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OBJECTIFS DU COURS

OBJECTIF GENERAL

Le cours de toxicologie médicale a pour but de conférer aux étudiants une vision toxicologique
susceptible d’enrichir leur future pratique médicale et leur apporter les notions de base nécessaires à
la prise en charge correcte des intoxiqués tant aigus que chroniques.

OBJECTIFS SPECIFIQUES

A L’ISSUE DU COURS, L’ETUDIANT DEVRA ETRE CAPABLE DE:

 Définir les termes de base de la toxicologie


 D’exposer les raisons, les circonstances et les étapes de sa naissance et de son
important développement actuel
 D’énumérer et discuter les principaux problèmes toxicologiques environnementaux et
leur retentissement dans l’organisme humain
 De corriger la conception populaire de la toxicologie en Afrique
 De disposer des notions de prise en charge clinique des intoxiqués aigus et chroniques
 D’Intégrer les problèmes toxicologiques dans sa future pratique quotidienne

PLAN DU COURS

PREMIERE PARTIE : NOTIONS DE TOXICOLOGIE GENERALE

Chapitre 1 : HISTORIQUE ET DEFINITIONS


• Historique
• Définitions : toxicologie, toxique, poison, toxine, intoxication, intoxination, toxi-infection
alimentaire, empoisonnement, Toxicologie Clinique, Centre Anti-Poisons
• Prélèvements toxicologiques (destinés au laboratoire de toxicologie)
Chapitre 2 : NOTION DE TOXICITE
• Types de toxicité
• Facteurs influençant la toxicité
• Evaluation de la toxicité
• Effets des toxiques sur certains organes : Sang, Foie, Poumons, Système Nerveux Central,
Reins,
Cœur et Vaisseaux sanguins, Peau, Œil, Tissu Osseux, Système Reproducteur.
Chapitre 3 : BREVE REVUE DES DANGERS TOXIQUES
• Empoisonnements ou Toxicologie Médico-légale
• Toxiques industriels
• Toxiques vétérinaires
• Toxiques environnementaux
• Toxiques radioactifs
• Toxiques végétaux
• Toxiques alimentaires

Chapitre 4 : TOXICOCINETIQUE
• Résorption des toxiques et traversée des membranes
• Liaison avec le récepteur
• Distribution

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• Elimination
Chapitre 5 : METABOLISME DES TOXIQUES
• Nature, isomorphes et mécanisme d’action du Cytochrome P 450
• Réactions de la phase 1
• Réactions de la phase 2
• Facteurs influençant le métabolisme des toxiques
• Conséquences toxiques du métabolisme

DEUXIEME PARTIE : LE MEDECIN FACE A L’INTOXIQUE

• 1. VOIES DE PENETRATION
• 2. NATURE DE LEFFET
• 3. IDENTIFICATION TOXIQUE
• 4. GESTES PRIMORDIAUX
• 5. EVACUATION TOXIQUE:
- Vomissements provoqués
- Lavage gastrique
- Charbon actif
- Diurèse forcée
- Evacuation extra – rénale
• 6. TABLEAUX RESUMES
• 7. ANTIDOTES

TROISIEME PARTIE : ETUDE DE QUELQUES INTOXICATIONS SPECIFIQUES


• 1. 1ntoxications par les médicaments :
. Acide-acétylsalicylique
. Paracétamol
. Quinine
. Chloroquine
. Barbituriques
. Benzodiazépines
. Phénothiazines
. Antidépresseurs tricycliques
. Alcool éthylique et méthylique
. Effet antabuse
• 2. Intoxications par les produits industriels :
. Solvants
. Métaux lourds
. Pesticides

• 3. Intoxications par les produits ménagers :


. Détergents
. Acides et bases
. Produits de nettoyage de fours
. Produits d’entretien des vitres
. Détachants
. Désodorisants
. Détartrants vrais

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. Peintures
. Allumettes
• 4. Intoxications par les armes chimiques :
. Agents létaux
. Agents incapacitants
• 5. Intoxications par les armes biologiques :
. Agents bactériens
. Agents viraux
. Toxines
• 6. Toxicomanies
. Dépresseurs
. Stimulants
. Hallucinogènes
. Inhalants
. Aphrodisiaques
• 7. Produits dopants :
. Stimulants
. Narcotiques
. Anabolisants
. Hormones peptidiques
. Anti- œstrogènes
. Glucocorticoïdes
. Produits masquants
. Dopage sanguin
. Dopage génétique
. Compléments alimentaires
. Végétaux
• 8. Morsures de serpents
. Types de serpents
. Types de venin
. Traitement
• 9. Piqures d’insectes, de scorpion et d’araignée:
. Familles en cause
. Nature du venin
. Traitement
• 10. Tabagisme
. Fumée du tabac
. Mécanisme de toxicité de la fumée du tabac
. Effets généraux du tabagisme
. Lutte contre le tabagisme.

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INTRODUCTION GENERALE

- combien de temps pourrions-nous vivre sur cette terre?


- combien de temps y vivons-nous?
- pourrions-nous arriver à prédire quand nous mourrons?

L’homme ne devrait mourir que de vieillesse avec une espérance – vie de plus ou moins 120 ans.
Ainsi, nous devrions lutter contre les agents exogènes qui amènent la maladie et la mort précoce. C’est
à nous agents sanitaires de le faire.

L’aliment est le plus important facteur de maladie. Nous devrions de ce fait le contrôler de manière
particulière.

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CHAPITRE I : HISTORIQUE ET DEFINITIONS

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I.1. HISTORIQUE

a) Toxicologie comme connaissance populaire

La toxicologie provient du terme grec « toxicon » qui signifie « arc ». L’utilisation de flèches
empoisonnées représente probablement une des premières applications intentionnelle d’une substance
toxique. La toxicologie remonte dès l’apparition de l’homme sur terre. En recherchant à découvrir ce
qui est comestible, l’homme a fait aussi la découverte du poison. La connaissance du poison l’a
poussé à découvrir aussi les antidotes. Ainsi, l’homme va utiliser les poisons pour améliorer la chasse,
la pêche, et sa santé.

Hélas, homo homini lupus disent les latins, l’homme va également utiliser cette arme pour éliminer
son semblable. A titre d’exemples :
- Pour conserver le secret des pyramides, les prêtres égyptiens éliminaient les curieux par le
poison ;
- Socrate fut éliminé par la ciguë ;
- La reine Agrippine a éliminé son mari, l’empereur Claude de Rome, et tous les opposants de
son fils NERON juste pour donner le trône à ce dernier.
- Au XV è siècle, les alchimistes ont mis au point de l’arsenic blanc comme poison redoutable
(200 mg peut tuer). En fait, c’était un produit ressemblant à la farine, incolore, inodore, au
léger goût métallique et facilement soluble dans l’eau.
- Au XVII è siècle, Marquise de Bun Villiers empoisonna les gens par la viande corrompue.

b) Toxicologie comme science

- Antiquité : « Materia Medica » par Dioscoride


- 17è siècle : Mithridatisation ou insensibilisation progressive à un poison par
MITHRIDATE, roi grec.

Ce n'est qu'au XVIème siècle que se développe une nouvelle discipline scientifique : la toxicologie.
PARACELSE (1493-1541), un alchimiste fils de médecin, décrivit pour la première fois les
symptômes des intoxications chroniques au mercure et à l'arsenic; il énonça également un certain
nombre de grands principes qui établissaient la limite entre les toxiques, les nutriments et les
médicaments, et lança les fondements de la toxicologie actuelle.

La toxicologie comme science existe vers le début du 19è siècle. Voici quelques faits marquants :
- 1807 : MAHON écrit « la médecine légale et Police médicale » ;
- 1813 : ORFILA écrit « Traite de poisons » ;
- 1830 : MARSH détecte l’Arsenic dans le tube digestif d’un empoisonné ;
- 1839 : ORFILA recherche les toxiques minéraux ailleurs que dans le tube digestif ;
- 1840 : FRESENIUS et VON BABO font une recherche systématique des matières minérales
après destruction de la matière organique.
- 1850 : STAS met au point les méthodes d’extraction des poisons organiques à l’occasion de la
recherche des alcaloïdes dans les végétaux.
- 1863 : TARDIEU et ROUSSIN mettent en évidence la digitaline dans les viscères de certains
empoisonnés.
- 1875 : Toxicologie professionnelle
- 1906 : BERTHELOT publie le traité d’analyse des gaz.
- 1914 : Gaz de combat (Léwisite et British anti-léwisite ou BAL)
- 1939 : Utilisation intensive des pesticides organochlorés (DDT)
- 1943 : Apparition pesticides organophosphorés
- 1950 : Apparition de Thalidomide

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- 1960 : Toxicologie clinique ou besoin de traiter les intoxiqués
Actuellement, la science s’est développée et nous disposons de plusieurs techniques pour la
détection des toxiques :

* Toxiques minéraux : Spectrophotométrie d’absorption atomique ;


* Toxiques organiques :
- Chromatographie sur couche mince (CCM)
- Chromatographie liquide à haute performance (HPLC)
- Chromatographie en phase gazeuse (C.G)
- C.G couplée à un spectromètre de masse
- Enzyme Immuno Assay (EIA)
- Radio Immuno Assay (RIA)

I.2. DEFINITIONS

1. Toxicologie: Science du poison: nature, propriétés toxiques, devenir dans organisme, mode
d’action, recherche dans différents milieux, moyens de lutte contre les méfaits.
2. Toxique: terme générique désignant toute substance chimique pouvant être dangereuse de quelque
manière que ce soit.
3. Poison: toute substance chimique capable d’altérer ou de détruire les organes ou les fonctions
vitales de l’organisme. C’est une notion dépendante de la dose (Principe de Paracelsus) sauf pour les
produits cancérigènes et les drogues.

GENESE DU CANCER TOXIQUE

N.B : sommation des trois effets et non de doses comme pour toxiques classiques

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On distingue: poisons naturels ou synthétiques; poisons animaux, végétaux ou minéraux; poisons
cumulatifs ou non cumulatifs; à action locale ou à action générale…
4. Toxine: Substance toxique sécrétée par un être vivant, animal (bactérie, serpent, insectes,
poissons…) ou végétal (moisissures).
5. Intoxication: Terme générique pour désigner toute action d’un toxique sur l’organisme humain
quelle qu’en soit la gravité, l’intention, la voie d’entrée…
6. Intoxination: action d’une toxine animale ou végétale dans l’organisme humain
7. Toxi-infection alimentaire: action d’une toxine bactérienne sécrétée dans un aliment accompagnée
de la prolifération de la bactérie dans l’organisme.
8. Empoisonnement: administration d’un produit chimique à une tierce personne de quelque manière
que ce soit dans l’intention de nuire.
9. Toxicologie clinique: discipline spécialisée dans le traitement des intoxications.
10. Centre anti-poisons: centre complexe de lutte contre les intoxications: unité d’informations, de
soins, d’analyses toxicologiques, banque de données, épidémiologie et toxicovigilance…

Les Centres Anti Poison (CAP) ont pour principale mission l’information toxicologique en urgence
pour le public et les professionnels de santé. Lors de la conférence des Nations Unies sur
l’environnement et le développement durable (Rio, 1992), conférence usuellement appelée “sommet
de Rio”), les gouvernements représentés ont clairement exprimé l’intérêt des CAP. Selon le plan
d’action détaillé (Agenda 21, chapitre 19), ces structures doivent jouer un rôle essentiel dans la
prévention des accidents et des intoxications par les produits chimiques et ce, en participant
activement au développement de la toxicovigilance (systèmes nationaux de surveillance et
d’évaluation des problèmes toxicologiques dans une population). Une des recommandations du
sommet de Rio était donc de renforcer les CAP existants ou de favoriser la création d’au moins un
CAP par état.

L’objectif des CAP est l’amélioration de la santé de la population par la diminution de la morbidité, de
la mortalité et des dépenses économiques liées aux intoxications et aux effets indésirables des produits
de santé.

Rôle des centres antipoison

Les centres antipoison doivent servir de centre d’information et de toxicovigilance pour :


 identifier des situations à risque ou d’intérêt en termes de santé publique (accord fort) ;
 recenser des toxiques nouveaux ou inconnus, qui, à partir des symptômes observés, pourraient
permettre d’orienter un screening toxicologique (accord faible) ;
 évaluer les effets de mesures préventives (comme la réglementation d’une prescription ou de
la vente) (accord faible).

11. NOEL (no observed effect level - niveau sans effet observé) niveau d’exposition à un produit
chimique qui ne produit aucun effet observé; généralement utilisé pour vérifier les effets néfastes d’un
produit donné.

12. Le NOAEL est donc le «no observed adverse effect level - niveau sans effet néfaste observé).

13. LOEL (Lowest-Observed-Effect Level) est la plus faible dose d’une substance qui provoque des
modifications distinctes de celles observées chez des animaux témoins (contrôle).

14. TOXIDROMES

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- Un toxidrome, ou syndrome d’origine toxique, est un ensemble de symptômes cliniques, biologiques
et/ou électrocardiographiques évocateur d’une pathologie toxique. Ces symptômes sont la
conséquence directe de l’action toxicodynamique des xénobiotiques.
- Un toxidrome représente le tableau caractéristique, typique, d’une intoxication ; il n’est en aucun cas
spécifique d’une étiologie toxique. Une polyintoxication ou des complications non spécifiques peuvent
modifier le tableau clinique. Une même classe médicamenteuse ou un même produit peut induire un
ou plusieurs toxidromes (accord fort).

On peut considérer que toutes les substances chimiques sont toxiques, car il en existe toujours une
dose pouvant causer un effet nocif.

La dose est la quantité d’une substance qui pénètre dans l’organisme. Son accroissement
s’accompagne généralement d’une augmentation de l’intensité et de la diversité des effets toxiques.
C’est ce qu’on appelle la relation dose-effet ou exposition-effet (relation entre l’exposition et
l’intensité d’un effet).

La notion de seuil toxique est importante, car elle peut servir à fixer des normes. La valeur seuil
représente la quantité minimale sous laquelle il ne se produit pas d’effet. Au-dessus de ce seuil, l’effet
observé dépend de la dose et ce, bien qu’il ait théoriquement des exceptions, par exemples les
cancérogènes génotoxiques. Ce seuil s’explique par le fait que le corps humain est constitué d’un
grand nombre de cellules, de tissus et d’organes ayant une sensibilité variable.

Le même principe s’applique à une population d’individus, car il peut y avoir une différence dans
l’apparition d’un ou de nombreux effets chez plusieurs personnes exposées à une même dose d’un
toxique. C’est ce qu’on appelle la relation dose- réponse ou exposition-réponse, soit la relation entre
l’exposition et le nombre d’individus qui présentent un effet donné. Ainsi,

- Une augmentation de la quantité peut entrainer une augmentation des effets chez un individu ;
- La proportion des individus affectés par une dose devrait augmenter avec l’accroissement de
la dose.

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I. 3. PRELEVEMENTS DES ECHANTILLONS LORS D’UNE INTOXICATION
A. PRELEVEMENT POST- MORTEM

a) l’estomac et son contenu


On fait une ligature au pylore, une autre au cardia et on garde et on garde l’estomac dans un
bocal .C’est un échantillon capital car le toxique se trouvant dans l’estomac n’a pas encore été
métabolisé. On peut donc plus facilement le retrouver par analyse. On peut aussi retrouver des traces
soit de comprimés soit de poudre. Ainsi, on pourra faire la CCM car le toxique est encore à son initial.

b) l’intestin grêle et son contenu


Il faut une fois de plus ligaturer aux deux extrémités.
c) Une partie du foie contenant la vésicule biliaire
La vésicule biliaire contient généralement beaucoup de toxiques conjugués. On a intérêt à séparer le
gros du foie de la vésicule biliaire car le toxique conjugué ne sera pas traité de la même manière que le
toxique non conjugué. Pour un toxique qui a subi une conjugaison, il faut au préalable hydrolyser la
liaison.
d) Le cerveau
Certains toxiques ont tendance à se concentrer dans le cerveau (SNC). Une CCM nous révélant une
tache au cerveau nous donnerait donc une indication sur la nature du toxique (les cosmétiques,
phénothiazine).
e) Le sang
Il est prélevé dans la cavité cardiaque jamais dans la cavité abdominale. Dans la cavité abdominale on
a du sang « sale » qui peut contenir des amines, des ptomaïnes,… alors que le sang de la cavité
cardiaque est propre.
f) La vessie ligaturée
Avec l’urine, bien qu’on soit en présence des produits métabolisés, on peut faire directement des
analyses d’identification par des réactions de coloration ; cela va donc orienter rapidement vers le
toxique recherché.

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g) Les phanères
Beaucoup de produits s’accumulent dans les phanères, surtout les métaux lourds (As, Hg, Pb).

Il convient de noter :
- Les prélèvements post-mortem doivent être faits par un connaisseur, une personne avisée, de
préférence par un médecin légiste.
- Les prélèvements doivent aussi être accompagnés par le médecin légiste, celles-ci pouvant
orienter les recherches du toxicologue.
Ex :- Il y avait myosis, mydriase, le cœur s’est arrêté en systole ou en diastole.
Systole : poisons digitaliques
Diastole : poisons muscariniques

B. PRELEVEMENTS SUR EXHUMATION

Ils dépendent de l’état du cadavre. Il faut au préalable la présence d’un OPJ qui doit identifier le
cercueil et faire un procès-verbal.

Si l’état du cadavre le permet, les prélèvements seront faits comme dans A.


Si l’état du cadavre ne le permet pas, il faut recueillir une certaine quantité de magma et les phanères.
Il faut aussi prélever de la terre en dessous du cercueil.

C. PRELEVEMENTS SUR LE VIVANT

Trois prélèvements sont indispensables dans ce cas :


 Le premier litre du liquide de lavage gastrique, le grand intérêt est qu’on a la possibilité
de retrouver facilement soit des comprimés qui sont encore à l’état initial, non
métabolisés.
 Pour le sang, il faut 15 à 20 ml, prélevés par ponction veineuse.
 L’urine obtenue au moyen d’une sonde (plusieurs sondages en précisant l’heure)

Dans le cas d’une intoxication chronique on n’aura pas besoin des urines instantanées mais des
urines des 24 heures. Sur le plan du métabolisme on va avoir différents métabolites disponibles.

REMARQUES :

- Les prélèvements post-mortem doivent être faits par un connaisseur, une personne avisée, de
préférence par un médecin légiste.
- Les récipients devant contenir les échantillons doivent être rigoureusement propres ;
- Ne rien mettre comme conservant, surtout pas le formol ;
- Les récipients doivent être convenablement scellés, mais pas hermétiquement fermés, pour
permettre d’éventuels gaz qui seraient formés puissent s’échapper ;
- Les prélèvements doivent être accompagnés des constatations faites(ou le rapport de l’examen
physique) car celles-ci pourront orienter les recherches du toxicologue.

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I.4. LES DISCIPLINES TOXICOLOGIQUES

a) Toxicologie médico-légale (expertises judiciaires) : a trait à l’aide fournie à la justice pour


confondre le coupable.
- Le légiste fait une autopsie et envoie les prélèvements post-mortem accompagnés de
commentaires.
- Le parquet reçoit les prélèvements et le juge requiert l’expertise toxicologique (réquisition à
l’expert).
- Les résultats sont transmis au juge dans une enveloppe scellée. Le rapport se termine par : «
Je jure d’avoir accompli mon travail en âme et conscience».

b) Toxicologie expérimentale (1850) : elle naît de la suite de l’isolement de la digitaline. C’est


l’application de la physiologie à la toxicologie. On a commencé à tester la toxicité des
produits chez les animaux de laboratoire.

c) Toxicologie professionnelle : elle apparaît suite à l’utilisation croissante des produits


synthétiques (1850). Les premières victimes exposées à cette nouvelle forme d’intoxication
étaient les travailleurs. Il fallait donc les protéger. C’est la médecine du travail. Au début, elle
concernait plus les maladies cutanées (les petites allergies). Ensuite, s’étant rendu compte
qu’on pouvait ingérer des poisons par simple respiration sans s’en rendre compte, elle
s’étendit aux problèmes pulmonaires et ayant constaté qu’il pouvait induire des interactions
plus graves et étendues suite à une inhalation seulement, la toxicologie professionnelle
concerne maintenant tous les problèmes systémiques. Il s’agit ici d’une toxicologie chronique.

d) Toxicologie environnementale (Ecotoxicologie) : apparaît suite aux dégâts causés sur les
hommes par les pesticides. Elle se définit uniquement par rapport à l’homme : l’homme face à
son environnement ou protection de l’environnement au profit de l’homme.

Il convient de signaler aussi la notion de toxicologie de relais introduite par TRUHAUT. En


effet, l’homme est parfois intoxiqué par son environnement via un relais qui concentre en lui le
toxique. (Exemple de la baie de minamata)
e) Toxicologie et Hygiène alimentaire (problème des additifs et des résidus toxiques dans
l’alimentation) : elle étudie l’aliment comme véhicule des intoxications soit par :
- les faux aliments : substances toxiques confondues à des aliments.
- Les aliments naturellement toxiques.
- Les aliments microbiologiquement contaminés par :
 des toxines fongiques
 des toxines bactériennes
- Les aliments chimiquement contaminés :
 Contamination par les additifs alimentaires
 Contamination par les métaux lourds : Hg, Pb, Cd, Th, Cu, etc.
 Contamination par les pesticides
 Contamination par le fumage : benzo(a)pyrène
 Contamination par les hormones et les antibiotiques retrouvés chez
les animaux de fermes.

f) Hygiène sociale : étude des toxicomanies, lutte contre la drogue

g) Toxicologie réglementaire : contribue à établir les autorisations, limitations ou interdictions


d’emploi de substances éventuellement toxiques, et à en définir les conditions d’utilisation.

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h) Biogénotoxicologie : étude des mécanismes d’action des génotoxiques, de la détection précoce
de leur présence dans l’organisme et de leurs effets biologiques au moyen de bio marqueurs
appropriés

i) Immunotoxicologie : prend en compte les réactions d’hypersensibilité aux xénobiotiques et les


effets que ceux-ci peuvent déterminer sur la réponse immunitaire.

CHAPITRE II : NOTION DE TOXICITE

II.1. Types de Toxicité

II.1.1. Selon la nature de produit (toxique)

 Toxicité directe

Le toxique produit ses effets néfastes sans aucune biotransformation, sa nature chimique est
responsable de sa toxicité. Exemple :
 Acides forts et bases fortes;
 Les oxydants (ingestion d’eau de javel);
 Le monoxyde de carbone (CO), etc.

 Toxicité indirecte

Le toxique n’est pas toxique tel quel, mais nécessite une biotransformation pour révéler sa
toxicité, une réaction métabolique (hydrolyse, oxydation, etc.). Exemple : le paracétamol.

