isomère, la bêtamétha-
daires de la corticothérapie ne manquèrent pas d’être soulignés,
sone ou 9-alpha-fluoro-16-bêtaméthylcortisone. Ces deux dérivés
non sans causer quelques réticences à leur utilisation : hyperten-
16-méthylés présentent une activité anti-inflammatoire particuliè-
sion, diabète, ostéoporose ; la prescription devait être sévèrement
rement puissante (six à sept fois plus élevée que la prednisolone)
encadrée.
et connurent un développement commercial considérable dans des
La première pierre de l’édifice de la corticothérapie était posée
indications très élargies comprenant la pneumologie et la réani-
et allait permettre à Hench, Kendall et Reichstein de partager le prix
mation et ce d’autant qu’ils étaient quasiment dépourvus d’activité
Nobel de médecine et physiologie en 1950. Depuis la découverte de
minéralo-corticoïde. On semble avoir atteint, avec ces deux déri-
l’insuline, aucun Nobel n’avait si rapidement salué une découverte
vés, ce que l’on fait de mieux en termes de ratio activité/toxicité et
médicale [25].
bénéfice/coût.
Au début des années 1950, la corticothérapie connaissait la plus
L’ensemble des corticostéroïdes a fait l’objet de diverses clas-
grande popularité. Cependant, au milieu de la décennie, la cor-
sifications, en fonction de leur puissance anti-inflammatoire ou
tisone était toujours présentée comme un médicament à visée
minéralo-corticoïde (Tableau 2), de leur efficacité anti-psoriasique
d’abord endocrinienne. Ce n’est que lentement que la perception
[27], ou en fonction de leur structure chimique pour laquelle Serge
« antirhumatismale » gagna du terrain, comme l’indication à l’égard
Coopman, remarqua en 1989 [28] que, curieusement, leur structure
des collagénoses.
était corrélée aux réactions allergiques qu’ils pouvaient provoquer.

3. Diversification des corticostéroïdes


4. Quelques développements thérapeutiques des
Les progrès de la chimie organique autorisèrent un élargisse- corticoïdes
ment considérable du spectre de molécules efficaces. La chimie
des stéroïdes permit de différencier les structures en fonction du Les applications thérapeutiques des corticoïdes sont innom-
nombre d’atomes de carbone présent dans la molécule. Ainsi, si le brables et ont, dès leur découverte, émerveillé les pionniers de
cortex surrénalien produit des dérivés en C21 comme le cortisol leur utilisation. Dans une revue thérapeutique datée de 1951 et res-
et l’hydrocortisone, il est rapidement apparu que l’adjonction ou tée comme une pierre blanche de la littérature pharmacologique,
le retrait de tel ou tel radical chimique (cétone, hydroxyle) pou- Randall Sprague, de la Mayo Clinic, décrit les effets multifonction-
vait avoir de très importantes conséquences sur la pharmacologie nels de la corticothérapie [29]. La cortisone est hyperglycémiante
des dérivés. La prednisone fut obtenue par déshydrogénation (dont et diabétogène, elle accroit le catabolisme azoté, diminue la crois-
le résultat conduisit à une double liaison en position 1–2) de la sance, ralentit la cicatrisation, augmente la rétention hydrosodée,
cortisone. Le résultat fut obtenu par fermentation. Ainsi, l’activité elle est anti-inflammatoire en particulier sur la synoviale, modifie
262 F. Chast / La Revue de médecine interne 34 (2013) 258–263

Tableau 2
Classification de la puissance relative des glucocorticoïdes.