II.1.2. Selon les effets toxiques

 Toxicité aigüe : concerne la détermination des effets d’une substance toxique


administrée en une seule dose.

Une façon pratique de caractériser la toxicité d’une substance consiste à déterminer sa dose létale 50
(DL50). Cette dose permet d’identifier les symptômes de l’intoxication et de comparer les substances
entre elles quant à leur potentiel toxique. Elle sert souvent de point de départ des études de toxicité, car
elle fournit un minimum de connaissances.

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La DL50 correspond à la dose d’une substance pouvant causer la mort de 50 % d’une population
animale dans des conditions d’expérimentation précises. On administre généralement le produit à des
rats ou à des souris répartis en plusieurs groupes, et ce, à des doses croissantes suffisantes pour obtenir
un pourcentage de mortalité s’échelonnant entre 0 % et 100 %. Lorsqu’il s’agit d’un toxique qui est
inhalé, on parle de concentration létale 50 (CL50) pour exprimer la concentration du toxique dans l’air
inspiré qui cause la mort de 50 % des animaux.

L'indice DL 50 sert fréquemment pour exprimer la toxicité aiguë ainsi que pour classer et comparer
les toxiques. Il a cependant une valeur très limitée, car il ne concerne que la mortalité et ne donne
aucune information sur les mécanismes en jeu et la nature des lésions. Il s’agit d’une appréciation
grossière et préliminaire (première analyse) qui peut être influencée par plusieurs facteurs tels l’espèce
animale, le sexe, l’âge, le moment de la journée, etc.

 Toxicité à court terme : étudie les effets produits par la substance administrée à doses
répétées pendant 10% de la longévité probable des animaux soumis à l’étude.
La dose administrée est effectivement inférieure à la DL50. Pour l’expérimentation, on donne la
dose à l’animal, puis on étudie la toxicité provoquée par le produit au niveau des organes (lésions
histologiques).
 Toxicité à long terme : étudie les effets produits par la substance administrée à doses
répétées pendant toute la vie de l’animal et même à plusieurs générations de l’animal.
Ici, en plus des lésions histologiques, on va rechercher les effets cancérigènes et
tératogènes. Les effets cancérigènes vont être mesurés grâce au test de mutagénicité qui
étudie les effets et le pouvoir mutagène d’une substance.

Le test d’Ames (ou Mutatest) est devenu incontournable pour identifier les mutagènes et les
carcinogènes. Il permet d’évaluer si une substance chimique ou agent physique est capable d’induire
des mutations chez différentes souches de Salmonella typhi. Ces souches sont en effet porteuses d’une
mutation dans l’opéron gouvernant la synthèse de l’acide aminé histidine. Cette mutation (His-) rend
les souches incapables de pousser sur un milieu de culture dépourvu d’histidine. Cependant,
spontanément ou en présence d’agents mutagènes, cette mutation His- peut « reverser » vers la
capacité à synthétiser à nouveau l’histidine, auquel cas les bactéries peuvent se développer sur un
milieu sans cet acide aminé. Ainsi, le test consiste à quantifier ces réversions en étudiant des relations
dose-réponse. Les souches utilisées possèdent des caractères génétiques qui permettent d’augmenter
leurs sensibilités vis-à-vis des mutagènes testés.

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II.2. Quels facteurs peuvent influencer les effets toxiques ?

- La toxicité

Les toxiques ne présentent pas tous le même degré de toxicité. Certains ont une faible toxicité, même
si on les absorbe en grande quantité, par exemple le sel de table, tandis que d’autres ont une forte
toxicité, même si on en absorbe de faibles quantités, notamment les dioxines. On peut en partie
expliquer de telles variations par les différences qui existent entre la structure chimique des
substances. Ces différences peuvent affecter la capacité des substances à perturber le fonctionnement
de l’organisme.

De plus, les caractéristiques physico-chimiques, par exemple la grosseur des poussières, la volatilité et
la solubilité dans l’eau, interviennent également dans la réponse toxique. Ainsi, la connaissance des
caractéristiques physico-chimiques des toxiques proprement dits se révèle importante pour en évaluer
la toxicité.

-L'individu

La population d’une espèce animale est un groupe hétérogène au sein duquel il existe une grande
variabilité entre les individus. Ceux-ci peuvent être affectés différemment par une même dose toxique,
et une personne peut y réagir différemment selon le moment (relation dose-réponse). Deux principales
catégories de facteurs contribuent à expliquer la nature et l’intensité des effets toxiques.

*Facteurs génétiques : Des différences génétiques peuvent intervenir dans la capacité des
individus à transformer des toxiques

*Facteurs physiopathologiques :

L'âge : La sensibilité aux effets toxiques est habituellement plus grande chez les enfants et les
personnes âgées.
Le sexe : Il existe des différences entre les hommes et les femmes, notamment en ce qui concerne le
métabolisme des toxiques
L'état nutritionnel : La toxicité peut être influencée par la masse de tissus adipeux, la
déshydratation, etc.
L'état de santé : Les individus en bonne santé sont plus résistants, car ils métabolisent et éliminent les
toxiques plus facilement que ceux qui souffrent de maladies hépatiques ou rénales.
La gestation : Il se produit des modifications de l’activité métabolique des toxiques au cours de la
grossesse Nos connaissances sur l’interaction de tous ces facteurs et de nombreux autres aspects
demeurent incomplètes. En effet, il est souvent difficile, sinon impossible, d’évaluer la sensibilité d’un
individu ou d’une population et de prédire quelle sera la réponse biologique d’un organisme à une
exposition à un toxique.

- L'environnement

Certains facteurs environnementaux, c’est-à-dire les éléments extérieurs à l’individu, peuvent


influencer la toxicité. La lumière et la température peuvent notamment modifier les effets d’un
toxique. Mentionnons comme exemple la réaction photoallergique au cours de laquelle la peau
exposée à l’éthylène diamine peut devenir plus sensible à la lumière.

-Interaction toxicologique.

Les interactions toxicologiques peuvent être néfastes (augmentation de la toxicité d’un autre produit)
mais aussi, dans certaines situations, avantageuses (réduction des effets toxiques d’un autre produit).
Par exemple, l’ingestion d’alcool éthylique augmente les effets toxiques du trichloréthylène ; en

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revanche, administrer de l’alcool éthylique en cas d’intoxication permet de diminuer la toxicité de
l’alcool méthylique. Il existe différents termes pour décrire les interactions toxicologiques : addition,
synergie, potentialisation ou antagonisme.

- Addition (additivité) : la réponse est égale à la somme des réponses des substances prises
individuellement, il n’y a pas d’interaction.

- Synergie : la réponse est supérieure à la somme des réponses des substances prises
individuellement.

- Potentialisation : elle se produit lorsqu’une substance ayant peu ou pas de toxicité augmente
la réponse d’une autre substance.

- Antagonisme : la réponse est inférieure à la somme des réponses des substances prises
individuellement.

II.3. Les principales manifestations toxiques au niveau des organes

a. Description des manifestations selon différents types d'effets toxiques

 L'irritation et la corrosion

L’irritation est une réaction réversible de la peau ou des muqueuses à des produits.
Cette réaction peut varier en gravité selon les tissus ou les organes affectés :
- la peau (le contact avec des produits tels que les décapants à peinture et les détergents peut
causer une rougeur et de l’inflammation);
- les yeux (le contact avec une eau savonneuse peut causer une conjonctivite);
- les voies respiratoires (l’inhalation de gaz tels que l’ammoniac ou le chlore peut causer de la
bronchoconstriction, un œdème pulmonaire et de la difficulté à respirer); et
- les voies digestives (l’ingestion accidentelle d’eau de javel peut causer des brûlures
d’estomac).

La corrosion consiste en des dommages irréversibles causés à des tissus par suite du contact avec un
produit. On qualifie de corrosifs les produits qui peuvent causer la destruction des tissus vivants et de
matériaux tels que les métaux et le bois.
Le contact de l’acide fluorhydrique avec la peau peut causer une ulcération profonde, un blanchiment
et une nécrose.
Le contact de l’acide chlorhydrique avec les yeux peut causer une brûlure qui se manifeste par un
larmoiement, une conjonctivite et une possibilité de lésions permanentes de la cornée.

 La cancérogénicité (effet cancérogène)

Il existe entre les cellules de l’organisme une interaction qui fait en sorte que chaque tissu a une taille
et une organisation adaptée aux besoins de l’organisme. Dans certaines situations, des cellules ne
répondent plus aux signaux des autres cellules et n’obéissent plus qu’à elles-mêmes. Ce sont les
cellules cancéreuses.

Le cancer est une maladie qui se caractérise par une croissance et une multiplication incontrôlée de
cellules anormales dans un organe ou un tissu de l’organisme. En se multipliant, ces cellules
anormales forment une masse appelée tumeur. Il existe deux types de tumeurs : la tumeur bénigne et
la tumeur maligne.

17
On appelle tumeur bénigne la tumeur qui n’envahit pas le tissu d’origine ou qui ne se propage pas
dans d’autres organes.

On appelle tumeur maligne celle qui peut envahir et détruire les tissus sains avoisinants ou se
répandre dans le corps. C’est cette dernière que l’on qualifie de tumeur cancéreuse. Un agent qui cause
le cancer est qualifié de cancérogène.

Une tumeur maligne qui se répand (dissémination) forme ce que l’on appelle des métastases. La
métastase est une cellule cancéreuse qui quitte le foyer de croissance initial et s’attaque aux tissus
avoisinants, emprunte la circulation lymphatique pour atteindre les ganglions, passe dans le sang et
colonise d’autres organes, formant ainsi des foyers secondaires.

La transformation d’une cellule normale en cellule cancéreuse peut survenir à n’importe quel moment
de la vie de la cellule. Cette transformation peut être la conséquence d’une agression par un
cancérogène. Généralement, une telle transformation suppose une cascade d’événements biologiques
dont l’ensemble du processus peut s’échelonner sur une longue période au cours de la vie d’une
personne. Chaque type de cancer est différent et la progression d’un même cancer est différente d’une
personne à l’autre.

Plusieurs causes sont reliées au cancer : l’alimentation, le tabac, l’exposition prolongée au soleil,
certains virus et certains produits chimiques. Parmi ces derniers, mentionnons : le benzène (cancer du
sang), le chlorure de vinyle (cancer du foie) et la bêta-naphtylamine (cancer de la vessie).

 La mutagénicité (effet mutagène)

Une mutation est un changement qui se produit dans le matériel génétique de la cellule, c’est-à-dire
l’ADN (acide désoxyribonucléique). L’ADN se trouve à l’intérieur du noyau de la cellule et constitue
le support matériel de l’hérédité. Son rôle est essentiel pour la transmission de l’information génétique
d’une cellule à la génération suivante. Les conséquences des modifications dépendront du type de
cellules modifiées.

Il existe deux types de cellules susceptibles d’être affectées : la cellule somatique et la cellule
germinale. Les cellules somatiques comprennent toutes les cellules du corps (ex. : cellules hépatiques,
neurones), sauf les cellules germinales. Les cellules germinales sont les spermatozoïdes et les ovules.

Un agent mutagène est celui qui va induire une mutation. Si la mutation se produit dans une cellule
somatique, il pourra en résulter la mort de la cellule, un cancer ou d’autres effets néfastes. Si la
mutation se produit dans une cellule germinale, elle pourra avoir des conséquences sur la descendance.

Toutefois, si une cellule est transformée par un mutagène, il n’en résultera pas nécessairement une
conséquence néfaste, car tous les mutagènes ne causent pas nécessairement d’effet biologique
décelable. De plus, l’organisme peut réparer une partie plus ou moins importante des altérations.

Il existe des tests permettant de repérer les produits ayant un potentiel mutagène (ex. : aberration
chromosomique, dominance létale). Les résultats de ces tests facilitent l’identification et la
classification des agents mutagènes de nature chimique (ex. : acrylamide, cyclophosphamide) ou
physique (ex. : radiations ionisantes).

 L’allergie (la sensibilisation)

L’organisme humain possède divers systèmes de défense qui lui permettent de reconnaître les
substances favorables à son bon fonctionnement. Lorsque l’organisme répond d’une façon excessive
ou exagérée à des produits chimiques étrangers qui ne provoquent habituellement pas de réaction
immunologique, on parle d’allergie.

18
L’allergie est une réaction indésirable de l’organisme à des agents chimiques, physiques ou
biologiques généralement inoffensifs pour la plupart des gens. La réaction allergique survient lorsque
le système immunitaire de l’individu reconnaît par méprise une substance comme étrangère, appelée
alors allergène. L’organisme la reconnaît et fabrique des substances pour la neutraliser et l’éliminer, ce
sont des anticorps. Le système de défense peut toutefois se dérégler et en venir à fabriquer des
anticorps contre des substances inoffensives. Pour qu’il y ait allergie, il faut :
- un contact entre l’allergène et l’organisme; et
- une faculté particulière à se sensibiliser, qui peut être héréditaire ou qui peut se développer par
suite de l’action de nombreux facteurs.

Le contact de la substance avec l’organisme déclenche un mécanisme qu’on appelle sensibilisation.


Le terme sensibilisant qualifie les agents susceptibles de causer une telle réaction. L’exposition qui
provoque la sensibilisation ne correspond pas nécessairement à la première exposition, car un individu
peut être exposé pendant une longue période à un allergène avant que la sensibilisation ne se
manifeste. On ne naît pas allergique. On le devient par un contact prolongé ou répété avec une
substance.

Les allergènes peuvent emprunter plusieurs voies : la voie aérienne, la voie cutanée, l’ingestion et
l’injection. Les deux premières sont les plus fréquentes en milieu de travail et créent également
beaucoup de problèmes dans la vie courante :

- Les allergènes aériens (moisissures, poils d’animaux, pollen de l’herbe à poux) peuvent causer
de l’écoulement nasal, des éternuements, de la congestion, du larmoiement, du picotement et
le gonflement des yeux. Si ces symptômes nous apparaissent surtout comme incommodants,
n’oublions pas qu’ils peuvent s’aggraver et conduire à des complications médicales ; de plus,
l’inhalation d’allergènes (tels que les isocyanates qu’on trouve dans certaines peintures) peut
être dangereuse et causer de l’asthme.
- Les allergènes de contact (herbe à puce, nickel) peuvent causer des éruptions et des
démangeaisons.
- Les allergènes injectés (morsures, piqûres d’insectes) peuvent causer des éruptions, de la
fièvre, des nausées, des vomissements et des crampes d’estomac.
- Les allergènes ingérés (aliments et leurs constituants, tels que les oeufs et les arachides)
peuvent être la cause d’éruptions et d’une manifestation allergique violente (telle qu’un choc
anaphylactique).

 Les effets sur la reproduction et le développement

De nombreuses personnes s’interrogent sur la possibilité que des produits chimiques, présents dans
leur milieu de travail, puissent avoir des répercussions sur leur capacité à concevoir et avoir des
enfants en bonne santé.

La toxicologie de la reproduction s’intéresse aux troubles de la reproduction, aux effets non


héréditaires sur l’embryon et le fœtus, ainsi qu’à ceux pouvant affecter les petits de la naissance à la
puberté. La gamme des effets observés peut être sommairement regroupée comme suit :

- les effets sur la fertilité ;


- les effets sur le développement (prénatal et postnatal); et
- les effets durant la lactation.

Les effets toxiques peuvent affecter la fertilité, tant chez le mâle que chez la femelle. Les atteintes de
la libido, du comportement sexuel, de la spermatogenèse, du développement ovulaire (oogenèse) ou de
la capacité de fécondation sont parmi les effets néfastes possibles qui peuvent se manifester (ex. : les
anomalies spermatiques causées par l’exposition au dibromo-1,2 chloro-3 propane ou DBCP).

19
La toxicité sur le développement peut apparaître à la suite d’une exposition, avant, pendant ou après
la conception et peut prendre diverses formes. Les malformations congénitales représentent les effets
qui sont les plus publicisés et qui apparaissent comme étant les plus dramatiques, et souvent les plus
visibles. Cependant, il peut également y avoir d’autres atteintes in utero, telles que des retards de
développement et des troubles fonctionnels de l’embryon et du foetus. Ils peuvent alors être regroupés
sous les termes d’embryotoxique ou foetotoxique et d’effet postnatal en fonction du stade de
développement (embryon ou foetus) selon qu’ils se produisent avant la naissance (prénatale) ou après
la naissance (postnatale). Par exemple, l’exposition au monoxyde de carbone, présent dans les gaz
d’échappement des moteurs à combustion interne et dans les gaz d’émission s’il y a combustion
incomplète des matières combustibles, peut produire des effets embryotoxiques ou foetotoxiques ainsi
que de la toxicité postnatale.

La lactation est une étape importante durant la période postnatale. En effet, l’allaitement maternel
présente un avantage nutritionnel important pour le bébé, puisque le lait maternel est un aliment
naturel qui contient les nutriments essentiels à son développement (acides gras, vitamines, minéraux,
etc.). Il est donc important que ce soit un aliment sain. Bien qu’il existe plusieurs données relativement
aux effets des médicaments sur le lait et l’allaitement, il y a cependant peu d’études relatives à la
contamination du lait maternel par des substances chimiques présentes en milieu de travail. Plusieurs
substances sont excrétées dans le lait (ex. : aldrine, perchloroéthylène, plomb, toluène), mais les
conséquences sur le bébé allaité et sur l’allaitement sont encore très peu documentées.

b .Description des manifestations par systèmes biologiques et organes cibles

 L’hépatotoxicité

C’est une atteinte du foie. Le foie est un organe vital, tout comme le cœur et les poumons. Il remplit de
multiples fonctions et son rôle est très important dans le maintien de l’équilibre général. Il participe à
la digestion, à l’emmagasinage des aliments ainsi qu’à la détoxication, en aidant l’organisme à se
débarrasser de ses poisons, et à l’élimination. Il a un rôle important dans la transformation des
substances circulant dans le sang, dont les substances toxiques qui y sont véhiculées et qui dans
plusieurs cas peuvent y être neutralisées. C’est une cible pour de nombreux toxiques à cause de son
important débit sanguin et de sa situation par rapport à la circulation sanguine (ex. : le tétrachlorure de
carbone, le diméthylformamide, l’ingestion chronique abusive d’alcool éthylique).

 La néphrotoxicité

C’est un effet toxique sur le rein. Le rein est l’organe d’élimination responsable de la sécrétion de
l’urine. Il joue un rôle dans la régulation de l’équilibre des liquides du corps et contribue à débarrasser
le sang de ses impuretés, et notamment de certains toxiques (ex. : le cadmium, le chloroforme).

 La neurotoxicité

C’est un effet toxique sur le système nerveux. Le système nerveux est un ensemble de cellules
spécialisées ou non dont l’unité fondamentale est le neurone. Les neurones assurent le transfert de
l’information (influx nerveux) d’une partie du corps à une autre afin d’assurer le fonctionnement
interne de l’organisme et ses relations avec le milieu extérieur. Le système nerveux est formé de deux
ensembles, le système nerveux central (dont l’abréviation courante est S.N.C.) et le système nerveux
périphérique (S.N.P.). Le système nerveux central comprend l’encéphale, lequel est constitué des
organes situés dans la boîte crânienne (cerveau, cervelet et tronc cérébral) et de la moelle épinière.

Le système nerveux périphérique est quant à lui constitué par les nerfs et leurs renflements
(ganglions nerveux). Il existe diverses catégories d’effets neurotoxiques. Donnons comme exemples :

20
- la dépression du système nerveux central, dont les symptômes sont des maux de tête, des
nausées, des vomissements, des étourdissements, etc. qui se manifestent à la suite d’une
exposition à des solvants tels que le toluène et le xylène;
- la neuropathie périphérique (affection du système nerveux périphérique) qui peut être produite
par des solvants tels que le n-hexane;
- le tétanos, qui consiste en des contractures musculaires et qui est causé par une toxine
biologique produite par le Clostridium tetani. Cette dernière peut pénétrer dans l’organisme à
la suite d’une lésion de la peau ou des muqueuses (ex. : blessure avec un clou) ou à l’occasion
de travaux agricoles; et la paralysie musculaire causée par une toxine biologique produite par
le Clostridium botulinum et qui peut résulter de l’ingestion de certains aliments avariés ou de
la contamination d’une plaie faite au moment de la manipulation d’un objet contaminé.

 La dermatotoxicité

On regroupe sous ce terme l’ensemble des effets toxiques des substances sur la peau (dermatose,
sensibilisation cutanée). On utilise généralement l’expression dermatoses professionnelles pour les
affections de la peau (dermatoses) pour lesquelles un lien a été établi entre la cause et le milieu de
travail. Ce sont :
- les dermatoses qui proviennent exclusivement du milieu de travail, à l’occasion d’un contact
cutané avec des produits, irritants et corrosifs, ou qui sont consécutives à une intoxication
systémique, comme dans le cas de la chloracnée causée par des dioxines (que l’on trouve
comme contaminant dans certains produits à base de biphényles polychlorés ou BPC) ; et
- les dermatoses aggravées par le milieu de travail, comme celles qui peuvent être aggravées par
un travail en milieu humide.

 La toxicité de l’appareil respiratoire

L’appareil respiratoire est constitué des voies aériennes supérieures (nez, pharynx ou gorge), de la
trachée, des bronches, des bronchioles et des alvéoles pulmonaires. L’humain est exposé par inhalation
à divers agents qui existent sous plusieurs formes (gaz, vapeur, gouttelettes, fines particules) et en
diverses tailles et qui ont leur toxicité et leurs caractéristiques physiques propres.

Les toxiques présents dans l’air inspiré sont absorbés dans l’organisme par les voies respiratoires pour
ensuite se distribuer dans d’autres tissus et y exercer un effet systémique (dépression du système
nerveux central causée, par exemple, par l’inhalation de fortes doses de toluène ou d’essence).

Outre les effets de certains gaz et de certaines vapeurs, signalons également la pneumoconiose,
maladie pulmonaire causée par l’inhalation prolongée de poussières, la silicose, causée par l’inhalation
de silice cristalline (maladie qui apparaît généralement après plus de 20 ans d’exposition),
l’emphysème et le cancer du poumon, causés par la fumée de cigarette, et l’asthme, induit par des
spores de moisissures (ex. : aspergillus) ainsi que par certains enzymes contenus dans des détergents
(ex. : les subtilisines).

 La toxicité cardiovasculaire

Ce sont les effets sur le cœur et les vaisseaux sanguins. L’exposition aiguë à des doses élevées de
certains fréons, comme le fréon 113, peut provoquer des troubles du rythme cardiaque, tels qu’un
ralentissement des battements du cœur (bradycardie).

21
CHAPITRE III : BREVE REVUE DES DANGERS TOXIQUES

22
FAUX ALIMENTS

PRODUIT PRINCIPE(S) TOXIQUE(S) SYMPTOMATOLOGIE


RHUBARBE acide oxalique - Irritation locale avec constriction
de la bouche et de la gorge
survenant quelques heures après
le repas
- Fibrillation
- Collapsus
- Convulsion
CHAMPIGNIONS
1. Muscariniques Muscarine Vomissements souvent en jets abondants
et violents, Diarrhées s’accompagnant des
coliques intenses liés aux spasmes
provoqués par l’excitation
parasympathique, Myosis, Bradycardie et
Paralysie respiratoire

2. Phalloïdiens Phalloïdine, syndrome cholériforme


Phalline hémolyse
Amanitine lésions au niveau du foie et des reins.

3. Hémolytiques acide helvellique Ictères, Hémoglobinurie, Vomissement,


Diarrhée sanguinolente, Somnolence
entrecoupée des convulsions et anémie

euphorie ou anxiété, Hallucinations


4. Hallucinogènes Psilocine et Psilocybine principalement visuelles, Troubles de la
perception temporo-spatiale et
Manifestations somatiques associées
(inconstantes) : tachycardie, mydriase,
vasodilatation périphérique, nausées.

5. Copriniques Coprine effet antabuse

POISSONS à :

1. TETRODOTOXINE Tetrodotoxine anesthésie des lèvres et des extrémités ;


vertiges ; céphalées ;
nausée suivie des vomissements ; douleurs
abdominales ; paralysie progressive
commençant par les membres inférieurs,
ce qui rend la station débout impossible ;
arrêt respiratoire et arrêt cardiaque.

2. SAXITOXINE Fourmillement et impression des brûlures


Saxitoxine aux lèvres, aux joues, à la langue et à la
face qui progressivement gagne le cou, les
bras, les jambes, les doigts et les orteils ;
salivation ; Soif intense ; Anurie ;
Douleurs musculaires ; Asthénie avec
vertiges, malaises et maux de tête ;
fibrillations musculaires ; convulsions et
paralysie.
La mort survient par insuffisance
respiratoire.

23
On dénombre environ 5000 espèces de champignons supérieurs dont 100 sont toxiques et 10 à 20 sont
mortelles. Les intoxications graves sont principalement le fait des champignons à l’origine d’un
syndrome phalloïdien (95 % des intoxications graves/ mortalité estimée à 15 %).

ALIMENTS NATURELLEMENT TOXIQUES

PRODUIT PRINCIPE (S) SYMPTOMATOLOGIE


TOXIQUE(S)
V MIEL TOXIQUE Andromédotoxine, Nausée, vomissement et diarrhée. Maux de
E Arbutine, Aricoline et tête, Fièvre, Vertige, Crampes abdominales,
G Rhodoxanthine Gastrite, Cécité temporaire, troubles nerveux,
E respiratoires et cardiovasculaires.
T
A
U LA POMME DE TERRE Solanine Nausée, vomissement et diarrhée, douleurs
X abdominales, maux de tête, malaise
généralisé
LES EPINARDS Nitrates →Nitrites Méthémoglobinémie.
Nitrosamines Cancers

MANIOC AMER LINAMAROSIDE ou Intoxication aigué : maux de tête violent,


LINAMARINE→ somnolence allant jusqu’au coma, pouls
acide cyanhydrique faible et rapide, confusion, œdème
pulmonaire, arrêt respiratoire.

En cas d’intoxication chronique : il y a le


KONZO et le GOITRE

P POISSONS A THIAMINASE - Œdèmes dont les prédilections sont


O THIAMINASE les jambes et la face ;
I - Signes cardiaques (palpitations
S cardiaques)
S - Signes neurologiques (la personne
O ne sait pas se relever lorsqu’il est
N accroupi et ne sait pas marcher sur la
S pointe des pieds).
- Hépatomégalie
POISSONS A Histidine → Allergies généralisées, Collapsus et
HISTAMINE (THON) Histamine Transpiration abondante

Effets cliniques de la méthémoglobinémie

Méthémoglobinémie Clinique
0 – 15% Néant
15 – 30% Modestes : cyanose, fatigue, malaise, céphalées, nausées.
30 – 50% Modérés : cyanose marquée, faiblesse, dyspnée, tachypnée,
tachycardie
50 – 70% Sévère : coma, convulsions, dépression respiratoire, arythmies,

24
acidose métabolique.
> 70% Potentiellement fatale
REMARQUES

 Le bleu de méthylène est administré pour des méthémoglobinémies moins élevées si le patient
est symptomatique.
 Les patients avec un déficit en G-6-PD ont un risque élevé de développer une hémolyse après
administration de bleu de méthylène.

LES TOXINES BACTERIENNES

1. INTOXINATION ALIMENTAIRE

1.1. INTOXINATION BOTULIQUE

Germe responsable : Clostridium botillinium, bacille anaérobie stricte, sporulée, saprophyte trouvée
dans le sol, les boites de conserve, poissons, étant donné que les spores sont très résistantes même à
100°C. Il produit une toxine qui agit comme un poison curarisant et est responsable du Botulisme.

Cette intoxination est liée à l’ingestion de toxine botulinique synthétisée au cours de la croissance de
Clostridium botulinum dans un aliment. Ce germe tellurique sporulé et anaérobie strict, fait courir un
très grand risque de contamination à de nombreux aliments, notamment les conserves (boîtes et
bouteilles) qui subissent un traitement thermique insuffisant.

Les caractéristiques de croissance et de contrôle des Clostridium botulinum de types A, B, E et F sont


données dans le tableau ci-après.

La « toxine botulinique » est un des poisons les plus violents connus ; son pouvoir toxique est environ
500 000 fois plus élevé que celui de la strychnine et la DL50 (dose qui tue 50 % des sujets qui la
reçoivent) est estimée de 10 -8à 10-9 g par kg de poids corporel. C’est pour cette raison que la mortalité
est élevée malgré les thérapeutiques comme les sérums antitoxiques ou les anatoxines.

Sur la base de la spécificité sérologique de leur toxine, 6 types (A, B, C, D, E et F) de Clostridium


botulinum ont été identifiés. Les types A, B et E sont les plus fréquemment rencontrés dans le
botulisme humain. Le type E qualifié de pisciaire est rencontré chez les poissons de mer ou d’eau
douce. Les types de Clostridium botulinum diffèrent par leur tolérance au sel et à l’activité de l’eau,
leur température minimale de croissance et la résistance à la chaleur de leurs spores.

Nature des toxines

Les toxines botuliniques sont des protéines de masse moléculaire élevée. Ainsi la toxine de type A
comprend 4 espèces moléculaires dont les masses moléculaires sont voisines de 150.000 daltons à
800000 daltons (structure quaternaire encore mal connue). Les toxines de 150 000 daltons de masse
moléculaire possèdent un pont disulfure ; sous cette forme elles sont peu actives et sont activées par
des enzymes protéolytiques endogènes à la bactérie ou par d’autres protéases. Deux sous-unités
actives de 100 000 et 50 000 daltons apparaissent alors. Après ingestion elles sont captées par le
système lymphatique digestif, passent dans le sang puis se fixent sur les jonctions myoneurales des
fibres cholinergiques du système nerveux périphérique où elles inhibent l’activation de l’acétylcholine.

Il faut noter ici que les aliments acides, de pH inférieur à 4,5, ne permettent pas le développement de
la bactérie. Les aliments d’aw inférieure à 0,94 (cf tableau page 11) tels que de nombreux produits
séchés et salés (souvent au sel nitrité) ne permettent pas la croissance et donc la synthèse de la toxine.

25
Dans le cas de produits non acides, l’addition de nitrites permet, à partir d’une teneur de 20 ppm
d’inhiber la germination et la prolifération du germe.

En raison de la gravité de l’intoxination, la qualité hygiénique des aliments ne peut reposer dans ce
cas, que sur la prévention et la maîtrise de la qualité microbiologique.

Ainsi, cette prévention repose sur :


- la fabrication de conserves correctement stérilisées,
- la conservation au froid de tous les aliments qui ne sont pas de véritables conserves (semi-
conserves, produits fumés, etc…)
- et sur l’addition de nitrites (à une dose maximale voisine de 20 ppm) à des produits sensibles
comme les jambons.

Il faut signaler que les toxines botuliniques sont dénaturées donc inactivées par la chaleur. Les
données varient selon les auteurs: à 80°C il faut de 8 à 90 minutes et à 100°C quelques secondes. Une
cuisson de l’aliment peut donc, dans la plupart des cas, les dénaturer et rendre l’aliment non
dangereux.

Symptômes :

- L’incubation dure 1-2 jours.


Les signes prémonitoires sont :
- Asthénies,
- Nausée
- Douleurs et crampes abdominales,
- Constipation
- Sècheresse des muqueuses et de la peau
- Anorexie.
La période d’état est caractérisée par :
- Les troubles oculaires (mydriase, diplopie),
- Les troubles sécrétoires avec sécheresse de la bouche,
- Des paralysies progressives se terminant par la paralysie du centre respiratoire entraînant la
mort par asphyxie.

Traitement

Sérum antibotulique.

1.2. INTOXINATION STAPHYLOCOCCIQUE

Elle résulte de la consommation d’aliments contaminés par des souches de Staphylococcus aureus
toxinogènes. Six types d’entérotoxines sont actuellement connus (A, B, C, D, E et F) ; en France c’est
l’entérotoxine A (65 %) qui est la plus fréquemment rencontrée, suivie de la B (20 %) et des autres
types.

L’intoxination est caractérisée par une période d’incubation de courte durée (1 à 4 heures).

Symptômes

Les symptômes de cette maladie, qualifiée parfois de maladie des banquets, sont caractéristiques :

- Salivation abondante,
- nausées, vomissements
- douleurs abdominales,
- diarrhée abondante,

26
- sueurs,
- céphalée

Les symptômes disparaissent en général après 24 à 48 heures, et le malade ne développe pas de


défenses immunitaires spécifiques.

Il faut signaler enfin que cette intoxination n’est qu’une des manifestations possibles du pouvoir
pathogène de Staphylococcus aureus. La présence quasi constante de ce microorganisme sur la peau et
les muqueuses de l’homme et des animaux permet sa grande dispersion. Quand un aliment est
contaminé, il faut qu’il soit conservé un temps assez long à une température permettant la croissance
microbienne.

L’entérotoxine staphylococcique étant un métabolite secondaire, elle est synthétisée en fin de phase
exponentielle et au cours de la phase stationnaire de croissance. Le nombre minimum de germes
nécessaires à la production de suffisamment de toxine pour provoquer l’empoisonnement est évalué
selon les auteurs à 5.105 ou 5.106 germes par g.

Avec cette entérotoxine, la DE50 (dose émétique qui fait vomir 50 % des individus qui la reçoivent)
est estimée à 0,2 μg par kg de poids corporel.

Les entérotoxines A, B, C, D, E et F sont produits par les Staphylococcus aureus entérotoxinogènes et


une même souche peut excréter plusieurs toxines différentes. Il existe 3 variétés de la toxine C (C1, C2
et C3) et la toxine F est impliquée dans le “toxic stock syndrom”. Ces toxines sont des protéines de
masse moléculaire voisine de 30 000 daltons et leur point isoélectrique varie de 6,8 (A) à 8,6 (B, C1,
C2, C3).

Ces protéines ne sont pas hydrolysées par les protéases digestives (pepsine, trypsine) et sont très
résistantes aux traitements thermiques. Ainsi, une activité toxique (ou sérologique) persiste même
après un traitement de type stérilisation (15 minutes à 121°C).

Il est donc clair que si un aliment a été contaminé, un traitement thermique du type pasteurisation
(60°C, 30 minutes) permettra de détruire les microorganismes, l’aliment restant alors très dangereux
par la présence éventuelle d’une entérotoxine. Les cibles de ces entérotoxines staphylococciques sont
les récepteurs sensoriels gastrointestinaux périphériques qui, après interaction, transmettent via le nerf
pneumogastrique des impulsions nerveuses au centre de la motilité intestinale situé dans la région
hypothalamique du cerveau. Il s’agit donc d’une neurotoxine qui induit des vomissements et une
hypermotilité intestinale.

Les aliments les plus communément susceptibles d’être à l’origine de cette intoxication sont par ordre
décroissant de fréquence : les viandes et charcuteries, les pâtisseries, les volailles, les fromages, les
légumes, les poissons.

Traitement

- Réhydratation (SRO, sérum mixte) ;


- Soutenir le cœur par les arythmisants car il y a collapsus ;
- Antibiothérapie (après antibiogramme).

2. TOXI-INFECTION ALIMENTAIRE

Les germes en cause : Shigelle, Salmonelle, Staphylocoque…

2.1. Salmonella

27
La salmonellose regroupe les infections du tube digestif dues à des entérobactéries provoquées par les
Arizona, les salmonelles et le shigella. Les intoxications sont dues à un développement abondant
d’endotoxines ou d’enterotoxines. Les infections apparaissent après une durée d’incubation assez
longue de 3-6 jours pour le Salmonelle typhi et 10-11 jours pour le Salmonella paratyphi après
envahissement de l’organisme.

Les salmonelles peuvent se développer abondamment dans les aliments sans entraîner des altérations
apparentes ou une odeur ou encore un goût désagréable.

Toutes les variétés d’aliments sont susceptibles d’être contaminées par ces microorganismes. Si les
conditions de température, d’activité de l’eau, de pH le permettent, les Salmonella se multiplient. Les
aliments les plus souvent mis en cause dans les salmonelloses sont les volailles (40 %), les viandes et
plus particulièrement les viandes hachées (10 %), le lait et les produits laitiers (15 %), les œufs (5 %
avec un risque élevé pour ceux de cane ou de caille), les crèmes glacées et pâtissières (5 %), les
coquillages etc.

Le schéma des voies de contamination les plus probables des aliments par ces bactéries montre que ces
phénomènes peuvent être verticaux (directs) et/ou horizontaux (indirects).
La consommation de l’aliment dans lequel le nombre de Salmonella aura atteint au moins 106 germes
par gramme entraînera une toxi-infection dont les signes cliniques variables en fonction de l’espèce et
de l’âge et de l’état physiologique du consommateur apparaîtront entre 5 et 72 h après l’absorption. Ils
sont caractérisés par une diarrhée, des douleurs abdominales, des frissons, de la fièvre, des
vomissements, un état de prostration, une anorexie, une céphalée, des malaises. Une entérite ou une
infection localisée surviennent parfois. Ces signes cliniques persistent généralement quelques jours,
les enfants et les personnes âgées sont particulièrement sensibles à cette toxi-infection.

Une entérotoxine sécrétée au niveau intestinal par Salmonella enteritidis a été mise en évidence, cette
entérotoxine provoquant des perturbations dans le métabolisme hydrominéral. Le diagnostic est réalisé
par l’analyse microbiologique des matières fécales du malade, malade qui risque de devenir un porteur
sain. La proportion de ces derniers varie de quelques pourcents dans une population saine à plus de 20
% chez des individus vivant en groupe dans de mauvaises conditions hygiéniques ou par exemple chez
les ouvriers d’une usine de produits carnés. L’un des problèmes actuels de la bactériologie alimentaire
concerne l’augmentation du niveau de contamination de nombreuses matières premières. Rappelons
que ces bactéries sont facilement détruites par pasteurisation.

Symptomatologie

- l’incubation dure 4 heures à quelques jours ;


- les signes prémonitoires sont la nausée, céphalées, fatigue,…
- la période d’état est brutale et apparaissent alors les signes gastro-entérites aigus :
 douleurs abdominales intenses et continues ;
 vomissement douloureux et violent ;
 diarrhée abondante avec selles liquides et jaunâtres survenant 8-15
fois par jour.
- fièvres atteignant 38,5°C le premier jour puis se maintient aux environs de 39°C.

Evolution

a) Forme bénigne

Les symptômes s’estompent entre 2-4 jours mais la personne n’est guérie qu’après 8 jours environ.

b) Forme grave

Les salmonelloses ont un tableau clinique très polymorphe :

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- Forme dysentérique : présence des selles muco-glaireuses et sanguinolentes
- Forme cholériforme : elle est beaucoup plus sévère que celle de forme rhiziforme avec
refroidissement des extrémités du à un certain degré de déshydratation.
Traitement

- Réhydratation
- Antibiothérapie

2.2. SHIGELLA

L’intoxication par le Shigella se manifeste par une dysenterie bactérienne suivie de diarrhée rouge. Le
Shigella produit une enterotoxine qui diffère de la toxine du choléra. Elle possède une cytotoxicité qui
est responsable des lésions de l’épithélium intestinal.

Le seul réservoir du Shigella est l’homme ainsi la transmission est donc fécalo-buccale.

Symptomatologie

- Selles faites des mucus, pus et sang.


- Diarrhée rouge
- Déshydratation
- Amaigrissement
- Douleurs abdominales

Il est nécessaire de noter que la période d’incubation est très courte de 8-10 heures, parfois
quelques jours (3-7 jours).

Complications

- perturbation colique et péritonite


- parfois, complication oculaire connu sous le nom du Syndrome de REITER qui se manifeste
par la paralysie et la conjonctivite.

Les aliments les plus contaminés sont le Poulet, les légumes, les pommes de terre et l’eau.

Préventions

- utilisation des eaux propres


- lavage fréquent des mains au savon
- respect strict de l’hygiène alimentaire
- lutter contre les mouches
- isoler les malades
- utiliser les latrines

REMARQUE

Les démarches fondamentales à satisfaire pour maîtriser les risques liés aux TIAC peuvent être par
exemple énoncées de la façon suivante :

Aliment : contrôle et inspection des matières premières (température, microorganismes, composition


etc. en fonction d’un cahier de charges). Lavage éventuel des légumes ou végétaux à consommer crus.

Propreté : nettoyage et désinfection rigoureux, ateliers ou cuisines ordonnés, concept des locaux,
surfaces etc., poubelles avec couverture et fermées etc.

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Personnel : éducation des règles d’hygiène, lavage des mains, bonnets - gants etc.

Eau : contrôle et maîtrise de la qualité microbiologique de l’eau


Réfrigération : refroidissement rapide et immédiat des produits cuits à consommation différée: vitesse
de refroidissement au moins de 80 à 10 °C en 2 heures

Température : bon chaud et remontée en température rapide : 1 heure et maintien au moins à 65°C des
aliments cuits refroidis et à consommer chauds. La zone tiède (20 - 45°C) est à éviter

Décongélation totale à 4°C pour les denrées animales, ne pas dépasser 6°C. Eliminer les exsudats. La
décongélation doit être complète avant cuisson. Ne pas recongeler. Utiliser des systèmes rapides
(μondes)

Organisation : respecter la “marche en avant “ : interdire tout croisement entre le circuit sain et le
circuit souillé, protéger systématiquement les aliments (conditionnement précoce etc)

Préparation : éviter des préparations de trop grandes quantités qui “attendront”

Assainissement : barèmes de pasteurisation, stérilisation, cuisson adaptés. Utiliser du matériel


performant et réaliser des contrôles de l’efficacité de l’opération

Généralités :

Étude du devenir des substances exogènes toxiques, dans les organismes vivants, depuis leur
pénétration jusqu'à leur élimination, en tenant compte de la vitesse et de la concentration avec
laquelle elles apparaissent sous leur forme de départ ou sous une forme métabolisée à l'endroit où elles
vont développer leur action toxique. Par rapport à la pharmacocinétique qui étudie uniquement les
substances à des concentrations thérapeutiques, la toxicocinétique s’attache soit à des xénobiotiques
soit à des substances nutritives, thérapeutiques ou endogènes quand des phénomènes toxiques
proviennent de la saturation des mécanismes physiologiques de métabolisme ou d’élimination. Un

30
produit qui pénètre dans l'organisme peut avoir des effets bénéfiques (médicaments) ou néfastes
(toxiques). Inversement, l'organisme peut agir sur ce produit : c'est ce qu'on appelle le métabolisme.
La réponse de l'organisme à un toxique dépend, entre autres, de la quantité du produit présent dans un
tissu ou un organe. Plusieurs facteurs interviennent dans les processus d'action toxique, notamment les
phases toxicodynamiques et toxicocinétiques.

La toxicodynamie s'intéresse à l’influence qu'exerce un toxique sur l'organisme et aux facteurs qui
interviennent dans la réponse toxique.

La toxicocinétique s'intéresse à l’influence qu'exerce l'organisme sur un toxique. Cette influence


découle des processus (l'absorption, la distribution, le métabolisme, l'élimination) qui gouvernent le
cheminement du toxique dans l'organisme.

1. ABSORPTION

L’absorption dépend de plusieurs facteurs :

► voie d’administration

La gravité d’une intoxication dépend, non seulement de la quantité de poison administrée, mais surtout
du rythme d’absorption conditionnant la concentration au niveau des récepteurs. Ce rythme dépend
principalement de la voie de pénétration.

► Liposolubilité du produit :

Elle est la propriété qui gouverne la traversée des membranes car seule la forme soluble lipidique
traverse. Elle est une propriété intrinsèque de la molécule.

A ceci, il convient d’associer la notion de degré d’ionisation car seule la forme non ionisé est
liposoluble et capable de diffuser par voie passive. D’où, l’importance du pH et du pKa avec
l’équation de Handerson-hasselbach.

Cette équation nous révèle dans quel milieu tel toxique peut être résorbé à travers le tube digestif et
éventuellement changer de milieu pour retarder son résorption. Elle permet aussi de savoir dans quel
milieu le toxique se trouvant déjà dans le sang peut être éliminé par les reins et enfin, dans quel milieu
le toxique peut passer du sang vers le cerveau et vice-versa.

Ainsi :

- Au niveau de l’estomac, les acides faibles ne sont pas ionisées et sont fortement absorbés que
les bases faibles ;

- Au niveau de l’intestin, les bases faibles ne sont pas ionisées et sont fortement absorbées que
les acides faibles ;

- Au niveau du rein, les produits hydrosolubles passent du sang vers les urines et les
liposolubles passent des urines vers le sang. Ainsi, les hydrosolubles excrétés tandis que les
liposolubles sont absorbés. Cette situation montre qu’entre le tube digestif et le rein il y a eu
une transformation. Ceci implique qu’on peut faire la diurèse forcée en cas d’une
intoxication : une intoxication par un acide faible va exiger une alcalinisation du milieu et une
intoxication par une base faible, une diurèse forcée neutre.

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- Au niveau de la membrane encéphalique, il y a passage des produits non ionisés du sang
vers le cerveau.

Il convient de faire savoir qu’il existe des toxiques qui sont totalement ionisés mais qui subissent
toutefois une très bonne résorption au niveau du tube digestif. Ceci se justifie par l’existence du
transport actif (Exemple : Paraquat)

2. DISTRIBUTION

Elle dépend de :

► La liaison aux protéines plasmatiques

► La localisation tissulaire (tropisme) :

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- Tout dépend des propriétés physico-chimiques du poison : le produit hydrosoluble va se
distribuer dans les principaux organes mais pas nécessairement en grande quantité et un
produit liposoluble, plus dans les tissus adipeux.