Médicament Équivalence pharmacologique (mg) Puissance minéralo-corticoïde

Hydrocortisone 20 2+
Cortisone 25 2+
Prednisone 5 1+
Méthylprednisolone 4 0–0,5+
Triamcinolone 4 0
Dexaméthasone 0,20–0,75 0
Bétaméthasone 0,50–0,75 0
Fludrocortisone 1,5 5+
Déoxycorticostérone – 4+

la prolifération des lymphocytes et des éosinophiles, elle manifeste comme médicaments bronchodilateurs. Il fut vite démontré que
des propriétés antiprolifératives, elle est antiallergique et mini- l’adrénaline ne passait pas l’obstacle intestinal et il fallut attendre
mise les réactions d’hypersensibilité, y compris pour les réactions la mise sur le marché des corticostéroïdes pour redonner vie à
consécutives aux infections bactériennes ou aux manifestations cette hypothèse thérapeutique. Six mois après la publication des
inflammatoires, elle déprime la fonction corticotrope antéhypo- travaux inauguraux de Hench, John E. Bordley, à l’Université Johns
physaire mais aussi les fonctions gonadiques mâle et femelle, Hopkins de Baltimore, montra que l’ACTH avait un effet bénéfique
elle provoque une augmentation de la tension artérielle, elle pro- dans l’asthme [35]. Les effets de la cortisone dans l’asthme bron-
voque des ulcères digestifs pouvant conduire à des hémorragies chique ont été démontrés par Theron G. Randolph et John P. Rollins
sévères mais améliorent les symptômes des maladies intestinales dès 1950 au sixième Congrès de l’American Academy of Allergy.
inflammatoires, elle provoque une stimulation du système nerveux Le médicament était utilisé par voie intramusculaire à raison de
central pouvant conduire à l’insomnie et à l’euphorie mais jusqu’à 200 mg en dose d’attaque puis 50 mg étaient ajoutés aux 24e et
provoquer convulsions ou psychose. 36e heures [36]. Très rapidement, la cortisone fut adoptée pour trai-
Il n’est pas possible, ici, de retracer pour l’ensemble de leurs ter l’hyperréactivité bronchique [37] par voie orale, et ce, malgré le
indications les premiers pas de la corticothérapie dans tous les scepticisme du Medical Research Council qui initia un essai déce-
domaines de leur champ d’action. Nous nous en tiendrons à trois vant contre placebo, à une dose qui se révéla trop faible. D’autres
domaines qui ont représenté des innovations spectaculaires : les éléments comme les effets indésirables furent autant d’obstacles :
transplantations, le traitement de l’asthme et la pharmacologie retards de croissance chez l’enfant, ostéoporose, troubles métabo-
oculaire. liques, etc. Au début des années 1970 on entreprit d’utiliser des
formes orales de corticoïdes plus incisifs, la prednisolone ou la
4.1. Les transplantations méthylprednisolone, pour réduire les crises d’asthme. Le résultat
était obtenu en deux heures mais les injections d’hydrocortisone
Les transplantations rénales et cutanées, qui débutaient à peine, agissaient deux fois plus rapidement [38]. Aux urgences hospita-
tout comme la chimiothérapie anticancéreuse, pouvaient, elles lières, il était coutumier d’utiliser les deux voies d’administration.
aussi, profiter des propriétés immunosuppressives de la corti- L’inhalation pouvait être une solution mais la biodisponibi-
sone, utilisée seule avant d’être associée à la 6-mercaptopurine lité pulmonaire de la cortisone et la dexaméthasone était trop
ou à l’azathioprine. C’est Peter Brian Medawar (1915–1987) faible. C‘est une vingtaine plus tard que le dipropionate de béclo-
qui introduisit le principe de l’immunosuppression expérimen- methasone fit son apparition [39] avec Timothy J.H. Clark, au
tale au moyen de corticostéroïdes [30], en proposant, en 1951, Brompton Hospital de Londres, qui proposa l’administration de
l’administration de cortisone pour autoriser la greffe de peau hété- cette aérosolthérapie. L’emploi des corticoïdes inhalés sera rapi-
rologue chez le lapin. En 1960, Willard Goodwin (1915–1998) dement codifié : 1 à 2 mg par jour de béclométhasone étaient
réussit, à Los Angeles, à empêcher grâce à un traitement par la utilisés et n’entraînaient pas de modification négative du fonction-
prednisone, le rejet d’une greffe rénale (intrafamiliale) qui avait nement de l’axe hypothalamo-hypophysaire corticotrope [40]. On
été traitée par méthotrexate et cyclosphamide. Ce fut le premier sait, aujourd’hui, que les corticostéroïdes suppriment un certain
exemple de la survie (143 jours) d’un greffon rénal humain, obte- nombre de ces gènes inflammatoires activés dans les voies respira-
nue par le seul moyen pharmacologique. Les premières utilisations toires de patients asthmatiques [41]. Ce qui constitue une nouvelle
cliniques de la cortisone, en matière de transplantation rénale hété- piste pour le traitement de la maladie.