- Certaines substances ont des récepteurs assez spécifiques et qui vont expliquer leur forte
distribution :

■ CO se fixe sur l’hémoglobine


■ Les produits méthémoglobinisants oxyde le Fe2+ en Fe3+ de l’hémoglobine
■ Le cyanure se lie à l’enzyme Cytochrome oxydase et coupe la chaine transporteuse
d’électrons ;
■ Le fluor se fixe aux os et à la dent ;
■ Thallium se fixe aux phanères.

La connaissance de la localisation des toxiques a un intérêt d’ordre analytique, mais également


biologique (connaitre la toxicité et appliquer le traitement adéquat).

Le volume de distribution, ensemble des volumes des compartiments dans lesquels se distribuent le
produit, représente la répartition tissulaire du produit et est influencé par le pH.

► La demi-vie plasmatique

Le changement du t (1/2) peut avoir des conséquences sur le processus d’absorption et de distribution et
cela à cause de la saturation enzymatique, à la perturbation du transport et à l’endommagement du foie
et de reins.

LIAISON AU RECEPTEUR

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TYPES DE LIAISON AU RECEPTEUR

3. METABOLISME

La biotransformation désigne l'ensemble des réactions qui résultent en des modifications, par
l'intermédiaire d'enzymes, de la structure chimique d'un toxique. Ces réactions ont pour effet de rendre
les toxiques, qui sont plutôt liposolubles au départ, plus polaires (ionisables), les rendant plus solubles
dans l'eau et ainsi plus facilement excrétables dans l'urine.

Le foie est le principal organe impliqué dans la biotransformation des toxiques, bien que la peau, le
rein, la muqueuse intestinale et le poumon, pour ne nommer que ceux-là, puissent également
biotransformer (métaboliser) certaines substances. En règle générale, les réactions de
biotransformation ont pour effet de diminuer, voire d'annuler complètement, la toxicité d'un toxique
(détoxication).

Cependant, il existe de plus en plus d'exemples montrant que la biotransformation rend, au contraire,
certaines substances plus toxiques ou leur confère, dans certains cas, une toxicité nouvelle
comparativement à celle qui est associée à la substance mère (bioactivation).

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 PRINCIPALE REACTION: OXYDATION MICROSOMIALE AVEC SYSTÈME: MONO-OXYGENASES,
CYTOCHROME P450 ET NADPH CYTOCHROME P450 REDUCTASE.
 MONO-OXYG LOCALISEES DANS RETICULUM ENDOPLASMIQUE LISSE QUI PAR
ULTRACENTRIFUGATION DONNE MICROSOMES (FINES PARTICULES PORTANT ENZYMES).
 OXYDATIONS NON MIROS ONT LIEU DANS MITOCHONDRIES OU DANS CYTOSOL
 CYT P450 EST HEMOPROTEINE MULTIGENIQUE AVEC PLUSIEURS ISOFORMES PRESENTE
CHEZ TOUS ETRES VIVANTS.
 CHAQUE ISOFORME EST SPECIFIQUE A UN GROUPE DE TOXIQUES
 CYP1A1: Hydrocarbures Aromatique Polycyclique.
 CYP1A2: Théophylline, Clozapine, Amitryptiline, Aflatoxine B1, Benzidine, caféine
 CYP2A6: Nicotine, diéthylnitrosamine, coumarine
 CYP2B6: Méthadone, cyclophosphamide, nicotine, ifosphamide
 CYP2C8 : Tolbutamide, carbamazepine
 CYP2C19: Diazépam, proguanil, omeprazole, indométhacine, imipramine,propanolol
 CYP2C9: Ibuprofène, Tolbutamide, Phénytoïne, Warfarine
 CYP2D6: Imipramine, Halopéridol
 CYP2E1: Ethanol, Benzène, Paracétamol, diméthylnitrosamine, dichlorométhane, INH
 CYP3, A4,5,7: Macrolides, Cocaïne, Codéine, Quinidine, Indinavir, Aflatoxine B1,

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EPOXYDE

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EPOXYDE AROMATIQUE

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DESULFURATION OXYDATIVE DU METYL PARATHION

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- Le réticulum endoplasmique du foie contient des enzymes qui réduisent les composés
aromatiques nitrés et azoïques en amines.
- Signalons que certains cytochromes P450 peuvent aussi agir comme réductases pour quelques
produits (alcanes halogénés, composés azoïques, dérivés nitrés et les quinones et
quinoneimines).

METABOLISME DE L’ISONIAZIDE

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GLUTATHION

Le glutathion, présent dans tous les tissus de l'organisme, est synthétisé par une enzyme, la
glutathion synthétase, à partir de trois acides aminés, l'acide glutamique, la cystéine et la glycine. Une
autre enzyme, le glutathion-réductase, le transforme en glutathion réduit.

Le glutathion réduit protège les cellules contre l'oxydation, par exemple contre l'action toxique des
radicaux libres tels que le peroxyde d'hydrogène. Dans le cas des globules rouges, il empêche
l'hémoglobine d'être oxydée en méthémoglobine, laquelle est incapable de transporter l'oxygène.

Un déficit héréditaire en glutathion synthétase provoque une acidose chronique. Un déficit héréditaire
en glutathion réductase provoque une anémie hémolytique (tendance à la destruction des globules
rouges du fait d'une anomalie de ces derniers.

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METABOLISME DES XENOBIOTIQUES ET SES
CONSEQUENCES

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4. ELIMINATION
Le processus d'excrétion conduit à une élimination définitive d'une substance hors de l'organisme. Les
substances mères et leurs métabolites sont alors principalement éliminées par le rein dans l'urine, par
la bile (fèces), par les poumons dans l'air exhalé, par le lait, la salive et parfois même les phanères
(cheveux, ongles). Les mécanismes de transfert trans membranaires impliqués dans l'excrétion des
toxiques et de leur(s) métabolite(s) sont : diffusion passive, filtration et transport actif.

La voie urinaire est sans contredit la plus importante des voies d'excrétion. Deux processus
contribuent, de façon plus ou moins marquée, à la formation de l'urine et à l'excrétion urinaire des
substances : la filtration glomérulaire et les mouvements tubulaires (réabsorption et sécrétion). Chacun
est sous le contrôle de plusieurs facteurs, comme la pression hydrostatique (filtration glomérulaire), le
pH de l'urine et l'ionisation des molécules (réabsorption), et la présence de transporteurs spécifiques
pour les acides et les bases (transport actif).

Par ailleurs, certains toxiques sont éliminés de façon importante dans les fèces. C'est notamment le cas
pour une substance qui est peu ou pas absorbée au niveau du tractus gastrointestinal ou pour une
substance qui se retrouve dans l'intestin, après avoir été excrétée dans un premier temps dans la bile
sous forme d'un conjugué de l'acide glucuronique ou du gluthathion.

L'expression «cycle entéro-hépatique» désigne le phénomène par lequel un toxiques, déjà conjugué,
est hydrolysé dans l'intestin puis réabsorbé dans la circulation hépato-portale pour finalement effectuer
un nouveau passage au foie et éventuellement dans la grande circulation.

Les substances volatiles dont la concentration sanguine est en équilibre avec les concentrations
tissulaires peuvent être excrétées dans l'air exhalé par les poumons. On exploite parfois cette voie
d'excrétion pour évaluer l'exposition de travailleurs à certains solvants (styrène, toluène) ou pour
estimer le taux d'alcoolémie chez les individus ayant consommé de l'alcool.

Finalement, le lait maternel peut contenir des quantités appréciables de produits liposolubles (DDT,
mercure méthylé) en raison de son contenu élevé en lipides. D'autres toxiques comme le plomb sont
excrétés dans le lait, en empruntant le système de transport du calcium.

Certains métaux, comme le mercure, se déposent dans les cheveux dont la croissance est d'environ 1
cm par mois. À partir de sections de cheveux, il est possible de mesurer l'exposition à ce métal en
fonction du temps. Il est également possible d'estimer l'exposition au plomb par la mesure de sa
concentration dans la salive.

Il convient de faire remarquer que les urines permettent de suivre le rythme d’élimination et que la
voie biliaire est une voie saturable et peut être cause d’intoxications importantes.

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IIème PARTIE : LE MEDECIN FACE A L’INTOXIQUE

Prise en charge générale d’un intoxiqué

• Recherche d’une défaillance vitale


• Préciser les circonstances de découverte
• Préciser le tableau clinique et paraclinique
• Indications thérapeutiques:
- Traitements symptomatiques
- Décontamination digestive
- Traitement épurateur
- Antidote
• Analyse toxicologique

N.B : La clinique et les résultats biologiques sont prééminents par rapport aux résultats analytiques
toxicologiques

ABCD EN CAS D’UNE INTOXICATION

 Airways

– Contrôle des reflexes


– Oxygène

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– aspiration

 Breathing

Intubation en cas de coma ou détresse respiratoire

 Circulation
– Voie veineuse

 Drugs
– Antidotes

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ANAMNESE

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IMPORTANCE DE L’IDENTIFICATION

- Chaque toxique exerce ses effets propres


- chaque toxique a des propriétés spécifiques qui font que la réaction vis-à vis de ce toxique
soit spécifique.
- Permet l’administration des antidotes
- permet d’émettre des mesures préventives surtout dans les intox professionnelles.
- les symptômes des intoxications aigues sont parfois similaires.
N.B: Le médecin doit toujours tenter d’identifier le TOXIQUE mais il ne faut pas que cette recherche
retarde les mesures thérapeutiques vitales. Ainsi, le traitement symptomatique sera donc mis en œuvre
d’après l’état clinique du malade et n’exige pas la connaissance précise de l’agent toxique en cause.

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TRAITEMENT GENERAL DES INTOXICATIONS AIGUES :

Le métabolisme des toxiques dans l’organisme comporte trois phases. En modifiant l’une ou l’autre de
ces phases, il est possible de diminuer la gravité de l’intoxication et de limiter sa durée.

DEVENIR DES TOXIQUES DANS L’ORGANISME:

a) Phase d’absorption:

- Diminution de l’absorption digestive (lavage gastrique, vomissement provoqué et charbon


actif)
- Diminution de l’absorption cutanéo-muqueuse (lavage abondant). La décontamination cutanée
est réalisée par des sauveteurs protégés par des gants. ; déshabillage, retrait des bijoux. Les
vêtements et bijoux sont placés dans des sacs étanches et scellés. La décontamination est
immédiate avec l’eau du robinet et suit la règle des 3 quinze. Lavage du patient à l’eau
pendant 15 minutes avec une eau de température > 15°C à 15 cm des lésions.
- Les brûlures chimiques sont lavées immédiatement et abondamment à l’eau, puis protégées
par un pansement stérile. Les brûlures par l’acide fluorhydrique nécessitent une
décontamination immédiate suivie de l’application de gel de gluconate de calcium qui exerce
un effet antidote local. La neutralisation des agents chimiques est interdite car elle est
susceptible d’aggraver les lésions.
- La décontamination oculaire répond aux mêmes indications. L’irrigation oculaire à l’eau doit
être entreprise immédiatement et suit la règle des 3 quinze (éviter une surpression oculaire). Il
convient d’écarter les paupières et d’instiller le liquide de lavage dans les yeux du patient en
décubitus dorsal. Il est souhaitable d’effectuer le retrait des lentilles en cours de
décontamination. Un anesthésique local peut faciliter sa réalisation (Novésine 1 goutte). Les
particules de corps étrangers doivent également être éliminées. Un pansement oculaire stérile
est ensuite posé. Une consultation ophtalmologique immédiate est indispensable. Chez
l’enfant, il faut également procéder à une décontamination oculaire en cas d’administration
erronée d’un collyre susceptible de provoquer une intoxication systémique (atropine, β-
bloquant).

b) Phase de distribution:

La gravité des manifestations systémiques de l’intoxication dépend de la quantité de substance


toxique se fixant sur les récepteurs ou modifiant le fonctionnement d’organes cibles.

Les facteurs qui interviennent sont la quantité de toxique fixé et transporté, les caractéristiques
d’hydro ou de liposolubilité du toxique et la diffusion du toxique dans les différents
compartiments. Les moyens d’action éventuels sont : Chélateurs, antagonistes vrais - Antidotes,
l’immunothérapie et épuration extra-rénale.

c) Phase d’élimination:

- Pulmonaire : accélérée par hyperventilation ;


- Hépatique : Les inducteurs enzymatiques ne sont pas d’utilisation en toxicologie. Lorsque le
métabolisme hépatique fait apparaitre des substances toxiques, on peut faire recours à deux
thérapeutiques qui sont les protecteurs hépatiques (N-acétylcystéine) et les inhibiteurs
enzymatiques (4-méthylpyrazole)
- Rénale : elle peut être augmentée par diurèse osmotique neutre ou alcaline.

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En cas d’insuffisance rénale et/ou hépatique, recourir à l’épuration extra-rénale.

TRAITEMENTS EVACUATEURS ET EPURATEURS

Les vomissements provoqués trouvent leurs indications dans les intoxications par ingestion des
toxiques non caustiques vues précocement et cela auprès des patients avec un état de conscience
normal sans signes d’atteinte systémique.

N.B : On ne le fait plus depuis longtemps … que ce soit les doigts au fond de la gorge ou le
sirop d’Ipeca. Même dans une situation dramatique on ne peut pas conseiller aux témoins de
le faire sur un intoxiqué, le risque d’inhalation bronchique lors des vomissements étant
beaucoup trop important.

LAVAGE GASTRIQUE

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La diurèse osmotique augmente l’élimination rénale des toxiques ou de leurs métabolites actifs en
diminuant leur réabsorption tubulaire. La réabsorption tubulaire est d’autant plus faible que le toxique
ou ses métabolites sont hydrosolubles et ionisés.

Elle concerne les toxiques dont la clearance rénale est prédominante et la concentration plasmatique
élevée (faible diffusion).

EPURATION EXTRA-RENALES

Les indications actuelles plus théoriques que pratiques restent limitées aux intoxications sévères
mettant en jeu le pronostic vital, lorsque l’épuration rénale par diurèse osmotique est insuffisante ou
contre-indiquée. L’épuration extra-rénale est également indiquée pour corriger des troubles
métaboliques graves.

L’épuration extra-rénale permet d’augmenter l’épuration sanguine du toxique. Plusieurs techniques


sont possibles et nécessitent une hospitalisation dans un service de réanimation.

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ANTIDOTE POSOLOGIE INDICATION
Bicarbonate de sodium 1-2 mmol/kg en IV (bolus < 5 min) - A répéter - Intoxication par les antidépresseurs
jusqu’à obtention d’un pH de 7.50 à 7.55 - tricycliques si signes cardiotoxiques
Ä Contrôler les gaz sanguins - Intoxication par les salicylés
100 mmol dans 1000 ml de G5% + 40 mmol de Acidose métabolique en cas
KCl en perfusion continue (1 mmol de HCO-3 d’intoxication
/kg/h)
1-2 mmol/kg/h en IV
Bipéridène Voie injectable : 0.04 mg/kg (max. 4x/jour) Intoxication par les neuroleptiques,
Voie orale : 1-2 mg 1 à 3 fois/jour antihistaminiques et antiémétiques si
signes extrapyramidaux
Magnésium sulfate 25-50 mg/kg/dose en IV (max. 2 g/dose)2 Torsades de pointes (intoxication par
les antidépresseurs tricycliques, la
cocaïne, l’amphétamine, ses dérivés
et d’autres psychostimulants)

Midazolam Sédation agressive : dose de charge 0.15 mg/kg en Intoxication par la cocaïne,
IV lent sur 2 à 3 min puis 0.1 mg/kg/h (dose amphétamine et dérivé
d’entretien) à titrer selon réponse. Au besoin ad
phentolamine
Dantrolène 1-2.5 mg/kg en IV (à répéter éventuellement) Hyperthermie maligne (narcose par
(max. 10mg/kg) inhalation)

Obidoxime 5 mg/kg 4x par jour en perfusion IV sur 2h (20 Intoxication par l’amanite phalloide
mg/kg/j)

Thiosulfate de sodium 300-500 mg/kg en IV lent pendant 10 à 20 min. Intoxication par le cyanure et ses
dérivés
Intoxication par l’iode. Intoxication
par l’ypérite

Phentolamine 5 à 50 mcg/kg/min IV (dose adulte 5 mg) Intoxication par la cocaine,


l'amphétamine et ses dérivés

Colestyramine 240 mg/kg/jour per os en 3 doses Intoxication par les digitaliques


(digoxine, digitoxine), l’amiodarone
et les hydrocarbures chlorés

Leucovorin 150 mg IV pdt 3 heures jusqu’à ce que la Méthotrexate


concentration de Méthothrexane soit inférieure à
1μmol. Puis 15mg IV pdt 3 heures jusqu’à ce que
la concentration de Méthothrexane soit inférieure à
0.05μmol

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Schéma condensé de prise en charge des intoxications

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6. TABLEAUX RESUMES

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IIIème PARTIE : TOXICOLOGIE SPECIALE

III.1. INTOXICATIONS MEDICAMENTEUSES

1. LES SALYCILES (Acide acétylsalicylique – ASPIRINE)


L’acide acétylsalicylique est prescrit pour ses propriétés analgésiques périphériques, antipyrétiques,
anti-inflammatoires, antiagrégantes plaquettaires.

L’intoxication est grave et fréquente. Elle est d’autant plus grave qu’il s’agit d’enfants à cause de la
forte perméabilité cellulaire à l’ion SALICYLATE. Ainsi, devant les troubles de conscience chez un
enfant sous Aspirine avec déshydratation et polypnée, il n’est pas mal de penser à une intoxication. La
gravité dépend des anomalies métaboliques dues aux effets de l’intoxication salicylée.

 Pharmacocinétique
- L’absorption digestive est rapide et importante. Le pic sérique est atteint en 30 minutes. En
cas de surdosage, une stagnation gastrique augmente encore cette absorption.
- Après absorption, l’acide acétylsalicylique est hydrolysé rapidement dans le plasma en acide
salicylique fortement lié aux protéines.
- Le métabolisme hépatique est saturable. Le temps d’élimination augmente
proportionnellement à la dose ingérée.
- L’élimination rénale sous forme de dérivés conjugués de l’acide acétylsalicylique se fait par
filtration glomérulaire et réabsorption tubulaire. La clairance augmente avec le pH urinaire.

 Doses toxiques
- Adulte : ≥20g
- Enfant : ≥0,1g/kg
 Symptomatologie
- Hyperthermie d’origine centrale (conséquence de l’action découplante de l’acide salicylique
sur les phosphorylations oxydatives) avec hypersudation
- Irritation digestive parfois douloureuse
- Troubles respiratoires
- Troubles de conscience allant du coma vigil, parfois convulsif, au coma profond
- Troubles métaboliques : alcalose respiratoire initiale suivie d’une acidose métabolique
- Déshydratation importante suite à une hypersudation qui entraine une hypotension, une hyper
protidémie, une insuffisance rénale fonctionnelle et une hyperkaliémie.
- Perte urinaire importante des dérivés azotés et d’acides organiques
- Tendance à l’hyperglycémie par baisse d’oxydation du glucose, baisse de synthèse de
glycogène et augmentation de glycogénolyse.
- Hypoglycémie secondaire surtout chez le diabétique de mauvais augure.
- Troubles hématologiques : augmentation du temps de saignement et diminution du temps de
prothrombine
- Troubles neurosensoriels : céphalées, vertiges, hypoacousie, bourdonnement d’oreilles.
.
 Traitement
a) Traitement évacuateur
- Vomissement provoqué
- Lavage gastrique : Il doit être abondant et fait même si l’intoxication est vue tardivement(en
particulier dans les formes retard dont l’absorption est au niveau intestinal).
- Le charbon activé sera administré en fin de lavage.

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- Un purgatif osmotique ou salin sera administré en cas d’absorption de formes « retards »
b) Traitement épurateur (cas graves)
- Alcaliniser les urines (pH 8 et 8,5) au bicarbonate
- L’hémodialyse ou dialyse péritonéale (ceci permet d’éliminer le toxique et de traiter les
troubles métaboliques)
- L’Hémoperfusion.
c) Traitement symptomatique
- Résorber l’acidose métabolique
- Corriger la déshydratation par la perfusion de solutés isotoniques (salins ou glucosés) avec
complément électrolytique (apport de KCl)
- Si dépression respiratoire et de la vigilance, intuber le malade
- Traiter l’hyperthermie (bain froid, enveloppements humides, phénothiazines
- Traiter les convulsions (diazépam)

2. LE PARACETAMOL
Le Paracétamol entre dans la composition de très nombreuses spécialités, utilisées pour leurs effets
analgésiques et antipyrétiques.

La gravité de l’intoxication dépend de l’atteinte hépatique : hépatite cytolytique complète et


irréversible qui implique une surveillance biologique précoce.

 Pharmacocinétique

- L’absorption digestive est rapide (pic plasmatique atteint en 30 à 60 minutes).


- La demi-vie plasmatique est de 2 heures à 2h30
- Le métabolisme est hépatique : en cas de surdosage, il apparait une grande quantité de
métabolite réactif dépassant le mécanisme normal d’inactivation par le glutathion. Il y a alors
risque de cytolyse hépatique. La toxicité hépatique est proportionnelle à la dose ingérée.

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- L’élimination urinaire sous forme de métabolites (95%).

 Doses toxiques
- Adulte : ≥ 10g
- Enfant : ≥ 0,1g/Kg
Il convient de noter que les doses toxiques sont variables selon les sujets. On pourrait remarquer des
lésions hépatites chez certains sujets adultes déjà avec 3g/prise. Cette différence est due à la différence
d’enzymes de conjugaison.

 Symptomatologie

a) Au début
- Aucun symptôme caractéristique, juste des nausées, vomissements et douleurs abdominales.
- Pas de troubles acido-basiques
- Pas d’hyperthermie.
b) 24 heures plus tard
- L’atteinte hépatique est le principal symptôme de l’intoxication parce qu’elle est liée à la
formation du métabolite toxique : N- acétyl - p- benzoquinone imine :
► Augmentation des transaminases ASAT-ALAT en 12 à 24h, avec un maximum au 3 è jour ;
► Hépatomégalie douloureuse

c) Du 3è au 5è jour
► Hépatite cytolytique avec ictère d’intensité variable ;
► Syndrome hémorragique (baisse des facteurs de coagulation : I, V, VII et X)
► Hypoglycémie
► Pancréatite
► Encéphalopathie
► lésions cardiaques
► Troubles rénaux
► Coma pouvant conduire au décès.

69
 Traitement

a) Vomissements, lavage gastrique, charbon activé, purgatif osmotique ou salin


b) Traitement spécifique : Il a pour but d’empêcher l’accumulation du métabolite réactif toxique
en favorisant son inactivation par l’administration d’un précurseur du glutathion, le N-
acétylcystéine.
Il convient de signaler que seul un traitement précoce est efficace. Il doit être commencé avant les
résultats de la paracétamolémie. La poursuite du traitement se décidera en fonction de ces dosages
jusqu’à ce que la paracétamolémie devienne indétectable (200mg/l à la 4è heure : prédiction de la
gravité de l’atteinte hépatique).

c) Traitement symptomatologique destiné à corriger les troubles :


- Glucose en cas d’insuffisance hépatocellulaire
- Rétablir l’équilibre hydroélectrique en cas d’insuffisance rénale.

3. QUININE

 SYMPTOMES D’INTOXICATION:
 Nausées, Vomissements, Diarrhée, Douleurs abdominales
 Vertiges, bourdonnement d’oreilles, voire surdité
 Transpiration
 Eruptions urticariennes
 Troubles visuels dus à une ischémie des vaisseaux rétiniens avec diplopie, voire
cécité. L’examen ophtalmique montre une mydriase avec rétrécissement champ visuel
et fond de l’œil accuse un spasme qui régresse sous effet vasodilatateur.
 Vasodilatation périphérique
 Agitation
 Hypotension marquée
 Hypoglycémie
 Bradypnée pouvant conduire à apnée brutale
 Céphalées intenses pouvant conduire au coma
Troubles du rythme cardiaque et de conduction. L’ECG montre signes arythmies et effets
quinidine-like

 TRAITEMENT:
 EVACUATION TOXIQUE
- Vomissements provoqués
- Lavage gastrique
- Charbon actif et purgatif osmotique ou salin
 EPURATION RENALE:
- Diurèse osmotique neutre
 LUTTE CONTRE TROUBLES OCULAIRES:
- Vasodilatateurs par voie générale ou retro-oculaire
 SURVEILLANCE CARDIO-VASCULAIRE CONTINUE:
- Monitoring
- Traiter insuffisance cardiaque
- Traiter troubles de conduction (Lactate de sodium)

70
- Traiter hypotension
 AUTRE TRAITEMENT SYMPTOMATIQUE:
- Traiter agitation par diazépam
- Traiter troubles respiratoires

4. LA CHLOROQUINE
La chloroquine est un antipaludéen de synthèse utilisé dans la prévention du paludisme et dans le
traitement de certaines maladies de système (polyarthrite rhumatoïdes, lupus érythémateux).

Elle est responsable d’intoxications graves. Le pronostic vital peut être très précocement mis en jeu du
fait des manifestations cardio-vasculaires liées à l’action stabilisante membranaire de la chloroquine. Il
faut toujours craindre la survenue brutale d’un arrêt cardio-respiratoire.

 Pharmacocinétique
- L’absorption digestive est rapide mais fluctuante
- La fixation protéique est de l’ordre de 50%
- La demi-vie plasmatique est de 40 à 70h avec des variations importantes
- L’élimination urinaire est lente, sous forme non métabolisée pour 70% de la quantité ingérée.

 Doses toxiques (proches des doses thérapeutiques)

- Adulte : ≥ 2g (dose létale 5g)


- Enfant : ≥ 0,025g/kg

 Symptomatologie


Vomissements
Troubles neurosensoriels (vertiges, bourdonnements d’oreille, troubles de vision avec
spasme de vaisseaux rétiniens et amaurose (cécité), troubles oculaires
(rétinopathies). Dépôts cornéens réversibles à arrêt traitement. L’examen Fond de
l’œil s’impose.
 Troubles neuropsychiques : céphalées, agitation, délire et coma (profond, calme et
hyperthermique)
 Troubles cutanés: urticaire, prurit
 Hyperexcitabilité, convulsions
 Dépression respiratoire avec cyanose et apnée
 Atteinte rénale avec néphrite, oligurie, parfois anurie
 Troubles cardiovasculaires précoces, importants et durables de type quinidine – like.
Ils surviennent 1 à 3 h après ingestion, peuvent subsister plusieurs jours et peuvent
conduire au collapsus circulatoire et choc.
▪ Hypokaliémie parfois précoce
 Mort peut survenir dans les 2 heures suite à dépression myocardique et paralysie
respiratoire
 TRAITEMENT:
 Vomissements et Lavage d’estomac précoces et charbon activé
 Diurèse osmotique neutre pour tenter augmenter élimination car dialyse n’est pas
efficace du fait de forte liaison aux protéines plasmatiques

71
 Assistance ventilatoire obligatoire et précoce
 Surveillance cardiaque continue
 Correction divers troubles: Adrénaline par IV, corriger l’hypokaliémie
 Injecter DIAZEPAM (antidote) par IV qui antagonise effets chloroquine par
compétition au niveau du récepteur

5. BARBITURIQUES
Ils sont prescrits pour leurs effets anticonvulsivants et hypnotiques. La symptomatologie varie selon le
type de barbituriques, lents (phénobarbital), intermédiaires ou rapides(OptamoxR).

Le pronostic dépend :

- De la profondeur du coma ;
- De l’importance de la dépression respiratoire
- Du type de barbiturique. La gravité est immédiate avec les rapides. La mort survient parfois
avant l’hospitalisation.
 Pharmacocinétique
- Absorption digestive rapide
- Fixation et transport par les protéines plasmatiques (40%)
- Métabolisme hépatique avec induction enzymatique puissante prédominant pour les
barbituriques rapides.
- Elimination rénale sous forme inchangée ou sous forme de métabolites inactifs. L’élimination
rénale est prédominante pour les barbituriques lents et intermédiaires.
- Demi-vie est variable selon le type de barbiturique :
► Barbituriques lents : 96± 12 heures chez l’adulte
► Barbituriques rapides : 4 à 6 heures
► Barbituriques intermédiaires : 8 à 10 heures.

 Doses toxiques
Elles sont variables selon les produits. En moyenne :

- 0,50g chez l’adulte


- 0,02g/kg chez l’enfant
 Symptomatologie

 EFFETS GENERAUX:
 Sédation
 Anesthésie
 Dépression cardiorespiratoire

 SYMPTOMES D’INTOXICATION:
 Troubles de conscience:
• Coma de profondeur variable
 Troubles respiratoires:
• Par action directe sur centre respiratoire (dépression) amenant
hypoventilation et apnée avec possibilité décès rapide
• Par paralysie du carrefour aéro-digestif
• Par suite de motilité trachéo-bronchique
• Par suite de toux

72
• Par syndrome de Mendelson
 Troubles circulatoires:
• Par dépression directe centre vasomoteur
• Par dépression myocardique directe
• Par anoxie prolongée
• Par arrêts cardiaques récupérés
D’où collapsus avec état de choc de pronostic réservé

 Hypothermie
- Surtout avec les barbituriques rapides
- Causée par dérèglements de thermogénèse
- A combattre progressivement pour éviter vasodilatation brutale et insuffisance circulatoire
 Troubles rénaux:
- Pas d’attaque rénale directe
- Insuffisance rénale secondaire à déshydratation et état de choc
D’où élimination barbituriques par voie extra-rénale nécessairement

 TRAITEMENT:
 Evacuation du toxique:
- Lavage gastrique sous intubation (précoce dans les 2 premières heures de l’intox avec les
barbituriques rapides. Il devra être fait même tardivement en cas d’intox au Phénobarbital
(ralentissement du transit intestinal) et sera suivi de l’administration de charbon activé.
- Epuration rénale si rein non encore atteint (Diurèse osmotique alcaline) donne de très bon
résultats
- Dialyse, Hémodialyse ou Hémoperfusion
 Traitement symptomatique:( assurer le maintien des fonctions vitales et la prévention
des complications jusqu’à l’élimination des toxiques)
- Traiter le coma (Intubation+ Ventilation+ Aspiration régulière)
- Corriger l’hypotension (Sympathicomimétiques, Expansion volumique)
- Soutenir le cœur (Dopamine ou, s’il le faut, Digitaliques)
Il convient de noter ce qui suit :

- Le lavage gastrique doit entre précoce dans les premières heures de l’intoxication avec les
barbituriques rapides. Il devra être fait même tardivement en cas d’intoxication au
Phénobarbital (ralentissement du transit intestinal) et sera suivi de l’administration de charbon
activé.
- La diurèse osmotique alcaline est indiquée dans les intoxications par les barbituriques
intermédiaires et lents.
- L’hémodialyse et l’Hémoperfusion sont réalisables car les barbituriques sont dialysable et se
fixent sur le charbon activé.
- La dialyse péritonéale semble être utilisée dans les intoxications par les barbituriques lents
chaque fois que le taux plasmatique (barbitémie) dépasse 150mg/l.
- Le traitement symptomatique doit être poursuivi jusqu’à l’élimination des toxiques.

6. BENZODIAZEPINES

73
Elles sont prescrites pour leurs actions anxiolytiques, sédatives, hypnotiques, anti convulsivantes et
myorelaxantes.

Les intoxications sont très fréquentes, souvent bien tolérés. Les benzodiazépines sont les moins
toxiques de tous les sédatifs.

 Pharmacocinétique
- L’absorption est rapide donnant une symptomatologie précoce.
- La fixation protéique est importante
- Le métabolisme hépatique s’accompagne dans un premier temps d’une activation ou d’une
activité conservée des produits ingérés. Après inactivation secondaire, les métabolites sont
éliminés par le rein.
- Les demi-vies varient selon les produits :
► Benzodiazépines d’action courte : 3 à 8 heures (HalcionR)

► Benzodiazépines d’action moyenne : 12 à 30 heures (LexomilR, SerestaR, XanaxR, TemestaR)

► Benzodiazépines d’action longue : 55 à 77 heures (Librium R, Mogadon, Valium, RoypnolR,


TranxeneR, UrbanylR)

 Doses toxiques
En moyenne : 0,100 à 0,500g chez l’adulte et 0,001 à 0,005g chez l’enfant.

Ces doses sont beaucoup plus faibles pour certaines benzodiazépines soit 0,005g chez l’adulte (pour
HalcionR).

Il convient de signaler que les benzodiazépines absorbées seules ne conduisent presque pas à la mort.
L’intoxication n’est grave que dans les cas d’association surtout avec l’alcool. Sur ce, il faut noter que
la benzodiazépine la plus dangereuse avec l’alcool est le Flunitrazepam (Rohypnol R).

 Symptomatologie
Elle est d’autant plus grave que le délai d’action est court, l’action hypnotique forte et le patient est
trop âgé.

- Troubles de conscience (somnolence, parfois coma calme et hypotonique)


- Dépression ventilatoire surtout avec les benzodiazépines d’action rapide.
- Troubles cardio-vasculaires : hypotension artérielle et exceptionnellement bradycardie
sinusale(Rohypnol) et hyperexcitabilité sinusale.

 Traitement

- Vomissements provoqués et lavage gastrique suivi de l’administration du charbon activé à la


fin
- Diurèse osmotique neutre pour l’épuration rénale et correction concomitante de l’hypertension
par inflation volumique.
- Intubation et assistance respiratoire, surtout chez les comateux.
- Traitement spécifique : Flumazénil (AnexateR)
Administrer par IV, en 15 secondes, une dose initiale de 0,3mg (0,3ml de solution aqueuse prête à
l’emploi), réinjecter 0,3mg, puis des doses de 0,2mg jusqu’à une posologie totale de 2mg en quatre
minutes.

74
7. PHENOTHIAZINES

Elles sont utilisées pour leurs effets neuroleptiques (N), sédatifs (S), antihistaminiques (H) et
antiparkinsoniens (P).

La gravité dépend de l’importance des troubles neurologiques, respiratoires et cardio-vasculaires.

 Pharmacocinétique

- L’absorption digestive est rapide


- Le métabolisme hépatique produit des métabolites actifs puis inactifs qui sont éliminés par
voie rénale et/ou par voie biliaire.
- La fixation protéique est variable de 30% (ThéralèneR) à 90% (MellerilR, PhenerganR)
- La demi-vie est également très différente selon les phénothiazines :
► 3 à 4h pour ThéralèneR
► 7h pour PhenerganR
► 10h pour MellerilR
► 30h pour NozinanR

 Doses toxiques
Très variables, de 0,1g pour Théralène à 5g pour Moditen R chez l’adulte. Les doses toxiques moyennes
dont de 0,5g chez l’adulte et de 0,01 chez l’enfant.

 Symptomatologie et traitement

▪ Atteinte système nerveux central


• Hypothermie
•Hypertonie extrapyramidale
•Etat confusionnel
• Coma (profond, hypotonique) (dans 86 % des cas)
▪ Troubles circulatoires

75
•Hypotension avec pression veineuse basse
•Insuffisance circulatoire prolongée due à:
* Anoxie par troubles ventilatoires
* Arrêt cardiaque récupéré
* Embolie pulmonaire (rare)
▪ Troubles respiratoires
•Dépression directe centre respiratoire (Apnée)
•Paralysie motricité trachéo-bronchique
•Encombrement respiratoire avec parfois syndrome de Mendelson

AUTRES SIGNES:
- hypothermie (favorisée par vasoplégie et actions métaboliques des phénothiazines)
- Mydriase, tachycardie, sécheresse de la bouche (effets anti cholinergiques)

 TRAITEMENT:

- Le lavage gastrique est obligatoire. Il doit être poursuivi jusqu’à la négation des réactions
toxicologiques.
- Le traitement symptomatique consiste au :
► Maintien des fonctions ventilatoires avec intubation et ventilation contrôlée en cas de
coma.
► contrôle de l’hypotension par remplissage vasculaire par des solutés macromoléculaires
► réchauffement progressif de l’hypothermie se fait le plus souvent par voie externe.

8. ANTIDEPRESSEURS TRICYCLIQUES

C’est une intoxication grave et fréquente dont le pronostic dépend de l’importance des troubles cardio-
vasculaires. Les tricycliques sont prescrits pour leurs effets antidépresseurs (interférence avec le
recaptage et le turn-over de la noradrénaline et de la sérotonine). Ils possèdent des propriétés anti
cholinergiques centrales et périphériques.

 Pharmacocinétique
- L’absorption digestive est rapide
- La fixation protéique importante

76
- Le métabolisme hépatique aboutit lors du premier passage à la formation de métabolites actifs
puis à une inactivation secondaire
- Après un cycle entérohépatique, l’élimination se fait par les urines.
- La demi-vie plasmatique est en moyenne de 20 heures.

 Doses toxiques
Elle est en moyenne de ≥ 0,5g chez l’adulte et ≥ 0,005g chez l’enfant.

Le pronostic vital est mis en jeu pour des doses ≥ 2g chez l’adulte et ≥ 0,010g chez l’enfant.

 Symptomatologie
L’intoxication se manifeste par des troubles neurologiques, un syndrome anti cholinergique et des
manifestations cardio-vasculaires qui conditionnent le pronostic.

 Coma hypertonique souvent convulsif avec parfois mydriase bilatérale et acidose métabolique
 Dépression respiratoire avec tendance à l’apnée brutale
 Agitation et délire avant et même après survenue coma
 Irritabilité neuro – musculaire et état de mal convulsif
 Hyperthermie
 rétention d’urine - Constipation
 Paralysie intestinale vésicale
 Nombreuses manifestations cardiaques :
 Troubles de conduction auriculo-ventriculaire mais surtout intra-ventriculaire
 Arythmies cardiaques
 Troubles de repolarisation
 Chute de tension artérielle
 Insuffisance cardiaque aiguë
 Arrêt cardiaque
N.B: En cas d’intox massive, l’imprégnation myocardique s’accompagne d’une dépression de la
contractilité myocardique avec risque d’une asystolie précoce et brutale.

 Traitement

Il est très difficile à mettre en œuvre, surtout la lutte contre troubles cardiaques
 Lavage gastrique sous intubation trachéale est impératif (effectué même
tardivement: ralentissement de l’évacuation gastrique d’origine atropinique).
Il doit être abondant et poursuivi jusqu’à la négation des réactions
toxicologiques effectués sur le liquide de lavage.
 Charbon activé (s’oppose au cycle entero-hépatique)
 Emploi anti-arythmiques les moins dépresseurs possibles
• Phénytoïne
• Lidocaïne
• Propranolol
 Eviter produits ci-après:
• Quinidine
• Procaïnamide
• Vérapamil
 Lutter contre effets atropiniques surtout arythmies sinusales

77
• Physostigmine IV à faible dose
 Mesure continue du pH et gaz du sang artériel pour prévenir hypoxie et
acidose métabolique, facteurs disposant aux arythmies. Ainsi, il faut corriger
l’acidose métabolique
• Perfusion HCO3-
• Intuber le malade
 Combattre chute tensionnelle
 Surveiller apparition blocs ventriculaires pouvant intervenir à tout moment.
 Lutte contre l’hyperthermie par bains froids
 Lutte contre convulsions
Epuration extra-rénale
Il convient de noter que :

- Le lavage gastrique est impératif. Il doit être toujours effectué même tardivement
(ralentissement de l’évacuation gastrique d’origine atropinique). Il doit être abondant et
poursuivi jusqu’à la négation des réactions toxicologiques effectuées sur le liquide de lavage.
- La surveillance doit être attentive car des convulsions et l’arrêt cardio-respiratoire peuvent
survenir inopinément. Ainsi, il faut élargir les indications d’intubation avant le lavage.

9. DIGITALIQUES
C’est une intoxication grave. La gravité de l’intoxication est liée aux effets des digitaliques sur la
fonction myocardique. Les actions Inotrope et bathmotrope positives, dromotrope et chronotrope
négatives, entrainent en cas de surdosage des troubles de l’automatisme et de la conduction cardiaque.

Pharmacocinétique

- Digitoxine
 Absorption digestive rapide et complète
 Fixation protéique élevée de l’ordre de 90%
 Demi-vie plasmatique de 4 à 7 jours (pronostic vital réservé et surveillance continue pendant
cette période).
 Métabolisme hépatique (induction microsomiale hépatique), avec cycle entérohépatique.
 Elimination urinaire sous forme de métabolites (85%)

- Digoxine
 Absorption digestive de l’ordre de 70 à 80%
 Fixation protéique faible (20%) qui explique la rapidité d’action
 Demi-vie plasmatique 1 jour et demi.
 Métabolisme hépatique faible (10%)
 Elimination rénale sous forme active. L’insuffisance est un facteur aggravant.
Il convient de noter que dans tous les cas, la fixation myocardique est importante.

Doses toxiques

La marge de sécurité est faible entre la dose toxique qui chez l’adulte se situe entre 0,002 et 0,005g et
la dose létale de 0,04g.

Symptomatologies

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Les troubles cardiaques caractérisent l’intoxication et en font toute la gravité, ils sont associés à des
troubles digestifs et neurosensoriels.

- Troubles cardiaques :
 Bradycardie
 Bloc auriculo-ventriculaire
 Fibrillation ventriculaire
- Troubles digestifs :
 Nausées, vomissements(les plus fréquents)
 Diarrhée
 Douleurs abdominales
- Troubles neurosensoriels (souvent plus tardifs que les signes digestifs) :
 Somnolence
 Agitation, hallucinations, parfois délire confusionnel
 Céphalées, myalgies, asthénie.
- Troubles visuels : flou visuel
Il convient de signaler que l’atteinte rénale fonctionnelle survient dans 60 à 70% des cas, favorisée par
les troubles hémodynamiques et les déséquilibres hydro électrolytiques produits par les pertes
digestives.

Traitement

Le traitement, qu’il soit évacuateur ou symptomatique, ne doit être entrepris et poursuivi qu’en
respectant certains impératifs :

- Surveillance électro cardiographique et electrocardioscopique continues ;


- Correction et surveillance des anomalies hydro électrolytiques (il faut maintenir une kaliémie
normale).
- L’alitement strict sera maintenu pendant 8 à 10 jours.
a) Traitement évacuateur
- Le lavage gastrique doit être précoce en cas de prise de comprimés.
- Le charbon activé a été efficace dans quelques cas :
 Dose de charge 50g
 Administration de 25g toutes les 4 à 6 heures.

b) Traitement symptomatique
Traitement des troubles cardio-vasculaires.

c) Traitement spécifique
Il repose sur l’utilisation de fragments FAB d’anticorps spécifiques (délivrés par certains centres anti-
poisons).

10. CARBAMATES

Les carbamates sont prescrits pour leurs propriétés sédatives et anxiolytiques. L’intoxication est
fréquente. Elle peut être grave du fait de l’atteinte cardio-vasculaire.

Pharmacocinétique

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- L’absorption digestion est variable, parfois prolongée du fait de la formation de conglomérats
intra gastriques.
- La fixation protéique est de l’ordre de 20%
- La demi-vie est de 6 à 16 heures
- Le métabolisme est hépatique
- L’élimination des métabolites est rénale avec une faible élimination dans les fèces (<10%).
Doses toxiques

≥ 4g chez l’adulte

≥ 0,005g/kg chez l’enfant

Symptomatologie

- Coma calme, hypotonique souvent profond. L’évolution peut se faire vers une phase de réveil
brève suivie de la réapparition du coma. Cette évolution est la conséquence de l’absorption
gastrique irrégulière et retardée. (Il existe une relation entre les taux sanguins et la profondeur
du coma).
- Mydriase
- Hypothermie
- Collapsus fréquents et graves (vasoplégie très importante et action inotrope négative)
- Voire l’insuffisance circulatoire aigue d’installation brutale.
Traitement

- Le lavage gastrique : il doit être impératif, toujours être fait même tardivement, être abondant
(10 litres à 40 litres) et doit être poursuivi jusqu’à disparition du toxique dans le liquide de
lavage.
Il doit éventuellement être renouvelé en cas de ré approfondissement du coma faisant suite à une phase
d’éveil.

- Hémodialyse et Hémoperfusion car le méprobamate est dialysable.


- Traitement symptomatique
Il convient de noter que l’intoxication par le méprobamate peut être responsable d’une détresse cardio-
vasculaire précoce qui nécessite une réanimation immédiate.

80
81
Toxicité de l’éthanol

a. symptomatologie en cas d’intoxication alcoolique aigue :

- en cas d’ivresse :
 odeur caractéristique de l’haleine
 au niveau du SNC :
 selon les individus, on peut avoir la gaieté, l’euphorie, la loquacité, baisse de self control,
irritabilité.
 Incohérence des propos, vertige, vomissement, titubation, baisse de l’acuité visuelle.
 Sommeil voir coma.

Il convient de noter que :

 Durant la première et la deuxième phase, alcool peut provoquer une hypoglycémie.


 A partir de 3 g/l d’alcoolémie survient la mort.

- Dépression myocardique
- Lésions histologiques dues à l’acétaldéhyde

Comme on le voit, le métabolisme de l’éthanol s’accomplit en trois étapes successives : l’oxydation de


l’éthanol en acétaldéhyde, l’oxydation de l’acétaldéhyde en acide acétique (présent sous forme
d’acétylcoenzyme A) et la dégradation de l’acétyl coenzyme A dans le cycle de krebs avec formation
lente d’eau et de gaz carbonique ou synthèse de cholestérol et d’acides gras.