rofamiliales, ont été le fait de René Küss (1913–2007) qui lui associa
la 6-mercaptopurine [31]. Les corticostéroïdes avaient le pouvoir 4.3. Inflammations oculaires
d’inhiber la production de cytokines par les lymphocytes T et les
macrophages. Jean Hamburger a poursuivi l’étude de l’emploi des Les maladies de l’œil ont constitué, dès 1950, un terrain propice à
corticoïdes en transplantation (rénale) et plus particulièrement l’utilisation des corticostéroïdes. Uvéite, iridocyclite, conjonctivite
leur intérêt dans le traitement de la crise de rejet [32]. À la fin des vernale, kératite interstitielle et autres maladies inflammatoires
années 1970, l’emploi de la ciclosporine allait permettre d’utiliser ont été traitées avec succès par la cortisone au moyen d’injections
les corticoïdes de manière provisoire en proposant un retrait pro- sous-conjonctivales mais aussi localement au moyen de collyres
gressif alors que ciclosporine et azathioprine restaient la base du [42]. L’utilisation symptomatique de la dexaméthasone, à partir
traitement immunosuppresseur [33]. de 1960, permit de traiter de nombreuses situations inflamma-
toires, des allergies, et l’association à divers antibiotiques a été
4.2. L’asthme l’occasion de mettre sur le marché de nombreuses spécialités
de collyres ou de pommades ophtalmiques [43]. L’infection her-
Le traitement de l’asthme bénéficia, en 1900, de l’administration pétique est rapidement apparue comme une contre-indication
per os d’un extrait de surrénales grâce à Solomon Solis- majeure de la corticothérapie. L’utilisation de corticoïdes fluorés,
Cohen (1857–1948) à Philadelphie [34] ce qui encouragea d’abord de la dexaméthasone, puis de l’acétonide de triamcino-
l’utilisation de l’adrénaline et d’autres sympathomimétiques lone par voie intravitréenne a révolutionné la conception de la
F. Chast / La Revue de médecine interne 34 (2013) 258–263 263

pharmacologie rétinienne [44]. Robert Machemer (1933–2009) [8] Goris A, Liot A, Goris A. Pharmacie galénique. Paris: Masson; 1942.
a proposé la triamcinolone (1 mg en intravitréen) pour réduire [9] Reichstein T, Von Euw J. Über Bestandteile der Nebennieren-Rinde, VI. Tren-
nungsmethoden sowie Isolierung der Substanzen Fa, H und J. Helv Chim Acta
la néovascularisation des formes humides de la dégénérescence 1936;19:1107–26.
maculaire liée à l’âge (DMLA) et certains œdèmes rétiniens : [10] De Fremery P, Laqueur E, Reichstein T, Spanhoff RW, Uydert IE. Corticosterone,
œdème maculaire de la rétinopathie diabétique, occlusion de a crystallized compound with the biological activity of the adrenal-cortical
hormone. Nature 1937;137:26.
veine centrale de la rétine, œdème maculaire cystoïde, etc. Depuis [11] Selye H. Correlations between the chemical structure and the pharmacological
quelques années, cette approche a été abandonnée, pour l’essentiel, actions of the steroids. Endocrinology 1942;30:437–53.
au profit de l’utilisation des anti-VEGF, moins toxiques pour [12] Sneader W. Drug discovery, the evolution of modern medicines. New York:
J. Wiley & Sons; 2005.
l’environnement vitréorétinien.
[13] Grollman A. Physiological and chemical studies on the adrenal cortical hor-
mone. Symp Quant Biol 1937;5:313.
5. Conclusion [14] Kendall EC, Mason HL, McKenzie BF, Myers CS, Koelsche GA. Isolation in
crystalline form of the hormone essential to life from the suprarenal cor-
tex; its chemical nature and physiologic properties. Mayo Clin Proc 1934;9:
Les domaines cliniques concernés par la corticothérapie n’ont 245–50.
cessé, depuis plus de soixante ans, de se développer. C’était déjà [15] Kendall EC, Mason HL, Myers CS, Allers WD. A physiologic and chemical inves-
tigation of the suprarenal cortex. J Biol Chem 1936;114:57–8.
une perspective ouverte dès la mise sur le marché de la cortisone.