Il convient de signaler que l’oxydation de l’éthanol en acétaldéhyde peut se réaliser sous l’action de
trois systèmes différents : l’alcool déshydrogénase, les enzymes microsomiales et le système xanthine
oxydase catalase. Le premier et plus important est l’alcool déshydrogénase ou ADH qui oxyde environ

82
80% de l’éthanol ingéré et qui utilise le NAD comme cofacteur. L’ADH est une enzyme qui est
localisée dans le cytoplasme de la cellule hépatique. Elle existe sous forme de plusieurs isoenzymes
douées d’activités variables vis-à-vis de l’oxydation de l’éthanol ce qui explique, dans certaine
mesure, les variations individuelles de la tolérance à l’alcool. Elle n’est pas inductible, c’est à dire que
son activité n’est pas influencée par la quantité d’éthanol ingérée mais elle sert également à
l’oxydation d’autres alcools. Néanmoins, elle possède une affinité plus grande pour l’éthanol. Cette
propriété permet son utilisation comme antidote dans les intoxications aiguës par d’autres alcools dont
les métabolites sont plus dangereux que ceux de l’éthanol, tel que le méthanol.

L’oxydation de l’acétaldéhyde en acide acétique est sous la dépendance de l’enzyme acétaldéhyde


déshydrogénase. Cette enzyme oxyde tout substrat à fonction aldéhydique ; d’où la possibilité des
réactions de compétition entre l’acétaldéhyde et d’autres aldéhydes au niveau des sites actifs.
Certaines substances peuvent inhiber cette enzyme et provoquer, en de consommation concomitante
de l’éthanol, l’accumulation d’acétaldéhyde. Celle – ci se traduit par la rougeur de la face et des mains,
l’hypotension et l’accélération cardiaque. Ce phénomène est connu sous l’appellation « effet
antabuse » du fait qu’il a été découvert à la suite de l’administration d’antabuse qui est un des produits
capables de réaliser cette inhibition.

NB : en cas d’intoxication grave, il y a hypothermie, irritation gastro-intestinale.

b) Intoxication chronique

 LE FOIE:
 Augmentation rapport NADH/NAD+ avec comme conséquences:
 Perturbation métabolisme glucides: hypoglycémie, baisse de néoglucogenèse, cétogenèse
 Inhibition β-oxydation acides gras: stéatose
 Attaque hépatocytes par acétaldéhyde : baisse de glutathion
 Induction du CYP2E1par éthanol: production des radicaux libres (hépatopathie par
lipoperoxydation) et activation xénobiotiques Hépato toxiques et carcinogènes (hépato
toxicité et cancers)
 Hépatite alcoolique (Insuffisance hépatique),
 Cirrhose
 Aggravation infections virales chroniques (Hépatite B et C)

Conclusion:

Alcoolisation détermine au niveau foie la stéatose, l’hépatite, l’hypoxie, la nécrose, la fibrose, la


cirrhose. Les facteurs étiologiques importants semblent être: les produits du métabolisme d’éthanol
(acétaldéhyde et NADH), radicaux libres dérivés de l’oxygène induits par CYP2E1, la diminution de
défense antioxydante (peroxyde dismutase, glutathion peroxydase, Vitamine E et glutathion),
l’alimentation riche en acides gras et en fer, la libération de cytokines (inflammation, apoptose,
nécrose, fibrose) par cellules de Kupffer par endotoxinémie du foie.

 TUBE DIGESTIF
 Pancréatite et gastrite parfois hémorragique …anémie
 Œsophagite et anorexie
 Altération muqueuse intestinale avec diarrhée, perte poids, déficit résorption des vitamines du
groupe B

83
 SYSTÈME NERVEUX CENTRAL
 Dépendance psychique et physique
 Syndrome de sevrage: malaise, hyperexcitabilité, psychose toxique, delirium tremens
 Polynévrite alcoolique, troubles moteurs, intellectuels et de mémoire, Instabilité émotionnelle
 Troubles de jugement et amnésie

 SANG
 Anémie macrocytaire par déficit en acide folique, anémie ferriprive par hémorragie digestive.
 Anémie hémolytique avec hypolipidémie,
 Baisse plaquettes et globules rouges

 YEUX
 Troubles visuels: atteinte nerf optique

 SYSTEME CARDIOVASCULAIRE
 atteinte cardiaque par diminution de Vit B1 et attaque directe de l’acétaldéhyde

 SYSTÈME ENDOCRINIEN
 Gynécomastie
 Atrophie testiculaire

 FŒTUS
 Effets tératogènes et anomalies « Syndrome fœtal alcoolique »: Retard croissance,
microcéphalie, faible coordination des mouvements et mauvais développement de face qui
apparaît comme aplatie

 CANCERS
Contrairement au tabac, l’alcool n’est pas un produit cancérigène. Il produit pourtant des cancers par
induction du métabolisme des initiateurs tels le 3,4-benzopyrène, les nitrosamines, etc.

Les cancers les plus courants: bouche, œsophage, pharynx, larynx, foie.

Conséquences nutritionnelles de l’éthanol

La pathologie nutritionnelle induite par l’éthanol est fonction des conditions nutritionnelles associées à
sa consommation. Lorsque les apports caloriques et protidiques sont suffisants, l’éthanol entraîne une
pathologie de surcharge : hyperglyciridémie, obésité, diabète, stéatose hépatique (qui évolue vers la
cirrhose hépatique), diminution de la tolérance glucidique… Lorsque par contre ces apports sont
insuffisants, l’éthanol entraîne une pathologie carentielle en protéines, en acide folique et vitamines,
en oligo-éléments (principalement le Zinc) et en éléments minéraux (principalement le magnésium et
surtout le phosphore).

La principale cause de cette pathologie est l’implication du NAD+ dans le métabolisme de l’éthanol.
Réduit au cours de la réaction, ce dernier devient indisponible pour l’ensemble des réactions
biochimiques dans lesquelles il est censé intervenir sous forme oxydée. Ceci entraîne diverses
conséquences dont principalement :

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- Diminution de l’utilisation hépatique du lactate du fait que sa conversion en pyruvate
requiert du NAD+. Le lactate est alors éliminé par le rein causant une réduction de
l’élimination de l’acide urique et une hyperuricémie secondaire.
- Augmentation de l’ -glycérophosphate suite à l’augmentation du NADH+ et accumulation
de triglycérides hépatiques et de cholestérol.
- Accroissement de la synthèse des acides gras et diminution de leur oxydation et réduction
de la néoglucogenèse suite à l’inhibition du cycle de Krebs consécutive à cette même
augmentation du NADH+. Cette réduction de la néoglucogenèse est estimée être une des
causes du coma hypoglycémique qui peut survenir chez l’alcoolique.

Une deuxième cause de la pathologie nutritionnelle induite par l’éthanol provient du fait que
l’oxydation de l’éthanol libère des calories (1g en libère 7 Kcal). Celles-ci ne sont pas utilisables pour
le travail musculaire mais elles n’en ont pas moins comme entre effets, de diminuer l’appétit chez le
consommateur et entraîner ainsi sa dénutrition par diminution de l’apport alimentaire.

La troisième cause n’est perceptible pratiquement que chez les alcooliques chroniques. Chez ces
derniers en effet, l’oxydation de l’éthanol s’opère en plus par le système xanthine-oxydase-catalase.
L’oxydation par cette voie fait intervenir de l’eau oxygénée. L’organisme se procure malheureusement
cette eau oxygène au détriment des bases xanthiques (conversion de l’hypo xanthine en xanthine), du
glutathion ou de la cystéine (oxydation de leurs groupements thiols), ce qui a comme conséquence
l’aggravation de la dénutrition protéique chez l’alcoolique.

Enfin, l’éthanol est un inhibiteur de la résorption intestinale des vitamines du groupe B


(principalement la thiamine) et des folates. Ceci entraîne :

- Des troubles neurologiques (polynévrites), psychiques (états dépressifs), de la mémoire, et


parfois de l’insuffisance cardiaque, en ce qui concerne l’inhibition de la résorption
intestinale des vitamines B.
- De l’anémie macrocytaire, en ce qui concerne l’inhibition de la résorption intestinale des
folates.

Il convient de noter en passant qu’un régime carencé en protéines diminue l’activité de l’ADH.

En conclusion nous disons que l’alcool n’est effectivement pas un aliment. Les calories que produit sa
combustion ne servent pas au travail mécanique des muscles mais plutôt à la production de
triglycérides. Ces derniers peuvent s’accumuler au niveau du foie et entraîner une stéatose hépatique,
stade initial de la combien redoutable cirrhose hépatique ou au niveau du tissu adipeux et favoriser
l’obésité. Lorsque l’ingestion d’alcool atteint 50% de la ration calorique, ce sont plutôt les symptômes
de carence qui prédominent. Ces symptômes sont consécutifs à une dénutrition dont le mécanisme
physiopathologique complexe est intimement lié au métabolisme de l’éthanol.

Non seulement l’éthanol n’est pas un aliment, mais c’est en plus un facteur antinutritionnel. En effet, il
inhibe la résorption intestinale des vitamines du groupe B et des folates ; ce qui entraîne bien des
désagréments à l’organisme.

Aussi, l’alcool ne doit-il pas être considéré comme une source d’énergie. Sa consommation doit dès
lors être limité au maximum tolérable par l’organisme dans une alimentation équilibrée : ½ litre de vin
ou 1 litre de bière par jour, consommées de manière échelonnée. Il convient de savoir que même à ces
taux, on augmente la probabilité d’attraper certaines maladies, notamment le cancer de l’œsophage.

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TRAITEMENT

 TRAITEMENT DE L’INTOXICATION AIGUE:

 Intubation et assistance ventilatoire pour prévenir la dépression respiratoire et


l’inhalation du liquide gastrique

 Soutenir la dépression cardiaque

 Combattre l’hypoxie, l’acidose et les autres troubles

 TRAITEMENT INTOXICATION CHRONIQUE:

 Rechercher et soigner les troubles qui se présentent en commençant par ceux


hépatiques.

A ce propos, il convient de noter que l’alcool rend le paracétamol plus toxique. En effet, l’éthanol et le
paracétamol sont tous les deux métabolisés par le système MEOS par le CYP2E1 inductible par
l’alcool. La production du métabolite du paracétamol toxique pour le foie est augmentée et ainsi des
doses de ce médicament à peine supérieures à la dose normale provoquent une hépatite grave chez les
alcooliques chroniques.

 Il est impérieux d’arrêter la consommation d’alcool pour rétablir le rapport normal


NADH/NAD qui est à la base des troubles hépatiques

 Les maladies du foie d’origine alcoolique (stéatose, hépatite, cirrhose) ne sont pas
toujours faciles à diagnostiquer ; d’où l’ignorance de leur prévalence réelle et la
difficulté de les prendre correctement en charge.

 Les maladies hépatiques dues à l’alcool sont des maladies graves. Leur prise en
charge est peu médicamenteuse. Il faut l’abstinence, le repos et la transplantation.

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ANTABUSE OU DISULFIRAM (EFFET ANTABUSE)

 L’antabuse ou disulfirame est un composé soufré

 Administré seul, il est bien toléré par l’organisme humain

 Il ne manifeste des effets toxiques que lorsqu’il est administré en présence d’alcool.

 Dans ce cas, il inhibe l’enzyme Aldéhyde déshydrogénase qui inhibe l’action au


niveau hépatique, bloquant ainsi le métabolisme de l’éthanol au niveau de
l’acétaldéhyde (toxicité ++) et provoque de ce fait une accumulation d’acétaldéhyde
qui provoque l’intoxication dans les 5 minutes (L’acétaldéhyde agit alors comme un
bêta-mimétique).

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 SYMPTOMES D’INTOXICATION

 Nausées et vomissements
 Vasodilatation de la face
 Céphalées
 Vasodilatation généralisée par hypotension orthostatique; collapsus, vertige et
tachycardie
 Hyperthermie cutanée
 Transpiration et soif intense
 Douleur thoracique
 Troubles visuels
 Confusion
 Hypoglycémie

 TRAITEMENT

 Evacuation toxique
• Vomissements provoqués
• Lavage gastrique sous intubation
▪ Traitement symptomatique

III.2. INTOXICATIONS PAR PRODUITS INDUSTRIELS

SOLVANTS: Méthanol, Benzène, Trichloro-éthylène, Chloroforme, Toluène, Tétrachlorure de


carbone, Pétrole, Essence, White spirit, mazout.

1. METHANOL, ESPRIT DE BOIS OU ALCOOL A BRULER

 Liquide incolore, volatil, inflammable, solvant de colorants, graisses, résines, et matières


plastiques

 Métabolisé par ADH en formaldéhyde ou formol, acide formique et formiates

 Formol se fixe sur groupement aminé protéines et se comporte comme inhibiteur


enzymatique, l’acide formique inhibe cytochrome oxydase et donne « découplage
phosphorylation oxydative » avec accumulation acides organiques et acidose

 Suite à inhibition enzymatique, l’acide formique n’est plus métabolisé en CO 2 et les formiates
s’accumulent attaquent les nerfs optiques et donnent la cécité.

 Symptômes:

 Ière Phase: Ebriété, vertige, céphalées, Troubles digestifs : vomissement, douleurs


abdominales

 IIème Phase: Agitation, ivresse, convulsions, coma profond et prolongé, défaillance


respiratoire, hypotension, acidose métabolique, atteinte oculaire irréversible (mydriase
bilatérale, lésion rétine et nerf optique: cécité), hyperglycémie, protéinurie, glycosurie.

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 TRAITEMENT

1. Empêcher formation métabolites toxiques par perfusion de l’éthanol

2. Dialyse ou hémodialyse si la concentration en Méthanol est > 50 mg% ou en cas d’œdème


rétinien même discret

3. Lutter contre acidose métabolique: Bicarbonate Na + KCl

Il convient toujours de contrôler le pH, l’ionogramme et l’état cardiovasculaire

2. PETROLE

 GENERALITES

 Intoxication similaire à l’Essence, au Mazout et au White spirit


 Survient souvent chez enfant avec danger de mort pour 10 ml alors que adultes
supportent jusqu’à 250 ml
 Dépresseur SNC dont il lèse cellules en se dissolvant dans lipides cellulaires
 Provoque également atteinte pulmonaire (OAP ou Pneumonie)
 Inhalation vapeurs pétrole, surtout essence et mazout donne intoxication semblable à
celle de l’alcool avec ébriété, céphalées, nausées, irritation œsophagienne et
gastrique, vomissements, diarrhée prolongée, confusion aiguë, sensation de brûlure
dans thorax
 Si vapeurs inhalées renferment hydrocarbures aliphatiques (propane, butane, pentane,
hexane, heptane, octane) on note en plus état de stupeur et coma profond
 Si les vapeurs renferment les hydrocarbures aromatiques (benzène, toluène,
naphtalène) : coma s’accompagne de tremblement, convulsions et excitation
musculaire; mort survient suite à dépression respiratoire

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 On peut avoir atteinte hépatique dus à produits nitrés (nitrobenzène, toluène,
dinitrocrésol, aniline) et halogénés (chlorure de méthyle, tétrachlorure de carbone qui
y sont dissouts. Non causée par pétrole lui-même.

 TRAITEMENT

Le problème le plus important qu’entraine le pétrole est l’œdème des poumons. Ensuite, selon la
composition du pétrole et sa voie d’administration, d’autres méfaits peuvent survenir tels que l’atteinte
nerveuse, l’atteinte hépatique, l’atteinte rénale… Par ailleurs, les hydrocarbures peuvent exercer une
attaque directe du myocarde.

 Prévenir le syndrome de Mendelson et accélérer l’élimination du pétrole: intubation


endotrachéale et ventilation assistée et position de sécurité la tête en bas
(vomissements spontanés)
 Lavage gastrique sous intubation ou mieux, aspiration gastrique en lieu et place du
lavage gastrique
 Donner le charbon activé
 Observation hospitalière obligatoire afin de rechercher et soigner tous les signes de
détresse et de danger
 Oxygéner le patient s’il le faut
 Pas de corticoïdes
 Antibiothérapie préventive afin de prévenir la surinfection des poumons mais ne le
faire que lorsque tous les signes de danger ont été contrôlés.
 Traiter convulsions et lutter contre hypotension et collapsus
 Pas donner sympathomimétiques car hydrocarbures sensibilisent le myocarde aux
catécholamines et il peut y’avoir risque de fibrillation.

III.3. METAUX LOURDS

 Toxique ubiquitaires cumulatifs, passent dans chaîne alimentaire


 Tous caustiques et agissent par liaison aux enzymes à fonction thiol (SH)
 As métal est atoxique, Hg métal est volatil de même composés organiques de tous les
métaux (intoxications professionnelles)
 Distribution dans tous les organes, les composés organiques traversent barrière hémato-
encéphalique, présents dans selles, dents, squelette et phanères
 Troubles digestifs: Nausées, vomissements, Douleurs abdominales, Brûlures du tube digestif,
diarrhée sanguinolente, constipation, goût métallique dans bouche, liséré gingival de Burton
pour Pb
 Troubles hépatiques: hépatite cytolytique
 Troubles rénaux: néphrite surtout pour Hg
 Troubles du SNC: Insomnie, lassitude, excitabilité, tremblements, coma, délire, convulsions
 Troubles hématologiques: Hémolyse massive pour l’Arsenic, Perturbation biosynthèse de
l’hémoglobine pour le Plomb par blocage enzymes convertissant les porphyrines en
Hémoglobine (acide delta-aminolévulinique déshydratase, Hème synthétase ou Ferrochélatase,
Coprophyrinogène décarboxylase).

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 Encéphalopathie pour les sels organiques: encéphalopathie saturnine
 Troubles respiratoires pour vapeurs (inhalation)
 Troubles neuromusculaires surtout pour Hg: Incoordination motrice Troubles cutanés: dépôt
métallique sur la peau (peau de léopard)

 TRAITEMENT

 Lavage gastrique sous intubation sans charbon car inefficace!!!


 Lutter contre déshydratation et choc
 Lutter contre OAP (Intubation + respiration assistée + antibiotiques si nécessaire)
 Lutter contre œdème cérébral (Mannitol + Dexaméthasone)
 Lutter contre corrosion digestive (pansements)
 Donner antidotes: BAL, D-pénicillamine, EDTA-Ca,

III.4. PRODUITS MENAGERS

4.1. DETERGENTS

a) Ioniques (savon ordinaire): symptomatologie bénigne avec diarrhée, vomissements


mais danger de mousse (pas de vomis ni lavage gastrique)

b) Non ioniques (savons liquides pour vaisselle): seul danger mousse (charbon activé et
aspiration gastrique)

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c) Cationiques (détergents médicaux et shampoings): Danger possible car interfèrent
avec fonctions cellulaires et entrainent Nausées, vomissements, Hypotension, état de
choc, Coma convulsif et mort par apnée.

d) Il faut lavage gastrique sous intubation avec solution de savon ordinaire qui inactive
cationiques, charbon actif et traiter symptômes (coma,…)

4.2. ACIDES ET BASES

 Effets corrosifs cutanés, tube digestif (nécrose et hémorragie digestive parfois


perforation et péritonite, douleur abdominale vive, vomissements et diarrhée
sanguinolente), œsophage, muqueuses et poumons (vapeurs)
 Acides donnent brûlures plus superficielles et plus étendues, les bases donnent
brûlures plus limitées mais plus profondes suite formation de savon avec graisse de la
peau (rétrécissement œsophagien et pylorique,
 Au niveau général: état de choc par hypo volémie, anémie
 Si pas corrosion œsophage, lavage gastrique sous intubation; si corrosion, aspiration
(canule spéciale), diluer avec eau ou lait, Réhydrater, Antibiotiques et corticoïdes pour
prévenir adhérences. Si nécessaire Trachéotomie. Laver peau et yeux à grande eau.
Pansements gastriques.

4.3. ANTIROUILLES

 Produits très toxiques à base d’oxalates et fluorures caustiques et Hypocalcémiants.


 Lésions caustiques sur peau, muqueuses, yeux, tube digestif avec diarrhée,
perforation, perte électrolytes et sang
 Hypocalcémie par extraction ions calcium avec convulsions tétaniformes et apnée
 Calculs rénaux d’oxalate de Ca: tubulopathie et anurie
 Inhibition nombreux enzymes par fluorure
 Lavage peau et yeux à grande eau, collyre et injection S/C de calcium, Aspiration
gastrique, pansements gastriques, réhydraté abondamment, Donner antidote
Gluconate de calcium et antibiotiques préventifs.

4.4. PRODUITS DE NETTOYAGE FOURS, WC ET DEBOUCHEURS

 Ce sont des caustiques basiques et acides (NH4OH, NaOH, KMnO4, Eau Javel)
 Voir acides et bases

4.5. CIRAGES

 C’est de la cire, paraffine, nitrobenzène et aniline dans le white spirit et l’alcool


 Le white spirit réagit comme le pétrole, nitrobenzène et aniline sont
méthémoglobinisants, aniline est en plus cancérigène.
 Traitement est symptomatique

4.6. DETACHANTS

Ce sont des solvants organiques souvent chlorés (trichloréthylène, chlorure méthyle…) à toxicité
pulmonaire.

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4.7. DESODORISANTS

 Parfum dissout dans l’eau et l’alcool pouvant contenir en plus le formol, le chlorure de
méthylène…
 Leur toxicité provient de formol et de solvants

4.8. DETARTRANTS VRAIS


Ils contiennent des acides oxalique et citrique qui sont capables d’enlever la tartre des appareils. Ce
sont des produits hypocalcémiants.

4.9. ANTIMITES
Ce sont des boules blanches à base de naphtalène ou de paradichlorobenzène

 Les deux donnent des troubles digestifs, coma parfois convulsif et de rares atteintes
rénales et hépatiques

 En plus, le naphtalène entraine une anémie hémolytique parfois mortelle par


destruction de glutathion réductase et la paradichlorobenzène une hypoplasie ou
aplasie médullaire

Il convient de :

- faire le lavage gastrique sous intubation,


- ne pas donner de lait ni de graisse pendant au moins 3 jours,
- donner les benzodiazépines contre les convulsions.
Si hémolyse, exsanguino-transfusion

4.10. ALLUMETTES

 A base de chlorate de K: hémolyse, syndrome dysentérique, parfois collapsus

 A base de phosphore blanc: dégénérescence graisseuse et nécrose du foie et autres


organes

4.11. PEINTURES

Les peintures se composent de solvants (essence, térébenthine, huile de lin, eau), de pigments
insolubles (métaux lourds) et colorants. Certains contiennent fongicides et insecticides.