[16] Sarett LH. 17-hydroxy-11-dehydrocorticosterone synthesis. J Biol Chem
Ainsi, en 1950, George Pickering, prestigieux interniste du Saint 1946;162:601–31.
Mary’s Hospital à Londres, saluait la première année d’utilisation [17] Julian PL, Meyer EW, Karpel WJ, Ryden Waller I. Sterols. XI. 17 alpha-
de la cortisone en évoquant la liste non close des maladies et Hydroxy-11-desoxycorticosterone (Reichstein’s Substance “S”). J Am Chem Soc
1950;72:5145–7.
situations cliniques qui étaient justiciables de l’administration de [18] Woodward RB, Sondheimer F, Taub D, Heusler K, McLamore WM. The total
ce médicament : rhumatisme articulaire, dermatomyosite, polyar- synthesis of steroids. J Am Chem Soc 1952;74:4223–51.
thrite rhumatoïde, leucémie lymphoïde, psoriasis, colite ulcéreuse, [19] Hunder GG, Matteson EL. Rheumatology practice at Mayo Clinic: the first
40 years–1920 to 1960. Mayo Clin Proc 2010;85:e17–30.
lupus érythémateux disséminé, asthme, érythème noueux, urti- [20] Hench PS. The potential reversibility of rheumatoid arthritis. Ann Rheum Dis
caire, etc. [25]. Il saluait cette innovation thérapeutique mais 1949;8:90–6.
posait les questions dont l’histoire de ces soixante dernières [21] Hench PS, Kendall EC, Slocumb CH, Polley HF. The effects of a hormone of the
adrenal cortex – Compound E – and of pitituary adrenocorticotrophic hormone
années a apporté quelques réponses. Les mécanismes d’action ? on rheumatoid arthritis. Mayo Clin Proc 1949;24:277–97.
La recherche des dérivés plus actifs ? La mise au point de sub- [22] Hench PS, Kendall EC, Slocumb C, Barnes AR, Smith HL, Polley HF. The
stances moins toxiques ? Il soulignait à ce titre l’importance des effects of a hormone of the adrenal cortical hormone 17-hydroxy-11-
dehydrocorticosterone – Compound E – on the acute phase of rheumatic fever;
coopérations à mettre en œuvre entre chimistes, biochimistes,
preliminary report. Mayo Clin Proc 1949;24:277–97.
physiologistes et pharmacologues. Il n’évoquait pourtant pas ce [23] [7th] International Congress on rheumatic diseases. Ann Rheum Dis
qui a marqué également ces dernières décennies : les progrès 1949;8:302–14 [abstracts].
[24] Saenger AK. Discovery of the wonder drug: from cows to cortisone. Clin Chem
réalisés dans le domaine des voies d’administration. C’est par
2010;56:1349–50.
exemple le cas de l’optimisation de leur emploi dans l’asthme [25] Pickering GW. Significance of the discovery of the effects of cortisone on rheu-
grâce à la mise au point de l’aérosolthérapie ou leur maniement matoid arthritis. Lancet 1950;6620:81–4.
en immunothérapie. Les formes locales, injectables ou dermiques, [26] Fried J, Sabo EF. Halogenated corticoids. I. 9a-halogen derivatives of cortisone
and hydrocortisone. J Am Chem Soc 1957;79:1130–41.
ont également progressé dans le sens d’une recherche de formes [27] Cornell RC, Stoughton RB. Correlation of the vasoconstriction assay and clinical
pharmaceutiques peu diffusibles permettant de limiter leurs effets activity in psoriasis. Arch Dermatol 1985;121:63–7.
systémiques. [28] Coopman S, Degreef H, Dooms-Goossens A. Identification of cross-reaction pat-
terns in allergic contact dermatitis from topical corticosteroids. Br J Dermatol
Les corticoïdes, soixante ans après leur mise sur le marché, 1989;121:27–34.
semblent avoir acquis l’étrange statut de « bonnes-à-tout-faire » de [29] Sprague RG. Cortisone and ACTH, a review of certain physiologic effects and
la pharmacologie [45], utilisés dans à peu près tous les domaines their clinical implications. Am J Med 1951;10:567–94.
[30] Billingham RE, Krohn PL, Medawar PB. Effects of cortisone on survival of skin
de la thérapeutique et sous les formes pharmaceutiques les plus homografts in rabbits. Br Med J 1951;1:1157–63.
variées : locales ou systémiques, à action immédiate ou retardée. [31] Küss R, Legrain M, Mathé G, Nedey R, Camey M. Homologous human kidney
Ils s’avèrent dans un grand nombre de cas, malgré une pharma- transplantation, experience with six patients. Postgrad Med J 1962;38:528–31.
[32] Hamburger J, Crosnier J, Dormont J. Experience with 45 renal homotransplan-
covigilance très riche, de précieux atouts pour la guérison ou, au
tations in man. Lancet 1965;285:985–92.
moins, le soulagement des malades. [33] Küss R, Bourget P. Une histoire illustrée de la greffe d’organes. La grande aven-
ture du siècle. Rueil-Malmaison: Sandoz éd.; 1992.
[34] Solis-Cohen S. The use of adrenal substances in the treatment of asthma. J Am
Déclaration d’intérêts Med Assoc 1900;34:1164–9.
[35] Boardley JE, Carey RA, Harvey AM. Preliminary observations on the effect of
adrenocorticotropic hormone in allergic diseases. Bull Johns Hopkins Hosp
L’auteur déclare ne pas avoir de conflits d’intérêts en relation
1949;85:396–410.
avec cet article. [36] Randolph TG, Rollins JP. The effect of cortisone in bronchial asthma. J Allergy
1950;21:288–95.
[37] Schwartz E. Oral cortisone therapy in intractable bronchial asthma. J Am Med
Références Assoc 1951;147:1734–7.
[38] Ellul-Micallef R, Borthwick RC, McHardy GJ. Time course of response to corti-
[1] Chast F. Histoire contemporaine des médicaments. Paris: La Découverte; 1995. costeroids in chronic bronchial asthma. Clin Sci 1972;43:15P.
[2] Brown-Séquard CE. Recherches expérimentales sur la physiologie et la patho- [39] Brown HM, Storey G, George WH. Beclomethasone dipropionate: a new steroid
logie des capsules surrénales. CR Acad Sci (Paris) 1856;43:422–5 [542–546]. aerosol for the treatment of allergic asthma. Br Med J 1972;1:585–90.
[3] Addison T. On the constitutional and local effects of disease of the supra-renal [40] Costello JF, Clark TJH. Response of patients receiving high dose beclomethasone
capsules. Londres: Highley S.; 1855. dipropionate. Thorax 1974;29:571–3.
[4] Medvei VC. The history of clinical endocrinology. A comprehensive account of [41] Barnes PJ. Corticosteroids: the drugs to beat. Eur J Pharmacol 2006;533:2–14.
endocrinology from earliest times to the present day. New York: The Parthenon [42] Henderson JW. Clinical observations of the use of cortisone in ophthalmic
Publishing Group; 1993. diseases. Proc Staff Meet Mayo Clin 1950;25:459–62.
[5] Osler W. On six cases of Addison’s disease with the report of a case greatly bene- [43] Gordon DM. Use of dexamethasone in eye disease. J Am Med Assoc
fited by the use of the suprarenal cortical extract. Int Med Magazine 1896;5:3. 1960;172:311–2.
[6] Rogoff JM, Stewart GN. Suprarenal cortical extracts in suprarenal insufficiency [44] Machemer R, Sugita G, Tano Y. Treatment of intraocular proliferations with
(Addison’s disease). J Amer Med Ass 1929;92:1569–71. intravitreal steroids. Trans Am Ophthalmol Soc 1979;77:171–80.
[7] Swingle WW, Pfiffner JJ. The adrenal cortical hormone. Medicine [45] Chast F. Histoire de la corticothérapie. In: Corticoïdes et corticothérapie. Paris:
1932;11:371–433. Ellipses éd.; 1996.

Vous aimerez peut-être aussi