Les produits protégeant le bois contiennent le Pentachlorophénol qui est hépatotoxique et


hyperthérmisant

 Vernis pour meuble contient méthanol

 Dé vernisseurs contiennent ammoniaque (base forte)

 Décapants pour peinture contiennent acétone (irritant du TD et dépresseur SNC),


pyridine (Irritant digestif, dépresseur SNC et atteinte hépatique et rénale) et chlorure
de méthylène (solvant hépatotoxique, SNC, poumons, coma convulsif, troubles
oculaires)

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4.12. AUTRES PRODUITS MENAGERS

 Permanentes: liquide alcalin et contient également de l’acide thioglycolique qui est


un irritant digestif, un dépresseur du SNC et un convulsivant

 Dépilatoires: sels de baryum caustiques et glycolates Na

 Teintures: aniline (méthémoglobinisant et cancérigène) ou AgNO3 dans NH4OH


(voir métaux lourds et bases)

 Décolorants: Eau oxygénée et NH4OH (acide et base caustiques)

 Dissolvant: acétone (voir ci-dessus)

 Durcisseurs: formol (cécité) dans alcool

 Savons antiseptiques: Mercure et phénols (caustiques et hépatotoxiques)

 Produits éclaircissants: Hydroquinone, corticoïdes, Vit C, vinaigre, ciment

III.5. ARMES CHIMIQUES

1. AGENTS LETAUX
 GAZ SUFFOCANTS OU IRRITANTS PULMONAIRES
 Phosgène (COCl2): Produit combustion solvants chlorés et plastiques
 Ière Phase ou Phase d’agression: irritation yeux et voies respiratoires avec
sensation d’oppression et/ou douleur thoracique
 2ème Phase (2 h à 8 h): Phase asymptomatique
3ème Phase: Phase d’OAP lésionnel avec dyspnée, angoisse, toux irritative,

expectoration, nausées, vomissements, douleurs gastriques, état de choc,
hypoxie, hypocapnie et alcalose ventilatoire, hématurie, anurie, perte de
conscience, mort par asphyxie ou défaillance cardiaque.
 GAZ HEMOTOXIQUES
 Acide cyanhydrique: inhibiteur cytochrome oxydase, apnée et mort.
 Faire inhaler immédiatement perles nitrite d’amyle jusqu’à vasodilatation <
80 mm Hg (Formation méthémoglobine)
 Injecter aussitôt, IV lente, 10 ml NaNO2 3% (2ml-3ml/min) (MHb)
 Perfusion IV adrenaline pour soutenir TA
 Injecter en IV lente (10-20 min) 50 ml Na2S2O3 (Thiosulfate sodique) à 25 %
(Conversion cyanure en thiocyanure)
 Dès début intuber malade et faire assistance ventilatoire
 Chlorure de cyanogène (CNCl): même toxicité et traitement que HCN

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 GAZ VESICANTS
 Ypérite: Pas d’effet immédiat. 4 heures après, symptômes débutent: Conjonctivite,
troubles digestifs, éruptions cutanées douloureuses sur surfaces exposées, grave
inflammation voies respiratoires, mort rapide sinon bronchite chronique et
emphysème.
 Léwisites: Dérivés d’arsénic. Même toxicité que ypérite mais actionplus précoce.

 GAZ NEUROTOXIQUES: Composés Organophosphorés anticholinesthérasiques


 Sarin (GB) : Fugace
 Sarin cyclohexyl (GF) : Semi-persistant
 Soman (GD) : Semi-persistant
 Tabun (GA) : Semi-persistant à persistant
 Somam épaissi (TGD) : Persistant
 A4 ou VX : Persistant
 Ce sont les principales armes chimiques, liquides volatils ou visqueux doués d’une
toxicité extrême. La neutralisation chimique se fait par les bases concentrées
(hydrolyse) sauf pour l’agent VX pour lequel il faut une oxydation à pH convenable.
 Intubation et ventilation assistée doivent être mises en marche rapidement mais en
dehors de la zone contaminée pour éviter transfert de contamination.
 Le traitement comporte comprend: atropine 2mg IV toutes les 15 min (effets
muscariniques), contrathion (traitement causal), diazépam 10 mg IM très tôt
(Convulsions).

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2. AGENTS INCAPACITANTS
 LSD: HALLUCINOGENE DERIVE D’ACIDE LYSERGIQUE
 Symptômes somatiques
 Etourdissement, nausées
 Somnolence, Asthénie, Paresthésie
 Troubles de vision
 Symptômes perceptuels
 Altérations formes et couleurs
 Difficultés d’accommodation
 Exacerbation de l’ouie
 Symptômes psychiques
 Changement d’humeur
 Perturbation notion de temps
 Hallucinations visuelles
 Difficultés d’exprimer des pensées
 Dépersonnalisation et sensation de voler
 AGENT Bz: BENZYLATE DE QUINICLIDINOL (agent anti-cholinergique agissant comme
atropine ou scopolamine)
 1à 4h : Tachycardie, Sécheresse de bouche, Nausées, Vomis, Vert, Confusion,
Stupeur
 4 à 12h: Incapacité réagir aux stimuli extérieurs ni de se déplacer
 12 à 96h: Activité accrue, comportements imprévisibles

3. AGENTS NEUTRALISANTS, ANTI-EMEUTES OU INCAPACITANTS PYSIQUES


 Induisent incapacité provisoire fort rapide mais brève (15-30 min) par irritation des yeux,
larmoiement et irritation voies aériennes supérieures. On distingue deux classes:
 Lacrymogènes: Chloroacétophénone (CN), O-chloro-benzalmalonitrile (CS)
 Sortir l’intoxiqué de atmosphère contaminée
 Changer ses vêtements puis décontaminer longuement (15 min) avec eau
savonneuse ou solution de bicarbonate de soude 6%, carbonate de soud et
benzalkonium 1% car CS s’hydrolyse rapidement en milieu alcalin.
Appliquer ensuite, si nécessaire pommade corticoïde ou gel de calamine.
 Laver yeux abondamment à l’eau puis collyre corticoïdes ou d’anesthésique
local
 Sternutatoires et Vomitifs: Diphénylaminochloroarsine (DM) ou Adamsite
 Déshabillage soigneux et complet
 Décontamination avec solution aqueuse qui entraine le toxique sans le
neutraliser du fait de son insolubilité dans l’eau.

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ARMES BIOLOGIQUES

 AGENTS BACTERIENS
 Bacillus Anthracis, Antrax ou Charbon
 Résorption par voie digestive, cutanée et par inhalation
 Ière Phase: Fièvre, malaise généralisé, toux, gêne au niveau thorax
 2ème Phase: Atteinte pulmonaire très grave, dépression respiratoire,
cyanose, coma
 3ème Phase: Septicémie et mort dans 24 à 36 h sinon lésions cutanées et
voies respiratoires
 Traitement long de 60 jours par pénicillines, cyclines et fluoroquinolones

 Yersinia Pestis ou peste bubonique


 Ière Phase: Abcès ou bubons au niveau de ganglions de racine de membre
 2ème Phase: Septicémie et atteinte pulmonaire secondaire, altération
marquée de l’état général, expectorations sanguinolentes, détresse
respiratoire, coma, mort dans les trois jours.
 Traitement par pénicillines, cyclines, fluoroquinolones

 AGENTS VIRAUX
 Virus de la variole ou Small Pox
 Graves lésions cutanées et de muqueuses respiratoires
 Après incubation de 14 jours: fièvre élevée et altération état général
 48 après: éruption caractéristique faite de papules pleines de pus sur les
membres et la tête
 Mort en dix jours par septicémie sinon papules se couvrent de croûtes qui
se détachent en laissant cicatrices indélébiles
 Fièvres Hémorragiques Virales (FHV)
 Fièvre Jaune: fièvre très élevée avec altération état général, hémorragie
généralisée et mort
 Virus des encéphalites
 Produisent atteinte nerveuse directe ou secondaire à une généralisation de
l’infection, présence lésions nerveuses irréversibles et mort ou lourdes
séquelles si guérison

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 TOXINES
 Toxine Botulique (Clostridium Botulinum)
 Empêche libération d’acétylcholine avec pouvoir paralysant spectaculaire
irréversible et prolongé, affectant aussi bien les récepteurs muscariniques
que nicotiniques
 12h à 5 j après ingestion: Signes d’atteinte système neurovégétatif avec
sécheresse bouche, constipation, rétention urines, mydriase puis signes
paralysie motrice avec troubles
vision, de déglutition, de parole puis de l’appareil respiratoire.
 Ricine (Ricinus Communis)
 Inactive ribosomes de façon irréversible, arrêt rapide synthèse protéines et
mort cellulaire avec nécrose étendue et généralisée de tissus respiratoires
ou digestifs, hémorragies, syndrome toxique généralisé
 Entérotoxine B (Staphylococcus aureus)
 Signes digestifs (nausées, vomis), du système immunitaire, stimule les
lymphocytes avec forte libération de cytokines et forte inflammation, fièvre
et défaillance respiratoire
 Saxitoxine: amène paralysie flasque avec arrêt respiratoire par blocage des canaux
sodium cellules nerveuses et musculaires.
 Trichotécènes: toxine de genre fusarium inhibe la respiration mitochondriale, la
synthèse ADN protéines, altération membranes cellulaires et donne la vésication sur
peau et muqueuses comme le gaz ypérite.

La « toxine botulinique » est un des poisons les plus violents connus ; son pouvoir toxique est environ
500 000 fois plus élevé que celui de la strychnine et la DL50 (dose qui tue 50 % des sujets qui la
reçoivent) est estimée de 10 -8à 10-9 g par kg de poids corporel. C’est pour cette raison que la mortalité
est élevée malgré les thérapeutiques comme les sérums antitoxiques ou les anatoxines.

Après ingestion elles sont captées par le système lymphatique digestif, passent dans le sang puis se
fixent sur les jonctions myoneurales des fibres cholinergiques du système nerveux périphérique où
elles inhibent l’activation de l’acétylcholine.

Avec cette entérotoxine, la DE50 (dose émétique qui fait vomir 50 % des individus qui la reçoivent)
est estimée à 0,2 μg par kg de poids corporel.

Les entérotoxines A, B, C, D, E et F sont produits par les Staphylococcus aureus entérotoxinogènes et


une même souche peut excréter plusieurs toxines différentes. Il existe 3 variétés de la toxine C (C1, C2
et C3) et la toxine F est impliquée dans le “toxic stock syndrom”. Ces toxines sont des protéines de
masse moléculaire voisine de 30 000 daltons et leur point isoélectrique varie de 6,8 (A) à 8,6 (B, C1,
C2, C3).

98
PROTECTION CONTRE ARMES BIOLOGIQUES

 Utilisation d’antibiotiques pour certains est possible même à titre préventif


 Isolement malades pour éviter contaminations massives
 Renforcement mesures d’hygiène individuelle (lavage fréquent des mains avec du savon) et
collective
 Réseau de laboratoires pour identification rapide agent en cause (PCR)
 Organisation moyens secours aux victimes et sécurisation zones contaminées
 Port de masques
 Décontamination surfaces, vêtements, matériels…sites d’adduction d’eau potable par eau
de javel
 Pour les victimes, utiliser eau savonneuse à température ambiante. Proscrire l’eau chaude
qui pourrait favoriser pénétration transcutanée des agents pathogènes

III.6. TOXICOMANIES

 DEFINITIONS

 Habitude de consommer de façon régulière et importante des substances


susceptibles d'engendrer un état de dépendance psychique et/ou physique.

 Dépendance ou addiction est état résultant absorption périodique et continuelle de


drogues. Elle est psychique (psychologique) ou physique ou les deux à la fois et
s’accompagne souvent de tolérance.

 Drogues sont substances illicites capables d’engendrer dépendance. Substances


psycho-actives sont en plus drogues, certains médicaments et produits licites, alcool et
tabac.

 Dépendance psychique est désir et non obligation de renouveler prise de drogue mais
sans trouble physique lors du sevrage (Cannabis)

 Dépendance physique est besoin entraînant apparition signes cliniques graves d’état
de manque si sevrage (opiacés donnent les deux)

 Tolérance est phénomène conduisant à augmenter doses pour obtenir effets


d’amplitude similaire.

 SITE ET MODE ACTION

 Au niveau neurones à dopamine, particulièrement du noyau accumbens, situé dans


région cortico-limbique du cerveau provoquant une sensation de plaisir.

99
 Un circuit de récompense est mis en route par inhibition de recapture dopamine dans
fente synaptique et par augmentation transitoire du neurotransmetteur qui en résulte

 Si dopamine reprend niveau normal nouvelle consommation s’impose. Circuit de


récompense stimule faim, soif, acte sexuel. Drogues le détournent.

BREVE REVUE DROGUES

 DEPRESSEURS

 Opiacés: Opium (suc épaissi du pavot), morphine, héroïne ou diacétylmor.


 Héroïne est souvent prise par IV pour avoir le « Flash »: sensation brutale et
éphémère, chaleur montant du corps à la tête, bonheur immense psychique,
physique et sexuel suivie phase de détachement et léthargie où le drogué
plane.
 Apporte rapidement dépendance et asservissement physique total et état de
manque terrible entre les injections.
 Overdose ou surdosage: coma, dépression respiratoire, myosis, décès

 Médicaments:
 Anesthésiques, fentanyl, Dextromoramide; Dextropropoxyphène, Méthadone,
Protoxyde d’azote (gaz hilarant)
 Hypnotiques et anxiolytiques: barbituriques et benzodiazépines,
phénothiazines, anti-histaminiques administrés dans bière ou café: perte
réflexes, état de passivité avec amnésie transitoire, « soumission chimique »,
dépendance. Gammahydroxybutyrate sodique (GHB, GBH, Liquid Ecstasy,
Liquid X) est en association avec alcool la « drogue du cambriolage ou du
viol sexuel » parfait car incolore, inodore, insipide et au réveil troubles de
comportement, confusion mentale, désorientation, amnésie, douleur
physique.

 STIMULANTS

 Amphétamines: Hausse activité neuromusculaire, suspension sommeil, inhibition


appétit, hausse activité intellectuelle; Intensification perceptions sensorielles, levée
inhibitions sociales, hallucinations
 Ephédrine et pseudo-éphédrine: excitation, insomnie, délire, hallucinations,
convulsions, poussées hypertensives, troubles rythme cardiaque
 Cocaïne: Poudre blanche appelée coke, neige, ice dilué dans divers produits en
poudre injecté par IV mais aussi inhalé à l’aide de paille. Euphorie, sentiment
puissance physique et intellectuelle, baisse fatigue, sommeil et appétit ensuite vient
phase dépression. A forte dose, surexcitation, tremblements, hallucinations, délire,
mort par blocage centre respiratoire ou défaillance cardiaque.
 Khat: arbuste de Somalie, Ethiopie et Yémen appelé « thé d’Abyssinie » ou « Salade
africaine » contenant cathine et cathinone, semblables à pseudoéphédrine. Euphorie,
propriétés stimulantes, réduction appétit.

 HALLUCINOGENES

 Chanvre Indien ou Cannabis

100
 Donne ivresse cannabique avec phase d’excitation euphorique, sensation
bien-être physique et moral, phase d’exaltation sensorielle et affective
accompagnée de perturbations des notions de temps et d’espace, une phase
d’extase et repos béat et une phase de dépression et sommeil.
 LSD 25: Diétylamide de l’acide d-lysergique
 Ressemble à sérotonine et antagonise les effets inhibiteurs que cette dernière
exerce sur les neurones cérébraux impliqués dans les phénomènes sensitifs.
 Voyage au LSD: mydriase, sueur, tachycardie, hypertension, tremblements
(signes sympathicomimétiques) puis état de gaieté et expansivité, ensuite
phase hallucinatoire avec altération sensations visuelles et auditives,
modification notion temps qui s’allonge ou se raccourcit, notion espace et
sens de son propre corps transformé ou déformé, sensation de voler,
perturbations de affectivité, cours de la pensée, comportement, perceptions
érotiques fréquentes, sentiment d’invulnérabilité, de toute puissance.
 Psilocybine et Psilocine: action hallucinogène proche du LSD mais plus faible
 Harmine et harmaline de Peganum harmala ; hallucinations, tremblements,
convulsions; effet IMAO et liaison aux récepteurs des Benzodiazépines
 Ibogaïne de Tabernanthe Iboga d’Afrique. Stimulant SNC à faible dose, puis
hallucinations, tremblements, convulsions à doses fortes comme Harmine
 Butofénine, isomère de Psilocine
 DMT « Fantasia »: anxiété, hallucinations visuelles et distorsion perceptions
 Mescaline de Cactus mexicains: agit sur récepteurs sérotoniques et dopaminergiques,
action semblable au LSD
 Phencyclidine : Substituant du LSD parfois associé à lui.
 Kétamine: anesthésique général avec hallucinations, rêves agréables ou désagréables,
« voyages aux confins de la mort », délire, état confusionnel, agitation, arrêt
respiratoire et défaillance cardiaque
 Solanacées et dérivés: atropine et scopolamine
 INHALANTS
▪ Solvants organiques chlorés ou non, essence inhalés en nature ou à partir des
produits qui les renferment. Dépression rapide SNC avec ivresse, somnolence,
impression de dépersonnalisation, nausées et migraines.

 APHRODISIAQUES:

 Nitrites organiques vasodilatateurs produisant euphorie, énergie sexuelle accrue.


Peuvent provoquent tachycardie, flush, céphalées, vertiges, nausées, toux, anémie
hémolytique et méthémoglobinémie, hypotension, arrêt respiratoire, coma

 TRAITEMENT

 Opiacés: Overdose par Naloxone ou Nalorphine: Héroïnomanie par sevrage brutal par
anxiolytiques, sédatifs, neuroleptiques et antispasmodiques et Etat de manque par
Clonidine (Catapressan), guanfacine (Estulic), antihypertenseurs
 Hypnotique et anxiolytiques: Diminution progressive de doses
 Amphétamines: Faire traitement symptomatique. Favoriser l’excrétion urinaire par
diurèse forcée neutre, traiter hypertension avec inhibiteur calcique (Tildiem…),
hyperthermie par refroidissement, convulsions par diazépam et psychose par
neuroleptiques

101
 Cocaïne: Overdose par lutte contre tachycardie hypertensive avec inhibiteur calcique
et diazépam contre convulsions. Combattre cocaïnomanie par sevrage brutal avec
agonistes dopaminergiques (antiparkinsoniens comme bromocriptine ou Parlodel),
antidépresseurs, neuroleptiques et psychothérapie adaptée
 Hallucinogènes: Lavage gastrique et réanimation toxicologique, diazépam ou
neuroleptique (halopéridol) en cas réaction psychotique
 Inhalants: soigner selon le cas symptômes rénaux, hépatiques, cardiovasculaire,
pulmonaire, médullaire (benzène, essence), nerveux, hématologiques, …
 Aphrodisiaques: Assistance ventilatoire avec oxygénothérapie, vasopresseurs
(adrénergiques) comme isoprénaline (isuprel) et Vit C contre méthémoglobinémie.

CHAPITRE X : LE TABAGISME

Le tabac appartient à la famille des Solanacées, genre Nicotiana, espèce Tabacum

 FORMATION DE LA FUMEE DU TABAC


Il y a deux étapes :

102
 Pyrolyse: il y a décomposition thermique et dégradation des substances organiques en
molécules plus petites.
 Pyrosynthèse: qui consiste en une recombinaison des petites molécules obtenues en nouveaux
produits différents de première distillation de certains composés.
 NATURE DE LA FUMEE DU TABAC
C’est un mélange hétérogène comprenant:
- Une phase gazeuse avec gaz et vapeurs non condensées
- Une phase particulaire, aérosol dense, où sont suspendues les particules de faible diamètre
capables de pénétrer dans les alvéoles pulmonaires.

 SORTES DE COURANTS DE FUMEE


Il existe quatre types de courants, à savoir :

 Courant primaire: Courant aspiré par le fumeur à travers la cigarette

 Courant secondaire: courant dégagée dans l’atmosphère entre bouffées qui pollue le fumeur et
les voisins non-fumeurs

 Courant tertiaire: courant exhalé par fumeur

 Fumée environnementale qui comprend le courant secondaire (80 – 96%) et le courant


tertiaire (20 – 4%).

103
EFFETS ORGANIQUES ET FONCTIONNELS DE FUMEE DU TABAC

 ATTEINTE PULMONAIRE:

104
 Rôle primaire des irritants (NO, NH3, HCN, aldéhydes, acroléine, bases organique) qui sont
responsables des lésions de l’épithélium bronchique et des alvéoles et également de la
ciliostase.
 Hyperplasie (multiplication) cellulaire, hypertrophie glandes muqueuses, atrophie ciliaire
progressive, métaplasies (déviations) précancéreuses ou non, bronchite chronique,
 Syndrome obstructif (rétrécissement calibre bronches), emphysème, lésion des macrophages
alvéolaires et perte de contrôle immunologique local.

 EFFETS CANCERIGENES:
Un cancer sur quatre est tabagique. La fumée du tabac est responsable des cancers d’organes ci-après :

Larynx, poumons, bouche, pharynx, œsophage, estomac, foie et vessie, reins, pancréas, utérus, et sang
(leucémie myéloïde). Les produits en cause sont les hydrocarbures aromatiques polycycliques et leurs
dérivés nitrés, les nitrosamines, les aldéhydes, les bases organiques, le chlorure de vinyle, les radicaux
libres, le benzène, l’arsenic, le polonium 210, le cadmium…

 HYPOXIE:
L’hypoxie est causée par le monoxyde de carbone qui induit 10-15 % de carboxyhémoglobine qui est
responsable des troubles électro cardiographiques et aggrave l’ischémie du muscle cardiaque chez les
coronariens et donnerait des lésions des vaisseaux analogues à celles de l’athérosclérose.

 EFFETS SNC

La nicotine se lie aux récepteurs nicotiniques du SNC et, comme les autres drogues, augmente l’action
des neurones dopaminergiques impliqués dans le circuit de récompense ou de plaisir.

La nicotine induit la dépendance psychique et physique comme l’héroïne et les troubles sensoriels,
surtout la dégradation de l’olfaction, le goût et la vue, l’anxiété et la baisse de la vigilance. Elle induit
également la libération des endorphines qui expliquerait l’action antalgique.

 EFFETS CARDIOVASCULAIRES:
Ils sont provoqués par le CO mais aussi par la nicotine. On remarque :

 L’augmentation du rythme cardiaque, de la tension artérielle, de la contractilité, du débit et du


travail de myocarde et de la consommation d’oxygène (sans élévation flux coronarien) ;
 La vasoconstriction périphérique et la baisse de la température des extrémités ;
 L’arythmie, les extrasystoles, les fibrillations, les anomalies ECG …

 AUTRES EFFETS

 Augmentation des lipides sanguins, de la glycogénèse hépatique avec hyperglycémie


responsable de l’effet « trompe la faim » du tabac ;
 Chute de l’ascorbémie, implication dans risque artériel (thrombus), les effets
immunoallergiques et l’induction enzymatique des médicaments ;
 Diminution de l’Espérance de vie (8 à 18 ans)(cause intoxications professionnelles)
 Troubles digestifs: l’hypersalivation, la bouche pâteuse, l’haleine fétide, la coloration de
dents, le manque d’appétit ;

105
 Chez la femme on remarque la précocité des rides et de la ménopause, les boursouflures de la
peau, les troubles règles, la stérilité.
 Chez la femme enceinte on remarque les risques élevés d’avortement, de naissances
prématurés ;
 Chez la femme allaitante : mort subite du nourrisson
 Fumage passif : les non-fumeurs sont aussi exposés à la fumée du tabac.

TABAC ET FERTILITE

 CHEZ L’HOMME

Les différentes études menées sur les répercussions du tabac sur la fertilité masculine depuis une
quinzaine d’années mettent en évidence une diminution de la qualité du sperme chez les fumeurs. En
effet les composants de la fumée de cigarette passent la barrière hémato testiculaire et entrainent de ce
fait une altération des paramètres spermiologiques et de la qualité du noyau des spermatozoïdes. Au-
delà de cette diminution de la fertilité masculine, le tabac semble également avoir un impact sur la
descendance des fumeurs : embryons de moindre qualité, risques accrus de développer un cancer dans
la prime enfance. Les mécanismes physiopathologiques en cause ne sont pas encore clairement établis,
mais il semble que le stress oxydatif généré par le tabac soit une des hypothèses les plus probables. Il
en résulte essentiellement une fragmentation de l’ADN qui compromet les chances de grossesse. En
plus du spermogramme le clinicien dispose désormais de quelques examens complémentaires pour
évaluer cette fragmentation de l’ADN des spermatozoïdes (TUNEL Assay, SCSA….), disponibles
dans des laboratoires spécialisés. Il peut également proposer un traitement antioxydant pour essayer de
diminuer cette fragmentation et ainsi augmenter les chances de grossesse.

Le Dr. Loni BURKMAN, de l’université de BUFFALO, a développé un test, le Hemizona Test,


permettant de mesurer la capacité des spermatozoïdes à traverser la zone pellucide, dernière barrière
avant d’entrer en contact avec l’ovule. Résultat : Deux tiers des spermatozoïdes des fumeurs ont
échoués à ce test. Les fumeurs ne sont pas stériles, mais perdent beaucoup en fertilité.

Cependant il faut noter que les effets du tabac sont réversibles 3 à 4 mois après son arrêt.

 CHEZ LA FEMME
Le tabagisme diminue la fertilité naturelle et ce retard à la conception s’accroit avec le nombre de
cigarettes fumées.

En FIV, les chances de grossesse par cycle diminuent chez la fumeuse par rapport à la non fumeuse
(OR:0,66). La ménopause survient en moyenne deux ans plus tôt chez la fumeuse et de même
l’altération de la réserve ovarienne est plus fréquente en cas de tabagisme. L’altération ovarienne
survient d’une part, précocement in utéro sous l’effet du tabagisme maternel et d’autre part, après la
puberté, dans la phase pré-ovulatoire ou des effets toxiques, vasculaires et mutagènes conduisent à une
inhibition de l’apoptose ovocytaire, favorisant l’aneuploïdie ovocytaire et ultérieurement les fausses
couches spontanées. La préservation de la fertilité ovarienne est un argument de plus à l’arrêt précoce
de l’intoxication tabagique.

TABAC ET INTERACTIONS MEDICAMENTEUSES

Le tabagisme induit certaines isoenzymes du cytochrome P450(CYP), en particulier le CYP 1A1,


CYP 1A2 et CYP 2E1. De ce fait, des concentrations moindres de certains médicaments métabolisés
par le CYP1A2 (Clozapine, desipramine, flécainide, fluoroxamine, halopéridol, nortryptiline,

106
propranolol, théophylline, imipramine, caféine…) ont été constatées chez les fumeurs que chez les
non-fumeurs:

1. Théophylline: le tabagisme accélère le métabolisme. Ainsi, la posologie peut être de


30 à 50% plus élevée chez les fumeurs. (Il est recommandé de réaliser une
théophyllémie 7 à 15jours après l’arrêt de la consommation du tabac.

2. Héparine: clairance augmentée chez les fumeurs, ce qui se traduit par une demi-vie
plus courte (40min contre 1h) augmenter les doses chez les
fumeurs.

3. Anti-ulcéreux: le tabac provoque une augmentation de la sécrétion chlorhydrique


gastrique. Augmenter les doses et la durée de traitement.

4. Antalgiques: les doses administrées sont souvent plus élevées chez les fumeurs.

5. Médicaments cardiovasculaires: les béta-bloquants apparaissent moins efficaces sur


la tension artérielle et la fréquence cardiaque chez les fumeurs comparativement aux
non-fumeurs.

6. Benzodiazépines: augmentation de la clairance pour Temesta, Seresta, Xanax,


Valium.

ACTIONS ANTI-TABAGIQUES

 Campagnes de sensibilisation: Jeunes d’âge scolaire, parents, enseignants, fumeurs et non-


fumeurs.
 Moyens législatifs: augmentation du prix, interdiction de publicité et de fumer dans les lieux
interdits, promotion de droit des non-fumeurs face aux fumeurs et adopté des sanctions
contre les contrevenants.
 Modification du tabac et de la cigarette: cigarettes légères, filtre, micropores, cigarettes sans
fumée (sans courant secondaire), cigarettes sans tabac, addition produits chimiques:
ammoniaque (augmente proportion nicotine), sucres (libération de moins d’acétaldéhyde et
renforcement nicotine).
 Sevrage:

 Médicaments substitutifs à la cigarette: Ascorbate de quinine, complexe vitaminique


(Nicoprive), Gommes à mâcher à la nicotine (Nicotinell, Nicogum, Nicorette), comprimés à
sucer à la nicotine (Niquitin), Systèmes transdermiques « patch » à la nicotine (Nicopatch,
Nicorette transdermique), Nicotine par inhalation (Nicorette inhaleur) et par l’eau de boisson
(Nico water)

 Médicaments dissuasifs: Lavage de la bouche aux sels d’argent

 Adjuvants locaux: Réglisse, bonbons aux anesthésiques locaux (plaisir), homéopathie,


sédatifs (énervement), Bupropion (antidépresseur de substitution) 7 à 9 semaines avec
psychothérapie, Méthoxsalène (bloque catabolisme nicotine).

 CURES NON MEDICAMENTEUSES

107
 Nourriture équilibrée sans excitants, jus de fruits, infusions, fruits
 Exercices physiques
 Discipline de sommeil
 Autres techniques: Acupuncture, hypnose, Bracelet anti-tabac (impulsions électriques contre
manque), Psychothérapie, vaccination (projet: réaction nicotine-anticorps).

108
• La cigarette électronique (CE) est un nouveau dispositif électronique muni d’une pile et d’un
microprocesseur, qui diffuse une solution liquide sous forme de vapeur inhalée par
l’utilisateur.

• Sa conception permet de reproduire les composantes sensorielles et comportementales de


l’acte de fumer.

• Le Liquide est vaporisé au niveau d’un atomiseur (clearomiseur) à 60°C le plus souvent.

109
• Composition :

- Propylène‐Glycol : dispersant. 80%


- Glycérol : dispersant en faible concentration ou absent : (directive 67/548/CEE )
- Arômes alimentaires : 150 parfums (tabac, menthol, cannelle, fruits, café, vanille,
chocolat, etc..
- Alcool : moins de 2%
- impuretés du tabac : nitrosamines, formaldéhyde, acroléine, hydrocarbures, métaux lourds,
dont les taux sont jusqu’à 450 fois plus bas que dans la fumée du tabac ;
- additifs comprenant parfois des médicaments.
Comme il n’y a pas de combustion, la vapeur de la cigarette électronique ne contient ni goudrons ni
monoxyde de carbone ni particules fines.

97% des utilisateurs l’utilisent les e-liquides à base de la nicotine ayant des concentrations variables.
Le plus souvent :

– 19,6 mg/ml : très fort

– cigarettes fortes sans filtre 16mg : fort

– cigarettes blondes classiques 11mg : moyen

– cigarettes light 6 mg : faible

Ainsi, les niveaux de nicotine obtenus sont équivalents à ceux des fumeurs.

Les dangers potentiels des cigarettes électroniques

• L’initiation du tabagisme chez les jeunes :

• La toxicité à long terme ? Les études restent à faire … dans quelques années.

110
Huit effets secondaires graves en lien avec la consommation de CE ont été signalés, soit
l’hospitalisation pour des causes telle que: une pneumonie, une insuffisance cardiaque, la
désorientation, une convulsion, l’hypotension, une pneumonie par aspiration, des brûlures au visage au
deuxième degré (le produit a explosé dans la bouche du consommateur), des douleurs thoraciques et
un rythme cardiaque rapide

Par exemple, un cas de pneumonie lipidique (exogène) associé à l’usage de la CE a été rapporté aux
États-Unis.

Les limites actuelles

Si le VP permet une réduction réelle des risques, son efficacité dans l’arrêt de la dépendance au tabac
n’est pas encore démontrée :

– La dépendance comportementale subsiste.

– La dépendance psychologique disparaît.

– La dépendance à la nicotine persiste.

Mais l’arrêt de l’intoxication par la fumée de tabac est obtenu (… des vies sauvées).

Ainsi, nous pouvons conclure que :

- La cigarette électronique pourrait être efficace pour cesser de fumer ou réduire la


consommation de tabac mais le bas niveau de preuves empêche une conclusion définitive
et une recommandation pour la pratique clinique
- La sécurité à court terme de la cigarette électronique est bien démontrée mais pas encore à
long terme ; si elle existe, sa toxicité est probablement très largement inférieure à celle du
tabac
- Les mesures de santé publique recommandées sont la régulation du produit avec contrôle
de qualité ainsi que l’interdiction d’usage dans les lieux publics, de publicité et de vente
aux mineurs

III.8. INTOXICATIONS PAR LES ANIMAUX ET INSECTES

1. MORSURES DE SERPENTS VENIMEUX

1.1. INTRODUCTION

Les serpents appartenant à l’ordre des Ophidiens varient en longueur de 20 cm(Couleuvre) à


9m(Boa), se déplacent en rampant et sont couverts d’écailles cornées épidermiques recouvrant
entièrement le corps et se renouvelant périodiquement, lors de la mue, dont la couleur est très
variable selon les espèces.
Les serpents peuvent être dangereux à cause de leur taille (serpents constricteurs) ou à cause de la
présence d’appareil venimeux (crochet venimeux et glande à venin (serpents venimeux).
L’écologie des serpents semble mal connue et complexe. En effet, les serpents passent la plupart
de leur temps à dormir et cela en vue de préserver leur énergie. Il existe des motifs qui favorisent
leur déplacement, nous citerons :
- La chasse, principale activité, qui se fait normalement toutes les 2 à 3 semaines. Toutefois, le
serpent peut rester à jeun pendant 6 mois et chaque espèce à son horaire de déplacement.
- La thermorégulation : un serpent malade cherche le soleil.

111
- L’accouplement qui est saisonnière et ce sont les males qui cherchent les femelles.
- Les naissances qui sont également saisonnières.

Ainsi, nous disons que la rencontre HOMME-SERPENT n’est pas un hasard. Aussi, il existe des
activités humaines qui la favorisent. Selon une étude menée en Afrique de l’Ouest, les travaux
agricoles viennent en tête et suivi de :
 Déplacements
 Chasse
 Ramassage
 Jeux
 Domicile
 Divers

1.2. LES PRINCIPAUX GROUPES DE SERPENTS

a) Les BOIDAE : Ce sont des serpents sans crochets qui étouffent leur proie en s’enroulant
autour d’elle au lieu de la mordre (Boa).

b) Les COLUBRIDAE(Couleuvres) : Ce sont des serpents généralement élancés, tête peu


distincte du reste du corps, plaques ventrales aussi larges ou plus larges que le corps, crochets
postérieurs et le venin coule sous pression sur la proie au moment où celle-ci commence à
s’engager dans la bouche. Le venin est très toxique.

c) Les ELAPIDAE (Cobra, Naja, Serpents à lunettes, Mamba) : Ce sont des serpents de couleur
noirâtre ou vert-foncée ; corps élancé (long et étroit) ; tête de presque même largeur que le
corps, crochets antérieurs et glande à venin recouvert de muscle temporal d’où le venin est
projeté avec pression dans la plaie ; cracheurs jusqu’à 2 à 3 mètres. Le venin est très toxique et
neurotrope (curarisant) et les toxines exercent un effet dose-dépendant.

d) Les VIPERIDAE (vipères) : Ce sont des serpents à corps massif, tête triangulaire ou
trapézoïdale, élargie en arrière ; queue courte. Le Bitis est de couleur brunâtre avec de
nombreux et beaux dessins sur le corps et la tête ; crochets antérieurs et très longs, repliés sur
le maxillaire lorsque le serpent est au repos et sont traversés d’un canal. Le venin est nécrosant
et hémorragipare. Il contient des enzymes qui exercent un effet chrono-dépendant.

e) Les CROTALIDAE : inconnus en Afrique

f) Les HYDROPHILIDAE (Serpents de mer) : Ces serpent ressemblent aux Elapidae, mais
possèdent une queue comprimée en forme de rame. Leurs venins sont également semblables.

1.3. LES CARACTERISTIQUES DU VENIN


Le venin est un poison normalement élaboré par un organisme animal en bon état de santé et
chaque espèce à son venin propre et de composition différente.
Du point de vue chimique, le venin est essentiellement composé d’eau, de sels et de diverses
substances albuminoïdes, les unes coagulables, les autres non coagulables par la chaleur. Le
chauffage à 80° C fait perdre à certains venins leurs propriétés inflammatoires. Le permanganate
de potassium, le chlorure de chaux(CaCl2), les hypochlorites alcalins et le chlorure d’or(AuCl)
forment avec tous les venins un précipité insoluble et inoffensif. C’est dans cette logique que dans
le temps on injectait, sur le trajet de l’inoculation du venin, une solution de KMnO4 pour enrayer
l’envenimation.

Tous les venins ont la propriété de dissoudre les globules rouges et blancs du sang (pouvoir
hémolytique). Ce pouvoir très résistant est détruit par chauffage à 100°C pendant une demi-heure.

112
Les venins contiennent en outre :
- Nombreuses toxines qui sont des cytolysines détruisant ± rapidement les cellules des divers
organes, des microbes et des protozoaires.
- Hémorragine (poison du sang) qui coagule et redissout le sang, détruit les parois des vaisseaux
et produit de grands désordres inflammatoires locaux.
- Neurotoxine qui a des propriétés curarisantes.
Il convient de faire remarquer que tous les venins contiennent à la fois l’hémorragine et la
neurotoxine, mais dans de proportions variables. Chez les Colubridae, Elapidae, Crotalidae et
Hydrophylidea, il ya prédominance de neurotoxine ; tandis que, chez les Viperidae, c’est
l’hémorragine qui prédomine.

MODE D’ACTION DES NEUROTOXINES DE SERPENTS

- Sans qu’il y ait influx nerveux, la dendrotoxine (de mamba) induit la libération de
l’acétylcholine et entraine une fibrillation.
- La fasciculine inhibe l’Acétylcholinestérase et entraine des contractures/crampes
- Les Neurotoxines α et K bloquent les récepteurs de l’Acétylcholine et entrainent une paralysie.
- La neurotoxine ß bloque la porte du Ca++ et empêche ainsi la libération de l’Acétylcholine.

1.4. SYMPTOMATOLOGIE

a) Après une morsure de Colubridae, Elapidae, Crotalidae et Hydrophylidea, ce sont les


symptômes nerveux qui occupent le premier plan :
La réaction et la douleur locales sont minimes, le gonflement est modéré ou nul. Mais après
quelques minutes, le blessé éprouve une sorte de lassitude et de sommeil invincible. Il respire
difficilement, le pouls se ralentit et s’affaiblit ; le malade tombe dans le coma et meurt. Toute la
scène se déroule en quelques heures, 2 à 6, rarement davantage.
Exemple : Chronologie d’une morsure d’Elapidae (Naja melanoleuca)

b) Une morsure de Viperidae, au contraire, donne lieu immédiatement à une douleur


extrêmement vive, et presque aussitôt la région se tuméfie ; il y a, dans tous les membres, des
crampes très douloureuses ; le blessé a un refroidissement des extrémités, une soif ardente, de
la sécheresse de la bouche, parfois des hémorragies oculaires, gastriques et intestinales. En
plus, s’ajoute de l’angoisse, des malaises avec lipothymie, myalgies, nausées et vomissements.
Si le venin est introduit dans une région très vascularisée, il tue presque fatalement par coagulation
en masse et embolie. Les morsures du cou et de la tête sont plus dangereuses que celles des
membres, le gonflement du cou pouvant entrainer rapidement la mort par asphyxie mécanique.
Exemple : Chronologie d’une morsure de Viperidae

c) Les serpents cracheurs occasionnent des accidents douloureux, mais peu graves, quand le jet
de venin atteint l’œil (kérato-conjonctivite intense).
Nous devons savoir que la gravité de l’envenimation dépend de :
- Caractéristiques du venin
- Quantité injectée (un reptile qui mord successivement plusieurs personnes se débarrassé
chaque fois d’une partie de son venin, et les dernières morsures sont peu à craindre).
- Localisation de la morsure
- L’inoculation intra vasculaire
- Taille de la victime (la mortalité est beaucoup plus grande chez les enfants que chez les
adultes).

113
1.5. TRAITEMENT

Le traitement de morsures de serpents venimeux doit atteindre les buts suivants :


- Ralentir l’absorption du venin
- Eliminer le venin
- Détruire le venin in situ
- Traitement de l’état général.

Ainsi, ce traitement consiste en :

a) Pratiquer les premiers soins

- Calmer le patient et le rassurer car l’anxiété, facteur constant, et l’agitation accélèrent la


diffusion du venin ;
- L’installer en décubitus dorsal
- Immobiliser la région atteinte, en particulier lorsqu’il s’agit d’un membre ;
- Faire un refroidissement local de courte durée car il permettra de faire l’anesthésie locale et
favoriserait l’inhibition de l’action nécrosante des enzymes ;
- Désinfecter la plaie (Bétadine, solution de Dakin)
- Ne pas poser de garrot car cette pratique semble être rejetée. Elle retarde la diffusion du venin
mais aggrave les lésions locales. Il faut lui préférer un bandage de crêpe modérément serré sur
la zone de la morsure.
- Appliquer la pierre noire.

b) Traitement complémentaire

- Oxygénothérapie au masque : 8l / min


- Remplissage par un soluté macromoléculaire en cas de collapsus (Rheomacrodex R,
PlasmagelR)
- Sédation de la douleur et de l’angoisse par :
 ValiumR : 10mg chez l’adulte et 0,3 à 0,5 mg/kg chez l’enfant.
 Paracétamol (Pro-DafalganR inj, TempérineR inj) : 1g en IV lente chez l’adulte.
Il convient de signaler ici qu’il ne faudra pas donner de l’acide acétylsalicylique(Aspirine).
- Une antibiothérapie anti-anaérobie :
 Pénicilline : 5 millions chez l’adulte et 50.000 à 100.000 UI/Kg chez l’enfant.
 Métronidazole : 1à 1,5 g chez l’adulte et 10 à 30 mg/Kg chez l’enfant.
- Contrôle de la vaccination antitétanique (validité de 10 ans), avec éventuellement injection de
rappel ou administration de gammaglobulines spécifiques associées à une revaccination.

c) Traitement spécifique

1° Immunothérapie ou Sérothérapie (5ml de sérum dilués dans 250ml de glucosé 5% en perfusion


lente)
Elle doit être réservée aux envenimations ; sinon, elle est inutile. Ainsi, il faut avant toute chose :
- Faire un examen clinique pour confirmer l’envenimation
- Faire le test de coagulation à la recherche des troubles hémorragiques :
Examen clinique et dyspnée et Œdèmes et/ou saignements
Test normaux et test normal et/ou test anormal
↓ ↓ ↓
Surveillance >3h immunothérapie IV immunothérapie IV
Sortie de l’hôpital + surveillance clinique surveillance clinique
Si examen et test normaux et biologique
↓ ↓
Sortie de l’hôpital quand
Examen et test normaux

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REMARQUES

- Examens cliniques
 Local : ► mesure de l’œdème
► mesure de la nécrose

 Général : ► pression artérielle


► Respiration
► Troubles neuromusculaires
► Saignements

- Examen biologique :
► Hématurie
► Protéinurie
► Test de coagulation sur tube sec.
Le test de coagulation se fait de la manière ci-après :
- Prélever environ 5 ml de sang veineux dans un tube en verre propre et sec ;
- Laisser reposer sans agiter sur une paillasse pendant 20 à 30 minutes ;
- Observer le caillot sanguin

2° Héparinothérapie

Elle permettrait de lutter contre la coagulation de consommation. Elle est indiquée en milieu
hospitalier en présence de signes d’hémorragies ou en fonction des résultats biologiques.

d) Traitement de l’état général


- Le sujet mordu doit rester au lit ;
- Réchauffer les extrémités des membres avec de l’eau chaude ;
- Donner les boissons stimulantes chaudes pour calmer la soif (Thé, café…) ;
- Stimuler le cœur (caféine…).

e) Quid du traitement traditionnel ?

Les résultats de quelques études confirment l’efficacité de certaines plantes médicinales sur la
réduction de l’utilisation du sérum antivenimeux en cas de morsures de serpents. Sur ce, il y a
possibilité d’associer les deux thérapeutiques.
Ainsi, le SECURIDACA est recommandé en prévention contre les morsures de serpents car il
protège le récepteur cholinergique en empêchant la fixation de la neurotoxine.

f) Prophylaxie

Pour éviter les morsures de serpents, il faudrait :


- Porter de chaussures hautes et des molletières épaisses ;
- Cultiver autour des parcelles des plantes révulsives ;

1.6. CE QU’IL NE FAUT PAS FAIRE

- Inciser, sucer la plaie ;


- Mettre un garrot ;
- Injecter la solution de KMnO4 dans le trajet du venin ;
- Faire une sérothérapie d’emblée. Parfois, le risque que fait courir l’injection de sérum est plus
important que celui de l’envenimation (choc anaphylactique).
Selon Françoise ROUJAS et Marc SORKINE, la sérothérapie doit être réservée aux
envenimations graves avec retentissement hémodynamique important. Elle doit suivre le protocole
ci-après :

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 Recherche avant tout des antécédents allergiques (sérums équins).
 Administration préalable de corticoïdes en IV (en préventive).

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